Le lendemain matin, tous les souverains de l’Ouest et de l’Est se retrouvèrent autour de la Table des Dix. À l’aube de ce septième jour, nombreux montraient des traits tirés et des yeux étroits. Pourtant, la voix de la Présidente lorsqu’elle ouvrit les débats n’en fut pas moins déterminée.
— Je déclare la Table des Dix ouverte en ce septième et dernier jour. Je propose que nous poursuivions les débats interrompus hier, concernant le paradoxe auquel font face les femmes de notre dynastie damnée.
— La conclusion à laquelle nous étions arrivés hier, grâce à la reine Eléanor, rappela Christian, est que notre dynastie est dirigée par des fantômes. Puisque la plupart des royaumes sont gouvernés par des femmes, alors même que les femmes n’ont aucun pouvoir selon la Loi Sacrée.
— Exactement, renchérit Marina. Il s’agit, je crois, d’un très bon résumé de notre dilemme.
— Mais… alors… tenta Eléanor d’une voix fluette, ce qu’il suffirait de faire, ce serait… Donner aux femmes la présence… qu’elles n’ont pas ?
— Cela semble être en effet la solution la plus pertinente, concéda Diane, sa voix monocorde.
— D’accord, intervint Amalric dans un soupir à peine dissimulé, mais comment on va faire ça concrètement ?
Les regards de Marina et Diane se posèrent ensemble sur le roi de Galvin, mais leurs lèvres demeurèrent closes, à la place ce fut la voix enjouée de Juliette qui retentit dans le silence.
— Eh bien, on pourrait tout simplement changer la Loi de l’Aîné ? Celle qui impose que l’aîné de la fratrie royale hérite du trône. Au lieu d’écrire « aîné », on peut écrire « aîné » accompagné d’un « e » entre parenthèses ? Ou alors…
— Cela dit… reprit Eléanor, sa voix soudain un peu plus affirmée, pourquoi… ce serait l’aîné qui devrait régner ?
— En effet, reconnut Marina, les sourcils froncés. Rien ne justifie que ce soit l’aîné qui règne par défaut.
Puis, la voix chaleureuse et profonde de Taravahë retentit, et après la traduction fournie par son interprète, Boris des Andes s’attela à transmettre les mots de la cheffe des Îles Taravané.
— « Savez-vous quelle est la raison pour laquelle l’aîné devrait régner ? »
Une hésitation se saisit de l’assemblée de souverains de l’Ouest, avant que la reine Garance ne prenne la parole d’un ton calme.
— Nous pouvons supposer que c’est parce que l’aîné est celui ou celle qui atteint l’âge de régner en premier, ainsi il est plus prudent de le désigner par défaut, au cas où les souverains actuels deviendraient soudain incapables de régner par exemple.
Plusieurs rois et reines hochèrent la tête de concert, accompagnés ensuite par Taravahë dont le sourire était presque taquin. Puis une voix glaciale prit la parole.
— Cependant, cela n’est rien d’autre qu’une supposition. Sans doute nos ancêtres ont-ils cherché une règle universelle qui permettrait de rendre la transmission du pouvoir simple et certaine.
Taravahë fronça ses sourcils à peine visible avant de répondre.
— « Et vous ne vous êtes jamais interrogés sur la raison d’être de cette règle ? », traduisit Boris.
Diane coula un regard intransigeant en direction de la guerrière aux cheveux de plume, mais répondit néanmoins d’un ton indifférent.
— Non, nous ignorons la raison véritable. Ce qui importe, ce n’est finalement pas la raison de la règle, mais bien son application. Et le moins que l’on puisse dire, ajouta-t-elle, son ton se faisant alors vénéneux, c’est que cette règle est appliquée à la lettre. Cela dit, le débat actuel ne porte pas sur la question de savoir si la Loi de l’Aîné est pertinente ou pas, me semble-t-il.
Taravahë inclina la tête de côté, faisant virevolter les plumes accrochées dans ses cheveux, l’air curieux, mais elle ne répondit pas.
— Mais maintenant qu’on en parle, outre le problème des héritières, c’est vrai que la Loi de l’Aîné pose question, commença Amalric, les yeux baissés, hésitant. Je pense qu’on pourrait élargir le débat sur le sujet. Si on y réfléchit, cette règle n’est pas franchement très intelligente. Il suffit de voir le nombre d’héritiers – ou plutôt d’héritières – qui ont fui la couronne, comme vous l’avez mentionné, sans oublier ceux qui ont gouverné de force…
Le regard glaçant de Diane croisa les yeux hagards de son frère, mais ce dernier s’empressa de détourner le regard, incapable de soutenir la haine et la rage qu’il y décelait.
— Je sais que je n’étais pas fait pour régner, continua-t-il dans un murmure, et pourtant je n’ai pas eu le choix. L’aîné… Oui. C’est vrai que ça sonne comme une malédiction.
— Alors, sommes-nous d’accord pour changer cette règle de l’aîné ? demanda Garance en parcourant l’assemblée du regard, l’air grave.
Les hochements de tête d’approbation furent grandement majoritaires, et ceux qui ne manifestèrent pas leur avis demeurèrent silencieux.
— Bien, reprit Garance en reportant son attention sur la Présidente. Alors quelle alternative choisissons-nous ?
Un silence pensif s’empara de la salle, avant qu’une voix chevrotante ne s’impose.
— Euh… Nous pourrions… remplacer l’aîné par le terme… héritier ? De cette manière, c’est… n’importe lequel des enfants royaux… qui peut régner ? Les rois et reines… nommeraient donc leur héritier… librement ?
— Cela pourrait convenir, en effet, concéda Marina.
— Ça a le mérite de laisser le choix aux souverains, c’est vrai, approuva Amalric.
Alors que tous semblaient s’accorder, une voix forte et autoritaire couvrit le bruit ambiant des discussions.
— Si je puis me permettre, intervint Christian, je crois que l’on doit prendre en compte dans cette décision la réforme que nous avons adoptée grâce à Taravahë. L’i'horana nous permettra à l’avenir de régner à plusieurs non pas dans le cadre d’une union matrimoniale, mais par le biais d’une association avec la personne de notre choix. Aussi, il faut prendre en compte cet élément nouveau et majeur : les futurs rois et reines de notre dynastie n’auront peut-être pas d’enfant à placer sur le trône.
Les souverains de l’Ouest et de l’Est furent comme figés sur leur siège pendant quelques secondes. Puis la voix sèche de Diane perça le silence.
— Nous avons tous reconnu lors du débat sur le sort de nos héritiers que nous ne pouvions pas encore remettre en cause le système de transmission du pouvoir par l’hérédité.
— Je le sais, rétorqua Christian, les mains croisés sur la table devant lui. Néanmoins, il me semble que le vote sur la proposition de Taravahë parle de lui-même. Si elle a été adoptée, c’est bien qu’elle a remporté la majorité. Et il faut être cohérent. Nous ne pouvons pas imposer la transmission du pouvoir par hérédité à des souverains qui ne sont pas unis par les liens du mariage.
— Il me semble que c’est parfaitement envisageable, répliqua Diane, cassante, ses yeux de diamant fichés sur le roi d’Indeya. Les souverains associés peuvent parfaitement mettre sur le trône l’enfant de l’un des deux.
— C’est vrai, reconnut Juliette dans un soupir. Mais c’est quand même un peu compliqué. Comment on fait si les deux souverains ont des enfants chacun de leur côté avec une autre personne ? Lequel on choisit ? C’est d’autant plus compliqué qu’on a décidé que ce ne serait plus l’aîné qui hériterait par défaut, alors…
— Cela créerait encore des conflits que l’on peut éviter, à mon avis, renchérit Amalric dans une grimace.
Il ignora avec brio le regard perçant de sa sœur.
— Il est vrai que lorsque nous prenons une décision, reprit Garance, nous devons prendre en compte les modifications antérieures de la Loi. Sinon, l’un des amendements risque d’être privé d’effet.
— Ah oui, ça, ce serait un peu bête ! claironna Juliette dans un sourire éclatant. Vu les efforts qu’on a fait pour changer les choses, ce serait dommage de revenir à la case départ.
Les lèvres de Marina s’étirèrent dans un rictus similaire, bien que plus mesuré.
— Dans ce cas, il semble en effet peu adapté de garder le terme d’héritier, puisqu’il ne sera peut-être plus question d’héritage à l’avenir.
— Mais alors… balbutia Eléanor, ses yeux éteints croisant les prunelles mordorées de la Présidente. Comment faire…? Par quoi va-t-on… remplacer… l’aîné ?
— Je dois avouer que je suis présentement à court de propositions, reconnut Marina, les lèvres pincées. Si l’un de vous a une idée, qu’il l’exprime. À partir d’une proposition, peut-être pourrons-nous construire une solution ensemble.
Pendant quelques secondes, nul ne prit la parole. Seuls pouvaient être entendus les cliquetis désagréables de l’armure de l’Impératrice Noire qui gigotait plus que d’ordinaire, sous l’œil attentif de Ren. Puis, la voix calme et onctueuse du roi Christian coupa le silence.
— Je crois peut-être pouvoir proposer une solution.
— Bien, nous vous écoutons, roi Christian, acquiesça Marina.
— Si l’aîné et l’héritier ne correspondent pas car ils renvoient tous deux à une idée d’héritage, de transmission du pouvoir par le lien de filiation, alors je crois qu’il faut trouver un terme qui soit neutre. Un terme qui ne renvoie ni au lien de filiation ni à l’idée d’hérédité. Aussi, que pensez-vous du terme… successeur ?
— Cela semble plutôt correspondre, concéda Garance, satisfaite. Cela n’implique aucun lien de parenté ou de descendance entre les souverains actuels et les souverains à venir.
— Exactement, confirma Christian. Cela désigne seulement quelqu’un qui serait nommé ou désigné pour exercer le pouvoir à la suite du souverain. Il serait ni aîné, ni enfant, ni héritier, mais simplement successeur. Il tirerait sa légitimité de la seule décision du souverain qui l’estimerait apte à gouverner.
— Alors cela signifierait que n’importe qui peut accéder au trône, peu importe sa lignée, son statut ou encore son éducation, glissa Diane.
— Oui, et ? s’enquit Juliette.
La reine de Crystallide posa ses yeux brillants sur la reine des Ospales, un fin sourire déformant le coin de ses lèvres. Cette dernière soutint son regard sans broncher.
— Je ne sais si n’importe qui possède les capacités ou encore la carrure pour régner.
— C’est la raison pour laquelle le roi ou la reine nommerait une personne qu’il ou elle estimerait digne et apte à prendre sa succession, rappela Christian, son ton trahissant une légère impatience.
— Cela fait peser une grande incertitude sur le royaume, il me semble, insista Diane. Il n’existe aucun moyen de savoir et encore moins de prévoir à l’avance qui prendra les rênes du pouvoir. Un choix malvenu ou impopulaire du souverain quant à son successeur pourrait déclencher des émeutes, voire une révolution.
— Oui, alors que c’est vrai qu’à l’heure actuelle, il n’y a aucune révolution, et tout le monde est content, lâcha Juliette dans un grognement enfantin.
Diane serra les dents si fort que ses lèvres prirent une teinte presque translucide.
— La reine Juliette a raison, reine Diane, intervint Garance de sa voix apaisante. Nous ne pourrons jamais prévoir ni éviter toutes les réactions du peuple. Et c’est aussi cela l’office du souverain : savoir faire la part des choses entre ce qui est strictement nécessaire pour le royaume et ce que demande le désir du peuple.
— Oui, reprit Juliette, le rire dormant dans sa voix, même si clairement, on ne fait pas tous la part des choses de la même manière, hein.
Une voix mélodieuse aux intonations berçantes et aux consonances étrangères retentit en réponse. Boris des Andes croisa le regard jaune illuminé d’espoir du roi du Sskiar et s’empressa de traduire ses mots.
— Euh… Le roi Boris propose : « et si vous laissiez le peuple décider de qui doit gouverner ? C’est ce que nous faisons au Sskiar et ça fonctionne très bien. »
Un silence de mort s’empara de l’assemblée, l’Impératrice Noire abattit ses mains sur la table de marbre dans un grand fracas qui en fit sursauter plus d’un. Certains souverains furent traversés par un frisson d’appréhension.
— Ce serait pure folie, rejeta Diane d’un ton tranchant. Le peuple est sujet à ses passions et à ses désirs individuels. Une telle décision ne peut revenir à cette masse inconstante.
— Pour une fois, je vous rejoins, reine Diane, renchérit Garance, néanmoins à contre-cœur. Le peuple ne connait pas les intérêts du royaume et il est parfois même incapable de voir ses propres intérêts.
Le roi du Sskiar offrit un sourire lumineux bien que désolé aux deux femmes et haussa les épaules avec une douce nonchalance. Christian reprit alors la parole d’une voix claire.
— C’est la raison pour laquelle je vous propose cet intermédiaire : l’avenir des royaumes ne sera décidé ni par l’aléatoire de l’hérédité, ni par le peuple en proie à ses passions. Ainsi, nous sommes, je crois, dans un juste milieu entre le destin figé par le hasard et le choix trop imprévisible et potentiellement dangereux du peuple.
Un grincement de ferraille retentit au centre de la Table, et les regards fusèrent vers l’Impératrice Noire qui, à défaut de faire des gestes qui pourraient être compris, tambourinaient le marbre de ses petites mains, faisant cliqueter ses manches et son buste de fer.
— Madame Ren, l’interpella Diane, aussi coupante que l’acier, pourriez-vous je vous prie interroger l’Impératrice Noire sur le sens de ses… mouvements désordonnés ? Si elle souhaite s’exprimer, qu’elle le fasse de manière claire et intelligible. Auquel cas, nous lui saurions gré de cesser ces bruits irritants.
Madame Ren sonda la reine des Ospales de ses yeux d’onyx, et un puits béant de blancheur s’ouvrir lorsqu’elle lui sourit, comme une menace de vide. Elle ne prit même pas la peine de traduire le discours de la reine Diane à l’Impératrice.
— L’Impératrice Noire ne souhaite plus s’exprimer à la Table des Dix. Quant à ses gestes, je vous suggère de les prendre pour ceux qu’ils sont : une volonté de vous signaler son mécontentement.
Le regard froid de Diane se posa sur la petite silhouette assise à la droite de Ren, mais ses yeux se heurtèrent à l’épais voile noir qui recouvrait son visage et ne laissait paraitre que ses cheveux aussi noirs que l’ébène.
— Je vois, grinça-t-elle. Si elle ne souhaite pas exprimer son mécontentement clairement, alors les décisions seront prises sans elle, et elle ne pourra pas les contester.
Le sourire obscur de Ren s’élargit encore mais elle ne fit de nouveau aucun mouvement pour transmettre le message à l’Impératrice qui enfin était immobile sur son siège.
La Présidente de la Table apposa alors ses mains fines sur le marbre.
— Bien, alors si personne ne s’oppose à ce que nous remplacions l’aîné par le terme successeur, je suggère que nous réfléchissions à une phrase. Pour rappel, continua-t-elle, ses yeux baissés sur l’exemplaire de la Loi Sacrée qui reposait devant elle, la phrase actuelle est la suivante : « l’aîné hérite légitimement du trône. » Que proposez-vous donc comme remplacement ?
Avec une grande concentration, elle laissa voler son regard sur tous les rois et reines de la Table des Dix, jusqu’à ce qu’Eléanor prenne la parole de sa voix tremblante.
— Pourquoi pas… Euh… « Le successeur désigné par le souverain règne à sa suite » ?
— C’est un peu le même problème qu’avec l’aîné, rechigna Juliette. Avec cette formulation, on pourrait aussi exclure les femmes.
— En effet, confirma Marina l’air grave. Navrée, reine Eléanor, mais nous devons nous assurer que nul ne puisse être exclu. Une autre proposition, peut-être ?
— « Toute personne peut être désignée comme successeure au trône par les rois et reines en place. »
Tous les regards convergèrent vers le roi Christian qui avait parlé d’un ton assuré, comme s’il avait construit et imaginé cette phrase depuis des décennies. La Présidente de la Table, accompagnée par quelques autres souverains, hocha la tête avec une lenteur contemplative.
— Je pense que cela pourrait effectivement régler notre problème, dit-elle, avant de se tourner vers la reine de Percée. Qu’en pensez-vous, reine Eléanor ?
— Euh… Je… C’est… parfait. Je pense.
Marina adressa un sourire doux à la reine de Percée, avant de pivoter vers sa fille, la reine de Crystallide.
— Et vous, reine Juliette ?
— Ça a le mérite de respecter toutes nos conditions, donc oui, ça me convient.
La Présidente de la Table des Dix parcourut l’assemblée de son regard enflammé, à la recherche du moindre signe d’opposition, mais elle n’en trouva aucun. Ses yeux de braise captèrent alors le regard de diamant de Diane. Un sourire provocant anima les lèvres écarlates de Marina.
— Suis-je en train de rêver ou avons-nous atteint un consensus, reine Diane ?
Diane pencha légèrement la tête, son sourire de reptile revenu pour hanter ses lèvres fines.
— Il semblerait, oui. Il apparait que ces derniers furent des débats rondement menés. Je crois que vous pouvez en être fière, Madame la Présidente.
Le rictus effronté de Marina se fit enjôleur malgré elle, et la reine d’Elesther se força à détourner le regard pour interpeller les organisateurs de la Table des Dix.
— Dévoué Daryn, Penseur Perrault, nous sommes prêts pour notre dernier vote.
Les prêtres procédèrent à la distribution des pièces puis à l’annonce de la proposition envisagée.
Les pièces tintèrent dans la boîte en bois.
Les sourires, discrets ou francs, chatoyaient sur les visages, ouverts ou fermés.
Perrault comptabilisa les voix et murmura le décompte à son collègue, qui prit la parole d’une voix claironnante.
— La proposition de la Présidente de la Table de Dix est la suivante : à l’article 1er, remplacer la phrase « l’aîné hérite légitimement du trône » par la phrase « toute personne peut être désignée successeure du trône par les rois et reines en place. »
Le Dévoué Daryn enroula le parchemin contenant la Loi Sacrée avec précipitation, avant de poursuivre d’une voix vibrante.
— Le vote a tranché : la proposition est adoptée à la majorité de neuf voix sur dix.
Un brouhaha joyeux s’empara de la salle dorée. Kiryana adressa un hochement de tête fier à Marina, qui le lui rendit. La reine Jade posa une main douce sur celle de son époux, qui lui offrit un sourire heureux, soulagé. Les lèvres violettes de Saphira ne dissimulaient plus sa satisfaction, même si son rictus demeura toujours plus discret que le sourire éclatant de Juliette, du roi du Sskiar et de Taravahë. La Présidente échangea un regard chaleureux avec Eléanor, qui osa lever légèrement la tête, puis avec la reine d’Indeya.
Enfin, elle croisa le regard de glace, et elle se rappela d’une chose.
Avec force, elle tapa plusieurs fois sur le marbre pour imposer le silence, qu’elle obtint en quelques secondes.
— Pardonnez-moi de vous interrompre ainsi. Je voudrais simplement… vous remercier. Tous. Nous sommes parvenus à accomplir le miracle que nos ancêtres n’ont même pas réussi à effleurer du bout des doigts. Malgré nos divergences, nos différences et nos différends.
Son regard capta encore les prunelles de diamant, qu’elle quitta comme à regret.
— Nous avons réfléchi, discuté et débattu dans un respect – certes parfois relatif, nota-t-elle dans un sourire amusé, pour construire un avenir ensemble. Nous avons fait de la Table des Sept une Table des Dix. Nous avons créé d’une Table de guerre et de complot une Table de paix. Nous avons bâti les premières fondations de Notre Monde.
Ses iris brûlantes d’une chaleur rassurante se posèrent alors sur la cheffe des Îles Taravané, l’Impératrice Noire et le roi du Sskiar.
— Ce fut un honneur de présider cette Table des Dix.
Elle jeta un œil à son Chancelier, puis aux souverains d’Indeya qui lui souriaient en retour.
— Je déclare à présent la Table des Dix close.
Un concert d’applaudissements et d’exclamations accompagnèrent sa déclaration, et déjà des suggestions de toast et de banquet pour fêter la clôture de la réunion historique flottaient dans l’air. Lentement, sans suspendre les discussions en cours, les souverains et leurs Attendants se levaient de leur siège et s’éloignaient de la Table qui les avaient vu grandir pendant sept jours.
Mais la Table, elle, ne semblait pas prête à les laisser partir.
Le marbre de la Table, des pieds jusqu’à son plateau, se mit à étinceler d’une lueur argentée, irréelle. Le roi Amalric, qui jetait un œil en arrière, s’écria le premier :
— Par la Mère ! Mais qu’est-ce que c’est que ça ?!
D’un même mouvement, tous les souverains se retournèrent vers la Table des Dix qui brillait de milles feux, tel un astre au milieu d’un ciel noir.
— Voilà qui est étrange, murmura Jade.
Et alors que la Table scintillait toujours plus fort, l’air et l’atmosphère tout autour d’eux se mirent à aspirer la lumière du jour. Bientôt, les souverains se trouvèrent comme enfermés dans une bulle de ténèbres, prisonniers d’une nuit sans lune avec comme seule lumière la Table des Dix, soleil brûlant au centre de la pièce.
Magnifique chapitre, court mais d'une grande intensité !
Les débats sur la succession sont passionnants, j'adore les propositions de Christian, on voit qu'il a réfléchi la question en amont. C'est vrai que le débat sur l'autodétermination du peuple mérite d'être mené : est-ce que le peuple est capable de savoir ce qui est bon pour lui ? Surtout si la majorité de la population ne bénéficie pas d'une éducation suffisante.
Et la fin du chapitre est très forte ! Je ne m'attendais pas à ce que la Table soit déjà (enfin ça fait un bout de temps mais t'as compris^^) close. On peut dire, que les souverains ont été efficaces, avec toutes ces réformes et changements.
D'ailleurs, je me dit que ce serait très intéressant d'écrire un jour, un autre roman où l'on assiste à la Table des Dix suivants avec de nouveaux personnages etc... Voir tout les changements que les décisions auraient provoqué sur l'univers, comment ils sont vécus... Mais j'imagine que t'as plein d'autres projets xD
Et la Table qui refuse le départ des souverains c'est aussi vachement intéressant ! On la voit pour la première fois vraiment autrement que comme un objet ce que je trouve super. Elle a une volonté propre et on se questionne sur ses raisons. Est-ce que ça a un lien avec la Déesse et sa prisonnière que l'on voyait en début d'histoire ? Je ne les ai pas oubliés (=
Je continue ma lecture...
Merci beaucoup pour ton commentaire encore une fois ! Je suis vraiment ravie que les débats sur la succession, les successeurs t'aient intéressé ! A chaque fois, je te l'avais dit je crois, j'ai toujours peur que mes débats politiques ou idéologiques n'intéressent pas ou ennuient, donc je suis toujours soulagée de voir que non ahah ^^
Je suis totalement d'accord avec toi : l'autodétermination est normalement le droit de tout peuple (dans notre monde en tout cas) mais est-ce qu'il sait vraiment ce qui est bon pour lui ? J'en suis pas si sûre... Comme tu le dis, souvent on ne donne pas les moyens aux populations de pouvoir se prononcer en connaissance de cause et c'est bien dommage ! Encore aujourd'hui d'ailleurs.
Eh si, quand même la table doit bien se clore un jour xD Depuis le temps qu'elle est ouverte il faut bien un jour qu'elle se ferme xD
Mais wow ton idée de séquel là... Est-ce que tu n'es pas en train de me mener devant les portes de l'enfer avec cette idée ? xD Mais j'avoue, ce serait super intéressant de voir l'impact de ces modifications, puisque comme l'ont dit les souverains les modifs n'auront pas d'effet immédiat c'est évident. Maintenant, est-ce que je trouverais l'inspiration et l'envie pour écrire cette histoire ? Je n'en ai aucune idée ! Ecoute on en reparle dans 15 ans ? xD
Oui tu as totalement compris, encore plus avec la suite j'imagine : la Table est presque comme un personnage, un être à part entière et on le voit bien ici :) Après son importance, le fait qu'elle donne son titre à l'histoire pouvait le laisser présager mais là oui ça devient évident !
Et comme tu as pu le voir, oui ça a bien un lien avec Velmerys du coup ahah ^^
Merci pour ton commentaire et je vais gentiment reprendre mes réponses dans l'ordre maintenant x)
"Comme tu le dis, souvent on ne donne pas les moyens aux populations de pouvoir se prononcer en connaissance de cause et c'est bien dommage ! Encore aujourd'hui d'ailleurs." Clairement, pour moi l'éducation devrait être la priorité numéro 1 dans tous les états, c'est le meilleur moyen d'améliorer Notre Monde (pas très objectif en tant que futur éduc mais bon xD) (et t'as remarqué le Notre Monde à la Diane eheh)
"Mais wow ton idée de séquel là... Est-ce que tu n'es pas en train de me mener devant les portes de l'enfer avec cette idée ? xD" Oups ^^ Oui, j'ai souvent ce genre d'idées quand je lis des histoires sympa ahah
Wow, maintenant tu fais des références à Diane je suis émue xD (évidemment que j'avais remarqué). Je suis totalement d'accord avec toi ! Mais justement, moi je trouve ça logique que cette idée vienne d'un futur éduc, non ? xD
Tes idées me perdront un jour... si elles ne l'ont pas déjà fait xD
"Je suis totalement d'accord avec toi ! Mais justement, moi je trouve ça logique que cette idée vienne d'un futur éduc, non ? xD" yesss
"Tes idées me perdront un jour... si elles ne l'ont pas déjà fait xD" Parfois c'est pas désagréable de se perdre dans ses idées xD
Oui tu as raison, et puis parfois aussi on n'a pas le choix x)
"— « Savez-vous quelle est la raison pour laquelle l’aîné devrait régner ? »" Question pertinente ^^
"— Oui, alors que c’est vrai qu’à l’heure actuelle, il n’y a aucune révolution, et tout le monde est content, lâcha Juliette dans un grognement enfantin." ça, c'est dit x)
"« et si vous laissiez le peuple décider de qui doit gouverner ? C’est ce que nous faisons au Sskiar et ça fonctionne très bien. »" Un peu trop tôt pour ça je crois ^^"
Euh... kesski s'passe ? J'ai louper des indices annonciateur d'un futur cataclysme xD ? En vrai de vrai, je me demande vraiment ce qui arrive à la table et si c'est vraiment elle de sa volonté propre ( et si oui, comment ? ) qui fait ça ou si c'est des intervenants extérieurs ? En tout cas, jusqu'à ce que la table ne décide de changer leur plans, ça s'est fini sur une bonne note cette table des sept transformée en table des dix. Il y aura encore du boulot, mais ils ont énormément progressé l'air de rien <3
Oui, effectivement les moeurs et les coutumes du Continent Inconnu sont pas trop applicables telles quelles en Indeya et alentours, c'est clair que c'est un peu tôt il faut déjà laisser le temps que ça prenne doucement hein x)
Ahahah, non tu n'as pas loupé d'indice ! Enfin, si il y en a depuis le début, mais deviner ce qui va se passer après je pense pas que ce soit possible, je te laisse découvrir ça :P
Ta théorie sur la table qui a une volonté propre n'est pa
...qui a une volonté propre n'est pas si absurde ! Je te laisse découvrir ce qu'il en est dans le prochain chapitre ;)
Effectivement, le bilan de la table n'est pas si négatif, il y a eu de belles modifications et des avancées vraiment sympa même si c'est loin d'être parfait, parce que ça aurait été peu réaliste sinon ^^
Merci d'être passée, gros bidouillas (oui je voulais écrire bisouilles mais ça a remplacé par ça et j'ai trouvé ça très drôle donc voilà c'est cadeau xD) <3