Chapitre 4 - Portraits

Par Keina

« Tu le sauras bien assez tôt. »

Lojie, Med

 

6 juin 1883

Voici donc, en cette période troublée, que j’entame ce journal. Pouvions-nous savoir, ma fille et moi, que nous nous trouverions au cœur d’une telle polémique ? Tout a débuté… comment cela commença-t-il, au juste ? Il y eut cet ouvrage, cet ouvrage étrange, recueilli dans les antiques rayonnages de Keneros, père adoptif de feu mon épouse et alchimiste de talent. Sans l’intervention de ma fille, je n’eus pris garde de l’importance de cet in-folio vierge de toute écriture. Pourtant, elle m’affirma avoir, à maintes reprises, pris connaissance de  son contenu. Son contenu ? Je tiquai à cette déclaration.

Ma fille n’est pas un être expansif, c’est le moindre de ses défauts. C’est pourquoi il me fallut la croire lorsqu’elle raconta comment, à chaque lecture de l’ouvrage, nombres images la saisissaient. Elle déclara ne guère se remémorer le caractère des  hallucinations qui peuplaient sa « lecture ». J’ai moi-même tenté l’expérience : lorsque je l’ouvris, une série de lettres étranges, sans relation entre elles, se matérialisèrent sur les pages blanches du manuscrit de Keneros ; mais d’hallucinations, point. Il ne fait aucun doute que ce livre possède une forte résonance magique ; je compte l’étudier avec minutie afin d’en comprendre l’origine.

Ainsi, puisque seule ma fille semblait réceptive au manuscrit, j’eus recours au mesmérisme, tant critiqué en son heure par mes semblables, pour appréhender ses visions. Ce fut  au cours de l’une des  séances qu’elle me parla de la Pierre Brisée.

Je n’ose croire que les Onze Mages nous cachèrent son existence durant si longtemps. Pourtant, ils savaient. Ils connaissaient la Pierre, tout comme le peuple magique des alfs, premiers hôtes de ces lieux. Pourquoi ? Pourquoi avoir pris tant de soins pour dissimuler la véritable nature du Royaume aux humains et aux silfes ? Les elfes eux-mêmes sont-ils dans la confidence ?

Il ne fait aucun doute que la Pierre Brisée possède une importance capitale dans l’ordonnance du Royaume, et que nous avons devoir de comprendre son essence et son rôle. Je la soupçonne d’être à la source, au sens propre du terme, de la magie qui nous permet de vivre si confortablement et de venir en aide aux autres mondes. Je ne puis pour le moment confirmer ou infirmer mon hypothèse.

Nephir prétend également avoir eu vent d’une antique prophétie énonçant qu’une femme, vraisemblablement humaine, a brisé la Pierre, et que cette même femme, que nous nommerons la Briseuse, est depuis lors tenue de réparer ce qu’elle a brisé.

Une femme ? Hélas, dans ce cas, la mort l’a sans doute emportée depuis bien longtemps. À moins… À moins qu’il ne s’agisse d’une silfine. Ce qui expliquerait notre présence sur ce monde.

Oui, la question a tourné et retourné dans mon esprit. Pourquoi ? Pourquoi sommes-nous là ? Pourquoi existons-nous ?

Certains affirment, comme Katlayelde, conjoint de ma bien-aimée sœur Akrista-Ateyalle, que nous ne sommes qu’une conséquence de l’amour, un produit du hasard. Il me semble au contraire que nous sommes une cause, une prémisse. À la réunion des deux morceaux de la Pierre Brisée, peut-être. Que se passera-t-il alors ? Nul ne le sait.

Il m’est impossible d’étayer mes arguments, mais la découverte de la Pierre peut remettre en cause nombre de postulats considérés comme acquis par la plupart des silfes.

Nous voici à l’aube d’une nouvelle ère, une ère où peut-être nous trouverons un remède au mal des elfes, avant que ceux qui nous ont engendrés ne s’évaporent dans les limbes de l’oubli. Il est plus que temps de vaincre les tabous, d’assumer notre ascendance. Nous n’avons que trop tardé.

Pour le moment, seul le témoignage de ma fille soutient mon argumentation. Lorsque j’exposai pour la première fois ma théorie devant les autres silfes, Katlayelde s’insurgea, arguant que Nephir avait perdu l’esprit et que nous ne possédions aucune preuve. Mais nombreux sont ceux prêts à me croire, du côté de la Reine Blanche comme de celui de la Reine Noire. Dès demain, Nephir, Esteban, Atalante et moi-même partirons en quête de la Pierre Brisée enfouie là, quelque part, sous nos pieds.

Nous ne pouvons plus faire marche arrière. 

 

*

 

Trois coups discrets à la porte. Keina eut un sursaut et leva les yeux sur la pendule. Six heures. Son ventre émit un gargouillis, comme pour attester de l’heure avancée. La jeune fille n’avait rien avalé depuis le matin et la faim lui tenaillait l’estomac. Les coups retentirent à nouveau. Lynn, sans doute, venue lui proposer de l’accompagner au repas du soir. Elle chercha des yeux un endroit où dissimuler le journal, et opta finalement pour le tiroir de sa table de chevet. Pour user d’euphémismes, Alderick ne jouissait pas d’une excellente réputation auprès des silfes, et elle ne souhaitait pas avoir à justifier la présence de ce manuscrit chez elle.

— Me voilà ! cria-t-elle en s’engageant dans le passage étroit qui lui servait de vestibule.

Elle déverrouilla la porte.

— Excuse-moi, je m’étais assoupie…

— Seigneur ! Ta journée a-t-elle été harassante à ce point ? lui répondit la blonde silfine dans un éclat de rire.

Elle avait endossé une houppelande de fourrure et une toque qui lui donnait l’allure d’une aventurière prête à affronter le Grand Nord canadien. Grâce à la magie, le Château jouissait d’une température moyenne en toute saison, mais Lynn affectionnait les extravagances vestimentaires. Sa lourde bicyclette reposait contre le mur.

— Est-ce que tu te moques de moi, Lynn ? rétorqua Keina en nouant les rubans de son chapeau, un sourire aux lèvres.

— M’en crois-tu capable ? répondit-elle innocemment.

La jeune orpheline lui lança un regard pétillant et s’engagea dans le couloir.

— J’imagine que nous nous rendons à la salle à manger ?

— Par les Onze ! Suis-je donc à ce point prévisible ?

— Je te préviens, il est hors de question que je monte une nouvelle fois sur ce diabolique instrument à deux roues !

— Oh, répondit Lynn, déçue. Moi qui comptais te proposer de participer à ce fameux tour de France de cyclisme qui commence demain…

Les deux filles s’éloignèrent dans un éclat de rire.

 

*

 

Le repas se déroula sans incident. Keina, en perpétuel émerveillement devant les miracles autorisés par la magie, engloutit un dîner français digne des plus grands restaurants parisiens, gracieusement offert par la machine à créer. Cependant, alors qu’en face d’elle Lynn bavassait joyeusement, son esprit ne cessait de se fixer à nouveau sur le journal d’Alderick. Les quelques pages qu’elle avait compulsées l’intriguaient. Il paraissait évident que le manuscrit découvert par le vieux silfe et le livre trouvé à la bibliothèque ne faisaient qu’un. Mais qu’y avait réellement vu sa fille ? La Pierre Brisée… ce terme ne lui évoquait rien. Personne, ni ses tuteurs, ni Lynn, ni Luni, ni aucun autre des silfes qu’elle avait fréquenté dans sa jeunesse ne l’avaient à une seule reprise prononcé en sa présence. Se pouvait-il toutefois qu’il fût à l’origine de la guerre ? Le différend qui semblait dans ces premières pages opposer Alderick et Katlayelde, son père, composait-il un prélude à celle-ci ?

Lorsque les noms de ses parents étaient apparus sous ses yeux, Keina s’était sentie submergée par l’émotion. Comme si, l’espace de quelques secondes, ils avaient soudain pris corps sous la plume de son oncle.

Ma bien-aimée sœur Akrista-Ateyalle…

La silfine frissonna. Comment imaginer que sa mère avait été une sœur, une mère, une amante ? Comment simplement concevoir qu’elle avait vécu, créature de chair et de sang, et qu’elle l’avait certainement aimée ?

Elle réalisa soudain avec horreur qu’elle n’avait jamais vu le visage de ses parents.

— Lynn ?

La blonde interrompit son bavardage, un quartier de tomate suspendu à sa fourchette. Elle le reposa sur le bord de son assiette.

— Qu’y a-t-il ?

— Existe-t-il une galerie de portraits dans le Château ?

Lynn fit une moue.

— Je n’en ai pas la moindre idée. J’avoue que je n’ai jamais songé à poser devant un peintre. Personnellement, je préfère la photographie. Quelle formidable invention ! Je suis moi-même une grande admiratrice des œuvres de Nadar. Sais-tu que j’ai créé mon propre appareil photographique ? Il fonctionne grâce à l’énergie magique. Si ça te tente, je pourrais…

— Oh non, je te remercie, Lynn, sourit la silfine, qui se méfiait des « créations » de la sœur de Luni. Mais, avant que le principe de la photographie ne soit découvert, les gens du Royaume ne se laissaient-ils jamais représenter ?

La silfine qui mangeait à leur côté tourna la tête. Keina se rappela l’avoir croisée à plusieurs reprises. Il s’agissait de Phyllis, la conjointe du jeune frère d’Erich, Arthur, qui devait revenir au Royaume le lendemain. De forte constitution, elle possédait l’allure et la toilette grossière d’une petite provinciale au visage poupin perdue dans un monde qui n’était pas le sien. À ses côtés, un jeune garçon en culotte courte écrasait consciencieusement une pomme de terre, attentif à la propreté de sa chemise.

— Je m’excuse d’avoir écouté, mais… Il y a bien une galerie dans le Château ! Elle est au troisième en dessous  – Andrew, avale donc tes légumes !

Elle se détourna pour faire les gros yeux à son fils, puis se reporta à nouveau sur les deux silfines.

— On avait un peintre drôlement doué, dans les années dix-huit cent cinquante. Beaucoup de silfes et d’humains se sont fait tirer le portrait… – Andrew, qu’est-ce que j’viens de dire ? Si tu n’manges pas, Luni n’voudra pas t’emmener à la Grande Arrivée !

Le garçon fit la moue et enfourna une bouchée.

— Je ne comprends pas pourquoi personne ne m’en a jamais rien dit, bougonna Lynn en triturant sa fourchette. D’accord, je n’étais pas née lorsque ce peintre vivait ici, mais tout de même. Finalement, c’eut été amusant de voir mon portrait accroché sur un mur ! Un autre artiste aurait bien fait l’affaire…

Keina remercia Phyllis, qui répondit par un drôle de rictus au coin de la lèvre, et lança un regard plein d’espoir à son amie.

— Qu’en dis-tu ? Accepterais-tu de m’y accompagner ?

— Mais que comptes-tu trouver… ? Oh. Tes parents, c’est ça ?

L’orpheline opina et la jeune sœur de Luni lui répondit avec un sourire.

Elles achevèrent de manger tranquillement, tandis que Lynn entreprenait d’exposer un par un les principes de la photographie à Keina, qui s’efforça d’écouter avec politesse. Puis, une fois le dessert englouti (tarte aux fraises pour l’une et confitures pour l’autre), les deux silfines se levèrent, saluèrent Phyllis et se dirigèrent vers le cercle de transport.

Sur la table, les reliefs de leur collation s’effacèrent peu à peu.

 

*

 

Le Château possédait un endroit et un envers, et, à l’instar des icebergs, l’envers en constituait la part la plus importante. Nul ne savait de combien « d’en dessous » se composait le Royaume Caché ; au-delà du quarantième, les humains et les silfes avaient cessé de compter. Cet univers appartenait aux alfs, et uniquement à eux. S’y introduire trop loin relevait du sacrilège.

Cependant, le troisième en dessous gardait les traces d’une certaine civilisation : les longs couloirs illuminés se paraient de fioritures architecturales typiquement humaines. Feuilles d’acanthe, arabesques néogothiques, fresques et mosaïques gréco-romaines… les styles et les âges se mêlaient sans complexe au fil des salles et des corridors. Les deux silfines ne tardèrent pas à déboucher sur la galerie, dont les lumières plus tamisées signalaient l’emplacement. Des représentations de toute sorte y figuraient, des plus anciennes aux plus modernes, et il leur fallut cheminer un bon moment avant de parvenir à l’époque qui les intéressait.

Enfin, les silfes se dressèrent face à elles, droits et majestueux. « Pompeux », souffla l’esprit de Keina. Comme dans la vie réelle. Elle se permit un sourire.

— Pourquoi ris-tu ? s’enquit Lynn, à ses côtés.

— Eh bien… Ne trouves-tu pas que ces portraits stigmatisent la réalité ? Regarde-les, en train de bomber leur torse dans une attitude ronflante qui ne trompe personne… Tiens, là-bas, Erich et ses airs d’importance. Et puis juste à côté, Phyllis qui donne l’impression de ne pas savoir où se mettre, accompagnée, je présume, de son conjoint… Ekaterina, le regard dans le vague, Cinni et sa moustache frétillante, oh ! Et là, ton frère lui-même sur ses grands airs de séducteur !

— Je te trouve bien dure avec nos semblables. Ce sont des plus braves du Royaume que tu parles là. Ne voies-tu pas au fond de leurs yeux cette flamme héroïque qui palpite ? Erich possède également le port fier et ombrageux d’un Ménélas, Phyllis, la détermination d’une Antigone, Ekaterina la fidélité d’une Andromaque, Cinni la sagesse d’un Agamemnon ; quant à mon frère…

— La mièvrerie romantique d’un Paris ! compléta Keina avec un éclat de rire.

Lynn laissa flotter un demi-sourire.

— Luni, un romantique ? Tu le connais bien mal, ma pauvre amie ! Il ne…

Elle se tut.

La jeune Anglaise ne l’écoutait plus, et s’était arrêtée devant un large tableau au cadre rehaussé de feuilles d’or. Au centre, sans qu’elle ne sache comment ni pourquoi, Keina reconnut sa mère, figée dans une robe de conte de fées. La tête inclinée vers l’avant, elle contemplait le peintre d’un air un peu rêveur. Triste, aussi, peut-être. Comme l’appréhension soudaine d’un monde qu’elle ne comprenait pas. La silfine leva une main vacillante et effleura la toile craquelée. Une larme perla au coin de son œil.

— Maman…

Lynn passa un bras autour de ses épaules.

— C’était une femme très belle, vraiment. Remarquable, aussi. Une héroïne…

Keina lui jeta un regard surpris. Évidemment. Comment avait-elle pu oublier que la sœur de Luni l’avait connue ? Mais ses paroles, loin de la réconforter, creusaient au contraire le vide qui venait de naître dans son cœur. Elle se dégagea et partit à la rencontre de son père.

Lui aussi possédait cette fierté arrogante propre aux silfes. Son regard dur brûlait d’assurance et de détermination. Une vague de déception submergea la silfine. Il ressemblait tant à Erich !

Mais faute de l’avoir connu, elle l’aima, malgré tout. C’était son père.

Elle se retourna, pour se retrouver nez à nez avec Alderick. Par une drôle d’ironie les deux silfes se contemplaient, l’un en face de l’autre. L’on eut presque dit que la rigueur de leurs traits venait de cette proximité inopportune.

— Regarde-le, lui, avec ses airs supérieurs ! siffla Lynn, dédaigneuse.

Keina se tut, contrariée par le ton brusque de la blonde silfine. Certes, Alderick n’était pas différent de ses semblables. La dureté de ses yeux bleus le confirmait. Mais en quoi était-il pire que les autres ? Pour elle, tous les silfes se valaient, qu’ils eussent combattu du bon ou du mauvais côté.

Comme pour la contredire, Lynn s’était remise à parler, presque pour elle-même, le regard perdu sur les toiles qui s’alignaient. Son ton s’assombrit peu à peu.

— Doux maléfice ! Maintenant, je comprends pourquoi on ne parle plus de cette galerie. Tous ces morts… Trop de souvenirs… Trop de douleur…

Keina jeta un œil aux deux pans de mur couverts de peintures. Combien de silfes résidaient aujourd’hui au Royaume ? Une vingtaine, tout au plus. Elle observa Lynn s’avancer vers le portrait d’un homme au visage oblong. Aucun émoi ne transparut sur le visage de la blonde mais Keina vit nettement ses phalanges se contracter sous l’émotion. Elle reporta son regard sur l’homme et crut y reconnaître les fossettes et le sourire malicieux de Luni.

— Votre père ? hésita-t-elle.

Son amie acquiesça en silence. Une ombre passa sur ses traits.

— Mort au combat, lui aussi. Comme ma mère. Comme tous ces silfes que tu trouves si… « ronflants ». (Elle se tourna vers la silfine.) Personne n’est ressorti indemne de cette guerre, Keina. Nous y avons tous perdu des parents, des frères, des cousins. Nous sommes tous des rescapés.

Elle soupira, les lèvres pincées. Keina s’approcha doucement.

— Je sais, Lynn… Excuse-moi.

La blonde sourit.

— Tu n’as pas à t’excuser. Tout va bien, la rassura-t-elle avec un hochement de tête.

Elle s’écarta et jeta un coup d’œil à la toile qui jouxtait le portrait de son père, dans laquelle une brune aux yeux gris lui lançait un regard de défi. Lynn se détourna avec précipitation, le visage marqué par une douleur haineuse.

Sans se soucier d’avantage, Keina leva le regard sur les autres tableaux. Un portrait dans l’ombre attira son attention.

— Et elle, qui est-ce ? demanda-t-elle en s’approchant.

Je connais ce visage ; ces traits taillés au couteau, cet effluve glacé qui s’échappe de la toile…

À nouveau, une sensation de menace grimpa en elle. Passée ou à venir ?

Je sais qui tu es, Keina…

Elle s’écarta, tremblante.

Lynn fit une grimace.

— La fille d’Alderick… Nephir, la Magicienne Noire. Viens, mieux vaut s’éloigner de ce tableau. Même s’il n’y a plus à craindre d’elle, je n’aime pas la sentir si proche.

Sans poser la moindre question, Keina s’exécuta. L’espace d’une seconde, il lui sembla que le portrait prenait vie, et cette impression la remplit d’effroi. Lynn s’empara de sa main et l’entraîna à l’assaut de la galerie avec un gloussement nerveux qui se mua bientôt en fou rire.

Tandis que les deux silfines fuyaient gaiement, un nom résonna de portrait en portrait, comme le rappel d’une vieille promesse.

Keina Ist Akrista-Ateyalle…

 

*

 

Le lendemain, elles se rendirent ensemble à l’endroit où les attendait Luni pour observer la Grande Arrivée.

La Grande Arrivée représentait l’un des deux événements majeurs du Royaume, et se produisait trois à quatre fois l’an, suivant la durée des missions. L’autre événement se nommait le Grand Départ – les elfes, premiers à pratiquer ces coutumes, ne montraient aucune imagination en matière de dénominations.

La magie que les agents extrayaient du Royaume s’épuisait au bout de quelques semaines ; il parut donc naturel de fixer une date de départ et une date d’arrivée pour chaque mission. Évidemment, ces dates n’existaient qu’à titre indicatif, et chacun était libre de s’en retourner plus tôt ou plus tard, mais il était de bon goût de les respecter, afin de partager ensemble la joie du retour.

Tandis que les deux silfines se rendaient au point de rendez-vous, Lynn expliqua tout ceci à Keina. Elle ajouta que la Grande Arrivée détenait aussi sa part obscure : parfois, certains ne revenaient pas, abattus au cours de leur mission. Les résidents, postés sur les hauteurs du Château ou des collines alentour, scrutaient chaque visage avec attention, dans l’espoir de retrouver le ou les proches qu’ils avaient laissé partir. Et souvent, pour quelques-uns, le chagrin remplaçait l’allégresse. Cela faisait partie de l’ordre du Royaume.

La silfine écouta avec intérêt, plus que jamais décidée à entrer dans le service actif. Ne disait-on pas que les silfes se flattaient d’un don inné pour le combat et l’aventure ? Si elle faisait preuve d’un zèle suffisant, elle pourrait participer au prochain Grand Départ, se persuada-t-elle. Ne restait plus qu’à obtenir l’accord de la Reine Blanche – et l’approbation de ses tuteurs, bien qu’elle n’eût que peu de scrupules à passer outre celle-ci, s’il le fallait.

Enfin, après quelques circonvolutions sur la première colline ouest du Château, les deux amies s’engagèrent sur un promontoire de pierres taillées ceinturé par un large rempart et situé à quelques pieds au-dessus de l’entrée de l’ouest. L’endroit éveilla les souvenirs de Keina. La dernière fois qu’elle s’était rendue là, elle n’avait pas sept ans...

Quelques silfes se trouvaient déjà sur place, et si la silfine en reconnut certains – Cinni, Ekaterina, Luni ainsi que le petit Andrew, juché sur les épaules de ce dernier – plusieurs lui étaient inconnus. Elle constata avec soulagement l’absence d’Erich et s’avança vers l’assistance. Lynn, qui s’était précipitée avec enthousiasme à la rencontre de chacun, fit les présentations.

— Voici Eoin Ist Aymeric de la huitième génération (Keina exécuta une courte révérence devant un grand garçon roux, d’apparence prospère, coiffé d’un vieux galure), sa nièce Maria Ist Sofia de la neuvième génération (ce fut cette fois-ci une blonde pâle à l’allure timide et aux yeux cernés qui marqua la révérence), et Caledon Ist Martin de la sixième génération, l’oncle de Maria – pas de la même branche !

— Je ne me ferais jamais à ces histoires de famille et de générations, soupira Keina en se courbant devant un vénérable vieillard aux yeux perçants, vêtu à la turque. Vous venez d’arriver au Royaume ? Je ne me souviens pas vous avoir déjà croisé au détour d’un couloir…

— Ces silfes sont sous les ordres de la Reine Noire, l’informa Lynn avec un sourire.

La bouche de Keina dessina un cercle.

— Oh. Et nous pouvons nous parler sans risque ? La foudre ne risque-t-elle pas de nous tomber dessus ?

Lynn gloussa.

— Tant qu’les Reines ne sont pas au jus d’notre présence, ya pas de problème, l’assura Eoin avec un fort accent de la campagne irlandaise.

— Ces conflits entre organisations sont ridicules ! s’énerva Caledon. Les gars de la Blanche feraient bien de l’admettre, ces ingrats… N’avons-nous pas combattus côte à côte ?

Il jeta un regard en coin à Cinni, dont la moustache frémissait. Lui et Ekaterina s’étaient postés à l’écart, comme si cette présence les incommodait. Malgré tout, ni l’un ni l’autre ne soufflait mot, se contentant de marquer leur désapprobation par une mine renfrognée. La jeune fille se demanda ce qui les avait poussés là s’ils n’appréciaient pas la compagnie des silfes de la Noire. Après tout, personne ne les avait forcés à venir…

— Écoute-toi, Cal, fit remarquer Luni avec amusement, tu nous traites d’ingrats de la même façon que nous vous traitons de traîtres, de dangereux criminelles et que sais-je encore… La situation n’évoluera pas tant que nous n’apprendrons pas à faire table rase du passé !

— Je suis d’accord, rétorqua l’intéressé. Il n’empêche que lors de la dernière mission, nous avons eu de meilleurs résultats que vous ! ajouta-t-il, sourires aux lèvres.

— Qu’à cela ne tienne, nous aurons notre revanche !

Tous se mirent à rire, et l’atmosphère se détendit. Cinni se contenta de marmonner un « certes, si cela était aussi simple » peu enthousiaste. Keina observa le petit groupe, sage et souriant, et l’espace d’un instant, elle se sentit enfin à sa place parmi eux.

Ils sont ta famille, n’est-ce pas ? Peut-être as-tu plus à partager avec eux que tu ne voulais bien l’admettre…

— Keina !

Elle tourna la tête vers ses tuteurs, contrariée que ceux-ci s’immiscent au sein de ce moment de plénitude. Depuis son retour au Royaume, elle ignorait quelle attitude adopter envers eux. Lorsqu’elle était enfant, Ekaterina s’était toujours montrée maternelle ; du moins était-ce le souvenir qu’elle en avait gardé. Mais aujourd’hui, elle affichait la même froideur que les autres silfes, et la jeune fille ne s’expliquait pas cette métamorphose. Comme s’ils avaient souhaité qu’elle reste à Londres… Mais dans ce cas, pourquoi l’avoir rappelée auprès d’eux ? Cette hypothèse ne tenait pas debout.

Ekaterina s’approcha d’elle à petits pas mesurés, les mains jointes et la posture légèrement courbée. Elle ressemblait ainsi à une vieille dame au regard perclus de tristesse et de regrets. Que s’était-il donc passé ? Une vague de pitié monta dans la gorge de la silfine. Un souvenir l’étreignit avec force.

 

Elle avait tout juste six ans et reposait devant l’âtre du Salon Commun, bouche ouverte et regard émerveillé. Assise à côté d’elle, engoncée dans une robe noire au col montant, un grand châle autour de ses épaules, Ekaterina contemplait les flammes qui s’entrelaçaient au creux du foyer. Elle parlait d’une voix grave et monocorde, le ton tellement bas que Keina devait s’incliner pour l’entendre. Mais à chacun de ses mots, les images s’imposaient à elle et la comblaient de joie. Son père, combattant un dragon à trois têtes aux dents acérées. Son père courtisant sa mère lors d’un bal bruyant et coloré. Son père, se penchant sur son berceau et lui murmurant une berceuse espagnole…

Ekaterina se tut dans un sanglot. Keina leva ses grands yeux noisette sans comprendre. Pourquoi s’était-elle arrêtée ?

— Je n’aurais pas dû… Je n’aurais pas dû, murmura sa tutrice, les traits marqués  par la confusion.

Que n’aurait-elle pas dû faire ? Lui raconter cette histoire ? La fillette s’empressa de la rassurer par quelques mots enthousiastes. Mais sa mère adoptive n’y prit garde, les yeux toujours fixés sur le feu dansant.

— Je n’aurais pas dû, répéta-t-elle une dernière fois en se mordant une lèvre, recroquevillée dans sa mantille comme une petite vieille à la raison vacillante.

 

Ekaterina prit la parole, ramenant sa pupille à la réalité.

— Nous en avons beaucoup discuté, Cinni et moi… Nous tenons à toi, sais-tu… Combien même nous nous doutons que notre avis t’importe peu, à présent que tu es une silfine indépendante… Cinni n’est pas de mon avis, mais… (Le concerné appuya son propos d’un « certes ! » mesuré) Après tout, tes… (Elle déglutit) tes parents n’y auraient sans doute vu aucun inconvénient… Je l’ai convaincu, Keina. Nous…  nous ne sommes plus opposés à ce que tu rejoignes le service actif…

La silfine n’avait pas perdu une seule once du discours hésitant de sa tutrice, pressée d’en connaître l’issue. Elle observa tour à tour les deux silfes. Ekaterina avait baissé la tête, et Cinni affichait une moue résignée. Oubliant ses précédentes réflexions, elle bondit entre les bras de sa tutrice, au comble du bonheur. Cet élan de joie arracha un sourire bienveillant à Ekaterina. Cinni enchaîna sans conviction :

— Dès demain, tu iras te présenter auprès de la reine, pour enregistrer ta requête.

— Et… si tu le souhaites, ensuite, Luni pourra t’entraîner, conclut sa compagne.

— Hey ! Tu entends ça, Lun’ ?

— Oui, et il me semble que je ne suis pas au bout de mes peines, répondit le concerné, goguenard, qui avait suivi toute la scène.

Elle voulut rétorquer, mais un cri l’en empêcha.

— Les voilà ! Ils arrivent !

Elle se retourna ; Andrew, qui avait quitté les épaules du silfe, se dressait à l’extrémité du promontoire, le doigt pointé en avant. Lynn se précipita, suivie de Maria, dont une vive inquiétude se lisait sur le visage. Cinni et Ekaterina s’éloignèrent, dignes. La silfine les regarda s’enfuir avec au fond du cœur un sentiment bizarre qu’elle n’arrivait pas à s’expliquer. De la déception ? Du soulagement ? Elle soupira et se reporta sur le tableau enchanteur qu’offrait le paysage.

À l’ouest, le soleil disparaissait peu à peu derrière les hauts pics enneigés, projetant sur le Royaume une vague de lumière flammée. Une légère brise encercla le groupe, chargée des arômes de l’été – cerise, miel, chèvrefeuille et citronnelle.

À tous petits pas, les traits crispés par la peur, Keina s’approcha du mur de pierre sur lequel s’était juché le jeune fils d’Arthur. Lynn lui lança un regard interloqué.

— J’ai le vertige, avoua la silfine non sans honte.

Elle sentit les mains de Luni s’agripper à sa taille et sursauta.

— N’aie crainte, petite fille, je te tiens ! murmura-t-il à son oreille.

Ses joues s’embrasèrent, mais elle s’efforça de l’ignorer. Ne sois pas si sotte, voyons ! Pour lui, tu n’es encore qu’une enfant.

Les deux mains accrochées avec fermeté aux aspérités de la roche, grisée malgré elle par l’haleine chaude du silfe dans son cou, elle s’inclina vers l’avant pour admirer le spectacle. 

 

 

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vefree
Posté le 06/11/2010
J'aime ce chapitre. Il est à la fois bourré d'informations et aussi plein de sentiments mêlés. Le fait de l'avoir terminé sur ce geste de Luni à Keina laisse des frissons partout et j'adore ça. Moi aussi je suis sujette au vertige et je comprend très bien la jeune fille. J'ai d'autant plus l'impression de me retrouver entre les mains de Luni aussi frissonnante qu'elle. Quelle immersion, mazette !
Alors, qui est cette Nephir qui semble en vouloir à Keina ?... cette scène des portraits au troisième sous-sol est particulièrement bien faite et pleine d'émotions. La découverte du visage de ses parents et les sentiments troublés que cela engendre... j'ai beaucoup aimé.
Quant à la première partie, j'ai supposé que c'était un extrait du livre que la "madone" lui avait donné. Il parle de son passé et de celui de ses parents dans l'histoire de ce monde. Pourtant, j'ai trouvé le style un peu décalé, peu en phase à ce que j'attendais d'un extrait de livre. C'est peut-être moi qui me fourvoie. Je ne sais pas trop...
Oh, et puis ça me fait penser à cette exclamation "Par les Onze !" souvent dite par Luni et Lynn. hihi ! C'est amusant. Les Onze Mages dont il est question par endroit... j'espère qu'on en saura plus sur eux bientôt. Je suis curieuse. 
J'espère pouvoir bientôt pouvoir revenir lire la suite de la fameuse Grande Arrivée...
Biz Vef' 
Keina
Posté le 06/11/2010
Uh uh je suis ravie de t'avoir occasionné des frissons. Je me souviens de quand j'ai écrit cette dernière scène, moi aussi je m'imaginais bien dedans... ^^ La scène des portraits t'a plu ? J'avais envie d'évoquer encore un peu la mère de Keina. C'est un personnage que j'aime beaucoup, je suis toujours un peu frustrée de l'avoir fait mourir dès le début et de ne pas pouvoir en parler plus que ça.
Concernant le livre, il s'agit d'un journal de bord, celui d'Alderick, l'oncle de Keina. Il écrit comme il parle, avec un ton un peu ampoulé, ronflant. Si ce n'est pas ce que tu as ressenti, alors j'ai loupé mon coups... :) C'est pas grave, je retravaillerai ça. 
Quant aux Onze, ils auront leur rôle à jouer, comme tu dois t'en douter déjà si tu as jeté un oeil aux titres suivants... ^^ 
Merci d'avoir lu et commenté, et bisous ! 
Seja Administratrice
Posté le 24/08/2010
Je voulais revenir plus tôt, mais hier, ça a été le gros bazar, du coup j'ai pris du retard -_-<br /><br />Ce chapitre m'a donné l'impression de clôturer l'introduction dans ce monde. Keina a découvert le Royaume, ses habitants. Elle a aussi retrouvé ceux qu'elle connaissait. Quelques pistes ont été lancées pour la suite avec ce livre qui disparait, cette guerre dont on ne parle pas, cette Nephir qui semble guetter et ce journal qu'elle a récupéré (plus pour longtemps si mes souvenirs sont bons). Maintenant que les tuteurs ne s'opposent plus à son entrée dans le service actif, on va pouvoir passer aux choses sérieuses.<br /><br />Cette découverte des portraits des parents était intrigante et touchante. On ne fait qu'effleurer ce qu'ils ont été, on ne voit que leurs images, mais on se rend aussi compte qu'ils vivent encore dans l'esprit de certains, comme Lynne par exemple qui les a connus. Mais on réalise aussi que cette guerre dont on évite de parler est encore très présente en chacun, que personne ne s'en est sorti indemne. J'ai trouvé cette constatation soudaine et cette vue d'ensemble très réussies parce que c'est quelque chose qu'on sait, mais qui reste très en arrière plan vu qu'on se penche plus sur Keina au début. Du coup, la découverte n'en est que plus amère.<br /><br />Ah et puis, c'est aussi l'occasion de voir l'"autre camp" si je puis dire, les gens de la Reine Noire, et de découvrir les rivalités qui les opposent avec les "Blancs". Ca a l'air plus ou moins amical, même si certains tirent vraiment la tronche. Oh et évidemment, la découverte du journal et de son début où on commence à vraiment entrer dans la mythologie de ce monde. Une Pierre Brisée qui pourrait être réunie et plein de joyeusetés en perspective.<br /><br />Et ce pauvre Luni *o* C'est marrant à lire ces petites réflexions de Keina quand on sait vraiment ce qui se cache derrière :P
Keina
Posté le 24/08/2010
Roh bah oui, je me doute bien qu'hier tu avais autre chose à penser ! Bon, si j'arrive à te faire t'évader des soucis quotidiens c'est déjà ça... :)
C'est vrai qu'avec ce chapitre on commence à rentrer vraiment dans le vif du sujet. Je n'avais jamais réfléchi ce chapitre comme conclusion de l'introduction, mais effectivement, c'est pas faux. J'ai dû penser que le lecteur était devenu suffisamment familier de mon univers et que je pouvais commencer à approfondir le sujet. :) 
Oh merci beaucoup pour la scène des portraits. Je voulais qu'il s'en dégage une certaine nostalgie. Tous ces personnages qui sont morts et dont le lecteur ne connaît que les noms (et encore, pas toujours) ont vécu un jour dans ma tête et au final c'est presque un génocide que j'ai fait ! À une époque, je n'avais que cette guerre-là en tête, tous ses protagonistes, les rebondissements, les trèves, les combats... Du coup il fallait que ça reste présent dans (Une Silfine), parce que Keina est une enfant de cette guerre, et il y a une constante opposition entre le fait qu'elle soit une auditrice naïve de cette guerre et en même temps l'une des "causes" principales. D'ailleurs, au tout début, le roman s'appelait "La guerre des Silfes", ce n'était pas pour rien... ^^ (même si ce titre était pourri.)
C'est peut-être l'une des rares fois aussi où j'aborde l'opposition entre la Noire et la Blanche. Ils ne sont pas non plus réellement ennemis puisqu'ils oeuvrent pour la même cause... mais ça pourrait être un peu comme le FBI et la CIA, si on prenait des comparaisons foireuses (très foireuses même puisque le FBI et la CIA ont moins de chose à voir l'un avec l'autre ).
Et en ce qui concerne Luni, tu ne sais pas tout encore... hé hé hé... :D (mais l'ultime révélation n'arrive pas avant longtemps ! ^^)
 
La Ptite Clo
Posté le 19/08/2010
Mooooh ! *_* Moi aussi, je suis devenue toute rouge quand j'ai lu la dernière scène avec Luni ! *_* (Au fait, il a quel âge Luni ? Parce que s'il trouve Keina trop jeune, je suis éventuellement disponible pour prendre sa place, hein, transmets-lui mon CV ! =D)
J'ai bien aimé le passage avec le Tonton de Keina. Moi aussi, je ne le trouve pas "pire" que les autres. Ils ont juste des idées qui convergent. La pire dans tout ça, c'est Nephir. Mais pas le Tonton. D'ailleurs, je suis d'ailleurs curieuse de savoir comment a réagi le Tonton quand il a su que sa fille avait tué sa soeur adorée... à moins qu'il ne l'ait pas su... 
J'ai hâte de lire la suite (et surtout les cours particuliers de Luni *_*) ; je fais une petite pause et je m'y remets dare-dare parce que je suis accro ! *_*
Keina
Posté le 19/08/2010
Alors, euh... Luni a exactement 133 ans. Eh oui, c'est un Silfe, il a une durée de vie très supérieure à la moyenne... ^^ Ça te semble convenable, comme âge ? :D Mais bon, c'est pas tant qu'il trouve Keina trop jeune, que le fait qu'il l'ait connue d'abord bébé, puis très jeune enfant, et qu'il ait du mal à réaliser qu'elle est maintenant adulte. Et il y a d'autres raisons à sa réserve, que Keina ne soupçonne pas... 
Je suis contente que tu aimes le tonton. C'est un personnage qui apparaît en filigrane, et c'est dommage, parce qu'il a une vraie consistance. Il s'est battu pour des causes qu'il trouvait juste, sauf qu'il s'y est très mal pris pour les défendre, et son amour aveugle pour sa fille, alors que tout le monde autour de lui savait qu'elle n'avait pas un bon fond, en a fait un paria. D'ailleurs, dans le prologue, Akrista est à la limite d'adhérer aux idées de son frère, mais encore une fois c'est l'amour (charnel cette fois) qui l'emporte sur le reste. Comme quoi, dans mon univers, c'est vraiment l'amour qui gouverne, pour le meilleur et pour le pire... :)
Merciiii ! Euh, pour les cours particuliers tu risques d'être un peu déçue pour le moment, mais pas de panique, il y a un entraînement dans le chapitre 8 ! ^^
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