Je tourne dans ma chambre comme un lion en cage. La nuit est tombée depuis des lustres, je vérifie l’horloge une fois de plus. J’ai passé ma soirée à préparer chaque détail. La chambre d’hôtel est vide, j’ai fortement conseillé à Isaac de passer la nuit en dehors, n’importe où en fait du moment qu’il n’est pas là. J’ai un peu honte de mon comportement, je ne lui ai pas vraiment laissé le choix. Le pauvre ne comprenait pas ce qui se passait, mais quelque chose dans mon ton et mon allure lui a fait comprendre que la discussion n’était pas envisageable. Je sais ce que je veux et je fais tout pour l’obtenir. Sans pour autant faire attention aux autres. Je dois encore travailler sur ce point.
Notre chambre d’hôtel n’est pas bien luxueuse et n’offre pas une vue imprenable sur la ville illuminée. Enfin, cela dépend si le parking de l’hôtel compte comme ville illuminée. Les rideaux beige, absolument pas occultants sont légèrement tirés, laissant filtrer la lumière des détecteurs de mouvement présents dans le parking. J’ai lancé notre playlist partagée, je regarde à nouveau l’heure indiquée sous la télévision. Elle devrait être là d’une minute à l’autre. L’attente me semble interminable. Je n’ai jamais été aussi nerveux. Enfin sauf quand je vais jouer un match, cela me met dans un état pas possible.
Je me retourne pour vérifier une nouvelle fois que tout est en ordre. Je ferais n’importe quoi pour elle, ce qui me fait penser à Elyas que j’ai dû convaincre de ne rien dire. Convaincre ? C’est plus compliqué que ça. J’ai vu à son regard qu’il était effrayé par mon regard, j’ai un véritable problème de patience. Je ne le suis pas. Aucunement. Il ne savait clairement pas gérer ce qu’il avait vu au préalable. J’ai catégoriquement refusé de tout lui raconter, malgré son insistance. Mes propos ont d’ailleurs dépassé mes pensées, ce qui a eu pour effet de calmer la flamme d’excitation que je voyais scintiller. Il ne sait peut-être pas garder un secret, mais moi si. Personne ne me connaît véritablement, même Manon n’a pas toutes les informations me concernant. Je n’ai aucune honte concernant ma meilleure amie et ma relation avec elle. Tout restera secret si c’est son souhait.
Pas de champagne posé dans un seau à glace élégant, mais des canettes de soda dans l’évier rempli à ras bord de glaçons. Bon, quand est-ce qu’elle va venir ? Si d’ici dix minutes, elle n’est pas encore là, je vais aller la chercher. Ma patience est à sa limite, je passe machinalement ma main dans mes cheveux. J’ai bien vu la panique dans ses yeux et j’ai peur qu’elle fasse une nouvelle fois l’autruche. Je m'assois sur mon lit tout en regardant la pièce dans tous les sens, sauf que mes jambes me démangent. Je ne peux pas être inactif alors que mon cœur est dans sa main, c’est à elle de décider ce qu’elle va en faire. Je me lève, ne tenant plus en place.
Toc, toc, toc.
Le bruit symbolisant ma délivrance me parvient.
La porte s’ouvre sur la plus belle personne que je n’ai jamais vu. Elle n’est pourtant pas habillée avec plein de vêtements dont je ne retiens pas les noms. C’est simple un t-shirt rentré dans son pantalon. Et pourtant, elle est incroyable. Elle a ses yeux qui sont juste…wawhou…et ses cheveux…ooooohet son sourire….afff. Si je m’écoutais elle serait déjà sur mon lit. Mais j’attends qu’elle se lance, je veux être certain qu’elle me veut autant que le la désire.
- Salut dit-elle gênée tout en rougissant.
- Salut, tu rentres ?
- Hmmm… Oui.
Elle passe par l’ouverture de la porte et analyse la chambre d’hôtel. Je sais qu’elle voit les moindres détails et qu’elle les note dans sa tête. Cependant, en voyant l’espace vide elle se retourne brusquement pour me demander silencieusement où est mon colocataire.
- On est seul, j’ai abusé de ma position de capitaine pour lui interdire l’accès à ma chambre ce soir. Je me suis dit qu’on pourrait en profiter pour parler.
- Je préfère qu’on parle après.
Mon cœur rate un battement et je perds l’équilibre pendant quelques secondes. Est-ce qu’elle vient vraiment de dire ça ? Et sa bouche se pressant contre les miennes me le confirme. Et pendant ce moment infime où il y a ce contact, j’envisage de lui dire la vérité. C’est une idée merdique, la plus nulle que je n’ai jamais eue. Elle s’enfuirait en courant si elle savait la moitié de ce que je ressens pour elle.
Ses lèvres bougent maladroitement contre les miennes, je sens toute son hésitation. Elle tâtonne me montrant qu’elle n’a pas fait ça depuis un moment. Mes mains me démangent.
Embrasse-la encore.
Embrasse-la partout.
Je ne pense qu’à ça.
Et je me dis que c’est ça qui me fout la tête en l’air, ses lèvres fraîches, ses cheveux humides et son odeur, elle sent tellement bon, j’ai envie de la déguster. Je serre le poing pour éviter de l’atteindre.
- Rassure-moi tu n’as pas bu, je lui dis en remettant de la distance entre nous.
- Sérieusement, avec mon père dans les parages ? Je n’ai pas envie de subir une décapitation dans les prochains jours, dit-elle avec irritation. Maintenant, laisse-moi faire.
Et je suis tout aussi contrarié, je ne suis pas en état de débattre à ce sujet. Pas quand je me bats en continu contre mon envie pour elle. Je me pince l’arrête du nez pour essayer de me calmer et de retrouver mes esprits. Je n’ai pas l’habitude d’être patient et lorsque je prends une décision ou que l’on me met en colère, je deviens brusque et fais trembler mon entourage. Cependant, quelque chose avec Manon me rend doux et patient. Rien que sa présence a le pouvoir de m'apaiser automatiquement.
Rapidement son visage se décompose et ses yeux commencent à briller alors qu’elle réalise quelque chose. Son menton tremble tandis qu’elle lève les yeux au ciel.
- A moins que… A moins que tu ne me trouves pas attirante et que tu ne veux pas…Oh mon dieu, mais je suis vraiment débile, c’est ça j’aurais dû m’en douter. Si tu voulais que je te rejoigne dans ta chambre où il n’y a personne c’était pour me dire que c’était une erreur ce qui s’est passé dans le placard. Oh putain, je suis désolée. On oublie tout, je…
A cet instant, je suis vraiment épuisé. Si elle ne veut pas terminer la conversation, je vais devoir la conclure tout seul parce que cinq minutes de plus avec elle et je vais lui sauter dessus.
- Tu es la seule que je veux mais je souhaite être sûr que tu ne vas pas regretter, ni demain, ni dans une semaine, dans un mois, jamais.
- Alors, s’il-te-plaît ne m’interrompt plus avant que je perde mon courage parce que je ne vais pas regretter ce qui va se passer.
J’entrouvre la bouche parce que j’ai besoin d’air tandis qu’elle approche ses lèvres des miennes sans me quitter des yeux. Elle analyse chacune de mes expressions, comme si elle cherchait la moindre hésitation. Je n’effectue aucun geste, je ne sais pas si elle est sincère.
Elle pose délicatement ses lèvres sur la commissure de mes lèvres et mon coeur s’agite.
- Ni demain.
Elle se met sur la pointe des pieds, prend ma main pour la poser au creux de ses reins.
- Ni dans une semaine, continue-t-elle en frottant son nez contre le mien.
La tension monte, il ne me reste qu’un centimètre ou deux à franchir.
- Ni dans un mois, sa main m’effleure doucement, se frayant un chemin entre ma main et mon épaule.
Je frissonne. Pourquoi elle ne se décide pas ?
- Ni jamais, affirme-t-elle.
- Même si ? je n’ai pas besoin de continuer ma question elle sait exactement où je veux en venir.
Elle déglutit tout en baissant les yeux :
- Même si c’est ma première fois, dit-elle en relevant les yeux.
Sa détermination, son regard enflammé sont le déclencheur et j’autorise enfin mes mains à la toucher. Toute la peur qui était dans ses yeux disparaît, elle semble plus calme comme soulagée, comme si mon simple touché avait réussi à apaiser toutes les questions qui se bousculent dans sa tête. Elle se rapproche.
Qu’est-ce qu’elle est belle. Cette pensée me trouble plus que de raison.
Elle me touche de nouveau, détaille tout mon torse avec ses paumes. Elle stoppe tous ses mouvements lorsqu’elle frôle le haut de mon survêtement, elle lève les yeux vers moi attendant une dernière fois mon autorisation. Tout comme moi, elle a besoin d’être rassurée, de savoir que je ne vais pas changer d’avis. La douceur de son souffle contre ma joue fait lâcher le dernier rempart me permettant de conserver un minimum de contrôle.
Son t-shirt est de trop, j’ai besoin de la voir. Maladroitement, elle lève les bras pour m’aider avant de s’en prendre au mien. Sa main dévie. Elle la touche, maintenant et cela malgré la couche de vêtements qui nous sépare. Chaque centimètre carré de ma peau brûle, elle semble minuscule à mes côtés, je suis tellement plus grand qu’elle. Ma main passe dernière sa nuque, l’attirant au plus proche de moi et l’embrasse. Cela ne fait que quelques heures depuis que j’ai eu le droit de goûter à sa langue mais elle m’a déjà manqué. Comme dans le placard, j’ai besoin de plus. Son ventre plat se recouvre de chair de poule tandis que je passe mes mains dans son dos pour décrocher l’attache de son soutien-gorge. Elle frissonne alors qu’elle se retrouve seins nus devant moi. Sa poitrine bouge de bas en haut suivant sa respiration qui est de plus en plus profonde.
Mes doigts s’en prennent à la pointe durcie de ses seins, tandis que ma bouche explore sa nuque. Je respire son parfum, en déposant des baisers mouillés sur sa poitrine, je lèche, j’embrasse, je mords. Je n’avais aucune chance face à elle, zéro possibilité de repli, je la veux depuis si longtemps que j’ai l’impression d’être dans un rêve. Je la dévore des yeux, elle halète à chaque fois que ma langue effleure ses tétons tendus, son soupir est plein de détresse lorsque je me sépare d’elle. Mais la distance que je nous impose n’est que de très courte durée, son pantalon suit le chemin du reste de ses vêtements.
- Tu es tellement parfaite, putain.
Elle rougit instantanément et se laisse guider vers mon lit. Sans dire un mot, elle s’allonge, la tête sur les oreillers. Cela ne fait pas si longtemps que j’ai été avec une femme mais pourtant j’ai l’impression que c’est ma première fois… Tout est tellement intense, mon cerveau est embué. Je sais juste que les relations avec les autres femmes ne m’intéressent plus, maintenant que j’ai goûté à Manon, je ne pourrais plus passer à autre chose. Sans véritable raison… Enfin, si… Parce que c’est Manon, putain.
Je rampe vers elle et laisse mes lèvres flotter au-dessus des siennes. Les battements de mon cœur me remplissent le cerveau à moins que ce soit les siens que je perçoive. Son dos se soulève suivant mon mouvement, elle entrouvre les lèvres et se laisse tomber en arrière lorsque ma bouche capture un de ses seins. La sensation de sa peau, sa couleur laiteuse, la taille, le poids de ses seins tout correspond parfaitement à ce que j’avais fantasmé. Ma main se pose sur sa hanche, mon pouce glisse d’avant en arrière sur son os de la hanche tandis que je mords ma nouvelle proie. Mon sexe dur se presse contre sa cuisse à travers mon jean.
Sa voix est rauque alors qu’elle prononce des mots incompréhensibles, tandis qu’elle se penche encore plus pour me donner un accès total. Frénétiquement sa main se balade sur mon corps, m’attirant au plus proche d’elle. Mes doigts tracent l’élastique de sa culotte bleue, alors qu’elle se bat avec la fermeture de mon jean. Je la repousse doucement voulant me concentrer sur son plaisir, sur ses halètements. Mais elle est têtue, plus que têtue même et c’est l’une des raisons pour laquelle je l’aime autant. Elle est comme moi en version beaucoup moins terrifiante, si elle veut quelque chose, elle fera tout pour l’obtenir et rien ne pourra la faire changer d’avis. Elle m’attire une fois de plus en tirant mes cheveux à leur racine pour que je l’embrasse, rapidement mon jean atteint mes chevilles et je m’en débarasse définitivement avec un mouvement de jambe. Une nouvelle fois, le bleu m’attire mais ce n’est pas celui de ses yeux. Elle est déjà mouillée, putain. Je n’arrive pas à y croire, sans y penser mon pouce se presse contre sa culotte. Mais maintenant que mon doigt est là, il est impossible pour moi de ne pas le déplacer encore et encore sur son clitoris encore couvert.
Sous moi, elle se tortille. Mes baisers au creux de ses cuisses signent notre fin à tous les deux.
- J’aimerais tellement te garder pour toujours sous moi, je murmure.
- Je ne t’empêcherai pas de le faire, elle me répond dans un souffle.
Je sens ma veine taper contre mon crâne tellement je dois me concentrer pour ne pas la posséder aussi vite que possible. La frontière de ses sous-vêtements me semble si proche mais pourtant si loin. C’est la dernière limite. Je ne bouge pas, je ne fais que de fixer son excitation plus que visible. Me contenant autant que je peux.
- Est-ce que je peux continuer ? dis-je en jouant avec les bords de sa culotte.
- Bordel, oui arrête de me demander et continue.
Je pousse le coton sur le côté. Ce geste est une des centaines d’erreurs que je fais avec elle. Parce qu’elle a l’air plus que prête et que je n’ai qu’une seule envie : être en elle. La sensation nouvelle de mes doigts sur son clitoris la fait sursauter. Mes doigts calleux s’introduisent lentement en elle tandis que mon pouce fait toujours des cercles sur son clitoris. J’impose un rythme lent étant terrifié de la faire souffrir. Elle gémit et je suis persuadé que je vais exploser dans vingt secondes. J’avale ses gémissements lorsque ma bouche rencontre la sienne alors qu’elle attrape la couverture sous elle et la serre dans ses poings. Mon plaisir monte crescendo, alors que je la torture en alternant des caresses rapides puis lentes et que mes doigts disparaissent entre ses plis.
Elle pousse un gémissement frustré :
- Owen…
- Putain, tu me serres si fort.
- S’il-te-plaît, j’ai besoin de…
Manon me supplie en attrapant mes épaules et m’attire pour que le poids de mon corps écrase le sien. Mon coeur bat une nouvelle fois dans mes oreilles et une goutte de sueur coule le long de ma tempe.
- Je ne veux pas te faire mal, dis-je en capturant sa bouche.
Et elle me mord la lèvre, me faisant automatiquement reculer :
- Arrête de penser, je ne suis pas en sucre, puta…
Sa phrase reste en suspens. Sous moi, elle laisse échapper de légers gémissements tandis que j’accélère la cadence et elle éclate autour de moi. Ses jambes tremblent tandis qu’elle reprend difficilement sa respiration. Mais cela ne lui suffit pas, elle saisit ma tête à deux mains et exige tout de moi. Mon souffle, mon coeur et même mon âme.
Je la lâche une seconde pour aller chercher un préservatif dans la poche de mon jean qui est abandonné sur le sol. Son regard est brûlant mais je note tout de même une pointe d’inquiétude.
- Si tu veux arrêter, tu n’as qu’un mot à me dire.
- Je veux faire ça, avec toi… Vraiment, dit-elle en saisissant la couture de mon caleçon.
Le reste arrive très vite, je me retrouve rapidement sur les coudes et nous poussons tous les deux un cri étranglé tandis que je la pénètre. Je dépose un léger baiser sur sa tempe alors qu’elle enfonce ses ongles dans mes biceps. Je reste immobile quelques instants le temps qu’elle s’habitue à ma présence.
- Bordel, je jure les lèvres toujours collées à son front.
Je la vois tressaillir alors que je commence un nouveau mouvement, ayant pour effet une nouvelle pause.
- Est-ce que ça fait mal ?
Elle secoue la tête de droite à gauche et attire mon visage pour le couvrir de baisers. Après avoir eu son accord, je glisse en elle et toute mon existence est remise en question. Je ne pense plus à rien mis à part la sensation, la pression autour de ma queue, son regard brûlant alors qu’elle halète sous moi. Dès que je me retire, elle m’entoure de ses jambes me forçant à revenir plus fortement en elle. Je gémis dans son cou, en continuant les va-et-vient et je progresse en allant plus loin à chaque poussée. Elle est toujours aussi serrée autour de moi que c’est difficile de me contenir. Je pensais que la difficulté était présente mais maintenant qu’elle commence à bouger sous moi, je vois des étoiles. Je ne veux jamais m’arrêter, nos respirations sont entrecoupées, sa main s’accroche à mon dos me griffant sur son passage. Je glisse ma main entre nous et appuie sur son clitoris pour augmenter le plaisir et dépasser la douleur.
Je la sens se contracter une nouvelle fois sous moi :
- Owen…
La sueur perle entre nous deux, alors que je m’enfonce en elle, encore et encore tout en continuant d’appuyer sur son point précis. Ce n’est que lorsque je sens qu’elle s’embrase sous moi, m’encourageant à aller plus vite, plus fort, plus doucement. Je laisse mon front tomber sur le sien tout en gémissant. La vague de plaisir la submerge alors qu’elle gémit une dernière fois en prononçant mon prénom. C’est le son le plus merveilleux que je n’ai jamais entendu. Elle me serre encore plus fort et c’est ma fin. Elle m’emporte en même temps, une dernière poussée et mon coeur explose alors que je jouis en gémissant son nom.