Iruka rentra chez lui, confus. Confus dans tous les sens du terme.
Confus d’avoir hurlé sur LA légende vivante de Konoha. Devant ses élèves en plus ! Mais il avait réussi tant bien que mal à trouver une excuse qui, finalement, lui laisserait la paix quelques temps avec eux. Il leur avait en effet expliqué que Kakashi-sensei avait osé lui rendre un rapport de mission absolument illisible et que cela était intolérable.
En effet, non content d’être enseignant à l’Académie des Ninjas, Iruka assurait également le secrétariat de l’Hokage, le chef de leur village.
Il avait donc expliqué à ses élèves, tout en se retenant de rire devant leurs mines effarées, que lui, Iruka Umino, ne permettrait à personne, pas même au célébrissime ninja-copieur, de rendre un rapport de mission aussi mal rédigé et présenté. Tous les élèves en étaient restés bouche bée, et se tinrent tranquilles jusqu’à la fin de la journée. Iruka eut même la surprise de constater que les copies rendues ce soir par ses élèves étaient les mieux présentées qu’il ait jamais vues jusqu’ici.
Mais une autre sorte de confusion emplissait son esprit : qu’est-ce qui avait traversé l’esprit de Kakashi-sensei pour avoir un tel comportement ? L’espace de quelques secondes, il s’était même dit que les gens avaient peut-être finalement raison, que Kakashi Hatake était bien le pervers que tout le monde pensait. Pourtant, tout au fond de lui, Iruka savait que cela ne pouvait être juste. Cet homme avait aussi été un enfant. Un enfant touché par tellement de drames qu’il ne savait même pas comment il pouvait être encore debout. Sa capacité de résilience forçait l’admiration...Et Iruka savait que Kakashi était aussi un génie. Tout le monde au village le savait. Cet homme était une légende ; c’était celui auquel l’Hokage faisait appel pour les pires missions de rang S (les plus dangereuses et les plus sensibles), l’un des ninjas sur lequel elle comptait pour monter des stratégies offensives et défensives comme rarement les ninjas n’en avaient vues. Oui, Kakashi était un génie. Et c’était bien cela le problème…
Flash-back..
Lors d’une de ses escapades à la bibliothèque, alors qu’il cherchait un ouvrage pouvant l’aider à accompagner Naruto au mieux, Iruka était tombé sur un ouvrage traitant des personnes à haut potentiel. Et, pour une raison qui lui était encore inconnue, il l’avait pris. Et dévoré en une nuit. Il l’avait relu le lendemain, pour être certain d’avoir bien compris et intégré toutes les conséquences de ce qu’il avait découvert.
A bien y repenser, c’est la lecture de ce livre qui avait tout déclenché. Il avait ensuite dévoré tous les ouvrages traitant de ce sujet, analysant, décortiquant les choses parfois jusqu’à l’extrême.
Ce qu’il pensait avoir compris l’avait alors rempli de tristesse. Une tristesse infinie. Parce que dans ce qu’il avait lu, il avait certes reconnu Shikamaru Nara, mais aussi Kakashi-sensei. Et dans ce qu’il était décrit de leurs mécanismes internes, de leur difficulté à gérer leurs émotions, de leur sensibilité exacerbée, en mettant tout cela en lien avec les pertes et les jugements auxquels Kakashi avaient dû faire face, Iruka avait cru ressentir, ne serait-ce qu’un peu, l’abîme de douleur et de solitude de l’homme au Sharingan. Cela lui avait brisé le coeur. Depuis cet instant il n’avait eu qu’une envie : serrer cet homme dans ses bras, pour lui faire savoir qu’enfin, il n’aurait plus à traverser cela tout seul. Pour essayer, ne serait-ce qu’un peu, de recoller les morceaux de son coeur et de son âme.
Il essaya alors de se rapprocher de Kakashi. Il lui avait fallu trouver le cran nécessaire, car Kakashi-sensei l’intimidait. En fait, il intimidait tout le monde. Même Naruto, qui pourtant lui hurlait dessus quand il était en retard, ne s’était jamais permis de le traiter de pervers ou de « pas net », comme il le faisait avec Esubi-sensei ou Jiraya-sensei (pourtant l’un des 3 ninjas légendaires). Kakashi n’avait jamais non plus eu le droit à son sexy justsu, contrairement à tous les sensei de Konoha. Cette technique de transformation propre au garçon avait le don de provoquer des pensées perverses (et donc des saignements de nez intenses) chez tous les hommes qui y étaient confrontés : Naruto se transformait en effet en une magnifique jeune femme blonde aux yeux bleus, les cheveux longs, entièrement nue et simplement« habillée » d’une traînée vaporeuse cachant les endroits stratégiques de son anatomie. Oui, tout le monde y avait eu droit. Même lui, Iruka. Mais jamais Kakashi. Comme s’il était impensable, même pour la tornade blonde aux yeux bleus, de faire subir cet affront à ce sensei.
Alors, après maintes réflexions, pour nouer un début de lien avec cet homme, Iruka avait donc fait ce qu’il savait faire le mieux : être empathique et bienveillant. Passant par-dessus sa timidité, il lui souriait plus souvent lorsqu’ils se croisaient, lui demandant comment il allait lorsqu’ils ne s’étaient pas vus depuis longtemps. Mais il dût se rendre à l’évidence : l’affaire allait être corsée. Le ninja-copieur restait froid, distant. Même si, la première fois qu’Iruka lui demanda comment il allait, il crut déceler une lueur de surprise dans l’unique œil visible de l’homme au Sharigan.
Petit à petit, les relations entre les deux hommes se détendirent. Iruka était de plus en plus à l’aise et Kakashi semblait s’habituer peu à peu à ces échanges entre eux. Pour autant, ces derniers n’en restaient que rapides et laconiques, le ninja-copieur ne se contentant que très souvent d’un marmonnement ou d’un hochement de tête. Mais pour Iruka, c’était déjà cela.
Un jour pourtant, tout changea.
C’était au retour d’une mission particulièrement pénible avec son équipe (en fait, c’était surtout Naruto qui avait été pénible). Kakashi venait rendre son rapport à l’Hokage, et Iruka était à la réception. L’homme aux cheveux argentés se sentit immédiatement plus détendu à cette seule vision. Pourtant, cette sensation lui déplut et il se hâta de la chasser. Il s’approcha du bureau en tendant le document :
« Bonjour, Iruka-sensei ! Comment allez-vous ? »
« ….. »
Devant l’air médusé de son interlocuteur, Kakashi eut un doute. Avait-il dit ou fait quelque chose qu’il ne fallait pas ? Pourtant, il ne lui semblait pas. Il avait même pensé à ranger son Icha Icha Paradise (son livre cochon favori) dans sa poche arrière...Vraiment, là, il ne comprenait pas. Entre-temps, Iruka-sensei avait repris ses esprits et, arborant un large sourire, lui répondit :
« O….Je….Je vais bien, merci Kakashi-sensei . Vous aussi ? »
Kakashi se surprit à penser que ce sourire sincère lui faisait beaucoup de bien. De son côté, Iruka essayait de ne pas avoir l’air trop surpris par le fait que Kakashi lui avait adressé la parole le premier, et pour la première fois.