Chapitre 47 : La relique et la force du symbole.

Notes de l’auteur : N'hésitez pas à me faire part de vos ressentis par rapport à cette histoire. Je tiendrais compte de vos remarques pour ma relecture et réécriture !! Merci de m'avoir suivi tout le long!

 

 
Son corps vibrait encore, incapable de se remettre de ce qu’il venait de se passer.
En entrant dans la salle, elle tourna la tête vers Kael, juste pour s’assurer qu’il était bien là. Sa main reposait toujours sur sa hanche, sa chaleur irradiait jusque dans son dos nu.
Comme happée, Dahlia accourut vers eux avec un sourire qui lui mangeait le visage. Ayra sentit aussitôt ses joues s’embraser. Était-ce la chaleur étouffante de la salle… ou lui ?
Ses doigts tremblaient légèrement. Kael resserra son étreinte, comme s’il l’avait deviné.
Son souffle chaud lui chatouilla l’oreille.
— Ça va aller. Ne stresse pas, murmura-t-il.
Elle hocha la tête, les joues toujours en feu.
Au loin, elle aperçut Will, bras levés, déjà en train de danser avec une fille de leur classe. Soulagement : au moins, elle ne lui devrait pas trop d’explications ce soir.
Dahlia surgit enfin devant eux, un immense sourire accroché au visage.
— Alors, on a fini de jouer au chat et à la souris ? lança-t-elle, malicieuse.
Ayra lui tira une grimace, l’air de lui dire de se taire immédiatement.
— En parlant de souris… où est George ? lança Kael avec un sourire en coin.
Ayra dut retenir un rire. Lui aussi avait remarqué que Dahlia ne se séparait jamais de son lézard, toujours caché sous ses couches de vêtements.
Le rouge monta aux joues de la jeune fille, mais son sourire ne la quitta pas.
— Mieux vaut que tu ne le saches pas, répondit-elle avec un clin d’œil.
Ayra s’écarta légèrement de Kael. Elle avait repéré Riven, attablé, en train de prendre des notes tout en observant les personnes danser et discuter. Il scrutait le moindre détail, certainement pour l’un de ses romans, pensa-t-elle.
— J’ai envie d’aller me poser un peu, fit-elle en se dirigeant vers la table de Riven.
Kael la suivit naturellement sans un mot, elle sentait sa présence derrière elle.
Dahlia, quant à elle, était à ses côtés, les joues rouges d’avoir certainement beaucoup dansé. Elle faisait des gestes d’éventail avec sa main pour se donner un peu d’air.
— Tu as raison, une pause s’impose, dit-elle en soufflant.
En s’éloignant de la piste, la musique et les éclats de rire leur parvenaient encore, mais plus assourdis, comme si l’ambiance restait derrière eux. Ayra sourit en voyant la petite tête de Georges sortir du tissu fleuri et ample qui entourait l’épaule de sa protectrice.
Riven leva les yeux vers eux, ses fines lunettes rectangulaires glissant sur son nez. Il arqua un sourcil, mais ne dit rien.
Ayra savait qu’il avait sûrement déjà repéré ce que les autres ne verraient pas. Riven était trop perspicace. Il suffisait qu’elle se tienne un peu plus près de Kael que d’ordinaire pour qu’il capte aussitôt le changement subtil.
Ayra jeta un rapide coup d’œil autour d’eux, cherchant Elenor. Mais elle ne l’aperçut pas.
— Où est Elenor ? demanda-t-elle à Riven.
Entre-temps, Kael s’était assis à côté de lui, sans cérémonie. Ayra en fut presque surprise : d’habitude, il évitait de se mêler aux autres quand ils se retrouvaient chez Mira.
Riven tourna brièvement les yeux vers lui, impassible. Seule Ayra capta ce regard furtif.
— Elle a repéré des vitraux dans le couloir. Tu la connais… elle doit déjà être en train de les dessiner, répondit-il.
— Et toi, tu écris quoi, au juste ? demanda Kael. Ça m’a toujours intrigué…
Kael avait donc remarqué ce détail chez Riven, sans jamais le laisser transparaître. Il observait plus qu’Ayra ne l’aurait cru.
Elle vit alors les yeux de Riven s’illuminer, comme toujours quand on s’intéressait à son travail.
— J’aime capter l’essence de ce qui m’entoure, dit-il calmement. Ce soir, c’est idéal : tant de mouvements, tant de détails à saisir…
— J’écris, puis j’essaie d’en tirer quelque chose de cohérent, poursuivit Riven.
Kael s’était penché en avant, les bras croisés sur la table.
— Intéressant, fit-il simplement. Clairmont est l’endroit parfait pour ce genre d’observations.
Ayra les laissa échanger. Son attention s’était déjà égarée ailleurs. Une impression sourde montait en elle, comme un signal intérieur, et elle en cherchait l’origine.
La tristesse l’envahit brutalement, sans raison apparente. Tout autour d’elle respirait la fête, et pourtant son ventre se serra comme si on l’avait vidée de l’intérieur. À cette peine s’ajouta une pointe de haine, sourde, brûlante, logée au creux de son estomac. Ses mains s’écrasèrent d’elles-mêmes sur la table, crispées sous l’afflux de sensations qu’elle ne comprenait pas.
Elle sentit ses sourcils se froncer malgré elle. Ce n’est qu’en réalisant que les voix des garçons s’étaient tues qu’elle releva la tête : Kael et Riven la fixaient. Kael, les sourcils froncés, lui demanda d’une voix grave :
— Tu vas bien, Ayra ?
Les émotions retombèrent peu à peu, comme une vague qui se retire, et elle inspira brusquement, consciente qu’elle avait cessé de respirer quelques secondes. Une pensée fugitive s’imposa alors à elle : Élika…
— Oui, juste un léger étourdissement… sûrement la fatigue, dit-elle.
— Tu veux que je te ramène ? demanda Kael aussitôt.
— Non, ça…
Elle n’eut pas le temps de finir : le grand lustre central éclata dans un fracas métallique. Des éclats volèrent, l’orchestre s’interrompit net et des cris s’élevèrent. La salle plongea dans l’obscurité.
Deux bras puissants l’encerclèrent aussitôt, l’attirant contre un torse chaud. Elle n’avait pas besoin de voir pour savoir : son odeur cuivrée et la fermeté de ses gestes suffisaient à l’identifier.
Un grésillement strident jaillit des haut-parleurs, suivi de la voix hachée de leur professeur principal :
— Nous… désolés… pour ce désagrément… nous allons… remédier…
Le son vrilla, aigu, jusqu’à lui percer les tympans. Ayra grimaça, mais la main de Kael vint couvrir son oreille tandis qu’il la pressait davantage contre lui. Elle sentit les battements rapides de son cœur résonner contre sa joue.
Elle entendit Riven crier le prénom d’Élenor. Lucas rappliqua presque aussitôt, la voix haute pour couvrir le tumulte :
— C’est quoi ce bordel ?! Où est Ayra ?
Dahlia ne l’avait pas quittée d’une semelle ; Ayra sentait son énergie vive à ses côtés.
— Elle est là, avec Kael, répondit-elle d’une voix ferme.
Élenor surgit à son tour, haletante, les mots précipités :
— Les vitraux… quelque chose ne va pas avec les vitraux ! Où est Ayra ?
— Ah, tu es là ? souffla Riven, soulagé. Puis, avec une pointe d’ironie : — Elle est ici… avec son copain.
Un moyen subtil de rappeler à Élenor qu’ils n’étaient pas seuls.
En une poignée de secondes, tous ses protecteurs s’étaient rassemblés. Et elle, plaquée contre Kael, au centre de leur cercle.
Le sol se mit soudain à vibrer, secouant les colonnes et faisant cliqueter les vitres. Les cris redoublèrent dans la salle. Kael raffermit son étreinte sur elle. Même si elle l’avait voulu, Ayra aurait été incapable de bouger.
— Qu’est-ce que c’est que ça ?! cria Lucas, la voix tendue.
Ayra tenta de se dégager des bras de Kael pour voir, mais son étreinte l’empêchait toujours de bouger.
— Le symbole… souffla Dahlia. — Il est énorme.
— Ces couleurs… souffla Elenor.
Ayra ne pouvait plus attendre. Elle appuya de toutes ses forces sur le torse de Kael pour se dégager et se retourner.
La vision la saisit de plein fouet. Derrière ce qu’il restait de l’orchestre, un énorme symbole du destin fendait littéralement le mur. Une moitié flamboyait d’un rouge vif, l’autre étincelait d’un bleu glacial. Une profonde fissure séparait les deux teintes au centre.
— Le destin… murmura-t-elle, la gorge serrée.
— Oui. Ce foutu destin, répondit Kael en resserrant ses mains sur ses épaules.
Un calme pesant s’abattit sur la salle. La plupart des élèves avaient fui. Il ne restait qu’eux, face à ce signe immense qui irradiait sur le mur du fond.
Ayra frissonna. Qu’est-ce que tout cela pouvait bien signifier ?
 
 
                                         ****
 
Élika s’approcha de la large pierre aux bords fissurés par le temps. Rectangulaire, elle se lisait comme un parchemin de pierre, de gauche à droite.
Les yeux plissés, elle déchiffra les écritures anciennes. Elles ne lui étaient pas familières. Autour, des silhouettes et des paysages avaient été gravés à même la roche grise.
Une certitude étrange lui serra le ventre : cette relique racontait une histoire.
Elle effleura la surface du bout des doigts : froide, rugueuse, presque vivante sous sa peau.
Son regard fut attiré vers le centre. Là, le symbole du destin se dressait, gravé au-dessus d’un village qu’elle reconnut sans peine : les maisons étroites, le château qui dominait… Clairmont.
Elle distingua une silhouette féminine, à demi rongée par le temps. La tête avait disparu sous l’usure, mais les courbes du corps ne laissaient aucun doute : c’était une jeune femme. Tout autour d’elle, la glace jaillissait en éclats acérés. Élika pensa aussitôt à Ayra.
La figure tendait une main vers une autre silhouette, tout aussi effacée. Masculine, cette fois. Des flammes s’élevaient autour de lui, léchant la pierre. Un frisson parcourut Élika. Elle croisa ses bras sur sa poitrine, comme pour se protéger.
À gauche de la gravure, elle reconnut Aetheris : ses jardins suspendus, son soleil éclatant. À droite, un château noir se dressait au-dessus d’une terre craquelée. Ce décor, elle l’avait déjà aperçu lors de son combat contre le Varnak. Abyrel.
Puis son regard accrocha un détail qu’elle n’avait pas remarqué jusque-là.
Derrière le symbole du destin, au-dessus de ce qu’elle pensait être Clairmont, s’étendait une vaste terre. On y devinait des villages épars, séparés les uns des autres par des forêts sombres et des entrelacs de ronces.
Un souffle lui échappa.
Elle connaissait cet endroit.
L’Entre-Deux.
Qu’est-ce que tout cela faisait ici, à Clairmont ?
Les pensées d’Élika se chamboulaient, se heurtaient en elle comme des vagues contre la roche.
Elle reporta son attention sur les écritures qu’elle ne connaissait pas. Les signes semblaient griffés dans la pierre, durs et mystérieux. Sa tempe pulsa sous l’effort, chaque battement cognant contre son crâne.
La lumière qui filtrait par la fenêtre s’intensifia soudain. Elle eut l’impression d’un déclic invisible, comme si son esprit venait de se déverrouiller.
Les mots s’alignèrent, rugueux et étrangers :
« Quan duos essaru eliti s’avvician,
Al-quwwa serrada si rumpi
Su sirru anticu s’apertz,
Wa al-nūr creccit… »
Élika sentit sa respiration se bloquer. La douleur dans sa tempe devint plus vive, puis, d’un coup, tout bascula.
Les mots se réorganisèrent dans son esprit, clairs, limpides, comme si elle les avait toujours connus :
« Lorsque les deux êtres choisis se rapprocheront, une force se libérera.
Ce qui avait été scellé s’ouvrira.
Et la force grandira. »
Elle sentit l’adrénaline l’envahir, comme une vague déferlant au creux de son ventre.
Ses doigts tremblants s’appuyèrent contre la tablette de pierre.
— Il est ici… l’Envoyé des démons… souffla-t-elle.
Le stress l’étreignit. Elle devait retrouver Ayra, la ramener à Aetheris, là où elle serait en sécurité.
Tout semblait lié : le destin, la force, même le Varnak. Les pensées s’entrechoquaient dans son esprit, et son mal de tête redoubla.
L’Envoyé des démons… Il était sûrement déjà à Clairmont. Peut-être depuis leur arrivée. Peut-être même avant.
Elle reposa les yeux sur la pierre. Quel rôle jouait vraiment ce lieu ? Pourquoi ces écritures étaient-elles ici, si loin de leur monde ?
Tout restait confus. Trop confus.
Une chose était sûre : elle n’irait pas demander à Mira.
Ses poings se crispèrent à cette pensée. Qui pouvait affirmer que Mira lui dirait la vérité ?
Sa respiration s’accéléra. L’air lui manquait, elle avait l’impression d’étouffer.
Elle devait sortir. C’était trop. Trop pour un seul soir.
D’un geste brusque, elle rejeta le drap sur la pierre et se précipita hors de la pièce.
L’église, quelques instants plus tôt baignée de lueurs vacillantes, était désormais plongée dans une obscurité totale. Les cierges s’étaient tous éteints.
Ses yeux la brûlaient en cherchant à s’acclimater à la pénombre. Les silhouettes des hommes de pierre, figées sur les colonnes, lui apparurent plus sévères encore, comme si leurs regards pesaient sur elle.
Un frisson la parcourut lorsqu’un air grave s’éleva soudain de l’orgue… alors qu’aucune main n’en effleurait les touches.
Son cœur bondit dans sa poitrine. Elle voulait fuir. Elle devait s’éloigner. Tout était trop étrange.
Sans réfléchir, elle se mit à courir vers la sortie.
Une fois la double porte du sas refermée derrière elle, elle inspira à pleins poumons.
Quelques pas encore, et la sortie s’offrit à elle. La porte était grande ouverte. Dehors, la neige était tombée bien plus fort que tout à l’heure : le monde entier semblait enseveli sous un manteau blanc.
Élika fronça les sourcils. Avait-elle vraiment passé tant de temps à l’intérieur ? Elle avait eu l’impression que tout s’était enchaîné en quelques instants seulement.
Elle descendit lentement les marches de pierre. Ses pas craquèrent sur la couche de glace, chaque son résonnant dans le silence glacé. Le froid l’enveloppa aussitôt, mordant ses joues et ses doigts.
Elle croisa les bras contre sa poitrine, cherchant à retenir un peu de chaleur.
Levant la tête, elle remarqua la lune. Elle régnait pleine et éclatante ce soir-là, éclairant le paysage enneigé d’une lueur fantomatique.
Où irait-elle désormais ?
Pour la première fois de sa vie, elle ne savait pas.
Elle ne savait pas quelle direction prendre, ni ce que demain lui réserverait.
Un instant, son esprit se tourna vers Aetheris. Peut-être était-ce la seule solution… retourner là-bas, loin de ce brouillard, loin de ces mystères.
Au vu de ce qu’elle venait de découvrir, ce serait sans doute préférable.
Et pourtant… une part d’elle savait déjà qu’il n’y aurait pas de retour simple.
Une part d’elle brûlait de savoir ce que cachait réellement Clairmont. D’avoir le fin mot de cette histoire, coûte que coûte.
Puis Ayra… Ayra n’accepterait jamais de rentrer. Pas maintenant. Et si elle tentait de l’y contraindre, sa sœur lui en voudrait pour le reste de sa vvie.Depuis qu’elle était ici, quelque chose avait changé en elle.
Pour la première fois, Élika avait aperçu son pouvoir s’éveiller, fragile encore, mais bien réel. Elle en avait été témoin, elle avait senti cette force vibrer autour d’elle.
La ramener à Aetheris, ce serait la condamner. Elle ne ferait que l’éteindre en retournant maintenant là-bas.
Élika laissa échapper un souffle glacé dans l’air nocturne. Le futur était incertain, bien trop fragile. Elle n’avait plus le droit à l’erreur.
Désormais, elle devrait redoubler de vigilance, garder l’œil aux aguets, et protéger Ayra contre quiconque oserait s’approcher d’elle.
Perdue dans ses pensées, elle n’avait pas remarqué la silhouette qui avançait dans sa direction.
Ce n’est qu’à son approche qu’elle prit conscience qu’une forme mouvait là, au milieu de l’étendue blanche.
Élika s’arrêta, fronçant les sourcils.
Alors, comme si l’autre avait senti qu’il avait été découvert, il disparut aussitôt.
Elle eut tout juste le temps d’apercevoir le pan d’un long manteau gris à capuche, emporté par le vent, avant qu’il ne s’évanouisse dans la nuit.
Un frisson la parcourut. Il y avait eu quelque chose… une présence glaciale, presque familière, qui lui avait serré la poitrine.
Elle se décida enfin à quitter les lieux. Peu importait si, pour l’instant, elle devait errer sans but, sans savoir où aller.
Ses pas la porteraient quelque part… et elle priait pour qu’une solution s’offre à elle, avant que le poids devienne insoutenable.
 
 
 
                                    *****
 
Eren avait repris la boîte contenant les objets, décidé à la ramener au bureau. En chemin, il s’était arrêté devant une petite boutique encore ouverte, toute illuminée de décorations de Noël.
Comme happé par cette magie, il y était entré, la boîte serrée sous le bras. Chaque étagère l’émerveillait : jamais il n’avait vu de pareils trésors à Abyrel. L’odeur de pin l’enveloppa aussitôt et, malgré la découverte troublante de la boîte, il se sentit apaisé.
Tout en bois, la boutique avait un charme ancien. Chaque recoin semblait cacher une merveille, sombre mais réchauffée par les lampes et les guirlandes.
Il avait fini par céder : une réplique miniature d’un sapin décoré, qui s’illuminait et tournait doucement en jouant une mélodie.
À présent installé dans sa cuisine, Eren observait le petit arbre tourner, fasciné malgré lui. En l’admirant, il se surprit à se demander si sa sœur aussi avait été émerveillée par ces choses simples. Pourquoi Clairmont semblait-il la lui cacher ? Il avait cru qu’en arrivant ici, il la reconnaîtrait aussitôt… mais non. Pas même l’impression de l’avoir croisée une seule fois.
La boîte, sans qu’il s’en aperçoive, l’avait suivi jusque chez lui. Il l’avait posée dans un coin du salon, songeant que, de toute façon, Kael et lui n’allaient pas se laisser impressionner par des objets qui s’amusaient à changer de place. Ils en avaient vu d’autres.
Happé par sa contemplation, une tasse chaude à la main, il mit un moment avant de remarquer le léger bruit derrière lui. La boîte vibrait, ses parois tremblaient sous les assauts des objets qui s’entrechoquaient à l’intérieur, comme impatients d’en sortir.
Eren se redressa d’un bond, s’étira par réflexe, puis s’approcha pour l’inspecter. Elle bougeait toute seule, bien qu’encore fermée. Passant une main dans ses cheveux noirs, il fronça les sourcils. Qu’allaient-ils bien pouvoir faire de ces cinq objets énigmatiques ?
Au même moment, le châssis de la vieille porte-fenêtre donnant sur le salon se mit à trembler.
— Qu’est-ce qu’il se passe encore ici ? grogna-t-il à voix haute.
Comme frappée par une violente bourrasque, la vitre céda et la porte s’ouvrit brusquement, laissant entrer un vent glacial et une pluie de flocons. Eren se précipita pour la refermer. Il s’arrêta net en apercevant, au-dessus d’un toit recouvert de neige, le symbole du destin encore fumant : une moitié d’un bleu glacé, l’autre d’un rouge ardent. Un frisson le parcourut et l’adrénaline monta d’un coup. Était-ce lié à leur présence ici ?
La porte résistait, comme retenue de l’extérieur. Après un ultime effort, il réussit à la claquer. Mais il sursauta aussitôt : des coups secs venaient de résonner à la porte du bas.
Il avait pensé être tranquille ce soir, mais les choses étranges l’avaient suivi jusque chez lui. Méfiant, aux aguets, il descendit lentement l’escalier, tandis que les coups redoublaient.
Plus il descendait vers l’entrée, plus les coups s’intensifiaient… et plus, à l’étage, la boîte semblait s’agiter comme un animal enfermé.
Eren sentit un pincement dans la poitrine, cette impression désagréable que tout cela n’était pas une coïncidence.
Mais qui, ou quoi, pouvait provoquer ça ?
Il posa la main sur la poignée. Les coups avaient cessé mais il voyait, cette ombre en dessous de la porte ,indiquant que quelqu’un était encore derrière.
Il entrouvrit la porte et resta figé. Élika se tenait là, les cheveux défaits, les yeux cernés, mais étrangement silencieuse.
— Élika ? souffla-t-il, incapable de masquer l’inquiétude dans sa voix.
 
 ….
Fin du tome 1.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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