Chapitre 38 : Kol - Désolation

Kol sourit. Il venait de terminer son travail. L'Amérique du sud ne comptait plus un seul chasseur de Vampires. Quatre jours y avaient suffi. Il aurait parié sur moins mais devoir se nourrir de sang humain l'avait considérablement ralenti. Aucun combat n'avait montré une quelconque difficulté. Kol soupira d’ennui.

Kol supposa que ses camarades avaient terminé ou achèveraient bientôt leur œuvre. La guerre des humains n'avait plus lieu d'être. Il pouvait aller chuchoter aux bonnes oreilles afin de faire cesser le massacre.

Quelle ne fut pas sa surprise ! La guerre était déjà terminée. Les négociations allaient bon train. Kol ouvrit grand ses oreilles pour découvrir l'horreur : la bombe atomique avait été utilisée ! Il avait pourtant tout fait pour que ce ne soit pas le cas. Il avait convaincu à grands coups de charme les décideurs pour qu'au grand jamais quelqu'un ne se serve d'une telle atrocité.

L'horreur se transforma en stupeur lorsqu'il découvrit les cibles et une terreur sans nom s'empara de lui. Hiroshima ? Non, cela ne pouvait pas être une coïncidence. Que la demeure ancestrale de Paul ait été la cible de la première bombe ne pouvait pas être lié au hasard. Quelqu'un d'autre que lui chuchotait aux bonnes oreilles.

Kol mit des heures à découvrir l'heure exacte de la déflagration et usa de sa mémoire parfaite. Kol avait quitté les lieux à peine trente secondes avant l'explosion. Il frémit. Il s'en était fallu de peu… Kol s'était rué sur l'idée d'une orgie de sang. Cela avait-il été le cas des autres Aars ? Certains se trouvaient-ils encore sur les lieux au moment où… Kol ne put empêcher son corps de trembler, de transpirer, ses yeux de bouger en tous sens, sa bouche de devenir sèche.

Il usa de tout son contrôle pour recueillir davantage d'informations. La seconde bombe était tombée sur Nagasaki, où se trouvait le plus grand sanctuaire de chasseurs de Vampires d’Asie. Nul doute que Paul l'aurait gardé pour la fin. Trois jours entre les deux bombes… Paul s'y trouvait-il au moment de la déflagration ?

Les Aars étaient censés se retrouver à la pagode de Paul une fois la mission accomplie. L'endroit, hautement radioactif et en ruine, ne pouvait plus tenir de lieu de repli. Où se retrouveraient-ils maintenant ? Nul n'avait jamais imaginé une telle situation si bien qu'aucun plan B n'existait.

Kol était perdu et terrorisé. Était-il seul ? Le dernier ? Les chasseurs de Vampires étaient-ils bien plus implantés et puissants qu'aucun d'eux n'avait su le voir ? Comment contacter les autres ? Il réfléchit et ses pensées coururent vers Baptiste, son créateur. Il lui avait offert l'immortalité par amour et aujourd'hui, Kol ressentit une tendresse sans nom envers lui. Il devait le voir, s'assurer de son bien-être, de sa santé, de sa vie.

Baptiste devait se charger de l'Afrique mais ces derniers temps, il était distant et lointain. Était-il malade ? Soudain, Kol ressentit une angoisse jamais connue. Il courut plus vite que jamais mais dut s'arrêter régulièrement pour se nourrir et maudit l'absence de Vampires sur son trajet.

Il ignorait totalement où pouvait se trouver Baptiste. L'Afrique, qu'il connaissait pourtant par cœur, lui sembla soudain démesurément grande. Il fouilla un à un les refuges des chasseurs de Vampires, ne trouvant que mort et désolation sur son passage. Baptiste, malgré sa dépression, semblait avoir obéi à l'ordre de Paul.

Son cœur bondit de joie lorsqu'il vit Baptiste sortir d'un abri de chasseurs de Vampires. Il s'approcha ouvertement, le sourire sur son visage disparaissant à l'instant où il fut en face de son créateur.

- Baptiste ? Tu… Ça fait un moment que tu ne vas pas bien mais là, ça dépasse l'entendement.

Quelque chose n’allait pas, mais quoi ? Baptiste était différent. D’où venait ce sentiment de décalage ?

- Je ne t'ai jamais vu aussi mal et aussi distant, dit Kol, très gêné. Cependant, je suis heureux que tu sois en vie. J'ai peur pour…

Kol ne put finir sa phrase. La main de Baptiste traversa ses entrailles, empoignant son cœur. Le mouvement, effectué plutôt lentement, aurait pu être aisément évité si Kol avait été sur ses gardes mais face à son compagnon, il n'avait activé aucune défense.

Kol regarda Baptiste, totalement incrédule. Pourquoi son créateur agissait-il de la sorte ? C'était inimaginable. Kol vit son cœur dans la main de Baptiste et il disparut en poussière, ne laissant derrière lui que stupéfaction.

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