Chapitre 3

Par Gaspard

J’émerge au milieu d’une tirade de Iori.

— … la rencontre avec Edgar était quelque chose que je voulais partager avec le monde entier, mais ça …

J’ai dû m’endormir pendant qu’il méditait.
Après le départ du gorille, le vagabond était resté sur place un temps infini, à ne rien faire de particulier. Il avait allumé sa longue pipe et s’était abîmé dans la contemplation des oscillations de luminosité de l’infime brasier qu’abritait la tête de l’objet. Bercé par le rythme hypnotique de ses interminables inspirations, drogué de sensations inconnues jusque-là, de liberté, de force, de tranquillité, d’assurance … Je m’étais laissé aller à un doux genre de transe mystique et somnolente. À un moment indéterminé de ce long intermède, Senga m’avait prévenu qu’il se déconnectait ; à un autre, j’avais sombré dans un sommeil profond.
Je m’attendais à me réveiller dans mon propre corps mais non ; mon idole n’a toujours pas interrompu sa diffusion. Il traverse la forêt tropicale au sein d’une obscurité gluante, apparemment sûr de la direction à suivre bien qu’on ne distingue rien des alentours sinon, de loin en loin, caressés par la pâle lumière des étoiles, au pied d’un hypothétique trou dans la canopée, les contours argentés d’un îlot de plantes aux allures menaçantes. Et tandis que, nonchalant, Iori se promène au cœur de cette sylve meurtrière, il parle.

— Dix ans que je voulais venir ici et que je ne m’estimais pas prêt. Pas suffisamment fort pour survivre au cœur de la faune africaine, pas assez solide mentalement pour m’éloigner à ce point des hommes, pas tout à fait certain d’arriver à admettre ce que je risquais de découvrir.

Il marque une pause le temps d’escalader une racine de la taille d’un rhinocéros. J’en profite pour me renseigner sur le nombre de mes semblables à partager encore avec moi l’enveloppe du caster.
Nous sommes quatre.
Interloqué par l’écart faramineux entre ce chiffre ridicule et le taux de 100% de connexion atteint durant la rencontre avec le dos argenté, je demande à ma Graine combien de temps s’est écoulé depuis le début de la transmission.
Huit heures.
Huit heures ? J’ai fait une sacrée sieste !
Si Iori n’a fait que réfléchir dans le noir pendant tout ce temps, je comprends que tout le monde soit parti !

— Un continent entier abandonné par les hommes, laissé en friche pendant plus d’un siècle sans qu’on sache pourquoi. L’Arbre ne contient aucune réponse satisfaisante. Même après l’avoir exploré de long en large, je n’ai pu en tirer que ces faits rachitiques que tout le monde connait déjà : un, il y a à peu près 150 ans, les peuples africains ont commencé à être décimés par un fléau inconnu. Étant donné les réseaux d’informations qui couvraient alors l’ensemble de la planète, nous devrions avoir des centaines, voire des milliers, de rapports journalistiques à ce propos et nous n’en avons aucun. Deux, les gigantesques mouvements d’exodes qui en découlèrent se sont tous soldés par d’inimaginables désastres ; on estime le nombre de survivants après un an de fuites complètement désordonnées à 7% de la population initiale. Trois, cette catastrophe brutale, sans le moindre précédent dans l’Histoire des hommes, que ce soit en nombre de morts, en envergure géographique du phénomène ou en soudaineté de l’hécatombe, a été le point de départ de la période la plus sombre et la plus mystérieuse depuis l’Âge de la Pierre : la Décennie Chaotique, dont on ne sait pratiquement rien non plus, sinon qu’en dix ans, l’espèce humaine est passée de 12,5 milliards d’individus à 100 millions. Quatre, passé le Tropique du Cancer, il n’y a plus âme qui vive en Afrique.

Iori disserte d’un ton posé, il rappelle modestement à la mémoire de ses quatre fans les plus fidèles des faits que l’on a tous appris dès notre plus jeune âge. La fin de la Décennie Chaotique, qui coïncide avec le début du Grand Mélange, est le départ du calendrier que partagent désormais tous les habitants de la Terre. Nous sommes officiellement en l’an 147, ce qui fait de nous une civilisation singulière, à la fois très avancée technologiquement et presque complètement dépourvue de racines. Nous avons une bonne connaissance de l’Histoire ancienne, de la préhistoire jusqu’à quelques décennies après l’invention de l’ancêtre de l’Arbre : Internet, mais toute la période qui précède la Décennie Chaotique est infiniment plus floue. On ne sait même pas quelle est la taille du trou qui obscurcit notre mémoire collective. Nous manque-t-il vingt ans ? Cinquante ? Un siècle ? Deux ? Un millénaire ? Cela semble improbable, mais la vérité est là : nous ne sommes sûrs de rien, sinon d’être une espèce amnésique.

— À bien des égards, il me semble que l’Afrique, qui est considérée comme le berceau de l’Homo Sapiens Sapiens, en a aussi été le tombeau. C’est ici que se trouvent les réponses aux nombreuses questions que notre jeune civilisation, au sortir du cataclysme, se pose. Je comprends très bien pourquoi nous avons si longtemps choisi d’ignorer cette énigme : il y avait et il y a encore tant à faire. Vivre en harmonie avec notre environnement, éduquer nos enfants de telle façon que les erreurs de comportement de nos ancêtres leur semblent aussi incohérentes qu’à nous, approfondir notre connaissance du monde et de nous-mêmes, et ne pas oublier d’être, de profiter de la vie et du présent. Savoir être là. Jouer. Rire. Aimer. Mais peut-on réellement construire une société digne de ce nom, qui serait durablement juste, quand on ignore tout de nos origines ? Honnêtement, je n’en sais rien. C’est une question ouverte que je vous soumets. Peut-être notre amnésie est-elle un inestimable cadeau. Peut-être est-ce pour le mieux. Peut-être que nos aïeux ont délibérément choisi l’oubli afin de nous offrir une vie meilleure. Peut-être. Peut-être est-ce de l’arrogance, voire de l’impiété, que de vouloir aller à l’encontre de cet ordre établi. Après tout, nous nous portons tous merveilleusement bien. Pourtant, je continue de fouiller le monde à la recherche d’une explication, aussi effroyable puisse-t-elle être. Et ceci pour une raison toute simple : j’ai confiance en vous. J’ai une confiance absolue en vous tous. Je suis persuadé que vous saurez faire face à la vérité, quelle qu’elle soit. Vous êtes bons, intelligents, réfléchis, doux, aimants, ingénieux, curieux, … J’ai foi en vous. Ensemble, il n’y a aucun obstacle que vous ne sauriez franchir, ni péril que vous ne sauriez vaincre. Et si ce que je déterre s’avère être une épreuve d’une difficulté insoutenable pour l’humanité, je suis convaincu qu’elle en sortira meilleure encore.

Notre hôte s’interrompt une nouvelle fois, comme pour nous laisser le temps de digérer son monologue. Mais je n’y comprends pas grand-chose. Quel genre de découverte pourrait constituer « une épreuve d’une difficulté insoutenable pour l’humanité » ? Une nouvelle maladie ? Une malédiction ? Des images de la boite de Pandore, puis de la Tour de Babel me viennent à l’esprit. Est-ce de la discorde dont Iori a peur ?
Je remarque alors que mon idole ne marche plus. Debout au milieu d’un large espace envahi de formes arborescentes difficiles à distinguer dans la pénombre ambiante, il fouille les larges pans de son kimono jusqu’à en extraire ses Libellules et les jeter en l’air.
Les mots qui sortent ensuite de sa bouche me foudroient sur place.

— Artyom, Luciole, Shen, Teka … ce que je vais vous montrer désormais, j’aimerais que vous le gardiez pour vous.

Iori s’adresse directement à moi !

— Bien sûr, je n’ai ni le désir, ni le pouvoir, de vous contraindre. Si vous voulez raconter à tout le monde ce que vous aurez vu ce soir, je ne ferai rien pour vous en empêcher. Tant que vous le faites en votre âme et conscience, je n’y vois aucun inconvénient. Je vous demande simplement d’y réfléchir sérieusement.
Il frotte sa joue râpeuse, comme s’il était embarrassé.

— C’est un mélange de hasard et de détermination qui nous a réunis tous les cinq. J’avais décidé au préalable de ne partager cette séquence supplémentaire que s’il restait moins de dix personnes connectées à la fin de ma séance de méditation ; vous étiez encore sept. J’ai attendu deux heures supplémentaires que trois personnes de plus abandonnent et s’en aillent, bien que ce ne soit pas très équitable pour elles puisque, parmi vous, seule Luciole est restée éveillée tout au long de la transmission.

Je sens mes oreilles chauffer virtuellement de honte.

— Artyom, Shen et Teka, on peut dire que c’est le destin qui vous a choisis pour être parmi les tout premiers à contempler cet endroit. J’espère que vous en serez à la fois heureux, et dignes. À vous, ensuite, d’agir comme bon vous semble. Maintenant, je n’ai plus rien à dire. Voyez ce que je vois et faites-vous votre propre opinion. Nous en discuterons peut-être un autre jour, tous les cinq, s’il doit en être ainsi.

Alors que Iori prononce ces derniers mots, ses caméras volantes s’éclairent, telles trois petites sphères luminescentes, et nous révèlent l’étrange paysage qui nous entoure.
Partout où notre hôte pose son regard, la même scène s’offre à lui. Au sol, un amoncellement déstructuré de racines aériennes qui s’escaladent et se confondent les unes aux autres comme les tentacules souples d’une cohorte de poulpes moribonds. Puis des troncs lisses et robustes s’élèvent en lentes torsades vers le firmament, tel les bras noueux d’une troupe de géants amoureux des étoiles, et explosent tous ensemble, précisément à la même altitude, très loin au-dessus de mon crâne, pour former un toit de branches et de feuilles agencées en une trame somptueuse d’une invraisemblable complexité. C’est une nef végétale, oblique, aux dimensions titanesques, dont la voûte tourmentée est soutenue par mille piliers gorgés de sève. Une cathédrale à la gloire de la nature.
Mais un détail dérange mon œil. Je n’arrive pas à donner un nom à la couleur des arbres, pourtant tous de la même espèce. Leur peau parait alternativement très claire et très sombre, à tel point qu’il me semble voir tout l’espace passer sans cesse du blanc crémeux au brun foncé. Cet effet d’optique déroutant donne tour à tour au lieu des allures de sanctuaire ou de temple maudit.
Iori doit savoir notre confusion car il s’approche de l’un de ces mastodontes végétaux et en scrute la surface avec attention. Elle est constellée de gravures, ou d’inscriptions. À mesure que notre hôte fait la mise au point, je réussis à distinguer, dans les cicatrices noircies de ces lacérations minutieusement infligées sur des kilomètres carrés d’écorce, les traits d’une écriture fine. Bientôt, je peux même les déchiffrer.
Je lis.
Owen Burrow.
Un nom ? Il ne me dit rien … Est-ce un homme célèbre ?
Puis.
Bernadette Rose.
Pas mieux.
Et après, encore.
Don Sting. Xianhua Bao. Iqbāl Ardashir. Eleonore Ming. Laurence Tanner. Kalyel Amado. Aelan Thao Nginn. Sogbe Efoui. Praskoviya Akhmadoulina. Uddunath Chauduri.
Aucun ne me semble familier …
Iori s’éloigne pour nous offrir un regard neuf sur ce panorama ahurissant. À perte de vue, les arbres de la forêt sont recouverts sur l’intégralité de leur surface visible de noms. Combien cela peut-il en représenter ? Des nombres vertigineux me viennent à l’esprit.
À cet instant, notre hôte reprend la parole, pour nous donner des informations factuelles.

— J’ai arpenté cette zone de long en large pendant plusieurs semaines. Elle mesure approximativement 700m dans un sens et 250m dans l’autre. Vu du ciel, elle épouse la forme d’un genre de flèche qui pointerait vers l’ouest. J’ai compté pas loin de 2000 figuiers. Chacun d’entre eux porte inscrit dans sa chair entre 2 et 3 millions de noms, pour un total d’environ 5 milliards dans toute la forêt. Mes caméras et moi avons passé au crible des portions considérables de cette interminable liste ; nous ne sommes tombés que sur très peu de doublons et je ne pense pas que ceux-ci soient dus à des erreurs. Sans doute que certains des individus recensés ici possédaient des noms et prénoms identiques. Toutes les inscriptions font la même profondeur, et leur cicatrisation est de moins en moins avancée à mesure qu’on marche vers le soleil couchant. J’ai pu faire des analyses : les plus vieilles gravures datent d’il y a environ 150 ans. Quant aux plus récentes … Mieux vaut vous laisser découvrir ça par vous-mêmes.

Ayant dit, Iori se tait et repart gaillardement à travers la forêt, à la suite de ses caméras lumineuses.
Cependant qu’il progresse vers l’extrémité de ce lieu bizarre, je m’abîme dans l’improductive contemplation des alentours. Les éclairages directionnels du caster projettent des ombres crues qui s’entrecroisent en damiers tortueux sur la croûte en papyrus de cette forêt contre-nature, mi labyrinthe, mi bibliothèque, mi cimetière. C’est un paysage hypnotique et grandiose de perspectives trompeuses.
Un sentiment gourd de lassitude m’empêche de réfléchir à quoi que ce soit. Je suis immergé en Iori depuis si longtemps, alors que l’expérience est si neuve pour moi … J’ai la sensation de disparaître petit à petit. Mon corps me manque. La vigueur du vagabond a cessé de m’impressionner et je souffre désormais de son poids. Je meurs d’envie de retrouver ma légèreté et mon élasticité habituelles. Même ma façon de penser me semble influencée par les perceptions de mon hôte. J’en viens presque à avoir peur de perdre ma personnalité, de me noyer en Iori et de ne plus jamais songer à réintégrer ma propre existence.
Je chasse sans difficulté une petite attaque de panique ; pas question d’abandonner maintenant, nous y sommes presque.
Je ne crois pas si bien dire.
Les Libellules de Iori se sont immobilisées à quelques mètres de lui et braquent toutes les trois leurs faisceaux lumineux au pied d’un figuier particulièrement monstrueux. Le caster les rattrape rapidement mais j’ai le temps de remarquer que les arbres derrière celui-là sont vierges de toute inscription. Nous sommes à la frontière ; au-delà, le chaos reprend ses droits sur le monde, c’est un dense enchevêtrement de lianes, de palmes, de fougères et de fleurs de toutes les tailles et de toutes les formes.
Mon hôte baisse les yeux et dit.

— Je vous présente l’artiste.

C’est un androïde ou, à proprement parler, une carcasse d’androïde. Il n’en reste plus que des lambeaux à peine liés entre eux par quelques tendons décharnés : un bassin à demi-écrasé dont dépasse un malheureux bout d’os en métal qu’un prédateur quelconque, en dépit du sens commun, semble avoir longuement mâchonné, une colonne vertébrale cliquetante, tordue dans un drôle de sens, au bout de laquelle pendouille lamentablement un crâne crasseux recouvert de mousse, et un bras. Celui-ci attire immédiatement mon attention car, bien qu’il soit dans un état tout aussi piteux que le reste, je suis persuadé de l’avoir vu bouger !
Et là, encore !
Par miracle, l’automate fonctionne toujours. Mieux, il poursuit son œuvre : son doigt, une griffe en titane, est enfoncé dans l’écorce du figuier et trace avec lenteur, mais sans à coup, la fin d’un R.
Je lis les derniers noms en date de la liste infinie que ce fou mécanique s’est mis en tête de graver sur l’épiderme du monde.
Thorfinn Olafson. Fumiyo Harumi. Mairenui Teaiwa. Randall Munr…
Iori tapote d’un geste encourageant la tête du robot.

— Maintenant, vous en savez autant que moi. J’ai hâte de savoir ce que vous en pensez mais ce sera pour une autre fois. L’expérience a dû être éprouvante pour vous. Alors reposez-vous, réfléchissez à tout ça, discutez-en si cela vous aide … Et nous en reparlerons plus tard.

Et le néant me tombe dessus.

 

*

 

Je me réveille au pied du grand chêne sous lequel je me suis installé avec Senga, il y a de cela une éternité.
J’ai moins mal que ce à quoi je m’attendais : quelqu’un est venu me placer des oreillers derrière le dos, la tête et sous les fesses. On m’a aussi enroulé dans une épaisse couette. Silencieusement, je remercie les hommes d’être devenus ce qu’ils sont, des êtres attentifs et prévenants. En un autre temps, on m’aurait peut-être égorgé pour je-ne-sais-quelle raison triviale.
Il fait nuit, ici aussi.
Je m’étire méticuleusement les jambes et les épaules puis retombe avec allégresse sur mon matelas improvisé. Je n’ai pas le courage de rentrer dormir dans un vrai lit.
À peine ai-je les yeux fermés que je sombre dans un profond sommeil réparateur.

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The Pighead
Posté le 16/10/2020
Je pense qu'après une lecture de ce troisième chapitre, une première conclusion s'impose : tu sais définitivement construire un univers.

J'avoue qu'au départ, le premier chapitre me semblait un peu trop rapide, mais maintenant, j'ai plus l'impression que c'était une sorte de leurre et que le développement allait se faire d'une autre manière que ce que j'avais prévu. Et l'histoire de ce monde est définitivement intéressante.

Il y a toujours plus de mystère à chaque chapitre : comment Iori a-t-il pu savoir ce qu'il sait ? Est-ce que ce qu'on vient de voir, c'est les restes de l'ancien monde ? Les humains avaient-ils réussi à maîtriser la robotique avant de disparaître ? Et plein d'autres questions dont j'espère avoir la réponse... ^^
Gaspard
Posté le 16/10/2020
^^
Ravi que l'univers te plaise.
Je viens pas mal de l'univers du manga, où l'univers est "inclus" par le dessin, même quand l'histoire ne l'aborde pas vraiment. Cela me semblait nécessaire de trouver un moyen de permettre au lecteur de se faire une idée assez complète du monde dans lequel mes personnages vivent.
Tu vas peut-être devoir supporter encore quelques mystères de plus avant de commencer à trouver des solutions :) patience !
BILLY BUFFALO
Posté le 26/04/2020
Toujours aussi énigmatique et passionnante, l'histoire se déroule peu à et peu et nous dévoile lentement, à son rythme, les clés de la compréhension...
Permettez-moi de vous avouer une méprise dont j'ai été l'objet; j'ai d'abord cru qu'Iori s'appelait lori avec un "L" minuscule avant de comprendre qu'il s'agissait d'un "i" majuscule...inutile de vous demander alors pourquoi Iori commençait par une minuscule à l'inverse de l'Arbre...!
Gaspard
Posté le 16/10/2020
J'ai une lectrice papier qui a lu "Lori" tout le livre ... ^^
Terrible.
Vous lisez