— C’est sympa, c’est quoi ?
Adhaley était rentrée pour trouver sa colocataire assise par terre dans sa chambre, en train de feuilleter le contenu de sa pochette à dessins. Elle était tombée sur le papiécran déchiré et le secouait à son nez.
— Touche pas à ça, lança Adhaley avec humeur. Pourquoi t’as toujours besoin de venir dans ma chambre et de déranger mes affaires ?
Elle ignora le cri plaintif de Camille et récupéra son croquis du Golden Gate.
— Je vais le porter chez le réparateur demain, marmonna-t-elle. Allez, ouste maintenant, je vais me pieuter.
Camille sortit en pestant. Adhaley repêcha la vieille lettre sur papier qui était tombée de sa cachette et la remit en place. Ensuite, elle posa le dessin à plat sur son bureau, attrapa son pyjama – un leggins et un vieux T-shirt aux couleurs de Mad Meringue, une cybernet aux techniques de combat époustouflantes, également son idole d’adolescence – et passa dans la salle d’eau. Une ampoule basse consommation s’alluma au plafond et une deuxième Adhaley se précisa dans le miroir. La première pressa le verre, qui s’obscurcit et masqua son reflet.
Une fois son pyjama enfilé, elle retourna à sa chambre et se glissa dans son lit avec une vieille tablette de lecture rafistolée au scotch, dont la projection tremblotait un peu et qui refusait de s’allumer deux fois sur trois. Ce soir, en revanche, l’objet paraissait de bonne humeur. Les paragraphes s’affichèrent devant elle et elle s’installa contre son empilement de coussins.
:::
— Prochaine démonstration ce soir, ne ratez pas ça ladies-gentlemen-gentlepersons !
Un gamin, paume ouverte vers le ciel, faisait passer un écran publicitaire devant les yeux des travailleurs matinaux. Une représentation de cybernets et de transformés se tiendrait dans le sous-sol du Rockin’ shamrock. Il y en avait toutes les semaines. Adhaley fit un signe négatif lorsque le garçon passa devant elle et monta à bord de la rame qui venait de s’arrêter.
Au boulot, elle trouva Thomas déjà à son poste. Sauf qu’un autre homme était assis sur sa chaise à elle.
— Bonjour, dit Zackery en la voyant arriver.
C’était bien lui. Il avait le front plissé de quelqu’un s’attendant à une forte réaction, mais Adhaley se tourna directement vers Thomas :
— Qu’est-ce qu’il fait là ?
— Fiddle lui a demandé de venir.
— Vous aussi, Ms Twynyho, si je puis me permettre, intervint Zackery.
— Quoi, Fiddle m’a demandé de venir ? ironisa-t-elle. Bien sûr, je bosse pour elle.
— Non, je veux dire pour plus tard. Nous trois, vous, Thomas et moi, nous avons rendez-vous avec Ms Fiddle pour le déjeuner.
Qu’est-ce que c’était que ce cirque ? Sa chef n’avait jamais exprimé le désir de déjeuner avec elle jusqu’à présent, et c’était réciproque.
— Bien, je vous laisse, je ne voudrais pas perturber votre travail, lança Zackery. Rendez-vous à midi devant le bureau de votre supérieure.
Voilà qu’il donnait presque des ordres. Avec son air suffisant et cerné, il libéra la chaise d’Adhaley et s’en alla.
Ce n’était pas une blague. À midi vingt, Adhaley se retrouva à arpenter le Financial District en direction d’un fameux restaurant asiatique dont les prix affichés devant la porte, à eux seuls, suffisaient à vous faire changer de trottoir. Elle n’arrivait pas à croire que Fiddle les invitait à manger là. Thomas, lui, était dans la lune comme la plupart du temps, et Zackery avait un sourire cynique. Impossible de savoir s’ils partageaient son étonnement. Adhaley se laissa porter par le mouvement.
Un cybernet les accueillit à l’entrée. Il avait la moitié du crâne rasé, l’œil masqué par un objectif sanglé derrière son oreille, et effectua un zoom particulier sur Fiddle.
— Bonjour, Jomei. Vous avez réservé la table ?
— Bien sûr, Ms Fiddle, lança le cybernet. Veuillez me suivre.
Il leur fit traverser une série de salles feutrées, les murs et le plafond en boiseries dans un style vieillot qui détonnait avec les toiles brodées et les luminaires présentant des scènes et des signes asiatiques. Richesse extraordinaire, des étagères croulaient sous les sachets et paquets de véritables thés en tous genres : noirs, blancs, verts, rouges, nature ou parfumés. Malgré son émerveillement et son désir, Adhaley n’osa pas faire halte pour détailler les étiquettes et humer les odeurs s’échappant du trésor. C’était une chose d’emprunter le Financial District tous les jours en sachant qu’il s’agissait d’un des quartiers les plus opulents de la ville ; c’en était une autre de se trouver en contact direct avec les merveilles terrestres que l’on refusait désormais au plus grand nombre, au nom de l’épuisement des ressources et des impératifs écologiques. En un sens, c’était révoltant de voir que l’argent pouvait encore offrir à ses détenteurs de tels plaisirs coupables et néfastes.
Au milieu de tout ça, elle se sentait singulièrement mal assortie, grossière, commune et insignifiante. Elle se sentait aussi insultée, en tant qu’écolofinancière. D’ordinaire, on s’accordait à dire que l’écolofinance était nécessaire, que c’était un choix de carrière utile et respectable ; mais dans les faits, cela enquiquinait pas mal de monde.
Jomei leur indiqua une table dans une niche isolée, et les invités prirent place. Mona Fiddle ajusta ses lunettes avec un sourire professionnel et feuilleta le menu. Elle s’y prenait délicatement. Elle non plus n’avait pas l’habitude de manier du vrai papier. Adhaley avait presque peur de le toucher, mais voyant que les autres partaient sans scrupule apparent en quête de l’entrée ou du plat de leurs rêves, elle se força à les imiter. Elle hésita à sortir une Eufori et à se la griller pour chasser le malaise, mais se dit que ça ferait tâche.
Il y avait de tout. Légumes, algues, fruits mais aussi poissons, viandes… un coup d’œil et de narine ailleurs dans le restaurant lui apprit qu’il ne s’agissait pas de similis. De la vraie viande, du vrai poisson. Adhaley avait peine à se souvenir de la dernière fois où elle en avait mangé. Elle était un peu mal à l’aise de se l’avouer, mais le fumet de poulet qui lui parvenait allumait un grésillement dans ses gencives. En fait, il lui donnait sévèrement les crocs.
Elle commanda donc des brochettes de poulet. Pete Zackery mit longtemps à se décider, comme si cela l’amusait, mais consentit à se dépêcher quand Fiddle fit entendre une légère toux.
— Avez-vous fait bon voyage, Mr Zackery ? demanda-t-elle au moment de l’apéritif.
Sur l’assurance que la boîte payait tout de sa poche, Adhaley s’était pris un cocktail pétillant de couleur rose bonbon, qu’elle n’avait pas encore goûté mais, sceptique, faisait tourner entre ses paumes. L’homme à côté d’elle hocha la tête.
— Assez.
— Mais vous venez d’où ? s’entendit-elle lancer.
— De Los Angeles, en fait.
— Los Angeles, dites, c’est pas vraiment le bout du monde.
— C’est vrai. Je voulais… conserver mon aura de mystère. Vous impressionner ?
Adhaley prit une gorgée de cocktail.
— Pourquoi vous êtes là ?
Fiddle vida son verre d’un trait, puis :
— Vous n’allez pas importuner notre invité, Ms Twynyho ?
Les conversations tournèrent autour de sujets vides de sens et d’intérêt. À l’arrivée du plat principal, emportée par l’allégresse des sens, Adhaley se tut et laissa les autres parler, concentrée sur ses savoureux morceaux de poulet, ses doigts graisseux et la frustration d’avoir reçu une réponse pareille de la part de sa chef.
Son oreille se tendit néanmoins à la mention de la fondation WyattC.
— J’admire leur travail, disait Fiddle en entortillant une nouille autour de sa baguette. Surtout dans le contexte actuel. Il y a bien eu des améliorations par le passé, mais en ce moment la côte Est se montre particulièrement féroce envers les cybernets et les transformés. C’est un problème.
Elle avait baissé le ton.
— La côte Est, soupira Zackery. Tant qu’elle restera sous l’emprise des New Lights, ce sera le chaos. Mes supérieurs ont du pain sur la planche, on est sans cesse en train de courir d’un dossier à l’autre…
— Ah, donc vous bossez pour la WyattC ? en conclut Adhaley.
— Pour la branche basée à Los Angeles, c’est exact.
Adhaley eut la vision de ces personnages raides et froids qui étaient passés près d’elle durant le carnaval. Les New Lights, extrémistes religieux qui détenaient le pouvoir à Washington. On pouvait le dire : le gouvernement des États-Unis, c’était eux. Partant d’une idée délirante de pureté, ils s’étaient élevés contre le transhumanisme et avaient imprimé à la société un virage extrêmement hostile aux personnes modifiées. Auparavant appelées transformés, elles se trouvaient maintenant divisées en deux catégories plus ou moins poreuses : les transformés étaient génétiquement modifiés, sans ajout de mécanique ou de matériaux extérieurs, ce qui constituait le propre des cybernets.
La Californie étaient plus ouverte. Théoriquement, tout le monde avait accès à la cybernétique et à la possibilité de se modifier. Pour soulager des blessures, pour palier un manque ou simplement pour le confort de la performance. Adhaley s’était souvent prise à feuilleter des magazines en ligne, envieuse de ceux qui avaient les moyens. Car c’était le frein principal : l’argent. Le plus gros de la population avait de quoi s’offrir les banalités de la vie courante : un intracom avec baladeur, satellite, chaînes d’infos locales et nationales et compte bancaire intégrés, comme Adhaley, mais c’était à peu près tout.
Quand elle pensait à ce que les transformés et cybernets vivaient de l’autre côté du continent, elle en avait des frissons. La fondation privée WyattC, créée à San Francisco dans les années 2020, avait à cœur d’aider ces populations en souffrance. Missions diplomatiques organisées en collaboration avec le gouvernement californien, fonds distribués à des associations, accueil de réfugiés, conférences… leur travail était précieux. Si Pete Zackery bossait chez eux, il remontait un peu dans son estime.
Elle termina son plat. Même si ses papilles appréciaient l’expérience de la viande, elle redoutait le contrecoup de la digestion.
Elle ne prit pas de dessert, rassasiée et songeant avoir suffisamment abusé des bonnes choses comme ça. Pendant que les hommes dégustaient leur glace, Fiddle s’éclaircit la gorge. On allait peut-être arriver à la raison de ce repas incongru.
— Mr Cigar, Mr Zackery, vous savez déjà ce que j’ai à dire.
Thomas et son collègue firent oui de la tête, Adhaley restait à côté de la plaque. Qu’avaient-ils à être au courant, ceux-là ? Elle avait l’impression d’être le dindon d’une farce grosse comme une maison qui, pourtant, lui échappait.
Mona Fiddle plia sa serviette et la posa sur ses genoux, puis ses yeux sondèrent la salle, comme à la recherche de quelqu’un. Le cybernet, Jomei, revenait vers eux, serviette blanche sur son avant-bras replié à la mode traditionnelle européenne. Son œil effectuait des zooms par saccades et Adhaley se demanda si le mécanisme s’était déréglé, ou si c’était lié à ses émotions.
— Tout se passe bien ? voulut-il savoir.
— À merveille, merci, Jomei.
Elle l’encouragea d’un hochement de tête à décamper, ce qu’il fit.
— Il y a quelques jours, les services de contre-espionnage m’ont contactée, se lança-t-elle après s’être essuyé la bouche. Les responsables de WyattC sont également venus me voir. Si j’avais pu refuser… je l’aurais fait, lâcha-t-elle difficilement.
— Refuser quoi ? souffla Adhaley, qui avait mis les mains sous les cuisses et plaqué le dos contre sa chaise.
Elle ne s’était donc pas trompée : cette femme et ces hommes croisés dans la cage d’escalier sortaient de WyattC.
— Sur l’initiative de Mr Zackery, qui travaille conjointement pour WyattC et le contre-espionnage, vous êtes… tous les trois… investis d’une mission, chuchota Fiddle.
Adhaley se félicita de ne pas avoir pris de dessert. Elle se serait sûrement étouffée sur sa glace, son nougat ou son gâteau au miel.
— Euh, il doit y avoir erreur.
Les autres demeuraient sérieux, silencieux.
— Pas d’erreur, continua Fiddle. Il nous faut… il leur faut, car ce n’est pas moi qui décide, des envoyés en terres centrales. Vous partez pour l’Arkansas dans un mois.
— C’est… une blague j’espère ? Ou alors c’est pour me punir de quelque chose ? chuchota Adhaley.
— Non.
Adhaley se sentait trahie. Si ce n’était pas une blague ni une punition, était-ce un test ? Cherchait-on à la mettre mal à l’aise pour voir comment elle réagirait en situation de stress ? Cela se faisait dans le temps, pour évaluer ses employés. Des pratiques barbares qui s’apparentaient parfois à la torture.
Sauf que catapulter deux de ses employés en Arkansas, c’était assez peu pratique, comme test. Surtout que faire passer ça pour une mission au service du contre-espionnage enlevait toute envie de rire. Non, ce devait être sérieux. Mais si quelque chose se préparait entre les forces de l’Ouest et celles de l’Est, comme une nouvelle guerre froide, ce n’était certainement pas à Adhaley qu’il fallait demander de régler la situation. Elle ne comprenait pas comment l’idée saugrenue de venir la cueillir, elle, avait pu leur venir. Thomas, en revanche… il y avait une logique à l’approcher, lui. Mais elle ? Fiddle avait dû mal saisir les directives, Zackery allait sûrement la contredire.
Mais Zackery ne disait rien. Et dans la foulée, Adhaley réalisa que sa chef devait être au courant, pour Thomas. Les services secrets l’avait sans doute mise au parfum, mais savait-elle avant ?
Cheveux vert un peu terne, en berne, l’homme en question évitait de croiser le regard d’Adhaley et se focalisait sur sa coupe de glace vide et sa flaque fondue à la vanille.
— Écoutez, Adhaley.
C’était Pete Zackery qui venait de parler.
— Pour cette… mission, il nous faut disposer de divers talents. C’est là que vous entrez en jeu.
— Mais de quels talents vous voulez parler, au juste ?
— J’ai regardé avec attention votre documentaire sur la musique vampirique. Votre documentaire… non-fini, devrais-je dire. Intéressant. Un peu marginal, difficile à appréhender parfois mais… il y a un réel souffle. Point de vue à la fois rafraîchissant et séculaire, analysa-t-il sur un ton de docteur en filmologie. Démarche artistique, profonde, autant qu’informative. Il y a là-dedans… non pas du génie, peut-être, mais un grand potentiel.
Adhaley s’était figée. Elle s’était attendue à tout sauf à ça. Outre la honte d’entendre parler de ce documentaire tombé dans les limbes de l’oubli éternel, elle ne comprenait pas où Zackery voulait en venir.
— C’est dommage, vous méritiez plus de succès, embrayait-il. M’est avis que le sujet choisi vous a un peu desservie sur ce coup-là… pourquoi la musique vampirique, dites ?
— Je vous en pose des questions ? grinça l’ancienne étudiante.
— À votre guise. Ce que je veux vous dire, c’est que vous avez un talent de filmeuse, réellement. Et nous allons précisément avoir besoin de ça en Arkansas.
— Attendez… vous voulez filmer un docu, c’est ça ? Un docu dans les terres centrales ?
— Cela doit vous paraître confus, admit Fiddle, avant que Zackery ait pu intervenir. Il reste un mois avant votre départ, et vous serez progressivement mis au courant des tenants et aboutissants. Vous serez amenés à...
— Et si je refuse ?
— J’espère que vous ne refuserez pas, dit Zackery. Qui sait… ce sera peut-être l’occasion pour vous de revenir sur la scène filmique et, cette fois, de vous y faire une place.
C’était gonflé et déloyal de lui jeter ça. Il lui était parfois difficile de ne pas s’arrêter pour immortaliser une scène par le doux ronronnement de sa caméra qui n’était pas là. Alors seulement, elle se souvenait qu’elle avait fait une croix sur ça.
Le silence s’installa. Adhaley ne savait pas quoi dire. Fiddle avait fait signe à Jomei et était en train de régler la note, présentant son bracelet à la carte de réception bancaire que tendait le serveur.
:::
Le réparateur le moins cher de San Francisco avait une échoppe à Dogpatch.
Le temps de terminer ce repas de mauvais augure, de digérer la nouvelle de son soi-disant départ prochain pour l’Arkansas, de rentrer au bureau pour finir l’après-midi, Adhaley était sortie sous un ciel en pleine dépression et faisant croire à la nuit déjà tombée. Des bourrasques de vent chaud, telle une haleine de bête, soulevaient ses cheveux et la poussaient énergiquement vers la plateforme la plus proche, sa pochette à dessins à l’abri dans ses bras.
Elle aimait le quartier de Dogpatch. Façades propres, maisons solides, grues et structures en fer, en bois, entrepôts, bars et pubs aux ambiances rétro-industrielle, lumières rouges sur les docks qui coulaient dans la rue comme un sang plein de douceur et vous invitaient à suivre le bruit de la mer. Quiconque passait par ici avec un peu de temps dans les poches s’arrêtait un instant pour contempler l’eau. Ce soir, remuée par le vent, elle jetait de l’écume rageuse sur le quai.
Le réparateur, juché sur son tabouret tournant, était en train de rêvasser quand Adhaley entra. Au son de la clochette, il pivota vers elle.
— Un souci, Ms ?
À la poche de poitrine, il arborait ce qui ressemblait à des outils de jardinage en miniature, et le bout de son index était surmonté d’un appareil métallique à bout rond qui semblait faire partie de lui, les extrémités disparaissant dans sa chair. Adhaley lui présenta le papiécran déchiré. Le petit homme fit un bruit désapprobateur et tira l’objet à lui.
— Belle ébauche.
— Merci.
En réalité, ses traits étaient à peine discernables maintenant. Adhaley vit le réparateur passer sa paume au-dessus du papiécran et remuer les lèvres, des paroles qu’il ne formula pas. Puis, d’un coup précis, il passa son doigt modifié le long de la déchirure. Le bout émettait de la chaleur blanche. Sur son passage, le papiécran se ressoudait. Restait une cicatrice lumineuse qui, si le travail avait été effectué convenablement, se résorberait dans quelques jours voire semaines.
Soudain, Adhaley fut emplie de tendresse pour ce monsieur, ce quasi-inconnu qu’elle rechignait d’ordinaire à croiser car cela signifiait que Camille ou un autre individu peu attentionné avait fait des misères à ses dessins.
Mais si on la forçait à partir d’ici, elle ne savait pas quand elle serait de retour. C’était bizarre ; elle s’était promis de ne pas partir mais une part d’elle-même se voyait déjà loin, à crapahuter dans un paysage imaginaire qui n’était probablement pas celui des terres centrales. C’était en réalité un paysage croisé maintes fois dans ses rêves, empli de terre ocre, de chaleur et de poussière. Un pays dans lequel elle évoluait la nuit, rien qu’à elle. Elle réalisa dans le même coup qu’elle était devenue extrêmement casanière et attachée à son petit confort, à ses habitudes. En fait, depuis qu’elle bossait dans l’écolofinance, on aurait pu qualifier sa vie d’insipide, si on voulait être méchant.
L’écolofinance n’était pas une vocation. Nouvelle discipline qui consistait à calculer la portée financière et la durabilité des innovations sur le plan écologique, elle n’avait attiré Adhaley que parce que son père avait travaillé en tant que scientifique dans la branche et qu’il avait pu lui donner un coup de main pour bosser ses concours. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce n’était pas l’équivalent d’une carrière de financier pur, bien loin de là. Mais ce n’était pas la vie qu’elle aurait aimé avoir.
— Ça vous fera cinquante dolls, conclut le réparateur.
Adhaley jaugea son dessin. Les traits avaient repris de la vigueur, tranchés en deux par la cicatrice. Elle tendit son bracelet et le réparateur y apposa une carte, à la surface de laquelle passa le nombre 50. La transaction terminée, elle récupéra son bien, salua l’artisan et repartit par où elle était venue.
Bien sûr le sujet des tranhumanistes m'a fait penser à Ghost in the shell, surtout compte tenu des intolérances que tu mentionnes. Excellent sujet, très prometteur.
Les gens de WyattC, je les sens pas : ça serait trop facile si c'était uniquement une organisation humaniste. Il doit y avoir quelque chose derrière. Pareil pour Zachary, il est très louche...
Une misson alors ? Personne ne pose de questions sur son objectif ? Je veux savoir, moi !
Une petite remarque : cette fameuse mission, qui, si je ne me trompe pas, va constituer le fil rouge ou au moins l'initier, arrive peut-être un tout petit peu tard. Je ne me suis pas ennuyée car je bois ton écriture comme du petit lait, mais je me demandais quand même où tu m'emmenais. Voilà, juste une vague sensation, comme ça.
La suite est prévue ? J'ai l'impression que tu es plutôt sur La parole du roi, en ce moment, non ?
Ceci dit, je n'est pas encore lu Memoria, donc si je veux plus de ta plume, je sais ce qu'il me reste à faire ;)
A bientôt !
Ah je suis contente si tu apprécies ces petites inventions ^^ je voulais "créer un futur avec des trucs de futur, mais qui ne soit pas trop dépaysant non plus.
Je ne connais âs Ghost in the shell, mais du coup c'est une lacune à réparer ! Le sujet est tellement fascinant ^^ concernant WyattC, clairement ils sont bizarres. Idem pour Zackery, y a pas mal de choss qu'il cache, forcément.
Oui tu as raison,peut-être que la mention de la mission qui va être importante dans la suite arrive un peu tard. C'est quelque chose qui est en question et j'essaie d'y réfléchir, comme j'essaie de réfléchir à la suite de l'histoire et à la façon de la reprendre pour l'améliorer. Merci pour le partage de ton ressenti ! Du coup, la suit était prévue mais avec le recul je me suis rendu compte qu'il y avait pas mal de choses à reprendre, et c'est vrai que "La parole du roi" s'est invité entre temps. Et j'aimerais être un peu plus sûre de la suite de "Daemones" avant de la poster. Bref, c'est le bazar, désolée T-T
Merci beaucoup pour ta lecture en tout cas !
Je replonge toujours avec autant de plaisir dans l'ambiance de ce texte ! En plus je trouve que tu as une manière très naturelle et très évidente de nous montrer toutes les évolutions du monde (déjà avec certains objets jusque-là, la raréfaction des denrées, rien que le métier d'Adhaley) ; ça donne la vision d'un futur super crédible et très proche malgré les années qui nous séparent parce qu'on a aucun mal à y retrouver ses marques ni à accepter les nouveautés.
L'histoire se précise ! Il y a donc bien un lien entre le passé de Thomas et cette expédition dans les terres centrales, et avec les New Lights ! Oooh que tout ceci est excitant ! Et puis c'est super cool d'avoir le point de vue du camp "opposé" avec WyattC (qui pourtant a l'air d'être une entreprise un peu louche et oppressante, en tout cas c'est l'impression qu'elle me donne ; ce qui est d'ailleurs un bon point parce que ça rend difficile la définition des "méchants" et des "gentils" même si spontanément on a envie de se ranger du côté des plus tolérants).
Comme Adhaley, on se demande du coup ce qui justifie sa venue à elle... si ce n'est qu'on reparle de ce documentaire. Alors soit Zackery est complètement tombé sous le charme de son style, mais bon, ça m'étonnerait un peu parce que des réalisateurs de docus il doit y en avoir une floppée ; soit c'est le sujet qui l'a interpellé, et peut-être les séquelles qu'il a laissé sur Adhaley...
Bon tu l'auras compris je suis toujours aussi emballée ♥ Et quelque chose me dit qu'ils vont faire une sacré équipe !
Juste une petite remarque purement formelle : quand dans la narration tu dis "les hommes" au moment du dessert, j'avais complètement zappé que Thomas était avec eux x'D J'ai dû revenir en arrière mais sa dernière mention se fait, je crois, au moment où ils marchent vers le resto, et toute la suite est seulement entre Fiddle, Zackery et Adhaley, du coup mon esprit limité de lectrice a ejecté Thomas de la scène, le pauvre. Ca vaudrait peut-être le coup de rajouter une ou deux mentions de son attitude pendant les dialogues pour pas qu'on l'oublie ?
A bientôt pour la suite ♥
Je suis vraiment contente de lire ça, au sujet du futur "naturel et crédible" ! Je t'avoue que je ne suis/n'étais pas bien sûr de construire quelque chose de cohérent et plausible, d'autant plus que je me suis rarement prêté à l'exercice d'imaginer et de décrire le futur (voire... jamais), en tout cas pas dans ces proportions. Donc moi contente :3
Oui, il y a bien un lien entre les services secrets et le voyage en terres centrales :p j'espère vraiment que ça va rester tout aussi excitant (et que je vais pas me casser la gueule xDD). C'est vrai que la première impression laissée par WyattC n'était pas chaleureuse, et possiblement qu'ils ne sont pas tout blancs, mais en tout cas ils défendent becs et ongles le transhumanisme, et donc ont plutôt une réputation d'ouverture d'esprit. Mais ouais, à la place d'Adhaley je me demanderais aussi pourquoi ils auraient précisément jeté leur dévolu sur moi ! Tes théories sont intéressantes, peut-être que Zackery a apprécié le sujet ou peut-être qu'il veut explorer le traumatisme que ça lui a laissé (mode pervers activé). En tout cas, même s'il se garde de toutes les dire, il a certainement ses raisons.
Je suis ravie et rassurée de lire que ça t'emballe toujours, j'espère grandement que ce sera toujours le cas dans la suite ♥
Ohlala oui tu as raison pour Thomas xD c'est encore une chose à laquelle je travaille, améliorer la dynamique entre Adhaley, Zackery et Thomas, et faire que chacun ait une présence. Un duo (ou un... uno), en fait, c'est plus simple à gérer qu'un trio... y en a toujours un parmi les trois qui fait mine de passer à la trappe è.é tu fais très bien de noter ça, je vais essayer de glisser un ou deux dialogues Thomaesques.
Merci beaucoup pour ton passage ici ça m'a fait hyper plaisir ♥ des bisous ! (AND. PRIDE.)