Après une nuit plutôt paisible, Solola était descendue presque sur la pointe des pieds chercher de quoi se restaurer et avait emporté le fruit de sa recherche dans sa chambre en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Elle n’avait jamais été du matin et cela n’était pas près de changer. Jouer le jeu de la socialisation la journée ok, mais le matin restait un moment qui lui appartenait pleinement. Avant que les neuf coups du clocher retentissent, ne croiser personne constituait pour elle un privilège particulièrement prisé. Pendant que sa machine à café crépitait, Solola savourait une pause lecture tout en tartinant son pain.
Elle redoutait cette journée. Elle allait tout d’abord rencontrer un coach qui allait certainement tenter d’en savoir plus sur elle, et elle n’avait ensuite aucun espoir concernant le sale quart d’heure qu’elle passerait avec le professeur Eustache Nawal. Elle n’avait pas oublié ce que lui avait raconté Marcelin et sa détermination à l’optimisme de la veille avait bien du mal à reprendre le dessus en ce début de matinée pluvieux.
Solola se présenta devant la porte de la salle indiquée sur son emploi du temps mais la trouva fermée. C’était une immense porte en bois en ogive dont le style rappelait plutôt celui de l’extérieur du bâtiment et qui, au milieu de la pièce centrale ultra-moderne, avait des allures d’intruse. Pourtant, cette porte était certainement là depuis bien plus longtemps que tout le reste. Elle avait dû connaitre différents siècles, différentes décorations, et puis un jour elle s’était retrouvée perdue dans cet environnement qu’elle connaissait depuis toujours.
Solola prit une grande inspiration puis, consciente des regards qui commençaient à converger vers elle, se décida à toquer. Son poing rencontra un bois si dur et épais qu’il ne laissa échapper qu’un très faible bruit mat. Contre toute attente, la porte s’ouvrit immédiatement sur une toute petite femme à la peau couleur ébène et au regard argenté.
- Bonjour… tu dois être Solola Martin. Je suis Théia Jensen – tu peux m’appeler Théia – et je serai ta coach pendant tout le temps où tu seras ici. Je t’en prie, entre.
Solola eut la surprise de découvrir, dernière l’immense porte en bois, une toute petite salle au plafond barré de poutres anciennes et aux murs ornés de petits pots à plantes grasses. Pour seul mobilier, la salle accueillait en son centre deux grands fauteuils qui paraissaient particulièrement confortables. Théia Jensen invita Solola à s’assoir sur le fauteuil qui tournait le dos à la porte et elle s’installa sur celui d’en face.
- Alors, Solola. Tout d’abord bienvenue ! J’espère que la pièce te plait, nous nous y retrouverons tous les vendredis matin pour débriefer de la semaine passée et parler de toi. Le but de ce coaching est que je puisse t’aider à avoir un parcours des plus intéressant au sein de cette école en adaptant ton programme chaque semaine. Tu pourras ainsi bénéficier d’un parcours personnalisé, qui évoluera au fur et à mesure, pour répondre au mieux à tes besoins et percer à jour ton Talent au plus vite.
Tout en écoutant d’une oreille distraite le discours de sa coach, Solola observait avec attention ses yeux qui se baladaient sans jamais se fixer vraiment. Elle était fascinée par le contraste entre le gris bleuté des yeux de sa coach et le noir profond de sa peau qui lui conférait une beauté un peu inquiétante.
- Mais pour que ça fonctionne, je vais avoir besoin d’une seule chose : l’honnêteté. Ici on ne ment pas, on ne maquille pas la vérité, on ne dissimule pas. Je finis toujours par découvrir la vérité et nous n’aurons finalement fait que perdre du temps. Est-ce que tu es ok avec ces règles ?
Solola hocha la tête, puis comme Théia Jensen ne poursuivait pas, elle réalisa rapidement son erreur et balbutia :
- Euh oui, oui … bien sûr.
- Formidable ! Bon alors, commençons par le commencement. Comment as-tu réagi quand tu as reçu ta lettre ?
Des souvenirs de tartine beurrée, de gants de cuisine, de méditation sur le carrelage de la cuisine, de coup de porte dans le dos et de fuite vers sa chambre remontèrent à la surface… Solola avait mis sa mémoire en avance accélérée, se demandant quoi dire. Être honnête était une chose, se raconter de A à Z sans aucune pudeur à une femme qu’elle venait tout juste de rencontrer en était une autre. Et puis sincèrement, tous les détails n’étaient pas forcément très intéressants. Un tri s’imposait malgré tout, et si cela pouvait en bonus lui permettre de sauver quelques traces de dignité, ce n’était pas plus mal.
- Un peu stressée avant de l’ouvrir mais ça va, je n’étais pas surprise du résultat.
- Et pourquoi une telle appréhension à ton avis ?
Solola se demanda comment « un peu stressée » avait été traduit par « une telle appréhension » mais elle n’eut pas le temps de se pencher sur la question.
- Je suppose que c’est différent de le savoir au fond de soi et de se l’entendre officiellement annoncer, répondit Solola.
- Ça te plait d’être Différente ?
Sans laisser le temps à son élève de répondre, Théia reformula :
- Si tu avais pu choisir, aurais-tu préféré ne pas l’être ?
- Bien sûr. Comme tous ceux qui sont Différents je suppose.
- Pas nécessairement, commenta Théia en souriant. Ce sont nos différences qui nous définissent en tant que personne. Être différent, c’est être soi. Qu’est ce qui ne te plait pas dans le fait d’être différente ?
Solola fronça les sourcils. Elle comprenait que le mot « différent » avait perdu sa majuscule dans cette dernière question, et elle ne s’était jamais posé la question de cette façon. Elle regarda sa coach en se demandant à quel point elle pouvait être honnête. Comme si elle avait pressenti son hésitation, Théia Jensen l’encouragea d’un sourire.
- Tu peux tout me dire.
- Eh bien … Tout le monde s’extasie devant les prodiges, devant le muet pianiste, l’estropié athlète de haut niveau, ou le tétraplégique chercheur … On trouve que la musique est plus belle parce qu’il joue malgré sa voix, que la course de l’estropié est plus grandiose parce qu’il n’a qu’une jambe, que les découvertes du chercheur sont plus extraordinaires car il n’est pas libre de ses mouvements. Alors à ce moment-là, oui, les gens l’aiment la différence. Mais lorsqu’ils croisent quelqu’un de différent avec une vie normale et un Talent banal, tout ce qu’ils voient c’est quelqu’un de moins bien qu’eux. Quand on est différent on n’a pas le choix, on est exceptionnel ou on n’est rien. Les gens différents n’ont pas droit à la banalité.
- Mmh, lança Théia en caressant son sourcil à rebrousse poils. Et qui sont « ces gens » ? Qui aurais-tu peur de décevoir si, malgré ta différence, tu choisissais une vie ordinaire ?
Solola se tortilla sur son fauteuil, mal à l’aise. Elle avait l’impression de s’être faite prendre à son propre jeu, d’avoir été analysée, scannée. Pourtant elle ne visait personne en particulier dans son propos précédent. Pourquoi vouloir faire des liens là où il n’est pas censé y en avoir ? De toute façon, elle n’avait pas envie de parler de sa mère, de sa peur de la décevoir. Elle choisit donc l’option plus confortable de l’esquive.
- Euh, je ne sais pas, marmonna Solola.
Le sourire de Théia s’agrandi. Elle baissa la tête un moment puis la releva pour congédier chaleureusement l’étudiante.
- Très bien. Nous en avons fini pour aujourd’hui. Je te remercie pour ton honnêteté.
Solola grimaça légèrement en entendant cette phrase.
- Tu recevras dès cet après-midi le programme de la semaine prochaine et nous nous reverrons très rapidement vendredi prochain ! Bonne journée !
Après avoir également souhaité une agréable journée à sa coach et refermé la grande porte en bois derrière elle, Solola soupira de soulagement. Elle n’était pas habituée aux exercices d’introspection et elle se sentait exténuée. Les jambes chancelantes, elle descendit les marches les unes après les autres. En arrivant au rez-de-chaussée, Solola se tapota les joues dans l’espoir de retrouver son énergie. Elle n’avait pas le droit d’être fatiguée. La plus grosse épreuve de la journée allait commencer et elle devait disposer de tous ses moyens pour l’affronter. Elle décida donc d’aller se reposer sur un banc du parc qui semblait avoir été épargné par la pluie, en attendant son fameux tête-à-tête avec la réalité virtuelle.
Lorsqu’elle pénétra dans l’antre du professeur Eustache Nawal, les yeux de Solola mirent un certain temps à se faire à l’obscurité. Ces quelques secondes d’adaptation lui parurent durer une éternité. A l’intérieur du cube, aveugle, elle avait la désagréable impression d’être observée. Son cœur battait la chamade. Dans le silence absolu de la pièce, son cœur résonnait comme mille tambours. Ses yeux papillonnaient. Concentrée, Solola tentait de distinguer celui qui l’observait en silence. Était-il là, tout proche d’elle ? Elle n’osa pas tendre le bras de peur de le toucher. Petit à petit, Solola distingua un détail, puis un autre. Elle put finalement deviner les contours flous des deux salles qu’elle avait précédemment visitées. Au fur et à mesure, sa vision se fit plus précise, jusqu’à ce que son regard rencontre celui du professeur Nawal avachi dans ton siège.
Durant la visite expéditive des locaux, Eustache Nawal n’avait posé les yeux sur aucun de ses étudiants (mis à part celui qui avait osé regarder son Holopad). Tout dans son attitude indiquait qu’il n’avait absolument aucune envie d’être là, devant ce qu’il considérait, au mieux, comme un troupeau de larves.
Son attitude était cette fois très différente. Il fixait Solola avec un petit sourire au coin de la lèvre, les doigts posés les uns contre les autres en dessous de son menton. Sans dire un mot, il fit un signe de la main pour indiquer à Solola de passer dans l’autre salle. Elle déglutit difficilement. Le professeur Nawal n’était pas le genre de personne avec qui elle avait envie de se retrouver seule dans une pièce sombre. Au milieu de ce labo, Solola se sentait comme une proie, enfermée avec son prédateur. Tous les poils de son corps se redressèrent et elle sentit une goutte de sueur couler lentement le long de sa colonne vertébrale. Elle avait envie de fuir, mais ses jambes semblaient ne plus lui obéir. Le sourire du professeur s’élargit. Il semblait prendre plaisir à ressentir la frayeur de Solola. Les paroles de Marcelin revinrent à son oreille. Si le professeur Nawal se nourrissait des sentiments négatifs, alors elle devait tout faire pour lui cacher sa peur. Solola ne pouvait supporter une seconde de plus ce regard posé sur elle. Elle trouva alors la force d’avancer jusqu’à la deuxième salle, le menton haut, comme pour tromper sa propre angoisse. Sur ses talons, Eustache Nawal l’invita d’un geste à s’allonger sur le siège inclinable au centre de la salle. Solola l’observait du coin de l’œil pendant que le professeur fixait les électrodes sur son corps. Elle avait hâte que ça commence. Ou plutôt que ça s’arrête. Elle était consciente que le moment qu’elle s’apprêtait à vivre ne serait certainement pas agréable, mais à cet instant précis, tout lui semblait préférable à ce silence dans lequel s’activait le professeur. Pourquoi ne parlait-il pas ? Comment réagirait-il si Solola entamait la conversation ? Il ne semblait, en tous cas, pas l’encourager dans cette direction. Elle le regarda donc faire en silence puis il retourna dans la première salle.
Maintenant qu’il n’était plus là, Solola aurait dû se sentir plus à son aise, mais les fils qui la reliait aux nombreuses machines et la vitre sans teint qui permettait à Eustache Nawal de voir sans être vu ne faisaient qu’agrandir son malaise.
Le professeur Nawal ne s’absenta pas longtemps et revient avec une seringue qu’il planta dans le bras de Solola sans autre forme de procès. L’action se déroula si vite et de manière tellement inattendue, que Solola eut tout juste le temps de sursauter, d’écarquiller les yeux, et d’entrapercevoir le grand dôme se rabattre sur elle.
Lorsqu’elle ouvrit de nouveau les yeux, Solola était rentrée chez elle. Elle était dans son lit bien au chaud, et des odeurs de pain grillé venaient lui chatouiller les narines. Elle avait un peu mal à la tête et ses souvenirs avaient du mal à refaire surface. Solola se rappelait juste avoir rêvé d’une pièce sombre, d’électrodes, d’un dôme et que ce rêve était plutôt désagréable. Elle se réveilla donc ravie d’en être sortie. En ouvrant la porte de sa chambre elle entendit, en bas des escaliers, la voix de sa mère au téléphone. Après avoir descendu quelques marches elle réalisa qu’Azéline était en train de parler d’elle. Elle décida donc de s’asseoir quelques instants sur les marches et d’écouter.
- C’est une catastrophe … Elle est Différente. En résumé pour l’instant elle n’est rien ! Et puis à 70% en plus ! Encore si elle avait été Savante, on aurait eu de quoi espérer, mais là notre seule perspective est de découvrir en quoi elle est moyennement talentueuse …
Le cœur de Solola accélérait progressivement. Elle n’était pas censée écouter cette conversation, elle devrait se relever et retourner dans sa chambre, mais c’était plus fort qu’elle, elle devait écouter.
- Oui bah c’est facile à dire. Ce n’est pas toi qui vas devoir payer une fortune une Ecole de Détermination pour qu’au final, ta fille finisse Indéterminée ou avec un Talent inutile à la société. Parce que je te le dis, les pronostics en sont là !
Solola avait envie de se lever, de partir, de crier, de taper contre les murs. Mais elle restait là, assise sur les marches, à regarder ses mains se tordre l’une contre l’autre. Elle aurait finalement préféré ne pas se réveiller de son cauchemar plutôt que d’entendre de tels mots sortir de la bouche de sa mère. Et les mots encore ne seraient rien, s’ils n’étaient pas accompagnés par cette déception et ce découragement dans sa voix.
- Comment a-t-on pu en arriver là ? Une savante et un pompier… Je sais que ça n’empêche rien et que ça ne nous mettait pas à l’abri d’un échec mais à ce point ? la voix d’Azéline se brisa et elle se mit à sangloter. Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ?
Solola releva la tête, de nouveau tout à fait alerte. Elle n’avait jamais entendu sa mère pleurer et ceci pour plusieurs raisons. Premièrement Azéline Khan Martin était quelqu’un de rationnelle. Elle se laissait donc extrêmement rarement guider par ses émotions. Deuxièmement, elle était la personne la plus forte que Solola connaissait. Elle avait toujours mis en garde sa fille contre le fatalisme et elle ne s’avouait jamais vaincue (Firmin avait d’ailleurs beaucoup de mal à avoir le dernier mot avec sa femme, qui pouvait aller jusqu’à la mauvaise foi pour gagner une dispute. Cela n’a rien à voir avec notre sujet mais Firmin souhaitait que cela soit mentionné.). Solola avait bien conscience que sa mère devait pleurer de temps en temps, mais elle était certaine qu’Azéline n’était pas du genre à s’épancher au téléphone en sanglotant bruyamment à coup de « Pourquoi moiiiiii ». Elle sécha ses yeux humides. Cette scène n’avait rien de réaliste, était-ce seulement sa mère ? Solola voulu se lever pour s’en assurer mais le monde se mis à tourner autour d’elle. Elle ferma les yeux tout en essayant de se stabiliser, mais lorsqu’elle les rouvrit elle se retrouva sous le dôme de la petite pièce sombre.
Le professeur Eustache Lawal entra dans la salle et entreprit de débrancher les électrodes, toujours sans un mot. Solola le regardait avec un air triomphant et légèrement moqueur. D’accord, elle s’était peut-être fait prendre au jeu au tout début, mais elle avait fini par gagner contre l’illusion. C’était très certainement normal. Il s’agissait de la première séance et les connaissances du professeur Lawal de la vie de Solola devraient s’affiner avec le temps, mais elle avait envie de lui montrer qu’elle n’avait pas été touchée. Qu’il avait échoué.
Le professeur Lawal ne lui lança pas un regard et retourna derrière la vitre sans teint. Solola se demanda si le cours était terminé, si elle avait le droit de se lever. Dans le doute elle s’extirpa du siège inclinable et se dirigea vers la sortie. Le professeur était en train de lire un magazine et ne lui accordait pas la moindre attention.
- Au revoir ! lança Solola, heureuse d’en avoir fini et déterminée à parler si elle en avait envie.
- A la semaine prochaine, grogna Eustache Lawal.
Une fois sortie de la salle, Solola aurait dû se sentir délivrée, mais un poids lui restait sur le cœur. Elle avait constaté que le professeur avait commis une erreur concernant le caractère de sa mère dans sa simulation, mais elle ne s’était pas arrêtée sur le fait qu’il semblait en savoir beaucoup sur elle. Beaucoup plus qu’elle ne l’aurait aimé et surtout beaucoup trop pour quelqu’un qui ne lui avait jamais décroché un mot. Solola sentit ses joues brûler sous l’effet de la colère. Théia Jensen. La coach « confiance », « honnêteté » et « vérité » avait briefé le professeur Lawal. Solola avait l’impression d’avoir révélé très peu de choses et pourtant, elle avait utilisé ces quelques petites bribes pour aider Eustache Lawal à lui faire mal. Et surtout, elle avait deviné pour sa mère.
Hors d’elle, Solola se dirigea à grands pas vers la salle de coaching. Arrivée devant la porte elle tambourina le bois de ses deux mains, bien plus fortement que quelques heures auparavant et sans se soucier de ceux qui pouvaient la regarder autour.
La coach ouvrit la porte. Elle n’avait pas l’air surprise.
- Solola, je suis actuellement en cours de coaching. C’est urgent ?
- Vous avez raconté au professeur Lawal tout ce que nous nous étions dit lors du coaching !
- Bien entendu.
- Vous me demandez de me confier à vous et d’être honnête, tout en sachant que tout sera répété et extrapolé ?
- Solola, nous sommes tous dans la même équipe ici. Le professeur Lawal, moi-même et tout le corps professoral travaillons pour vous, étudiants, pour vous aider à trouver votre Talent. Ton rôle à toi est de nous permettre de faire notre travail en nous aidant à mieux te connaître. Donc oui, bien sûr, c’est ce que je te demande. Tu dois nous faire confiance et surtout remplir ta part du contrat. Et pour ta plus parfaite information, je n’extrapole jamais.
- Je n’ai jamais dit que j’avais peur de décevoir ma mère.
- Solola, j’ai beau être aveugle, je vois bien mieux qu’avec mes yeux. Maintenant, si tu veux bien m’excuser.
Elle referma la porte. Solola prit conscience des regards tournés vers elle et se dirigea vers l’extérieur où elle repéra rapidement Marcelin assis sous un arbre. Le temps de couvrir la distance qui la séparait de lui et de son sourire radieux, Solola se calma légèrement. Elle reprenait peu à peu ses esprits et, à mesure que la colère diminuait, la honte grandissait. Comment avait-elle pu confronter sa coach sans se soucier des répercutions que sa réaction impulsive pourrait avoir ? Théia Jensen gérait sa vie ici. C’était elle qui décidait de ses cours et qui conseillait le professeur Lawal sur les thèmes à aborder lors des séances de réalité virtuelle. S’il y avait eu une chose intelligente à faire, s’eut été de se mettre la coach dans la poche.
- Salut Solola ! Ça va ? Tu passes une bonne journée ?
- Bof, répondit Solola en haussant les épaules.
Elle raconta à Marcelin cette première journée, le coaching qui l’avait mise mal à l’aise, la réalité virtuelle qui n’avait pas été si terrible, puis, honteuse, la confrontation avec sa coach.
Solola constata avec soulagement que Marcelin n’avait pas l’air si catastrophé que ça.
- C’est vrai qu’il vaut mieux se mettre son coach dans la poche, mais je suis certain qu’elle ne l’a pas mal pris. La découverte de notre Talent passe, la plupart du temps, par nos émotions. Elle n’a pas dû prendre ta colère personnellement mais au contraire comme une émotion à réutiliser lors de votre prochain coaching. Ça marche comme ça. Là ils ont essayé de stimuler la tristesse et la prochaine fois ça sera peut-être la colère, la honte, le dégout, la surprise etc …
- Ouais, enfin je retiens quand même qu’il faut que je fasse gaffe à ce que je raconte à la coach. Mais le pire c’est que je n’ai même pas eu l’impression d’en dire trop ! C’est comme si elle avait deviné, comme si elle me scannait avec ses yeux translucides.
Marcelin émit un petit rire.
- Oui c’est exactement ça. Son Talent c’est la télépathie. Donc en quelque sorte oui, elle te scanne.
- Quoi ?! Mais pourquoi tu ne m’as pas prévenue ??
- Bah je ne savais pas que tu tomberais avec Théia Jensen, répondit Marcelin en haussant les sourcils. Tous les coachs ont un Talent différent.
- Super, et du coup je suis censée faire comment pour contrôler ce que j’ai envie qu’elle sache de moi ?
- Tu utilises la faille, tous les Talents ont une faille. La sienne n’est pas trop compliquée, elle ne peut lire dans tes pensées que quand tu la regardes dans les yeux. Par contre si tu ne le fais plus du tout elle va s’en rendre compte et elle le reportera comme de la mauvaise volonté.
- Oui, j’ai cru comprendre qu’ils étaient assez à cheval sur « l’implication » ici. Bon, il faut que je fasse attention à ce que je pense quand je la regarde dans les yeux quoi.
- Exactement !
Solola souffla tout en s’adossant à l’arbre aux côtés de Marcelin. Elle avait l’impression de commencer à comprendre comment fonctionnait ce nouveau monde dans lequel elle était tombée. Elle n’était pas encore certaine de vraiment l’apprécier mais elle était reconnaissante de pouvoir compter sur quelqu’un au sein de la Deter.
- Merci Marcelin.
- Pour quoi ?
C’était une question plus difficile à répondre qu’il n’y paraissait. Elle voulait lui dire merci pour ses conseils, merci d’être à ses côtés, de lui rendre cette vie plus agréable, d’être toujours souriant et positif … Mais Solola n’était pas du genre à s’épancher et même si elle sentait le regard de Marcelin sur elle, elle gardait le sien droit, perdu au loin.
- Pour tout.
Solola espérait qu’il comprendrait toute la gratitude cachée derrière ces deux petits mots car elle n’avait pas l’intention de développer. Marcelin avait également reporté son regard au loin lorsqu’il répondit :
- C’est à ça que servent les amis.
Solola, immobile, fixait toujours un point invisible au loin, mais un large sourire se dessina sur ses lèvres.
En tout cas, Solola est loin d’être aussi banale qu’elle voudrait l’être : elle se démarque et on s’attache vite à elle ! Vivement la suite de ses aventures !
Pour la forme, quelques remarques :
- « cela n’était pas sur le point de changer. » : j’aurais mis « pas près de changer »
- sur le dialogue avec la coach, elle commence par tutoyer Solola puis elle la vouvoie, c'est voulu ?
- « Après avoir également souhaité une agréable journée à sa coach, Solola soupira de soulagement, une fois la grande porte en bois refermée derrière elle. » => " après avoir... » et « une fois la grande porte... » font redondant et alourdissent la phrase, je te propose quelque chose comme : « Elle souhaita également une agréable journée à sa coach avant de refermer la grande porte de bois derrière elle, puis soupira de soulagement »
- « son cœur raisonnait comme mille tambours » : « résonnait » sinon c’est « utiliser sa raison », ce qui peut être poétique mais ce n’est pas ce que tu voulais dire je pense ;-)
- Il manque un t à quelques verbes : « Elle dégluti difficilement » « Le sourire du professeur s’élargi. »
- « Oui ba c’est facile à dire. » : bah
- « Comment on a pu en arriver là… » : je mettrais plutôt à la forme interrogative : « comment a-t-on pu en arriver là ?... »
- « ça ne nous mettait pas à l’abris d’un échec » : abri
- « Azéline Khan Martin était quelqu’un de rationnelle à l’extrême. » : « Azéline Khan Martin était rationnelle à l’extrême. » ou « quelqu’un de rationnel »
- « Deuxièmement, elle était la personne la plus forte qu’elle connaisse et elle avait traversé les épreuves de sa vie avec un force et une détermination à toute épreuve. » : Quelques répétitions dans la phrase, tu peux simplifier en « Elle était la personne la plus forte que Solola connaissait, car elle avait affronté l’adversité avec une détermination à toute épreuve ».
- « Firmin avait d’ailleurs beaucoup de mal à avoir le dernier mot avec sa femme, qui pouvait aller jusqu’à la mauvaise foi pour gagner une dispute. Cela n’a rien à voir avec notre sujet mais Firmin souhaitait que cela soit mentionné. » : aucune remarque sur la forme, je tiens juste à signaler que j’ai ri devant mon écran, j’adore ^^
- « elle ne peut lire dans tes pensées que quand tu la regarde dans les yeux » Il manque un « s » à « tu la regardes ». Pour éviter de répéter l’expression plusieurs fois, tu peux simplifier la suite en : « Elle ne peut lire dans tes pensées que quand tu la regardes dans les yeux. Par contre si tu ne le fais plus du tout, elle va s’en rendre compte et elle le reportera comme de la mauvaise volonté. »
Ne perds pas courage ! J’espère que ton coup de mou ne sera que passager parce que je veux absolument savoir la suite des aventures de Solola. C’est un personnage attachant, avec une vraie profondeur, et on devine que tu as plein de belles choses à raconter ! J'espère que mes remarques ne contribuent pas à te décourager parce que vraiment, si je m'implique dans ton histoire c'est parce que ça me plaît et que je compte bien aller jusqu'au bout ! :-)
C'est la deuxième fois qu'on me parle de Divergente c'est drôle ! Je n'ai pas lu cette saga mais ça commence à m'intriguer. Je pense y jeter un coup d’œil mais après avoir terminé ce tome de Solola pour ne pas me faire influencer ;)
Pour la forme encore une fois merci pour toutes ces remarques et coquilles qui m'échappent ! Je vais modifier tout ça :)
Ton message me touche beaucoup <3 Ne t'inquiète pas il s'agit juste d'une petite période moins productive mais ça va vite repartir.
Et AU CONTRAIRE ! Zoju et toi êtes des piliers qui rendent impossible tout vrai découragement. Ça me touche que vous preniez le temps de lire et de commenter chacun de mes chapitres. Je vous en suis profondément reconnaissante et ça me donne vraiment envie d'aller plus loin et de m'améliorer :D
Merci beaucoup pour ton commentaire ! Ça me plaît bien que tu ne saches pas si tu aimes ou pas la coach hehe j'essaie d'apporter du contraste à mes personnages donc c'est bon signe ;)
Ça me soulage aussi que tu me dises que tu t'es sentie trahi car suite à ton dernier commentaire je me demandais vraiment comment réussir à mieux faire ressentir les émotions donc je suis peut être sur la bonne voie :D
Merci beaucoup en tout cas, je suis un peu dans une période de découragement en ce moment et le fait que tu continues à me lire et à me partager tes commentaire, ça me donne vraiment du courage :)