Noël était proche, j’étais tout excitée. Nous allions célébrer la naissance de Jésus, notre Seigneur et Sauveur. Par contre, j’avais horreur de la laïcisation de ce jour saint : ce n’était pour moi qu’abomination et profanation. C’était le jour où Dieu S’était fait Homme, il fallait le célébrer par des prières, non par des festins.
Pour marquer le coup, je décidai de me débarrasser de toutes mes affaires qui étaient en trop. Je fis donc don de la majorité de mes vêtements, accessoires et autres. À la fin, je n’avais presque plus rien, mais c’était une bonne chose : il fallait vivre pauvrement pour se rapprocher de Dieu.
Le soir du 24, vers 18h, avec toute ma famille, nous passâmes une merveilleuse messe de Minuit à l’église de Père du Mellier. Durant toute la messe, je ressentis pleinement la présence de Dieu Tout-Puissant, ainsi que l’amour de Jésus. J’étais si émue que des larmes coulaient comme des flots : mes yeux n’étaient devenus qu’océans qui se déversaient sur moi et sur le sol. À la fin, tout le monde quitta l’église. Moi, je voulais prendre un peu l’air avant de rentrer, je souhaitais me promener dans le coin. Ma sœur, elle, devait s’entretenir avec le Père du Mellier. Quant au reste de ma famille, ils décidèrent de rentrer pour tout préparer pour le réveillon. Après tout, c’était aussi un moment pour exprimer les valeurs de la famille et du partage.
Environ 1h plus tard, je reçus un appel d’une collègue de ma mère qui travaillait à l’hôpital. Elle m’informait frénétiquement que mes parents et mon frère venaient d’avoir un grave accident et qu’ils étaient tous dans un état critique. Dès qu’elle décrocha, je courus à toute jambe pour retrouver l’église : il fallait que je m’en remette à la puissance de Dieu.
J’avais un double des clefs donc je pus rentrer. Dès que je passai le pas de la porte, je courus vers l’autel pour implorer Dieu en silence, m’efforçant de retenir mes sanglots car ce n’était qu’un test de Dieu.
Bizarrement cependant, j’entendais des gémissements sourds et intenses venir de derrière l’autel. Plus je m’approchais, plus ils devenaient forts. Je n’en croyais pas mes yeux : le Père du Mellier était en train de copuler comme une bête avec ma sœur Madeleine, au sein même de l’église ! J’étais si effrayée et déroutée que ma gorge se ferma net, m’empêchant de pousser ne serait-ce qu’un seul cri. Je restai cachée, les regardant, jusqu’à ce qu’ils finirent. Ma sœur remit en place ses habits de nonne et s’en alla.
Aussitôt, je sortis de ma cachette pour confronter le Père du Mellier. Dès qu’il me vit, il bondit en arrière et je voyais l’effroi se dessiner sur sa face.
— Mon Père, vous… comment osez-vous…
— Marie, ce n’est pas ce que tu crois !
— Non seulement vous trahissez vos vœux, mais vous le faites avec ma sœur, une femme qui a juré se consacrer à la chasteté, et dans un lieu aussi sacrée… ! Je croyais que vous étiez un bon prêtre… dis-je en m’effondrant à genoux, en sanglots
— Marie, écoute, je peux tout t’expliquer. C’est dur de vivre sans assouvir ses désirs charnels, c’est presqu’impossible ! Je me permets donc pour continuer à avoir la force de me dédier au Seigneur d’avoir quelques rapports de temps en temps avec quelques femmes qui le veulent bien : c’est tout !
— « Quelques femmes » ? « Quelques femmes » ?
— Écoute, le Seigneur est bon et Il pardonne. Un péché par-ci ou un péché par-là, ce n’est rien de bien méchant ! Regarde par exemple, je le fais aussi avec ta mère et plein d’autres femmes mariées ou célibataires ! Elles sont toutes aussi pieuses les unes que les autres ! On en fait rien d'autre que propager l’amour !
— Quoi !… Allez-vous-en, laissez-moi tranquille !
Avec le peu de forces qu’il me restait, je tentai de m’enfuir loin, très loin de cet homme, mais il parvint à me rattraper et me plaqua au sol. Je me débattais comme je pouvais mais il était plus fort et plus robuste que moi. Je criais à l’aide mais il me giflait et m’empêchait de crier. Il se mit alors à glisser ses mains sous mes vêtements et à brutalement me déshabiller jusqu’à me dénuder. Tant bien que mal, je réussis à lui donner un coup de pied au visage mais à la manière d’un fauve, il bondit sur moi.
« Puisque tu ne veux rien écouter, je vais devoir te donner une correction ! », hurla-t-il dans mes oreilles. J’étais plaquée au sol, je ne pouvais ni bouger ni crier. Il tripotait sauvagement mon corps avant d’insérer son sexe dans le mien. À ce moment-là, je me sentais trahie, sale, impure. À ce moment-là, je compris que Jésus ne m’aimait pas : Dieu m’avait abandonné.
J’étais venue dans la maison de Dieu pour trouver aide, secours et réconfort, mais je n’y avais trouvé qu’un prêtre vicieux. Plus il abusait de moi, plus mes forces se dispersaient, jusqu’à ce que je ne sentais en moi qu’une chose : le dégoût. Dieu, là-haut, regardait ma famille souffrir suite à un accident. Là-haut, Il me regardait en train de me faire profaner par l’un de Ses représentants. J’avais été trompée, dupée, trahie. Je n’étais rien qu’une sotte, une idiote, une gamine toute naïve.
Quand le Père du Mellier finit de jouir de moi comme il le voulait, sans mon consentement, il se contenta de me cracher en pleine face : « Marie, ça aurait pu se passer autrement. Si tu m’avais compris, rien de tout cela ne serait arrivé. C’est entièrement ta faute : implore le pardon. Tu as tenté le pauvre homme que je suis, tu ne peux blâmer que toi-même. Si tu tentes de te plaindre ou même d’aller à la police, sache que j’ai plusieurs gens dans ma poche qui m’aideront à échapper au scandale et à ce que tous te prennent pour une folle. Ferme donc ta gueule, et ne reviens plus jamais ici, sauf si tu veux qu’on partage de l’amour encore… ». Il me prit, ramassa mes habits et me jeta dehors comme un déchet.
J’avais froid — très froid, et en même temps, j’avais chaud — très chaud. Je grattais mon corps et je me sentais si sale, si impure. Je restai là quelques temps, avant de lever les yeux au ciel. « J’étais venue T’implorer, et Tu m’as abandonné… J’étais venue chercher secours, et Ton représentant m’a profané… En fait, Jésus n’est pas Amour, l’Église n’est pas sainte… En fait, Dieu est mort ! ». Je restais là, à pleurer dans le froid. Toutefois, je savais avec certitude qu’à présent, si je voulais vraiment être sauvée, être libre et heureuse, il ne restait plus qu’une seule chose à faire : tuer Dieu moi-même, car je Le sentais encore survivre dans mon cœur malgré tout. Cette nuit-là, ce fut mon désenchantement.
Mais c'est pas possible !!
Comment ils ont pu lui faire ça !!
À part ce dégoût que je ressens pour ce vieil homme ainsi que pour Madeleine, je tiens à te dire que le chapitre est bien écris malgré que ce soit un chapitre dur à lire et très énervant. Néanmoins on veut savoir la suite !!