Chapitre 4

Je m’en souviens comme si c’était hier, je me suis réveillé au milieu de la nuit dans une pièce inconnue, une pièce ronde, la trappe près du mur m’indiqua que l’on devait se trouver au sommet d’une tour, une femme était là assise sur une chaise.

- Bonjour, ou plutôt bonsoir, je suis Keira, commença t’elle.

Ne comprenant pas comment j’étais arrivé là, je me suis pincé, et cette fois je n’ai pas eu mal, ce n’était donc qu’un rêve, cependant la femme avait remarqué mon geste…

- Bien que ce soit effectivement un rêve, vous auriez tort de croire que je suis issue de votre imagination, en fait ceci n’est pas un rêve ordinaire, mais il s’agit de ce que l’on appelle un rêve astral, peut être en avez vous déjà entendu parler.

- Je suis désolé, mais j’ignore totalement ce qu’est un rêve astral, lui répondis-je.

- La première application du rêve astral est la communication à distance par rêve partagé, comme nous le faisons en ce moment même, mais il existe bien d’autre possibilité, par exemple, faire naître des cauchemars dans l’esprit de ses ennemis, les plus doués parmi les rêveurs astraux parviennent même à voir l’avenir. Je me suis permis de vous amener dans le rêve que j’ai modelé car cette nuit est celle de l’appel, c’est à dire que cette nuit nous recherchons et contactons tous ceux qui sont réceptif et vous êtes réceptif, autrement dit vous pouvez être formé pour devenir un rêveur astral, je vous invite donc à rejoindre la tour astral pour que nous vous y formions. Comment vous appelez vous et d’ici combien de temps peut on espérer vous voir arriver ?

- Je m’appelle Alexis, je ne sais pas combien de temps il faut pour se rendre à votre tour astral depuis Sylvanesti, je ne suis même pas sûr d’accepter votre offre.

- Pourtant être formé à la tour astral est un grand honneur, mais j’ignorais qu’un humain vivait chez les elfes.

- c’est le cas, je suis amnésique et ils m’ont accepté parmi eux.

- Je pense qu’il vous faudra environ deux semaines à cheval pour atteindre la tour depuis la forêt de Sylvanesti. Vous avez l’air d’hésiter, prenez le temps d’y réfléchir à cette aubaine, parlez-en autour de vous, je vous recontacterai la nuit prochaine pour connaître votre décision.

Contrairement à un rêve ordinaire, celui-ci ne s’estompa pas le matin venu, j’avais plein de questions, mais avec la mort de Varis, j’avais perdu mon mentor, je ne savais pas à qui parler de ce qui s’était passé, après avoir hésité un moment, je me suis décidé à aller voir Dolia. Sa première réaction fut d’informer le conseil des druides, qui considéra qu’avoir à sa disposition un rêveur astral ne pourrait qu’être bénéfique, ils me conseillèrent donc d’accepter la proposition de Keira, ce que je fit. Le conseil ne voulait pas que je voyage seul, ils proposèrent donc qu’un druide expérimenté m’accompagne, je demandais que ce soit Dolia qui m’accompagne, ce que le conseil accepta même s’ils la trouvaient un peu jeune. Le conseil désigna donc Dolia pour m’accompagner dans mon voyage vers la tour astral, et c’est ainsi que nous partîmes tous les deux de Sylvanati en direction du nord. Pendant le trajet nous croisâmes un tigre.

- Laisse-moi faire Dolia, dis-je en posant la main sur un tronc proche.

Par ce contact l’arbre et ses racines était devenu des extensions de mon propre corps, les racines fouissaient dans la terre et entrèrent en contact avec d’autres et de proche en proche je pus m’approcher du félin qui nous menaçait jusqu’à enrouler une racine autour d’une de ses pattes, là, un nouveau royaume de perceptions s’ouvrit à moi, comme j’aurais dû m’en douter, il avait faim et nous voyait comme des proies faciles, je lui fit comprendre que nous allions nous défendre et que nos épées lui infligerait de sérieuses blessures, tout en m’efforçant de masquer ma peur, cela sembla fonctionner car le tigre s’enfuit rompant le lien.

Il nous fallut deux jours de marche pour atteindre la lisière de la forêt elfique de Sylvanesti. Les elfes n’élèvent pas de chevaux, ils n’en ont pas l’utilité dans la forêt, c’est pourquoi nous avions prévu d’acheter des chevaux dans la première ville humaine, Glaver, pour cette dépense le conseil nous avait confié deux pièces de platine valant deux cent pièces d’or, cela nous permettrai de mettre moitié moins de temps à atteindre la tour astral. Le deuxième jour après être sorti de la forêt, en fin de matinée alors que nous arrivions en vue de Glaver, un groupe d'hommes à cheval s’approcha et nous arrêta.

- Une elfe, en dehors de la forêt, c’est pas courant, commença celui qui devait être leur chef, vous allez gentiment nous remettre vos bourses et il ne vous arrivera rien de fâcheux.

- Parce que vous croyez qu’on va se laisser faire, répondis-je en encochant une flèche.

L’homme fit un geste de la main, ses hommes se déployèrent, nous étions désormais encerclés.

- Réfléchissez un peu, nous sommes douze et vous êtes deux, vous n’avez aucune chance…

- On pari ?

- C’est un pari où la mise est votre vie, vous êtes sûr de vouloir jouer ?

Je décochai, ma flèche entra dans l’œil du chef, j’eus le temps de décocher deux autres flèches faisant deux autres morts avant qu’ils ne démontent et que je sois acculé au corps à corps en devant laisser tomber mon arc pour dégainer mon épée. Dolia et moi, nous sommes mis dos à dos, l’allonge que lui conférait son bâton lui permettait de maintenir à distance ces quatre adversaires, quand à moi je me démenais comme un beau diable pour ne pas me faire écharper par mes cinq ennemis, je n’allais pas tenir ce rythme très longtemps. À ma surprise, Dolia flancha avant moi, je l’entendis crier, me retournais et la vis par terre se tenant la main blessé, dans un geste réflexe , je tendis la main gauche comme si je pouvais ainsi repousser ses assaillants, sans que je comprenne ce qui se passait, je senti quelque chose bondir en moi, un rayon de lumière jaillit de ma paume, la lumière prit la forme d’une licorne qui embrocha l’un des brigands, malgré ma surprise, je repris contenance plus vite que nos adversaires ce qui me permis d’en transpercer deux, mais je ne fus pas assez rapide, pendant que je retirais ma lame du second brigand, l’un des autres me blessa à la main, je rattrapais mon épée de la main gauche et continuais à ferrailler  tout en me concentrant et en faisant les signes pour guérir ma main droite, je constatais avec bonheur que j’étais ambidextre pour le maniement de l’épée, avant de reprendre mon arme de la main droite, un coup d’œil derrière me permit de voir que Dolia avait récupéré une épée et n’avait plus que deux adversaires, le troisième essayant de repousser la licorne. Ce moment d’inattention m'a valu une estafilade sur l’épaule gauche que je guérit rapidement par magie, à un contre trois j’arrivais à maintenir ma défense mais pas à percer les leurs, et encore seulement parce qu’ils étaient mauvais. Heureusement que je n’étais pas seul ils m’aurait eu à l’usure, mais au bout d’un moment, Dolia et la licorne eurent tué leur opposant et vinrent me soutenir, à trois contre trois, nous ne mîmes que quelques secondes avant d’embrocher nos trois adversaires.

- Tu es inconscient ! Ils ont failli nous tuer, si tu n’avais pas réussi à invoquer la licorne… La prochaine fois que tu veux jouer au héros abstient toi ! Me reprocha Dolia.

- Je suis désolé, je me suis révolté contre leur racket sans réfléchir, heureusement ils n’étaient pas de bon bretteurs…

- Mais tu ne pouvais pas le savoir, tu te rends compte du risque que tu as pris…

- Je le répète, je suis désolé, tu savais que je pouvais invoquer la licorne ?

- Je le supposais puisque tu as franchi la pierre mais tu ne semblais pas savoir comment faire lorsque le conseil t’a interrogé et dans la mesure où il n’y a pas eu d’invoqueur depuis un millénaire, personne ne pouvait te l’enseigner, et le conseil ne voulait pas te le dire pour ne pas te brusquer.

J’insistais auprès de Dolia pour que nous emmenions les corps dans l’espoir d’une récompense, après avoir regroupé les chevaux, nous chargeâmes les corps, puis nous attachâmes les chevaux en file, avant que je ne monte sur le cheval que j’avais choisi, la licorne vient me toucher sur le torse de sa corne, redevint lumière et retrouva sa place en moi, je compris alors qu’elle s’y trouvait depuis que j’avais réussi à franchir la pierre. Arrivé à Glaver, nous avons trouvé la milice facilement, nous touchâmes la prime de cinq cent pièces d’or, en suite nous somme parvenu à vendre les dix chevaux et le reste des affaires pour cinq cent pièces d’or supplémentaire, soit dix pièces de platines, plus facile à transporter, avec les deux chevaux restant nous continuâmes notre route vers la tour astral.

Pendant le trajet à cheval, je laissais mes pensées vagabonder, j’avais encore cet idée, cette impression de vivre une histoire qu’on pourrait trouver dans les romans d'heroic fantasy que j’aime tant, que j’aime tant ? Drôle d’idée, ça aurait plus de sens si j’étais capable de me souvenir d’un de ces romans que j’aurai lu. Dans ce cas, mes pensées sont-elles encore un sanctuaire ? Ou ne sont-elles que des lignes couchées sur le papier en attendant d’être lu ? Chers lecteurs ? Chers lecteurs, tout cela semble si… Convenu, si caricatural, un héros venant d’un monde moderne projeté dans un monde médiéval fantastique, pour que vous puissiez vous identifier à moi, mais entre nous, je ne peux pas m’empêcher de me demander si j’ai une famille ou des proches qui m’attendent là-bas, à supposer que ce là-bas existe dans ce livre, suis je en train de devenir fou ? Je me parle tout seul comme si quelqu’un m'entendait… ou n’est ce que le résultat de la volonté d’un écrivain tordu ? Vous seul le savez, et comme, si je suis un livre je n’ai pas d’oreille pour vous entendre, cela restera un dialogue à sens unique, mais cela n’as pas d’importance au final, car dialoguer avec vous, lecteurs, m’aide à réfléchir, en parlant de réflexions, si je suis bien un héros, je dois être une sorte d’élu, bon je n’ai pas encore été mis au courant d’une prophétie, mais mon petit doigt me dit que cela ne va sûrement pas tarder à arriver.

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