Le soleil se levait lentement, alors qu’Aym’ peinait à rester éveillé. La rentrée était une chose plus que difficile pour l’adolescent - et il n’était certainement pas le seul dans ce cas-là. Sa soeur descendait avec difficulté les escaliers, trébuchant à chacun de ses mouvements.
Elle était vêtue d’un pantalon ample beige et d’une chemise blanche, alors que ses cheveux bouclés partaient dans tous les sens. Ses yeux étaient encore à moitié fermés et elle baillait régulièrement.
Aym’, quand à lui, ne s’en sortait pas mieux. Ses cheveux étaient tout autant ébouriffés, et il était somnolent. Ses vêtements - un haut jaune et un pantalon plus foncé - avaient été mis à la va-vite.
L’adolescent s’assit sur une chaise et avala rapidement un morceau de pain, en attendant sa soeur.
S’il écoutait le roi - il en avait l’obligation -, il devrait, deux ans plus tard, passer le concours pour entrer à l’académie, y passer plusieurs années et finalement devenir écuyer. Du moins, c’était ce qu’il fallait faire pour être un chevalier normal. Sûrement le parcours des chevaliers attitrés était-il bien différent.
De plus, il lui fallait devenir le chevalier attitré du futur roi de Cancer. L’adolescent doutait fortement que le roi actuel ne le favorise ; S’il voulait réussir à devenir le chevalier de Laj’, il devait le faire à l’aide de ses capacités.
Rebecca arriva finalement devant son frère et se posa lourdement sur une chaise en laissant échapper un bâillement étouffé.
- On regrette ses treize heures de sommeil ? La taquina Aymeric.
Il fallait dire que désormais, la jeune fille n’allait pouvoir dormir qu’une dizaine d’heures ; Et seulement si, elle se couchait tôt.
Mais, malheureusement, elle n’était pas la seule qui rêvait de plus dormir. Son frère, lui aussi, aurait aimé pouvoir garder le même horaire que pendant les vacances. Surtout qu’il devait se remettre de la fête pour la nouvelle Lune qui s’était déroulée une semaine plus tôt.
- L’école devrait commencer à quatorze heures et demi, geignit en réponse l’enfant, En plus, renchérit-elle, Cela m’empêche de passer du temps avec toi avant que tu ne quittes la maison.
- Qu’est-ce qui t’as dit que j’allais quitter la maison ? S’étonna Aym’.
- Je t’ai entendu parler hier, avec Cancer ; Lorelei m’a dissimulée dans la forêt pour que je puisse entendre votre conversation.
- Lorelei ? Le Zodiaque ?
- Oui ; J’avais entendu sa voix qui m’appelait et puis, tout est devenu noir. Lorsque la lumière est revenue, j’étais derrière un arbre, cachée, et tu discutais avec Cancer. J’ai supposé que c’était elle qui m’avait amenée là-bas.
Les Zodiaques pouvaient donc également faire cela ? Jamais Aym’ n’aurait pu l’imaginer ; Pour lui, les signes étaient des monarques immortels, mais dont la prétendue puissance n’était qu’un masque.
Avec un frisson d’effroi, l’adolescent songea à Laj’. Si autrefois le jeune home avait un léger espoir pour son ami, désormais, il en doutait.
Il faudrait pour cela, que le prince Cancer réussisse à obtenir l’aide d’un être supérieur - mais encore fallait-il que celui-ci existe.
- Tu sais, des fois, je me demande ce qui pousse Laj’ à vouloir à ce point tuer les Zodiaques. Qu’a-t-il bien pu vivre pour arriver à cet état d’esprit ? S’interrogea brusquement Rebecca, Je veux dire que, enfin, Laj’ n’était pas comme ça avant.
- Tu en es sure ? Pour ma part, j’ai l’impression de ne l’avoir jamais connu que comme ça, soupira Aym’.
Il fallait dire que son obsession pour les signes occupaient désormais l’esprit de Laj’ à un point où il était difficile de dissocier l’un de l’autre.
Aym’ se releva, après avoir fini de manger son morceau de pain.
Ils devaient bientôt aller à l’école et l’adolescent voulait d’abord vérifier que tout était bien préparé. Leur mère était déjà partie travailler depuis plusieurs heures - elle partait souvent de la maison avant que ses enfants ne se réveille -, et préparait, en général, toujours leurs affaires ; c’était pour cela que son fils préférait vérifier à chaque fois qu’elle n’avait rien oublié.
Le jeune homme se glissa vers l’entrée, tout en continuant de songer à Laj’.
Le prince de Cancer n’avait plus montré de signe de vie depuis la veille, après son départ précipité ; Aym’ commençait même à douter qu’il assiste aux cours de la journée.
En effet, bien que l’adolescent n’ait auparavant été absent des cours qu’en cas d’extrême maladie, ses recherches sur les Zodiaques pouvaient tout à fait l’avoir fait changer de priorité. Après tout, n’était-ce pas non plus la première fois qu’il passait autant de temps sans rendre visite à Aym’ et Rebecca ?
- J’ai fini de manger, déclara finalement l’enfant en rejoignant son frère, On y va bientôt ?
Aym’ acquiesça en refermant son sac. Il avait déjà fini de vérifier celui de sa soeur - c’était toujours celui qu’il faisait en premier - et venait de terminer le sien.
L’adolescent récupéra les deux vestes qui pendaient en hauteur et enfila la sienne.
Elle était faite d’un cuir foncé renforcé aux niveaux des épaules et des coudes et d’un col haut qui protégeait du froid. Celle de sa soeur était blanche - la couleur de la laine qui la confectionnait. Quelques dessins avaient été cousus sur les bords de la veste ; Sauf sur sa capuche.
L’enfant avait noué une écharpe colorée autour de son cou.
Le jeune homme se chaussa de bottine en cuir usé sur lesquelles des signes de coutures étaient visibles, avant d’attraper les sacs et d’attendre Rebecca . Celle-ci étant encore en train de lacer ses chaussures - plus petite que celles de son frère - , ralentie par la fatigue.
Lorsqu’elle eut fini, Aym’ s’avança vers elle, en dehors de la maison.
Le soleil brillait faiblement dans le ciel ; Sûrement lui aussi était-il fatigué de la journée qui s’annonçait devant eux. Quelques nuages venaient s’immiscer dans le paysage, bien qu’ils soient rares. Le vent froid rafraîchissait l’atmosphère et faisait frissonner Aym’ et Rebecca.
L’adolescent referma la porte à clé derrière eux, avant de reposer la clé dans sa veste. Celle-ci était faite de fer et de différents pierres bleutées.
- Allons-y, confirma-t-il.
XXX
Aym’ soupira en jouant avec son crayon. Comme il l’avait prévu, Laj’ n’était toujours pas arrivé et n’avait prévenu personne; Même le professeur ne connaissait pas la raison de son absence.
Mais ce qui était le plus étrange, était le fait que Laj’ soit en train de louper un cours d’histoire.
La possibilité qu’il est découvert quelque chose de nouveau sur les signes était la plus évident, et celle qui revenait le plus souvent dans l’esprit d’Aym’ ; Toutefois, l’adolescent ne pouvait pas être complètement assuré de la véracité de cette explication.
Le bruit des crayons grattant le papier le tire brusquement de ses pensées.
À côté de lui, tous ses voisins avait commencé à écrire, s’affairant avec passion à noircir les feuilles.
Qu’étaient-ils en train d’écrire ?
Aym’ jeta un bref coup d’oeil à son voisin, un jeune homme du nom de Hagen. C’était un adolescent aux cheveux bruns et aux yeux de la même couleur, dont les sourcils étaient constamment froncés.
Cependant, Aym’ ne le connaissait pas vraiment ; Ils s’étaient à peine parlé quelques fois.
Et pourtant, le jeune homme décida malgré tout de lui expliquer ce qu’il devait faire.
- Étant donné que le dernier cours d’histoire date d’il y a plus d’un mois - C’était avant les vacances, tu te souviens ? -, M. Auer voudrait que l’on fasse un court résumé de ce dont l’on se souvient.
Un court résumé… Ce n’était pas vraiment le mot qu’aurait utilisé Aym’. En effet, la plupart des élèves semblaient prêt à noircir aux moins quelques pages de leurs écrits.
Mais, sûrement était-ce normal ; Ils avaient pratiquement tous choisi l’option textes, l’année précédente.
Seuls quelqu’uns avaient pris, tout comme Aym’, cette option uniquement pour ne pas avoir l’autre, espérant malgré cela avoir l’opportunité de briller.
Malheureusement pour eux, ceux qui avaient été guidés dans leurs choix par leurs amours des écrits étaient prêt à tout pour leurs montrer leurs supériorités dans les différents matières ; le niveau était donc assez élevé dans la classe.
Avec un soupir amer, Aym’ se plongea dans ses souvenirs pour tenter de retrouver des connaissances sur l’histoire des Zodiaques.
Si sa mémoire ne lui jouait pas de tours, les douze signes étaient apparus des milliers d’années auparavant - au moins trois milles ans plus tôt.
Personne ne savait exactement ce qui s’était déroulé cette année-là ; Même ce qui se trouvait avant, sur ce monde n’était connu de personne.
Il fallait dire que les Zodiaques n’avaient dévoilé qu’une infime partie de leur savoir, laissant le plaisir aux humains d’imaginer le passé de cette terre.
Toutefois, sûrement Laj’ était le mieux placé pour deviner la vérité - ou du moins faisait-il parti de ceux qui avaient le plus de chance de le faire.
Le bruit d’une cloche intervint soudainement, après quelques heures de travail de la part des élèves. M. Auer claqua des mains pour leur demander de ramener les feuilles.
Hagen attrapa la feuille d’Aym’ et la sienne. Lorsqu’il croisa le regard de l’adolescent, celui-ci le remercia du regard.
Le jeune homme acquiesça, tout en gardant un air détaché sur le visage et se glissa dans les rangs pour déposer les deux feuilles.
Le professeur attendit que tous soient retournés à leurs places, avant d’expliquer la suite des cours de la matinée.
- Avant les vacances, nous avons travaillé les différents règles des Royaumes ainsi que le fonctionnement des villes, souvenez-vous en. ( Il n’attendit pas que les élèves répondent à sa question pour continuer ), Quelqu’un pourrait-il m’en donner deux qui différent selon les Royaumes et deux qui sont les mêmes pour tous ?
Aym’ baissa des yeux en réfléchissant. Ses connaissances étaient restés bloquées avant les vacances, et il peinait à les retrouver.
Il lui semblait que le savoir et les techniques étaient controlés par le Zodiaque de la Vierge ; Ainsi aucun Royaume n’allait pouvoir être plus avancé qu’un autre.
Ensuite, la deuxième chose qui devait être semblable était sûrement les tribunaux où étaient jugés les prisonniers. Si l’adolescent réussissait à bien se souvenir de ses cours passés, un des douze signe était celui de la justice et devait, par conséquent, probablement être celui qui s’occupait de cela.
Toutefois pour les différences, c’était plus compliqué. Elles paraissaient être infinies et pourtant, Aym’ peinait à les trouver.
- Elke ? Interrogea le professeur.
La jeune fille tendait la main avec un sourire mal retenu. Il était évident qu’elle était fière de savoir cela.
Elle avait des cheveux blonds qui tombaient en dessous des épaules et des yeux bruns joyeux.C’était une des rares élèves à porter l’uniforme ; Une veste en cuir brun sur une chemise blanche, une longue jupe de la même couleur que sa veste et des chaussures plates.
Malgré tout, même elle s’était permis d’ajouter quelques accessoires sur ses vêtements. De nombreux bracelets et colliers de différentes couleurs étaient visibles au niveau de ses poignets et de son cou.
- La façon de gérer l’économie et l’éducation est différente selon les Royaumes, répondit Elke.
M. Auer acquiesça avant de se retourner vers les quelques autres mains qui venaient de se lever.
- Vera ?
- Il y a également les armées. Celle de Cancer est constitué de chevalier qui ne font que s’entrainer pour cela, alors que dans Aries, tout le monde sait se battre, expliqua vivement l’adolescente.
Le professeur approuva des yeux et se retourna vers un autre élève.
C’était un jeune homme aux cheveux roux et aux traits durs. Ses yeux bruns faisaient des allers-retours entre sa feuille et M. Auer, alors qu’il tapotait nerveusement sur la table.
- Les connaissances sont gardées par Virgo ; C’est elle qui décide donc de celles qui peuvent être dévoilées ou pas.
- Il y a également la justice ! Libra est le seul Zodiaque à pouvoir juger les criminels ! Interrompit soudainement la personne à la gauche d’Elke en se levant brusquement - un adolescent au visage rond et à aux cheveux bruns.
- C’est juste mais je préférerai que, la prochaine fois, tu ne prennes pas la parole sans mon autorisation, commenta M. Auer.
L’adolescent rosit en s’asseyant, avant de murmurer un faible désolé.
On toqua alors à la porte. Qui est-ce que cela pouvait être ? Peut-être Laj’ ?
Aym’ eut un sourire amer. Non, cela ne pouvait pas être lui ; Pourquoi serait-il venu après plusieurs heures de retard ?