Chapitre 4

Notes de l’auteur : N'hésitez pas à me laisser des commentaires !

C’est en colère qu'Eden arrive au lycée ce lundi matin-là. La tournure des événements ne lui plait pas du tout. Il passait un super moment avec Sébastian et Carmen, oubliant presque qu’il était arrivé dans un environnement inconnu, et en une phrase son père a tout gâché. Les quelques jours presque heureux qu’il avait passés depuis leur arrivée avaient réussi à chasser de vilains nuages pluvieux, et aujourd’hui ils revenaient, orageux. 

Paxton, sombre partie de sa vie et il préfèrerait l'éviter le plus possible. Et voilà qu’il débarque encore pour l’embêter. Son père n’a même pas eu le temps de lui en parler samedi soir, il est parti s’enfermer dans sa chambre, et a royalement évité le sujet dimanche. Ce ne fut pas très compliqué. Lorsqu’ils sont allés courir, Eden a vissé ses écouteurs à ses oreilles. Le petit déjeuner aussi s’est fait dans le silence, à midi il a prétexté ne pas avoir faim, il a passé l’après-midi à faire ses devoirs, et le soir père et fils n’ont pas mangé en même temps. Facile comme bonjour, non ? 

Et ce matin William a essayé de rattraper le tir en l'emmenant au lycée, mais son garçon à passer le trajet les bras croisés, avachi dans son siège à regarder par la fenêtre… Pas besoin d'être profiler pour comprendre le langage corporel de l’adolescent. “Je n’ai pas envie de te parler”. En arrivant devant l'établissement le père a essayé d'enterrer la hache de guerre en lui disant un je t’aime, il n’a eu pour réponse qu’un vague “ouais”. C’est donc découragé qu’il arrive au poste ce matin.

Le comble de toutes ces petites péripéties est que Sébastian ne se présente pas à leur premier cours ce matin. Le jeune homme n'arrive qu'en début d’après-midi, saoulé et grognon. Eden et lui discutent par petits mots écrits au crayon à papier en coin de page.

C’est par ce procédé qu’Eden remarque les écorchures sur les mains du mexicain. Ces fleurs rouges sur cette peau brune lui semblent malvenues. La journée se passe donc mal avec un Eden et un Sébastian de mauvaise humeur. 

Les jours se sont enchaînés, entre devoirs et quelques blagues, des moments avec ses camarades, avec le club de théâtre qu’il a finalement décidé de rejoindre, et les quelques épisodes de Sébastian, et Eden en oublie même ce lundi merdique. 

Et les voilà de retour à samedi, Eden n’a pas prévenu avant d'arriver en début d’après-midi. Débarquant en Jogging/Sweet, tenue de la flemme, amarré de ses affaires de cours, il a tout de suite réclamé un chocolat chaud made in Séb, pour le bonheur de Carmen- qui en avait déjà eu le matin-. Les deux garçons ont donc fait leurs devoirs sur le sol de la chambre du brun. Et le blond fit le rapprochement - seulement maintenant- entre les cours que Sébastian séchait, et ses excellentes notes, lorsque ce dernier lui a corrigé son expression écrite pour le mardi qui arrivait. L'espagnol est sa langue maternelle !!! Eden a parfois la tête ailleurs.      

La chose est qu'après une semaine mal commencée et un week-end plutôt paisible, la nouvelle semaine s’annonce meilleure. 

– Tu fais plus la tête, remarque Sébastian quand ils se rejoignent à l’arrêt de bus. 

– La ferme… 

A cette réponse Sébastian rigole, et malgré le fait qu’Eden lui donne un coup dans l’épaule dans le but de le faire taire, il laisse un sourire se dessiner sur ses lèvres. 

L’ambiance de Vérone en ce jour semble bouillonnante, rien de mieux pour Eden. Quant à Sébastian … il voudrait retourner dans son lit. 

Il semble que l'événement de l’année soit en préparation…  

Le petit groupe de filles populaires organise une soirée, en soit rien d’étonnant dans un lycée américain. Elles sont pour la plupart des filles à papa, sortant avec un des athlètes du grand Vérone High School. Et parmi elles se tient Rosalie. 

La belle Rosalie, présidente du club de théâtre, inscrite au comité des élèves, bénévole dans une maison de retraite et un refuge animalier. Une jeune fille indépendante et engagée. Métisse, brune aux yeux verts, aux courbes parfaites, et célibataire. Un grand nombre de jeunes hommes ont tenté leur chance, sans résultat.       

Mais depuis quelques jours le cœur de la belle Rosalie balance pour un jeune homme aux cheveux blonds et à l'air californien. 

La jeune femme a rencontré Eden le jour de son arrivée. Elle a fait sa connaissance à midi, le découvrant au milieu de tous ses amis. Le sourire qu’il portait ce jour-là l'a touché en plein cœur. Et depuis qu’il a rejoint son club, elle trouve la relation qu’ils ont extrêmement rafraîchissante, bien loin des relations intéressées que les autres garçons entreprennent avec elle. Eden se contente  d’être lui en sa présence et de s'intéresser à ce qu'elle est réellement. Et puis il faut dire que le jeune homme a un très bon jeu d’acteur. Elle le trouve fascinant. 

Elle a alors pour plan de demander au jeune homme de l'accompagner à cette soirée. Et pourquoi pas organiser une soirée rien qu' à eux, se poser dans un petit resto un soir. Un date, comme on dit, en bonne et due forme. 

Ce mercredi soir, en plein dans leur répétition elle y pense encore, alors que les autres font des exercices, se passent des répliques, elle y pense. Lorsque c’est le moment débrief avec leur professeur, aussi. Lorsqu'il est temps de ranger le matériel sorti, et les accessoires éparpillés sur la scène. C’est sans surprise qu’Eden est resté pour aider à ranger. 

– Ça va ? lui demande-t-il en passant derrière elle. Rosalie atterrit alors sur Terre. 

– Oui, oui, j’ai la tête un peu ailleurs, désolée. 

– Tu veux en parler ? 

Et il fallait en plus que le blond soit un ange, le cœur de  la jeune fille craque complètement pour ces yeux bleus au reflet inquiet. En deux semaines de club ensemble, les deux jeunes gens ont discuté un petit peu. Et Eden voit en elle ce qui pourrait être une future bonne amie.  

– Tu fais un truc ce  week-end ? 

Eden ne comprend pas d'où sort cette question. Mais se met tout de même à réfléchir. Ce week-end… Il sait qu’il y avait écrit quelque chose sur le planning de la cuisine… Qu’est ce que c’était déjà… Il fouille dans sa mémoire, et il sait en plus qu’il en avait parlé avec les Mendoza le week-end passé. Carmen lui avait demandé s'il viendrait samedi prochain et il lui avait répondu… Ah ! Enfin ça lui revient.

– Mon père est de repos, on va aller se promener dans les environs. Le plan n'est pas très défini, mais c’est ce qui est drôle. 

Le fameux week-end Campbell, le principe est plutôt simple quand son père a un week-end de libre, ce qui arrive à peu près une fois par mois, ils partent se divertir quelque part, quelques affaires dans le coffre, et ils dorment dans le premier motel qu’ils croisent à la tombée de la nuit. 

– Ça a l’air cool comme sortie, lui répond-t-elle le sourire aux lèvres. 

– Ouais, sauf qu'il faut que je me lève à sept heures un samedi… 

La moue que fait Eden est tout bonnement adorable, et la jeune fille ne manque pas cette occasion pour lui pincer la joue. Telles ces vieilles tantes qui vous arrachent les joues à chaque repas de famille.

Et les voilà, en train de se courir après, une écharpe de plume dans les mains d’Eden. Il compte bien saucissonner sa camarade de scène. 

Une fois les enfantillages  et le rangement terminés ils ferment l'amphi et vont rendre la clé au concierge. C’est dans les couloirs vides que Rosalie décide de se lancer. 

– Tu veux aller dîner avec moi vendredi soir ?

Bon c’était pas comme ça qu'elle voulait formuler les choses, elle voulait que les choses soient définies tout de suite, mais mieux vaut rester vague. Moins de risques. 

–  Tous les deux ?    

– Euh, oui… Oui tous les deux.

Eden réfléchit, en soit il n’y voit pas d'inconvénient, et de tout façon il serait resté tout seul vendredi soir. Vu que de ce qu’il sait Sébastian sort ce soir, chaque semaine d’après sa sœur, Carmen en profite pour traîner avec ses amis en ville. Autant passer sa soirée en bonne compagnie, plutôt que devant la télé à manger des cochonneries en attendant son père. 

– Ok, ça me parait pas mal. Et on va manger où? 

En se déplaçant dans le couloir désert, ils débattent de quel restaurant mérite leur visite, en comparant les différents menus. 

En arrivant devant le parking du lycée, ils tombent sur Sébastian, en train de fumer, adossé à sa moto.  

– Rosalie, salue-t-il la jeune fille.

– Sébastian, lui répond-t-elle.

Les deux se regardent mais ne se disent rien d’autre. Eden suit leur échange sans savoir de quoi il en retourne. 

– Qu’est ce que tu fais là ? dit-il finalement quand la voiture de Rosalie quitte le parking.  

– J’étais à la bibliothèque, et au vu de l’heure je me suis dit que je pouvais te ramener. 

Bon Sébastian ment un peu, il est bien rentré chez lui à la fin de ses cours, et a été appelé par son cousin, pour une affaire qui a été vite réglée. Sur le chemin du retour, il est passé devant l'établissement, voyant qu’il était dix-sept heures quarante, il s'est dit qu’il pourrait ramener le blond. Il est donc passé à la bibliothèque emprunter un livre. Il écrase son mégot au sol avant de tendre un casque à Eden. 

– Tu me laisses monter sur ta moto ? s’exclame-t-il.  

– Ben oui, tu veux qu’on rentre comment?

Sébastian avise rapidement la tenue du blond, constitué d’un jean, et d’un sweat d’une marque de sport… Pas idéal. Il retire donc le perfecto qui est sur ses épaules pour le tendre à Eden. 

–  Et toi ?  lui demande-t-il, en regardant la veste, qu’il sait déjà trop grande pour lui. 

–  Pas grave, on en a pas pour longtemps, et je suis pas assuré pour deux… Et tu ne rentreras pas dans la veste de ma sœur.

Sébastian sort une veste en jean de sous le siège passager avant de l'enfiler, il n'est pas inconscient au point de rouler en sweat. Eden avait raison, la veste du brun est un peu trop grande pour lui. Il est tout de même content que le brun pense à sa sécurité. 

Alors il grimpe derrière lui, Sébastian lui dit de bien s'accrocher en levant légèrement les bras pour que le blond puisse glisser les siens autour de son torse. En démarrant, il surprend un peu son voisin, le sentant resserrer sa prise. Pas de quoi lui couper le souffle, mais assez pour ne pas oublier sa présence lorsqu’ils arrivent dans l'allée du Tilleul. En descendant, il le regarde retirer son casque, avant de passer ses mains dans ses cheveux dorés pour essayer d’y mettre de l’ordre. Chose inutile, vu qu’il empire les choses.  

– C’était génial !! 

– On recommence quand tu veux. 

Eden a le cœur qui pétille à cette idée. Profiter à nouveau de la vitesse, de la sensation de lâcher prise. Il ne dit pas non, et il fait entièrement confiance au brun. 

–  Tu veux rentrer ?  propose finalement Sébastian. 

Ce n’est peut-être pas la meilleure des suggestions, mais il a envie de prolonger le moment. De voir ce que ça fait d’avoir un  ami, ou du moins à nouveau, de ne pas briser la complicité qu’il y a entre eux. Et Eden accepte. C’est alors ensemble qu’ils rangent la moto dans le garage des Mendoza, ainsi que les équipements de protection. Le jeune Campbell rigole en avisant la veste violette que l’hispanique sort de son coffre, oui effectivement il ne serait pas rentré dedans, et la couleur est le premier argument. Une fois les deux vestes posées sur des cintres, ils rentrent s'installer dans la cuisine. On entend légèrement la musique qui s'échappe de la chambre de Carmen à l’étage. 

Quelque chose empêche Eden de se concentrer sur  ses devoirs. Une chose s'est passée, il y a moins d’une demie-heure. Quelque chose d'à peine perceptible qui s'est produit sur le parking du lycée. Entre le brun et la brune. 

– Tu connais bien Rosalie ? 

Ce n’est pas exactement comme ça qu’il voulait engager la conversation. Mais c’est comme ça que son cerveau a décidé d'opérer. Il lâche finalement son stylo sur son cahier… De toute façon, il n'était pas concentré sur ce devoir de physique.   Sébastian ne s’attend pas à cette question. En tout cas pas lancée comme ça. 

– Ouais. C’est pas comme si on était dans les mêmes établissements depuis à peu près la maternelle. 

Le sarcasme ne rend pas la chose plus facile apparemment. Parler de ce qui s’est passé n’est pas vraiment dans ses plans.

– Ça fait pas mal de temps dit donc, remarque Eden.  

– Ouais je crois même qu'à une époque on était amis, mais bon, les choses ont évolué un peu bizarrement entre nous. 

Eden fixe Sébastian en attente de plus de détails, et le brun se dit qu'après tout c’est Eden, le jeune homme ne va pas le juger, ni lui, ni la jeune fille, ni les décisions qu’ils ont prises. Alors il peut se confier sur ce qui s’est passé un an plus tôt. Et qui continue à lui peser chaque fois qu’il croise les yeux noisettes de celle qu’il appelait affectueusement Rosa enfant. 

– On s’est un peu éloignés en arrivant au lycée. On ne fréquentait plus les mêmes groupes, mais on restait en contact. Et d'autres trucs sont arrivés, mais je n'ai pas vraiment envie d’en parler. J’ai fait un truc qui l'a blessée. Un truc qui, je le sais, lui a fait du mal. Et on ne s’est plus jamais parlés, fin de l’histoire. Enfin pas vraiment. 

Eden est dans le flou, Sébastian en dit trop ou pas assez, les interrogations se bousculent dans sa tête après cette tirade. Et le brun joue la carte du détaché, histoire de masquer les émotions qui remontent à la surface. En remuant dans ses souvenirs, il se revoit avec la jeune femme en train de faire les quatre cents coups un peu partout dans le quartier, ou encore les sorties avec leur mère respectives. Ah, voilà que le souvenir de sa mère se fige devant ses paupières. Il aurait préféré ne pas y penser. 

– Comment ça pas vraiment ? 

Sébastian ne sait pas si Eden voit son trouble. Mais il le remercie intérieurement de le recentrer sur la conversation en cours. 

– Y a un an à peu près, on a fait la connerie de coucher ensemble. Et si avant ça elle avait au moins la gentillesse de me dire bonjour, même de loin, depuis elle m’ignore totalement et reste froide.

Il reprend son souffle, regardant le blond prendre conscience de l’information. C’est la première fois qu’il lui confie un truc personnel, un truc de sa personne. Il attend la réaction du blond, il ne sait pas quelle relation il entretient avec elle, mais il espère que ces révélations ne vont pas casser ce qui se construit entre eux. Que ce soit entre lui et Eden ou Eden et Rosalie. Voyant que le blond ne semble pas vouloir commenter, il poursuit, histoire de clarifier les choses. 

– Ne crois pas que c’est une peste, au contraire c’est une fille géniale, pas comme toutes ses copines. Dans cette histoire, c'est moi qui est merdé… Et j’aurai jamais dû accepter son caprice. Ça ne nous a rien apporté de bon à tous les deux. Moi j’ai perdu ma seule amie, ma meilleure amie.

Eden prend conscience de la relation complexe qu’ils entretiennent, mais ne peut pas faire de conclusion, il n’a pas le point de vue de l’autre concernée, et puis au final ça ne le regarde pas. Mais il est triste de voir Sébastian en parler comme un crève-cœur. Il voit qu’il tient à la jeune femme, et que cette perte lui a laissé des cicatrices. 

– D'accord, finit-il par dire.

En effet, il n'y a pas grand chose à dire. Même si la relation entre les deux amis n’est plus la même, ce n'est pas du fait d’ Eden. 

– Et est-ce que ça te dérange que je lui parle? demande-t-il. 

Là aussi Sébastian ne voit pas en quoi cela le concerne, la relation qu’ Eden et Rosa entretiennent. Qui est-il pour dire avec quelle personne le blond peut construire son entourage? Il ne le fait même pas pour sa sœur. Alors bien sûr il surveille les quelques personnes qui gravitent autour d'elle, et a peut-être usé de menace ou de son poing devant quelque gars un peu louches ou qui ne lui revenaient pas. Mais globalement il la laisse faire sa vie. Mais vu que le blond ne peut pas lire dans ses pensées, il se retrouve obligé de répondre. 

– Non, je ne vois pas pourquoi ça devrait me déranger. 

Eden hoche la tête doucement, de façon positive. Mais dans l’équation, il y a un truc qu’il a retenu.

– Tu as des sentiments pour elle ? 

– Des sentiments oui, mais pas amoureux … ou plus. Je sais pas trop. 

– D’accord. 

Eden conclut la discussion sur ça. Il ne cherche pas à savoir ce qui c’est passé. Sébastian a eu des sentiments pour la jeune femme, et les choses se sont tassé, sans pour autant qu’il ne tienne plus à elle. 

Il est vrai que le brun ne sait pas si les sentiments qu’il a eu un jour pour Rosa étaient amoureux. Après tout ils étaient si proches que si elle le lui avait demandé d’être plus que des amis d’enfance, il aurait accepté. Mais l'événement se tient à présent loin. 

Alors les voilà reprenant leurs devoirs. Eden fut forcé par la force des choses de se reconcentrer sur son devoir de physique. Sous l'œil avisé de Sébastian qui au passage se moque légèrement de lui. Au bout de dix minutes, le professeur Mendoza vient à sa rescousse. 

Les devoirs finis, ils se mirent à préparer le repas. Tout en reprenant une conversation légère. Bon Eden devait se décider, ce n'est pas la fin du monde s’il lui en parle, après tout, tout à l’heure, tout s’est bien passé.  

– Tu saurais ce qui lui ferait plaisir ? demande-t-il.

– A qui ? 

– Rosalie…

Sébastian réfléchit, puis l'interroge, pour quel évènement ? Campbell se met alors à lui  parler de la proposition de la jeune femme. Un dîner vendredi soir qui arrive, en tête à tête. Et le californien se voyait mal arrivé les mains vides. Il se souvenait que sa mère lui dissait de toujours faire plaisir au femme. Bon les choses étant qu’il ne savait pas vraiment y faire. 

– Un livre peut-être. Du théâtre de préférence. 

– Évidemment, soupire Eden.

Du théâtre,... Eden se voyait bien lui offrir une pièce française. Pourquoi pas du Jean-Luc Lagarce. 

C’est donc ce qu’il a fait, ils sont allés manger tous les deux dans un dîner qui proposait des burgers végétariens. Incroyable ! D’après Eden. Ils ont ri, discuté et fait les pitres, Eden surtout, chantonné. Et en attendant leurs desserts, le blond lui tend un petit sac contenant son cadeau. 

– Je me demandais pourquoi tu avais ça avec toi, ricane Rosalie.  

– Pour faire parler les jolies filles… dit le blond.

Ladite jolie fille éclate de rire avant de frapper, gentiment, le blond. Eden l'incite à ouvrir ce sac mal fermé avec un ruban de travers. C’est l'intention qui compte. Il la regarde détailler le livre, lire la quatrième de couverture, feuilleter quelque page, se perdre dans quelque réplique. 

– Pourquoi Lagarce ? 

Rosalie en est réellement curieuse, en plus d'en être ravie. Elle préfère mille fois ce cadeau plus tôt que les fleurs et les parfums ou encore les chocolats. Celui-ci lui semble plus adressé, si seulement elle savait à quel point la personne qui en a fait la suggestion sait ce qui lui plait. 

– Déjà parce que tu aimes le théâtre, ce qui est d'une grande qualité, se moque Eden. Mais plus sérieusement parce qu’on se ressemble lui et moi, sur de nombreux points et en même temps pas vraiment. Je suis loin de l’enfance qu’il a connu, mais je vois comment lui il voit les choses. 

Rosa,-elle a demandé à Eden de l'appeler ainsi-, digère la tirade pleine de sentiments de son compagnon de scène. Un sourire triste se dessine légèrement sur ses lèvres. Bien sûr, ça devait être trop beau pour être vrai. 

– Tu pense que tu le comprant aussi bien parce que comme lui tu es gay ? souffle-t-elle.

Alors là, le blond ne si attendait pas. Il pensait avoir été discret. Après tout, il ne le cache pas. Mais il s'est fait griller, comme ça, sans préavis. Avisant le blond toujours muet, et la grimace qu’il tire, Rosalie se reprend.

– Oh ! Non, désolé Eden, je voulais pas le dire comme ça. Je suis désolée. 

– C’est pas grave, ne t'inquiète pas, c’est … Je ne m’y attendais pas. J’allais faire mon coming out avec toi un jour ou l’autre, mais je pensais pas que ce serait ce soir. 

– Désolée d’avoir volé ton entrée en scène. 

Eden en rit à se faire mal au ventre. Effectivement, “entrer en scène” est une formulation plus sexy que sortir du placard… Ça sent moins la poussière et le refermé. C’est naturellement que Rosalie lui promet de ne pas en parler au lycée, même s'il n’y aurait pas réellement de problème. 

 – Tu l’as dit à Sébastian ? - Eden déglutie- Je ne suis pas aveugle je vois bien que vous êtes proches tous les deux. Et je peux t’assurer qu’il ne te jugera pas. Ni lui, ni Carmen d'ailleurs. 

Eden a les lèvres qui s'étirent rien qu'à l'évocation du frère et de la sœur. Il passe quand même de chouettes moments tous les trois. 

– Non je ne lui ai pas encore dit.

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