Après cette révélation plus que troublante Aelys préféra rester seule. Quand elle avait des moments de doute, il y avait cet endroit où elle pouvait s’éloigner du monde. Il fallait sortir du village et se diriger en haut de la colline. Celle-ci était entourée d’un bois, depuis le haut on pouvait apercevoir le village et plus précisément le cimetière. Depuis son retour le village avait changé, il était plus fleuri, plus vivant. Tout en contemplant la vue, Aelys repensa à son enfance. Rien n’avait vraiment changé, c’était comme-ci Psyché était resté figé dans le temps. Toutes ses pensées se mêlaient avec l’annonce d’Arthur.
– Non, non, non. C’est encore une blague. Pourquoi serait-il mort ? Pourquoi ma mère le verrait, ou même moi ?! S’exclama-t-elle en secouant la tête. Je sais, je suis fatiguée. Ça doit être ça. Ou je suis folle.
Après s’être un peu calmée, elle regarda en direction du cimetière où elle apercevra Arthur en train de parler avec quelqu’un. Du moins elle pensait que c’était lui. Bien décidée à lui faire dire la vérité et que sa blague n’était pas très appréciée, elle se leva et se dirigea d’un pas décidé au cimetière.
Elle avait bien vu, Arthur se tenait devant le petit étang et à ses côtés une femme. Nerveuse, Aelys s’avança doucement, ses jambes tremblaient, son cœur faisait des bons gigantesques dans sa poitrine, elle se demandait comment elle pouvait encore tenir debout. Presque arrivée à leur hauteur elle trébucha sur un objet et fini tête la première dans l’étang. Arthur et la personne à côté de lui ne purent s’empêcher de rire. Aelys était rouge écarlate, elle n’avait envie que d’une chose, disparaître. Après avoir reçu l’aide de son ami, pour sortir et une serviette de la part de la femme, elle concentra enfin son attention sur celle-ci.
– Ce n’est pas possible ! S’écria-t-elle sous le choc. Je suis folle c’est ça ? Je ne vois pas d’autre explication ! S’écria-t-elle en s’agitant de tout les côtés.
– Aelys, calme-toi. Respire un bon coup, dit Arthur en posant ses mains sur les épaules d’Aelys.
Elle s’assit sur le banc le plus proche et commença à compter à reculons. Une méthode qui avait tendance à la calmer quand elle faisait des crises de panique. Bien trop absorber par sa méthode, elle ne remarqua pas, Arthur et la femme s’éclipser un peu plus loin.
– C’était à prévoir, nous aurions dû attendre un peu avant de lui faire une révélation pareille. Dit la femme.
– Plus nous attendons, plus le monde des âmes est en danger. Je sais que vous voulez la protéger, mais…
– Je sais, Arthur, elle a été choisie pour être la gardienne. Mais regarde-la, elle n’a jamais été en phase avec les autres, toujours solitaire. Comment peut-elle réussir à s’occuper des morts quand elle peut à peine communiquer avec les vivants. Soupira la femme avec une note de tendresse dans la voix.
– Je vais m’occuper d’elle, je vous le promets. Elle sera prête le moment venu, tôt ou tard elle va découvrir ce que le village est vraiment. Il vaut mieux que cela soit moi qui lui annonce. Reprit-il.
– Très bien, nous n’avons pas le choix. Sois prudent, nous ne savons pas quand ils risquent de refaire surface. Surtout que cette fois-ci, tu mourras pour de bon.
La femme disparue, laissant Arthur inquiet et incertain de la suite. Il retourna voir Aelys qui était enfin calmée. Leur regard se croisèrent, elle ressentie toute l’inquiétude et la peine qu’avait Arthur. Inconsciemment elle le serra dans ses bras, le prenant par surprise.
Après ces événements, Arthur ne voulait pas en rajouter pour la journée, il proposa donc son aide pour les travaux de la maisonnette. Bien qu’encore chamboulée, elle accepta son aide.
La première étape, le toit. Les tuiles étaient en très mauvais état, la charpente tenait encore debout mais à peine. Aelys prit la meilleure décision et demanda à Arthur de tout casser. C’était pour le mieux. De tuiles, en tuiles le toit disparaissait, Aelys était au sol et se contentait de charger les débris dans la camionnette qu’elle était allée chercher plus tôt. Le bois de la charpente provenait du bois du village, tout avait été fait ici.
Les villageois de l’époque étaient de vrais artistes, malheureusement la plupart des travaux effectués avaient été détruits. Personne n’avait jamais vraiment su ce qui était arrivé au village, beaucoup de chose qui n’avait pas de raison de disparaître s’étaient volatilisés au fil des siècles. La seule maison qui était qualifiée d’historique et encore en état était celle d’Aelys. Des recherches avaient été faites, par de nombreux historiens mais sans aucunes réponses à leur question.
Alors qu’elle chargeait le bois, Aelys s’entailla le doigt. Rien de grave mais Arthur se précipita vers elle.
Une goutte de sang tomba au sol. Le ciel commença à s’assombrir, on pouvait entendre gronder à l’horizon. Les yeux immobiles rivés sur le grand arbre du cimetière, Arthur avait peur. Aelys lui pris la main, elle était glacée. D’un geste, il lui agrippa la main et se mit a courir en direction de sa maison. Une fois à l’intérieur, il poussa l’une des gravures sur la porte qui fit un petit bruit comme si l’on venait de verrouiller un nombre incalculable de verrous.
– Arthur ? Qu’est-ce que tu as ? Demanda Aelys très inquiète.
– Je ne peux pas tout te dire, pas encore. Si on survit à la tempête, je te dirais tout. Mais il faut que tu es l’esprit ouvert ! Annonça-t-il toujours en panique.
– D’accord, mais pourquoi as-tu peur ? Je peux au moins savoir ?
– Les venatores, ils ont réagi à ton sang.
Bien qu’Aelys n’ait jamais entendu ce mot, son sang ne fit qu’un tour, la peur commença à l’envahir sans qu’elle ne sache pourquoi. Elle avait du mal à respirer, elle paniquait, son visage d’ordinaire rosé était devenu pâle. Alors qu’elle allait était prête à tomber dans les pommes, Arthur l’attrapa et l’emmena dans son lit.
Épuisé, il s’était assis sur le canapé, ne quittant pas la porte d’entrée des yeux. Des bruits sourds se faisaient entendre contre les murs de la maison et cela pendant des heures. Quand enfin, le silence. Arthur poussa un long soupire de soulagement et tomba de sommeil.