Chapitre 47 - Dons cachés

Notes de l’auteur : /!\ Mise en garde, en début de chapitre on assiste à une scène de torture /!\

Dans la citadelle Asage.

 

Loris avait été poussé dans ses retranchements. Submergé par ses émotions les plus sombres, la bête féroce qu’il était, allait abattre ses griffes acérées sur l’innocente Solenne. Il avait prévu sa vengeance dans la précipitation mais elle ne demandait pas beaucoup de préparation. Il lui fallait juste quelques chaines, de la chaire, du feu et un tison brulant.

 

_ Ne la touchez pas ! se débattait Manon en voyant la scène se dérouler sur l’estrade face à elle.

 

_ Il fallait y réfléchir, avant de faire la maline ! Lui rétorqua Loris avec haine.

 

Sous leurs yeux apeurés, le chef de la milice s’empara du fer brulant qu’il avait fait chauffer pour l’occasion. Il brandissait la barre en faisant tournoyer son bout ardant dans les airs. Le A rouge bouillonnant qui virevoltait était le symbole de l’adversité, de l’angoisse autant que l’initiale des Asage.

 

Solenne avait beau tenté de s’enfoncer dans son siège, elle n’y échapperait pas. Il lui était destiné et elle ne pouvait rien y faire. Les yeux vissés dans ceux de sa sœur pour se rassurer, elle avait compris que c’était à son tour d’être torturée. Elle aussi, elle garderait une séquelle de son passage dans les mains de Loris.

 

_ Non, je vous en supplie ! Sanglotait la jeune blonde en se débattant autant qu’elle le pouvait.

 

_ Tu le devras à ta sœur ! C’est elle qui a ravagé mon esprit et m’a donné l’idée. C’est une sorcière, un pécher mortel à côtoyer. Je vais mettre son âme en cage en m’en prenant à toi ma petite souris, argumenta Loris en réchauffant encore un peu le tison dans le feu.

 

Manon avait beau forcé sur ses chaines, crier tel un lion en cage, elle n’arrivait à rien. En proie au désespoir et à la peur, elle était incapable d’activer son don contre Loris. Elle appelait Andzrev à l’aide mais il avait été enfermé dans sa chambre, bien éloigné de la salle de réception.

 

_ NON ! Hurla Manon quand le fer rouge entama le bras de sa sœur.

 

Dans un rire démoniaque et si puissant qu’il pouvait vous faire bouillir les entrailles, Loris avait marqué la peau blême de sa petite souris de laboratoire. L’épaule désormais parée d’un A de feu, Solenne criait de douleur à en percer les tympans des miliciens qui tentait de la tenir dans son siège. Loris était au spectacle, il s’enivrait de cette torpeur. La détresse qu’il lisait dans les yeux verts de Manon et les larmes qui coulaient sur les joues de Solenne l’emplissait de joie.   

 

_ Je vais recommencer jusqu’à ce qu’il n’y ait plus aucun bout de sa peau qui ne m’appartiennent pas ! Tonna Loris en rapprochant un peu plus son A du visage de Solenne.

 

_ NON ! gronda Manon d’une voix si profonde qu’on aurait dit qu’elle venait du centre de la terre lui-même.

 

L’onde de choc qui suivit sa protestation fût si forte qu’elle aplatit le corps des miliciens sur son passage. Le tison virevolta alors dans les airs à des dizaines de mètres d’un Loris tombé à genoux. Les cheveux au vent, Manon avait les yeux remplit de rage et sa haine s’abattait autour d’elle. Une par une, les chaines qui retenaient sa sœur se déférent sous les yeux ahuris de Loris.

 

_ Putain ! Elle n’est pas seulement télépathe mais aussi télékinésiste, compris Loris en voyant la scène de chaos qui se déroulait devant lui.

 

Les bruits de métal qui libérait un à un sa sœur semblait mécanique. Manon ne se contrôlait plus, en proie à la folie, elle agissait par instinct. Toujours retenu dans son siège, elle allait s’en prendre à Loris quand il tenta de se relever pour prendre Solenne comme bouclier. La main tendue vers son épaule blessée, elle lui échappa de peu.

 

_ Ah ! S’écria Solenne qui fût projetée d’un coup loin de l’estrade.

 

Sa sœur avait fait voler son fauteuil pourpre derrière elle pour l’éloigner de Loris. Sous le choc, la chaise tangua et une partie de l’accoudoir se brisa sous le poids de Solenne qui s’affala dessus. Recroquevillée sur le sol, les mains sur la tête, elle avait peur en voyant tous les objets de la pièce se soulever et se déplacer violement. 

 

_ Petite chienne ! grogna Loris en se relevant le dos courbé sous l’attaque des objets qui tentaient de s’abattre sur lui. 

 

Il était le seul des miliciens présents dans la grande salle à ne pas s’être évanoui sous le pouvoir de Manon. Il semblait être plus combattant que les autres humains, n’en déplaise à Manon. Il se dirigeait tant bien que mal vers elle quand celle-ci se délivra d’un coup de ses chaines qui la retenaient encore.

 

_ Tu ne me fais pas peur ! rétorqua Loris qui s’était stoppé net en la voyant se relever droite comme un I, les poings fermés.

 

_ Toi non plus ! Lui répondit Manon dans un fracas d’objet.

 

_ Manon ! S’écria Solenne.

 

Derrière des dizaines de miliciens accourraient vers la salle de réception. Aux aguets, Manon tourna la tête dans leur direction avant de faire tomber l’immense grille en fer forgé pour fermer l’accès aux hommes de Loris. D’un geste de la main, elle leur avait barré la route violement. Les interstices de la porte empêchaient qui conque de tirer sur elle, ils pouvaient à peine voir ce qu’il se passait derrière.

 

_ Maintenant à nous ! reprit Manon en se retournant vers Loris.

 

Il était resté là figé, devant elle. Bien qu’il osât prétende le contraire, il en avait peur. Il n’avait jamais vu ça. Il était subjugué par ses cheveux qui virevoltait au tour d’elle comme s’ils étaient pris dans une tempête. Sans qu’elle ne s’en rende compte, Manon ne touchait même plus le sol. Ses mains s’agitaient devant elle comme si elles savaient ce qu’elles faisaient, provoquant des tourbillons d’objets prêt à frapper Loris Asage.

 

Pourtant, aucune pierre de Sélénite n’était venue pousser sur son front. Non, c’était bien uniquement son pouvoir à elle qui venait de se libérer du verrou de Paskhal. Elle ne le maitrisait pas réellement, mais il bouillonnait en elle comme un torrent sauvage. Il avait besoin de s’échapper maintenant que le barrage avait cédé.

 

_ Je m’en prendrais à tous ceux qui te feront du mal ! Expliqua Manon à l’intention de sa sœur en pleur, couchée sur le sol.

 

_ Non, Manon, partons simplement. La sortie est juste-là, derrière nous. Je t’en supplie, l’implora Solenne.

 

_ Je le tue et après on s’enfuie, rétorqua Manon en volant à quelques centimètres du sol droit vers Loris.

 

En proie à la folie, lentement elle se dirigea droit vers son ennemi. Elle voulait le mettre en pièce, le réduire en poussière, lui qui osait encore se tenir debout face à elle. Elle allait lui faire regrette d’être né. Cependant, les yeux aveuglés par la haine, Manon ne senti pas que le danger ne venait plus de lui à présent.

 

Là derrière elle, dans son dos, le fléau venait de passer l’entrée. S’il y en avait bien un qui pouvait la contrer c’était lui et il le savait. Tout doucement, le père d’Andzrev s’avança derrière Manon sans que ni elle ni Solenne s’en aperçoivent. Déterminé, il allait frapper et mettre à genoux la tournade bleue qui s’agitait devant lui.

 

_ Cela-suffit ! Dit l’homme poison d’une drôle de voix en saisissant le poignet de Manon avec ardeur.

 

Il était là, derrière elle. Elle sentait son bras lui picoter, s’enflammer de douleur mais elle n’était pas prête à lâcher. Lui aussi, elle voulait l’affronter. Enragée comme elle l’était, rien ne la déstabiliserait pensait-elle avec orgueil.  Elle voyait l’aura de son nouvel ennemi fourmillait dans la sienne. Le pourpre se mélangeait à son bleu nuit sous les yeux ébahis de Solenne qui n’arrivait plus ni à bouger, ni à parler tellement cette scène improbable l’avait bloqué dans sa torpeur.

 

_ Venons-en à toi ! gronda Manon en quittant enfin Loris des yeux pour se retourner vers le père d’Andzrev.

 

Doucement, Manon posa ses pieds nus sur le sol de la salle. Elle prenait son temps pour se retourner vers le père d’Andzrev et préparer minutieusement son attaque. Bien que son bras la brulât encore, la douleur n’était plus insurmontable. Peut-être que son incroyable force pouvait se défendre du poison de son assaillant ou peut-être que sa haine le lui faisait croire. Elle allait très vite le savoir de toute façon.

 

_ Manon… déclara solennellement le père d’Andzrev en se retrouvant face à elle.

 

Malheureusement, la télékinésiste perdu un peu de ses moyens en découvrant l’homme qui lui tenait encore le bras. Il avait toujours été là, dans les moindres recoins de la citadelle et elle le connaissait que trop bien. Déganté, le père d’Andzrev qui lui ceinturait le poignet n’était rien d’autre que Garnel Asage, lui-même. L’homme qui avait tué Sonfà de sang-froid.

 

_ Vous ? Balbutia Manon en faisant tomber au même moment tous les objets qu’elle avait retenu en suspension jusque-là.

 

Arborant pour la première fois son telsman rouge, Garnel desserra lentement son emprise sur elle. Ses mains nues pouvaient aussi bien vous donner une simple migraine mais aussi vous tuer sans mal. Le poison coulait dans ses veines. Tel un fléau, il se libérait aux grés des humeurs du corps qui le retenait. Sans gant, un Garnel triste ou énervé pouvait empoisonner tous ceux qui se trouvaient sur son passage.

 

_ Vous n’avez pas autant d’emprise sur moi que sur les autres ! tenta Manon qui remarquait que maintenant qu’il ne la touchait plus, la brulure de son poison s’apaisait petit à petit.

 

_ Non, peut-être pas sur toi mais sur elle oui, rétorqua doucement Garnel en pointant son doigt sur Solenne.

 

Sous les yeux de Manon une nuée pourpre se dirigea lentement vers sa sœur, à terre. Elle pouvait lire dans l’esprit de Garnel que si elle l’atteignait, Solenne subirait le même sort que Sonfà. Sans Vikthor pour la soigner, elle n’avait aucune chance de survie or elle n’avait pas de nouvelle de lui.

 

_ Je cède, ne faites pas ça ! s’écria Manon en se mettant à genoux face à Garnel Asage.

 

_ Tuez-lez ! Ordonna Loris en relevant la grille qui retenait les miliciens.

 

_ Ramassez-les et séparez-les. Manon regagne sa chambre habituelle et vous emmenez Solenne dans ma tour. On va la loger au plus proche de mes appartements désormais, les coupa Garnel d’un geste.

 

_ Tu es devenu fou ! Tu as vu de quoi elle est capable et tu la laisses vivre ? C’est une sorcière et elle t’a envouté ! Tu n’as plus besoin d’elle. Les Yeghes sont presque tous déjà loin alors qu’elle n’a même pas joué sa partie correctement. Tu n’as pas besoin de son don pour tuer ou emprisonner les autres ministres à l’avenir alors pourquoi la garder ? S’emporta Loris.

 

_ Loris ! J’ai dit on la garde en vie alors on la garde en vie un point c’est tout ! Répondit Garnel en remettant ses gants pour caresser les cheveux de Manon, encore agenouillée devant lui.

 

Timidement, les miliciens s’approchèrent pour la relever et la ramener dans sa chambre. Perdue, l’esprit dans l’incompréhension la plus totale Manon les suivit sans pouvoir détacher son regard de celui de Garnel. Comment avait-elle pu ne pas s’en rendre compte avant ? Lui qu’il connaissait si bien les Siréliens, lui qui avait une si grande emprise sur Andzrev. Tant de fois, elle avait vu le vieux télépathe se comporter comme un fils apeuré sous ses coups, pourtant pas une fois elle n’avait remis en doute le sang humain de Garnel.

 

Maintenant, dans son esprit tout s’assemblait. Si elle était morte sous le poids de Garnel et de Loris ce n’était pas à cause de l’étouffement mais de la main dégantée du ministre. Elle revoyait la scène, revivait la douleur qu’elle avait senti quand elle avait griffé sa main nue pour se défendre. C’était là, avec l’épuisement de sa lutte, qu’elle avait sombré. C’était pour cela qu’il s’en voulait, plus que de raison.

 

Quand elle avait touché sa peau, elle l’avait également touché en plein cœur. En mourant ainsi, elle avait réveillé son telsman, son âme sirélienne qu’il avait pourtant tenté d’enfuir si profondément. Depuis, l’amulette qu’il cachait dans le médaillon qu’il portait toujours sur lui n’avait fait qu’appeler la jeune Kalokas pour qu’elle le libère de ce mensonge, de ce fardeau.

 

Elle l’avait vu ranger son telsman dans le double-fond dissimulé derrière le dessin de la déesse. Il était là depuis tout ce temps, elle l’avait même eu dans ses mains sans le savoir la première fois qu’elle avait rencontré Garnel. Elle aurait déjà dû sentir son pouvoir mais ce ne fût pas le cas avant sa renaissance. Tous les deux, elle comme lui, semblaient être rempli de secrets. Aujourd’hui, elle en avait appris autant sur son don que sur ceux qu’ils la retenaient en otage et elle avait sombré dans la haine autant que Loris avant elle.

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Elenna
Posté le 12/11/2020
Bon... D'un Loris il devrait même pas être en vie là...
De deux, bon je m'en doutais carrément pour Garnel. C'est d'ailleurs pour ça que j'avais mis un commentaire en mode "je ne comprends plus rien" un peu plus tôt. C'est (je te l'avais pas dit ok) surtout qu'à ce moment là je me demandais si c'était vraiment 2 personnes ou si c'était justement Garnel le père.
Par contre c'est "cool" cette histoire de télékinésie. Et encore... Est-ce que tous les verrous de Pakhal ont sautés ou pas ?
ludivinecrtx
Posté le 12/11/2020
Loris on va expliquer pourquoi il est encore en vie dans le prochain chapitre je crois.

Roh mince... Je pensais que tu comprendras autre chose mais pas ça... Je suis choquée lol

Oui c'est badass ahaha

Tu veux vraiment la réponse à ta question ?
ludivinecrtx
Posté le 12/11/2020
Et comment tu interprètes qu'andzrev ne porte pas le nom asage ?
Renarde
Posté le 24/06/2020
Coucou ludivinecrtx,

Ah ouais... je l'avais pas vu du tout venir non plus ! Mais pourquoi est-ce qu'il se fait passer pour un humain ?

Du coup, ça me fait oublier toute la scène du début ! Et pourtant, il y avait des émotions, entre la pauvre Solenne marquée comme du bétail et Manon en mode Tornade de chez X-Men (j'adore Manon badasse)

Par contre, je n'aime toujours pas Garnel, moi :p
ludivinecrtx
Posté le 24/06/2020
Ah je suis contente que tu ne l'ai pas vu venir non plus !

Parce que, aucun sirelien ne peut être ministre ! Or lui il veut devenir le roi du monde et pour lui la seule façon d'y arriver c'est de devenir l'un des six ministres. Aussi, le prochain chapitre t'expliquera un peu plus sur sa vie mais il a toujours caché son pouvoir hors du commun pour un sirelien car c'est un don qui ne devrait pas exister.

Ahahah oui j'avoue on oublie ce qu'il se passe avant alors que c'est pas calme du tout !!!

Pauvre Solenne, je l'avais épargné jusqu'ici...

Ahaha oui je la voyais plus en Jean grey mais tornade ça me va aussi ! Moi aussi je l'adore quand elle est comme ça 😉

Ahaha un jour viendra peut être ?
UnePasseMiroir
Posté le 26/05/2020
WHAAAAAT THE FUCK.
Je l'avais genre pas vu venir du tout.
Voilà c'est tout...
Et non je te déteste pas si c'est ça ton seul souci mdr. Même ça me plaît bien.
ludivinecrtx
Posté le 26/05/2020
Mdr cets quoi cette minuscule réaction ? Non je te taquine j'ai lu ton beug en live sur discorde !!

C'est pour ça que j'adore Garnel moi...
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