Chapitre Quatre : S’embrasser est difficile
Trop de lacunes. C’était ce qu’avait constaté Benjamin, après plus de deux mois de cours. Certains de ses élèves ressentaient des difficultés ou n’arrivaient pas au niveau. Quelques-uns d’entre eux ne savaient même pas correctement embrasser, ce qui était plutôt surprenant. Et cela avait le don de le rendre de (très) mauvaise humeur.
- Hey Mathilde ! C’est un baiser ou tu es seulement en train de gober la bouche de Simon comme un vulgaire poisson ?!
- Aline, c’est pas un baiser, c’est une agression ! Pauvre Grégoire !
- Enfin, Ludivine ! Ose, ose, mais ose, bon sang ! Tristan ne va pas te bouffer !… Et est-ce que je t’ai demandé de le gifler ?
- Claire, tu ne peux pas papoter et embrasser Xavier en même temps.
- Emma, c’est pas la maternelle ici ! Pense un peu à Pierrick !
Les filles recevaient davantage de réflexions que leurs partenaires, car embrasser n’intimidait généralement pas les hommes (à part peut-être Grégoire).
- Ce sont toujours les filles qui font foirer les baisers, avait déclaré un jour Simon.
Ses camarades l’avaient aussitôt approuvé. Les filles étaient trop pudiques, excepté Aline, l’extravertie de service. C’est pour cette raison que Benjamin décida de consacrer un cours entier sur la façon d’embrasser et aux différents baisers. Ludivine n’était pas très partante, mais n’eut pas d’autres choix que de se mettre en couple avec Tristan.
- Pourquoi il la met toujours avec Tristan ?! J’en ai marre ! Moi aussi, je veux pouvoir l’embrasser ! pesta Xavier, furieux.
- Ne te plains pas, t’es avec Aline, commenta Pierrick.
- Mais Pierrot, je suis toujours avec Aline…
- Et alors ? Les baisers, ça vous connaît, à tous les deux !
- Évidemment que ça nous connaît ! s’exclama la jeune femme, qui venait d’arriver.
- Vous ne comprenez pas… Je veux changer de partenaire.
- Merci pour moi, ironisa-t-elle, vexée.
- C’est pas contre toi, mais on nous fout tous les deux en binôme depuis l’an dernier !
- Et pour toi, évidemment, la partenaire idéale serait Ludivine…
- La seule de mon niveau, en tout cas.
- Les compliments fusent aujourd’hui, nota Aline avec amertume.
Xavier tourna la tête vers sa meilleure amie, assise contre lui. Elle ne lui accordait même pas un regard, et gardait sa dignité.
- Je suis désolé, mais…
- Te fatigue pas, j’ai compris.
- Mais…
- Tu sais, Xavier, coupa Pierrick, sois content de te retrouver avec Aline… Au moins, t’es pas avec Emma. Ou une de ces jeunes filles de l’école qui tueraient leurs mères pour un cours particulier avec toi sur le Baiser.
- Ah oui ! Le fan-club de Xav’ ! se souvint la jeune femme, avec un large sourire.
Le comédien se renfrogna. Embrasser Aline était une chose. Embrasser Emma ou pire, les comédiennes folles de lui au sein de l’école, en était une autre. Et bien évidemment, il préférait embrasser Aline.
- N’importe quoi…
- Oh Xavier, qu’est-ce que tu es sexy ! imita Pierrick, avec une voix aiguë.
- Oh Xavier ! répéta Aline, battant des cils avec exagération.
- Xavier, embrasse-moi ! Viens, on va faire des choses dans le premier placard à balai venu !
- Xavier ! Prends-moi là, maintenant, tout de suite !
- Bande de pervers ! s’écria le jeune homme, en se levant d’un bond.
Le rose aux joues, il observa ses deux amis s’accrocher à ses jambes pour l’empêcher de partir. Tous leurs camarades les regardaient, surpris. Benjamin semblait s’impatienter.
- Votre plan à trois, vous le ferez plus tard, voulez-vous ?! fit-il remarquer, sourcils froncés.
- Dac’, répondit Pierrick.
- Ah non ! Pas de plan à trois avec deux mecs ! Ce n’est pas égal ! s’exclama Aline. Deux filles à la limite, mais pas deux mecs ! Merci pour moi, quoi !
- Il n’est pas question d’un quelconque plan à trois ! rugit Xavier, furieux.
Tous les comédiens éclatèrent de rire, rapidement imité par leur professeur. Seule Ludivine ne riait pas, et les fixait avec un air à la fois penaud et naïf. Ils se doutaient bien qu’à 17 ans, les plans à trois n’étaient pas courants pour elle. Xavier se demandait même si elle était déjà passée à la vitesse supérieure avec un homme.
- Commençons le travail, décida Benjamin.
- Bonne idée, commençons tout de suite ! ajouta Aline. Viens, Xavier, on va commencer nos préliminaires par de beaux baisers !
Le jeune homme grogna quelques jurons, mais suivit malgré tout sa meilleure amie. Pour ce cours assez spécial, leur prof leur avait préparé une liste de baisers à accomplir. Du simple bisou au baiser langoureux, il y en avait pour tous les goûts. Tous devaient être réussis. Après seulement deux minutes, Aline et Xavier se mesuraient déjà au baiser passionné.
De son côté, Ludivine ne bougeait pas d’un pouce, assise contre le mur. Elle n’avait pas la moindre envie d’embrasser Tristan, et encore moins d’apprendre à l’embrasser. Le comédien ne savait plus quoi faire pour la mettre à l’aise et devait subir sa mauvaise humeur.
- Tu ne veux pas juste essayer ? Ça ne te coûte rien !
- Humpf !
- Juste essayer. Un simple bisou.
Il saisit délicatement son menton pour tourner son visage vers le sien. Le jeune homme allait poser très doucement un minuscule baiser sur ses lèvres, mais Ludivine tourna la tête au dernier moment.
- Pas envie.
- Oh Lulu ! Comment veux-tu qu’on fasse l’exercice si tu n’y mets pas du tien ?
- Fais-le tout seul, l’exercice.
- Comment, tout seul ?!
- T’as qu’à essayer. J’embrasse bien mon oreiller, après tout.
Benjamin, voyant le blocage de la jeune fille, vint les rejoindre pour tenter de mettre de l’huile dans les rouages.
- Voyons Ludivine, tu ne peux pas faire un effort ?
- J’y arrive pas ! brailla-t-elle.
- Mais pourquoi diable es-tu si difficile ?!
- Je ne suis pas difficile ! Et d’abord, je sais très bien embrasser ! C’est juste que ce genre de leçon me bloque, parce que je fais ça naturellement… Pas besoin d’un cours pour apprendre à embrasser ! Et je bloque, parce que c’est un cours, et parce que j’ai pas envie, et parce que j’y arrive pas, et que…
- Ça va, ça va…
Elle soupira désespérément et son regard s’attarda sur Aline et Xavier, qui roulaient par terre, sous la puissance de leur baiser langoureux. À cette vision, une boule vint se former dans sa gorge.
- Tristan, tu vas t’exercer avec Aline, s’il te plait. Et au passage, tu peux me ramener Dom Juan ?
- Euh… je ne suis pas contre, mais ils m’ont l’air assez occupés là…
- Tant pis pour eux.
Ludivine jeta un regard horrifié à Benjamin lorsqu’elle comprit que Xavier serait son prochain partenaire. Ce dernier arriva peu de temps après, l’air étonné, tout en essuyant les traces du rouge à lèvres de sa meilleure amie.
- Ola ! claironna-t-il, une main dans la poche droite de son jean. Qu’est-ce qui se passe ?
- Tu le verras très vite par toi-même.
- Je ne veux pas ! brailla la blonde en se recroquevillant sur elle-même.
- Ludivine, tu essaieras, que ça te plaise ou non ! gronda le professeur. Comment tu feras le jour où tu seras sur scène ou devant une caméra ?
- Le moment venu, je le ferais. Mais là, j’ai pas envie !
- Si tu ne le fais pas, je m’en vais téléphoner à tes parents tout de suite !
La bouche de la jeune fille s’ouvrit en un O, mais aucun son n’en sortit. Elle retrouva l’usage de la parole, une fois le choc passé.
- Tu ne le ferais pas !
- Oh si, je le ferais, si c’est nécessaire !
- Mais…
- Bon, je vais voir les autres, coupa Benjamin. Bon courage Xavier.
Tandis qu’elle marmonnait des choses pas très gentilles sur son professeur, le comédien s’assit à côté d’elle.
- Où est ta liste ?
Pour toute réponse, elle lui jeta la feuille en question, froissée en boule, que Xavier réceptionna avec un sourire ironique.
- Va pour un simple bisou ? proposa-t-il, les yeux sur la liste qu’il avait dépliée.
- Non.
- Tu as peur ou tu n’as vraiment pas envie ?
- Pas envie.
- Mais Ludivine…tu n’as pas envie de m’embrasser ?
- C’est pas ça ! s’écria-t-elle, après un petit silence durant lequel ses joues avaient viré rouge tomate.
- Alors, il n’y a aucun problème !
Il la renversa sur lui, et l’étreignit pour qu’elle ne se sauve pas. Cela ne l’empêcha pas de remuer dans tous les sens et de hurler mille menaces.
- Vade retro Satanas ! Je te déteste ! Tu vas avoir de gros ennuis ! Je vais le dire à mon parrain ! Je… Non, Xavier, non, j’ai dit ! Je ne veux…
Sans doute lassé, le jeune homme s’était penché sur son visage, et s’était arrêté à un ou deux centimètres du sien. Elle avait vite deviné ses intentions pour la faire taire, ce qui constituait une bonne raison de plus pour hurler au meurtre et envoyer son parrain la venger.
- Pas… grogna-t-elle, quand il eut posé ses lèvres sur les siennes.
Le baiser avait duré deux secondes. Le temps nécessaire pour Ludivine de se croire dans le désert du Sahara, en plein été.
- Ça t’a fait mal, Lulu ? se moqua le comédien.
- Chaud, fut la seule réponse qui s’échappa de sa gorge.
Elle utilisa sa main comme éventail, sous le regard amusé de Xavier. Il l’aida à se rasseoir, et attendit qu’elle reprenne son souffle pour poursuivre sa leçon.
- Allez, à ton tour maintenant.
- Hein ?
- Embrasse-moi.
- Mais…
- Il faut bien que tu le fasses aussi. Et il faut que les gens croient à ce baiser, qu’ils pensent qu’il est vrai et sincère. Alors, embrasse-moi, et applique-toi si tu ne veux pas que je te fasse tout recommencer.
Elle grogna un peu et, contre toute attente, déposa un rapide et furtif baiser sur les lèvres de Xavier. Celui-ci rayonna aussitôt.
- Et bien voilà, Lulu ! Ce n’était pas si difficile ! Baiser suivant !
- Quoi ?
- Oui, il y en a encore quatre à faire.
Elle se renfrogna. Les baisers qui suivirent n’avaient rien du petit bisou qu’elle avait fait plus tôt. Benjamin interdisait les French Kiss. Il désirait seulement les baisers dits « de cinéma », qui ressemblaient plus ou moins à ceux des Feux de l’amour. Après s’être embrassés amoureusement, tendrement et passionnément, Ludivine et Xavier avaient décidé de s’arrêter à ce stade. Le jeune homme ne voulait pas lui faire subir le supplice du baiser langoureux, d’autant plus qu’elle avait déjà fait beaucoup d’efforts jusqu’ici. Leur professeur était satisfait de leur travail, et avait chaleureusement félicité le comédien pour son influence sur la plus jeune élève.
- Bon Dieu, ce n’est pas moi qui ferai du cinéma plus tard ! s’écria Ludivine, à la fin de l’heure. Toutes les scènes d’amour, et tout ça, et tout ça, pas mon truc ! Vive la comédie !
Hélas, qu’importaient les orientations de ses élèves, Benjamin leur faisait surtout étudier la diversité. L’écriture de scénario était toujours de mise, de même que les cours Caméra et Acting in English. Ce dernier était cordialement détesté par les comédiens, qui n’éprouvaient aucun plaisir à jouer dans une langue étrangère.
- Je n’aime pas l’anglais… Je suis nul en anglais… grognait un jour Xavier.
- Rappelle-moi, combien tu as eu en anglais, au bac ? avait demandé sournoisement Pierrick.
- 16.
- J’ai eu 12.
- Oui, mais toi, tu étais chez les littéraires. L’épreuve d’anglais est bien plus dure que pour nous, les scientifiques.
- N’empêche, tu t’es tapé un 16. Espèce d’intello.
La comédie musicale était aussi mise en avant dans le programme de Benjamin. Les professeurs respectifs de danse et de chant l’avaient harcelé pour que les élèves ne perdissent pas l’habitude de ces deux matières qui n’étaient plus enseignées en Section A.
- Voyons Benjamin, il faut un peu de changement !
- Ça leur fera du bien de se remettre dans la danse et le chant !
- Tu as pensé à ceux qui voudront faire de la comédie musicale ?
- Et cette nouvelle élève, tu sais, la petite blonde ! Elle n’était pas ici l’an dernier. Elle n’a sûrement jamais suivi de cours de danse et de chant avant. Peut-être qu’elle ne sait ni chanter, ni danser… Il faut bien lui faire rattraper son retard, non ?
- Sachez, Mesdames, avait riposté Benjamin, exaspéré, que Ludivine n’a pas besoin d’un quelconque cours de rattrapage. Je suis convaincu qu’elle sait déjà le nécessaire. Car, voyez-vous, elle a déjà ça dans le sang. Ce n’est pas nouveau pour elle. Elle a les pieds dedans depuis sa naissance !
Xavier, qui passait dans le couloir à cet instant, avait entendu la conversation. Il avait été notamment surpris par l’assurance de son professeur concernant l’éventuel talent de la jeune fille en chant et danse.
- Mais je suis navré, Mesdames, il est hors de question que je vous donne quelques heures de mes cours pour faire chanter et danser mes élèves comme des marionnettes ! Nous avons déjà un programme chargé, sans compter le spectacle de Noël, et celui de fin d’année qui va compter pour l’examen !
- Benjamin, nous te demandons une semaine. Juste une semaine. Elle pourra même être notée, si tu le désires. Elle pourra même faire l’objet de ton spectacle de Noël !
- Mes élèves sont censés donner trois représentations minimum cette année ! Vous me déréglez tout ! Et si je commence à vous inclure pour le spectacle de Noël, je n’aurai pas assez de temps pour…
- Et s’il y en avait seulement deux au lieu de trois ?!
- Hors de question ! Le Programme, c’est le Programme !
Xavier n’avait pas pu écouter la suite, car la terrible Madame Suzette l’avait éjecté de sa cachette, sous prétexte de ne pas être dans sa loge occupé à travailler. Le comédien avait bon espoir que son professeur refusât de laisser corrompre son programme pour le chant et la danse. Pourtant, deux heures plus tard, Benjamin avait annoncé à sa classe, qu’il y aurait des modifications, et qu’ils passeraient, non pas une semaine, mais un mois à travailler la comédie musicale.
- Un mois ?! avaient hurlé les élèves, horrifiés.
Un mois de chant et de danse en continu dépassait l’au-delà de leurs craintes. Pierrick avait même pensé à se suicider. Benjamin n’en menait pas large. L’idée semblait démoralisante, mais Xavier se doutait bien que les profs de chant et danse lui avaient forcé la main. Celles-ci étaient ravies, et s’étaient rendues en toute hâte pour saluer les élèves. Elles en avaient aussi profité pour scruter minutieusement Ludivine, comme si elle venait d’une autre planète.
- Je suis désolé, avait dit Benjamin, mais suite à ces changements, nous ne ferons que deux spectacles cette année.
- Oh…
- Hey, mais tu es en train de bâcler notre éducation là !
- Mais non, Pierrick, mais non !
- Mais si ! C’est révoltant !
- Ferme-la un peu, tu veux ? On en parlera après ! Pour Noël, vous jouerez vos petits morceaux de comédie musicale. Nous n’avons pas le temps d’en monter une originale et bien à nous. Ce ne seront que des morceaux, de votre choix et ce sera noté. En ce qui concerne la pièce qui sera comptée pour l’examen, elle se déroulera comme vous le savez en juin, devant le jury et le public. Nous commencerons à l’étudier en décembre. Comme elle est assez difficile, elle nous prendra toute la seconde partie de l’année. Et c’est aussi pour cela que nous ne pourrons pas jouer une autre représentation.
Tout en disant cela, il avait jeté un regard venimeux aux profs de danse et de chant, qui n’avaient pas échappé aux élèves.
- Toutefois, je vous demanderai sûrement de réaliser un court-métrage en parallèle, pour rattraper un peu tout ça, et pour vous faire réaliser un troisième projet. Mais ce n’est pas pour tout de suite, rassurez-vous.
- Ça va être de la joie, je le sens… avait ironisé Pierrick.
C’était donc avec dépit, une mauvaise humeur générale et des grognements, que la Section A avait commencé à étudier sérieusement les comédies musicales. Ils avaient commencé par un cours théorique, durant lequel Ludivine se révéla être une médiathèque vivante. Elle connaissait absolument toutes les comédies musicales.
- Ah… et il y a aussi celle de Richard, Le Petit Prince ! s’était-elle écriée, obligeant ainsi Benjamin à rajouter le nom du spectacle à la suite d’une liste interminable.
- Richard ? s’était étonné Xavier.
- Oui, Richard Cocciante.
- Un grand ami à notre Lulu, avait précisé alors leur professeur, tandis qu’elle s’était mise à chantonner l’extrait d’une chanson.
Et elle avait étrangement rougi. Ce qui n’avait pas échappé à Xavier.
Deux semaines plus tard, Xavier, Aline et Ludivine fainéantaient durant la pause de midi. Le jeune homme était bien allongé contre sa meilleure amie (qui le pouponnait), et la petite blonde était étendue à ses côtés (et elle le pouponnait aussi).
- Je me demande encore ce qu’on va bien pouvoir jouer, pour la comédie musicale, fit-il d’un air pensif. Vous n’avez pas une idée ?
- Non, répondirent-elles à l’unisson.
Il avait les yeux fermés, et semblait savourer chaque petite caresse des deux comédiennes. Ils avaient décidé de se mettre ensemble pour un morceau de comédie musicale. Seulement, ils ne savaient pas quelle chanson mettre en scène. Tous les autres avaient trouvé, sauf eux.
- Hey Xavier ! Tout va bien ? Tu n’as pas besoin d’une nana qui te danse le hula, ou d’une nana qui t’évente ? Ou bien encore, une nana qui te sert à boire ? lança Pierrick, qui arrivait vers eux, en rigolant.
- Non merci, ça suffira. Je préfère avoir un harem limité.
Tandis qu’Aline lui administrait une claque sur la tête, Ludivine lui souriait tendrement.
- Comme tu veux, Xav’… Après tout, si tu veux garder ton plan à trois…
Pierrick avait cru que son ami rugirait de fureur, mais au lieu de ça, il se redressa comme un ressort et manqua de percuter le menton d’Aline.
- Hey ! Pierrot, t’es génial ! C’est une excellente idée, ça, les filles, vous ne trouvez pas ?!
- Euh… Xavier, quand je parlais d’un plan à trois avec deux filles l’autre jour, c’était pour rigoler, fit remarquer sa meilleure amie, déboussolée.
Ludivine eut tôt fait de se lever, et de courir se cacher derrière Pierrick.
- Ah non ! s’écria-t-elle, terrifiée. Vous ne m’entraînerez pas dans vos cochonneries !
- Lulu, il ne s’agit certainement pas de remettre en cause ta virginité ! voulut rassurer Xavier.
Ludivine eut l’impression que la température de son corps montait en flèche, et ne douta pas un instant de ressembler à un feu de camp. Et pour se venger d’avoir été transpercée d’une façon si imprévisible, elle propulsa Pierrick qui tomba sur le jeune homme.
- Aïe ! se plaignit Pierrick.
- Ludivine, je vais te tuer ! s’écria Aline, qui avait le poids des deux hommes sur elle.
- Lulu, reviens ! appela désespérément Xavier, en gémissant de douleur. Ne le prends pas mal ! C’était pas pour de vrai ! C’était juste pour…
Il n’eut pas le temps de finir sa phrase, que Ludivine disparaissait déjà de l’endroit.
- C’était juste pour la comédie musicale…
Xavier et Aline avaient fini par intercepter Ludivine pour lui parler de leur idée. Très vite, ils avaient mis au point une mise en scène dont personne, à part eux, n’avait connaissance. Leurs camarades avaient beau leur poser mille et une questions, ils restaient silencieux.
- On dit qu’ils vont faire un ménage à trois, disait Claire, la commère.
- Ouais, d’accord, je veux bien. Mais je ne connais aucune chanson qui parle d’un ménage à trois !
- Mais à ce qu’il paraît, ils ont dévergondé Ludivine !
- N’importe quoi !
- Et pourquoi pas, après tout ?
De leur côté, le trio avait minutieusement préparé leur petite représentation d’une durée d’un peu plus de trois minutes. Aline bénissait Xavier d’avoir trouvé la chanson qu’il leur fallait.
- Ouais ! Je suis une vraie femme ! s’écria Ludivine, contente, le jour où ils allaient montrer leur petit spectacle devant leur classe.
Elle se trouvait dans les coulisses, avec les deux autres comédiens. Aline avait insisté pour la relooker temporairement, et s’était empressée de lui prêter des bottes noires, des collants noirs, une mini-jupe (noire, évidemment), et un joli manteau blanc.
- Une femme fatale ! claironna la blonde, en sautillant joyeusement sur ses talons aiguilles.
- Tout à fait, ironisa Xavier.
Dès que Pierrick et Grégoire eurent fini leur petite représentation (deux gays en mal d’amour — Pierrick adorait de plus en plus jouer les homosexuels), ce fut le tour du trio. Les profs et les autres élèves attendaient avec impatience cette interprétation. Xavier lança le disque, et Ludivine s’élança sur scène la première. Elle fut vite rejointe par les deux autres comédiens, main dans la main.
- Petit salaud, ton jeu est clair… Tu veux tout sans rancune ! Le beurre, le cul de la crémière ; deux pour le prix d’une !
Aline, appuyée contre Xavier, observait avec un sourire coquin l’actrice taper du pied et le foudroyer du regard. Il restait d’ailleurs totalement indifférent face à sa crise de jalousie.
- Petite garce, que tu es vulgaire, que c’est laid de ta bouche, chanta-t-il en s’approchant tranquillement vers elle, que cette jalousie m’indiffère, vois comme tu te couches.
Ludivine laissa échapper un reniflement de dédain, et lui tourna le dos, bien décidée à lui tenir tête. Pourtant, Aline lâcha le bras de Xavier pour prendre la main de la jeune fille et lui sourire.
- Je suis le pont sur la rivière, commença-t-elle en prenant la main de Xavier sans lâcher celle de Ludivine, qui va de toi à toi… Traversez-moi, la belle affaire !
La jeune femme tira alors doucement Xavier vers la blonde, qu’il étreignit aussitôt. Sa meilleure amie avait tourné autour d’eux, et s’était une nouvelle fois appuyée contre le dos du comédien.
- Embrassez-vous sur moi ! s’exclama-t-elle, avec un petit sourire gourmand. Hum… hum… Hum… hum…
- Je n’aime que toi ! fit Xavier, tout en déposant un rapide baiser sur les lèvres de Ludivine.
- Hum… hum… hum… hum…
- Je n’aime que toi !
Dès qu’il caressa la joue de Ludivine, celle-ci se recula immédiatement et le repoussa si fort qu’Aline faillit tomber à la renverse.
- Petit salaud, petit pervers ! Où as-tu mis les doigts ? D’où viennent ces odeurs étrangères ? Sûrement pas de moi !
- Petite garce, va donc te faire ! Tu n’es pas moins farouche. Non, tu n’es pas moins adultère, vois comme elle te touche.
Xavier eut un sourire malicieux. Ludivine venait juste de sursauter lorsque la jeune femme avait caressé lentement son épaule. Troublée, elle se tourna vers elle, mais Aline reprit sa main et celle de son meilleur ami. Elle les entraîna tous les deux avec elle, le long de la scène, tout en leur adressant des petits coups d’œil amoureux.
- Je suis le pont sur la rivière, qui va de toi à toi. Me passer dessus ? La bonne affaire ! M’enjamber, pourquoi pas ? Hum… hum… claironna-t-elle, fermant les yeux avec délice. Je n’aime que toi, toi, toi, toi, toi ! Je n’aime que toi !
Elle fit claquer deux bisous sur la joue de chacun des comédiens. Alors qu’elle allait continuer leur petite promenade en amoureux, Ludivine se détacha du lot, et tapota tristement sur le dos de Xavier.
- Petit salaud, qui tu préfères ? Qui tu veux ? Fais ton choix. Le bon vieux temps ? La nouvelle ère ? C’est elle ou moi !
Devant la détresse qui emparait peu à peu la jeune fille, Xavier lâcha Aline, et enlaça tendrement la petite blonde.
- Petite garce, qui je préfère ? Tu le sais mieux que moi !
Il déposa un rapide baiser au creux de son cou, qui arracha une moue à la comédienne.
- Je préfère que tu sois légère, à la guerre à trois.
Cette fois-là, elle sourit franchement, et Aline surgit derrière elle pour la prendre par la taille et faire de même avec Xavier.
- Je suis le pont sur la rivière, vos guerres me laissent de bois. Piétinez-moi, que puis-je y faire ? Je ne bouge pas de là !
Ils se déplaçaient ensemble, dans la même harmonie ; ils avaient tous retrouvé le sourire. Parfois, Xavier se mettait au milieu des deux femmes ou laissait la place d’Aline. Ils ne se lâchaient plus les mains.
- Lalala… chantonna Aline.
- Je n’aime que toi…
- Lalala…
- Je n’aime que toi… firent Xavier et Ludivine à l’unisson.
Le disque venait de s’arrêter. Les trois comédiens s'immobilisèrent un moment pour souffler un peu, et saluèrent rapidement leur petit public. Leurs profs et leurs camarades les avaient applaudis, et Aline remarqua avec satisfaction que certains élèves de Sections B et C étaient venus s’installer dans le théâtre pour les voir. Évidemment, toutes les filles admiraient Xavier avec des grands yeux brillants.
- Comme tu peux le voir, ton fan-club nous a fait part de sa présence pour votre petite représentation, s’exclama Pierrick, alors qu’ils descendaient de la scène.
Le jeune homme allait répondre, mais Ludivine avait déjà sauté au cou du comédien.
- Alors Pierrick, comment on a été ?! On était bien, hein, pas vrai qu’on était bien ?
- Ouais mais franchement, Grégoire et moi, on a fait un truc beaucoup mieux…
- Jaloux, se moqua Aline.
Benjamin mit fin à leur conversation pour présenter les points forts et faibles de leur représentation. Il avait trouvé Aline fabuleuse (et il l’avait dit clairement, ce qui constituait un énorme compliment). La prof de chant était déçue de n’avoir trouvé aucune lacune parmi les compétences vocales de Ludivine. En bref, tous les profs étaient d’accord pour que leur morceau fût représenté lors du petit spectacle musical de Noël.
- Bon, c’est déjà ça de fait, résuma Xavier en s’écroulant sur un siège du premier rang. Manque plus que le spectacle de fin d’année à bien bosser, et de l’imagination pour le court-métrage. On va s’amuser, les enfants, je le sens bien !
Outre le travail qui s’accumulait, les relations de Xavier et Ludivine s’amélioraient de plus en plus. Ils passaient beaucoup de temps ensemble, à discuter, rire ou partager des intérêts. Ils profitaient des moments où ils pouvaient se retrouver seul à seul. Pierrick se demandait même ce qu’ils pouvaient faire, isolés dans leur loge.
- C’est quand même étrange que ton copain ne dise rien… Il devrait savoir qu’on est tout le temps fourrés ensemble, non ? remarqua un jour Xavier, alors qu’ils déjeunaient tous les deux dans leur espace privé.
- Bah non. Il ne dit rien, puisqu’il n’est pas mon copain. Je n’ai pas de copain, expliqua-t-elle, devant l’incompréhension du jeune homme.
- Ah.
Il ne savait pas s’il devait être déçu pour elle ou heureux pour lui. Malgré ça, il esquissa un sourire qu’il ne sut cacher à Ludivine.
- Vicieux ! T’es content ! s’exclama-t-elle en lui donnant un petit coup de poing au ventre.
- Je ne peux pas m’en empêcher. Tu sais pourquoi.
- Moui… Même si j’avais un copain, il ne pourrait pas savoir si je serais avec toi ou pas. En fait, il ne pourrait rien faire, de toute façon.
Ludivine parut réfléchir et piocha un autre biscuit dans son paquet.
- Je n’ose même pas imaginer ce qu’aurait dit mon ancien copain, si j’étais toujours avec lui.
- Intéressant tout ça, nota Xavier, avec un petit sourire aux lèvres.
La jeune fille haussa les épaules et avala un nouveau biscuit.
- Je ne préfère pas y penser.
- Mais Lulu, tu préfères tellement ne penser à rien, qu’au final, je ne sais rien de toi.
- Oh si, tu sais des choses !
- Je sais juste que tu as deux parents, un parrain…
- Un petit frère, rajouta la comédienne, en mordant dans une galette au chocolat.
- Un petit frère ?!
- Oui.
- Tu vois, je ne savais pas. Quel âge il a ?
- Neuf ans.
- Oh, la chance. J’ai toujours rêvé d’avoir un petit frère.
- Y’a des avantages à être fils unique, crois-moi.
- Mais je ne suis pas fils unique.
- Ah ?
- Dans ma famille, c’est moi, le petit frère. J’ai une grande sœur. Et je m’en serai bien passé.
- Faut pas dire ça. Je suis sûre qu’elle t’adore. Moi, j’adore mon petit frère, et il me le rend toujours bien.
- Mais n’importe qui adorerait une sœur comme toi, Ludivine ! La mienne est tout simplement… hors du commun. Je me demande parfois si la cigogne ne se serait pas trompée de foyer à ma naissance. Je ne peux pas avoir une sœur comme ça ! Je dois rêver !
Elle se leva d’un bond pour aller jeter son paquet de biscuits vide à la poubelle, et revint vers lui, triomphante.
- Les grandes sœurs sont les meilleures du monde ! Tu connais mal la tienne, Xavier.
- Au contraire, je la connais assez bien pour savoir que c’est une sorcière.
- Non, non, non ! Les grandes sœurs sont super sympas, et elles amènent toujours leur petit frère à la boulangerie pour acheter des mille-feuilles, des tartes au citron, des religieuses au café, des palmiers…
- Et bien, ce n’est pas une généralité ! À l’école, Liz n’avait de l’intérêt pour moi que lorsqu’il s’agissait de devoirs de maths et de physique-chimie ! Et depuis qu’elle a arrêté les études, elle ne me trouve plus d’utilité. Et d’abord, elle ne m’a jamais amené à la boulangerie.
- Tu as raison. Ce n’est pas une sœur, ça, fit Ludivine, après un silence.
La jeune fille attrapa son sac, et fouilla à l’intérieur pour en ressortir un autre paquet de biscuits.
- Et tes ex-copains alors ? demanda Xavier, curieux.
- Quoi, mes ex-copains ?
- Raconte.
- Y’a rien à dire sur eux.
- Je suis certain du contraire.
- Non.
- Si. Tu as bien dit que tu n’oserais pas imaginer ce que ton ancien copain dirait s’il savait qu’on était fourrés tout le temps ensemble, toi et moi.
- Oui.
- Mais pourquoi t’as dit ça ? Il était jaloux ?
- D’une certaine façon. Maintenant que j’y pense, ce mec a vraiment été une belle erreur…
- Comment ça ?
Elle croqua dans un nouveau biscuit — un cookie, cette fois — et réfléchit à nouveau à ce qu’elle pourrait dire. Elle sentait qu’il mourait d’envie d’en savoir un peu plus sur elle.
- Et bien… j’ai cru… commença la comédienne, concentrée.
- Oui, je connais ça, coupa-t-il, compréhensif.
- Qu’est-ce que tu connais ?
- Le « j’ai cru ».
- Ah. J’ai cru qu’avec mon ancien copain, ce serait différent qu’avec les autres. Peut-être parce que je l’aimais vraiment, tu vois. Je m’attendais à un truc particulièrement merveilleux (comme dans les contes de fées ! J’adorais les contes de fées quand j’étais petite, avec le prince charmant et tout ça ! Je voulais une histoire d’amour pareille !), mais… non.
- Non ? s’étonna Xavier.
- Non. Ça a commencé avec le théâtre. Il ne supportait pas que j’en fasse. Il préférait que je joue les servantes plutôt que les amantes. Il ne voulait pas que je monte à Paris à la rentrée pour faire mes études ici. Je n’aimais pas sa façon de parler à mon petit frère. En plus, il l’envoyait paître à chaque fois qu’il venait dans ma chambre ! Non mais je te jure ! Quelle façon de parler comme ça à mon frangin !
- Je vois. Un calvaire qu’on aimerait généralement éviter.
- Et… et… il voulait… non, je ne peux même pas te le dire.
- Enfin Lulu, n’aie pas peur, dis-moi !
La jeune fille se hissa sur ses genoux et lui chuchota quelques mots à l’oreille. Xavier acquiesça.
- Oui, mais je le sais déjà, ça, Ludivine…
- Chut ! s’exclama-t-elle en lui donnant un petit coup de poing à l’épaule.
- Mais pourquoi « chut » ?! Tout le monde sait déjà que tu…
- Chut ! répéta une nouvelle fois la comédienne, en tapant un peu plus fort sur son épaule.
Elle lui glissa à nouveau quelques mots qu’elle désirait garder secrets. Le jeune homme fronça les sourcils.
- Il a voulu faire ça ?
- Oui. C’était idiot parce qu’il ne pouvait rien faire. Il y avait ses parents dans la pièce d’à côté. Alors, je l’ai poussé, je lui ai dit d’aller se faire voir, j’ai rompu, et je me suis barrée. T’es d’accord, hein ?
- Tout à fait.
- Donc voilà. Depuis, il m’écrit des lettres.
- Des lettres ?
- Pas très gentilles.
La jeune fille attrapa son sac pour extirper une enveloppe, qu’elle gardait apparemment toujours avec elle. Xavier lut la lettre, mécontent. Elle n’était pas seulement remplie de fautes d’orthographe, mais aussi de mille mots vulgaires qu’il n’oserait jamais employer (et encore moins dire à Ludivine).
- Et c’est quoi son but, là, en t’insultant comme ça ? Te faire culpabiliser ? s’énerva le comédien en déchirant la feuille en petits bouts de papier.
- Euh… peut-être, fit Ludivine d’une petite voix coupable.
- Et toi, tu te tortures en gardant cette lettre dans ton sac ?
- C’est pas juste ! Pourquoi c’est moi que tu grondes ? C’est lui le fautif ! gémit-elle en se pelotonnant contre lui.
Xavier leva les yeux au ciel et glissa un bras autour sa taille.
- Il a quel âge ?
- Pareil que moi.
- Lulu, c’est un gamin. On ne peut pas lui en vouloir de dire des conneries plus grosses que lui.
- Mais…
- Il est encore plus immature que toi ! Franchement, Ludivine, tu ne peux pas te laisser marcher sur les pieds par un gosse de 17 ans !
- Je n’ai pas la carrure d’un tricératops pour me défendre !
- Bien sûr que non… et heureusement.
Il profita d’un silence pour bien caler la comédienne contre lui. Elle nicha sa tête sur son épaule et ferma les yeux, l’oreille attentive.
- Je veux dire, Lulu, que tu ne peux pas laisser ces mots te blesser. Ton ex n’a pas réfléchi en écrivant cette lettre, et à son âge, on a plus de gros mots dans la tête qu’autre chose. Il n’est pas assez mâture pour se conduire comme une personne responsable. C’est ta virginité, Lulu, pas la sienne ! Le fait qu’il ne se soit pas soucié de savoir si tu étais prête ou pas montre bien que sa cervelle est réduite à de la purée de pois chiche ! Ce qui fait de lui un parfait salaud, je le reconnais, puisqu’il voulait le faire même si tu n’étais pas prête.
- Oui, répondit seulement Ludivine.
- Ma pauvre Lulu traumatisée… Ça nous pose un souci maintenant !
- Je ne suis pas traumatisée !
- Très bien. Alors, dans ce cas, tu ne devrais pas avoir de problèmes pour sortir avec moi !
Elle se raidit et se redressa pour l’interroger du regard.
- Tu vois ! remarqua-t-il, mi-déçu et mi-amusé. Tu es traumatisée.
- Mais… non !
- Non ?
Le jeune homme venait de rapprocher son visage du sien.
- Non, mais en fait…, je ne suis pas traumatisée. Mais sinon, pas tout de suite.
- Tu t’embrouilles, Lulu.
- Je sais, mais je veux juste attendre. Tu ne veux pas me donner un petit peu plus de temps ? supplia-t-elle, rouge tomate.
- Quand tu veux, Lulu, quand tu veux… soupira Xavier.
Et il déposa un minuscule baiser au coin de ses lèvres. Un baiser aussi doux qu’une promesse.
Le soir même, Ludivine, Xavier, Pierrick et Aline étaient sortis au cinéma.
- Alors, vous l’avez trouvé comment ce film ? voulut savoir Pierrick, à la fin de la séance.
- Nul à chier, commenta Xavier, amer. J’ai balancé huit euros dans le vent pour voir un navet !
- C’était une sortie sympa quand même, remarqua Aline.
- Une sortie qui aurait été plus que sympa si le film en question était réussi, grogna le jeune homme. Moi, je vous l’ai dit ; on aurait dû aller se voir un bon Molière au théâtre, mais vous n’avez pas voulu m’écouter ! Comme d’habitude !
Après réflexion, il rajouta :
- Quoique… le théâtre, c’est pas donné non plus… Mais bon, j’aurais préféré passer 15 euros dans Molière plutôt que 8 euros pour un ramassis de conneries sur grand écran !
Ses amis, excédés, ne répondirent pas.
- Mais allez-y, exprimez-vous les gars ! s’exclama Xavier. Débattons, enfin !
Personne ne dit rien, Pierrick et Aline connaissant assez bien le comédien pour savoir qu’il valait mieux éviter un débat qui s’annonçait mouvementé.
- Ben moi, je trouve que le jeu des acteurs était plutôt pas mal, dit alors timidement Ludivine.
Xavier ne répondit pas, blasé d’avoir été contredit par la fille à laquelle il s’était attaché. Pierrick haussa le pouce pour féliciter silencieusement la comédienne.
- Merci de lui avoir cloué le bec ! s’exclama Aline, soulagée. Tu m’épates de plus en plus, Lulu !
Vexé, Xavier poussa quelques grognements, et maudit sa meilleure amie pour le restant de sa vie.
- Tu es rayée de mon existence, décida-t-il, en croisant les bras.
- C’est pas nouveau, marmonna la jeune femme.
Les comédiens arrivèrent devant un scooter et stoppèrent leur marche.
- Aline, c’est moi que tu ramènes ! se précipita Pierrick en enfourchant l’arrière du véhicule.
- Évidemment, mon Pierrot d’amour.
- Je raccompagne Lulu chez elle… pour lui faire payer son affront, lança alors Xavier, en prenant la main de la jeune fille.
- Oh ? s’étonna celle-ci.
- Tout à fait « oh », Ludivine. Il est hors de question que je te laisse vadrouiller toute seule dans Paris en pleine nuit !
Pour toute réponse, elle se blottit dans ses bras pour se protéger du froid. Le jeune homme observait Aline s’installer sur son scooter.
- C’est Albert qui me ramène ! claironna Pierrick, heureux comme un pape.
- Oh, ferme un peu ta gueule Pierrot ! marmonna Aline en enfilant son casque.
- Fais gaffe à ne pas rentrer dans une Smart comme la dernière fois, conseilla Xavier, inquiet.
- T’inquiète, je ne suis pas d’humeur à jour aux autotamponneuses ce soir !
- Ouais, j’espère bien, je tiens à ma vie.
- Je sais, Pierrick, je sais… mais ne me tente pas de causer exprès un accident pour t’envoyer valser contre une Smart ! Et… tes mains, Pierrick, tes mains !
- Oh ! Ton piercing ! fit le comédien, faussement étonné, en tapotant doucement sur le ventre de la jeune femme.
- Bas les pattes, pervers !
- Pervers ! répéta Xavier, en foudroyant son meilleur ami du regard.
Aline envoya valser les mains de Pierrick, mais celui-ci, tenace, les reposa aussitôt sur ses hanches.
- Si je ne me tiens pas à toi, je vais tomber, trouva-t-il comme excuse. Et toi, Xavier, tu peux parler, tu es aussi pervers que moi !
- Pas vrai, contredit le comédien.
- Je suis un peu d’accord avec Pierrick, pour une fois, fit Aline.
- C’est faux ! protesta le jeune homme tandis que Ludivine l’observait avec des yeux ronds. Ou alors, si je suis pervers, je ne le suis qu’à 10 %, parce que c’est Pierrick qui a raflé sur son passage les 90 % restant !
- Pas faux non plus, avoua Aline en s’esclaffant.
Après avoir un peu discuté (et rassuré Ludivine que Xavier ne fût pas un pédophile derrière ses airs de saint), les quatre amis se dirent au revoir, et partirent chacun de leur côté. Comme il l’avait promis, Xavier avait raccompagné la jeune fille chez elle, à Montparnasse. Pour le remercier, elle l’avait invité à entrer dans son petit studio.
- C’est mon chez-moi ! s’exclama-t-elle joyeusement, en ouvrant la porte de sa petite demeure.
Gêné, Xavier entra et examina attentivement le lieu. Cela lui faisait toujours une impression étrange lorsqu’il se rendait chez quelqu’un d’autre. Il ne pouvait s’empêcher de comparer les appartements qu’il visitait au sien. Chez Ludivine, en l’occurrence, les murs avaient été peints impeccablement. Pas un trou, pas une trace, pas une fissure. Un travail d’expert. Soit le père de la jeune fille était un bon bricoleur, soit il avait eu assez d’argent pour faire réaliser les travaux par un spécialiste. Le studio avait été joliment décoré, tout en restant simple. Le sol était recouvert d’un parquet en vieux bois. Il n’y avait pas de chambre, car la cuisine, le salon et le lit de Ludivine partageaient la même pièce. La cuisine était brillante de propreté ; tout était rangé correctement à sa place. Xavier se doutait bien que la comédienne préférait se nourrir chez son parrain au lieu de se fatiguer à cuisiner des plats congelés.
Ludivine rabattit les rideaux de soie sur la fenêtre. Visiblement, elle ne prenait pas la peine de fermer les volets pour dormir la nuit. Le matin, les rayons du soleil ne devaient pas trop la déranger. Xavier reporta son regard sur la petite table basse à côté de lui. Un téléphone fixe était au centre, et à côté, il y avait quelques lettres destinées à Jean-François et Éva Dodero, les parents de Ludivine. Plusieurs Post-It étaient collés sur la table et rappelaient la comédienne de « téléphoner à Maman pour Bernard » ou encore « prévenir Papa que Jo n’est pas d’accord pour BO ». Le jeune homme chercha du regard des objets personnalisés de la famille, mais l’entourage de Ludivine semblait plutôt discret, et aucune photo n’était accrochée aux murs.
- Alors, comment tu trouves ? demanda Ludivine, en se blottissant dans ses bras.
- C’est très joli chez toi.
- Merci ! Dis, tu veux boire quelque chose ?
- Euh… de l’eau, s’il te plait.
Elle se dépêcha de le servir, tandis qu’il observait à nouveau l’appartement.
- C’est loin d’ici Montmartre ? demanda la jeune fille, en lui tendant un verre d’eau.
- Comment ça ? s’étonna Xavier, après l’avoir remerciée.
- Tu vas mettre longtemps pour rentrer chez toi ?
- Non. Une demi-heure, peut-être, si je ne rate pas le métro de nuit. J’habite carrément au nord, à l’opposé de toi.
Il finit de boire son verre et voulut le reposer dans l’évier, mais Ludivine le serrait si fort qu’il ne pouvait plus bouger.
- Reste ici ! s’écria-t-elle, son nez enfoui contre son vieux pull.
- Pardon ?
- Reste ici !
- Mais…
- Je ne veux pas que tu rentres chez toi la nuit !
- Lulu…
- Je ne veux pas que tu te fasses agresser !
- Tu délires !
- On ne sait jamais ! Toi aussi, tu ne voulais pas que je sois toute seule dans Paris la nuit !
- Mais…
- Tu restes ici !
- J’ai pas mes affaires !
- Tu restes ici !
- Bon.
- Tu restes ici !
- D’accord Lulu.
- Tu restes, hein ? demanda-t-elle en relevant la tête vers lui, inquiète.
- Oui, oui.
Ludivine parut contente et rassurée, au contraire de Xavier qui n’en menait pas large.
- Mais comment je fais pour mes affaires ? protesta-t-il, les mains sur les hanches.
- Je peux te passer une brosse à dents, mais de toute façon, tu n’as pas besoin d’une valise.
- Non mais…je dors où ?
- Avec moi ! répondit la jeune fille, comme s’il s’agissait d’une évidence.
- Du moment que ça ne te gêne pas que je dorme en caleçon… y’a pas de souci.
La comédienne qui, visiblement, n’avait pas pensé à ce petit détail, rougit avant de hausser les épaules.
- C’est pas grave, assura-t-elle, en se dirigeant vers la salle de bain. Tu peux te coucher si tu veux, je reviens.
Dans la salle d’eau, elle se brossa les dents tout en réfléchissant à ce qu’elle allait mettre pour dormir avec Xavier. D’ordinaire, elle enfilait son pyjama bien chaud recouvert de nounours. Mais cette nuit-là n’était pas comme les autres. Que penserait le jeune homme en la voyant avec son pyjama épais à nounours ? Ludivine possédait une nuisette toute neuve qu’elle n’avait jamais mise, et qu’elle avait eue pour ses 17 ans. Elle pourrait éventuellement la mettre ce soir pour ne pas se faire passer pour le grand bébé qu’elle était, et peut-être que cela plairait plus au comédien. En revanche, elle aurait froid. Mais il y aurait Xavier…
Après mûres réflexions, elle enfila avec précaution sa chemise de nuit… pour l’enlever aussitôt ! Il était hors de question qu’elle dormît avec ça sur le corps, en la présence de Xavier. Pour sûr qu’elle passerait pour une dévergondée (elle avait une dignité à tenir !). C’était trop court ! Trop léger ! Trop sexy ! Et puis, elle se gelait les fesses ! Ludivine jeta un petit coup d’œil à son pyjama à nounours. Elle en avait un second, mais il y avait un gros lapin au milieu. Elle n’avait pas vraiment le choix, autant subir une honte due à une nuisette qu’une honte due aux pyjamas pour enfants. L’un était plus raisonnable que l’autre (au diable sa dignité !). Et tout ça pour Xavier !
Elle enfila à nouveau la nuisette (Seigneur, qu’elle avait froid !) et, tout en sautillant sur place pour se réchauffer, se recoiffa devant son miroir. Tout ça pour Xavier !
Le jeune homme, de son côté, avait largement eu le temps de se déshabiller, de défaire le lit, de s’y coucher, et d’attendre patiemment Ludivine. Au bout de vingt minutes, il se demanda ce qu’elle pouvait bien fabriquer dans la salle de bain, mais il n’eut pas à s’inquiéter trop longtemps. La comédienne était sortie de la pièce en galopant, une grimace sur le visage, et s’était jetée sur le lit pour rabattre en quatrième vitesse la couverture sur elle.
- J’ai froid ! J’ai froid ! Xavier, j’ai froid ! Il gèle ! s’écria-t-elle, presque à l’agonie.
Le matelas tremblait en accord avec Ludivine.
- Froid ! Froid ! Froid ! Froid ! Froid !
Peut-être que les garçons ne réchauffaient pas aussi bien que le prétendait la légende, pensa la jeune fille, voyant Xavier immobile. Tout avait si rapide qu’il n’avait pas réalisé la situation. Aussi, Ludivine décida de se caler contre lui pour chercher un brin de chaleur humaine. À peine leurs peaux entrèrent en contact que le jeune homme fit un bond et reporta son attention sur elle.
- Froid, froid…
- Mais Lulu… s’étonna-t-il, en sentant un voile de soie lui caresser la cuisse. Tu ne portes que ça ?
- Oui… avoua Ludivine, rouge de honte.
- Tu n’as pas de pyjama ?
- Je l’ai oublié chez mes parents.
Excellent mensonge, se félicita la comédienne. En plus, Xavier avait tout gobé et avait commencé à frictionner son avant-bras pour la réchauffer. Elle était mal à l’aise et regretta amèrement son pyjama à nounours.
- Et c’est la première fois que je dors avec un garçon.
- Je ne vais pas te manger. Enfin… pas tout de suite en tout cas.
La jeune fille se souvint alors que Xavier était considéré comme un pervers à 10 % (et Pierrick, à 90 %), et fut prise de visions d’horreur. Elle voulut retourner dans la salle de bain pour mettre son pyjama à nounours, mais le jeune homme avait déjà éteint la lumière.
- Maintenant, dors Lulu. Il est tard.
- Oui… s’entendit couiner Ludivine.
- Bonne nuit.
- Toi aussi.
Xavier ferma les yeux et soupira. La nuit promettait d’être longue. Il lui était impossible de dormir avec Ludivine en nuisette collée contre lui.
- J’ai froid, remarqua timidement la jeune fille.
Il lâcha un nouveau soupir et fit de son mieux pour la réchauffer plus. Dix minutes passèrent, et ses muscles se relâchèrent. Ludivine n’était plus glacée. Elle se sentait même très bien, entre Xavier et sa couverture. Elle laissa ses jambes vagabonder un peu partout dans le lit. Pour le plaisir de remuer, tout simplement.
- Lulu, tiens tes jambes tranquilles ! grogna le comédien, en repoussant l’une d’elles qui était passée par-dessus sa taille.
Si ça continuait comme ça, il allait gagner des parts sur le taux de perversion qu’il partageait avec Pierrick. Et peut-être même que son meilleur ami ne serait plus majoritaire. Quand il sentit la respiration de Ludivine devenir régulière, il se demanda ce qu’il allait faire pour occuper sa nuit blanche. Il aurait pu l’observer pendant des heures dormir, mais son taux de perversion aurait progressé de 50 %, ce qui ferait que Pierrick, pervers reconnu par Aline, tomberait à 40 %. Ce serait un résultat inquiétant, parce que dépasser Pierrick en termes de perversité était inimaginable (ce dernier étant un pervers robuste). Et comment serait sa relation avec Ludivine, s’il était pervers à 60 % (déjà que 10 % paraissait être trop pour elle) ?
Xavier n’osa même pas y penser. Comme faire des mathématiques lui changeait les idées, il se mit à calculer pendant une heure des probabilités sur ses chances de sortir avec la comédienne, et enfin, de passer une nuit d’amour avec elle. Manque de bol, le résultat autour de cinq chances sur vingt, et cela ne parut pas le rassurer.
Minuit était passé lorsqu’il osa poser son regard sur Ludivine, qui remuait de temps en temps, cherchant inconsciemment une nouvelle position contre ou sur Xavier. Il observa son visage endormi. Puis ses yeux descendirent jusqu’à sa gorge. Puis jusqu’à sa poitrine. Le jeune homme sentit son estomac se retourner. Une rondeur s’échappait discrètement de la nuisette. Le comédien s’efforça de penser aux sédénions coniques, des nombres hypercomplexes de l’arithmétique. Hélas, ni les éléments nilpotents, idempotents et les diviseurs de zéro ne l’empêchèrent de s’imaginer avec Ludivine en train de…
- Les sédénions ont un élément neutre multiplicatif 1 et des inverses pour la multiplication, mais ils ne forment pas une algèbre de division, car ils ont des diviseurs de zéro, murmura Xavier, concentré.
Il commençait peu à peu à se ressaisir lorsqu’elle lui tourna le dos, tout en gardant les mains du jeune homme dans les siennes. Il voulut les retirer et caressa sans le vouloir la cuisse nue de la petite blonde. Sa main s’immobilisa aussitôt, et Xavier poussa un grognement. La nuisette de Ludivine s’était remontée au fil de ses mouvements, et il sentait sa petite culotte en coton. Il ôta sa main aussitôt, et pensa très fort aux secteurs vectoriels qui, généralement, savaient le calmer.
Fort heureusement, les vecteurs étaient une arme redoutable contre le charme de Ludivine, et très vite, la cervelle de Xavier ne se focalisa plus que sur cela. Quand il eut fait le tour de ce domaine vaste, vers quatre heures du matin, il pensa aux équations. Malheureusement, les équations étaient moins douées que les vecteurs, et Ludivine occupa bientôt toutes les pensées du jeune homme. Il l’observa encore, encore, et encore. Il admirait tous les recoins de la comédienne qui s’offrait à ses yeux. Il désirait la connaître par cœur. Donc, il l’observa. Longtemps. Jusqu’à ce qu’elle se réveille. C’était neuf heures et demie du matin. Le temps passait trop vite à son goût.
- T’as bien dormi ? demanda-t-elle, étonnée de le voir réveillé.
- Comme un loir, répondit Xavier, tout sourire.
Il avait de la chance ; elle n’avait pas remarqué ses cernes.
- Moi aussi, j’ai très bien dormi. C’est confortable de dormir avec un garçon. J’étais bien au chaud !
Elle allait rajouter quelque chose, mais elle se rendit compte que sa nuisette avait encore remonté le long de ses cuisses. La jeune fille se trémoussa donc, rouge comme une tomate, en tirant le tissu vers le bas. Quand elle eut fini sa tâche, elle sauta sur Xavier pour lui faire un petit bisou sur la joue.
- On recommencera, hein, Xavier, on recommencera à dormir tous les deux !
- Oh oui, on recommencera… répondit ce dernier d’une voix rauque et pleine de sous-entendus.
Ludivine ouvrir grand les yeux et sa bouche s’étira en un O. Elle venait de déceler une lueur lubrique dans le regard du jeune homme.
- Pervers ! s’écria-t-elle en reculant aussitôt. Pervers ! Pervers !
- Oui, la tendance est à la hausse, commenta Xavier, tout sourire, en pensant à son taux de perversion commun avec Pierrick.
- Oh ! continua la comédienne, choquée.
Elle accompagnait ses propos avec des petits coups de poing dans le ventre. Deux minutes plus tard, Xavier, lassé, se leva en hâte du lit.
- Je peux t’emprunter ta salle de bain ? demanda-t-il, pressé.
- Oui. Fais comme chez toi.
Il la remercia et se rua dans la salle d’eau. Ludivine l’avait presque poussé à bout. Il voulut ouvrir le robinet d’eau froide avec l’intention de se rafraîchir le visage (bon sang, qu’il avait chaud !) mais il s’arrêta dans son geste. Il venait de remarquer dans le coin de la pièce, sur un panier, un pyjama deux pièces avec des nounours, roulé en boule.
- Oh la chienne ! murmura-t-il, mi-furieux, mi-amusé.
C’était sa faute à elle, s’il devenait plus pervers que Pierrick ! Calmement, il sortit de la salle de bain, et appela Ludivine.
- Lulu, viens voir ! J’ai un truc à te montrer !
La jeune fille sauta du lit et accourut, curieuse. Son teint devint rouge brique lorsqu’il lui désigna son pyjama à nounours.
- Je croyais que tu avais oublié ton pyjama chez tes parents…
- Ben… j’ai oublié qu’il était là en fait… bredouilla Ludivine, à court d’excuses.
Le visage de Xavier se fendit en un sourire jusqu’aux oreilles. L’occasion de la taquiner était trop alléchante pour la laisser passer.
- Coquine ! Mais quelle coquine ! Et après, elle se plaint que je suis pervers, mais c’est de sa faute tout ça ! C’était tout manigancé !
- Non, c’est pas vrai ! brailla la comédienne, de plus en plus honteuse.
- Coquine !
- Non !
- Allez vilaine, sors d’ici, que je prenne ma douche ! On fera des cochonneries plus tard, puisque c’est ça que tu veux !
Honteuse (elle avait finalement perdu sa dignité…), elle sortit de la pièce, en se jurant que la prochaine fois qu’elle dormirait avec Xavier, elle n’hésiterait plus entre la nuisette et le pyjama à nounours. Ce sera le pyjama.
Toujours aussi frais, agréable, simple et sans fioriture inutile. C'est vraiment ça, en plus ! Les premiers émois d'une jeune fille pour un garçon. Elle ne pense pas à mal et le pauvre Xavier en perd le sommeil... vilaine fille innocente !
C'est donc très bien vu, tout ça, et très plaisant à lire. On pourrait s'ennuyer pour une histoire somme toute banale, mais au final, sincèrement, non, je ne m'ennuie pas du tout. Tes personnages sont attachants, leur amitié aussi. Ce qu'ils vivent n'a rien d'extraordinaire, mais c'est rendu subtilement sensible. J'aime bien. Vraiment !
L'ennui du lecteur était ma principale crainte, quand j'ai écrit cette histoire (vu que c'est pas du fantastique, et que ce n'est pas une histoire ultra-compliquée, ça relevait du défi). Donc (je sais que je me répète), si tu t'es pas ennuyée, et si ça te plait toujours, je suis une Clo comblée ! =D
Bref, je ne peux que te remercier encore une fois Vef, de prendre le temps de me lire et commenter. ;)
Bien des bisous !
Encore une fois, ce qu'ils sont mignons ces deux-là ^^ Xavier est un vrai gentilhomme, quel crème ! Quant à Ludivine, toujours ce côté petite fille pleine de candeur. C'est adorable ^^ Bon, moi je vais aller boire quelque chose de bien frais maintenant, il fait une de ces chaleurs sur cette page web XD ! Au plaisir de te relire, ma Ptite Clo (je reprendrais le fil de ma lecture dès que possible ^^ Il faut que je sache comment ça évolue, tout ça o_O)Reponse de l'auteur: Re-re-remerci ! xD (kâââlin !) *sert une limonade bien fraîche à Cricri, et s'en sert une aussi pour elle aussi*
Bon, je ne sais pas quoi dire de plus que dans mes autres réponses, si ce n'est que je suis toujours ravie que ça te plaise. Bref, ne te fais pas de souci,il n'y a que très peu d'indécence dans cette histoire (et vi, je suis une âme sensible XD). Bref. Biyouuu !
Donc voilà j'aime toujours autant ^^ (Ha bon ?!) J'ai adoré le passage avec les baisers, ça faisait un peu n'importe quoi avec tout le monde qui avait ses propres... "Méthodes" (En plus je vois trop bien Aline emmbragresser et ça m'a trop fait rire pendant un moment, j'avais pas l'air bête devant mon ordi moi --' <br />
Pour Lulu, je ne l'aurais jamais cru aussi entreprenante avec Xavier xD J'ai beaucoup aimé le coup du pyjama avec les ourson ou le dilemme ultime XD Pour son ancien petit copain, je dois dire que je suis pas mal étonné qu'elle en ait eu un ^^' (Pas qu'elle soit moche ou autre chose hein, tout au contraire, mais bon, elle semblait naïve à un tel point que je me suis dit que la garçon, ça devait lui passer complètement au-dessus de la tête ^^' Pauvre Lulu, je voulais en faire une soeur ^^' (J'ai rien contre les soeurs hein XD))<br />
Un autre truc qui m'a fait pas mal sourire c'est les calculs de Xavier avec le partage de perversité xD Dans de telles conditions, je sais pas mais en tout cas, moi je lui pardonne *_* <br />
Pas vraiment grand chose d'autre à dire ^^ A part que je veux le coupl Lulu/Benjamin ! (Mince, est-ce que je me serais trompée ? *sort*)Reponse de l'auteur: Oula ! O_O Bon, face à une telle reviews, je prends mon courage à deux mains, et je me lance ! ^^
Embragrasser...nouveau terme de Flammy ? Dis, tu penseras à faire un dico un jour ? XD Hum, pour en revenir à Lulu...tu ne vas pas me croire, mais je comptais l'évoquer plus tard l'histoire : elle a eu des tonnes de petits copains (qui n'ont jamais duré très longtemps, excepté le dernier). Mais en fait, c'est pas dans le genre "croqueuse d'homme", c'est surtout parce qu'elle recherchait beaucoup de tendresse. Bref, je sais pas si tu me suis, mais tu verras plus tard ! ^^
Me suis bien éclatée à écrire la cervelle de Xavier en plein boulot ! XD Puis bon, il résonne comme ça, on y peut rien, ça le rend attachant. ^^ (Puis la comparaison avec Pierrick donne un bon aperçu sur ce dernier...).
Et enfin, un Lulu/Benjamin...O_O t'en as de drôles d'idées toi ! XD Ca va être ses parents qui vont être contents tiens (pis j'ose même pas imaginer la tête de Xav' ! XD) ! XD
Bon, merci énormément Flammy pour cette grosse reviews, ça m'a fait très plaisir ! Faut-il que je ralentisse le rythme pour que tu suives ? ^^
ZboOoo !
Reponse de l'auteur: CLO AVEC UN C ! UN C ! UN C ! GRRRRRR ! XD
(je ne suis pas désireuse d'être reliée de cette façon à notre Katin national) Enfin, je suis vraiment contente que ce chapitre t'ait plu ! ^^ Merci, merci ! Bisous !
Clo' !