— Mais t’es complètement malade ! Lâche-moi !
— Ariane ! Arrête Ariane !
Il voyait Timothée arriver pour le sortir de là, mais la lame s’approchait de son épaule gauche. De la main droite, il sortir son briquet et l’enclencha. Des flammes léchèrent le côté d’Ariane qui lâcha un cri de douleur, s’écartant pour éviter le feu qui s’était déjà propagé jusqu’à ses cheveux Des exclamations d’horreurs se firent entendre, l’odeur de brûlé lui donna un haut le cœur.
— Va chercher ma gourde Lucien ! s’exclama Timothée qui maintenait une distance de sécurité entre les deux filles et Ariane qui continuait de brûler.
Un éclat de lumière les aveugla, si fort qu’il dut se couvrir les yeux, mais pas de trop, il devait se forcer à les garder un minimum ouvert pour que la folle ne tente pas de l’empaler à nouveau. Lucien revint et balança toute l’eau sur Ariane, qui n’avait plus rien.
Plus une seule flamme de visible sur ses vêtements étaient légèrement carbonisés sur les extrémités, elle venait de perdre une bonne partie de ses cheveux du côté droit, une odeur de cramée nauséabonde le fit grimacer de dégoût. C’était sa faute, elle n’avait qu’à pas essayer de le tuer.
Une vague de courant frais se glaça et il s’empressa de se relever. Aucun d’eux ne se permettait d’émettre un son avant qu’Ariane ne fasse une déclaration. Pomme et Lucien étaient figés, terrifiés à l’idée d’affronter les conséquences de cet accident - car c’en était un - le garçon tenant toujours la gourde vide. La petite avait toujours une expression horrifiée et s’approcha de sa camarade pour examiner les dégâts :
— Tu es brûlée ? Tu as mal ? On peut rentrer, tes parents devraient avoir de la crème.
Elle saisit sa main pour observer sa peau rouge vif, gonflée et visiblement douloureuse. Ariane n’avait même pas lâché son couteau malgré l’urgence de la situation. Timothée, visiblement inquiet, se dirigea vers les deux filles pour examiner la plaie, mais Ariane, toujours trempée, le salua avec son couteau.
— Oh mais ! Calme-toi ! J’ai de la crème dans mon sac.
— J’en ai pas besoin. Dégage.
— Tu viens de brûler ! Bien sûr que tu as besoin de crème ! Ne soit pas ridicule.
— Tu veux te battre ?
— Non, non Ariane, allez vient, on rentre ! s’exclama la petite en tirant sur le sweat d’Ariane, celle-ci ne bougeant pas d’un pouce au début, pour finalement se laisser entraîner et disparaître dans la forêt.
Les quatre amis, silencieux, se regardèrent entre eux.
— Qu’est-ce que c’était que ça ! rugit Timothée en lui frappant l’épaule. Paul ! Brûler une camarade ! Tu n’es pas sérieux !
— Je n’ai pas fait exprès ! Elle m’a attaqué au couteau !
— C’est vrai ! confirma Lucien, grimaçant. Même si la brûler ce n’était pas intelligent, qu’est-ce qu’on aurait fait si Paul avait été poignardé ? Il serait mort avant que les pompiers n’arrivent !
— Elle est complètement folle, ajouta Pomme d’un air stressé. Qu’est-ce qu’on va faire si elle revient demain ?
Timothée soupira longuement, pestant :
— On a juste a espérer qu’elle ne dise rien à personne. Si elle parle, on pourra se défendre avec ce qui s’est vraiment passé, mais vous n’en parler à personne tant que rien ne sort.
— Ça ne risque pas de sortir, ricana Paul. Elle ne parle à personne.
— Paul. Je viens de dire quoi ? Je te rappelle qu’elle a disparu pendant une semaine et que ses parents se sont démenés pour la retrouver. Tu crois qu’ils feront quoi en voyant leur fille brûlée ? Même sans ses vêtements, il lui manquait des cheveux !
Paul se mordit la langue, agacé, cette peste venait toujours lui mettre des bâtons dans les roues, il n’avait plus le droit de faire une blague ?
— Elle n’avait qu’à pas m’attaquer, ce n’est pas de ma faute.
Timothée eut un long soupire d’exaspération. Son ami savait à quoi il pensait, mais Tim était trop influencé par sa bonté, il était la voix de raison du groupe, sauf qu’il y avait une différence entre faire pleurer Lucien parce qu’il était nul et vouloir le poignarder, une grosse différence.
— Écoutez, on va rentrer chez Lucien, on n’en parle pas à sa mère, et si Ariane porte plainte, on n’aura qu’à raconter la vérité.
Les trois amis hochèrent la tête, écoutant leur aîné.
— Allez, récupérons nos affaires.
— Super comme soirée d’anniversaire. meugra Lucien, dépité.
— On peut pas faire un tour dans la forêt plutôt ? suggéra Pomme en guise de consolation.
— Et croiser Ariane ? Non, je pense que vous préférerez la sécurité d’une maison. Tu devais aussi nous faire jouer à ton jeu là… Smash prose.
— Smash ! Yup, ok je suis convaincu, grouillez-vous !
Lucien dévala la pente pour aller récupérer ses affaires en haut du quarter-pipe, suivit de près par Pomme. Paul observa longuement la place qu’occupait sa rivale avant de partir, vide, pas la moindre trace de ce qui venait de se passer.
— Tu viens ? l’interpella Timothée.
— Dis, ce flash, c’était pas normal. Tu as vu ?
— J’ai fermé les yeux. avoua-t-il. Pourquoi ?
— Le flash venait de sa poche… Et j’aurai juré que le feu était déjà éteint avant que Lucien ne lui balance le contenu de ta gourde…