Les rues étaient quasiment désertes. La plupart des Parisiens s’étaient retranchés dans leur appartement. Bérénice, Héloïse et Alexandre se tenaient devant Notre-Dame de Paris. Nordebert et Icare ne se quittaient pas des yeux. De l’immense cathédrale résonna l’orgue.
Tandis que Lysandre patientait toujours au sommet de l’Opéra, que Dimitri construisait l’emblème, Bérénice était aux pieds de la cathédrale, face à un banc.
— Que faisons-nous là ? osa Héloïse après quelques minutes de contemplation.
Bérénice sortit de sa besace la photographie trouvée à l’Opéra et la tendit devant elle pour que chacun puisse la voir. Dessus posait sa mère sur ce même banc, en fond Notre-Dame :
— C’est ma mère…et moi, bébé. Mon père a pris cette photographie alors qu’il était encore ministre des Habiles.
— Oh ! souffla Héloïse. Elle était belle.
— Peu importe. Aide-moi plutôt à résoudre un mystère. « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme », fit-elle en retournant la photographie pour leur montrer l'écriture manuscrite au dos.
— C'est ton père qui a écrit cela ? demanda Héloïse, alors que Nordebert s’allongeait paresseusement sur ses genoux.
— Oui. Cette phrase l'obsédait ! On l'a retrouvé dans le tombeau impérial aux Invalides et de nouveau dans son atelier à Opéra. Une véritable obsession. Pour moi, elle est la clé de tout. Comme un guide, une morale…
— Un proverbe ? proposa Héloïse.
— Ou une devise ? renchérit Alexandre.
— Exactement ! s’exclama Bérénice en se tournant vers lui. Sauf que cette devise est en fait une citation d'un auteur du Moyen Âge. Rabelais.
— Quel est le sens de cette phrase ? demanda Héloïse.
— Rabelais critique le progrès, si celui-ci n'est pas raisonnable, expliqua Alexandre.
— Tu te souviens de ce que disait Gabrielle quand nous étions à la Sorbonne ? reprit Bérénice. Gabrielle est une érudite comme Rabelais. Avec mon père, ils étaient opposés à la création de machines trop puissantes. Imaginez des hommes remplacés par des machines, des armes intelligentes…
— L'Habile n'est pas seulement un artisan. Il est également un philosophe, acquiesça Héloïse.
Prise d'un doute, Bérénice fouilla dans son sac avec hâte. Elle en sortit le cryptex :
— Mais oui ! Suis-je bête ?
Le cryptex n'avait pas pris de coup dans la bataille. Son or étincelait au soleil. Les lettres brillaient et chaque touche d'ivoire continuait sa perpétuelle rotation autour du tube :
— Philosophe ! Là est la clé ! Mon père était admirateur des lettres, fricotait avec tout un tas d'érudits. Alors pour protéger les emblèmes et les Habiles de la folie des puissants, il a inventé le cryptex pour préserver ses découvertes.
— Tu viens de trouver le mot ? s'exclama Héloïse. Parmi une infinie de possibilités ?
Les mains de Bérénice tremblaient d'excitation et de peur :
— C’est toi qui vient de le trouver, Héloïse ! Seul l’Habile qui réfléchit avec sagesse est digne de son métier : « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». L'Habile n'est pas seulement un artisan. Il est également un philosophe. Je reprends tes propres mots.
— Impossible. Philosophe, philosophie…ces mots font bien plus que six lettres.
Réalisant où Bérénice voulait en venir, Alexandre écarquilla les yeux :
— Chez les Grecs, le terme philosophie était composé du mot « philo », c’est-à-dire « aimer » et du mot « sophia », « la sagesse, la connaissance ».
— Le prénom de ma mère. Elle s'appelait Sophie, compléta Bérénice.
— Ce qui fait bien six lettres, ponctua Héloïse en se relevant. Incroyable, tout se tient !
Ils étaient fébriles. Bérénice songea à Dimitri. Elle aurait tant voulu que l'Habile soit à ses côtés, comme il l'avait été depuis des semaines. Bérénice plaça les quatre premières lettres du prénom de sa mère :
— Et si on se trompait ? On rate une chance inespérée de découvrir les idées de mon père. Ses connaissances seront perdues à jamais, détruites par le venin caché dans le cryptex.
Héloïse posa un bras réconfortant sur les épaules de Bérénice :
— Tu ne peux pas rester à jamais dans le doute et tu es celle qui le connait le mieux ! Personne ne peut le découvrir, sauf toi. Tu as usé tout ton vocabulaire, cherché tous les mots qui existaient... Si tu te trompes, c'est que les secrets de ton père devaient rester enfouis.
Bérénice inspira et délicatement fit glisser les dernières lettres pour former une ligne parfaite.
Sophie.
Un déclic et Bérénice leva un regard paniqué vers Icare. Rien ne s'ouvrait, le poison se déversait !
— Non ! s’écria-t-elle.
Icare, paniqué, cognait son corps contre la tête de Bérénice.
— Bérénice ! Regarde !
Bérénice secoua la tête, mais elle se rendit compte que Héloïse pointait du doigt une extrémité du cryptex tombée à terre.
Les cloches de Notre-Dame sonnèrent les neuf heures du matin. Il fallut quelques instants pour que Bérénice réalise vraiment :
— Le cryptex est ouvert, chuchota-t-elle, sans réellement y croire.
— Tu as réussi ! Regarde vite !
Bérénice secoua le cryptex, jusqu'à ce que tombe dans sa main un morceau de papier. Elle reconnut immédiatement l'écriture de son père et sa signature.
— C'est un poème, soupira-t-elle déçue. Encore et toujours des énigmes. C'est sans fin !
— Chut, fit Héloïse.
Tous les trois lurent :
Il avance dans la ville, l’Inventeur
Tantôt Auguste, il admire ses artifices
Tantôt, las, il fait le compte de ses erreurs.
Ses yeux s’élèvent vers le ciel,
Et il chavire : Trop de doutes, trop de fiel.
Soudain, il la reconnaît
Et s’élance. Sa Dame
Celle pour qui jamais son amour ne fane
De sa haute fenêtre
Elle veille sur ses secrets
Qui jamais ne quittent son refuge de fer.
Bérénice gronda de colère contre son père, retenant des jurons :
— Un poème. Mon père nous laisse un poème !
— Qui est très beau, mais je n'y comprends rien. C'est un poème d'amour pour ta mère ? proposa Héloïse. Je suis désolée, mais j'ai beau écrire à longueur de journée, je ne comprends pas grand-chose aux déclarations de ce genre. Ce n’est pas moi la romantique des deux.
Alexandre fronça les sourcils dans la direction d’Héloïse. Sans parler, il se dirigea vers les quais où se trouvaient les bouquinistes. En échange de quelques sous, il obtint de l'un d’eux une plume et de l'encre :
— Qu'est-ce qu'il fait ? chuchota Bérénice à Héloïse qui haussa les épaules.
Alexandre revint vers elles et s'accroupit maladroitement sur le sol. Sortant plume, buvard et encre, il demanda à Bérénice :
— Je peux écrire sur le poème ?
Elle hésita, puis acquiesça. Après tout, qu'avait-elle à perdre ?
Alexandre expliqua :
— Bérénice, ce poème n'est pas une déclaration d'amour. C'est un message.
Héloïse et Bérénice s'assirent sur le sol à ses côtés. Alexandre entoura les expressions « inventeur, il fait le compte de ses erreurs », « Dame », « refuge » et « fer ».
— « Dame » et « fer », qu’est-ce qu’évoquent ces mots, pour vous ? les interrogea Alexandre.
— La Dame de fer ! Mon père parle de la Tour Eiffel ?
— Exactement, reprit Alexandre. Certains mots sont liés. Si on réfléchit…lorsqu'il parle « d'Inventeur qui fait le compte de ses erreurs », n'évoque-t-il pas toujours la même chose ? Dans ce poème, l'Inventeur est l’Habile. Et la Dame de fer, c'est-à-dire la Tour Eiffel devient son refuge ! De quel inventeur pourrait-elle être le refuge ?
Tous trois se regardèrent incrédules. Bérénice sentit un mal de tête poindre, mais se replongea dans l’étude du poème. Elle attrapa la plume d'Alexandre et écrit sur le dos de la feuille :
Auguste
Gustave
— Le mot « Auguste » signifie « fier » dans le poème. Mais il peut aussi désigner le prénom…! C’est une anagramme ! L’inventeur de la Tour Eiffel, ne s’appelle pas Auguste, mais Gustave ! Gustave Eiffel !
— A l'origine la lettre « U » n'existait pas en latin. On utilisait le « V », ajouta Alexandre.
— Et pour expliquer le refuge, une idée ? s’enquit Héloïse.
Bérénice réfléchit encore, jetant autour d'elle des regards avides. Une réponse, il lui fallait une réponse ! Les bouquinistes les surveillaient. Soudain les cloches de Notre-Dame sonnèrent de nouveau. Bérénice releva la tête vers le sommet de la cathédrale, refuge des malheureux.
Elle se releva, les yeux rivés vers le clocher et récita, pensive :
— De sa haute fenêtre, elle veille sur ses secrets… De sa haute fenêtre, elle veille sur ses secrets… De sa haute fenêtre, elle veille sur ses secrets…
Elle se retourna et s'exclama :
— Et si l'Inventeur du poème avait caché son secret au sommet de la Tour Eiffel ? Tout se tient ! Il l'aurait mis tout en haut, le protégeant…
— En attendant que tu viennes récupérer son héritage ? C'est possible ! Il faut aller vérifier !
Bérénice s’amusa de l’enthousiasme d’Alexandre. Ils se précipitèrent vers l'aérotilus. Héloïse s'arrêta et s'exclama :
— Dites-moi ! Vous êtes au courant qu'au sommet de la Tour Eiffel, Gustave Eiffel a construit un appartement secret dans lequel il se réfugiait ?
— En rendant la Tour Eiffel mobile, mon père aurait découvert cet appartement et l'aurait utilisé à ses fins ? Allons-y ! Il faut la trouver le plus rapidement possible !
Tandis qu'Alexandre prenait les commandes de l'aérotilus, Bérénice accueillit Icare dans le creux de ses mains et lui chuchota :
— Je sais que tu n'aimes pas cela, mais tu vas devoir jouer au pigeon voyageur…Je vais te donner un papier. Transmets-le à Dimitri. Il doit nous retrouver au sommet de la Tour Eiffel.
Icare pencha la tête, fâché. Bérénice écrivit le mot et il s'envola. Pendant ce temps, Alexandre et Héloïse naviguaient à travers les rues parisiennes à la recherche du monument. Ils traversèrent les grandes avenues :
— Elle a tendance à plutôt trainer vers l’Ouest ! proposa Alexandre.
— Regardez là-bas !
Héloïse pointa du doigt l’exposition universelle. La Tour Eiffel se situait à sa place originelle, devant le Trocadéro. Alexandre s’approcha des portes et ils abandonnèrent le véhicule sur le bas-côté. S’ils pénétraient dans l’enceinte de l’exposition avec un aérotilus, ils seraient immédiatement repérés.
— Je suis Héloïse Lépine, la fille d’Octave Lépine.
Héloïse poussa Alexandre et Bérénice sans un regard pour les contrôleurs. Ils progressèrent au rythme d’Alexandre. Bérénice retenait sa frustration. Plus, ils se rapprochaient de la Tour Eiffel, plus elle bouillonnait.
— Je vous attends ici, haleta Alexandre. Je ne ferai pas un pas de plus. Je suis trop fatigué et je vous ralentis.
— Mais Alexandre ! nia Héloïse.
— Non, c’est ridicule ! Je ne pourrais même pas gravir ces escaliers. Je guetterai Dimitri Coeurderoy !
Prenant appui sur un pied, Héloïse se hissa à sa hauteur et l’embrassa avec passion. Alexandre, aussi raide et figé qu’un piquet, écarquilla les yeux. Bérénice se détourna. Elle n’aurait jamais osé un geste pareil en public.
— Nordebert, reste aux côtés d’Alexandre. Allez, viens, Bérénice ! reprit Héloïse en attrapant la main de Bérénice et l’entrainant vers les escaliers de la Tour Eiffel, le sourire aux lèvres.
— Le pauvre. Tu es cruel, Héloïse, sourit Bérénice. Prête pour l’ascension ?
Elles couraient dans les escaliers, gravissant les premières marches avec enthousiasme. Bientôt, elles ralentirent, essoufflées. Elles atteignirent le premier étage avec difficulté, les poumons en feu.
— Il faut faire une pause, demanda Héloïse.
— Impossible, reprit Bérénice. On ralentit, mais il faut arriver au dernier étage rapidement. On est encore très loin du sommet. A quelle hauteur est ce troisième étage ?
— 276 mètres, mesdemoiselles, fit un policier en se retournant, les saluant de sa casquette.
Elles se redressèrent, lui sourirent avec gêne et reprirent leur course en le dépassant. Bérénice n’osait pas regarder vers le sol. Chaque marche l’en éloignait un peu plus. Au bout d’une demi-heure, elles parvinrent au second étage.
Cette fois, elles s’assirent, reprenant leur souffle. Bérénice se pencha vers le sol et eut le tournis :
— La Conciergerie, les courses-poursuites, tout cela n’est rien à côté du vide.
— Et pourtant, tu fonces toujours. On y retourne ?
A partir de cet étage, l’ascension fut une véritable épreuve pour Bérénice. L’escalier était bien plus petit et soumis au vent. La très fine rambarde ne constituait qu’une mince protection entre le vide et les deux jeunes femmes.
Bérénice gravit la distance entre le deuxième et le troisième étage en fermant les yeux la plupart du temps.
— Bérénice ! C’est bon, on y est !
Bérénice ouvrit les yeux. Aucun visiteur à l’horizon. A quelques mètres d’elles, se trouvait bel et bien un appartement.
— Gustave Eiffel l’a construit pour en faire son havre de paix et un laboratoire. Bérénice, c’est fermé ! reprit Héloïse en secouant la poignée de la porte sans succès.
— Attends, s’exclama Bérénice, reprenant ses émotions.
Elle déchira sa robe, enroula le tissu autour de son coude pour le protéger et donna un grand coup dans la fenêtre.
— Aide-moi à passer à travers, reprit-elle en nettoyant les débris de verre.
Bérénice se hissa à travers la fenêtre et retomba dans un grand fracas dans l’appartement.
— Alors ! Qu’est-ce que tu vois ?
Bérénice se releva, épousseta sa robe et jeta un regard autour d’elle :
— Un salon. Chaque mur est recouvert de livres ! Des tables, un salon de thé… Un bureau. Des cartes, éprouvettes, verres à pied, mortier…
— Regarde dans le bureau.
Bérénice se précipita vers le bureau, tira les différents tiroirs pour n’y trouver que de la paperasse sans intérêt. Mains sur les hanches pour reprendre son souffle, elle analysa la pièce, opérant un tour sur elle-même. Elle souleva chaque tableau, chaque coussin, les tapis. Sur la pointe des pieds, Héloïse la surveillait de la fenêtre.
— « De sa haute fenêtre…Elle veille sur ses secrets…Qui jamais ne quittent son refuge de fer », récitait Bérénice. La fenêtre c’est bon. Elle veille sur ses secrets. Le refuge de fer, c’est la structure métalli…
Bérénice se tourna vers Héloïse. De l’intérieur, au-dessus de la fenêtre même, un livre était gravé de deux lettres entrelacées : « A.S. »
— Antoine Savary, murmura Bérénice.
Elle attrapa une chaise et se hissa à hauteur de la bibliothèque.
— Qu’est-ce qu’il y a ? Je ne vois rien ! Explique-moi ! s’époumona Héloïse.
Bérénice attrapa le livre. Elle fut étonnée par sa légèreté et descendit alors qu’Icare frôlait le visage d’Héloïse pour percuter Bérénice.
Cette dernière vacilla, mais l’accueillit avec joie :
— Dis donc toi ! Un peu de douceur ! Tu as pu prévenir Dimitri ? Il arrive ?
— Je suis là ! retentit la voix de Dimitri. Vous avez cassé la fenêtre ? Mais j’ai la clé !
La porte de l’appartement de Gustave Eiffel s’ouvrit en même temps que le livre aux initiales d’Antoine Savary.
Tous restèrent coi. Le livre était en fait une boite dans laquelle reposait la plus grosse pierre précieuse jamais vue. Dimitri fronça les sourcils avec surprise, Héloïse porta la main à son cou et demanda :
— Est-ce une pierre diorite spéciale ?
— Non, non. la coupa avec précipitation Bérénice. Je crois que c’est le Diamant bleu de la couronne.
— Tu le connais ? s’étonna Héloïse.
— Je crois, répéta Bérénice en attrapant d’une main fébrile le diamant qui faisait environ trois centimètres de longueur sur deux de hauteur.
Il pesait lourd, brillait d’un éclat qu’aucun autre diamant n’aurait pu reproduire.
— Expliquez-nous Bérénice, ajouta Dimitri en s’approchant.
— Le diamant bleu est la pierre la plus rare et précieuse au monde. Cette pierre…a été découverte en Inde et offerte à Louis XIV au XVII° siècle. Une pièce remarquable, continua-t-elle en faisant tournoyer le diamant. Taillé sans défaut ! Vous savez qu’il a fallu plus de deux ans pour obtenir des facettes aussi parfaites ?
— Bérénice ! Tu t’égares ! s’exclama Héloïse.
— Ah, oui. Mille excuses. Il a disparu en pleine révolution, il y a plus d’un siècle. Mais, peut-être que je me trompe…Ce serait si incroyable…
— Je me demande…Je crois savoir à quel usage cette pierre était destinée, souffla Dimitri.
Gravé finement, le nom Coeurderoy se devinait sur une des facettes.
Avant de voir les commentaires, j’avais oublié la guerre. C’est vrai qu’il y a eu le week-end entre ma lecture du précédent chapitre et mon arrivée sur celui-ci. Alors c’est effectivement étrange que nos protagonistes puissent venir tranquillement à Notre-Dame, ouvrir le cryptex devant l’église, se procurer du matériel chez un bouquiniste et résoudre les énigmes, tout ça dans la plus grande tranquillité, puis voyager sans encombre jusqu’à la tour Eiffel. Peut-être que tu pourrais modifier un peu l’ordre des événements ?
Coquilles et remarques :
Il y a 6 fois « reprit » comme verbe d’incise.
— Une fois pour tout le chapitre : la tour Eiffel (minuscule à « tour »).
— De l’immense cathédrale résonna l’orgue. [Dans l’immense cathédrale.]
— Bérénice était aux pieds de la cathédrale, face à un banc [au pied ; au singulier pour un édifice, au pluriel pour une personne]
— Que faisons-nous là ? osa Héloïse après quelques minutes de contemplation. [« Oser » n’est pas un verbe de parole ; je propose « hasarda », « demanda » ou « s’enquit ».]
— Dessus posait sa mère sur ce même banc, en fond Notre-Dame [« avec Notre-Dame en fond », peut-être ?]
— C’est ma mère…et moi, bébé. [Je ne mettrais pas de virgule avant « bébé » parce qu’on dirait qu’elle s’adresse à quelqu’un en l’appelant « bébé ».]
— C'est ton père qui a écrit cela ? demanda Héloïse, alors que Nordebert s’allongeait paresseusement sur ses genoux. [À quel moment se sont-elles assises ?]
— Oui. Cette phrase l'obsédait ! On l'a retrouvé dans le tombeau impérial [retrouvée]
— L'Habile n'est pas seulement un artisan. Il est également un philosophe, acquiesça Héloïse. [Je trouve étrange d’employer le verbe « acquiescer » dans ce contexte ; je propose « expliqua » ou « développa ».]
— Mais oui ! Suis-je bête ? [Elle pose vraiment la question ? Ne serait-ce pas plutôt « Suis-je bête ! »?]
— Tu viens de trouver le mot ? s'exclama Héloïse. Parmi une infinie de possibilités ? [une infinité de possibilités]
— C’est toi qui vient de le trouver, Héloïse ! [toi qui viens]
— Réalisant où Bérénice voulait en venir, Alexandre écarquilla les yeux [« Comprenant » plutôt que « Réalisant ».]
— Tu as usé tout ton vocabulaire, cherché tous les mots qui existaient... [« usé de tout ton vocabulaire » ou « utilisé tout ton vocabulaire » ]
— mais elle se rendit compte que Héloïse pointait du doigt [qu’Héloïse]
— Les cloches de Notre-Dame sonnèrent les neuf heures du matin [sonnèrent neuf heures]
— Il fallut quelques instants pour que Bérénice réalise vraiment [« prenne vraiment conscience de ce qui venait d’arriver » ou « de se passer » ; « réaliser » n’est pas un verbe de parole et il ne convient ni aux incises ni aux phrases qui introduisent directement une réplique de dialogue]
— C'est un poème, soupira-t-elle déçue. [Virgule avant « déçue ».]
— Tantôt Auguste, il admire ses artifices [Faut-il vraiment mettre la majuscule ? Est-ce une façon de les mettre sur la voie ?]
— Et il chavire : Trop de doutes, trop de fiel. [Il faudrait mettre un point suivi d’une majuscule ou deux points suivis d’une minuscule.]
— « Dame » et « fer », qu’est-ce qu’évoquent ces mots, pour vous ? les interrogea Alexandre. [Il ne faut pas mettre de COD dans une incise ; « interrogea Alexandre ».]
— Bérénice sentit un mal de tête poindre [Je dirais « sentit poindre un mal de tête ».]
— Elle attrapa la plume d'Alexandre et écrit sur le dos de la feuille [écrivit]
— A l'origine la lettre « U » n'existait pas en latin. [Virgule après « À l'origine » (avec un « À »).]
— Il l'aurait mis tout en haut, le protégeant… [À l’oral, ce participe présent n’est pas naturel ; je propose « pour le protéger » (sans la virgule).]
— Elle a tendance à plutôt trainer vers l’Ouest ! proposa Alexandre [vers l’ouest ; ici, c’est une direction, pas une région]
— Bérénice retenait sa frustration. Plus, ils se rapprochaient de la Tour Eiffel, plus elle bouillonnait. [Pourquoi de la frustration plutôt que de la hâte, de l’impatience ? / Pas de virgule après « Plus ».]
— Mais Alexandre ! nia Héloïse. [Elle ne nie rien. Je propose « protesta ».]
— Le pauvre. Tu es cruel, Héloïse, sourit Bérénice [Point d’exclamation après « Le pauvre » / cruelle / « sourire » n’est ni un verbe de parole ni un verbe auquel se superpose l’idée de parole ; je propose « reprocha Bérénice en souriant ».]
— Il faut faire une pause, demanda Héloïse. [Il vaut mieux garder le verbe « demander » pour les questions. Je propose « suggéra » ou « réclama » ; si elle semble supplier, « supplia », « quêta », quémanda ».]
— Impossible, reprit Bérénice. / A quelle hauteur est ce troisième étage ? [Ici, le verbe « reprit » ne convient pas ; je propose « répliqua ». / À.]
— A partir de cet étage, l’ascension fut une véritable épreuve [À]
— A quelques mètres d’elles, se trouvait bel et bien un appartement. [À / pas de virgule avant « se trouvait » ; il y a inversion du sujet.]
— Attends, s’exclama Bérénice, reprenant ses émotions [« reprenant ses esprits » ou « réprimant ses émotions », « retenant ses émotions »]
— Aide-moi à passer à travers, reprit-elle [Là non plus, « reprit » ne convient pas ; je propose simplement « dit-elle » ou « lui dicta-t-elle », « lui enjoignit-elle ».]
— Des cartes, éprouvettes, verres à pied, mortier… [Il faudrait mettre tous les déterminants ; des éprouvettes, des verres à pied, un mortier…]
— Bérénice se précipita vers le bureau, tira les différents tiroirs pour n’y trouver que de la paperasse [Répétition « tira/tiroirs » ; je propose « ouvrit », « remua » ou « actionna ».]
— La fenêtre c’est bon. Elle veille sur ses secrets. [Virgule après « La fenêtre ».]
— De l’intérieur, au-dessus de la fenêtre même [Instinctivement , je dirais « À l’intérieur », mais j’ai l’impression tu veux exprimer quelque chose de plus compliqué. De toute façon, « De l’intérieur » sans autre précision ne convient pas.
— Dis donc toi ! Un peu de douceur ! [Virgule avant « toi ».]
— Je suis là ! retentit la voix de Dimitri. [Le verbe « retentir » ne convient pas pour une incise. Je propose « dit », « fit », « s’écria », « annonça »...]
— Tous restèrent coi [cois]
— Non, non. la coupa avec précipitation Bérénice. [Non, non, coupa Bérénice avec précipitation.]
Petit détail : je m'interrogeais également sur l'ascension de la Tour Eiffel qui me semblait un peu longue. En tout cas au niveau des sensations, je me suis revue grimper moi-même il y a des années avec ce vertige qu'éprouve Bérénice. Tu le rends très bien dans ton écriture.
Autre petit détail histoire de chipoter : Alexandre va chercher de quoi écrire auprès d'un bouquiniste. Mais si Paris est en guerre, je vois mal comment les bouquinistes pourraient tranquillement laisser leur boutique/stand ouvert. Les gens de se terrent-ils pas chez eux ? Ou ne rejoignent-ils l'un des camps ?
Allez, je continue :D
On découvre donc, si j’ai bien compris, le diamant qui doit servir à animer l’emblème des coeurderoy ?
Détails
De l’immense cathédrale résonna l’orgue : depuis ? dans ? ce « de » ne va pas ici.
en fond Notre-Dame : avec pour fond Notre Dame ? avec Notre Dame en fond ?
Parmi une infinie de possibilités ?: une infinité ?
C’est toi qui vient de le trouver, Héloïse ! viens (2eme personne)
Au bout d’une demi-heure, elles parvinrent au second étage : alors là, c’est quand même bien long pour monter au second étage de la tour, si on reste sur les proportions réelles.
De l’intérieur, au-dessus de la fenêtre même, un livre était gravé de deux lettres entrelacées : je ne comprends pas ce « de l’intérieur ». A l’intérieur ?
Tous restèrent coi : cois
Juste une petite incohérence : au tout début, tu dis que Nordebert s'installe sur les genoux d'Héloïse, mais tu ne dis pas qu'ils sont assis sur le banx, tu dis qu'ils sont en face. Ce n'est qu'en détail. Et j'ai repéré aussi "cruel" au lieu de "cruelle', quand B dit à Héloïse qu'elle est cruelle après son baiser.
A quand la suite !! =D