Aujourd'hui, je me marie. Une simple phrase, sans accro, mais qui représentait bien plus que des mots pour moi. Nous avions organisé cette cérémonie dans la précipitation, afin de ne pas laisser le temps à nos proches de nous demander les raisons, depuis combien de temps on sortait ensemble, ou encore de faire des enterrements de vie de jeune couple. Nous avions juste dit que nous étions pressés de nous unir après des années d'amitié et de sentiments refoulés. C'était vrai dans un sens, pour moi.
Je me regardai dans le miroir, mon costume tiré à quatre épingles. "Tu ressembles à un pingouin". Ce sera sans doute sa première phrase quand elle me verra. Mes témoins s'activaient à mes côtés, surexcités et ignorant le tourbillon intérieur dont mon corps et mon esprit souffraient. Chaque détail de cette journée semblait s'écrire avec une encre indélébile sur mon cœur.
En entrant dans la salle de cérémonie, je me plongeai dans un mélange d'excitation et de doute. La musique retentit, et je fixai l'arche de fleurs devant moi. Un joli assortiment de fleurs blanches et rouges, dont May me fera l'honneur de débattre de leurs qualités plus tard. Elle avait refusé de s'occuper de l'arrangement floral. Je connaissais la raison même si elle n'avait pas tenu à me la révéler : pour elle, rien de tout ceci n'était vrai, alors elle ne voulait pas s'y mêler, de près ou de loin.
Je me retournai, prenant le temps de l'observer. Elle était magnifique, dans sa robe blanche ornée de dentelles et de perles. Son père me sourit en me tendant sa main. Je ne devrais pas pleurer. Elle ne voudrait pas. Ses doigts chauds rencontrèrent les miens et elle m'adressa un clin d'œil. Mon cœur se pinça en sachant qu'elle ne prenait pas ce mariage au sérieux, alors qu'il avait une signification particulière pour moi.
La cérémonie commença, et les mots du prêtre me semblaient à la fois lointains et étrangement réels. Chaque "oui" prononcé, chaque promesse échangée, résonnaient en moi avec une intensité presque douloureuse. J'essayai de lire quelque chose dans ses yeux, une lueur d'authenticité, mais je ne trouvai que ce regard doux et distant qu'elle affichait si bien. Quand je glissai l'anneau à son doigt, une vague de chaleur m'envahit, une sensation de complétude mêlée d'incertitude.
- Vous pouvez embrasser la mariée, déclara l'homme d'église.
Je la regardai droit dans les yeux, sentant son être s'affoler. Alors, je baissai mon visage pour qu'il ne se retrouve à quelques centimètres du sien.
- Je ne te forcerai pas, lui chuchotai-je dans l'oreille, nous pouvons faire semblant.
- Nos parents sont au premier rang, me fit-elle remarquer, fait le bien et rapidement.
J'effleurai ses lèvres, aux goûts sucrés. Des lèvres que j'attendais depuis des années. Je les emprisonnai entre les miennes dans une tentative désespérée. Un baiser doux, mais mécanique. Je ne voulais pas la forcer, je ne voulais pas qu'elle se sente dépassée. Les applaudissements éclatèrent autour de nous, mais je me sentis seul au milieu de cette foule. Pourtant, je souris et serrais la main des invités, recevant leurs félicitations et leurs vœux de bonheur.
La fête qui suivis était un tourbillon de rires, de musique et de danse. Les tables étaient garnies de mets délicieux, et les invités se régalaient tout en échangeant des anecdotes et des souhaits pour notre avenir. Je volai des regards à May tout au long de la soirée, cherchant des signes de complicité. Mais elle était distante, souriante par politesse, et cela me déchirai intérieurement.
Nous ouvrâmes le bal avec une valse. May dans mes bras, je tentai de savourer chaque moment, chaque note de musique, chaque regard échangé. La salle se remplit de couples dansant, et l'atmosphère devient une symphonie de joie et de célébration.
- Il est minuit! S'exclama une invité en regardant l'horloge.
Je lui pris la main, devant son désarroi, et l'emmena dehors. Sous les étoiles naissantes, nos invités se réunissaient en groupe pour nous souhaiter bon voyage. Notre lune de miel. Une semaine enrichissante et pleine de surprise. Nous entrâmes dans la voiture sous les coups de pétard, de feu d'artifice et les cris de nos amis. Elle démarra, faisant vibrer les nœuds qui la décoraient, et May me regarda en soupirant.
- Enfin, nous rentrons, marmonna-t-elle.
- Nous arrivons à l'aéroport dans trente minutes, me prévint le chauffeur à l'avant.
Elle me regarda avec des yeux pleins de stupeur.
- Noah, nos invités ne sont plus là, arrête de faire semblant.
- Semblant de quoi? Lui demandai-je surpris.
- Il n'y a pas de lune de miel, me dit-elle de but en blanc.
Je lui sourit.
- Bien sûr que si.
- Bien sûr que non. Rétorqua-t-elle.
- Je t'assure que si, lui répondis-je.
- Je t'assure que non, riposta-t-elle, ce n'est pas un vrai mariage.
- Et alors? Rien ne nous empêche de partir en vacances, mon amour, la taquinai-je.
Elle soupira profondément, croisant les bras et regardant par la fenêtre. Je la fixai, cherchant un signe, un petit éclat d'excitation ou même de curiosité. Mais elle resta silencieuse, perdue dans ses pensées.
En arrivant à l'aéroport, je sortis nos bagages du coffre. May m'observait avec un mélange de frustration et de résignation. Le terminal était animé, les voyageurs allaient et venaient, mais pour moi, tout semblait se dérouler au ralenti.
- Nous avons une semaine, May, dis-je doucement. Une semaine pour profiter sans personne.
Elle ne répondit pas immédiatement, puis soupira de nouveau.
- D'accord, une semaine.
Je l'emmena sur la piste ou reposait un petit jet, simple mais accueillant. Le pilote nous débrifa quelques instants sur les dernières actualités, puis nous fit monter dans l'avion. Le petit bolide était joli, sans être extravaguant, avec ses fauteuils en cuir et les accessoires qui nous accompagneraient pendant le vol. May s'installa, et je l'imitai, avant de prendre sa main.
- Promets-moi une chose, murmurai-je. Essaie de profiter de ce voyage.
Elle me regarda longuement, puis acquiesça lentement.
- Je te promets d'essayer.
Un petit sourire apparut sur mes lèvres. C'était un début, un espoir. Notre mariage avait commencé comme une alliance de convenance, mais au fond de moi, je savais que nous pouvions en faire quelque chose de bien plus précieux. Et alors que l'avion décollait, emportant avec lui nos doutes et nos incertitudes, je me tournai vers l'avenir avec l'espoir que cette semaine serait le premier pas vers une véritable union.
***
May
Je stoppai ma valise sur le pavillon de l'hôtel. Cole s'arrêta à mes côtés, et me regarda par-dessus ses lunettes de soleil, d'un air inquisiteur. J'enlevai les miennes, et mes yeux ouverts de stupeur se dévoilèrent au monde. Cole rigola devant mon air stupéfait. Il plaça une de ses mains sous mon menton, et me ferma la bouche que je venais d'ouvrir. L'hôtel était au milieu d'une forêt luxuriante, comblée par des plantes plus exotiques les unes que les autres. D'énormes piscines s'enfilaient en escalier le long de la falaise, et des chambres montaient en marche sur plusieurs mètres de haut. Leurs vitres reflétaient le paysage verdoyant, accentuant la beauté du lieu. Des parasols en paille et des chaises longues invitaient à la détente, et je pouvais déjà m'imaginer y passer des heures avec un bon livre, profitant du soleil et de la tranquillité. Cole me prit la main, apparemment content de mon amour pour cet endroit. Nous entrâmes dans le hall, si grand, si beau, qu'aucune description de qualité ne pourrait reproduire parfaitement le sentiment qui m'avait envahi en rentrant. Il discuta calmement avec un réceptionniste, puis ils prirent nos bagages pour nous conduire à nos chambres.
- We wish you a good stay, Mr. and Mrs Harper. (Nous vous souhaitons un bon séjour, M. et Mme Harper) Dit-il dans un accent.
Nous tournâmes la clé dans la serrure et le cliquetis résonna dans le long corridor. Il poussa la porte, et je tendis ma main dans l'attente de ma clé. Cole me regarda longuement, puis me prit la main, après avoir haussé un sourcil. Je me défis de son étreinte et replaça ma main.
- Quoi? Me questionna-t-il.
- Ma clé, lui répondis-je comme si c'était la réponse la plus évidente, j'aimerais aller dans ma chambre.
Son rire cristallin s'échappa de ses lèvres, et il se plia en deux sous le coup de l'émotion.
- May, il n'y a pas d'autre chambre.
Je rejoingnis son fou rire, sauf que le mien était nerveux.
- Comment ça?
- Nous dormons dans la même suite, me confia-t-il doucement, nous sommes mariés.
- Par un contrat, lui rappelais-je, mais tout va bien, je prendrais une chambre de la suite, et toi une autre!
Je lui passai devant alors que son regard me traversait. La chambre était d'une beauté sans pareille, moderne et lumineuse. Son lit blanc à baldaquin faisait face à une magnifique terrasse, qui était aménagée avec une élégante piscine à débordement. Les draps d'un blanc immaculé semblaient inviter à la détente, et des coussins doux ajoutaient une touche de confort et de luxe.
Les grandes baies vitrées laissaient entrer une lumière naturelle abondante, illuminant chaque recoin de la pièce et offrant une vue spectaculaire sur l'océan étincelant. Le bleu de la mer se fondait harmonieusement avec les tons clairs et neutres de la chambre, créant une ambiance apaisante et sereine.
Sur la table de chevet, un vase rempli de roses blanches fraîchement coupées ajoutait une note romantique, leur parfum subtil se mêlant à l'air marin qui entrait par les portes-fenêtres ouvertes. Dehors, la terrasse offrait un espace de détente parfait, avec des chaises longues et une petite table, idéale pour savourer un petit déjeuner ou un verre de vin en admirant le coucher du soleil.
Je m'approchai de la piscine à débordement, fascinée par la manière dont l'eau semblait se fondre directement dans l'horizon, créant une illusion parfaite d'infini. C'était le genre d'endroit dont j'avais toujours rêvé, un lieu où chaque détail était pensé pour offrir confort et émerveillement.
- Il n'y a qu'un lit, remarquai-je en faisant le tour de la suite.
Son sourire me fit fondre, ainsi que naître une petite rage en moi.
- Bah alors, May, pourquoi aurions nous besoin de deux lits? Me murmura-t-il dans le creux de mon oreille, alors que ses mains étaient posées sur mes hanches, tu as peur de ce que je pourrais te faire?
Sa question était pleine de sous-entendus, et le rouge me monta aux joues. Son toucher était agréable, mais provoquait en moi des réactions inattendues.
- C'est toi qui devrait avoir peur, lui rétorquai-je, j'ai le sommeil agité, alors hors de question que Monsieur se plaint s' il finit par terre en pleine nuit.
Mais la réaction de May quand il lui annonçait qu’ils allaient en lune de miel était trop drôle 😂
En plus, il l’a appelé mon amour. 😂
Ça serait incroyable si elle réussit à le faire tomber du lit à cause de son sommeil agité. 😂
Moi, pour l’anecdote, j’ai fait ça avec une de mes grandes sœurs étant petite. 😂😂