Au travers du prisme des feuilles, la lumière dorée du soleil baignait la chambre d'un éclat d'émeraude. Sa chaleur caressait la peau blanche de la sorcière et donnait à ses cheveux de vifs reflets noisette, comme ceux des fées. Le rouge de ses joues, la moiteur de son corps s'étaient estompés au fil des heures. Elle paraissait aussi paisible et fraîche qu'une fleur perlant de rosée. Loki observait sa tranquillité sans ignorer sa propre jalousie. Elle n'avait plus besoin de lui pour trouver le repos. L'inverse n'était pas vrai. S'il savait se libérer du serpent, lorsqu'il quittait la caverne et errait seul sur les berges du Fleuve, l'Enchanteresse l'attendait toujours sur l'autre rive.
Assis sur le bord du lit, il hésita, à plusieurs reprises, à effleurer son amante, à flatter la rondeur de son épaule, rien que du bout des doigts, une minute, sans réellement comprendre ce qui motivait cette envie. Ou ce qui le faisait hésiter. Cela n'aurait pas dû avoir d'importance. Cela n'en avait jamais, d'habitude. Que lui avait-elle fait ? Pourquoi avait-il eu peur, ce soir-là, à Nidavellir ? Et pourquoi avait-il tant de mal, à présent, à, simplement, déplier les jambes, se redresser et refermer la porte derrière lui ? Il en avait délaissé tout un tas avant elle. Tout ce monceau de partenaires pour lesquels il n'avait eu ni regard et ni regret. Que lui avait-elle fait ? Elle, cette petite chose ébréchée, qui n'avait ni beauté ni rang ? Que lui avait-elle fait ? Quelle laisse lui avait-elle passé autour du cou ? Comment avait-il pu la laisser faire ? Comment avait-il pu se laisser berner par l’éclat tendre de ses yeux ?
Comment faisait-elle cela ?
Pour envoûter son esprit ?
Pour revenir si souvent dans ses pensées ?
Comment lui avait-elle extorqué tant de confessions ?
Comment avait-elle pénétré ses rêves et ses cauchemars ?
Non, elle n'y était pour rien.
Loki ne savait plus à qui se fier. L'intuition lui intimait de cesser de l'accuser de la sorte. Elle n'avait joué aucun tour à ce lézard taiseux de Lokten. Pourquoi en ferait-elle autrement avec lui ? A quelles fins ? Non. Ce n'était pas elle. Tous les arguments du monde ne parvenaient toutefois pas à taire sa raison, qui elle, appelait à la méfiance. Que lui avait-elle fait ? Que cachait cette sorcière ? Il y avait forcément quelque chose d'autre que cette petite femme pétrie de bonnes intentions. Derrière une nature de si généreuse apparence, sommeillait toujours un mauvais fond.
Mais quoi ? Que cachait-elle ? Qu'aurait-elle à cacher ? lui lançait l'intuition. N'était-il pas temps de sortir des anciens rouages, n'était-il pas temps de cesser d'accoler à toutes l'ombre de la terrible Angrboda ?
Sans qu'il n'en saisisse l'instant, son regard était revenu sur la nuque dégagée de Sygn. Que lui avait-elle fait ? Cela n'avait rien à voir avec les heures de décadences jadis organisées par Freyr. Cela n'avait rien à voir avec les nuits chaudes dans la cabane de Tanagra. Qu'était-ce, alors ?
Un sort. Une malédiction. Un piège.
Alors que lui parvenait le parfum printanier des fleurs entortillées aux branches de lierre, le sang de Loki ne fit qu'un tour. D'où venaient ces plantes ? Comment pouvaient-elles s'épanouir si gaiement sur une terre que la Mort avait faite sienne ?
Elle.
Oui, elle.
Évidemment, c'était elle.
Elle qui n'avait fait que le haïr et l'humilier depuis le premier jour. Elle qui ne pouvait pas supporter que d'autres se libèrent tandis qu'elle, traînait encore les chaînes qu'Odin avait soudé à ses chevilles. Cette vile sirène de Freya ! C'était tout à fait son genre et elle se féliciterait de le voir, errant comme un chien perdu, à l'instar de tous ces hommes dont les yeux devenaient vitreux après l'obtention de quelques-unes de ses faveurs.
Sygn dormait, d'un sommeil profond qui devait demeurer intact. Avant que la sorcellerie de Freya ne l'emporte, Loki se résolut à la quitter, d'un pas ferme et rapide. Freya ne gagnerait pas.
Et malgré toute sa détermination, la présence de Sygn lui manqua, à peine l'eût-il abandonnée. Il la voulait auprès de lui, cette confidente sincère et dénuée de jugement, qui ne trouvait pas en son entendement singulier la preuve d'une défaillance due à sa race. On ne reprochait pas aux Ases, aux Vanes, aux Elfes ou aux Géants de penser comme tels, alors pourquoi en était-il autrement pour les êtres de Musspelheim ? Pourquoi, ce que cette fille qui avait grandi au fond des bois avait naturellement accepté, Tanagra le rejetait ? Non, pire que cela : Tanagra le pardonnait. Elle le pardonnait d'agir, elle le pardonnait de penser, elle le pardonnait d'exister. Elle pansait ses plaies avec une tendresse qui voilait à peine son dégoût. Elle se comportait avec lui comme une mère avec un enfant difforme. Et se faisant, tandis qu'elle concoctait onguents, baumes et potions, elle répétait des paroles qu'elle n'appliquait pas à ses propres actes, qui n'atteignaient pas sa propre pensée. Par moment, Tanagra l'étouffait avec ses sermons et ses mises en garde ; car Tanagra fréquentait un démon qu'elle rêvait de changer en homme, docile et raisonnable.
Loki maudissait Freya. Son maudit Seidr pervertissait tout ce qui l'entourait. Il la maudissait car c'était elle, qui l'avait jeté dans ce sac de nœuds. Ces derniers étaient de loin, les plus difficiles à ordonner. Ils ne s'encombraient d'aucune logique et semaient le chaos. Quand Loki en identifiait un, qu'il cherchait à remonter sa piste, il finissait par l'étrangler ; si bien qu’il devint spectateur de sa propre confusion. Peut-être était-ce ainsi, qu'il en sortirait ? Peut-être bien, car à mesure que se creusait la distance entre Sygn et lui, une pensée rationnelle parvint à se former dans son esprit. Une pensée que Loki, et cela le rassurait, dominait pleinement.
Il ne devait pas arrêter maintenant. Cette sorcière ne devait pas le détourner de son ambition première. Elle n'était qu'une dernière épreuve. Un dernier prix à payer. Tout ne pouvait pas s'écrouler.
Il avait longtemps attendu et les brèches s'alignaient une à une. Encore une. Plus qu'une, et l'obscurité se fissurerait pour de bon. Tout se passait ainsi que prévu. Ainsi qu'Il l'avait prévu. Bientôt. Une raison particulière l'avait conduit à Vanaheim, et il ne l'avait pas oubliée. Une raison qu'il avait déterminée et cela n'avait rien à voir avec cette sorcière ou avec le rejeton de Lopten. Leurs routes s'étaient croisées par le seul fait du hasard. Rien d'autre. Pas par celui du destin, pas par l'ineffable décision d'un dieu disparu. N'est-ce pas ? Rien qu'un heureux hasard, perçu comme la divine providence pour des yeux plus naïfs que les siens. Non, Loki créait sa propre providence et très bientôt, il incarnerait celle des inconscients qui l'avaient offensé. Aucun fil ne tirait sur ses poignets, personne ne lui dictait ses actes. N'est-ce pas ? S'il était là, c'était parce qu'il n'en avait pas décidé autrement.
Dans les quartiers de Freyr, s'étendait un terrible désordre et seule s'y trouvait une servante accablée par le devoir d'y remédier. Depuis le retour des Vanes en leur demeure, cela devait être devenu la routine. Ceci dit, loin d’elle l’idée de s’en plaindre. C'est en chantonnant qu'elle secouait les draps et qu'elle regonflait les oreillers et c'est avec un sourire béat qu'elle découvrit la présence de Loki, sur le seuil.
« Vous nous avez quitté de bonne heure, Monseigneur. Où étiez-vous passé ?
— Freyr ? Sais-tu où il se trouve ?
— Il est certainement dehors, par ce temps. Dans ses champs, sans doute. Tout va bien, Monseigneur ? Vous semblez un peu...
— Bien, je te remercie. »
Sa main était déjà sur la poignée quand Loki se ravisa.
« Ton nom ?
— Monseigneur ?
— Ton nom, quel est-il ? N'en as-tu pas ?
— Oh, si, bien sûr. C'est Eir. »
De part et d'autre, la déception s'imposa.
Eir, en l’évidente raison de son honneur bafoué.
Loki, parce qu'il pensait que cela lui apporterait quelque chose de connaître le nom de sa compagne d'une nuit, dont la réaction venait de s’avérer aussi prévisible que ne l'avait supposé Sygn. Encore elle. Alors, avant de n'avoir à faire face à la gêne, Loki remercia rapidement Eir et se volatilisa.
Le lien qui l'attirait vers cette sorcière, se resserrait chaque fois qu'il l'évoquait, ne serait-ce que par la pensée. Il ne devait pas la laisser le condamner. Il se frottait compulsivement la nuque, comme pour vérifier qu'aucune corde ne l'entourait. Inutile. Sygn ne lui ferait pas cela. Ses yeux gris abritaient plus de malice qu'elle n'en reconnaissait, mais pas de méchanceté. De l'intelligence. Du courage. Mais pas de cruauté. Pas quand ils se posaient sur lui. Un instant, il revit son regard fiévreux, voilé de cheveux bruns ; un instant, il crut sentir sa peau brûlante au creux de sa main.
Cela suffit !
Trop longtemps, Loki avait accepté cette enveloppe de chair pour que les beaux yeux d'une sorcière - encore une - ne l'en détourne. Pas arrivé là. Elle ne devait pas avoir d'importance. Elle ne devait être qu'un moyen, le maillon d'une chaîne d'événements savamment prévus, précisément déclenchés, pour le mener là où il le désirait. Rien de plus.
Dehors, tandis que les contours de Freyr se décrivaient à contre-jour, Loki se précipita vers lui, piétinant sans doute tout un tas de semis que de maigres runes protégeaient. La chaleur traîtresse du printemps le couvrit de sueur, à moins que ce ne fut la faute de sa course dans les couloirs ou celle, mesquine, de ses pensées qui, à chaque pas, s'entrechoquaient. Freyr ne lui tint aucune rigueur pour la terre à peine plus saccagée. La venue d'un amant prévalait toujours sur quelques graines dont il n'espérait plus rien depuis des semaines.
« Où étais-tu passé, mon Prince ?
— Plus tard Freyr. J'ai besoin de toi. J'ai besoin du service que tu m'avais promis. »
La bêche de Freyr, pourtant solidement plantée dans le sol, tomba. Dans le seul but de dissimuler sa confusion, il prit le temps de ramasser son outil. Le démon ne semblait pas dans son état normal. Il était empressé, comme si Surt lui-même était à ses trousses. Loki fuyait, il n'aspirait qu'à cela. Il avait fui ses terres natales et son souverain. Puis il avait fui l'Enchanteresse devenue la mère de ses enfants. Aujourd'hui, il fuyait le souvenir de son frère d'adoption. Où irait-il cette fois ?
« J'ai ramené des pommes d'Or. Je t'ai même ramené un fils ! Tu me le dois, maintenant !
— Tout est si soudain. Je pensais que tu resterais encore un peu. Que se passe-t-il ?
— Tu le peux, n'est-ce pas ? Ou alors m'as-tu menti en jurant pouvoir le faire ?
— Je ne t'ai pas menti. Laisse-moi seulement un peu de temps.
— Ce soir. Pas plus tard. »
Freyr aurait eu toute la peine du monde à retrouver son doux galant dans l'expression dure qui tordait les traits de Loki. Le pauvre cachait au mieux une contrariété, au pire une peur. Et comment réagissait un animal sauvage apeuré ? Nul ne pouvait le prédire.
« Attends, signa-t-il après l'avoir rattrapé par le bras. Que t'arrive-t-il ? Dis-le moi. »
Avec la plus grande contrariété, les mâchoires de Loki grincèrent l'une contre l'autre. Son regard se portait vers le palais de Freya.
— Ta sœur, finit-il par grogner.
— Que t'a-t-elle fait ? C'est par sa faute que tu souhaites précipiter ton départ ? Ô mon Prince, ne lui prête pas attention, je t'en prie. Freya est une sœur formidable mais je sais comme elle peut parfois se comporter de manière détestable avec toi, je le sais, essaie seulement de...
— Ta traîtresse de sœur m'a maudit ! Elle m'a ensorcelé pour tenter de me piéger ici, avec elle, avec vous !
— Maudit ? »
Freyr commençait à montrer des signes de scepticisme. Que Freya se plaise à tourmenter Loki, il pouvait l'envisager – ç'aurait été de bonne guerre, tout compte fait – mais qu'en revanche, elle ne cherche à se cloîtrer avec lui, l'être qu'elle méprisait le plus des neuf royaumes, il peinait à l'imaginer. Et les raisons qui poussaient Loki à le croire l'intriguaient au plus haut point, bien qu'au fond il ne s'attendait à rien de bien consistant. Loki développait une analyse paranoïaque des plus minimes détails lorsqu'il s'agissait d'accuser Freya de sa persécution.
« Que t'a-t-elle fait ? De quoi l'accuses-tu exactement cette fois ? Quoiqu'elle ait pu dire ou faire, je suis certain qu'elle n'avait aucunement l'intention de...
— Tu as probablement raison, Freyr. C'est avec elle que je devrais en parler. »
La déesse vane n’avait pas quitté le salon de la veille. Elle s’y prélassait, entourée de ses deux chats qu'elle caressait d'un air distrait. L'arrivée de Loki ne lui évoqua aucune surprise. Avec la plus grande paresse, ses longs cils battirent comme des ailes de papillons sur ses yeux de saphir. Ses joues fardées se fendirent en un sourire délicat, tout hypocrite.
« Eh bien ? T'es-tu enfin décidé à me remercier pour mon hospitalité ?
— La mouche remercie-t-elle l'araignée pour avoir tissé une toile collante ?
— Enfin ! Enfin, tu te décides à reconnaître que tu n’es qu’une mouche rôdant autour d’un tas de…
— Tais-toi, Sirène !»
Un tendre soupir s'évapora des lèvres de la Belle, qui préféra se replonger dans le pelage soyeux de ses Princes assoupis sur ses genoux.
« Si ce n'est pour m'accorder la moindre cordialité, daigneras-tu au moins me donner la raison de ta venue ? J'espère pour toi qu'elle saura justifier la gêne qu'elle occasionne.
— Je sais que tu m'as maudit. »
Freya se figea, et releva la tête lentement, froissée par l’incompréhension.
« Maudit ? Elle éclata d'un rire sans joie. Maudit ? N'envisages-tu pas que je puisse avoir autre chose à faire que te maudire ?
— Ne me mens pas ! »
Les oreilles des deux chats se plaquèrent une seconde contre leur crâne.
« Mes Princes n'apprécient pas que le ton ne soit haussé sur leur maîtresse, Loki. Je t'invite à te montrer clair et concis, ou si tu t’en sens incapable, à quitter mon salon. »
La bouche de Loki se retroussa, dans un rictus agacé. Il prit place dans le fauteuil placé en face de Freya sans que cela n'apaise la tension de ses muscles. Le frottement de ses mains, la fuite de son regard, l'inquiétude, la nervosité, rien de son état n'échappa à la Belle, piquée de curiosité.
« J'adorerai être l'origine de ta tourmente, Démon, mais ça n'est pas le cas.
— Elle ne quitte plus mes pensées. »
Au détriment du confort de ses chats, Freya se redressa brusquement. Dès les premiers mots prononcés, dès l'esquisse de sa confession entamée, elle sut la partie gagnée.
« Ça ne devait pas avoir d'importance, marmonna pour lui-même. Je me sens... Cette chose, là, fit-il en plaqua la main sur son torse, est devenue douloureuse. »
Et ainsi que l'avait imaginé Freya, le reste suivi. Sans jamais nommer l'objet de son mal, Loki en décrivit les nombreux symptômes. Son obsession, la manière dont elle lui revenait sans cesse à l'esprit, au travers des choses les plus anodines ou dans ses cauchemars les plus obscurs, l'impatience qu'il éprouvait en son absence, et le doute qu'elle semait. La violence avec laquelle il devait la repousser de ses propres ambitions ; car cette chose se présentait en concurrente. Freya soupçonnait le souvenir de l'Enchanteresse de se trouver à la source de toutes les angoisses de Loki. Après tout, elle avait, en son temps, terrorisé bien des dieux. Odin lui-même la craignait, et nul n'ignorait à Asgard que c'était pour lui échapper, que Loki avait rampé sous les grilles de la Cité dorée. Freya croyait en un réveil d'Angrboda. L'ombre d'une menace, une manipulation perverse, sournoise et non moins efficace. Un frisson remonta le long de ses bras frêles.
« Crois-tu qu'elle ... Qu'Angrboda pourrait revenir de cette façon ? A travers toi ?
— Angrboda ? Sursauta Loki. Pourquoi parles-tu d'elle ?
— Eh bien je croyais que... Et toi, de qui parlais-tu ? »
Le silence de l'un suffit à l'autre pour comprendre. Freya s'enfonça dans le dossier moelleux du sofa. Ses joues claires se réchauffèrent. Son sourire s'élargit avant d'exploser en un rire euphorique. Les deux chats ouvrirent un œil perplexe. Loki s'agaçait et Freya rirait ; et son rire enflait entre ses côtes, il emplissait l'espace, il résonnait dans toute sa demeure.
« Pourquoi ris-tu ? Ne te moque pas de moi !
— Ô Loki, pauvre Loki, un démon si intelligent, si perspicace, si habile et tu ne vois pas ce qui se trouve devant toi ? Ne comprends-tu pas ? Je t'en prie, un enfant le comprendrait. Le troll le plus idiot saurait t'expliquer ce qui t'arrive. C'est grotesque, ne le vois-tu pas ?
— Quoi ? »
De la pitié. Voilà ce qu'il inspirait à Freya.
« Tu es amoureux d'elle.
— Non. Non, non. Tu te joues de moi. Non, non. Non.
— Est-ce chose si terrible à envisager ?
— Comment... comment y mettre un terme ? Je me mettrais à genoux devant toi si c'est ce que tu veux.
— C'est un spectacle dont je me délecterai éternellement, ronronna Freya, mais je ne serai pas si cruelle avec toi. Car enfin, il semblerait que tu possèdes un cœur, en fin de compte.
— Dis-moi comment arrêter cela.
— Tu n'avais peut-être pas tort en qualifiant ce sentiment de malédiction. Tu n'en seras jamais maître, pauvre Loki. Ni la distance, ni le temps ne peut ronger un tel lien. Pas même la volonté ou l'obstination la plus acharnée. Une main terminée par des griffes, voilà ce qu'est l'amour. Un piège qui se referme sur toi et qu'aucune clef ne peut rouvrir. Le seul moyen de lui échapper serait de t'arracher le cœur de la poitrine et de le lui laisser en offrande.
— Cela suffirait ?
— Il te faudrait ensuite endurer la douleur laissée au fond du trou béant qui le remplacerait mais c'est un prix intolérable.
— Ne sous-estime pas la douleur que je peux supporter, Freya. J'en ai enduré bien plus que vous tous réunis. »
J’ai adoré ce chapitre, voir Loki se débattre avec sa logique toute défaillante au point de manquer de voir l’évidence. On apprécie de constater que Sygn, si elle n’a pas marqué le livre du destin, a bien laissé son empreinte dans l’esprit de ce dieu facétieux (du mois accepte-t-on de le croire).
C’est intéressant aussi d’en apprendre plus sur la relation de Loki avec Tanagra.
Comme ce chapitre aborde les choses du point de vue de Loki, on entrevoit aussi ses sombres désirs, en filigrane. L’obstacle se profile (ce qu’on croira tenir basculera soudain).
Les interactions entre Loki et ses deux comparses divins sont irrésistibles, trop drôle ! Je suis sûre que tu t’es bien amusée à composer ces dialogues !
Coquilles :
- quelle laisse lui avait-elle [passée] autour du cou
- les heures de [décadence]
- Eir [pour] l’évidente raison de son honneur bafoué
- avant de (n’)avoir à faire face à la gêne : ne explétif non pertinent.
Trop longtemps, Loki avait accepté (…) les beaux yeux (…) (ne) l’en détourne[nt] ; pas sûre pour le « ne » non plus
- mes Princes n’apprécient pas que le ton (ne) soit haussé : ne explétif non pertinent
Tu l'as deviné, je me suis effectivement bien amusée à écrire le dialogue entre Loki et Freya (Freya est d'ailleurs à ma grande surprise assez plaisante à écrire de manière générale eheh)
Encore une fois, tes remarques m'aident bcp, notamment à étoffer au moment de la réécriture.
Merci à toi, et à bientôt !
je ne t'oublie pas non plus (heureusement que j'ai pris des notes en cours de lecture !), ça va prendre encore un peu de temps pour te les restituer... Ceci dit, il n'y avait pas de problème majeur, à part un motif qui se répète à peu de distance, au chapitre 58 puis au chapitre 59 (une femme impatiente sent le temps se ralentir en attendant qu'une autre femme se traîne en préparatifs. Tanagra, puis Frigga). J'aimerais aussi développer ce qui m'a plu !
à bientôt, dans pas trop longtemps !
Ah, bah tu ne penses pas si bien dire avec ce motif. Aujourd'hui, je terminais la relecture de toute la partie "chez les vanes" et on a plus ou moins encore ce motif... peut-être que ma tendance à être constamment en retard s'est exprimée ahahah.
Je prends déjà note de tout ça ! Merci beaucoup :)