Chapitre 4 – Tir à l’arc

La voix de Sandra m’a calmé. C’est à peine si je m’en rends compte lorsque je m’élance. J’obéis aux légères commandes de ma cavalière instinctivement, et je suis de l’autre côté de l’obstacle sans même le réaliser.

— Bravo ma grande !

Je tiens ma tête bien droite, fièrement, très heureux des félicitations et des caresses que Sandra donne sur mon encolure[1].

J’en ronronnerais si je n’étais pas une jument.

Nous continuons ainsi notre travail pendant encore quelque temps, et sauter les obstacles devient peu à peu exactement comme je l’imaginais : j’ai l’impression de voler brièvement à chaque saut.

C’est aussi une sacrée épreuve de confiance et je dois suivre les instructions que me donne ma cavalière, car lorsque je saute, je ne vois pas où je pose mes pieds.

Une chose est sûre, je ne rate plus mes sauts, je ne fais pas tomber de barrière, et je ne laisse pas tomber Sandra. Ouf.

— Hélios !

— Oui ? Quoi ?

Je me tourne pour essayer d’apercevoir ma sœur qui s’est mise à trotter derrière moi.

Il est trop marrant mon champ de vision. Il faut vraiment que quelqu’un soit juste derrière mes fesses pour que je ne puisse pas le voir.

— Maxime a parlé de Tir à l’Arc ! On va faire du tir à l’arc !

— Hein ? Comment tu veux qu’on tire à l’arc avec des sabots ?

— Ah ah ah ! Mais non, idiot ! Maxime et Sandra vont tirer à l’arc ! Pas nous, patate !

— Pfft. Si t’es pas claire aussi…

Comme si Maxime avait senti l’impatience de son poney-Solène, il nous double pour aller à l’autre bout du terrain, là où les grands font du tir à l’arc à cheval. Ou tir à l’arc à poney !

J’essaye d’accélérer pour les dépasser, mais je suis arrêté dans mon élan lorsque j’aperçois de la bonne herbe bien jaune et bien haute sur le bord du chemin, et hop ! Je me penche pour en prendre une grosse bouchée.

— Pâquerette ! Allons ma grande, tout à l’heure !

Je sens une légère tape sur ma croupe[2]. Quelle casse-pied, Sandra ! Elle ne pourrait pas me laisser grignoter un peu ?

Tant pis, y a rien à faire. C’est trop désagréable quand elle tire sur mes rênes[3]. Heureusement que les cravaches[4] sont interdites ici. Brrr. Rien que d’y penser, j’ai mal.

Lorsque nous arrivons au bout du terrain, les enfants prennent rapidement leurs arcs et leurs flèches avant de remonter sur notre dos.

Et hop ! Nous voilà à trotter sur la piste !

— J’adore ! Solène, c’est trop fort d’être capable de voir sur le côté tout en regardant devant nous ! On peut voir les cibles et la piste !

Je suis plutôt fier de Sandra, qui se débrouille très bien. Ah zut ! J’ai parlé trop vite, elle vient de faire tomber sa dernière flèche par terre.

— AH !

Juste devant moi, en même temps que le cri télépathique de Solène, j’entends un hennissement et vois Pissenlit se cabrer[5] puis se mettre à galoper en direction du petit bois qui borde la piste.

Surpris, je commence à me dresser sur mes pattes arrière, ne réalisant qu’après-coup ce que je suis en train de faire. Oh non ! Ça y est, j’ai encore fait tomber Sandra.

Devant moi, Maxime aussi est par terre. Et Solène n’est déjà plus en vue.

— Solène ?

— Hélios ! Au secours !

 

*** Informations documentaires ***

Avec ses yeux sur les côtés et ses iris horizontaux, le champ de vision du cheval et du poney est vraiment très large.

Il voit même « derrière lui », mais pas immédiatement derrière ses fesses, comme l’a remarqué Hélios. Il ne voit pas non plus « juste devant lui » sur une petite distance. Si tu poses ta main sur son front, par exemple, il ne la verra pas.

De plus, il ne voit pas très haut. Comme s’il portait une casquette, s’il veut voir quelque chose qui est situé trop haut, il doit lever la tête.

 

Les poneys ne hennissent pas beaucoup, seulement pour exprimer des émotions fortes. Donc pas vraiment pour « communiquer ».

Ici, Pissenlit a eu peur.

 

 

 

[1] Encolure = Cou, chez le cheval.

[2] Croupe = Fesses, chez le cheval.

[3] Rênes = C’est l’espèce de corde en cuir fixée sur la tête du poney. Le cavalier s’en sert en tirant dessus (ou en tirant sur la longe lorsqu’elle y est attachée) pour diriger la tête de l’animal.

[4] Cravache = C’est comme un petit bâton, utilisé pour frapper l’animal et le faire obéir. C’est de moins en moins utilisé, car les humains se sont enfin aperçus que cela faisait mal !

[5] Se cabrer = Se dresser sur ses pattes arrière.

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