Chapitre 4 : Un règne nouveau - Pellon

Notes de l’auteur : Dans le précédent chapitre, Livana assiste au premier conseil depuis la mort de Sarvinie. Arnic nomme un de ses amis roturier, Gorvel au poste de Bras Droit. Une véritable surprise.
Bonne lecture, j'espère que vous apprécierez ce chapitre un peu particulier^^
Modifié le 11/10

Deux jours après la mort de Sarvinie, Twelzyn

Pellon

Comme tous les matins, j’avais enfilé ma cotte de maille avant de me rendre au terrain d’entraînement d’un pas rapide. En arrivant, j’avais assisté à la fin du combat entre Karnol et Ame. La chevalière se battait avec rage, sans doute agacée par la lenteur de son élève et son manque d’audace. Le pauvre page avait une fois de plus récolté quelques bleus et ecchymoses. Après un salut du poing, j’avais pris sa place face à Ame pour essuyer à mon tour une énième défaite.

Ni la mort de Sarvinie ni l’annonce de la montée sur le trône de son fils Arnic n’avaient menacé ce rituel. Ce soir-là, j’avais demandé à Ame si elle était heureuse de voir la tueuse de sa mère morte. Elle m’avait répondu qu’elle s’en fichait complètement. Elle ne semblait pas être la seule de cet avis car je n’avais vu aucune manifestation de tristesse parmi les amarins que j’avais croisés. L’agitation qui avait suivi le Carillon de la Citadelle s’était rapidement calmée. Dans plusieurs rues de Twelzyn, les amarins avaient fêté la mort de la tyranne.

Même Tresiz paraissait peu affecté par sa mort alors qu’il l’avait déjà rencontrée à plusieurs reprises dans le passé, notamment à son couronnement, cinq ans plus tôt. Il avait seulement cherché à apprendre plus sur les circonstances de sa disparition. Au cours de sa dernière journée, Sarvinie avait rencontré la Bras Droit, le Grand Chantre et Afener, avait semblé en bonne forme. Elle s’était éteinte dans son sommeil, paisiblement. Une mort bien ironique pour une femme si belliqueuse. Quant à moi, ne pas avoir à la revoir me soulageait. Je gardais encore d’elle l’image terrifiante de la guerrière qui avait terrassé Elimsa.

Notre deuxième duel s’acheva une fois de plus sur un enchaînement virtuose d’Ame. Désarmé et à genoux, je ne pus que reconnaître ma défaite. Si nos entraînements m’avaient permis de retrouver une certaine aisance, je n’avais pas encore trouvé de faiblesse dans la défense de mon adversaire. Sa façon de se battre n’avait rien à voir avec celle de sa mère : moins élégante et académique, plus violente et rusée. Elle avait cependant hérité d’Elimsa sa vitesse de déplacement et le plaisir évident de se battre.

Suant et haletant, j’allai m’asseoir quelques instants sur le banc au bord de la piste. Ame alla remplir deux gobelets à la fontaine de l’autre côté. Bien qu’échevelée et le visage rougi par l’effort, la jeune femme semblait prête à reprendre l’épée aussitôt. Elle vint s’installer près de moi en me tendant l’eau. L’engloutir en un instant ne suffit pas à adoucir ma gorge desséchée mais j’étais trop épuisé pour aller me resservir. Chaque jour, le soleil du sud se faisait de plus en plus étouffant, le vent moins frais : je redoutais le zénith de l’été amarin.

— Tu progresses, me dit Ame, un sourire contagieux aux lèvres. On voit que tu as été soldat.

— Pourtant, je n’ai jamais été bon à l’épée.

— Il faut être aveugle pour dire ça. Tu as une défense solide, tu ne fonces pas tête baissée et tu as de bons réflexes. Si tu te faisais un peu plus confiance, tu pourrais me battre.

Touché par ces compliments inattendus, je ne sus que répondre. Quand j’étais soldat, j’avais toujours été considéré comme un bretteur médiocre. Ce qui m’étonnait le plus, c’est qu’Ame paraissait persuadée par ce qu’elle venait de dire. Elle n’était pas femme à flatter pour monter dans l’estime de ses pairs. Se pouvait-il qu’elle ait raison ? Peu importait : je refusais de retrouver un jour le champ de bataille. Mon interlocutrice reprit, brisant le silence :

— Après la défaite des Varlario dans le sud, tu t’es engagé dans l’armée impériale, c’est ça ?

J’acquiesçai, ce qui alluma une lueur d’intérêt dans les yeux de mon interlocutrice.

— Tu es reparti en campagne ?

— Oui, plusieurs fois.

Ame hocha la tête, intriguée. Je compris qu’il me faudrait en dire plus pour contenter mon interlocutrice.

— J’ai servi l’armée de Telbor pendant près de dix ans, l’ai suivi dans la plupart de ses campagnes de reconquêtes. Je suis allé au siège de Vicène. Puis dans les Îles du Nord pour lutter contre l’épidémie de rugisse. À l’est. À l’ouest. J’ai vu toutes les grandes cités de l’Empire. Ça s’est terminé à la Baie des Murmures.

Prononcer ses mots provoqua la remontée de vieilles réminiscences. Les voyages, les entraînements, les défilés, les permissions, l’horreur des combats.

— Tu étais à la Baie des Murmures ? s’étonna Ame, la bouche entrouverte.

— Oui, j’ai assisté à la bataille sur le pont d’un navire pirate, j’avais été fait prisonnier quelques jours avant la bataille. C’était affreux, je…

Ma voix se brisa avec la remontée de douloureux souvenirs. L’image des navires en feu, des coques brisées et des innombrables noyés restait malgré le temps toujours aussi cauchemardesque. Je me souvenais des longues heures à chercher parmi les morts les visages de mes amis. Cependant, je refusais de m’effondrer à cet instant, devant Ame, et repris d’une voix rauque :

— J’ai vu presque tous les navires de la flotte impériale sombrer les uns après les autres, sans pouvoir rien y faire. Pendant des jours, ils ont ignoré les cris des survivants accrochés à des planches. C’était leurs ennemis. Je me souviens encore de leurs corps frigorifiés, de leurs voix désespérées.

— Comment as-tu échappé aux pirates ?

— J’ai été aidé par une vieille connaissance. J’ai marché seul de longs mois pour revenir dans le nord.

—Tes amis avaient survécus ?

— Oui, nous sommes devenus gardes du corps ensemble, répondis-je avec nostalgie.

Que je regrettais ces années, les plus belles de ma vie.

— Ils sont venus dans le sud avec toi ? Ils pourraient venir s’entraîner avec nous.

— Non, ils sont morts il y a quatre ans, répondis-je d’une voix sombre qui signifiait clairement la fin de la discussion.

Raconter ces vieux souvenirs m’avait soulagé mais je refusais d’évoquer celui-là. La plus grande blessure de ma vie ne pourrait jamais être pansée. La plus grande erreur de ma vie ne pourrait jamais être pardonnée. J’emporterais ce secret dans la tombe.

Ce fut à ce moment qu’une voix claire résonna dans mon dos.

— Excusez-moi de vous déranger, les tourtereaux !

Le sourire d’Ame, effacé pendant mon récit, brilla à nouveau de mille feux.

— Liva’ ! Te voilà enfin ! Voici Pellon, il est venu avec l’ambassade impériale de Tresiz. C’est un vétéran.

Ame avait plusieurs fois évoqué la princesse Livana, une de ses proches amies. J’avais peine à croire que la grande femme aux cheveux bruns qui se tenait derrière moi était la reine. Ne devait-elle pas être occupée aux préparations du couronnement ? Cependant, la longue cicatrice qui lui barrait le visage depuis l’attentat masqué ne pouvait pas tromper : il s’agissait bien d’elle. Ce qui m’intrigua fut la petite écharpe verte qui était accrochée à son bras gauche. Elle était faite à la main, d’une couture grossière surprenante pour une femme de son rang. Livana et Ame se saluèrent avec une évidente complicité, épaule contre épaule.

— Madame la Reine prend des gardes du corps maintenant ? taquina Ame.

En suivant son regard, j’aperçus deux soldats en train de converser au bord du terrain d’entraînement.

— M’en parle pas, souffla Livana en levant les yeux au ciel. Ils me lâchent plus depuis l’attentat des masqués. J’ai dû négocier avec Arnic pour ne pas en avoir plus.

Après un court silence, les deux amies échangèrent un regard de connivence. Ame fut la première à parler :

— Pellon, je crois qu’il va falloir reprendre l’épée.

— Debout le vétéran ! lança Livana. Montre-moi ce que t’as dans le ventre.

 

Toute la nuit, j’avais ressassé les souvenirs de la veille. Les compliments d’Ame, le récit de vieux souvenirs que je ne partageais jamais, mes victoires contre Livana et la soirée qui avait suivi. J’avais battu deux fois la princesse en trois affrontements, réussissant plusieurs enchaînements dont je me croyais incapable. Après l’entraînement, les deux femmes m’avaient entraîné avec elles dans le cabaret du Serpent à Deux Têtes. Elles s’étaient déchaînées jusqu’à me dérider et ne m’avaient plus lâché. Je n’avais plus autant ri depuis la mort de mes amis. Pour la première fois depuis le drame, la joie l’avait emporté sur la culpabilité.

À peine cette journée déconcertante achevée, une nouvelle encore plus importante se profilait. À l’aube, toute l’escorte impériale s’était rassemblée avant de prendre la route du centre de Twelzyn. Nous approchions à présent de notre destination finale : le Dôme de Verre. Tresiz était plus excité que jamais, sautillait sur place en exhortant notre escorte à accélérer. Avec la mort de Sarvinie, l’importance de l’entrevue prévue avec Arnic était décuplée. Même s’il n’avait pas encore été couronné, le prince tenait déjà les rênes du pouvoir. 

— Nous arrivons à l’entrée, annonça le soldat amarin chargé de nous conduire.

Derrière lui, un escarpement rocheux menait à l’entrée du Dôme. De si près, la beauté de cette œuvre gigantesque me parut plus écrasante que jamais. Il me semblait impossible de croire qu’un tel bijou ait été édifiée par une main humaine. Avant d’arriver à Twelzyn, je n’avais vu que deux fois du verre : dans le palais impérial et à Vicène. Dans le sud, même les nobles et bourgeois pouvaient s’en offrir et la majorité des façades de la rue principale pouvaient se targuer de jolies fenêtres transparentes. Cependant, ces vitres n’étaient rien face au Dôme.

À cette heure de la journée, l’édifice resplendissait avec une intensité éblouissante. Il fallait se couvrir les yeux pour le regarder, comme face à un second soleil. Je dus m’arracher à ce spectacle fascinant et courir pour rejoindre Tresiz, qui ne m’avait pas attendu. Nous pénétrâmes dans un souterrain maintenu par de longues planches sculptées. J’accueillis avec jouissance le courant d’air frais qui caressait ma peau.

Personne n’osait dire un mot. Tous, nous attendions le cœur battant d’arriver à l’intérieur du Dôme. Je ne voyais Tresiz que de dos mais je devinais sans peine son regard brillant, son souffle court. Lui qui s’émerveillait d’un rien devait être en extase face à la plus belle merveille du monde. Je le vis plusieurs fois s’étirer les cervicales avec une nervosité que je ne lui connaissais pas. De nombreux amarins étaient postés en armes sur notre passage, prêts à intervenir en cas de nécessité.

Au terme du souterrain, nous arrivâmes au pied d’un immense escalier. Couvert de fourrures et de draps, ce dernier respirait l’harmonie et préparait déjà au somptueux spectacle qui nous attendait. S’il n’égalait pas la majesté des Grandes Marches du palais impérial de Tristomita, il possédait un charme très amarin, avec de nombreux détails et un goût de l’équilibre des couleurs et des formes omniprésent. Quelques vases de pivoines ornaient les balustrades, un détail qui n’avait rien d’anodin car ces fleurs symbolisaient la paix.

Nous gravîmes les marches dans un silence religieux. Une fois en haut, nous parvînmes dans un grand hall aux murs et au plafond de marbre. Le parquet était d’un carrelage élégant, parcouru de tracés floraux. Trois riches buffets avaient été dressées, dont les effluves ne tardèrent pas à me chatouiller les narines. Ils me rappelèrent que je n’avais rien mangé depuis la veille.

Plusieurs jeunes musiciens en tenue traditionnelle nous accueillirent avec une mélodie entraînante. Leurs longues tuniques vertes parées de plumes colorées me faisaient penser à des colibris. Tous leurs instruments m’impressionnèrent par leur richesse mais l’un d’eux se détachait avec netteté : le violon. Celui qui le tenait était assurément un virtuose tant il maniait avec aisance son archet. Ses doigts parcouraient les cordes avec une rapidité impressionnante qui n’égalait pourtant pas la fluidité des mouvements de son deuxième bras.

Le violoniste était un quadragénaire blond de petite taille, maquillé d’un fond de teint généreux, le seul du groupe amarin à ne pas être armé. Son visage était éclairé d’un large sourire qui s’élargit un peu plus lorsque Tresiz arriva à sa hauteur. Il lâcha aussitôt son violon pour aller saluer mon maître, à la manière d’un vieil ami.

— Tresiz, quelle joie de te revoir après tout ce temps !

— Je ne m’attendais pas à te voir ici, Bodnac. On m’a dit que tu étais en voyage sur la côte.

— Dès que j’ai appris l’attentat masqué, j’ai repris la route de Twelzyn. C’est ici que l’avenir du pays se joue. La paix est menacée, nous nous devons tous de la défendre.

Mon maître acquiesça sans en dire plus, attendant sans doute un cadre plus privé pour dévoiler ses véritables intentions. Le silence n’eut pas le temps de s’installer que déjà Bodnac reprenait :

— Tu as pu goûter les vins d’ici ? J’ai plusieurs crus à te conseiller, notamment celui de l’année vingt-cinq, je serais curieux de voir ce que tu en diras. Ça ne vaut peut-être pas ceux qu’on avait bus à Nihos mais je t’assure qu’il se défend bien.

Je compris que les deux hommes s’étaient connus à Nihos six ans plus tôt. Tresiz y avait passé plusieurs semaines pour une importante ambassade. Face à Bodnac, sa nervosité s’effaça peu à peu et les deux amis commencèrent à discuter de sujets futiles et graves avec un plaisir évident. Je peinais à partager leur enthousiasme, mal à l’aise au milieu de tels fastes et de tant d’inconnus.

Encouragés par l’attitude de leurs chefs et l’ouverture d’un fût de bon vin, les deux groupes commencèrent à sympathiser. La tension se relâcha à mesure que les conversations se déployaient. Après toutes les guerres que j’avais traversées, cette scène me parut surréaliste. Je demeurai à l’écart, grignotant quelques mignardises en silence. Tout à coup, un son de cloche résonna dans la grande salle, coupant court aux échanges entre amarins et impériaux. Bodnac adopta un ton plus formel pour annoncer :

— Le prince héritier Arnic est prêt à vous recevoir. Vous pouvez prendre un homme de confiance avec vous en haut, les autres resteront ici.

D’un clin d’œil, Tresiz me confirma que je l’accompagnerais. J’aperçus plusieurs regards envieux parmi les autres soldats, incapables de comprendre ce qui poussait le neveu de l’Empereur à m’accorder tant d’importance. Bodnac nous invita à le suivre d’un signe de la main et nous avançâmes jusqu’à une porte de cristal. Il glissa une petite clé dans une ouverture du mur et la porte coulissa comme par magie. Nous débouchâmes sur un grand balcon qui offrait un panorama somptueux sur la cité. Cependant, Bodnac ne semblait pas vouloir s’y attarder car il nous mena d’un pas pressé jusqu’à une étrange cage de verre qui se referma derrière nous. Subjugué, je voulus en faire le tour pour tenter de comprendre comment des hommes avaient pu façonner une forme si complexe. Je n’en eus pas le temps car soudain, nous commençâmes à nous élever vers les airs.

Tresiz et moi poussâmes le même cri de surprise. L’étonnement se mua en émerveillement lorsque nous vîmes peu à peu les rues de Twelzyn s’éloigner, puis en peur lorsque le mécanisme commença à s’accélérer. Je voulus m’accrocher à quelque chose mais je ne le pouvais pas, il n’y avait que Tresiz, Bodnac et le rectangle de verre. Je dus fermer les yeux pour ne pas vomir. Même en haut des remparts de Vicène, je n’avais pas ressenti un tel vertige.

Lorsque l’ascension s’arrêta enfin, j’ouvris les paupières pour découvrir un panorama splendide. De si haut, Twelzyn retrouvait son statut de petit bijou perdu au milieu de vastes plaines. Je compris mieux ce qui provoquait cette impression d’harmonie en entrant dans la capitale. Le tracé des fondations et celui des rues s’accordaient dans une symétrie parfaite dont le centre était le Dôme. Seule la Citadelle, antérieure au règne de Duvric le Bâtisseur, échappait à cet impressionnant agencement architectural.

En levant les yeux, les nuages me semblaient à portée de main, l’intensité des rayons du soleil me força à détourner le regard. Fasciné, je serais demeuré là des heures sans un coup de coude discret de Tresiz. Nous allions enfin entrer dans le Dôme de Verre.

La porte avait coulissé d’elle-même et nous pénétrâmes dans un silence religieux dans la plus belle merveille du monde. Après être entré, je reçus une véritable claque. Je restai sonné quelques secondes, le temps pour mon cerveau d’emmagasiner l’incroyable quantité d’informations renvoyée par mon environnement. De ma vie entière, je n’avais rien vu d’aussi fabuleux. Ce fut à cet instant que je compris la signification du mot parfait.

Les vitraux filtraient la lumière solaire, produisant une atmosphère doucement colorée, qui teintait l’eau des aquariums placés à chaque extrémité du Dôme. Tresiz m’avait déjà parlé de cette invention extraordinaire, presque légendaire, que l’on ne trouvait qu’au Dôme mais je fus époustouflé. Voir plusieurs dizaines de poissons nager dans des bassins à une telle hauteur relevait à mes yeux de la magie.

Le sol de verre sur lequel nous marchions séparait le Dôme en deux, sa transparence permettait de contempler la partie basse. Tout l’édifice était composé de vitraux fourmillant de détails. Ils figuraient des héros ou des scènes passées dans une myriade de couleurs aux teintes subtiles. À hauteur des yeux, certains carreaux transparents permettaient d’observer les quartiers de Twelzyn.

Je m’approchai des parois d’un pas lent, subjugué. J’y découvris des couleurs dont j’ignorais jusqu’à l’existence. Où que je porte mon regard, l’harmonie régnait. Si j’avais cru aux dieux, j’aurais tenté de croire les légendes qui expliquaient l’origine du Dôme comme la chute sur Terre d’une goutte des Fontaines Intarissables de Talissa. Il était impossible qu’une telle merveille ait été bâtie par une main d’homme.

Tresiz m’avait expliqué le mystère qui régnait autour de la conception du Dôme, mal documentée dans les écrits. Il apparaissait presque subitement dans les livres d’histoire alors que son chantier avait dû durer de longues années, rassembler les artistes les plus prodigieux de l’époque. La façon dont la couronne amarine avait réuni les fonds nécessaires à son édification demeurait également inexpliquée. D’autant que, ni religieuse, ni politique, cette merveille n’avait aucune autre fonction que la beauté, le rayonnement.

Ce qui m’émut le plus fut la fragilité de cette œuvre immense. Il me semblait que le sol ou les murs de la gigantesque coupole pouvaient se briser à tout instant. Malgré sa beauté, j’avais toujours vu le verre comme une matière fragile sur laquelle on ne pouvait rien bâtir de solide. L’équilibre parfait du Dôme tenait du miracle.

Je sentis quelque chose d’humide couler le long de ma joue. C’était la première fois que je pleurais depuis quatre ans. J’ignorais que l’on pouvait pleurer devant une œuvre d’art.

En observant le détail des vitraux, je reconnus quelques-unes des légendes que m’avait contées Tresiz. L’arrivée des premiers hommes sur la Terre des Géants, la bataille des jumeaux cerfs, la guerre d’Eleagorn contre les elfes noirs. Cependant, l’immense majorité des personnages et des scènes me restaient inconnus. Je ressentis une puissante frustration à l’idée que certaines le resteraient pour toujours.

Obnubilé par la contemplation des parois, j’avais complètement oublié ce qui nous avait menés ici. Je sursautai en sentant la main de Bodnac sur mon épaule. D’un signe de la tête, il m’enjoignit à rejoindre mon maître. Tresiz s’était arraché à la contemplation du Dôme pour s’approcher d’Arnic. Le souverain amarin portait une splendide tunique orange tenue par une ceinture argentée, son visage était couvert d’un maquillage exubérant et il traînait derrière lui une longue cape multicolore. Avec sa fine moustache noire et ses deux longues tresses dans le dos, il me faisait un peu penser aux cavaliers Maitir. Malgré tout son attirail, je ne pus m’empêcher de penser qu’il était aussi médiocre que nous au milieu d’une telle splendeur. Tresiz s’agenouilla.

— Relevez-vous mon ami, dit Arnic. Soyez le bienvenu à Twelzyn, je suis très heureux de pouvoir enfin vous rencontrer.

— Vous m’honorez, répondit Tresiz d’une voix mielleuse. Je vous porte au nom de mon frère et de tout l’Empire mes plus sincères vœux de réussite dans la grande tâche qui vous attend.

Le petit jeu des flatteries commençait. Connaissant l’aisance de Tresiz en la matière, Arnic avait du souci à se faire.

— Bodnac m’a dit beaucoup de bien à votre sujet, votre réputation de diplomate hors pair vous précède.

Arnic s’exprimait d’une voix calme et posée aux légers accents moqueurs. J’eus la sensation qu’il était un orateur de taille à jouter avec Tresiz.

— Toutes mes condoléances pour la tragique disparition de votre mère et mes félicitations pour votre accession au trône. Je ne doute pas un instant que votre règne sera long, pacifique et prospère.

— Comme le sera celui de votre oncle. J’espère que l’attente n’a pas été trop longue jusqu’à aujourd’hui.

— Je ne m’ennuie jamais avec mes livres.

— Vous lisez ? s’enquit Arnic. Je suis toujours fasciné par les longs parchemins et manuscrits de légendes mais je ne peux les comprendre que depuis quelques années. On jugeait que ce n’était pas l’apprentissage le plus pressant pour un jeune prince, même pas destiné au trône. C’est Livana qui m’a appris. Et vous, qui vous a initié à cet art ?

Tresiz hésita un instant et avala sa salive, comme à chaque fois qu’il s’apprêtait à mentir :

— J’ai appris seul.

— Vraiment ? Vous devez être doué, j’ai peiné des mois à déchiffrer mes premières lettres.

Les visages des deux interlocuteurs s’étaient détendus et je notai qu’ils s’étaient rapprochés de plusieurs pas depuis le début de la discussion. Le nouveau roi amarin semblait être un homme sympathique mais je me gardais de tirer des conclusions hâtives. J’avais trop souvent de bonnes premières impressions trompeuses. Tresiz et Arnic échangèrent encore quelques banalités avant que mon maître se décide enfin à en venir au sujet principal :

— Votre Majesté. Une question me brûle les lèvres depuis le début de mon voyage. Voulez-vous traiter la paix avec l’Empire ?

— Mieux que la traiter, répondit Arnic, j’y aspire. Avec les temps troublés que nous traversons, la paix bâtie par nos ancêtres est de plus en plus fragile. Une alliance forte entre les deux États de la Terre des Géants est nécessaire.

Voir le roi amarin offrir à Tresiz ce qu’il voulait sur un plateau m’étonna, je n’aurais jamais imaginé une issue aussi facile.

— C’est une immense joie d’entendre vos mots, l’Empereur est lui aussi convaincu de la nécessité d’une union entre nos deux peuples. Il est prêt à lever la taxe sur….

— Je crois qu’un traité économique ne suffira pas à nous garantir la paix, coupa Arnic. J’ambitionne bien plus.

Pour la première fois, Tresiz parut déstabilisé. Bodnac était aussi étonné que nous et tous les trois nous étions suspendus aux lèvres du futur roi.

— Que voulez-vous dire ? demanda Tresiz.

— Votre frère défunt a laissé derrière lui deux enfants : Nesteriz et Fanzia. J’ai un fils. Unissons Drakic et Fanzia. Leur mariage garantira une paix durable.

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Louison-
Posté le 06/12/2023
Hello Edouard !

Un chapitre un peu plus calme qui permet de souffler un peu et d'apprécier la splendeur visuelle de Twelzyn :) La description du dôme en verre est super précise et parlante, j'arrivais bien à m'immerger et ça faisait du bien de voir Pellon en être ému. D'ailleurs, de manière générale, j'ai bien aimé qu'il ressente un peu de sérénité dans ce chapitre, compte tenu de son passé et des souffrances qui en découlent. L'entraînement du début était assez satisfaisant à lire, et c'était cool de voir tes personnages se croiser !

J'ai vu dans les coms plusieurs plumes critiquer la façon dont tu présentes la mort de Sarvinie, de manière indirecte, mais justement moi j'aime bien que tu sois passé par là, et que plusieurs personnages s'en fichent permet justement de surprendre et d'aller à contre-courant d'une tendance qui tend à faire tout un plat autour d'un perso parce qu'il est roi/reine. Et puis ça fait sens pour moi qu'Arnic prenne toute sa place et étouffe la mort d'une reine pas aimée.

Peut-être que ça peut être néanmoins cool de développer un peu plus les conséquences que ça a sur Livana. Même si elle semble supra déconnectée par rapport au pouvoir, dire que ça a des répercussions sur sa vie pourrait être sympa, même si c'est pour qu'elle en râle. Parce que là quand j'ai vu le perso de Livana et qu'on lui attribue le titre de "reine", ça m'a fait un peu tiquer. En vrai c'était logique après le chapitre précédent mais j'avais l'impression qu'elle avait 0 pouvoir par rapport à Arnic, si bien qu'elle ne méritait même pas le titre de "reine". Mais le voir dans ce chapitre m'a interrogée sur le pouvoir qu'elle possède/ne possède pas et j'aurais peut-être trouvé chouette de connaître les conséquences concrètes sur Livana, si elle aura plus de responsabilités ou pas (et si elle en a pas et qu'elle est juste appelée "reine" c'est ok hein, c'est juste que là je suis un peu dans le flou).

Mais sinon c'était un chouette chapitre et j'ai bien aimé l'atmosphère qui en découle, t'as un WB super solide et cohérent <3
A pluche !
Edouard PArle
Posté le 15/12/2023
Coucou Louison !
Top si le Dôme t'a plu ! C'est vrai que la force du personnage de Pellon, c'est que ce qui lui arrive de positif est rendu encore plus fort par son passé difficile.
Oui, tu as raison pour Livana, je pourrais développer davantage ses pensées sur la mort de Sarvinie et les conséquences que ce bouleversement entraîne.
Merci de ton gentil commentaire !
A bientôt (=
annececile
Posté le 28/10/2023
La description du dome, le mystere qui l'entoure et l'emerveillement qu'il provoque sur les invites sont tres bien decrits. Arnic et Tresiz semblent sur la meme longueur d'onde, ils veulent tous deux la paix entre leurs royaumes respectifs. L'absence de conflit a venir signifie que les troubles viendront d'ailleurs....

La premiere partie du chapitre, ou les "second couteaux" pas directement au pouvoir, Pellon, Livana, se rencontrent, est elle aussi tres bien amenee. Ca fait plaisir de voir Pellon gagner un peu de confiance en lui, alors qu'il est le champion du manque d'estime de soi. Et passer un bon moment avec Ame et Livana.

Petits details :

avant de me rendre au terrain d’entraînement en trottinant > un enfant de trois ans trottine, pas un adulte. Ce verbe evoque une demarche incertaine, un peu branlante qui ne colle pas ici. Pourquoi pas "Il se rend au terrain d'entrainement d'un pas rapide", par exemple ?

Ce soir-là, j’avais demandé à Ame si elle était heureuse de voir la tueuse de sa mère morte. Son sourire s’était élargi et elle m’avait répondu qu’elle s’en fichait complètement. Elle ne semblait pas être la seule de cet avis car je n’avais vu aucune manifestation de tristesse parmi les amarins que j’avais croisés. > s'en ficher completement et se rejouir sont deux etats d'esprit differents. Le sourire d'Ame montre que la nouvelle lui fait plaisir, meme si elle pretend etre indifferente (pourquoi?). Quand tu dis que les amarins reagissent comme elle, du coup, on ne sait pas trop a quoi s'en tenir. Ils s'en fichent? Manifestement pas.

J’ai dû négocier avec Arnic pour pas en avoir plus. > phrase un peu bancale, meme si l'exactitude grammaticale n'est pas vraiment une preoccupation de Livana. :-)
Peut-etre "pour limiter leur nombre"?

Un chapitre tres reussi !
Edouard PArle
Posté le 08/11/2023
Coucou Annececile !
Oui, c'est ça qui est sympa quand tout se passe bien, ça sous-entend qu'il va y avoir des problèmes à moment ou à un autre.
C'est vrai que Pellon regagne quelques points de confiance depuis son arrivée à Twelzyn. A voir si ça continue...
Merci de tes petites remarques et content que tu aies apprécié le chapitre !
A bientôt (=
Peridotite
Posté le 11/10/2023
Coucou Édouard,

Pellon et son maître visitent le dôme, splendeur architecturale de la cité (et du continent ?). Tresiz rencontre un violoniste (qui est-ce ?) puis un ascenseur les mène en haut. Dans tes descriptions, le dôme paraît soudain sphérique (ils entrent dedans), comment ça se fait ? Aussi, tu laisses à entendre que le dôme a toujours été là. Comment personne ne peut se rappeler sa construction ? Elle a dû laisser des traces non ? À moins que tous les ouvriers aient été tués pour enterrer le secret de sa construction (et ce qu'il y a au sommet ?) comme pour les pyramides d'Egypte ? J'aime bien tes descriptions, elles sont visuelles et je me représente bien la scène (à part le dôme sphérique comme je le disais plus haut).

Arnic est donc le futur roi. À moins qu'il n'ait déjà été couronné ?? Tout est allé si vite, la mort de la reine a été expédiée cinq sec, on ne sait même pas qui pense quoi de sa mort ni de quoi elle est morte au final. Donc Arnic est roi, mais pas Livana ? Tu dis "future reine" ici : "J’avais peine à croire que la grande femme aux cheveux bruns qui se tenait derrière moi était la future reine." Pourtant, n'est-ce pas Livana qui devrait s'entretenir avec Tresiz si le système est matriarcal ? Pourquoi discutent-ils de questions importantes telles des alliances avec Arnic ? Et s'ils ne sont pas encore couronnés, ne devraient-ils pas se préoccuper de leur couronnement avant d'envisager des alliances et autres questions diplomatiques ? Tout est allé un peu vite, pour ma part, j'ai pas tout suivi dans ces jeux d'alliance, la mort de la reine, qui a été couronné à sa suite, est-ce un système matriarcal ou non, quelle est la position d'Arnic, etc, que de questions !

Enfin, Arnic me semble quelque peu niais avec son discours de fin, tout comme Livana qui s'amuse à s'entraîner avec Pellon, alors que la reine vient de mourir et j'imagine qu'elle devrait être occupée à pleins d'autres choses importantes (comme s'occuper de son couronnement et donc rassembler ses soutiens par exemple ?).

Qu'Arnic et Livana souhaitent une alliance entre les deux royaumes me paraît logique. Et encore, Livana est plutôt sotte. Elle ne semble pas prendre son rôle au sérieux et ne baigne pas dans la politique, donc je l'imagine prendre les pires décisions possibles suite à la mort de la reine.

Le discours de fin d'Arnic sonne peu naturel pour moi. Je viens de finir de lire le roman historique Alienor d'Aquitaine (enfin, je suis vers la fin du 3e tome en ce moment) et il est souvent question d'alliance, de mariage, je te conseille de le lire pour t'inspirer des avis et implications de tous ces mariages politiques entre puissants. Quasi les trois tomes d'Alinénor d'Aquitaine sont centrés là-dessus. La mort d'un roi et ses implications politiques y sont fréquents. Ici, il me semble que tu vas vite en besogne, on ne se rend pas bien compte de qui gravitent autour du trône et en quoi ces alliances sont cruciales pour leur maintien sur le trone. En gros, on ne sent pas le danger, mais c'est peut-être juste moi.

J'ai pris pleins de petites notes :


la mort de la tyranne.
> je trouve qu'on ne ressentait pas assez (voire pas du tout) que Salvinie était tyrannique. Elle m'etait apparue un peu sotte, moins que Livana, mais c'est tout. Elle ne pouvait pas être tyrannique à mes yeux, car personne ne l'écoutait, elle ne pouvait faire passer aucun ordre et j'en ai déduit qu'elle avait bien peu de pouvoir.
> aussi, sa mort a été bien vite expédiée. On ne la connaissait pas. On ne sait pas ce que pensent les persos de sa mort ni les implications politiques qu'elle aura. On ignore aussi de quoi elle est morte et tout le monde semble s'en foutre. Pourquoi ? Qu'elle soit tyrannique ou autre ne change rien au fait qu'elle ait été reine.

"Il avait seulement cherché à apprendre plus sur les circonstances de sa dernière journée."
> cette phrase est bizarre

"et Afener, avait semblé en bonne forme."
> la virgule est mal placée, entre le sujet et le verbe

"Quant à moi, ne pas avoir à le revoir me soulageait"
> la revoir car tu parles de la reine ?

"Elle avait cependant hérité d’Elimsa sa science du déplacement"
> sa science du déplacement ? Que veux-tu dire par là ?

"aller remplir mon gobelet."
> tu as une répétition de remplir avec celui une ou 2 phrases plus haut

"J’ai servi l’armée de reconquête de Telbor pendant près de dix ans"
> la phrase est bizarre : "pendant près de dix ans, j'ai servi dans l’armée lors de la reconquête de Telbor" / "j'ai participé/aidé à la reconquête de Telbor" ou un truc du genre, à voir
"J’ai servi l’armée de reconquête de Telbor pendant près de dix ans. Je suis allé au siège de Vicène, dans les Îles du Nord pour lutter contre l’épidémie de rugisse, à l’est, à l’ouest. J’ai vu toutes les grandes cités de l’Empire, traversé de nombreuses routes. Ça s’est terminé à la Baie des Murmures."
> la suite me paraît un peu comme une petite liste mais qui ne nous en apprend pas davantage. Imagine un soldat de la 1ere guerre mondiale. Il va dire un truc du genre. "J'ai fait Verdun. On en a soupé à La Somme, jamais vu un merdier pareil. Tout ça pour finir à xxx"
On ressentirait plus les émotions du persos à travers de courtes phrases du genre. L'inverse peut être vrai s'il voit son engagement comme quelque chose d'épique, une aventure. Mais bon, c'est la guerre, c'est sale, il y a forcément quelque chose dans son ton qui fasse effet "guerre". Je trouve que ça manque dans ce paragraphe, j'accenturais l'émotion.

"Tu as survécu à la Baie des Murmures ? s’étonna Ame, la bouche entrouverte."
> la question la rend plus bête qu'elle ne l'est. Il est en face d'elle, il a donc survécu, donc je reformulerais.

"heureusement en vain."
> j'enlèverais ce "heureusement en vain" qui alourdit sans rien ajouter

"Pendant des jours, nous avons ignoré les cris des survivants accrochés à des planches."
> pourquoi ne sont-ils pas allés leur porter secours ?

"Comment as-tu échappé aux pirates ?
— J’ai été aidé par une vieille connaissance.
— Tu as retrouvé tes amis ?
— Oui, nous sommes devenus gardes du corps. [...]
— Ils sont venus dans le sud avec toi ? [...]
— Non [...]
> Le dialogue fait un peu interrogatoire. Pourquoi Ame lui pose-t-elle toutes ces questions et pourquoi y répond-il, surtout si ça lui fait du mal de repenser à ça ? Leur échange me paraît bizarre et peu naturel.
"Le sourire d’Ame, légèrement effacé pendant mon récit,"
> en plus, elle sourit en lui faisant subir cet interrogatoire. Pourquoi ? C'est franchement pas sympa de sa part à mon sens

"sont morts il y a quatre ans"
> Pellon a donc perdu ses amis... dur ! 😞

"Cependant, ces vitres n’étaient rien face au Dôme.
À cette heure de la journée, l’édifice resplendissait avec une intensité éblouissante."
> je pense que le saut de ligne n'est pas utile ici car en haut et en bas, tu parles du dôme.

"pour être sûr de ne rien abîmer.
> bizarre, pourquoi ont-ils peur d'abîmer quelque chose en marchant ? D'autant que les escaliers sont recouverts de fourrures et de draps.

"tenue traditionnelle"
> c'est-à-dire ?

"Une fois en haut, nous parvînmes dans un grand hall aux murs et au plafond de marbre. Le parquet était d’un carrelage élégant, parcouru de tracés floraux."
> on s'attend à voir le dôme dans toute sa splendeur. Pourquoi Pellon regarde-t-il par terre et non le dôme au-dessus de lui ? Du coup, nous on ne le voit pas non plus
> plus tard : "Nous allions enfin entrer dans le Dôme de Verre."
> il faudrait peut-être préciser que le dôme n'est pas encore visible de là où ils sont ? D'ailleurs pourquoi ?
Et un dôme, ce n'est pas un rond ou un truc comme la flamme de la statue de la liberté, c'est un dôme quoi (dans Le Robert : "Sommet arrondi de certains grands édifices".) donc comment peuvent-ils entrer dedans ?

"Je compris que les deux hommes s’étaient connus à Nihos six ans plus tôt."
> de sa phrase précédente, pas sûr qu'ils se soient connus à Nihos, on vient juste d'apprendre qu'ils y ont bu du vin. Ils auraient très bien pu se connaître d'avant.
Par ailleurs, que fait Pellon lors de cette discussion ? Est-il juste en retrait derrière son maître ?

"Tresiz et Arnic échangèrent encore quelques banalités avant que mon maître se décide enfin à en venir au sujet principal :"
> ça me paraît bizarre de couper le dialogue. Qu'est-ce qu'ils se disent ?

"Accepterez-vous de traiter la paix avec l’Empire ?"
> la formulation est bizarre. "Acceptez-vous la paix?"

"je n’aurais jamais imaginé une issue aussi facile."
> ça sent le roussi cette affaire 🙂

"Écrivons une Histoire de paix avec un mariage et nos royaumes ne connaîtront plus jamais la guerre."
> ça me paraît un peu too much de dire ça, un peu comme les miss France qui rêvent de paix dans lo monde si tu vois ce que je veux dire...
Edouard PArle
Posté le 11/10/2023
Coucou Péri !
Splendeur du continent en effet, le Dôme est réputé comme la plus belle merveille du monde (=
Bodnac a été introduit dans le pdv de Sangel, c'est le mari de Ruspen, père de Karnol et un ami de Livana. Il sert la couronne comme ambassadeur. J'ai changé son introduction depuis ton passage car elle était un peu vite expédiée, j'espère qu'il est un peu plus mémorable maintenant.
Oui, le Dôme est sphérique (même si coupé à sa base). Le terme "dôme" est un abus de langage parce que je préfère ce terme à "Sphère de Verre". Un peu dans le genre de la Biosphère de Montreal. Je vais peut-être réfléchir à un autre nom, c'est vrai que c'est tellement ancré dans l'univers que je n'y avais pas forcément réfléchi.
Content de lire toutes tes questions sur son édification, qui est un mystère important (=
En effet le "future reine" porte à confusion, je vais changer. Arnic et Livana ont déjà le pouvoir mais n'ont pas encore été officiellement couronnés. Le système n'est ni matriarcal ni patriarcal, c'est simplement l'héritier direct qui monte sur le trône. Donc Arnic, fils de Sarvinie. Livana n'a pas tant de pouvoir que ça, seulement un siège au conseil. Même le roi délègue beaucoup au Bras Droit qui au final a le plus l'exercice réel du pouvoir.
Ce rendez-vous diplomatique était vu prévu depuis plusieurs semaines (cf le premier conseil), Arnic devait recevoir Tresiz, il n'a pas voulu annuler.
En effet, en relisant Arnic paraît un peu too much, je vais repasser sur ses dialogues.
"je trouve qu'on ne ressentait pas assez (voire pas du tout) que Salvinie était tyrannique." J'espère que les changements que j'ai apportés à ses chapitres d'intro changent la donne.
"aussi, sa mort a été bien vite expédiée. On ne la connaissait pas. On ne sait pas ce que pensent les persos de sa mort ni les implications politiques qu'elle aura." C'est dans le chapitre suivant, je te réponds dans mon prochain comm (=
" il y a forcément quelque chose dans son ton qui fasse effet "guerre"." Intéressante l'idée de faire des phrases courtes, je vais voir ça.
""je n’aurais jamais imaginé une issue aussi facile."
> ça sent le roussi cette affaire 🙂" Content que tu ressentes ça ahah Les scènes où tout se passe très bien sont en effet pas de super bonnes augures en général xD
Merci du commentaire, tu as relevé beaucoup de choses, il va falloir que je médite un peu de mon côté xD
Peridotite
Posté le 12/10/2023
"Livana n'a pas tant de pouvoir que ça, seulement un siège au conseil."
> tout de même, un siège au conseil, c'est pas rien non ?

Le terme "dôme" peut induire en erreur si dans ta tête, ce n'est pas un dôme mais une sphère. Après, ils peuvent être à l'intérieur du dôme, ça ne me paraît pas aberrant mais il y a quelque chose dans ta description qui m'a mis le doute avec une sphère.
Edouard PArle
Posté le 12/10/2023
Rien non mais le conseil n'est pas impliqué dans la majorité des décisions, il est très consultatif.
Oui, je vois bien.
Peridotite
Posté le 13/10/2023
Je vois, j'ai hâte de voir ce que nous réserve la suite 🙂
Edouard PArle
Posté le 13/10/2023
(=
MrOriendo
Posté le 13/09/2023
Hello Edouard !

C'est chouette de voir tes personnages point de vue se croiser et sympathiser. J'aime la dynamique qui s'installe entre Pellon, Ame et Livana. Actuellement, sur les 4 points de vue que tu nous proposes, on a Pellon qui vient de devenir ami avec Livana, qui a elle-même rencontré Sangel un peu plus tôt. Seule la Voilière ne semble unie à aucun d'eux, si l'on omet le fait qu'elle a espionné Livana avec son amant dans les thermes. Ce qui me conforte dans mon idée que Ame = la Voilière, car ça réunirait les 4 personnages point de vue. On verra bien si j'ai raison ou pas ^^

La rencontre avec Arnic est bien relatée elle aussi. J'adore la description du Dôme de verre, elle est tellement précise qu'on peut se l'imaginer sans trop de peine. Et effectivement, ça vend du rêve. Moi aussi, je me demande comment un édifice pareil aurait pu être construit sans qu'aucune trace n'en soit conservée, c'est bien mystérieux tout ça !
Dans un registre assez différent, cela me fait un peu penser aux descriptions du miroir d'Al-Jeit dans Ellana de Pierre Bottero. Lui aussi décrit un panorama extraordinaire qui coupe le souffle de tous les visiteurs la première fois qu'ils posent les yeux sur la capitale de Gwendalavir. C'est un auteur que j'adore, il fait partie de ceux que je place sur un piédestal quand il s'agit de Fantasy, donc tu peux être fier d'avoir suscité cette comparaison dans mon esprit ^^

La suggestion du mariage fait sens, historiquement de nombreuses nations ont cherché à régler leurs conflits par une politique matrimoniale. Mais cela permettait souvent une extension territoriale "déguisée", puisque l'enfant né de cette union pouvait prétendre à la suzeraineté ou souveraineté des deux principautés/états. Je me demande s'il n'y aurait pas ici une manœuvre astucieuse d'Arnic pour tenter de placer un futur prince d'Amarina sur le trône impérial.

Pour finir, j'en reviens à la mort de Sarvinie et mon sentiment reste globalement le même. Le fait que tu ne racontes pas cette mort directement, qu'on l'apprenne de manière détournée via Afener donnait déjà le sentiment qu'elle n'a aucune importance dans l'histoire et que tu voulais juste te débarrasser "discrètement" du personnage. Dans ce chapitre, tu nous dis clairement que tout le monde s'en fout, Ame la première. OK, elle était peu appréciée de ses sujets, voire détestée. Mais ça reste tout de même la mort de la reine, non ? Qu'on l'aime ou pas, c'est un évènement tonitruant qui a des conséquences énormes pour la nation amarine. D'autant qu'au final, tu ne nous donnes pas la raison de sa mort de manière claire et définitive, mais tu nous laisses imaginer qu'elle a pu être empoisonnée par Tresiz : si elle est morte assassinée, ça devrait provoquer une panique incroyable au palais, tout le monde devrait être sur les nerfs, à la recherche de l'assassin, les gens devraient commenter les évènements... Bref, ce côté "ouais, bon, elle est morte, mais elle servait à rien de toute façon et les gens ne l'aimaient pas, donc tout le monde s'en fou et c'est comme s'il ne s'était rien passé" me dérange.
En y réfléchissant, je repense aussi à la fin du chapitre où Livana visite Guérison, et je réalise que la mort de Sarvinie, c'est sans doute la raison qui poussait Bodnac à faire une entrée fracassante pour la ramener à Twelzyn. Tu vois, c'est seulement maintenant que je fais le lien, ce qui prouve bien que la mort de Sarvinie est un peu trop "passée sous silence".

Quelques remarques :

- "Peu à peu, encouragés par l’attitude [....]. La tension se relâcha peu à peu à mesure que" --> Deux fois "peu à peu" en deux phrases, à ta place j'ôterais simplement la deuxième occurrence.

- "il nous mena d’un pas de course" --> D'un pas pressé/rapide, plutôt ? J'ai du mal à imaginer Bodnac faire courir l'ambassadeur jusqu'à Arnic, ce serait un peu bizarre. Imagine, l'ambassadeur chinois a rendez-vous à l'Elysée par exemple, il arrive à l'entrée de la cour avec sa voiture, et quand il en sort on le fait courir jusque dans la salle où le président doit le recevoir... Improbable, non ?
Edouard PArle
Posté le 19/09/2023
Coucou Ori !
Effectivement, j'ai ajouté beaucoup plus de liens entre les persos pdvs par rapport à la précédente version. Je trouve ça chouette aussi. Et c'est une bonne idée d'utiliser ça comme manière de chercher LV. Je vois qu'Ame reste ta suspecte principale, c'est intéressant^^
Top pour le Dôme, c'est difficile de décrire ce que je considère comme la plus belle merveille de mon univers (= Faudra que je lise Ellana, je n'ai lu que la quête d'Ewilan. Tu n'es pas le premier à m'en parler. En tout cas, merci !
Effectivement peut-être qu'Arnic a d'autres idées en tête. Un peu difficile de savoir ce qu'il pense notre nouveau roi^^
Tu as carrément raison, il faut que je donne la raison de sa mort à ce moment. J'ai modifié ces deux paragraphes, dis-moi ce que tu en penses :
"Ni la mort de Sarvinie ni l’annonce de la montée sur le trône de son fils Arnic n’avaient menacé ce rituel. Ce soir-là, j’avais demandé à Ame si elle était heureuse de voir la tueuse de sa mère morte. Son sourire s’était élargi et elle m’avait répondu qu’elle s’en fichait complètement. Elle ne semblait pas être la seule de cet avis car je n’avais vu aucune manifestation de tristesse parmi les amarins que j’avais croisés. L’agitation qui avait suivi le Carillon de la Citadelle s’était rapidement calmée. Dans plusieurs rues de Twelzyn, les amarins avaient fêté la mort de la tyranne.
Même Tresiz paraissait peu affecté par sa mort alors qu’il l’avait déjà rencontrée à plusieurs reprises dans le passé, notamment à son couronnement, cinq ans plus tôt. Il avait seulement cherché à apprendre plus sur les circonstances de sa dernière journée. Sarvinie y avait rencontré la Bras Droit, le Grand Chantre et Afener, avait semblé en bonne forme. Elle s’était éteinte dans son sommeil, paisiblement. Une mort bien ironique pour une femme si belliqueuse. Quant à moi, ne pas avoir à le revoir me soulageait. Je gardais encore d’elle l’image terrifiante de la guerrière qui avait terrassé Elimsa."
Les petites remarques sont corrigées !
Merci de ce super retour (=
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