Les attaques ont commencé à la fin du printemps, je n’aurai pas dû être surpris, Varis m’avait prévenu que tous les ans à cette période, les hommes-lézards traversaient la Druance au sud pour attaquer les territoires elfes. Les hommes-lézards, comment vous les décrire ? Sinon en vous disant qu’ils portent bien leur nom avec leurs silhouettes humanoïdes, leurs peaux écailleuses rouges ou bleues, leurs crânes chauves et leurs mâchoires proéminentes. L’avantage avec ces créatures à sang froid c’est qu’elles sont inactives la nuit, ce qui nous permettait aux autres rôdeurs et à moi même de nous reposer compensant le fait que nous soyons moins nombreux qu’eux. Les escarmouches furent nombreuses et bien que nous les repoussions à chaque fois et peu importe le nombre que nous en tuions, les hommes-lézards ne semblaient pas se décourager, nous ne comprenions pas leur objectif… Par une belle nuit d’été, alors que je ne dormais pas encore, Varis a fait irruption dans ma chambre :
- C’est une catastrophe ! Ils ont volé le bâton de la vie !
- Qui as volé le quoi ? Répondis-je sans comprendre.
- Un groupe d’hommes-lézards s’est introduit dans la ville et a volé une relique en tuant les gardes qui la surveillaient.
- De nuit ? Je croyais que le froid les rendait léthargique ?
- C’est le cas, nous ignorons encore comment ils ont fait.
- Qu’est ce qu’on attends de nous ?
- Je forme une escouade de rôdeurs pour les rattraper et reprendre la relique.
- Mais cette relique c’est quoi au juste ?
- Le bâton de la vie est une relique druidique faite de bois sorcier, son importance est considérable car le secret de la fabrication du bois sorcier est perdu depuis des siècles.
Je me suis porté volontaire, faisant valoir que mes compétences de guérisseur serait indispensable, j’ai donc rejoins Varis, Aelar, Peren et Heian, nous nous sommes mis en route dans l’heure, malgré la nuit, mes camarades n’ont eu aucun mal à suivre les traces des hommes-lézards grâce à leur vision nocturne, les hommes-lézards avaient utilisé leurs griffes pour escalader l’arbre où était gardé la relique et étaient redescendu de la même manière, de la base du tronc leurs traces partaient droit vers le sud, nous les avons suivi jusqu’à la rivière. La traversée à l’aide d’une barque nous a déportés en aval, mais nous avons facilement retrouvé leur piste sur la berge, comme à leur habitude ils avaient traversé à la nage. Au petit matin nous n’avions toujours pas trouvé de trace de campement, nous en avons déduis que les hommes-lézards ne s’étaient pas arrêtés. La végétation était plus dense de ce côté-ci de la Druance, c’était une vraie jungle, ce qui ralentissait notre progression et limitait notre champ de vision. La première patrouille d’hommes-lézards nous a pris par surprise, Peren s’est pris une flèche dans le bras, cela venait de l’est, nous avons immédiatement répliqué, et en quelques dizaines de secondes le combat était fini. Varis aida Peren à retirer la flèche, mais le temps que je les rejoigne pour le guérir il était trop tard, il est mort sous nos yeux, la flèche devait être empoisonnée avec un poison extrêmement virulent. Nous avons caché le corps de Peren et ceux des six hommes-lézards tués. À la fin de la journée, nous avions évité deux autres patrouilles. À la tombée de la nuit, nous n’avions toujours pas rattrapé les voleurs qui se dirigeaient toujours vers le sud, mais nous avons décidé de faire une halte, nous avons donc établi un camp et prévu des tours de garde. Je me suis réveillé au milieu de la nuit à cause d’un cri, les flèches pleuvaient sur nous, à la lueur des étoiles j’ai distingué la chute de Aelar, puis celle d’Heian, Varis était à côté de moi, je l’ai attrapé par le bras et je nous ai fait fusionner dans un tronc proche. Au petit matin, Varis et moi sommes ressortis de l’arbre, en parcourant les alentours du camp nous avons trouvé trois cadavres d’hommes-lézards, Aelar et Heian ont donc réussi à en tuer avant de mourir. Près de l’un des cadavres d’hommes-lézards, j’ai trouvé un pendentif étrange qu’il semblait avoir perdu en tombant, un cristal rouge qui semblait luire de l’intérieur, lorsque je l’as pris dans ma main une douce chaleur en irradia dans tout mon corps, j’ai eu l’idée qu’on pourrait se balader nu en plein blizzard avec ça sans souffrir du froid, j’ai ainsi compris comment les hommes-lézards ont pu agir de nuit, j’ai fais part de ma découverte à Varis. Malgré le fait que nous n’étions plus que deux, nous avons décidé de continuer en redoublant de vigilance, surtout maintenant que nous savions que les hommes-lézards nous avaient repéré sur leur territoire. Nous avons continué de suivre la trace des voleurs pendant une semaine, leurs traces étaient de moins en moins fraîches, ils gagnaient du temps sur nous puisqu’ils ne semblaient jamais faire de pauses, chaque nuit pour être sûr de dormir en sécurité nous fusionnions avec un arbre, nous avons fini par arriver en vue d’une pyramide à degrés qui m’a fait pensé à la civilisation Maya. Pendant la journée, un grand nombre d’hommes-lézards semblaient aller et venir, mais à la tombée de la nuit, il ne restait plus que deux gardes devant l’entrée. Nous en avons profité, Varis m’a indiqué de cibler le garde de droite pendant que lui-même ciblait celui de gauche, deux flèches décochées simultanément, deux morts, nous sommes entrés. Après un court tunnel, l’intérieur de la pyramide était constitué d’une seule grande pièce, avec un autel en son centre entouré d’offrandes de toutes sortes, nourriture, bijoux, etc. Sur cet autel reposait un bâton d’où je sentais rayonner la magie, certainement le bâton de la vie que nous étions venus récupérer. Je me suis approché de l’autel, lorsque Varis me retint par le bras et me désigna un monticule rouge dans un coin de la pièce, un monticule qui monte et s’abaisse en rythme… Un monticule qui respire ! Un dragon ! Je me suis encore pincé le bras et j’ai eu mal, donc je ne rêvais toujours pas.
- Tu m’avais dit que les dragons était une légende ! Chuchotais je à Varis
- Parce que c’est ce que je croyais, prend garde à ne pas faire de bruit, récupère le bâton et partons avant qu’il ne se réveille.
Je me suis approché de l’autel, j’ai saisi le bâton, en un instant, toute la fatigue de la semaine écoulée s’est évanouie, j’étais de nouveau en pleine forme.
- Attention ! Cria Varis.
Cela me permis de remarquer que le dragon s’apprêtait à cracher le feu sur moi, je me suis recroquevillé derrière l’autel juste à temps pour éviter d’être carbonisé, le dragon se tourna vers Varis, qui décocha une flèche, Varis avait visé juste, la flèche atteignit le dragon sur l’œil mais celui-ci a cligné au bon moment, et la flèche retomba inutile. Malheureusement, Varis n’eût pas le temps de se mettre à couvert, et le souffle du dragon le réduisit en cendres. Caché derrière l’autel, je pensais ma dernière heure venu, d’ici quelques secondes le dragon surplomberait l’autel, j’étais impuissant, mes flèches ne pourrait jamais transpercer les écailles du dragon, c’est alors que j’eus une idée, je tentai le tout pour le tout, me redressait et préparait ma flèche, le dragon inspira, ouvrit la gueule, je décochai, ma flèche lui transperça le palais, et la bête s’effondra. Mort, le dragon était beaucoup moins impressionnant, je remarquais alors qu’il n’avait qu’un moignon à la place de l’aile gauche. De plus, je remarquais dans un coin de la salle des œufs aux coquilles rouges et bleues, j’avais donc tué une femelle, dans un premier temps, je me suis demandé pourquoi il n’y avait pas d’autres dragons, et puis j’ai saisi, les œufs non fécondé ne pouvant éclore et devenir de vrais dragons, la dragonne avait dû user de magie pour en faire des hommes-lézards, nom qui du coup sonnait faux, il vaudrait mieux les appeler draconiens. La dragonne espérait sûrement pouvoir utiliser le bâton de la vie pour faire éclore un vrai dragon, un mâle lui aurait permis de faire renaître la race… Je repensais à ce que m’avait dit Varis sur les attaques des draconiens, cela faisait des années qu’elles se produisaient, donc des années que la dragonne convoitait la relique, et c’est la création ces pendentifs, ces pierres de feu qui ont rendu possible le vol, mais heureusement, j’ai tué la dragonne, nous n’aurons pas à regarder vers les cieux le cœur empli de peur… Sur cette pensée, je me tirais de ma rêverie et me décidais à repartir, j’ai récupéré au passage les pierres de feu des gardes, ce qui m’en faisait trois. Il m’a fallu presque deux semaines pour retourner à la Druance, à cause des détours que j’ai fait pour éviter les patrouilles de draconiens qui étaient encore plus nombreuses qu’à l’aller, ils semblaient déterminés à me retrouver pour me faire payer la mort de leur mère. J’ai mis ce temps à profit pour étudier le bâton de la vie, la manière la plus simple de de le décrire est de dire qu’il était vivant, se nourrissant de la lumière du soleil comme le ferait n’importe quel arbre. Après être parvenu à retraverser la Druance, et donc être revenu dans la sécurité des territoires elfes, je décidais de tenter une expérience, après avoir repéré une branche de la bonne forme, je posais ma main sur le tronc et tentai de la faire se détacher tout en la maintenant en vie, ce fut une réussite, j’avais redécouvert le secret de la fabrication du bois sorcier ! Mais mon idée ne s’arrêtait pas là, je déliais la corde de mon arc pour l’attacher sur la branche de bois sorcier, et je testais l’arc ainsi fabriqué, comme je l’espérais la branche de bois sorcier était plus souple que du simple bois mort, me permettant de plus bander l’arc et ainsi de tirer d’autant plus loin, cependant mon nouvel arc était moins puissant, moins rempli de vitalité que le bâton de la vie, ce n’était guère surprenant, il n’avait pas accumulé celle-ci pendant plusieurs siècles. Arrivé à la capital elfe, Sylvanati, je fut accueilli en héros, je confiais le bâton de la vie au conseil des druides, et leur racontait tout ce qui s’était produit, y compris comment j’avais réussi à créer du bois sorcier, mais même après que je leur ai expliqué ma méthode personne d’autre n’est parvenu à reproduire l’exploit. Je leur confiais deux des trois pendentifs à pierre de feu, je voulais en garder un pour voir si je pouvais découvrir comment il avait été fabriqué. Au sein de la guilde des rôdeurs, nous prîmes le temps de pleurer nos camarades morts. Bien sûr, une nouvelle fois, mes exploits alimentèrent les rumeurs, partout où j’allais on m’appelait le tueur de dragons…