Chapitre 4

Jamais un soir ne fut plus attendu que celui-ci. Chris ne tenait plus en place mais n'avait rien dit à son supérieur, de peur de ne plus pouvoir prendre d'initiatives. Il avait décidé de suivre à distance les deux jeunes femmes et d'aller là où elles iraient, plus persuadé que jamais que la clef de l'énigme était entre leurs mains. 

 

Le matin du jour fatidique, la plus âgée daigna enfin sortir de sa chambre et emmena la plus jeune loin de l'agent secret et elles tinrent un interminable conciliabule dont Chris ne put entendre pas même un soupir.

 

Chris en profita pour se préparer, informant finalement sa base qu'une tempête était prévue pour le soir.

La lourdeur du temps ne leur permirent pas de sortir de la journée, et les trois jeunes gens passèrent l'après midi à jouer au poker, après que Chris eut appris avec surprise que le jeu était connu des jeunes filles. Sa surprise ne fit que grandir lorsqu'il perdit la plupart des parties, lui qui se disait redoutable. N'avait il pas gagné 10 000$ la dernière fois qu'il avait joué avec des amis ? Mais cela remontait déjà à plusieurs années car leur amitié s'était beaucoup ternie de cette mésaventure.

Enfin, le soir approcha. Ils mangèrent tôt et tous se retirèrent dans leurs chambres. Le silence dans la maison contrastait avec le hurlement du vent dehors et le bruit puissant de la houle qui se déchaînait, trop heureuse de donner de la voix.

 

Chris était sorti par sa fenêtre et avait installé des caméras devant les fenêtres des deux hôtes, puis s'était assis devant son ordinateur à attendre. 

 

Assis à l'envers sur sa chaise, le menton sur le dossier, il ne bougeait pas. Ses yeux étaient fixés sur l'écran où s'affichait les chambres à coucher.

L'attente serait longue, il n'en doutait pas. Aussi accueillit il Choupette gentiment quand celle ci toqua à sa chambre. 

- Mr John ? Le vent hurle très fort et je n'arrive pas à refermer correctement mes volets qui se sont ouverts. Peux tu m'aider ?

L'homme s'exécuta et réussit à vérifier sa caméra en aidant la petite. Puis il toqua à l'autre chambre. Invité à entrer, il découvrit la jeune femme assise sur son lit, crochetant un ours en peluche. Voici donc comment elle occupait ses journées durant tout ce temps, alors que Chris et sa sœur se baladaient dans l'île, lui exaspéré, elle ravie.

 

Un coup d'œil lui suffit pour voir qu'il n'était pas le bienvenu dans cette chambre, aussi ne referma t il pas la porte et se contenta de vérifier les fenêtres. Pour la première fois de sa vie, il se sentait gêner, presque de trop. Ah, si il avait su ce qui l'attendait , il se serait habitué à ce sentiment ce soir là mais comme l'avenir est fermé aux yeux des mortels, Chris ne le fit point.

 

Il finit par quitter la chambre, et découvrit dans la sienne la petite pelotonnée dans une couverture sur son lit, deux bols de lait chaud dans les mains, un livre d'histoire devant elle.

 

- S'il te plaît, lis moi une histoire.

Haussant les épaules, Chris s'exécuta. Il s'installa bien confortablement sur un fauteuil après avoir assis l'enfant par terre sur des coussins et se fit une voix grave pour conter l'histoire d'un capitaine de quinze ans, de Jules Verne, le seul romancier français qui avait réussi à conquérir son coeur adolescent.

 

Alors que la tempête se déchaînait de plus en plus fort au dehors, là dans cette chambre, une voix d'homme heureux faisait briller les yeux d'une petite fille en pyjama bleu.

 

 

 

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Vous lisez