C’était une nuit sans lune comme il les aimait.
Un hurlement lointain attira discrètement son attention.
Perché sur le toit d’une haute maison des quartiers nobles de la capitale du royaume d’Harëkki, le voleur stoppa sa progression.
La cime des arbres de la gigantesque forêt de Tanembor ne lui permettait pas d’avoir une bonne visibilité, mais suffisamment proche d’elle, il parvenait à apercevoir les lumières des petits villages juchés dans les montagnes.
Quelque chose d’horrible se passait là-bas à ce moment précis.
Le voleur le sentait.
C’était une nuit étrange et propice à tous les vices.
Son regard émeraude se perdit un instant dans les ténèbres profondes. Puis, le cri mourut et tout redevint silencieux aux alentours.
Le voleur réajusta sa chemise noire et s’assura que le capuchon assorti lui couvrait convenablement son chef et que son foulard noir opaque lui dissimulait bien le bas de son visage.
Il enfila ensuite ses gants et s’élança agilement sur le toit d’en face.
La réception ne lui couta qu’un long souffle maitrisé.
Le lieu était inoccupé pour la soirée.
Il le savait très bien, car les Gras-Nobles l’avaient quitté au crépuscule, pour aller se bâfrer ailleurs. Il avait donc tout son temps.
Avec des gestes précis, il se laissa glisser sur le balcon ouvert du second étage et adopta une posture accroupie quand il sentit la pierre lisse sous ses bottes.
Devant lui, la porte vitrée était à demi ouverte, l’invitant presque à rentrer comme si cette demeure était la sienne.
Sous son tissu sombre, l’on pouvait aisément deviner un sourire amusé.
Trop facile.
Les quartiers des Gras-Nobles étaient tellement bien gardés par les sylvestriens, gardes royaux qui circulaient continuellement dans les rues, que personne ne se souciait de fermer sa maison.
Quelle grossière erreur !
Surtout avec des toits aussi praticables !
Mais le voleur n’allait pas se plaindre.
Il s’engouffra dans l’ouverture sans toucher l’encadrement en bois d’Urs et se dirigea directement vers la commode du même type.
Il n’avait pas besoin de farfouiller, comme ses compères. Cela faisait bien deux jours qu’il observait cette maison sans interruption. Il savait donc où dégoter la meilleure des cachettes des propriétaires.
Il ouvrit sans un bruit le cinquième tiroir et y découvrit, parmi les dentelles et les soieries, un imposant coffret de la taille de son avant-bras. Les reliefs finement sculptés et peint en or firent briller ses yeux d’expert.
Délicatement, le voleur la prit entre ses mains.
La lourdeur le surpris, et il dut la reposer sur le dessus de la commode. D’un rapide coup d’œil, il vit qu’elle était scellée, mais cela ne le fit pas capituler.
Concentré, il chercha à tâtons la clé qui, d’après ses analyses, était dans le même tiroir.
Ses doigts butèrent rapidement sur l’objet en question.
Excité, le voleur sentit son cœur improviser un chant endiablé, alors qu’il déverrouillait son précieux butin.
Le grincement du couvercle le fit vite redescendre de son petit nuage et il s’empressa d’engouffrer les trois bourses pleines de pièces d’or, les divers bijoux et pierres précieuses maintenant à sa disposition, dans son sac en toile.
Puis il referma à clé, et repositionna les deux objets dans leur endroit d’origine.
Un peu plus pressé qu’à l’allée, le voleur rebroussa chemin, ne s’occupant pas des autres endroits susceptibles de renfermer des trésors, qu’il avait repéré.
Il en avait déjà bien assez.
Pour le moment.
De nouveau sur les toits, un vent nocturne vint lui faire onduler ses vêtements légers et le fit frémir doucement.
Quel merveilleux métier avait-il…
C’était une nuit sans lune comme il les aimait.
Est-ce que ce voleur va avoir un rôle clé dans l'histoire ? (j'espère, j'adore les voleurs dans les histoires fantastiques ahah)