Le vent s'était mis à souffler depuis plusieurs heures face au Grand Morse et s'intensifiait encore. Le bateau avançait avec peine et n'avait plus rien de gracieux. Privé de son concert de mer, ses flotteurs le freinaient et il semblait déchirer la mer en trois larges sillons d'écumes. Affrontant les vagues de front, le bateau se dandinait allègrement sur la surface des eaux. Gaelyn le supportait mal et se tenait dans une position, mi assise, mi couchée en s'agrippant fortement aux planches du bastingage. Son ventre proprement révolté par le traitement qu'on lui faisait subir ajoutait à la tension qui couvait en elle depuis son départ de la ville de Lume et que les récents événements avaient contribué à amplifier. En conséquence, elle se montrait agressive envers tous ceux qui l'approchait et insultait le morse de proue à chaque embardée, le rendant responsable de l'état de la mer. Son caractère irascible la rendait terrifiante et gonflait son image de désastre ambulant dans l'esprit des flibustiers.
De son côté, Marco semblait se moquer totalement des mouvements du navire, toujours aussi agile, forçant même l'admiration des marins, visible seulement à leurs yeux. Leur bouche tenait généralement un tout autre langage lorsqu'ils approchaient des deux passagers toujours retranchés à la proue du navire.
— Comment pouvez-vous rester si insensible aux mouvements de ce fichu navire ? demanda Gaelyn d'un ton sec, et comment saviez-vous négocier avec ces pirates ? Tant qu'à être engagée jusqu'à la dernière pièce dans les ennuis, j'aimerais autant savoir avec qui...
Marco s'approcha de son pas dansant.
— Vous avez raison... Nous sommes tous deux dans une situation plutôt cocasse. Si nous voulons nous en sortir élégamment, il serait bon que l'on révèle quelques détails sur nous-même.
Il fit une pause et regarda la jeune femme. Dans un semblant de dignité, Gaelyn s'était agenouillée, dos contre le bastingage, le visage fermé.
— En ce qui me concerne, j'étais un danseur mercenaire... Je pense que c'est assez évident, mais je ne garde plus de lien avec la Guilde des musiciens.
Il haussa les épaules alors que Gaelyn détaillait sa tenue pour la énième fois depuis sa rencontre avec l'homme. Elle ne vit aucun signe pouvant le rattacher à la guilde.
— Disons que je suis en quelque sorte un agent spécial de la Guilde des Sens. Et pour être tout à fait honnête, je suis assez proche des pirates qui nous ont attaqués, ou des contrebandiers du Bleu Horizon... Je navigue depuis toujours à la marge de la légalité pour remplir mes missions...
Gaelyn trouva l'argumentaire convaincant.
— Et pourquoi n'êtes-vous plus en contact avec la Guilde des Musiciens? demanda Gaelyn avec froideur et qui s'empressa, alors que le danseur allait répondre, d'ajouter, avez-vous pratiqué la piraterie ?
— Non ça non, lâcha le danseur dans un souffle, j'ai travaillé sur des bateaux, honnêtement. Pour un homme comme moi, aux pieds agiles, j'avais des atouts pour la profession ! Et des envies de grand large... Mais j'ai côtoyé beaucoup d'hommes sur ces navires et dans les ports, des hommes comme moi, pas vraiment malhonnêtes mais qui font quelques affaires par ci par là...
Il soupira et tourna la tête pour observer l'écume mousseuse se former sur les vagues puis disparaître en grésillant.
— Mon départ de la guilde n'a rien de très original, je suis devenu en froid avec certaines personnes, certains principes... Comme d'autres avant moi, j'ai dû partir, emportant quelques arts secrets au passage. Si vous connaissez un peu la guilde, vous devez savoir que c'est une chose qu'ils apprécient assez peu. J'ai vogué, divagué à droite à gauche. Puis quand je n'ai plus pu m'enfuir, la Guilde des Sens m'a donné un refuge moyennant quelques services...
Alors qu'il évoquait son passé, il commença à faire les cents pas, en étudiant la mer, semblant parler pour lui même plutôt que son interlocutrice.
— Bref ! se reprit-il d'une voix forte qui fit sursauter Gaelyn, tout cela pour dire que je ne suis rien d'autre qu'un danseur vieillissant qui vous sert de guide sur la route de Mirova... Cela vous convient-il mademoiselle ?
L'homme était toujours affable, mais Gaelyn sentit qu'il mettait une pointe d'agressivité dans sa question, comme un reproche d'avoir dû parler de son passé. Elle se rendit compte alors de l'impolitesse de ses questions et se le reprocha. Même si elle estimait quand même avoir le droit d'être à cran avec tout ce qui lui arrivait.
Elle avait encore des questions, mais elle ne put se résoudre à insister.
— Oui, dit-elle d'une voix plus douce, ça ira.
Elle voulut s'excuser mais n'y parvint pas.
— Quant à vous, reprit le danseur d'une voix plus calme, vous portez un instrument bien étrange à votre hanche, qu'est-ce exactement ?
La jeune femme fut étonnée, elle pensait que l'homme qui l'avait aidé à sortir de la ville de Lume devait au moins savoir sur quoi elle travaillait. Elle plaça l'instrument devant elle pour qu'il soit bien visible. Il était constitué d'une poche cousue en peau de chèvre, sur laquelle étaient greffés trois tubes de bois pointant vers le haut, un embout ressemblant à une flûte et un autre servant à souffler dans la poche.
— C'est... un prototype, dit Gaelyn d'une voix douce, le visage détendue, je suis chercheuse en féérie et je travaille sur un projet lié aux bulles de savon... Cet appareil que j'ai conçu, et fait réaliser à Lume, me permet de travailler avec ces bulles qui emprisonnent les sons...
Marco voyait que la jeune femme hésitait entre le désir de partager son savoir et celui de protéger ses secrets. Elle continua pourtant à parler des détails techniques de la conception de son appareil pendant de longues minutes, divaguant sur le type de couture, le traitement de la peau pour la rendre souple et résistante et sur l'espacement des trous de la flûte pour une bonne prise en main. Elle finit pourtant par s'arrêter de parler, relevant les yeux vers Marco qui patientait calmement, même s'il avait depuis longtemps décroché des explications détaillées de la jeune femme.
— Vous ne me l'avez pas demandé, reprit-elle, mais je vais vous dire pourquoi je veux aller à Mirova. J'y vais car je pense trouver là-bas des moyens pour poursuivre mes recherches. Malheureusement dans cette attaque j'ai perdu mes affaires, ...
Elle s'arrêta de parler en constatant qu'était posé, détrempé, un sac de toile prés de Marco qui avait visiblement prévu de devoir abandonner le navire avant même l'attaque pirate.
— ... Et toutes mes notes avec elles. Je suis à présent sans le sou, sans rien.
Le visage plus détendu qu'elle avait adopté en évoquant ses recherches se durcit à nouveau. Marco ne répondit rien, se contentant de la fixer. A cet instant, Gaelyn aurait voulu percer les pensées du danseur, de lire une expression sur son visage. Elle s'aperçut que bien que discret, certains de ses traits, sourcils bas, un visage plat et des pommettes hautes, qui le désignait comme originaire des terres centrales, rendaient son visage indéchiffrable pour elle. Elle ne put donc pas comprendre l'inquiétude et la défiance qu'avaient fait naître en lui ces révélations...
Derrière eux, à quelques miles marins de là, le Bleu Horizon avait repris le vent et voguait dans leur direction. A l'avant du navire, le capitaine Morse, utilisait le bastingage pour rester debout, les traits tirés, en compagnie de l'ancien capitaine du navire, assis sur le sol, le bras droit en écharpe. Un homme s'approcha d'eux, très mince, le visage grignoté par des poils drus et noirs, le regard fou, le pas assuré.
— Voici mon second, annonça le Morse, on l'appelle Crochet, je ne sais plus trop pourquoi...
L'homme s'avança et fit un simple hochement de tête pour saluer les deux hommes avant de venir se ranger entre eux et la sirène de proue.
— Pour l'instant, tous les contrebandiers sont des hommes d'équipage... Je veux qu'on redistribue les équipes, que les matelots du Bleu Horizon dévoilent tout du navire à nos hommes, puis tu reformes des groupes de quart. Les mélanges pas trop pour le moment, désigne des chefs de quart dans les groupes de contrebandiers et punit immédiatement tout comportement violent... Est-ce clair Crochet ?
— Aucun problème capitaine, répondit l'homme d'une voix de basse.
— Je garde le capitaine avec moi, il n'est pas en état de manœuvrer et il m'a l'air d'un homme intelligent ça peut toujours servir... Des questions ?
— Non..., répondit le second, juste un détail, j'ai gardé un homme du navire à la barre, il connaît mieux ce rafiot que les nôtres et que quiconque m'a-t-il dit...
— Je suppose que tu parles de Farroud..., répondit d'une voix las l'ancien capitaine du navire, tu peux lui faire confiance. Pour les chefs de quart prend Stodd ou Hermal Gueule de trombe...
Crochet regarda son capitaine qui fit un bref hochement de tête approbateur avant d'ajouter :
— Dit à tous les hommes qu'après avoir châtié les voleurs de navire on fera une escale où chacun pourra choisir de rester ou de partir. On a trop d'hommes de toute façon, mais je garde le navire !
— Très bien, ce sera fait dans la joie et la bonne humeur chef, dit l'homme aux yeux fous d'une voix d'outre-tombe avant de s'éloigner puis de hurler ses ordres.
Le Morse et son ancien ennemi regardèrent les hommes s'agiter un moment.
— Un bon second ce Crochet, discret, pas trop d'ambition...
Le contrebandier l'humeur sombre ne répondit rien. La sirène de proue qui n'avait pas vraiment décidé si sa nouvelle vie de pirate était un bien ou un mal scruta l'horizon puis demanda à son capitaine :
— Nous allons donc sur l'archipel de Ja n'est-ce pas ? Pourquoi ce choix ?
Le Morse sourit.
— On est très proche de l'archipel l'amie... Même en poussant on ne pourra pas rattraper notre navire avant qu'ils s'y mettent à l'abri. Je sais que la situation complexe dans laquelle est mon morse va le contraindre à aller vers une destination sure. On en a discuté avec ton ancien chef, le vagabond est un malin, il doit bien savoir que c'est aussi sa meilleure chance...
La sirène grogna.
— Oui il m'a semblé trop assuré... Un type malsain.
Le pirate rit à gorge déployée avant de tousser, s'étouffant à moitié.
— Ma mère m'a toujours dit de ne pas rire comme ça, lâcha t-il entre deux toux, mais un pirate ça doit rire de manière terrifiante sinon ça n'a pas de sens...
Le contrebandier regarda l'homme puis la sirène en secouant la tête l'air dépité.
— En tout cas c'est certain, ce type là il est pas clair. Voler son prochain, pourquoi pas... Trafiquer, kidnapper, pirater...
— Pirater ? demanda incrédule la sirène.
— C'est pas comme ça qu'on dit ? la sirène fit lentement non de la tête, ouai ben tout le monde m'a compris... Mais depuis quand on vole des navires en pleine mer ? C'est pas des manières... De toute façon il a pas le truc pour être un voleur honnête, il a la peau trop « lisse ».
— Lisse ? demanda le pirate.
— Ouai, c'est un type sans passé, pas la moindre marque et pourtant trop assuré pour être un simple bourgeois... Je ne le sens pas, c'est le genre à donner dans le malhonnête, sans s'en donner l'air. Du coup ça perturbe.
— Oui c'est ça, renchérit la sirène, on dirait qu'il se fiche de tout, il n'est pas sérieux dans sa malhonnêteté...
Le pirate gloussa.
— Bah peu importe qui ils sont, ils m'ont volé un navire et ça, ça ne se pardonne pas !
Le contrebandier cracha avant de reposer sa tête contre les planches de bois.
— Et que comptes tu faire capitaine ? dit-il dans un soupir, sur l'archipel de Ja tu n'as aucune marge de manœuvre... Là-bas ils seront protégés par les habitants de l'archipel. J'mettrais bien ma main au feu que c'est pour ça que tu traine dans le coin, non ? Et là-bas, ils trouveront bien le moyen de rejoindre Mirova via les bateaux marchands foutrement bien protégés qui font l'aller-retour. Emportant avec eux tes petits secrets et les miens...
Le pirate le regarda par au-dessus, et les deux hommes se défièrent du regard. Le contrebandier, les yeux vitreux, injectés de sang étaient bon à ce jeu-là. Le capitaine Morse finit par détourner les yeux, bascula la tête en arrière et rit à gorge déployée. Quelques instant après, son rire se perdit dans sa gorge, remplacé par une toux violente. L'homme se laissa tomber sur les talons, toussant et crachant, plié en deux. A ses côtés l'ancien capitaine du navire commença à lui taper dans le dos de son bras valide pour ne pas qu'il s'étrangle complètement, l'air agacé.
— Vous devriez écouter votre mère ! dit l'homme en se désolant d'avoir prononcé ces mots. Pour faire passer cette frustration, il redoubla d'efforts pour frapper dans le dos du pirate.
— Un vrai pirate doit savoir rire face aux cieux..., dit le Morse d'une voix faible en reprenant son souffle, tant pis s'il s'étrangle. Il doit être fier aussi ! Tes passagers ont agi comme des pirates en me volant mon navire. Comme de sacrés pirates ! Alors je vais leur donner une leçon, une leçon de piraterie, tu verras...
Un moment de transition mais qui augure une suite inquiétantes pour les deux gentils. Contente d'en apprendre plus ur le passé de Marco , les nouveaux éléments me mettent en appétit pour en découvrir plus sur lui. J'aime bien la façon de Gaelyn de détailler ses recherches avec rigueur et passion à un interlocuteur perdu au bout de deux minutes, le tout en un moment pas forcément adapté, ça sonne juste pour un(e) chercheur(.se) me semble-t-il. Je suis aussi curieuse de voir ce que donne un pirate revanchard et l'instrument de Gaélyn.
Marco, lui, a pas mal roulé sa bosse, et eut de nombreuses mésaventures qui ont fait de lui un type dangereux mais aussi plutôt mélancolique.
M. Morse a quelques surprises dans sa besace, tu peux lui faire confiance là dessus.
Mais il a besoin d'un peu de temps quand même. En attendant, j'espère que la visite de l'archipel de Ja sera agréable...
J'aime bien ce chapitre, il y a toujours notre duo principal qui tâtonne pour construire un peu de confiance et avancer dans leurs projets respectifs (je suis curieuse de savoir quels sont ceux de Marco, on a encore du mal à savoir si il a un vrai intérêt à l'aider au-delà de "c'est la mission qu'on m'a confiée".
De l'autre côté on a une espèce de duo comique de capitaines peu recommandables mais qui, du fait de leur intérêt commun à ne plus se mettre sur la figure, semblent faire presque ami-ami. Ça me fait un peu penser à deux vieux qui se connaissent pas et font une partie d'échecs dans un parc et après ils sont bras-dessus bras dessous au bar
Merci pour ce commentaire !
La confiance, en particulier dans de telles circonstances, ne peut pas s'obtenir si facilement... Pour Gaelyn c'est assez clair pourquoi, pour Marco... Je ne peux pas tout dire ici, mais pour lui, Gaelyn est un paquet qu'on lui a demandé de ramener principalement. Ceci dit, il n'a rien contre elle, même s'il a une certaine méfiance à partir de cet épisode, et pour des raisons valables.
Et oui il a d'autres objectifs en tête...
Ma réponse est sûrement pire que de ne pas en avoir :D
Pour le pirate et le contrebandier, oui ils sont bien du genre à se foutre sur la tronche pour un regard mal interprété puis de picoler ensemble pour fêter ça. De là à ce que naisse une grande amitié...
Les contrastes de personnalité marqués du duo Gaelyn/Marco apporte un côté dramatique après toute cette action ! C'est une dynamique qui enrichit l'histoire à travers leur passé respectifs. Sous les non-dit qui jalonnent le dialogue, leurs différences permettent de mettre en lumière leur force et leur faiblesse. L'on sent que ces deux personnages vont se challenger et que chacun aura tout à apprendre de l'autre. Le passé de Marco est très intéressant psychologiquement, même sous entendue, une certaine souffrance guidant sa motivation se fait ressentir. Cela donne envie d'en savoir plus sur son histoire avec la guilde des sens.
La vengeance du capitaine Morse promet d'être piquante ! Son échange avec Crochet en épique et sens bon l'intensité dramatique sur l'ile de Ja(merci Capitaine d'être aussi drama-queen 🤣).
A bientôt
Le Marco a un côté coquille vide, il agit mais n'a plus d'objectif, plus de valeurs à défendre ou presque.
Le lui rappeler n'a rien d'agréable !
Peut être que ce voyage sera un peu enrichissant malgré tout pour lui!
Oui le capitaine Morse il a encore de quoi faire le malin. Ça va prendre un peu de temps, mais il n'est pas homme à revenir sur ses promesses...
Merci pour ta lecture!
J’ai adoré la progression entre Marco et Gaelyn, cette manière toute en tension feutrée de dévoiler un bout de leur passé sans jamais tout dire. Leurs échanges sont si bien dosés : à la fois piquants, drôles, et porteurs d’une vraie vulnérabilité.
Et puis il y a le Bleu Horizon, la réorganisation avec Crochet (ce personnage me fascine à chaque apparition) et ce capitaine Morse, toujours aussi théâtral dans son malheur haha
C'est rigolo pour Crochet, c'est la première fois qu'on m'en parle comme cela. C'est ça qui est fascinant quand on fait lire à autrui, les retours peuvent être très différents et sont toujours enrichissant. Surtout quand ils sont bien détaillés comme les tiens.
C'est vrai qu'il a un petit quelque chose Crochet en tout cas. Et il est là pour l'ambiance clairement.
Et monsieur Morse, il en a sous le pied encore le coquin...
Ce petit passage calme est bienvenue, même si le bateaux tangue on sent que la tension se relâche, mais tu nous promets encore des rebondissements. Belle scène, bien écrite, encore !
Les choix ne sont pas son point fort, mais on le verra par la suite...
Si je devais lui donner un thème musical, ce serait sûrement "Rain" de Steve Conte (BO de Cowboy Bebop). Il a des caractéristiques communes avec Spike Spiegel faut dire...
Merci pour la scène et je me dois d'être honnête, ce chapitre est plus calme, on prend le temps, rythme insulaire oblige. Mais ça permettra de préparer la suite, et un peu de place pour des prestations artistiques pas piquer des vers...
Merci encore pour ta lecture, j'espère qu'elle continuera à être satisfaisante !
Ca fait deux fois que je lis ce passage, il me semble mystérieux de part les infos qu'il délivre, je vais 'm'en assurer avec la suite.
Si tu as des questions, ou des hypothèses à formuler, n'hésite pas, tu sais où le faire loin des regards indiscrets.
Je suis curieux de toute tentative d'anticipation que tu pourrais proposer!