La nuit était déjà entamée depuis un bon moment, mais Lydia n’arrivait pas à fermer l’œil. Elle roula sa tête sur le côté et son regard se posa sur le lit d’à côté où Léo semblait dormir à poings fermés. Un mince sourire flottait sur ses lèvres. Il avait toutes les raisons d’être heureux, pensa la jeune fille. Elle se remémora la soirée qui s’était déroulée après son retour. Après la surprise passée, les membres de sa famille l’avaient félicitée pour la cérémonie à venir. Bien qu’elle ne devrait rien leur reprocher, Lydia s’était sentie vexée par le peu de peine qu’il avait montré lorsqu’elle leur avait annoncé son départ prochain. Elle aurait préféré se faire remonter les bretelles par son grand-père pour la gaffe de l’après-midi, mais celui-ci semblait l’avoir complètement oubliée. Ne voyant toujours pas le sommeil arriver, la jeune fille s’extirpa de son lit pour s’assoir sur l’appui de fenêtre de la chambre. Elle posa son front contre la vitre. La froideur du verre sur sa peau lui fit du bien. Elle contempla la ville endormie qui s’étendait devant elle. Quelques maisons étaient encore illuminées, mais la plupart étaient plongées dans le noir complet. Elle ignora pourquoi un violent sentiment de nostalgie l’envahit. Sans qu’elle ne s’en rendît compte, une larme coula le long de sa joue. Elle ne fit rien pour l’en empêcher, car elle devait se l’avouer, cela lui faisait du bien. Lorsqu’elle était seule, elle n’avait plus à faire semblant. Elle avait le cœur gros. Lydia regretta de n’avoir personne à qui se confier. Oh ! elle avait déjà essayé, malheureusement cela s’était chaque fois soldé par un échec. On l’écoutait d’une oreille distraite avant de lui dire que tout allait bien. Que ce soit Léo ou quiconque d’autre, on considérait ça comme un caprice de petite fille pourrie gâtée qui ne comprenait pas la chance qu’elle avait d’être promise à un rôle si important. C’était vrai, elle avait tout ce qu’elle pouvait espérer, la richesse, l’éducation, le pouvoir et pourtant elle restait persuadée que sa vie aurait été plus heureuse avec un quotidien des plus simples. Ces personnes ignoraient tout ce qu’elle avait dû endurer à cause de ce rôle de Grande sage. Personne ne pouvait comprendre le poids des responsabilités et des espérances qu’elle devait supporter sur les épaules depuis qu’elle avait sept ans. Depuis onze ans, elle avait dû faire tant de sacrifices pour sa future fonction. Après de nombreuses réticences, elle avait fini par accepter son destin, mais maintenant qu’il était imminent, elle doutait de plus en plus. Pourquoi se torturait-elle l’esprit à ce point ? Cela ne valait plus la peine. Désormais, elle devait faire une croix sur ses rêves d’enfant. C’était ce qu’il y avait de mieux à faire.
- Lyd, dit une voix derrière elle qui la fit sursauter.
Elle se retourna et croisa les yeux de Léo qui la dévisageait dans le noir.
- Ah ! C’est toi. Désolé si je t’ai réveillé.
- Aucun problème. Ça va, s’inquiéta-t-il.
- Tout à fait, mentit-elle le sourire aux lèvres. Je n’arrivais pas à dormir.
- Tu m’étonnes avec la journée que tu as eue.
Il sortit à son tour de son lit.
- Tu me fais une place ?
Lydia se décala et Léo s’installa à ses côtés. Même si elle regrettait un peu sa solitude, elle était contente que son frère adoptif se soit réveillé.
- Cela ne te dérange pas si j’ouvre la fenêtre ? Il fait étouffant, demanda-t-il.
- Fais-toi plaisir.
Lorsque la fraicheur de la nuit se faufila dans la pièce, Lydia ne put réprimer un frisson qui la parcourut. Léo posa une couverture sur ses épaules qui la réchauffa instantanément. Elle ramena ses jambes contre elle avant de demander :
- Dis Léo. Quand je serai Grande sage, est-ce que tu viendras me voir ?
- Pourquoi crois-tu que je me sois entrainé d’arrache-pied pour intégrer la garde des anciens ?
Il lui tendit son auriculaire.
- On s’était fait une promesse quand on était enfant.
Lydia serra l’auriculaire de son frère avec le sien.
- Toujours uni. Tu ignores à quel point cela me rassure de savoir que tu seras au château quand je serai en poste, avoua-t-elle, et après une brève hésitation rajouta avec tristesse. Même si l’on ne se verra peut-être plus.
C’était l’une des contraintes de son rôle qu’elle supportait le moins, devoir se retirer du monde pour mener à bien sa mission. Léo lui sourit.
- Qui sait ? On trouvera bien un moyen. Ne te préoccupe pas de ça pour l’instant, concentre-toi sur la cérémonie.
Lydia soupira. Encore et toujours cette foutue cérémonie qui revenait à la charge. Alors que son regard se perdait au loin dans le paysage, une idée lui vint à l’esprit. Elle poussa un peu plus la fenêtre jusqu’à ce que l’espace soit suffisant pour qu’elle puisse passer. Elle sentit une main enserrée son bras. Elle tourna le visage vers Léo qui lui lançait un regard réprobateur.
- Le coup de cet après-midi ne t’a pas suffi ?
Parfois, Lydia regrettait que le jeune homme lise en elle comme un livre ouvert. Elle posa ses yeux dans les siens puis déclara :
- J’ai besoin de sortir alors soit tu m’accompagnes, soit tu retournes te coucher.
- Soit, tu refermes cette fenêtre et toi tu retournes dans ton lit, poursuivit-il.
- S’il te plait Léo, j’en ai vraiment envie, le supplia-t-elle. Je n’en aurais sans doute plus jamais l’occasion.
- Et s’il t’arrivait quelque chose ?
- Je suis sûre que mon vaillant garde du corps me protégera, déclara-t-elle malicieuse.
Léo passa sa main dans ses cheveux en pestant contre elle.
- Les anciens ne me pardonneront jamais. S’ils l’apprennent, je peux dire adieu à mon poste dans la garde.
- Cela n’arrivera pas, certifia Lydia. Ils me connaissent et savent à quel point je peux être têtue. Cela ne te retombera pas dessus. Promis.
Son frère adoptif soupira avant de s’enquérir :
- Je n’ai vraiment aucune chance de te faire changer d’avis ?
- Aucune.
- Même en t’assommant ? tenta-t-il.
- Bouge un doigt et je me jette par la fenêtre. Et nous savons tous les deux que j’en suis parfaitement capable.
Le regard de Léo passa de l’ouverture à la jeune fille. Elle le connaissait assez pour savoir qu’il analysait toutes ses perspectives de réussite. Comme un avertissement, elle se rapprocha légèrement du vide. Elle remarqua qu’il se tendit instantanément. Il repoussa un soupire à fendre l’âme.
- Je vois que je n’ai pas le choix.
Lydia attendit sa réponse en silence, même si elle s’en doutait déjà. Après une longue hésitation, Léo se redressa enfin.
- Habille-toi le plus discrètement possible, céda-t-il à contrecœur, puis en apercevant la mine réjouie de sa sœur compléta avec le plus grand des sérieux. Mais attention, tu m’obéis et s’il y a le moindre danger qui se présente, on rentre. Me suis-je bien fait comprendre, Lydia ?
- Parfaitement, Léo, confirma-t-elle en se redressant pour empoigner sa veste et un poignard qu’elle glissa dans sa botte droite.
qu’il avait montré -> ils avaient montré, j'imagine que tu parles du grand père et de Leo, il faut donc tout mettre au pluriel.
"Elle ignora pourquoi un violent sentiment de nostalgie l’envahit." Je ne pense pas qu'elle l'ignore, je pense plutôt qu'elle n'arrive pas à se défaire ce cette sensation désagréable. Je crois qu'elle sait pourquoi elle n'a pas envie de quitter sa vie pour assurer son rôle de grand sage, mais qu'elle est trop chamboulé par cette perspective pour trouver le sommeil. Bref, je pense que "ignorer" n'est pas le bon verbe ici.
Comme les autres lecteurices, j'ai bien apprécié la complicité entre Léo et Lydia, je n'ai pas de remarques particulière à faire sur le dialogue. Il est fluide, naturel, cohérent et révélateur. Je crois que les dialogues sont un point fort chez toi, n'est-ce pas?
Ça fait un moment que je ne m'était pas plongée dans ton histoire... mais me revoilà ! Je reprend doucement la lecture !
Franchement, super chapitre. On sent le désarroi de Lydia par rapport à sa situation, elle se rend compte que ça y est, la liberté c'est bientôt finit. La solitude qu'elle ressent et le lien avec Léo est alors décuplé.
J'aurai juste quelques petites remarques à faire :
- déjà, je trouve le premier paragraphe un peu lourd. Il faudrait revenir à la ligne pour l'alléger un peu, par exemple : " Elle se remémora la soirée..." tu pourrais le mettre à la ligne, sinon la lecture n'est plus aussi fluide et agréable.
- ensuite j'ai trouvée que "pourrie gâtée" était de trop, dire simplement "caprice de petite fille" me semble mieux, plus léger
- "qu'elle devait porter sur les épaules" sonnerait mieux je pense
- j'ai aussi noté que tu as quelques soucis avec les "?" comme le démontre le 'Ça va" de Léo.
- ça ne te dérange pas si j'ouvre la fenêtre ? demanda-t-il. On étouffe ici." serait plus juste selon moi.
Enfin voilà, sinon c'était un chapitre calme mais intéressant. J'ai réussi à me replonger facilement dans l'histoire alors même que je tombe de fatigue et que ma concentration n'est pas au beau fixe ^^'
A bientôt et courage pour la suite !
On se prend bien dans l'histoire mais j'ai tout de même hâte que les choses bougent un peu plus ... Je vais donc aller lire le prochain chapitre !
Encore quelques petits soucis selon moi :
Bien qu’elle ne devrait rien leur reprocher, → cette formulation me dérange car cela sous entend qu'elle leur à reprocher quelque chose, hors ce n'est pas le cas. Je pense que le terme « en vouloir ».
Cela ne te dérange pas si j’ouvre la fenêtre ? Il fait étouffant, demanda-t-il. → Ici tu as un problème d'incise et en plus ta dernière phrase n'est pas correct : Cela ne te dérange pas si j'ouvre la fenêtre ? demanda-t-il. L'air est éttouffant / j'éttoufe / Il fait une chaleur insupportable
Lydia ne put réprimer un frisson qui la parcourut. → la fin de ta phrase est inutile, on comprend déjà que la frisson la saisit pas besoin d'appuyer la dessus ;)
J’aurais aimé davantage de détails concernant l’univers. Cela va sans doute venir, mais je pense que tu peux te permettre quelques descriptions dès le début pour situer un peu l’histoire : à quoi ressemble le pays, qui le dirige, ce genre de choses.
Sur la forme, juste quelques remarques :
« Elle roula sa tête sur le côté et son regard se posa sur le lit d’à côté » : tu répètes deux fois « côté », tu peux juste dire « sur le lit de Léo »
« « Aucun problème. Ça va, s’inquiéta-t-il. » : il manque le point d’interrogation : « Aucun problème. Ça va ? S’inquiéta-t-il. », car sinon on a l’impression que c’est lui qui dit qu’il va bien.
« Soit, tu refermes cette fenêtre et toi tu retournes dans ton lit, poursuivit-il. » la virgule en début de phrase n’est pas nécessaire, et le « toi » non plus.
Me revoilà pour lire la suite ^^
Ah, ma pauvre bichette ! Je comprends qu'elle sente un peu seule, même alors qu'elle est encore auprès de sa famille. Ce doit être tellement triste de voir que ta famille se réjouit de ton départ et ne voit que le prestige de ta future position, comme si ça comptait plus que tes sentiments et tes désirs >.< Le pire, c'est qu'elle leur en parle mais qu'ils ne l'écoutent pas vraiment. Je trouve ça un peu égoïste de leur part parce que ça donne l'impression que son bonheur ne compte pas vraiment tant que sa position est prestigieuse. Ca me déçoit un peu de son grand-père et de son frère >.<
Maintenant, je sens que cette sortie nocturne va mal tourner ou bien qu'elle va leur apprendre quelque chose d'horrible qui va tout changer ! J'espère toutefois qu'ils ne s'attireront pas d'ennuis parce que j'aime bien Léo, malgré tout, alors je n'aimerais pas qu'il perde toutes ses chances de réaliser ses rêves à cause de ça >.<
Sinon, je pense que tu devrais couper ton paragraphe du début qui est énooooorme pour le rendre un peu plus digeste ! Parce que là, ça fait un peu peur xD
Voilà, je me hâte sur la suite !
À tout de suite !
Natsunokaze
Le contraste entre les deux parties du chapitre sont intéressantes : la première avec l'introspection de Lydia et ses nombreux questionnements (assez déchirants, soit-dit-en-passant) et la seconde avec l'échange, beaucoup plus dynamique et amusant. Ton héroïne est vraiment une forte tête !
Petite remarque : si Léo arrive à comprendre qu'elle a à ce point envie d'aller faire un tour dehors, est-ce qu'il parvient à la croire malgré son sourire au début du dialogue, lorsqu'elle lui dit que tout va bien ou bien il est plutôt du genre à respecter son silence ? (je ne sais pas si c'est très clair ^^")