« Les fantômes n’existent pas, rétorqua-t-elle trop fermement. »
Miranda, Born of Mystery
Les rayonnages grimpaient à l’assaut des murs, remparts de connaissance contre la bêtise. Keina se sentit soudain minuscule souris, perdue dans les dédales d’un immense quartier d’emmental trop monstrueux pour elle. La bibliothèque était l’un des rares endroits communs aux deux parties du Royaume. Située dans l’édifice central du croissant, juste en dessous de l’espace de cérémonie, elle imposait par les hautes arcades qui la soutenaient et les majestueux vitraux accrochés à son sommet. Du pur style gothique, aussi grandiose qu’une cathédrale. La même propension à intimer le silence et le respect. Si la salle à manger se parait du faste des mille et une nuits, l’ambiance ici s’associait plus à un roman de Walpole. Keina s’attendait presque à voir surgir un fantôme au détour d’une allée.
De minuscules créatures poilues s’affairaient entre les étagères. Les brownies, gardiens des livres et du savoir. Personne ne savait s’ils étaient réellement les mêmes créatures que ces petits lutins irlandais protecteurs du foyer, ou si l’on s’était contenté de leur attribuer le même nom à cause d’une vague ressemblance physique. Mais, après tout, quelle importance ! Le Royaume grouillait de lutins et de gnomes sortis tout droit d’un conte pour enfants, et les habitants ne s’étonnaient plus guère de les croiser au détour des couloirs, préférant les désigner sous le terme générique de « créatures magiques ».
Déterminée, Keina s’approcha de l’un d’eux. Quelques toussotements amenèrent l’être à se retourner, et les deux billes noires de ses pupilles étudièrent la jeune silfine.
— Pourquoi le dérangement ? émit-il dans ses pensées.
— Je cherche….
Un sourcil réprobateur la contraignit au silence. Dans ce lieu, la télépathie semblait de rigueur. L’organisme de Keina refusait pour l’instant de se laisser pénétrer par les flux d’énergie enchantée qui suintaient de partout. De ce fait, elle ne maîtrisait pas encore les langages de l’esprit, pourtant fort usités au Royaume. Il faut permettre à l’organisme de s’habituer, lui avait confié Lynn, alors qu’elle brûlait d’apprendre cette sorcellerie, tu ne dois pas le forcer à accepter la magie. Ça pourrait t’être fatal. Peut-être, mais d’une certaine façon, ce manque l’excluait temporairement de la vie du Royaume. Ceci dit, au moins, son corps l’autorisait à recevoir des messages télépathiques et à utiliser les cercles de transport. Le contraire se serait tout de même révélé être un sacré handicap !
Elle déglutit, cherchant un moyen de se faire comprendre par le brownie. Ses yeux parcoururent l’espace alentour et elle avisa sur l’une des tables qui encombraient les allées du papier et de l’encre. De sa fine écriture, elle apposa ces mots sur la feuille : « Je recherche un ouvrage sur la guerre intestine de l’année 1883 du calendrier chrétien. Pouvez-vous me renseigner ? »
Le petit être parcourut le billet et secoua la tête en signe de négation.
— Pas de ça ici. Trop tôt. Beaucoup trop tôt.
La déception se peignit sur les traits de la silfine. Elle réfléchit quelques secondes et se remit à écrire. « Et un livre sur l’Histoire du Royaume ? »
Cette fois-ci, le brownie acquiesça et d’une patte griffue indiqua le haut d’un rayonnage.
— Là-haut. Besoin d’une échelle.
Keina le remercia et approcha l’une des échelles coulissantes de l’endroit désigné. Sans plus se préoccuper d’elle, l’être magique s’était déjà détourné. Elle grimpa prudemment les degrés, le vertige lui tenaillant les entrailles. Depuis toute petite, cette phobie l’accompagnait comme une vieille amie avec qui elle avait appris à vivre.
Les étagères étaient diablement hautes. Une fois au sommet, elle tomba nez à nez avec une série d’énormes manuscrits à la magie crépitante, qui la firent éternuer. L’odeur âcre du vieux papier mêlé aux particules vertes lui étreignit la gorge. Les tranches s’enorgueillissaient de titres obscurs, comme une parade amoureuse destinée à attirer le galant.
Par ici, Keina, viens par ici…
Non, non, c’est par là-bas que tu dois te diriger, j’en sais plus que quiconque…
Mais je suis le moins volumineux, le plus agréable à feuilleter, ne désires-tu point que je te dévoile mes mots ?
La silfine sursauta. Elle n’osait croire que les livres eux-mêmes exerçaient sur elle ce charme lancinant qui l’hypnotisait. Elle voulut en saisir un au hasard, mais un coup d’œil sur le côté stoppa son geste.
Un peu plus loin sur sa droite, une tranche se détachait de l’ensemble. Était-ce par son silence, ou bien parce qu’elle ne comportait pas de titre ? Irrépressiblement attirée, Keina se pencha pour attraper l’ouvrage. Quelques pouces seulement la séparaient du livre, mais ses doigts s’agitèrent en vain. Elle baissa son bras et inspira un grand coup. Trois petits pas sur le barreau pour embrasser le côté droit de l’échelle, un œil vers le bas – Oups ! Mauvaise idée ! Plusieurs yards en dessous, lui hurlait son cerveau, le sol l’appelait. Elle s’efforça de l’ignorer et balança son bras vers l’objet convoité. Sous l’impulsion, l’échelle vacilla, presque imperceptible. Assez toutefois pour que la silfine sentît son cœur lui manquer.
Durant un court instant, elle parut une fleur qui s’agitait sous la brise. Les pétales blancs de ses jupes volèrent autour d’elle, mais elle n’en eut garde. D’une main, elle raffermit sa prise et laissa l’autre suivre son impulsion. Elle attrapa la tranche, fit basculer l’ouvrage et tenta de l’empoigner. Ses doigts ripèrent contre la couverture, frénétiques. En vain. Le livre chavira dans le vide. Keina voulut le rattraper, mais d’un regard vers le bas le vertige paralysa ses membres. Elle s’agrippa à son perchoir, tremblante, tandis que l’ouvrage chutait. Tant pis, il ne tomberait pas plus bas.
Elle descendit avec prudence et se baissa pour examiner sa trouvaille. Le livre s’était écrasé pages contre terre, plats supérieurs et inférieurs étalés comme les ailes d’un papillon. Keina le prit, veillant à ne pas perdre l’endroit où il s’était ouvert. Tapissé d’une épaisse reliure de cuir, il arborait une couverture aussi vierge que le dos. Elle le retourna pour examiner l’intérieur. Vierge également la double page que le sol avait accueillie.
Soudain, celle-ci s’anima. Sous les yeux ébahis de Keina, un fin tracé pétillant de magie sillonna au centre de l’ouvrage. Quatre lettres :
I M A G
Le livre se referma ; la jeune fille poussa un cri bref. Elle crut sentir dans son dos une ombre furtive se fondre dans les ténèbres. Elle se retourna, suspicieuse. Personne. Tu délires, ma pauvre... Elle pivota vers sa découverte et sentit son cœur exécuter un nouveau bond dans sa poitrine.
Cette fois-ci, le manuscrit avait bel et bien disparu.
*
— Disparu ?
Keina hocha la tête. Le visage grave de Luni s’abîma dans une intense réflexion. La jeune fille se surprit à observer les charmantes rides qui se formaient sur son front.
Il s’était passé plusieurs jours avant qu’elle ne se décide à relater son aventure à Luni et à Lynn, dans l’espoir qu’ils l’aident à éclaircir le mystère. Tous trois se retrouvèrent dans une petite pièce que Luni jugeait à l’abri des oreilles indiscrètes.
— J’ai détourné mon attention l’espace d’un instant, et il s’est… évanoui.
La voix hésitante, comme s’il n’y croyait pas une seconde :
— Ce... peut être naturel. Les livres de la bibliothèque n’appartiennent pas à notre plan de réalité ; ils ne sont qu’une image des livres qui existent dans les autres mondes. L’un d’eux... L’un d’eux a peut-être subi une anomalie magique... (Soudain plus pressant.) Comportait-il un titre ?
La silfine répondit par la négative.
Aux côtés de son frère, Lynn roulait de grands yeux effarés, comme si la découverte de Keina véhiculait la peste ou la petite vérole.
— Par les Onze ! Est-ce que tu crois que c’est… lança-t-elle à l’adresse de Luni.
Ce dernier secoua la tête avec énergie.
— Non, non ! Ça ne se peut guère… Nos efforts pour le retrouver se sont toujours révélés vains. Tu n’as pas eu de… (Luni hésita.) visions, en regardant ce livre, Keina ?
Intriguée, elle mima un « non » ferme. Pouvait-elle qualifier le drôle de message de « vision » ? Elle passa de l’un à l’autre, cherchant en vain à saisir le fond de la discussion. Tandis que Luni réfléchissait, Lynn se rongeait les ongles, l’échine courbée, les yeux fixés sur un point invisible. Elle pressentait que le livre avait un rapport avec la guerre, et sa curiosité s’en retrouvait piquée. Le silfe la regarda.
— N’en parle surtout pas autour de toi. Ni à tes tuteurs, ni à… d’autres silfes.
Sa voix accusait une sonorité de glace. Keina frémit.
— Mais… est-ce que vous avez une idée de ce que c’est ? Vous connaissez ce livre, n’est-ce pas ? N’est-ce pas ?
Sa dernière question résonna comme une supplique.
Vous savez des choses que vous ne voulez pas me dire. Pourquoi ? Que me cache-t-on ici ? Quel est cet effluve de non-dit qui plane sur le Royaume ?
Et la réponse du brownie se percuta au silence.
Trop tôt… beaucoup trop tôt.
— Je… ferais mieux d’y aller, déclara Lynn, gênée. De toute façon, tout ça n’est qu’une hallucination. Par les Onze ! Tu as toujours été trop imaginative, Keina.
Elle se leva. Keina la regarda quitter la petite salle. L’odeur du silence et de la dissimulation la suivit jusqu’à la porte. La silfine fronça du nez.
— Il y a des choses qu’il vaut mieux que tu ignores.
La phrase venait d’être proférée avec décontraction, comme un « il fait beau, aujourd’hui, non ? » anodin. La jeune Anglaise fit volte-face. Courbé sur sa chaise, la cravate légèrement lâche, Luni la contemplait comme on contemple un oiseau rare, avec un mélange de curiosité et d’inquiétude. Elle songea à leurs retrouvailles, à ce détail sur lequel elle n’arrivait pas à mettre le doigt, ce détail lorsqu’il la regardait, ce petit quelque chose (en moins ?) qu’elle s’était mise à détester, de toutes ses forces. À cet instant, son « Lun’ » avait bel et bien disparu, remplacé par un inconnu qui lui faisait froid dans le dos. Son cœur bouillonna de colère, frustrée de ne pas comprendre.
— Ah bon, et pourquoi ça ? Je suis une grande fille, maintenant.
— Tu crois que ton retour est passé inaperçu, hein ? Tu es persuadée que personne n’y a pris garde et tu en ressens même une pointe de déception.
Keina sursauta. Comment diable ?
Rire, léger.
— Je suis peut-être distrait, mais je sais observer. Tu apprendras, toi aussi.
Il la scruta avec attention, ses iris bleus plongeant dans les yeux noisette de la silfine.
— Détrompe-toi, ton retour était fort attendu. Crains, devrais-je dire plutôt. (Un sourire triste se matérialisa sur ses lèvres.) Petite fille, tu ne sais pas tout ce qui gravite autour de toi…
— Mais je ne demande qu’à savoir ! rétorqua-t-elle, piquée au vif.
Elle ignorait ce qui l’avait blessée le plus cruellement. Que Luni la laisse volontairement dans le noir, ou bien qu’il l’ait appelée « petite fille », son sobriquet d’autrefois ?
*
Je ne suis plus une petite fille ! Je ne suis plus une petite fille !
Seule dans la pièce, Keina tournait en rond, obnubilée par cette appellation. Se rappelant soudain qu’il avait un rapport à terminer, Luni s’était éclipsé, abandonnant la silfine face à ses réflexions. Une fois encore elle s’était sentie délaissée, mise à l’écart, pour elle ne savait quelle obscure raison. Une vague de colère l’envahit. Les silfes se comportaient de façon tellement condescendanteavec elle ! Et Luni qui la gratifiait de ce surnom idiot… Ah !
Elle exécuta quelques pas rageurs puis s’arrêta, découvrant pour la première fois l’endroit où elle se trouvait. Cela s’apparentait à une buanderie. Une pile de draps propres dormait dans un angle, baignée de particules enchantées, tandis qu’un tas de linge sale patientait de l’autre côté. Ici, la magie s’infiltrait partout, se dégageait de tout. Unique énergie qui alimentait toute technologie, elle avait épargné au Royaume l’ère de l’industrialisation. Les cercles de transport remplaçaient avantageusement voitures et ascenseurs, l’invention de monsieur Bell se révéla inutile au regard de la télépathie, et la fée électricité méritait largement son titre puisque produite par pure sorcellerie. En outre, les repas se préparaient d’eux-mêmes, les vêtements se lavaient tous seuls, et la poussière avait cédée place aux différentes nuances de vert de cette étrange énergie. Il ne restait plus aux habitants du Royaume qu’à apprivoiser l’envahissante colocataire pour la plier à leur volonté.
Keina soupira et s’affaissa sur le tas de linge sale.
Un drôle de couinement s’échappa du monceau. La silfine sursauta, bascula sur le côté, entraînant avec elle un bon nombre de draps, et tomba sur le sol, le buste emmêlé dans une courtepointe dont elle s’employa à se débarrasser. Enfin, elle jeta un œil effaré sur le tas d’où elle venait de chuter. Entre deux couvertures, une petite tête brune, agrémentée de deux grandes oreilles pointues, émergea.
— Dis, attention, hé !
— Attention toi-même ! fulmina la jeune fille tandis que l’être se dégageait de sa cache.
C’était une femelle, à n’en pas douter. L’image de Martha s’imposa dans l’esprit de Keina, noyée dans une toilette féminine qui la couvrait de la tête aux pieds. Cependant, le visage de l’inconnue ne possédait rien de commun avec celui de sa petite élève. Ses sourcils broussailleux dessinaient un trait unique au-dessus de ses deux grands yeux noirs. Nez en trompette, cornes de chèvre et menton revanchard rehaussaient sa silhouette menue.
Keina entreprit de défroisser sa robe et se redressa, s’efforçant de rétablir son maintien.
— Hum. Puis-je savoir qui tu es et ce que tu fais là ?
La créature battit de l’œil, se massa le cou et s’installa sur le linge.
— C’est Dora. Et toi ? Attends, je sais. Keina.
La silfine avait ouvert la bouche et la referma aussitôt. Elle réfléchit.
— Oh, je vois. Tu as tout écouté, hein ?
— T’inquiète pas, je dirai rien. Dora est muette.
Pour appuyer son propos, elle posa son index sur sa bouche en coeur.
— Eh bien, Dora, dis-moi, à quelle race appartiens-tu ?
Cette fois-ci, la créature afficha un air interloqué, comme si la question tombait des nues.
— On me demande jamais ça ! On dit : vas-t-en, créature magique, ou : fais ça, créature magique.
— Ah bon ? Et pourquoi donc ?
— Nous sommes pas comme vous. Les silfes et les alfs, pas les mêmes occupations. Pas la même… essence.
Le dernier mot piqua la curiosité de Keina, qui rapprocha l’une des chaises et s’assit face à Dora. Cependant, elle choisit d’interroger son invitée surprise sur un autre terme.
— Les… alfs ?
— Être magiques, si tu veux. Nous, on s’appelle alfs, tout court. Les hommes disent de moi que je suis une Puck, je crois. Ou peut-être une Faudoux ? Vous nous donnez tellement de noms ! gloussa-t-elle. À ton avis, qu’est-ce que je suis ?
Ce disant, elle remonta le bas de sa robe, dévoilant un sabot de bouc. À peine l’eût-elle exposé qu’elle parut se souvenir d’une affaire importante. Elle lâcha ses jupons et se leva brusquement.
— Non... Je devrais pas être là. Je devrais pas discuter avec toi. Vas-t-en, Dora, vas-t-en ! Tu devrais partir toi aussi. Partir... d’ici.
Le dernier mot revêtit une coloration que la silfine eut du mal à cerner. La petite puck fila à travers la pièce, sautillante comme un cabri, et disparut derrière la porte. Keina la suivit.
— Attends, Dora ! Pourquoi… ?
Elle ouvrit le battant.
À l’extérieur, le couloir était vide. La jeune fille courut jusqu’à son extrémité, sans résultat. Il lui sembla qu’une ombre passait dans son dos. Elle se retourna.
Personne.
Pour la seconde fois, j’ai le sentiment d’être épiée…
Elle frissonna. Est-ce que les fantômes existaient au Royaume ?
*
Le labyrinthe de couloirs et d’escaliers qui agrémentait le Château aurait égaré Dédale en personne. Mais grâce aux cercles de transport, il était facile de déjouer ce méandre.
Les cercles avaient été conçus par les elfes, et concentraient un volume élevé de magie. Pourtant, leur apparence ne payait pas de mine : simples tracés à même le sol, ils évoquaient plus une drôle de marelle arrondie qu’un haut poste de magie. Seul le halo verdâtre qui les baignait jour et nuit démarquait avec précision leur emplacement. Il suffisait d’y pénétrer, de songer à sa destination et l’on disparaissait, pour réapparaître dans un cercle identique, ailleurs. Parfois, le départ et l’arrivée donnaient lieu à de fortes bousculades ; les cercles bénéficiaient eux aussi, à l’instar du métropolitain, de leurs heures de pointe. Il arrivait même, lorsque le cercle d’arrivée affichait déjà complet, que la disparition s’étire. Mais jusqu’à présent, les cercles de transport n’avaient avalé personne.
Malgré ces inconvénients, Keina estimait ce nouveau moyen de locomotion pratique et agréable. Quelques secondes auparavant, elle avait quitté la bibliothèque perdue dans les entrailles du Château, et déjà elle se trouvait à la hauteur des appartements de Luni, tout en haut de la troisième colline, à l’ouest du croissant.
Plusieurs jours s’étaient encore écoulés depuis l’énigmatique et fugace apparition du livre et sa rencontre avec Dora, et la silfine avait multiplié ses allers-retours sur les lieux de l’affaire afin de résoudre le mystère. Les quelques ouvrages qu’elle avait compulsés lui en apprirent beaucoup sur l’histoire du Royaume, depuis les arcanes de sa création par les elfes jusqu’à l’établissement des hommes en son sein et la naissance de la race des silfes, mais bien peu sur les récents événements qui avaient secoué cette institution pourtant en place depuis de nombreuses ères. Elle n’avait pas recroisé Dora, et évitait autant que possible la compagnie de ses semblables dont la froideur excessive à son égard l’insupportait plus que jamais. Elle se contentait de la présence enjouée de Lynn, qui après s’être excusée de son étrange comportement dans la buanderie avait balayé l’incident à la vitesse d’un battement de cil. Mais, bah, il en était peut-être mieux ainsi...
Dès son apparition dans le cercle, Keina porta une main sur son visage, éblouie par la luminosité de l’extérieur. Elle se trouvait au centre d’une petite place bordée de sycomores qui embaumaient les alentours. Les toits garnis de tuiles rouges lui rappelèrent l’un de ces villages champêtres du Piémont, où elle avait suivi la famille Richardson deux ans plus tôt. Le pépiement des oiseaux la submergea d’allégresse, et l’espace d’un instant, elle oublia ce qui l’amenait ici. Le Royaume lui parut doux et reposant, comme si la guerre n’avait jamais eu lieu. Comme si les doutes n’y avaient pas leur place. Elle soupira. Deux créatures magiques – un géant à l’allure débonnaire et une petite fée volante – traversèrent la place en conversant avec gaîté et la ramenèrent à ses préoccupations. Le pavillon dont Luni occupait le rez-de-chaussée se situait à l’angle de la rue, au bord de la colline.
Elle sonna ; l’alf qui lui ouvrit ne faisait pas plus de quatre pieds de haut – une poignée spéciale avait été ajoutée à son intention, au bas de la porte – et suintait l’indifférence, malgré la somptueuse livrée de majordome, ajustée à sa courte taille, dont il était affublé.
— Ouaich ? Ch’est pourquoi ? mâchonna-t-il, une chique entre les dents, en levant un œil globulaire, tandis que l’autre considérait les bottines de la silfine.
Keina entrouvrit la bouche. Une folle envie de rire grimpa à l’assaut de ses lèvres, et elle s’efforça de la réprimer.
— Je souhaiterai m’entretenir avec Sieur Luni. Votre Maître. Le propriétaire de cette maison, ajouta-t-elle avec insistance, tandis que le gnome restait coi.
— J’avez rendez-vous ?
— Je ne sais pas… Allez m’annoncer, il me connaît.
Le majordome cracha sa chique, à quelques pouces seulement des souliers de Keina. Elle esquissa une grimace de dégoût.
— J’avez qu’à v’j’annoncher vous-même, chans blague. Bon, entrez.
Il la laissa s’introduire dans l’antichambre et s’en retourna en marmottant. La jeune silfine le regarda s’éloigner, encore surprise par le cocasse de la situation. Décidément, les êtres magiques n’avaient de cesse de l’étonner.
Tandis qu’elle ôtait son chapeau, elle entendit, de la pièce adjacente, un dialogue animé. La première voix, calme et posée, ne laissait aucun doute sur son possesseur, propriétaire de ces lieux. L’autre, rauque et cassante, vibrait de colère.
Erich.
Keina se rapprocha doucement de la lourde porte de chêne qui abritait la discussion.
— Comment peux-tu admettre sa présence, Luni ? Magie toute puissante ! Sais-tu ce qu’il risque de se produire, si…
— Il ne se passera rien, Erich. Tout ceci n’est qu’une légende, un ramassis de racontars colportés par les alfs.
Soupir.
Gêne, à peine voilée.
— Bien sûr. Bien sûr. Il n’empêche…
— Nephir n’est plus une menace, la Briseuse n’existe pas et n’existera jamais… Que crains-tu exactement ? La petite Keina (La silfine serra les poings. C’était la seconde fois.) est inoffensive, tu le sais aussi bien que moi. Elle est inoffensive. Et tu sais...
Grognement, bourru.
— Je… ferais mieux de m’en aller. Je tiens à finir mon rapport avant la Grande Arrivée. (Silence.) Fais attention, Luni. C’est tout ce que j’ai à te dire.
Keina s’éloigna de la porte. Celle-ci s’ouvrit à la volée et révéla la silhouette athlétique d’Erich. Il posa un regard dédaigneux sur la jeune fille qui s’était réfugiée dans un angle. Elle le soutint avec effronterie, bien décidée à ne pas se laisser démonter. Quoi que vous pensiez de moi, Erich, je saurai vous prouver le contraire, lancèrent ses yeux noisette tandis qu’elle s’avançait. Le silfe se détourna.
— Et il faudra que tu songes à te défaire de ton domestique, dit-il en jetant un dernier coup d’œil à travers le chambranle. Son comportement est absolument inqualifiable !
— Moi je le trouve amusant ! déclara la jeune Londonienne, une pointe d’audace dans la voix.
Elle passa devant le silfe en l’ignorant avec superbe et entra dans la pièce, ses bottines claquant sur le carrelage. Un sourire franc se dessina sur les lèvres de Luni, installé derrière un large bureau ouvragé.
— Te voilà, Keina ! Je suis bien heureux que tu aies reçu mon message, dit-il tandis que les pas d’Erich s’éloignaient. Tu as fait la connaissance de Karol ?
— Que me voulais-tu ? Pourquoi m’avoir appelée ? rétorqua-t-elle sèchement, dans un brusque changement d’attitude – la « petite fille » toujours coincée en travers de sa gorge.
D’une main, Luni se massa le cou, l’air chagriné.
— Je voulais juste te demander... Mais où ai-je encore mis mon plume ? s’exclama-t-il, le regard posé sur le capharnaüm qui jonchait son bureau.
La silfine, agacée, désigna une pointe qui dépassait d’un amas de Punch Magazine aux couvertures bariolées. Il la remercia d’un rictus. Elle leva les yeux au plafond, dans une attitude qui se voulait exaspérée et qu’elle s’efforçait de conserver. Un demi-sourire amusé flottait cependant sur ses lèvres.
— Oui ? Eh bien ?
— Demain soir débutera la Grande Arrivée. J’ai songé qu’on pourrait y assister ensemble, avec Lynn, comme autrefois. Tu te souviens ?
En quelques mots, le rempart d’amertume que s’était forgé Keina en venant jusque chez Luni s’effondra. Une petite voix à l’intérieur de son cerveau cracha une insulte, écœurée de s’être laissée charmer par le silfe, encore une fois. Elle décida de l’ignorer.
— Je me rappelle ! Tout ce monde sur les routes du Royaume, la lumière enchanteresse, et nous, là-haut, sur les remparts, à tenter de retrouver les connaissances… c’était incroyable ! Oh, Luni, j’en serais enchantée !
— Excellent ! Excellent ! déclara-t-il avec une chaleur qui la surprit.
Vraiment, elle n’arrivait pas à cerner Luni. Parfois si lointain, à des lieues d’elle, parfois aussi proche qu’il l’était autrefois. D’étranges paroles lui revinrent en mémoire, un échange de mots qu’elle n’arrivait pas à déterminer. Cela le concernait, lui, ainsi que... cette femme.
Armée d’un sourire peu convainquant, elle ravala cette sombre réminiscence et, ne sachant qu’ajouter, pivota les talons. Alors qu’elle allait passer la porte, il la rappela.
— Keina ! Écoute… Je souhaiterais réellement t’en dire plus, crois-moi, dit-il comme s’il avait lu dans ses pensées. Mais j’ai fait une promesse, jadis, et…
Une seconde, Keina ferma les yeux. Elle les rouvrit, résignée.
— N’ajoute rien. Mes parents ?
Luni acquiesça.
— Je comprends...
Mais il s’agissait d’un mensonge. Le cœur gros, incapable d’ajouter un mot, elle s’enfuit de la pièce, ses jupes voletant derrière elle.
*
Près d’un mile plus loin, Keina s’arrêta, perdue au milieu des bâtisses de vieilles pierres. Elle avait marché sans réfléchir, au gré des rues. Accroché au sommet du Château, le village se confondait avec celui-ci dans un enchevêtrement de venelles, de portes et de remparts, si bien que lorsqu’elle fit halte, elle se trouva incapable de se repérer. L’ombre des maisons camouflait le soleil et tapissait l’air d’une fraîche humidité. La ruelle s’achevait en impasse ; un muret couvert d’une odorante vigne délimitait son extrémité. Au-delà, les bordures de la montagne, puis le vide, infini.
Une étrange solitude hantait les lieux, comme si personne n’avait foulé ces pavés depuis plusieurs siècles. L’endroit lui rappelait bizarrement l’histoire préférée de Martha, Alice au Pays des Merveilles. Elle n’eût pas été surprise d’apercevoir le lapin blanc, pressé de se rendre à son mystérieux rendez-vous.
La silfine s’approcha du mur et s’inclina afin d’en évaluer la hauteur. Sur sa droite, un escalier aux marches dévorées par les herbes folles dégringolait le long de la paroi et s’interrompait devant la porte d’une tourelle, une centaine de pieds plus bas. Une fois de plus, le vertige la saisit et sa poitrine se souleva, oppressée par le corset droit devant qui la tenait prisonnière.
Elle recula, tremblante. Un détail retint son attention : la première marche de l’escalier s’enorgueillissait d’une large inscription à demi effacée qu’elle s’efforça de décrypter. Un chiffre romain : « I ».
Elle n’eut guère le temps de s’interroger sur sa signification. La voix dans son dos, joyeuse et sautillante, la fit tressaillir.
— Jag ska sjunga en liten stump, om den lilla katten...
C’était un chant léger, l’une de ces comptines d’enfant qui met du baume au coeur lorsque, des années plus tard, l’enfant devenu adulte l’entend à nouveau, par inadvertance, frappé par le sentiment de douce nostalgie qui monte alors en lui.
Une vague de glace parcourut le corps de Keina.
Est-ce que les fantômes… ?
Elle se retourna, déterminée. Non, les fantômes n’existaient pas. Elle était une jeune
(silfine silfine silfine)
fille rationnelle et modérée. Et ce n’était pas une voix sortie de nulle part qui allait la déstabiliser.
— Han skulle spring efter sin svans, men han fick inte fatt'en...
L’enfantin babil appartenait à une femme entre deux âges, dont les cheveux blonds cascadaient sur les épaules. Pieds nus, vêtue d’une longue tunique blanche, elle dansait au milieu de l’impasse, un livre entre les mains. Sa chevelure dorée se balançait au rythme de ses entrechats. Une douce folie habitait son regard.
— Katten sprang, och svansen slang, katten sprang, och svansen slang...
Keina s’approcha d’elle à pas discrets. Absorbée par sa chanson, la blonde madone l’ignora. Le livre qu’elle tenait intriguait la silfine. Était-ce… ?
Elle toussota, espérant que cela suffirait. La femme se tut et tourna ses yeux vers elle. Keina crut y percevoir une vertigineuse désespérance qui lui noua les entrailles. Elle déglutit.
— Vem kallar mig ? Vadvill ni ?
— Je… Veuillez m’excuser, je ne comprends pas votre langue…
— Vet du var Esteban finns ? Jag har älskat honom så mycket, ja, så mycket...
Elle partit d’un léger rire, puis la mélancolie voila à nouveau ses traits.
— L’ouvrage que vous tenez entre vos mains, tenta Keina, pourriez-vous me le montrer ?
La femme parut comprendre et lui tendit le volume.
— Javisst ! Alderick har anförtrott den åt mig så att jag ger den tillbaka åt dig, Keina. Kära, mycket kära Nana.
La silfine sursauta. Cette aimable folle avait prononcé son nom… Comment savait-elle ?
La question s’immisça dans son esprit, mais Keina la balaya bien vite, obnubilée par le livre que lui présentait son interlocutrice. Fébrile, elle s’en empara.
Au premier contact, la déception l’envahit. Il ne s’agissait pas du mystérieux manuscrit de la bibliothèque. Dans ce cas, qu’était-ce donc ?
Sur la couverture, une étiquette jaunâtre arborait un nom :
Alderick.
Le cœur de l’Anglaise entama une gigue. Elle feuilleta l’ouvrage. L’encre du silfe noircissait les pages intérieures ; certaines s’agrémentaient de schémas tracés à la va-vite.
Un rire nerveux s’échappa de son gosier. Elle porta une main à son visage.
La guerre… c’est toute la guerre qui est étalée là, devant mes yeux… décrite point par point, événement par événement. Je n’ose y croire…
— Merci, merci beaucoup, commença-t-elle en relevant la tête, à l’adresse de la mystérieuse blonde. Comment… ?
Elle s’interrompit.
L’autre s’était évaporée dans l’air chaud de l’été.
*
Revenue dans son petit appartement, Keina s’effondra sur le lit, sans même prendre la peine de se défaire de son manteau. Le manuscrit avait été déposé sur la table de nuit et le chapeau l’avait rejoint avec célérité.
Un mois ne s’était pas encore écoulé que mystères et secrets l’entouraient déjà de toute part.
Mais n’était-ce pas déjà ainsi lorsque tu étais jeune ?
Elle cligna. Elle n’y avait jamais songé. Elle ne se souvenait pas avec précision de sa vie d’autrefois, et se contentait des vagues réminiscences que son cerveau voulait bien lui livrer.
Sa mère, décédée alors qu’elle n’avait que neuf mois. Son père, tué peu après – elle ne se rappelait même pas leur visage. Cinni et Ekaterina, ses tuteurs. Et puis Luni, et Lynn, et tous les autres, enveloppés d’une brume grisâtre. Néanmoins, elle ne percevait que peu de changement à ce titre. Les silfes l’ignoraient aujourd’hui tout comme ils l’avaient ignorée à l’époque.
Lorsqu’elle grandit, on lui expliqua qu’une guerre avait emporté ses parents, une guerre horrible, meurtrière. Ils avaient combattu, disait-on, pour la liberté. Sa liberté. Alderick, son oncle, lui fut présenté comme la personnification du mal. Affamé de pouvoir, il n’avait songé qu’à s’emparer du Royaume pour le plier à sa volonté.
Mais aujourd’hui, que pouvait-elle croire ? Les silfes incarnaient l’élite, la fine fleur du Royaume. Pourtant, leur comportement ne valait guère mieux que celui des humains. Au moins dans la famille Richardson n’y avait-il jamais eu ni secrets ni mensonges ! Georgianna l’avait toujours méprisée ouvertement, et tout aussi ouvertement Amy l’avait-elle défendue et respectée.
Keina empoigna l’un des oreillers et le serra contre son corsage. Ce geste lui était familier. Elle se rappelait l’avoir souvent exécuté lorsque, en l’absence de Luni, de Lynn ou d’Ekaterina, les autres négligeaient son existence durant si longtemps qu’il lui semblait alors qu’elle n’était qu’un fantôme qui hantait les couloirs du Château. À défaut d’ours en peluche, elle avait appris à étouffer ses pleurs dans le creux de ce doux compagnon.
Que lui apportait donc le sang elfique qui, affirmait-on, coulait dans ses veines ? La rendait-il meilleure, plus forte, plus intègre ? Oh, il procurait la longue vie, bien sûr. Mais n’était-ce justement cela qui avait conduit les silfes à se détester les uns les autres, dans une escalade de rancœur qui les avait menés jusqu’à la guerre ?
La jeune fille se redressa. Il n’y avait qu’un seul moyen de le savoir. Il n’y avait qu’un moyen de connaître la raison véritable pour laquelle ses parents avaient combattu, de comprendre de quoi se constituait l’essence des silfes.
Le journal d’Alderick.
Elle s’empara du livre et l’ouvrit sur sa page de garde.
Notes sur la découverte de la Pierre Brisée et ses conséquences pour le Royaume Caché, par Alderick Ist Yel, de la sixième génération de silfes, annonçait le titre, ronflant.
Vais-je enfin découvrir qui je suis ? souffla l’esprit de Keina.
En réponse à sa question, un léger courant d’air souleva les voilages de la fenêtre et vint susurrer un « oui… » à son oreille. La jeune fille sursauta, jeta un œil autour d’elle, puis secoua la tête.
Voyons, Keina, les fantômes n’existent pas.
Forte de sa conviction, elle commença sa lecture.
Toujours beaucoup de mystère :) : Keina a le sentiment d'être épiée à de nombreuses reprises, et j'imagine que c'est bien le cas.
La sensation de flottement (il ne lui arrive plus grand chose, et les gens semblent se désintéresser d'elle) est bien retranscrite. D'ailleurs, cela donne une sorte de tension… j'ai hâte que les premières révélations arrivent, et nous sommes tout proche !
Je pense que Luni et Keina vont avoir une histoire, je me trompe peut-être mais la façon dont tu les mets en scène (il est valorisé, à la fois distant mais drôle… et surtout il l'a pique au vif) semble aller dans ce sens.
Au niveau des dialogues, cela manque parfois un peu de rythme à mon goût, mais dans l'ensemble l'histoire se tient très bien et est agréable à lire. Les éléments magique sont faciles à assimiler et imaginer, ce qui est un gros point positif pour moi.
De mes yeux sûrement pas prêts à m'endormir, je suis cette aventure avec autant d'attention qu'une enfant éprise des pays magiques qu'on peut lui raconter.
Ce Château, niché au creux d'un volcan, vaut tout autant que la Citacielle de Cristal ou même son pensionnat de Madame Hélène. Bourré d'entrelacs sombres et mystérieux, empoussiéré de magie verte à tous les coins, d'êtres facétieux et formidables, de pétillants secrets plus ou moins bien gardés et de traditions fabuleuses. Je suis sous le charme. J'attend avec impatience cette Grande Arrivée qui promet d'être un fabuleux spectacle. La petite Keina se promène là-dedans avec le sentiment aigre-doux d'être le sujet désagréable du passé de ce monde. Mais personne ne veut rien lui dire. Oups ! je ne devrais pas dire "petite". Elle n'a pas l'air d'apprécier qu'on la traite comme une gamine.
Alors, qu'est-ce que va donner la lecture de ce livre incroyable, offert étrangement par une madone toute aussi étrange ?... de plus en plus intrigant, tout ça...
je reviens te lire dès que je peux.
Biz Vef'
Elle n'est pas au bout de ses surprises, malheureusement pour elle. Mais le voile va bientôt se lever peu à peu sur tout ça ! :)
Bisous
Mais bon, j'ai presque l'impression de tout redécouvrir, c'est chouette :))
Ici, Keina essaie donc de se documenter et se prend un mur. Trop tôt pour accéder aux infos sur la guerre. Mais trop tôt pour les silfes en général ou juste pour elle ? Et dans ses recherches, elle tombe donc sur le fameux bouquin qui ne laisse pas apparaitre grand chose, si ce n'est quelques lettres. D'ailleurs, j'ai adoré les explications sur cette bibliothèque, sur le fait que tous ces livres ne sont qu'une projection de tous les livres des différents mondes. Je sais pas, ça donne une toute autre dimension au lieu.
Mais voilà que Keina va pour une petite visite chez Luni. Tu m'excuseras cette énième comparaison avec la PM, mais Luni ressemble vraiment à Archibald (ou l'inverse, je sais pas laquelle d'entre vous a commencé d'écrire en premier :P). Bon, sur ce, j'arrête les parallèles, ce sont quand même deux textes qui ont chacun tellement de richesses que j'en ressors toujours des étoiles plein les yeux *o*
Oh et on a aussi l'apparition de Dora, la petite puck. Je pense que j'avais lu complètement en diagonale la première fois parce que je l'imaginais pas du tout comme ça. Ca m'apprendra à faire dix choses en même temps -_- Et puis on finit sur un petit mystère local peut-être enfin résolu, car v'là Keina qui rentre en possession du journal d'Alderick.
Intéressant tout ça :)
Tu trouves que Luni ressemble à Archibald ? C'est sûr qu'il a plus de points communs avec lui qu'avec Thorn... ^^' D'ailleurs la relation entre Luni et Keina n'a rien a voir avec celle entre Ophélie et Thorn, ça c'est sûr ! Mais je pense qu'Ophélie et Keina s'entendraient à merveille, même si j'ai plus de doutes entre Thorn et Luni. Quoique, si on les lançait sur une discussion "travail", peut-être... :)
Je suis curieuse de savoir comment tu imaginais Dora au début, en tout cas... ^^ Et je pense qu'au final, la lecture du journal d'Alderick soulève plus de questions qu'il n'en résout.. Je vais essayer de ne pas l'oublier non plus celui-là. Argh, quand je pense à tout ce que je ne dois pas oublier dans mon final, je me demande si je vais réussir à relever le défi ! ><
Merci beaucoup beaucoup en tout cas ! J'espère qu'en lisant d'une traite comme ça de grosses incohérences n'apparaîtront pas, mais si c'est le cas, n'hésite pas à me le signaler ! :)
J'ai beaucoup aimé Dora (on aurait dit Dobby), et aussi le majordome assez original de Luni. XD Je dirais pas non pour avoir le même ! lol
Je continue ma lecture ! ;)
Oui, il y a bien un "truc" avec Nephir. Tu comprendras en temps voulu ! :) Les éléments devraient s'imbriquer les uns avec les autres, si tout va bien. Ceci dit, si tu constates des incohérences, ou des trucs qui te semblent bizarres, mal expliqués, n'hésite pas à le dire ! Je ne savais pas toujours très bien où j'allais au début (j'ai pas mal dévié de la route prévue) et je ne sais pas du tout si je vais arriver à retomber complètement sur mes pattes... ^^'
Je m'amuse beaucoup avec mes créatures en tout cas, oui. J'essaie de leur donner des caractéristiques originales, et je suis contente que ça marche ! :)
Je file répondre à la suite. Merci encore !