Chapitre 3

Notes de l’auteur : J'espère que cette histoire vous plait. Surtout n'hésitez à me donner votre avis ( positif ou négatif ) : )

Raven : 

-Tu as eu neuf ! Neuf !? Mon fils a eu un putain de neuf !

Je baisse la tête pour ne pas croiser le regard de mon père. Il est furieux et semble prêt à embraser la terre. 

Moi, j’étais plutôt fier de ma note. C’est la première qui se rapproche autant de la moyenne, Matt a eu 5 points de moins que moi… et pour une fois, j’avais révisé. 

-Mais j’avais révisé bordel !

-T’es lamentable ! Juste un incapable ! 

Je ferme les yeux pour ravaler mes larmes. Il ne faut surtout pas qu’il me voit pleurer. Puis j’entend un bruit de froissement de papier puis son déchirement. Alors que maman aurait accroché le moindre de mes exploits - aussi petits soient-ils- sur le frigo, mon père déchire tout ce qui ne lui plait pas. Casse tout ce qui ne lui plait pas. Je pourrais continuer : tappe, insulte, cogne… La liste est encore longue. 

-Lorraine, mon verre ! 

Un double verre de whisky qui a décanté à l’air libre pour être encore plus alcoolisé. D’autres fois, il y ajoute quelques piments, du poivre… 

La sœur de ma mère, Lorraine, arrive et tend le verre froid à mon père qui sent un signe de politesse avale le liquide cul sec. J'adore l’alcool moi aussi. A la différence que je préfère en apprécier chaque goutte, la laissant couler sur ma longue et glisser dans ma trachée. Lorraine repart en se faisant toute petite. 

J’ai arrêté de l’appeler tata le jour où elle a laissé pour la première fois mon père me dénigrer. Elle a même approuvé les propos de mon père quand ce monstre lui a demandé de le faire.  

-Sors Raven. Tu passeras la nuit dehors ce soir.

Sa voix. 

Trop calme. 

Il se retient. 

Je file chercher une veste, un sac dans lequel je fourre trois allumettes, un carnet, un stylo, mes cahiers pour les cours de demain bien que je pense en sécher la plupart et je glisse un deuxième sweatshirt qui me servira d’oreiller. 

-Hé ! Pas chez un ami hein ? Dehors !

Je claque la porte avant de partir ce qui me vaut un soupir de ma tante. 

Qu’est ce que je la déteste. 

Qu’est ce que je le déteste. 

Je continue de marcher, je marche. Contrairement à d’habitude, je ne rejoins pas la mer. Mes jambes marchent toutes seules vers un pub. J’ai besoin d’une bonne cuite ce soir. Un exutoire à ma colère. 

Je pousse la porte et l’odeur d’alcool et de transpiration qui m’est familière m’enivre déjà. 

-Raven ! Que me vaut le plaisir de ta visite ! 

-Josh, sert moi 3 peintes de ce que t’as deux plus fort, deux cocktails que tu sers à tes gamines en chaleur. 

Je veux boire ce soir. Pour oublier. Un grand sourire illumine son visage. La note va être salée mais j’ai la carte bleue de mon père qui ne manque pas d’être remplie. Ma minorité ne le dérange pas, ce qu’il veut, c’est du fric. De plus, même si c’est un mensonge, j’adore par-dessus tout jouer le fils à papa, qui a tout ce qu’il et n’a qu’à aller chouiner dans les couilles de son père. Travis n’est pas que l’homme qui a rempli ma mère pour me créer, c’est également un des hommes d'affaires les plus puissants. Il possède de nombreux biens immobiliers à travers le pays, ses propres agences et je soupçonne aussi qu’il traîne dans certaines affaires moins légales comme le trafic de drogue. Ce n’est pas tout… Mon paternel possède une intelligence hors norme. Pas haut potentiel mais presque. 125 de QI. A 5 points d’être plus intelligent que le moyenne ( même si je sais que le haut potentiel est plus complexe, mais je me facilite les choses ). Il a la rage d’être “normal”, de ne pas être le meilleur, pas le plus intelligent. Après ses études de chirurgie et l’obtention de tous ses diplômes avec un certain nombre de mentions, Travis à investi ses bourses dans des immeubles. Pour vous dire à quel point mon père est taré, lors des élections municipales, il savait qu’il n’allait pas être élu. Beaucoup le vénère… Ce n'est que par crainte. Beaucoup le déteste… Ils ont raison. Mais les habitants lui font confiance, écoutent ses conseils. L’aiment mais pas au point de lui confier la ville. Frustré, mon père s’esta allié du plus naïf des partis. Je ne sais comment il lui a retourné le cerveau, tout comme celui des électeurs. Ainsi, Farid est maire, mais le vrai directeur des actions de la ville, sont organisées par mon père. 

-C’est un bon choix… Alors comment va papa ? m’interroge le barman. 

-Très bien. D’ailleurs il souhaite que je te demande de faire un transfert de commande la semaine prochaine. 

-Très bien, je le contacterais par message.

Un colis à livrer secrètement dans une boîte de nuit en échange d’un beau billet. Même si Lorraine n’y voit que du feu, je ne suis pas bête. 

J’observe passer tout un tas de personnes devant moi au cours de la soirée. Certaines plus attrayantes que d’autres. Deux jeunes femmes me repèrent et viennent s'asseoir. Toutes les deux brunes, la première prend la tabouret à contre cœur car son amie à déjà trouver sa place sur mes genoux. 

-Hey beau gosse ! C’est toi le mystérieux brun qui traîne devant le collège pendant les cours ?

Elles affichent un grand sourire tout aussi pathétique l’une que l’autre. Une odeur de clope dans leur cheveux lâchés en arrière se dégage et leur gloss rouge reflète les lumières du pub. La première enroule deux de ses doigts autour d’une mèche bouclée avant de m’adresser un clin d'œil. La deuxième plante ses yeux dans les miens avant de remonter se décolleté. Elles veulent jouer. 

Pour passer le temps je leur offre un coktails. Je pousse la boisson orangée devant celle sur le tabouret et lui commande une paille. Elle pousse un petit cri de joie face à ma galanterie forcée avant que son amie la foudroie du regard. Chacune son tour les filles…Je me marre bien de ce petit jeu. Cependant, je ne termine jamais la nuit avec une gamine trop fragile comme elles dans mon lit. Comme tous les “bad boy”, j’ai ma liste de contacts féminins que je n’ai qu’à appelé pour m’offrir une soirée sympathique. Après leur avoir fait comprendre qu’un plan à trois ne m'intéressait pas, elles sont reparties sans un regard en arrière. Je les préserve, elles devraient me remercier. 

Je reste encore un peu au bar. Mon dos me fait souffrir depuis que je suis assis sur ce tabouret mais ce sera pire allongé sur le sol d’un parc ou même sur un banc. 

Josh ne me prête pas attention. Il est habitué à me voir jusqu’à la fermeture et tant que je consomme, je suis le bienvenu. 

Après quelques heures, je commence à tourner la tête et à regarder autour de moi plus par ennui que par intérêt. Nous ne sommes plus que deux clients. Un homme, environ 45 ans, qui comme moi est ici depuis un bon bout de temps. Il ne bouge presque pas, c’est à se demander s' il est conscient. Je l’ai aperçu enchainer les verres de vin rouge et les bières. Nous sommes sûrement les meilleurs clients de la soirée. 

-Alors petit, qu’est ce que tu fais là ?

Il lève la tête et ouvre grands ses yeux pour me parler. Quand il m’adresse la parole, un frisson me traverse. J’ai presque de la peine pour cet homme qui se bourre la gueule tout seul. J’imagine dans un coin de ma tête : sûrement un veuf sans enfant qui contrôle sa solitude avec la boisson.

-J’ai besoin de changer d’air. C’est tout. 

Un rire jaune sort de sa bouche. Ses dents de la même couleur, il me reluque. 

-A ton âge ? Bah alors petit, t’as pas fini d’en baver !

L’homme rigole et s’étouffe avec sa propre salive si bien qu’un filet de salive dégouline de sa bouche. Répugnant… Mais tout autant captivant. Je ne peux m’empêcher de me poser tout un tas de questions dans ma tête sur la vie de ce pauvre quarantenaire  quand Josh s’approche de moi. Un torchon à la main, il essuie les derniers verres.

-C’est qui ce mec ? lui demandai-je. 

Josh le zieute discrètement tout en cherchant ses mots. 

-Il vient de temps en temps. Pas très souvent, mais à chaque fois il ressort dans un sale état. J’ai déjà vu une fillette une fois venir le chercher, il m’a dit que c’était une assistante ménagère mais je trouve qu’il se ressemblaient beaucoup. Une nièce peut-être qui doit s'occuper de son oncle. 

Je hoche la tête avant de m’éclipser vers les toilettes. J’ai la vessie remplie par tout l’alcool que j’ai avalé. Quand je sors, soulagé, l’homme n’est plus assis sur le tabouret dans le fond du bar. Il prend appuie sur une petite blonde. Une casquette sur la tête, je ne peux pas voir son visage quand elle règle la note salée de l’homme qu’elle vient chercher. Serait- elle la fameuse nièce ? Je ne la vois que de dos mais je reconnaîtrais ses cheveux entre mille. Une voiture démarre assez rapidement et je reste figé sur place. Serais-ce possible ? Non impensable. Ce sont juste les effets des boissons qui me font délirer. 

Cette nuit-là, je dors à même le sol d’un parc. Le vent d’automne souffle dans les branches et les hiboux commencent leur symphonie nocturne. J’aurais un bon dos demain. Je tente en vain de dormir mais les paroles de l’inconnu ivre me reviennent en mémoire. Je n’ai pas fini d’en baver. Mais la vie ne fait que commencer, pourtant j’aimerais tellement qu’elle s’arrête. Je me bat contre elle alors qu’elle ne fait pas de cadeau.

Je m’endors en pensant. Je pense à ce pauvre homme. Je l’envie. Lui qui a arrêté de se battre contre l'incontrôlable se laisse contrôler. Je vois cette vie comme merveilleuse, je voudrais être tel que lui.

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