Journal de bord d’Anselme Dubois
30 octobre 2221
Je me suis fourvoyé.
Le jour de ma nomination en tant que Président du Comité Mondial, je me souviens du stress, de l’excitation et du poids de la responsabilité immense que je pensais devoir porter à bout de bras : créer une nouvelle société, une société parfaite. Il y a un an, j’ambitionnais de gommer tous les défauts de notre monde. Aujourd’hui, j’ai pris une claque. Certainement la plus belle claque de ma vie.
La perfection ne se trouve pas dans l’absence de défaut, mais dans l’équilibre. C’est ainsi que la nature fonctionne et il serait illusoire d’imaginer aller à l’encontre de cette règle. Les défauts sont inévitables, ils sont même primordiaux.
Je n’avais jamais fait le lien, mais maintenant que nous a été donné la possibilité d’étudier un nombre suffisant de Différents, la règle est évidente. Chaque Talent est contrebalancé par une faille.
C’est également le cas pour ma fille. Nina porte des lunettes si épaisses qu’il serait plus juste de les qualifier de loupes. Pourtant dans le noir, elle ne fait pas que voir, sa vision est parfaite.
Quoi que je fasse avec le Comité, notre nouveau système aura des défauts mais cela ne me fait plus peur, car c’est par les failles que jaillit la lumière.
Je les aime parce qu’ils donnent, un contexte a l’univers, je ne les sens ni gratuits ni superflus. Puis Anselme est un personnage attachant dans sa modestie.