Chapitre 3

Depuis le début de l’école, je n’avais cessé d’en baver, encore et encore. Cependant, le pire était encore à venir. C’était un banal jour d’école, j’étais seule dehors en train de manger mon repas habituel dans mon petit coin. Tout à coup, un groupe de filles s’avancèrent vers moi comme une charge de cavaliers. 

— Eh la Sainte Salope ! Rends-moi ce que tu m’as volé ! me cracha l’une d’elles 

— Quoi ? Je ne t’ai rien volé du tout… répondis-je 

— Ah bon ? On va voir dans ton sac alors !

Je leur tendis mon sac, convaincue que je n’avais rien pris, mais elle en sortit plus de cinquante euros. J’étais complètement bouche bée. Comment cela était-il arrivé ? Très certainement, j’avais été piégée. Je savais qu’elles voulaient me créer des problèmes et faire un énième scandale. Je me rappelai aussi de la parole de Dieu : je ne devais pas résister au méchant. 

Ainsi, je vidai mon sac, mes poches et moi-même de tout objet de valeur sans grande importance que j’avais. Je lui donnai tout pour qu’elle s’en aille. De toute manière, il fallait vivre pauvrement, strictement avec ce dont le corps avait besoin. Elles se mirent à rire de moi à en pleurer, avant de ramasser mes affaires et de partir.

Dans mon cœur, je sentais une colère, une envie de meurtre ! Mes camarades se comportaient comme des monstres, alors que c’étaient eux les monstres : ils avaient rejeté l’amour de Jésus. Sur le chemin du retour, mon désir de vengeance ne cessait de croître, et j’en étais particulièrement peinée. J’avais laissé ces filles corrompre mes pensées et je les avais laissé injecter le Diable dans ma tête. La culpabilité m’envahissait de plus en plus, comme une maladie. Il n’y avait qu’un remède : la flagellation. 

Je courus donc chez moi et m’enferma dans ma chambre à clef. J’enlevai mes vêtements et je commençai à me flageller, toujours plus fort, toujours plus douloureusement. Je voulais souffrir afin de m’unir à Dieu, de ressentir Son amour et d’expier mes fautes. Je déchirais mon dos avec toujours plus d’ardeur, en implorant Jésus de me sauver et de me bénir. Ce n’était pas la première fois : j’avais déjà plusieurs cicatrices un peu partout sur mon dos. C’était extrêmement douloureux et parfois, j’avais même peur d’en mourir. 

Quoi qu’il en soit, je ne dormis pas non plus la nuit : je me contentai de prier Dieu, car dormir plus de 2h n’était qu’une distraction. Mon corps à moi n’avait besoin que de 2h pour bien fonctionner, malgré les fois où je ressentais par contre une grande fatigue, voire une perte de connaissance. 

Le lendemain d’ailleurs, j’avais mon cours de philosophie. Je détestais ces cours : pour moi, ce n’était rien de plus que la matière du Diable pour planter le doute en moi. Pour preuve : ce jour-là, nous parlions de la religion. À un moment donné, le professeur mentionna la Trinité et un camarade affirma qu’elle était illogique, incohérente et « fumeuse ». Je me levai aussitôt et nous commençâmes à débattre avec véhémence. 

Malgré les arguments qu’il me présentait, je ne cessais de répéter « Nous ne pouvons pas comprendre, notre raison est souillée par le péché, il faut juste accepter ». Ses arguments étaient certes clairs et limpides, mais la foi était un mystère : il fallait juste suivre sans se poser trop de questions ou perdre son temps à raisonner. Il me demanda même comment je pouvais démontrer que Dieu existait ! « Dieu existe, c’est tout, on le sait, on le sent, on n’a pas besoin de le prouver, il faut juste y croire et accepter. Quand j’appelle Jésus, il me répond, et ça me suffit. Maintenant, je ne veux plus rien entendre. La Trinité est un mystère, un trésor caché à l’intelligence souillée des Hommes. Pas besoin de comprendre, il faut juste croire. Croire jusqu’à la mort », criai-je pour clore la discussion. Je ne pouvais accepter de remise en question de ma foi, car c’était le Diable qui voulait me faire douter. Depuis ce jour, je méprisais davantage ce cours, ce professeur et cet élève. Néanmoins, depuis ce jour, je ne cessais d’être assaillie par des doutes et des craintes. Je me mis donc à sécher les cours de philosophie et à me confesser davantage. Le Diable était partout : si je voulais vraiment mériter l’amour de Jésus, je devais fuir Satan sous toutes ses formes. C’était cela — la vraie foi. 

 

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Imaginatis
Posté le 30/07/2025
J'avoue que contrairement à Plume_jasmin, je suis en totale opposition avec ce que pense le personnage de Marie. Je ne sais d'ailleurs, à ce stade, toujours pas si je dois prendre cette histoire au premier degré, ou bien si c'est une critique déguisée de la chrétienté dans sa forme la plus poussée. Je ne souhaite cependant vexer personne, par respect pour les croyances de chacune et chacun.

Sinon, j'ai relevé 2 erreurs :

"Tout à coup, un groupe de filles s’avancèrent vers moi comme une charge de cavaliers. " : j'aurais mis "s'avança", car c'est "le groupe".

"Je courus donc chez moi et m’enferma dans ma chambre à clef" : "m'enfermai"
Plume_jasmin
Posté le 22/07/2025
Je n'y connais pas trop dans la chrétienté donc je découvre un peu mais je suis croyante (d'une autre religion) et je sais que la croyance est importante.
Je comprends tout a fait Marie. Courage à elle !!
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