Aucun de nous trois ne pipait mot. Nous avions juste contemplé les autres équipes établirent un plan puis s’en aller. Nous aurions dû faire cela, j’aurais dû faire le premier pas comme je sais si bien le faire. Mais mes pensées toutes entières étaient dirigées vers ce qu’il venait de se produire. J’avais menti sur mon identité. J’avais pris la place d’une autre et me retrouvais à présent à côté d’un garçon arrogant et l’autre mystérieux. Une jolie voix s’échappa de la bouche de Théo lorsqu’il nous demanda ce que l’on comptait faire. Je jetais un regard vers Alexis, mais le garçon avait l’aire perdu dans ses pensées. Je respirais profondément. Il fallait prendre les choses en main. Je ne pouvais pas ne rien faire et laisser les autres équipes trouver le repère avant nous. J’oubliai mes pensées menaçantes et me tournai vers le jeune homme à la peau bronzé. Ses cheveux noir bouclés étaient joliment coiffés, cour sur les côtés et plus épais sur le haut de son crâne. Ses yeux bruns me fixèrent curieusement.
- je pense que cela ne sert à rien de s’enfoncer dans la forêt sans savoir où aller.
- C’est pourtant ce que plus de trois quarts des équipes on fait, me répondit-il, narquois.
- Et si il se jette dans une rivière remplit de crocodile tu les suivrais ? clamais-je du tac au tac.
Il fronça les sourcils et s’apprêta à dire quelques choses mais je l’interrompis.
- Non, il ne faut pas faire comme eux et espérer avoir de la chance pour cette fois ci car bien moins du quart trouveront le camp à temps, dis-je. A présent Alexis me regardait d’un air attentif. Il ne faut pas être dans la vitesse mais dans la finesse et l’orientation car il suffit de nous tromper de chemin et cela risque de nous faire perdre notre première épreuve.
- Y a-t-il des chemins ici ? à par la route par lequel nous sommes venu, il n’y a que des montagnes de plantes et de terres ici, marmonna Théo.
- Effectivement, et je ne sais pas vous, mais je n’ai vu aucun signe de civilisation sur le chemin, donc je suppose que l’on peut éliminer cet endroit de l’île.
- Outre cette information magnifiquement bien cherché, à quoi cela nous avance ? soupira Théo moqueur.
- Chercher des informations qui aurait pu accidentellement être oublié ou laissé par les gardes.
Nous nous tournâmes tout deux vers Alexis qui ouvrait la première fois la bouche depuis le début du jeu.
- Et si on ne trouve rien ? demanda Théo septique.
- On avisera.
Nous nous séparâmes donc et nous mîmes à chercher un quelconque indice susceptible de nous aider. Je jetais de temps en temps des coups d’œil vers Alexis qui restait droit et silencieux, cherchant du regard quelque chose dont on ne savait pas la forme. Il avait tant changé. Quand je lui avais parlé le premier jour de notre voyage, il était rempli de caractère, d’humour et parlait de vive voix, mais à présent il était froid et silencieux. Comme quelqu’un d’autre.
Je m’approchai de Théo, abandonnant l’idée de trouver quelque chose. Il sifflotait tranquillement en essuyant du bout des doigts la poussière d’un compartiment d’un des trois cars. Il se tourna vers moi en m’entendant arriver.
- Tu as trouvé un truc ? me demanda-t-il.
- Non. Tu as regardé dans chacun de ses compartiments ?
- Oui mais à par des toiles d’araignées il n’y avait rien qui puisse nous intéresser.
Je soupirai.
- Vient-on va trouver un autre plan avec Alexis. On perd trop de temps, dis-je en me dirigeant vers le jeune homme brun, mais Théo me rattrapa et se plaça devant moi, le regard peiné.
- Attend Ashley, enfin Lise, enfin…
Je fronçai les sourcils.
- Appelle moi Ashley seulement quand on est tous les trois.
- D’accords. Ce que je voulais te dire c’est que je sais pourquoi tu as fait ça et que…
Il s’interrompit. Un cri de victoire retentit. Nous nous tournâmes brusquement vers Alexis qui brandissait un bout de papier froissé sortit d’un mince espace dans le carrosse du car. Nous accourûmes vers lui remplis d’excitation. Il nous montra du bout du doigt quelques chiffres joliment écrit, avec une sureté feinte. Mais il n’avait aucun sens à mes yeux et le regard perdu d’Alexis en disait de même.
- Des coordonnées, murmura Théo.
Nous nous tournâmes vers lui étonné. Rien dans sa façon brutale de faire ne m’avait laissé penser qu’une once d’intelligence vivait chez lui.
- Je fais de la course d’orientation depuis dix ans et je reconnaitrais entre mille une coordonnée. Sur une carte, la croix serrait en bas à droite.
- Comme tu dis, sur une carte. Sauf que nous n’avons pas de carte, murmurais-je.
- Et rien ne nous dis que cela ne sont pas des chiffres quelconques, renchérit Alexis.
Tient, il prenait part à la discussion. Etonnant.
- Ho la la, faites pas les rabat-joie. On trouve enfin quelques choses et vous trouvez à redire ! non franchement, c’est écrit d’une main ferme et qu’est-ce que cela ferait caché là ! sincèrement, je pense que ce n’est pas laissé ici au hasard, c’est une épreuve et une épreuve possède forcément une solution ou un indice ! on ne peut pas gagner une épreuve avec un coup de dés et surtout pas dans ce type de jeu, ils ont forcément laissé des indices !
- Alors quoi ? on cherche une carte maintenant ? m’exclamais-je.
- Non, on n’en a pas besoin.
- C’est bien drôle de faire celui qui sait quoi faire, mais des coordonnées ne servent à rien sans carte, grommelai-je.
Le garçon soupira et nous entraina vers un espace de terre sur le côté de la clairière et dessina grossièrement le monde.
- Nous sommes partit d’ici, dit-il en montrant la France. Et nous n’avons pas eu froid, ce qui signifie que l’île se trouve vers le sud. Le temps ne s’est donc jamais refroidie, nous sommes donc restées dans l’Atlantique.
- Nous aurions pu passer par l’Afrique du sud ou l’Amérique, commentai-je.
- Non car nous n’avons jamais vu de terre et si nous étions passés assez au large, le temps se serait donc refroidie, pareil si nous étions passé par l’Amérique du Sud.
- Bon admettons que nous soyons encore dans l’océan Atlantique, ça nous avance à quoi ?
- Attends que je finisse, nous avons mis deux semaines avec quelques léger intempéries qui nous ont légèrement ralentit, ce qui signifie que nous nous trouvons le plus loin de la France, dans une zone ou la chaleur est présente, c’est-à-dire dans cette partit, expliqua-t-il en faisant un rond entre l’Amérique du sud et l’Afrique du sud. J’ai aussi bien regardé la manière dont le bateau virait et nous n’avons jamais bifurqué énormément, ce qui signifie que nous sommes arrivés par le nord de l’île.
Il s’interrompit. Je voyais à présent ou il voulait en venir et je le regardais à présent avec des yeux attentifs et emplis de respect.
- Donc, comme je le disais tout à l’heure, la coordonnée se trouverait au sud Est d’une carte si le nord se trouve effectivement vers le haut de la carte.
Nous le regardâmes étonnés par cette déduction qui n’allait avec tout sauf à sa personne brutale. Comme aucun de nous ne bougeait, je me relevai et dis d’une voie confiante.
- Alors allons-y non ?
Les garçons hochèrent la tête et nous commençâmes à marcher vers le sud que Théo avait déterminé grâce à ce magnifique soleil qui brillait dans le ciel et à sa mousse qui était accroché aux arbres.
Nous entrâmes dans l’immense forêt épaisse et nous nous mîmes à avancer difficilement. A plusieurs reprises j’avais failli tomber en glissant sur du bois humide. Parfois, une peur bleue s’emparait de moi lorsque des buissons frissonnaient suite au passage d’une bestiole. Aucun de nous ne pipait mots, se contentant d’avancer et d’observer ce qui nous entourait. La nature ici était très différente de la France. Ce n’était pas sec comme en Provence, mais ce n’était pas non plus des sapins ou encore une forêt de platanes. C’était majoritairement de grands arbres dont on ne voyait pas le sommet et qui nous abritaient du soleil. Les plantes étaient aussi différentes et très colorées. Plutôt exotiques. Il n’y avait pas non plus beaucoup de dénivelé, c’était plutôt plat ce qui nous facilitait la tâche.
Au bout de quelques longues heures, lorsque la nuit tomba, je m’écriai, essoufflé.
- On ne pourrait pas faire une pause ?
Personne ne me répondit. Alors je m’arrêtai en tapant du pied et en croisant les bras, outré.
- Non mais ho ?! vous pouvez répondre au moins ! c’est quoi cette impolitesse sérieusement ?!
- La ferme et marche, marmonna Théo.
Une colère soudaine s’abattu sur moi. Je marchai à tâtons vers lui, me référant au clair de lune qui passait légèrement entre le feuillage. Arrivé à sa hauteur quelques minutes après, je lui pris le bras pour l’arrêter.
- Je ne te permets pas.
- Je ne me rappel pas t’avoir demandé ta permission.
Ça y est, le garçon intelligent et gentil de tout à l’heure était redevenu un véritable monstre. La méchanceté semblait sortir de lui. Pourquoi est-ce que les garçons avec qui j’étais tombé changeaient d’humeur aussi rapidement ? Ce n’était même pas d’humeur mais même de personnalité.
- Je ne suis pas censé te donner une limite, c’est censé venir de toi-même la politesse.
Un rire hystérique sortit de ses lèvres fines.
- C’est quoi ton problème ?! m’écriais-je furieuse en le repoussant. Tu connais le respect ou ta petite maman ne te l’a pas appris ?!
Il riait à gorge déployé maintenant. Je m’apprêtai à me jeter sur lui lorsque je sentis une main me décaler doucement et Alexis se plaça entre nous deux.
- Calmez-vous, dit-il d’un ton sans appelle. Puis en se tournant vers Théo : parle lui correctement, c’est tout à fait normal qu’elle s’énerve contre toi si tu lui parles mal. Et enfin en se tournant vers moi. Et toi arrête de faire la gamine. On ne règle pas les problèmes par la force et encore moins en criant.
Nous levâmes les yeux au ciel. Il m’avait empêché de me battre contre un idiot, j’aurais tellement eu envie de…
- Ensuite, on ne va pas s’arrêter…
- C’est hors de question, l’interrompis-je. On ne voit pas le bout de son nez et je suis épuisé. On n’a ni nourriture ni eau et je commence sérieusement à être desséché.
- J’ai eu solution qui conviendrait à tout le monde, proposa Théo.
Je le regardai. Le garçon intelligent était-il enfin revenu ?
- Achètes-toi des lunettes, manges des plantes ou des petits lézards et bois ton pipi, s’exclama-t-il ravie.
Je me jetai sur lui. Mon poing s’enfonça sur son visage et ses mains se refermèrent sur mes bras, me pinçant horriblement fort. Soudain je sentis mes cheveux être tirés en arrière, m’arrachant une plainte. J’étais à présent assis par terre, me massant mon crâne douloureux. Théo faisait de même quelques mètres plus loin. Alexis nous regardait une lueur tueuse dans son regard.
- Mais ça ne va pas ?! nous criâmes, Théo et moi.
- Si ça va très bien, répondit-t-il, les main sur les hanches. Ashley si tu peux te battre, alors tu peux sans doute marcher.
Et il partit. Théo le rejoint quelques instants plus tard, me laissant seule, bouillonnante de colère.