« Comment va le commerce entre temps Riton ? Cette grosse cargaison de fromage pour ce vagabond là... Mmmh Comment s'appelle t-il déjà ? Le balaise avec une barbe rousse et des petites lunettes ? »
« Robart .»
« Ah oui c'est vrai ! Robart tête de lard. Incroyable ce mec, il t'achète de tout et te vend de tout, mais tu ne peux absolument pas discuter du prix. C'est lui qui décide à combien il achète et à combien il vend. Je l'ai déjà vu refuser une caisse de Fleurs de Mal de Don et de Papa parce qu'il trouvait le prix trop bas, alors qu'il aurait pu la revendre pour le triple, voir le quadruple en ville. »
« C'est un chic type. Il s'était renseigné au village avant de venir me voir, il savait que j'attendais un gosse alors il m'a apporté une quantité astronomique de peluches, de biberons, de lait lyophilisé, une poussette, des couches, un landau et tout plein d'autres équipements pour me jeter à corps perdu dans la course aux couche-culottes ! » s'écria joyeusement Riton.
« Robart est un drôle de type. » dis-je en sirotant le porto que Théo avait sorti de sa malle à alcool. Après tout, c'est un grand client de nos taverniers. « Il est capable d'augmenter les prix de la marchandise qu'il achète par souci d'équité. Il est très bon marchandeur aussi, mais s'il sent que le type en face est un escroc, il ferme sa bourse et refuse de le revoir, pour toujours. »
« Il ne travaille pas avec les voleurs, qu'il me disait. Et il a même l'habitude de mener sa propre enquête sur le soin que ses vendeurs accordent à leur production. Tu y passes du temps, ton produit est de qualité, il t'en donnera toujours plus.
« J'aime bien ce type, on pourrait l'inviter à boire un coup avec nous un jour. »
« Tu rigoles Riton ! » s'effara Théo. « Il fait la gueule en permanence ; il est tellement protocolaire qu'il serait capable de t'offrir un vin dont la qualité serait calibrée sur la quantité de bonne humeur qu'il ressentirait en ta compagnie ! »