M. Auer arqua un sourcil, alors que des bavardages commençaient à envahir la salle. Peu de gens oseraient arriver à ce point en retard ; Et Laj’ n’en faisait pas parti.
Pourtant, ce fut bien lui qui fut dévoilé par l’ouverture de la porte. Des cernes s’étaient glissées sous ses yeux, bien que ceux-ci soient restés vifs. Il était vêtu - tout comme Elke - de l’uniforme de l’école.
L’adolescent prit à peine le temps de murmure un faible « Désolé du retard », avant d’avancer rapidement entre les rangs pour aller s’assoir à sa place - à la gauche d’Aym’.
Après quelques secondes de silence, M. Auer se racla la gorge et reprit la parole.
- Donc, nous parlions des différentes lois, continua-t-il en s’installant au centre du couloir qu’il arpentait.
Il se retourna vers les élèves qui avaient les yeux rivés sur lui et récupéra un des livres qui étaient entassés sur son bureau.
Aym’ n’était pas assez proche pour pouvoir correctement l’apercevoir ; Toutefois, il put voir sa couverture noire sur laquelle quelque chose était écrit en doré.
- C’est un livre sur les différents hôtes des Zodiaques ainsi que les changements qu’ils ont apportés, murmura Laj’.
Aym’ jeta un bref coup d’oeil à son meilleur ami. Il était accoudé avec sérieux sur la table, sa main gauche prête à écrire et sa tête légèrement penchée à sa droite pour être entendu de l’adolescent.
Il ne semblait pas s’être rendu compte des interrogations qui taraudaient l’esprit de son voisin ; Si ce n’était pas le cas, il jouait très bien le rôle de l’innocent.
Aym’ resta interdit pendant quelques secondes, ne sachant comment réagir. Il n’aurait jamais pu imaginer que Laj’ ne revienne si calmement et plein de vitalité ; Au moins, espérait-il que le jeune homme lui fournisse quelques maigres explications.
Cependant, le prince de Cancer paraissait plutôt vouloir faire comme si rien ne s’était passé.
L’adolescent soupira. Lui aurait voulu obtenir des réponses à ses questions ; Malheureusement, Laj’ pouvait quelquefois se montrer particulièrement têtu.
- Étrangement, contrairement à ce que l’on pourrait d’abord penser, les lois d’aujourd’hui n’ont pas tant changé depuis le début du règne des Zodiaques, continua M. Auer, Savez-vous pourquoi ?
Personne ne leva la main. Laj’ jouait négligemment avec son crayon, observant les autres élèves avec attention.
Il était évident qu’il connaissait la réponse ; Sinon, il se serait empressé d’écrire la question, d’encadrer cela et d’attendre ce que s’apprêtait à dire M. Auer pour le recopier avec rapidité.
Mais alors, pourquoi ne paraissait-il pas vouloir répondre ?
Le professeur longea des yeux les nombreuses rangées, avant d’arborer un air surpris face au silence du prince de Cancer.
- Bon… Comme personne ne semble connaitre la réponse, pourquoi pas me faire une rédaction sur cette question pour la semaine prochaine ? Proposa M. Auer, Disons à peu près mille mots. Ça ne sera pas noté, précisa-t-elle.
Les élèves s’empressèrent d’écrire leur devoirs, leurs crayons grattant avec rapidité le papier.
Le professeur s’assit sur son bureau et commença à corriger les textes se trouvant à côté de lui.
- Vous avez une heure pour la commencer, déclara-t-il.
Une heure ? Aym’ soupira. Il n’avait aucune idée de comment les lois pouvaient-elles rester inchangées après toutes ses années.
Peut-être en existait-il une qui interdisait de modifier les autres et d’en ajouter ? Ce serait possible - mais stupide.
Il aurait fallu pour cela qu’un des premiers dirigeants eût voulu que ses opinions, choix et décisions continuent de commander les différents Royaumes.
- Mais qui pouvait bien penser à faire cela ?
Si vous ne savez pas comment commencer vos textes, je ne peux que vous conseiller de d’abord parler des hôtes, les interrompit soudainement M. Auer.
Les hôtes des Zodiaques ? Aym’ ne savait que très peu de chose sur eux ; Bien qu’ils gouvernaient le monde, ils n’avaient dévoilé que très peu de chose sur ce que cela impliquait réellement.
C’était d’ailleurs une des rares informations dont Laj’ n’avait jamais parlé, laissant son meilleur ami dans l’ignorance.
Ainsi, tout ce qui était connu de l’adolescent, n’était que ce qu’avait offert les Zodiaques.
Les hôtes étaient donc, à ses yeux, les personnes qui possédaient les pouvoirs des douze signes et qui, par conséquent, étaient les dirigeants des Royaumes. Ces personnes changeaient d’ailleurs régulièrement ; Dès qu’un des douze mourrait, un de ses enfants héritait de sa puissance.
Du moins officiellement. Officieusement, la réalité pouvait être tout autre.
Aym’ jeta un bref coup d’oeil à Laj’. Bien que son crayon s’affairait à remplir la feuille, il n’écrivait pas ; C’était un croquis de différentes personnes qui apparaissait petit à petit.
D’abord, ce fut un jeune homme aux cheveux longs qui fut dessiné ; Ensuite, quelques dizaines de minutes plus tard, l’adolescent découvrit que quatre autres personnes avaient fait leurs apparitions sur le papier. Mais ce fut à la fin de l’heure que le jeune homme comprit enfin le sens du dessin ; Désormais au nombre de treize, les hommes et femmes dessinés étaient selon toute vraisemblance les Zodiaques.
Lorelei était visible à la droite d’Héraclès, accoudée sur l’épaule d’un autre hôte. C’était une des rares qu’Aym’ réussit à reconnaitre, les autres lui étant inconnus.
Finalement, les cloches sonnèrent, annonçant la fin de la matinée.
Les élèves se levèrent bruyamment après avoir rangé leurs affaires.
- Tu viens manger chez nous ? Interrogea Aym’.
- Oui, pourquoi ? Répondit Laj’.
- Je ne savais pas si tu avais quelque chose après ou pas.
Surtout qu’en ce moment, ses actions étaient plus qu’imprévisible.
Après avoir fini de glisser leurs affaires dans leurs sacs, les deux meilleurs amis sortirent de la salle pour aller chercher Rebecca dans un des autres bâtiments.
En effet, l’école était séparé en plusieurs édifices, tous positionné de façon à créer un cercle ; Le premier, plus petit que les autres, servaient à garder les enfants de moins de cinq ans.
À sa droite, venait celui des Païs - ceux qui avaient entre cinq et onze ans. Ceux qui avait plus de douze, mais moins de dix-sept ans - les Éphébias -, allaient dans le bâtiment qui se trouvait en face de celui des jeunes enfants.
Finalement, arrivait celui des Polémistès, le plus grand d’entre tous, servant aux élèves les plus vieux. Il englobait l’école militaire et professionnel pour permettre à tous de rester dans le même lieu. Il était accompagné de dortoirs; c’était une sorte d’internat.
Au centre des quatre bâtiments, une grande cour était décorée de divers arbres et fleurs - quelques bancs venaient même s’y installer.
Aym’ et Laj’ marchèrent pendant quelques minutes jusqu’au bâtiment des Païs, traversant le magnifique parc.
Rebecca se trouvait en 3PA2, une classe située au deuxième étage. Elle était constituée d’une trentaine d’élèves - à peu près comme les autre.
Le nom venait du chiffre trois, signifiant qu’elle était en troisième année, de PA, voulant dire qu’elle était dans le bâtiment Païs, et 2, pour numéroter les différentes classes.
Ainsi, Amy’ et Laj’ se trouvait en 1EPT1, le T rappelant l’option texte et les différenciant de ceux ayant choisi l’oral.
Les deux adolescents arrivèrent finalement devant l’édifice des moins de onze ans. Celui-ci était d’un bleu clair magnifique - La clarté de la teinte des murs servait à démontrer l^âge des enfants. Des pierres blanches et argentés venaient écrire le nom de l’école ; Païs de Maria
Des enfants portant tous le même uniforme sortaient en courant et en s’amusant de la grande porte d’entrée, alors que quelques professeurs surveillaient que rien de trop dangereux se passait.
Finalement, une jeune fille aux cheveux bruns s’avança à grand pas vers eux, un sourire rayonnant sur le visage.
- Aym’, Laj’ ! S’exclama-t-elle en accourant.
Elle serra son frère dans ses bras, avant de faire de même pour le prince de Cancer.
- Toi, ça fait au moins deux semaines que je t’ai pas vu, sermonna l’enfant.
- Désolé, s’excusa en souriant Laj’.
- Tu es excusé, s’amusa Rebecca.
Aym’ récupéra le sac de sa soeur, alors que celle-ci discutait avec son meilleur ami.
Ils se dirigèrent vers leur maison qui se trouvait à une vingtaine de minutes de l’école, tout en continuant de parler.
- On va pouvoir manger le poulet ! S’enthousiasma Rebecca.
- Ah bon ? S’étonna Laj’
- Oui ; Aym’ avait dit que si tu venais, on n’était pas obligé de manger les légumes !
Le concerné secoua la tête avec un découragement amusé.
- Je pense que tu rêves beaucoup, quand même, parce qu’on n’a pas les mêmes souvenirs.
- Quoi ? Bien sûr que si !
- Bien sûr que non, contredit l’adolescent en tentant de dissimuler le sourire qui tentait de s’infiltrer sur son visage.
- Tu sais, Reb’, c’est pas grave si on mange des légumes, la taquina le prince de Cancer
- Ce serait un cauchemar, s’horrifia l’enfant.
- Tu cauchemarde vite dis donc, rit Aym’.
Rebecca releva la tête avec fierté et accéléra la cadence pour montrer son air offusqué.
Les deux adolescents se retinrent de rire et la suivirent en s’échangeant des regards complices.
- Tu sais bien qu’on rigolais, plaida le frère de la jeune fille, On pourra manger le poulet.
L’enfant se mordit la lèvre pour ne pas montrer le sourire fier qui s’y était dessiné, alors qu’une étincelle démontrait sa joie.
- Allez, Agapè, je suis sûr que tu le savais, continua Aym’.
Il n’obtint aucune réponse de Rebecca qui continuait d’avancer à toute vitesse.
- D’accord, t’auras le droit de prendre les deux ailes, céda-t-il.
Cette fois-ci, l’enfant laissa librement échapper sa joie.
- Merci ! S’écria-t-elle chaleureusement.
Elle s’élança soudainement en courant vers la maison qui apparaissait petit à petit devant eux, laissant les paysages de la ville derrière eux.
Le soleil illuminait l’entièreté du bâtiment, faisant briller les fenêtres, alors que celles-ci laissaient découvrir l’intérieur des pièces. Quelques rideaux devaient habituellement les cacher, mais Aym’ avait oublié de les fermer avant de partir.
Le trio entra à l’intérieur, après que l’adolescent ait ouvert la porte avec la clé, et allèrent dans la cuisine.
Elle n’était pas peu grande ; D’une taille légèrement plus grande que celle de la plupart des autres, elle possédait une fenêtre installée sur le mur de droite. Une table pour une dizaine de personne était installée au coin, entourée par plusieurs chaises en bois, assorties.
De l’autre côté, se trouvait tout ce qui pouvait servir à cuisiner.
Aym’ finit de ranger les affaires de sa soeur et de son meilleur ami, avant d’aller chercher le poulet qu’avait préparé sa mère, la veille, et de le poser sur la table.
- Agapè, tu peux mettre les couverts ? Demanda-t-il.
La jeune fille acquiesça et s’élança en glissant sur le carrelage. Lorsqu’elle eut fini, elle, ainsi que les deux autres adolescents, s’assirent.
Laj’ s’installa en face d’Aym, qui, quant à lui, se posa à côté de sa soeur.
- Enfin, soupira Rebecca, J’ai l’impression d’avoir passé plus de temps à attendre ce poulet que les dernières vacances !
Les deux autres laissèrent échapper un petit rire amusé, avant de commencer à se servir. Comme il l’avait promis, Aym’ offrit les deux ailes à sa soeur, après avoir donné une cuisse à son meilleur ami. Il se servit l’autre cuisse, et commença à manger.
- Tu as loupé des heures intéressantes ce matin, Laj’, déclara l’adolescent, Nous n’avons fait que parler des Zodiaques.
Rebecca afficha un air horrifié.
- Une matinée entière sur les Zodiaques ? Et tu as survécu ?
Le prince de Cancer soupira doucement avant de s’étirer tout en fixant Aym’ des yeux.
Son message était clair ; Il ne voulait pas parler des signes. Pas maintenant - pas à côté de Rebecca.
Mais pourquoi ne voulait-il pas le faire ?
Autrefois cela ne l’aurait pas dérangé ; Alors qu’est-ce qui avait changé ?
- Sinon, Agapè, tu as passé une bonne matinée ? S’intéressa son frère.
- Oui c’était génial ! J’ai eu trois heures de sport, et une heure de français, s’enthousiasma l’enfant, Mais, c’était triste, parce que Mme Glanz est enceinte, alors nous avons une remplaçante.
Mme Glanz était la professeur de Rebecca depuis le début de l’année précédente. C’était une petite femme, assez stricte, mais qui adorait ses élèves - qui le lui rendaient bien.
Aym’ n’avait pas eu la chance de beaucoup la connaitre ; Pourtant, Rebecca en avait tant parlé que son frère avait l’impression de la connaitre par coeur.
- Tu n’aimes pas votre remplaçante ?
- Si ; Mais Mmm Glanz restera à jamais la première dans mon coeur, claironna la jeune fille