Chapitre 35 : L'ordre établi
Flore
La pénombre baignait la chambre des princes. Les rideaux avaient été tirés sur le premier jour chaud du printemps pour préserver la fraîcheur.
– Trouvez-vous quelque chose ? demanda Flore.
– Pas encore, répondit Renaude. Mes connaissances, bien que méritoires pour une profane, sont bien modestes pour mettre celles d’un guérisseur en défaut. Même s’il s’avère médiocre. Je savais que mes recherches seraient longues.
Assise très droite dans son fauteuil, la nourrice lisait un traité de médecine, les sourcils froncés par la concentration. Elle avait dit à Flore que l’état de Themerid lui donnait de plus en plus de doutes sur les compétences d’Iselmar — elle pressentait depuis longtemps que sa place au château était usurpée —, mais aussi sur son honnêteté. La vieille nourrice cherchait la preuve qu’il n’avait pas tout tenté pour réveiller le prince.
Flore soupira, puis rouvrit son livre en tapotant le sol du pied. Elle relut le même paragraphe sans s’en apercevoir. Elle avait beau se savoir en danger si elle sortait, l’enfermement lui pesait. Pour la vingtième fois en une heure, elle se leva, écarta une tenture pour se poster devant la fenêtre et observa les rues animées de la ville. Elle ne parvenait pas à en vouloir aux habitants de Terce, malgré les cris de joie autour des bouchevreux exécutés. La peur de la mange-pensée était si ancrée dans les esprits qu’on pouvait les comprendre. Ou du moins, essayer. Seuls ceux qui avaient ordonné la chasse étaient coupables. Depuis, d’autres pendaisons avaient eu lieu, on avait exposé les corps de la même manière, mais déjà l’enthousiasme se refroidissait. D’autant qu’il se murmurait que les condamnés n’étaient pas tous des bouchevreux.
Le jeune valet qui lui avait indiqué le passage vers l’extérieur lui rapportait chaque jour des nouvelles. Johan avait dix-huit ans. Elle avait adopté avec lui une attitude neutre pour lui faire comprendre qu’il n’obtiendrait rien d’elle, mais le jeune homme ne s’était pas éloigné pour autant. Il lui avait raconté qu’il avait vu une vieille femme hurler devant un des pendus que c’était son fils et que son seul tort était d’avoir les yeux clairs. Des pélégris avaient fendu la foule pour emmener la femme qui se débattait comme une folle. La scène avait marqué les esprits de tous ceux qui y avaient assisté.
Masquée par le rideau, la jeune fille entendit s’ouvrir la porte de la pièce.
– Madame, salua la voix de Johan. Demoiselle Flore n’est pas là ? Sa sœur la demande dans leurs appartements.
Flore se montra en lui souriant. Un coup d’œil surpris de Renaude lui fit réaliser que son comportement avec le jeune valet devait sembler inapproprié.
– J’ai entendu, merci, dit-elle en se reprenant. Je la rejoins tout de suite.
Alors que la nourrice replongeait dans sa lecture, Johan leva le visage vers le plafond. Flore hocha discrètement la tête. Elle patienta quelques instants après qu’il fut sorti, puis quitta la pièce à son tour. Johan l’attendait en haut de la tour de la lune, à l’étage de la chambre de Maître Elric, à présent inoccupé.
– Demoiselle, dit le jeune homme en la voyant surgir de l’escalier, je craignais que vous soyez dehors. Les crieurs ont annoncé partout que les femmes n’étaient plus autorisées à se promener seules. Si vous sortez du château, vous serez arrêtée aussitôt !
La nouvelle frappa Flore comme un coup à l’estomac.
– Mais... pourquoi ? souffla-t-elle. Pourquoi les femmes ? Qu’est-ce que ça veut dire ?
Johan écarta les mains en signe d’impuissance. Il paraissait très gêné d’être le messager de cette nouvelle. La jeune fille serra les bras autour d’elle. Elle se sentait nue, indécente.
– Merci Johan, murmura-t-elle en tournant les talons.
Elle dévala les marches et gagna les appartements qu’elle partageait avec Elvire. Celle-ci consultait un énorme volume relié de cuir brun ouvert sur la table à laquelle elle était assise.
– Flore, s’exclama-t-elle lorsque sa sœur fit irruption dans la chambre. Regarde, je suis allée aux archives. Sais-tu qui m’a accueillie ? Notre ancien maître d’étude ! J’ai posé des questions sur la Loi Régalienne, puisque Maître Elric pensait que l’explication de l’enlèvement de Venzald s’y trouvait. L’archiviste m’a permis d’emprunter l’un des exemplaires.
Dans son excitation, elle n’avait pas remarqué l’abattement de Flore qui considéra les pages d’un regard éteint et se laissa tomber sur son lit.
– Qu’y a-t-il ? Ça ne va pas ?
– Les femmes n’ont plus le droit de sortir seules.
– Quoi ? Comment le sais-tu ?
– C’est Johan, le valet dont je t’ai parlé, qui me l’a dit. Il y a eu un décret.
Elvire la dévisageait, bouche bée, les yeux écarquillés par l’étonnement, comme si elle s’efforçait sans succès de comprendre les paroles de sa sœur.
– Pour nous qui sommes bouclées ici, ça ne changera pas grand-chose, tout compte fait... lâcha Flore, pourtant consciente que ça ne la consolerait en rien.
– C’est ignoble, souffla enfin la cadette. Et le pire c’est que la plupart des hommes vont se réjouir. Comme pour les bouchevreux.
– Je n’en reviens pas.
– Et bien moi je ne suis pas surprise, affirma Elvire dont la bouche avait pris un pli rageur. Jusqu’ici, il n’y avait aucune loi qui donnait moins de droits aux femmes qu’aux hommes, il me semble. Pourtant, c’est bien le cas dans la réalité. La différence a toujours existé, bien qu’elle n’ait été inscrite nulle part. Le bon Einold n’y a rien changé. Ni même la reine Blanche ! Au moins, ce qui se passe aujourd’hui éclaircit les choses : nos droits sont moindres, tout comme notre valeur !
Cette colère animait apparemment Elvire depuis longtemps. Les deux sœurs n’avaient jamais évoqué ce sujet ensemble et si Flore se souvenait vaguement d’une conversation houleuse à Arc-Ansange, elle découvrait sa cadette sous un autre aspect.
– As-tu déjà eu l’impression d’être lésée ? demanda Flore.
– Toute ma vie, répondit Elvire dans un murmure. J’ai toujours senti que Père aurait voulu un fils. Je voyais la façon dont il observait les jumeaux. Avec envie. Dès que j’ai compris ça, je me suis efforcée de montrer que j’étais meilleure en tout point : à la course, à la chasse. Que je savais grimper plus haut, soulever des poids plus lourds. Mais son regard ne changeait pas. Il était content de moi, mais je restais... une fille.
Elvire, toujours si fière, si pugnace, brave et courageuse, si dure avec elle-même... et avec les princes. Flore en fut désolée.
– Oh, Elvire... es-tu sûre de ne pas te méprendre ? Père avait la responsabilité des jumeaux, il les regardait...
Elle s’interrompit en entendant frapper. Elle se dirigea vers l’antichambre pour ouvrir la porte de l’appartement sur un garde royal. Le visage rond et couperosé du soldat se tordait d’un tel embarras qu’il aurait paru comique si sa présence inhabituelle ne laissait présager une mauvaise nouvelle. Il tenait à la main un sac de grosse toile.
– Demoiselle, salua-t-il, la gorge nouée. Je dois entrer, par ordre du grand prévôt.
– Dans nos appartements ? Pour quoi faire ? demanda Elvire qui les avait rejoints.
L’homme se dandina d’un pied sur l’autre, puis finit par s’avancer vers une console où plusieurs manuscrits étaient empilés, à côté des courriers de leur mère.
– Je dois emporter tous les livres et tous les parchemins, dit-il très vite en mettant les ouvrages et les lettres dans son sac. Les femmes n’ont plus le droit de lire ni d’écrire.
***
Abzal
Pour la première fois depuis des lunes, le régent avait rassemblé le Conseil Magistral. Les gouverneurs et les ministres profitaient de cette instance pour exprimer leurs doléances, comme ils l’avaient toujours fait sous le règne d’Einold. Or, après la période qui venait de s’écouler, où ils s’étaient vus imposer la présence du Haut-Savoir et nombre de décrets, ils avaient beaucoup à dire. La séance n’était pas officiellement ouverte que la plus grande confusion régnait déjà, au grand dam du clerc qui priait en vain les participants de s’asseoir.
– L’individu que vous m’imposez comme prévôt est insupportable, entendait-on.
– Les arrestations de bouchevreux sont expéditives et le peuple crie à l’injustice !
– Pourquoi ce couvre-feu ? C’est mauvais pour le commerce !
– Où est passé Conrad de Bran ?
– Et cette histoire de livres ? Quelle aberration ! Mes journées se sont transformées en interminables défilés de plaintes ! Les artisans, les fermiers... même les femmes de mes conseillers viennent pleurer dans mes bouffetins !
– Seigneur Abzal ! Nous allons droit à la révolte !
Le régent écoutait en silence, le visage figé en un masque d’indifférence qui redoublait la colère des gouverneurs mécontents. À ses côtés, sa figure de fouine rougi par l’indignation, Bréol s’agitait pour ramener calme et discipline, avec aussi peu de succès que le vieux greffier. Le regard d’Abzal tomba sur Godmert de Hénan. Il s’était épargné la peine de se lever pour joindre ses récriminations à celles des autres gouverneurs — ce qui surprenait quand on connaissait son caractère emporté —, mais la colère s’affichait clairement sur ses traits. Il scrutait Abzal comme s’il le mettait au défi de rétablir l’ordre, autant dans l’assemblée que dans le royaume. Le régent détourna les yeux.
Il se leva et, tirant son épée, en frappa la table devant lui. Le fracas métallique interrompit les conversations et lui gagna l’attention générale. Il rengaina sa lame tandis que l’air tintait encore.
– Messieurs, Madame, vous vous êtes mépris sur le but de cette séance, lança-t-il d’une voix forte. Je ne vous ai pas rassemblés pour vous entendre geindre, mais pour m’assurer que toutes les provinces suivaient bien la voie indiquée. Vous pouvez donc vous asseoir et écouter.
Quelques hoquets indignés résonnèrent, mais tous les participants obéirent. Abzal hocha la tête vers Bréol, puis s’enfonça dans son siège.
– Les livres peuvent s’avérer dangereux pour qui n’en est pas digne, lança le grand prévôt en lissant les plis de sa veste vert foncé. Les confiscations vont s’accélérer. Bien entendu, il y aura des protestations, en particulier parmi les quelques lettrés qui ne font pas partie de la noblesse. Nous comptons sur vous pour leur faire comprendre les choses.
– Et nos épouses, nos filles ? s’exclama le seigneur de Galéjou.
– Et moi ? interrogea soudain la voix d’alto de la gouverneure d’Avrin.
La plupart des regards se tournèrent vers elle, gênés et surpris. Aucun des hommes de l’assemblée n’avait envisagé son cas particulier.
– J’ai considéré jusqu’ici que je pouvais bénéficier d’une dérogation à votre stupide décret, étant donné ma fonction, poursuivit-elle en se levant. Mais l’animal qui me sert à présent de prévôt revient sans cesse à la charge et meurt d’envie de m’empêcher de lire et de tenir une plume. J’aimerais que cette question soit officiellement réglée.
Abzal fixa le mur en face de lui et s’abstint de répondre.
– Justement, Madame, dit Bréol en la dévisageant avec mépris, c’est une bonne chose que vous souleviez ce sujet. Il n’y aura aucune exception à l’application du décret. Il devient donc évident que vous n’êtes plus en mesure d’assurer les attributions de votre charge. Aussi le régent a-t-il décidé de vous en destituer. De toute façon, la place d’une femme n’est pas au Conseil ni à la tête d’une province. Nous vous remercions de vous être déplacée, mais veuillez maintenant quitter la salle.
La gouverneure, médusée, chercha le regard d’Abzal. Il en eut mal pour elle, mais confirma l’annonce du grand prévôt d’un hochement de tête et désigna la porte. Le rouge aux joues, la dame se dirigea vers la sortie en tremblant de honte et de rage, accompagnée par les faibles murmures de l’assemblée abasourdie.
– Quant aux bouchevreux, reprit Bréol comme si rien n’avait troublé la conversation, je puis vous assurer qu’il n’y a pas d’erreurs commises. Si certains vous affirment le contraire, charge à vous de les faire taire, comme bon vous semblera. La séance est levée.
Personne ne bougea. Par-dessus la grande table, les participants échangeaient des regards outrés. On les avait convoqués pour cette mascarade ? Cependant, il n’y eut aucune protestation formulée à voix haute. Seul le gouverneur de la province de Kéarn se dressa en prenant appui sur le bois séculaire.
– La séance est levée ? gronda-t-il. Je ne suis pas venu pour me laisser à ce point mener comme un pantin.
Abzal serra les doigts sur les accoudoirs de son fauteuil. Tais-toi, donc, vieille mule, ordonna-t-il intérieurement. Pourtant l’homme continua.
– Je n’ai eu d’autres choix que de céder au chantage devant la misère de mon peuple. Ma province était ravagée par l’épidémie. J’ai calmé mes scrupules en me convainquant que si mes principes étaient bafoués, au moins cela servirait les habitants de Kéarn. Mais depuis, j’ai vu ce que l’Ordre entendait en promettant « tout le blé nécessaire ». Quelques grains, donnés sous conditions ! Juste assez pour que les gens ne meurent pas, mais restent obéissants ! Et maintenant vous nous jetez un à un du Conseil ? Car ça commence avec la gouverneure d’Avrin, mais je jurerais qu’elle ne sera pas la dernière !
À droite du régent, Bréol, cramoisi, crispait les poings. Il ressemblait tant à un vilain garçonnet coléreux qu’Abzal se demanda s’il allait taper du pied. Il détenait pourtant bien plus de pouvoir qu’un enfant.
Tais-toi, vieux fou, tança-t-il encore en pensée.
Comme en écho à ses imprécations muettes, la voix suppliante de Warin d’Erens s’éleva :
– Seigneur, plaida-t-il avec un regard affolé en secouant ses boucles blondes. Calmez-vous, vous allez vous faire... du mal.
Mais tout à sa fureur, le gouverneur de Kéarn ne l’entendit même pas.
– La vérité, clama-t-il en pointant un doigt accusateur sur Abzal, c’est que vous avez vendu le royaume dès que votre frère est mort ! Pour un peu de pouvoir, vous avez livré Cazalyne en pâture à ces chiens. Peu vous importe le joug sous lequel ils nous tiennent, tant que vous occupez le trône que votre naissance vous a refusé ! Pourtant, même si vous n’étiez pas un bâtard, vous n’aurez jamais l’envergure d’un souverain !
La salle resta immobile tandis que l’écho de ses mots se répercutait sous le plafond. À contrecœur, Abzal hocha la tête en direction du grand prévôt. Celui-ci se dirigea vers la porte et laissa entrer deux gardes royaux.
– Arrêtez cet homme pour haute trahison, commanda-t-il. Enfermez-le.
Les deux soldats se dandinèrent d’un pied sur l’autre, incrédules. Puis ils s’exécutèrent en l’absence de contrordre. Le gouverneur se débattit un instant, mais la surprise et l’indignation avaient brisé sa volonté. Il fut finalement emmené presque sans résistance.
– La séance est levée, répéta Abzal.
Cette fois, personne ne prit la parole.
***
Renaude
Renaude contemplait la ville par la fenêtre de la chambre de Themerid. Elle se sentait vieille et épuisée. Le couvre-feu vidait les rues dès la tombée de la nuit, laissant place aux patrouilles de pélégris. Malheur à ceux qui rencontraient ces spectres sans visage au détour d’un mur d’enceinte après le coucher du soleil. Ils étaient arrêtés, enfermés, et s’ils n’étaient pas nobles, on les rudoyait au passage. Les prisons regorgeaient déjà de pauvres imprudents — ou imprudentes — qui avaient caché un livre ou une lettre, qui étaient rentrés trop tard d’une course, ou qui avaient osé critiquer les interdits iniques du nouveau régime.
La nourrice essuya ses yeux humides. Tentant de se recomposer un visage avenant, elle revint vers Elvire.
– Joli choix de couleurs, commenta-t-elle en se penchant sur les mains de la jeune fille. Vous êtes douée.
Elvire soupira bruyamment et laissa tomber la broderie sur son giron.
– Merci, Madame, mais vous savez comme moi que je me fiche des teintes de cet ouvrage. Vous aussi, d’ailleurs. Et si vous affirmiez le contraire, je ne vous croirais pas.
– Moi je ne suis même pas douée, ajouta Flore en agitant son étoffe piquée de points irréguliers. Et je déteste ça ! Déjà à Arc-Ansange, je m’arrangeais pour filer dehors quand Mère suggérait de m’enseigner les travaux d’aiguille.
– Demoiselles, ce que nous endurons est injuste, c’est l’évidence. Pourtant si nous n’occupons pas nos têtes et nos mains, nous allons perdre la raison !
– Je ne le supporterai pas longtemps, souffla Flore, les yeux allumés par la rancœur. Il y a tant à faire dehors ! Des familles meurent de faim parce qu’on les prive de leur travail en leur interdisant d’écrire ! Des femmes sont molestées quand elles sortent de chez elles ! Des malheureux sont pendus, les paupières découpées ! Et nous perdons notre temps à broder ? C’est ça qui me rend folle ! Je préfère encore prendre des risques en empruntant le...
Elle s’interrompit à l’entrée d’Iselmar dont le sourire en coin montrait qu’il avait entendu l’éclat de la jeune fille.
– Bonsoir, Madame, Demoiselles, salua le médecin. Je viens examiner mon patient. Pourriez-vous nous laisser, Demoiselles ?
– Elvire, Père doit être arrivé pour le Conseil de demain, allons l’accueillir.
Elles sortirent en lui jetant des regards noirs.
– Avez-vous remarqué un changement, puisque vous le veillez si bien ? demanda Iselmar à Renaude de son air suffisant, alors qu’il écartait le drap du corps de Themerid.
Celle-ci, aiguillonnée par la colère des jeunes filles et par le mépris affiché du guérisseur, répliqua d’une voix sèche.
– Je sais que vous faites peu de cas de mon opinion, seigneur Iselmar, et que vous ne posez la question que pour me rappeler ma place de femme et de simple nourrice.
Iselmar avait suspendu son geste. Il paraissait si stupéfait que Renaude aurait ri si elle n’avait été si contrariée.
– Pourtant je vais vous donner ma réponse. Oui, j’ai constaté des changements : le dos de ce pauvre petit se couvre de plaies suintantes, continua-t-elle. Il est en train de pourrir sur place parce que vous échouez depuis des lunes à le réveiller ! Soit vos compétences doivent être remises en cause, soit c’est pire !
Le médecin blêmit.
– Pire ? Qu’insinuez-vous ?
– Que vous ne tenez pas tant que ça à guérir ce garçon. Peut-être êtes-vous lié à une personne, ou à une société, qui n’a aucun intérêt à ce qu’il se remette sur pieds ? Et qui avait aussi à gagner dans la mort du roi...
Elle avait lancé ses accusations sous le coup de la colère, sans y croire vraiment. Pourtant le guérisseur rougit lorsqu’il soutint son regard perçant. Renaude s’attendait à une réplique cinglante, comme il en avait le secret, mais il garda le silence. Peut-être avait-elle touché un point sensible.
– Cherchez dans vos souvenirs, suggéra-t-elle pour pousser son avantage. Pourquoi avez-vous étudié la médecine ? Vous rêviez déjà de pouvoir et de richesse ? Ou bien aviez-vous l’espoir de sauver quelques vies ?
Iselmar se troubla encore, baissa les yeux. Quand il la regarda de nouveau, ses traits montraient la peur et la tristesse. Il ouvrit la bouche pour parler, puis se ravisa.
– Je reviendrai plus tard pour m’occuper du prince, déclara-t-il finalement d’une voix dépourvue de toute ironie.
Il sortit de la pièce en laissant Renaude interdite.
Trop bien la confrontation Renaude avec Iselmar, je suis peut-être un de tes seuls lecteurs à avoir un peu d'affection pour le guérisseur. J'ai hâte de voir comment tu vas le faire évoluer mais il y a des choses à faire. Un allié imprévu ? Ca serait génialissime.
Pour le reste, ça devient très très noir. Ce n'est pas du 1984 mais tu vas vraiment loin dans ton idée, c'est ambitieux et je suis curieux de voir comment les gentils vont organiser la lutte.
"mais déjà l’enthousiasme se refroidissait." un naissance de révolte spontanée de certains habitants avant la fin du tome ? une organisation secrète qui s'oppose à l'ordre ? Ce serait si cool^^
"Mais... pourquoi ? souffla-t-elle. Pourquoi les femmes ? Qu’est-ce que ça veut dire ?" on a la même réaction xD
"Et bien moi je ne suis pas surprise, affirma Elvire.." j'aurais vu une tirade plus directe et rentre-dedans au vu du perso^^
"Les femmes n’ont plus le droit de lire ni d’écrire." ouch^^ ça devient grave l'ordre du haut savoir je suis plus que perplexe, qu'est-ce qu'ils veulent vraiment ? Pourquoi s'attaquer aux femmes, entravent-elles leurs projets ? Je les comprend de moins en moins.
Je m'arrache de ma lecture^^
A bientôt !
Quant à savoir comment les "gentils" vont lutter, c'est tout l'objet du t2, ou presque ! Mais d'ici-là, en effet, ça devient assez dark (et j'ai bien peur que ce ne soit pas fini : quelques chapitres du t2 portent des avertissements pour lecteurices sensibles).
Pourquoi les femmes ? Eh bien, comme dit dans ma réponse précédente, l'Ordre croit que chacun à une place et devrait y rester : les femmes, les paysans, les ouvriers... et que la connaissance devrait être réservée à la noblesse (la vraie raison étant que ceux qui détiennent la connaissance détiennent le pouvoir, ce qui a maintes fois été démontré à travers l'histoire, par exemple par l'utilisation du latin par l'église. Pendant le haut Moyen-Age, les femmes non nobles qui lisaient étaient souvent accusées de sorcellerie).
Encore une fois : il faut absolument que je développe la doctrine du Haut-Savoir.
Je note pour la tirade d'Elvire.
Merci encore pour ta lecture et tes commentaires si boostants !
Mais vu la puissance de l’armée de cette organisation, je crois que même une révolution est impossible. La violence et l’injustice ne sont pas les seules choses difficiles à supporter : le désespoir l’est aussi.
Ces situations sans issue où les « gentils » sont piégés par les « méchants » se retrouvent très souvent dans les films d’aventures. Mais en général, ça arrive peu avant la fin de l’histoire. Puis il y a un rebondissement et ils sont sauvés in extremis par la cavalerie ou par un de leurs équipiers qui avait été retenu ailleurs.
On dirait que ce qu’a dit Renaude a touché Iselmar. Mais s’il a peur, c’est mauvais signe.
C’est un peu idiot d’empêcher les gens de lire et d’écrire : comment les commerçants vont-ils tenir leur comptabilité ? Comment va-t-on pouvoir prouver qu’on a acheté un bien ?
Coquilles et remarques :
— Ou du moins, essayer. [Je ne mettrais pas la virgule.]
— Un coup d’œil surpris de Renaude lui fit réaliser que [lui fit comprendre ou remarquer]
— Et bien moi je ne suis pas surprise [Eh bien]
— sa figure de fouine rougi par l’indignation, Bréol s’agitait [rougie]
— Car ça commence avec la gouverneure d’Avrin [ça commence par / pour la « gouverneure », je continue à suggérer « gouverneresse » (trois occurrences, si j’ai bien compté)]
— qui n’a aucun intérêt à ce qu’il se remette sur pieds ? [sur pied]
Tu as raison, les femmes se retrouvent dans une situation très peu enviables, et ce ne sont pas les seules.
Tu as raison aussi sur le fait que la lutte ne pourra probablement pas passer par une opposition armée.
Ah c'est marrant ta remarque sur le fait que d'habitude, les "méchants" sont en position de force juste avant la fin et qu'ils n'ont pas le temps d'instaurer leur régime avant que les "gentils" interviennent. Je n'y avais jamais pensé. Mais je ne crois pas que ce soit vrai. Regarde dans Harry Potter : les partisans de Voldemort prennent le pouvoir au début du tome 7. Alors certes, c'est la fin de la saga, mais on voit bien que le régime tyrannique s'installe pendant plusieurs mois. C'est le cas ici aussi : il va y avoir une période difficile, c'est sûr.
Enfin pour Iselmar, effectivement, il est possible que les arguments de Renaude aient provoqué quelque chose... ou qu'il soit simplement vexé ;)
Merci pour ton commentaire, pour le relevé de coquilles et pour ta lecture !
Bon bah ca part en couille, dictature et tout ! ça donne pas envie de faire un tour dans ton monde tout de suite x).
Que dire sur autant de restrictions.. Pauvres femmes, ce serait drôle qu'un jour on écrive l'inverse XD ça leur ferait les pieds non mais oh.
Abzal tu t'enfonces dans la médiocrité, punaise. A un moment j'ai cru qu'à force de penser il allait débloquer ses pouvoirs mais même pas, il reste un simple pantin presque dénué d’intérêts.
Je suis pour la révolte des filles et de Renaude, la voir prendre à partie iselmar ça fait du bien ! J'espère que son discours l'aura réveillé, moi aussi je peux plus me le voir!
Abzal ne débloque pas ses pouvoirs puisqu'il n'en veut absolument pas. Donc en effet, il reste médiocre :)
Quant au discours de Renaude, on verra l'effet sur Iselmar... mais peut-être pas dans ce tome ;)
On récupère l'autorité, on restreint les libertés, on va rabaisser les femmes.... ouch ! Bonjour la dictature.
Le Conseil est top, même si on voit qu'Albaz garde une main de fer. Mais, quand s'apercevra-t-il qu'il n'est qu'une marionnette dans les mains de l'Ordre ? Ou le sait-il et l'accepte-t-il ?
Le seul bon point, on dirait qu'Iselmar va peut-être redevenir "bon". Pour au moins faire son boulot. Ensgarde avait possiblement bien intuité... je vais croiser les doigts, car les bonnes nouvelles se font rares ^^
Et bien vu également pour Iselmar : en tout cas, on dirait que la remarque de Renaude lui fait de l'effet.
Ça devient invivable la ! Et abzal qui laisse tout ça se faire ???
Pour un trône qui ne lui appartient jamais vraiment ?