Chapitre 37 - Une mèche pour chacun d'eux

Notes de l’auteur : /!\ Cette fois-ci, je préfère prévenir, on va assister à la mort de Sonfà. Elle n'est pas violente mais un peu lente et douloureuse...

Dans la citadelle de Garnel Asage, à la suite du procès.

 

 

La jeune guerrière allait mourir et elle le savait très bien. Il ne lui restait plus qu’à ne pas emporter ses amis, ses alliés dans sa chute. Loris eût beau s’y atteler ardemment, elle ne céda pas les noms inconnus des participants de la rébellion de Mÿrre. Il lui en fallait plus pour se résoudre à vendre son âme au diable. De toute façon, Garnel avait déjà fait mettre les trois quart sur la liste des déportations, sans aucune preuve. 

 

_ Garnel, à moins de laisser des traces trop visibles, elle ne cédera pas ! s’emporta Loris.

 

_ Très bien, passons à l’autre solution, déclara le ministre.

 

Là, elle qui croyait avoir tout vu, tout supporté, s’écroula sous le contact froid de la main qui la saisit dans son dos. A l’inverse de Vikthor, le physé qui venait de la toucher l’avait rendu malade. Sans qu’elle ne puisse le voir, il l’avait rendu blême et fiévreuse. Le contact avait été prolongé et plus les secondes s’étaient écoulé plus la main fantôme l’avait rendu souffrante.

 

_ A partir de maintenant, chacun de vos organes va vous lâcher un par un Sonfà. Du plus insignifiant au plus essentiel. Vous mourrez à moins que je puisse faire venir Vikthor ici pour vous soigner. Alors, où est-il ? Pouvez-vous le contacter pour moi et enfin donnez-moi les noms de tous ceux qui sont avec vous ?

 

Garnel et Loris n’obtinrent pour seule réponse qu’un cracha rempli de sang.

 

_ Très bien, peut-être que l’amitié et le réconfort vous feront plus parler, répondit Garnel.

 

_ Loris, dépose la dans la chambre de Manon, qu’elle y vive ses derniers instants. Reste devant la porte. Tu n’auras qu’à noter tout ce qu’elles se diront, murmura tout bas le ministre à l’oreille de son frère pour que Sonfà n'entende pas.

 

Le corps faible de Sonfà fût alors transporté à travers la citadelle jusqu’à la chambre de la jeune Kalokas. Presque sans vie, elle pouvait à peine parler quand Manon l’accueillit peinée.

 

_ Alors le châtiment n’est pas encore terminé ?  Je devrais voir combien de mes amis mourir pour l’avoir affronté ? S’emporta Manon face à un Loris glacial.

 

_ Tous. Tous ceux que tu connais devront peut-être sombrer pour que mon frère puisse arriver à ses fins, rétorqua-t-il sans pitié en claquant la porte de la cellule.

 

La futur Elue s’en voulait tellement de ne pas pouvoir secourir son amie. La seule chose qu’elle pouvait pour elle s’était l’aider à mourir. Manon n’avait que seize ans et devoir faire ce genre de chose à son âge changeait une personne à tout jamais.

 

_ Maintenant que tu as récupéré ton telsman, je n’ai plus à te parler dans ma tête, plaisanta Sonfà en adressant le message dans l’amulette de Manon.

 

_ Pourquoi ? Ce n’est pas agréable d’entendre des voix ? Lui répondit Manon.

 

Sonfà toussait beaucoup et perdait du sang à chacun de ses toussotements. Pourtant, elle n’avait pas perdu le sourire, c’était comme si elle voulait que Manon garde une belle image d’elle.

 

_ Je ne sais pas trop ce qu’on attend de toi mais tu as fait tout ce que tu pouvais pour me sortir d’ici. Ne te blâme pas.

 

Manon émue aux larmes n’arrivait pas à lui répondre. Elle ne voulait pas la perdre, Sonfà ne méritait pas ça.

 

_ Tu sais égoïstement, je pensais que ton sort ne nous concernait pas. J’avais tort et Vikthor a bien fait d’écouter son instinct. Au vu de ce que tu as essayé de faire pour moi, tous les deux vous arriverez à réparer le mal qu’ils ont fait. Il viendra te chercher Manon, je le sais.

 

 

_ J’aimerais autant qu’il n’y arrive pas Sonfà. Regarde ce qui t’ai arrivé, il m’est impossible de vivre cela deux fois. Je m’en veux tellement, souffla Manon.

 

_ C’est trop tard. Il est déjà là. Lis dans mes pensées Manon, il sera bientôt là.

 

Après le dernier message que Sonfà lui avait adressé dans son telsman, Manon prit le contrôle de son esprit. Elle l’avait gardé pour elle, dévouée à son ami, dévouée à son Elu. Cependant, c’était bien là. Manon voyait des dizaines d’invocation de Vikthor sur l’amulette de Sonfà. Elle n’avait jamais répondu par peur de le trahir, d’en savoir trop et de le mettre en danger.

 

_ S’il a pu te contacter, c’est qu’il est dans la capitale… Souffla Manon à voix haute.

 

_ Tu ne dois pas parler autrement que par la pensée ou nos telsmans. C’est trop dangereux, la reprit Sonfà.

 

_ Il te contacte depuis hier, pourquoi tu n’as pas tenté de le prévenir. Il aurait pu nous venir en aide, te secourir, surenchérit Manon. 

 

_ Il n’est pas là pour moi Manon. Il est là pour vous. Ton père a tout fait pour m’aider, c’est trop tard pour moi mais je peux lui rendre la pareille en sauvant ses filles. Maintenant, répondons à Vikthor ensemble si tu le veux bien, avant qu’il ne soit trop tard, la supplia Sonfà.

 

Manon qui ne supportait pas de voir son amie souffrir s’évertua alors de prendre le dessus de son esprit pour tenter de lui enlever toute impression de douleur. Sonfà lui souriait sans cesse, comme si rien ne l’atteignait. Quand, elle comprit ce que Manon faisait pour elle, elle la remercia les larmes aux yeux.

 

_ Ainsi, je serais plus cohérente pour lui parler.

 

_ Vikthor, Vikthor, tu dois te montrer très prudent, firent à l’unisson les deux telsmans des filles en tentant de contacter l’Elu des Physés.

 

_ Sonfà ? Ma...Manon, c’est toi ? C’est vous ? répondit avec surprise le fugitif.

 

_ Vikthor, je vais bientôt mourir. C’est Garnel qui a tout manigancé. Garnel. Mais il n’est pas seul. Il a retourné tout le conseil, toute la ville avec lui, rajouta Sonfà.

 

_ Où es-tu Sonfà, cela fait deux jours que j’essaye de te contacter ? S’inquieta Vikthor.

 

_ Manon est retenue prisonnière dans la citadelle de Garnel Asage, pour moi il est trop tard. Pas pour elle et sa sœur. Tu comprends ? Bats toi Vikthor, mais sauve-la.

 

_ C’est impossible Sonfà, ton esprit te joue des tours. J’ai vu Manon mourir.

 

_ Il faut croire que la Déesse n’a pas voulu de moi. Contrairement à Sonfà, je te dirais de prendre tes jambes à ton cou et de fuir. Garnel me retient et il t’est impossible de venir jusqu’à moi autrement qu’en prisonnier.

 

_ Et il m’est impossible de faire ça Manon. Tu me hantes depuis le premier jour où je t’ai vu dans un songe douloureux. J’ai promis à ta mère de te ramener. Je l’ai promis à ton frère et je ne pourrais faire autrement, ajouta Vikthor.

 

_ Il t’en coutera peut-être la vie d’essayer en vain. Ma famille le comprendra, renonce je t’en supplie.

 

_ Il lui en couterait la raison de ne pas tenter, intervint Sonfà.

 

_ Elle a raison. Sonfà, sois patiente. Je serais là pour vous trois. Sonfà ?

 

_ Tu diras à Sophya que c’est à sa main que je pense, que j’aurais aimé la lui serrer lors de belles promenades sur le bord du lac. Dis-le-lui Vikthor, Dites-le-lui.

 

 

Là, allongée dans les bras de Manon, la jeune physée était en train de rendre ses derniers souffles. Sa peau mate, grisée par la défaillance de ses organes, perdait aussi de sa chaleur. Manon la serrait du plus fort qu’elle ne le pouvait, comme si ça allait l’aider à surmonter l’insurmontable.

 

_ Tes cheveux…Tu as une autre de tes mèches brunes qui est en train de se teindre en bleu, à côté des autres, s’étonna Sonfà en les lui caressant doucement.

 

Depuis le procès et la dizaine des Yeghes morts sous ses yeux, une partie des cheveux de Manon s’était changé en bleu, sans explication.

 

_ Une mèche par mort…Une nouvelle mèche pour moi, souffla Sonfà.

 

_ Sonfà, je suis tellement désolée. J’aimerais tellement… Sonfà, Sonfà….

 

Les supplications de Manon restèrent silencieuses. Là, dans ses bras impuissants elle tenait dès à présent le corps sans vie de sa jeune amie. Comme l’avait vu Sonfà, une nouvelle mèche bleue nuit avait pris place dans sa chevelure de lionne. Elle n’arrivait pas à la lâcher du regard. Les yeux embués de larmes, elle n’arrivait pas réaliser sa perte. Pourtant, à l’instar des Yeghes la vieille, l’âme de Sonfà semblait venir à elle dans un murmure.

 

C’était comme si, maintenant qu’elle était morte, l’énergie de Sonfà se tendait vers celle de Manon. Elle pouvait la percevoir, la sentir et presque la toucher. Dans un chuchotement mélancolique et féerique, l’aura fuchsia de la physée fusionna avec le telsman de Manon. Elle avait ressenti les mêmes sensations à la mort des Yeghes hier sans le comprendre avant. Tel un réceptacle, elle avait accueilli en son sein ses âmes torturés. Avec l’absorption de l’aura de Sonfà, la pierre de sélénite était réapparue sur son front comme par magie.

 

Amorphe la kalokas ne s’en rendit pas compte. En revanche Manon percevait encore Vikthor qui l’appelait dans son telsman mais elle n’avait plus la force de lui répondre. Perdue, elle pleurait en ayant l’impression de sombrer lentement dans la folie. Peu à peu elle se sentait partir, entrainée par un appel lointain. Sans comprendre pourquoi, elle percevait des souvenirs qui n’était pas les siens. Elle pensait discerner les pensées de l’Elu des Hylés quand elle se retrouva face à lui.

 

Comme elle, il y a peu, il voulait mourir. Comme la Déesse lui était venu en aide, elle se devait d’aider ce pauvre Gaultier. Il fût tout aussi surpris qu’elle de la voir en face de lui. Entre songe et hallucinations, il n’était pas certain de bien comprendre le message.

 

_ Je sais ce que c’est de vouloir en finir, de vouloir lâcher prise parce qu’on pense avoir tout perdu. Je te comprends mieux que qui conque, lui murmura Manon. 

 

Ces mots eurent l’effet d’une bombe sur Gaultier. Peu à peu, grâce à son échange avec Manon il reprit l’espoir de lendemain meilleur. Elle était là face à lui pour lui redonner un peu de vie, un peu de souffle. Il fallait qu’ils se montrent tous souder pour combattre les enfers qui s’abattaient sur eux. Après avoir compris ce que Manon attendait de lui, de se cacher pour intégrer un camp et sauver ses amis, il lui remit une partie de son âme.

 

Manon revenu alors à la terrible réalité de sa chambre. Le cœur blême, cueilli par le chagrin mais ravivé par l’échange avec Gaultier, Manon serra fort ce qu’elle venait de récolter dans sa main gauche. Entre ses doigts vengeurs, au creux de sa paume tendre, elle tenait le telsman de Gaultier. Elle ne pourrait pas le garder longtemps ainsi mais le temps d’un instant elle le porta fièrement autour du cou. Tel un totem, la cornaline de Gaultier était un symbole de liberté qui allait s’opposer fièrement à la famille Asage.

 

_ Le jour où nous serons tous rassemblés, vous sombrerez ministre Asage. Vous sombrerez, se promis Manon en serrant fort le telsman d'une main et le corps sans vie de Sonfà de l'autre. 

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Elenna
Posté le 12/11/2020
Go retourner faire une pause sinon je vais chialer là... et c'est pas le chat qui va me changer les idées.
Bon, tu avais prévenu mais bon ça reste dur quoi... Sonfà était super sympa ! Elle ne méritait pas ça...
Par contre le 1 mort = 1 mèche bleue
A ce rythme là elle aura les cheveux bleus très vite
ludivinecrtx
Posté le 12/11/2020
Oui mais tu as atteint la moitié du livre lol heureusement que tu fais une pause.

Je suis contente de te donner l'envie de pleurer mdr. Je suis sadique...

Ahaha oui peut être bien qu'elle va changer de couleur de cheveux lol.

Renarde
Posté le 16/05/2020
Coucou ludivinecrtx,

Oh que oui, Garnel va sombrer...

Pauvre Sonfà, elle ne méritait vraiment pas ça. Je me console en me disant qu'elle ne sera pas morte seule, et qu'elle aura réussi à protéger une partie des siens.

Sinon, j'aime beaucoup le rapprochement qui s'opère entre les trois élus. Ils s'entraident et se soutiennent tour à tour, et j'ai hâte de voir ce que cela va donner lorsqu'ils seront les trois réunis pour faire tomber Garnel.
ludivinecrtx
Posté le 16/05/2020
Coucou renarde !

Ahaha, ça arrive petit à petit promis.

Oui c'est un sacrifice nécessaire malheureusement ! Innocente mais bon.

Oui, leur union est vraiment importante pour la suite 🙂.

Ravie de te revoir par ici ! ❤️
UnePasseMiroir
Posté le 20/04/2020
Hallo ich bin hier ! Et non, pas de cris atroces cette fois ;) juste une p’tite larme pour Sonfà… T_T
Bon je m’y attendais et en plus tu prévins au début du chapitre, mais c’est trop triste !!! et trop beau aussi, la façon dont tu l’amène !
Même si au début j’ai bien évidemment eu envie de passer Garnel à scie sauteuse… GENRE A QUEL MOMENT TU FAIS CA A UNE GAMINE ??? Et c’est quoi ce délire là d’essayer d’obtenir des aveux en la laissant avec Manon ??? T_T

« Manon n’avait que seize ans et devoir faire ce genre de chose à son âge changeait une personne à tout jamais. » AHHHHH. Voilà. T____T


En tout cas, au vu de son comportement dans ce chapitre, je te dis bonne chance pour nous faire aimer Garnel sur la fin, comme tu l’as promis… X)

AHHH LE BELLÂTRE EN CHEF IS BACK ! YES ! Au bout de quinze chapitres il a enfin fini de copuler avec le frangin de Manon. Fait gaffe, s’ils traînent trop je vais finir par les oublier aussi hein ! XD


Et le p’tit passage avec Gaultier à la fin T_T et les dernières lignes sont super belles ! OUIII MAAA-SSACRE LUI SA GUEULE !!!

Voilà c’était absolument pas constructif, comme d’habitude, mais j’ai trop aimé ce chapitre ! Même s’il est triste. De toute façon ils le sont tous en ce moment. Maintenant la situation va peut-être enfin bouger XD ça va déménager dans tous les sens du terme…
ludivinecrtx
Posté le 20/04/2020
Pour une fois ça change !!

J'avais déjà dit qu'elle était morte au chapitre précédent... Mais maintenant c'est officiel.

Ouais c'est clair que c'est pas cool Garnel... Comme d'habitude...

C'est dans le tome 3 j'ai de la marge...

Oui il finit par arriver Petit a petit.. il aura mis deux mois le con!

Oui ça se passe en même temps que le chapitre d'avant d'où le rappel de Gaultier. Ça arrive très bientôt elle va se fâcher tout rouge!!

Je te promet que ça va bouger
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