Devant l’école, le vent balayait les premières feuilles mortes annonçant l’automne. Éfflam attendait son amie près du vélo de Noémie. Il sauta sur le panier accroché à l’avant. De loin, il ressemblait à un chat ébouriffé, un peu trop grand. Mais le mauvais temps dissuadait quiconque de s’attarder dans ce coin de rue glacé. Le tourbillon de poussière dissimulait l’enfant-chat aux regards curieux.
« Comment est-ce que tu es déjà là ? » s’étonna Aube.
« C’est ce que tu espérais, non ? » répondit son ami. « Je ne t’aurais pas laissée seule à m’attendre. »
La fillette, rassurée, lui sourit. Pas besoin d’en dire plus. Tous les deux savaient ce qu’il leur restait à faire.
« En route ! »
Elle enfourcha le vélo et poussa de toutes ses forces sur les pédales. Le poids de son ami, devant elle, la surprit. Elle faillit perdre l’équilibre. Ils tanguèrent d’un côté. Ils se rattrapèrent en se penchant tous les deux de l’autre. La bicyclette prit de la vitesse.
— Je roule ! s’exclama-t-elle.
« Je t’avais dit que tu en étais capable ! » ajouta Éfflam.
— Yahou !
« Doucement quand même ! »
Le vent piquait les yeux de la fillette. Une première voiture les dépassa. Aube se concentra. Elle calma l’allure. En bas de la rue, ils seraient déjà sur le grand boulevard.
Aube tenait sa droite du mieux qu’elle pouvait. Pourtant, dès qu’un camion ou un bus la doublait, ses jambes flageolaient. Sans le soutien d’Éfflam, elle n’aurait pas pu tenir plus longtemps sur son vélo. Aube commençait à regretter son idée. Elle n’avait pas imaginé que ce serait si difficile physiquement. La fillette intrépide n’avait pas l’habitude de se sentir ainsi inquiète pour sa sécurité.
Quand elle dut s’engager sur un rond-point, la toute nouvelle cycliste commit une erreur de conduite. Elle faillit couper en ligne droite alors qu’un véhicule surgissait derrière elle. Éfflam poussa un feulement qui ressembla à un coup de klaxon. La voiture freina et Aube braqua pour se remettre sur le côté.
« Continue à tenir ta droite » l’encouragea son copilote. « Tu l’as bien fait jusqu’ici. Ne t’arrête pas. Au prochain rond-point, cela ne t’arrivera plus. »
Aube avait compris son erreur. Elle se savait protégée par son ami. Pourtant elle ne parvenait plus à avancer.
— Je ne sais pas ce qu’il a ce vélo, dit-elle. Quelque chose a dû se coincer.
Mais c’était elle qui tremblait. Ses propres jambes avaient perdu leur force.
« Nous y sommes presque. Courage ! »
Ils approchaient du centre-ville. Aube était épuisée.
— Il faut peut-être qu’on s’arrête pour se repérer, proposa-t-elle.
« Pas la peine. L’énergie qui émane de la tour va nous guider. Suis le fleuve et nous déboucherons dans le parc que tu connais. Là nous laisserons le vélo. »
La fillette soupira. Son ami avait raison. Elle ne pouvait pas mettre pied à terre à cause de la circulation. Elle serra les dents, mais elle avait mal aux cuisses. Elle se sentait soudain lourde comme si on la traînait de force chez un dentiste cruel qui trouve toujours les caries les mieux cachées.
« Encore un effort. Tu vas y arriver ! »
Aube, transpirante, s’écroula sous le grand sapin sombre. Elle avait la mâchoire et les épaules crispées. Éfflam vint se blottir contre elle.
« Bravo » pensa-t-il. « Grâce à toi, on y est ! »
Elle ferma les yeux. Le cœur de son ami brillait à côté d’elle. Cela la rassura un court instant. Tout autour d’eux était noir et parcouru de vibrations sinistres. Du béton. Du métal. Et une quantité indescriptible d’ondes produisant un sifflement aigu et continu. Pire que la fraiseuse du dentiste !
Un détail :
- Tout autour d’eux était noir et parcouru de vibrations sinistres => le "tout autour d'eux", (locution adverbiale ?) en fonction sujet c'est un peu étrange.
Je vais m'arrêter là pour aujourd'hui, c'est toujours un plaisir de te lire, à très bientôt !
Bien vu pour ma tournure : "Autour d'eux, tout était noir..." devrait mieux fonctionner !
J'ai pu lire d'une traite les deux derniers chapitres que tu as posté et QUE D'EMOTIONS!
Savoir que Jean est potentiellement en danger, que Aube s'enfuit de l'école et qu'elle apprend vraiment comment rouler à vélo au beau milieu de la route! C'est un sacré phénomène cet enfant!
Enfin, Efflam est auprès d'elle donc on va miser sur le fait qu'elle va s'en tirer comme une cheffe!
Comme toujours, j'ai hâte de découvrir la suite!
Je voulais écrire l'histoire d'une petite fille héroïque, je suis heureux de voir qu'elle passe pour un sacré phénomène ! Et c'est loin d'être fini !
La suite est là !