Chapitre 6.1 : Flammes

Par Camice

Quand la brûlure de la culpabilité,

Ronge les tissus moisis de la vérité.

— Mais qu’est ce qui t’a pris ? L’attaquer au couteau ! Et puis quoi encore ?

Ariane n’avait pas pipé un seul mot depuis son altercation avec le petit con, son rival de toujours, qui lui pesait décidément fort sur les nerfs. Elle n’avait pas réfléchi, un élan de colère avait pris possession de son corps et s’était perdu dans l’idée de combat. Ariane savait, que c’était stupide et disproportionné. Pourtant la colère avait été réelle.

Comme la douleur l’était actuellement.

Ariane n’avait pas l’habitude, de sentir la douleur. Les blessures superficielles avaient tendance à être si minime, qu’aucune douleur ne s’en dégageait. La brûlure par contre, était vive, douloureuse, elle sentait son bras gauche et son épaule continuer de brûler même sans les flammes. Son sang battait dans ses veines suffisait à diffuser la douleur, sans compter les frottements de ses vêtements et des branches sur ses plaies rouges et boursoufflées.

Elles étaient rapidement arrivées chez elle. Ses parents regardaient la télé et Ariane s’était empressée de filer vers les escaliers avant qu’ils ne puissent comprendre son état. Liz à sa poursuite.

Ariane avait tenté d’ignorer la douleur, se contentant simplement d’enlever son haut brûlé pour le cacher sous son lit. Sa chambre avait été rangée pendant son absence, et un second matelas était apparu à même le sol pour accueillir leur invitée. Elle pouvait à nouveau marcher au sol, qui n’était plus couvert de vêtement et autre paquet de nourriture.

— Allez Ariane, vient !

— Ça va-

— Non ! Non, ça ne va pas. Donc tu te bouges le cul ou je préviens tes parents.

— Tu ne ferais pas ça.

— Si, je ne mens jamais, Ariane.

Elle leva les yeux sur les prunelles violettes de la jeune fille, ses yeux brillaient. De larmes ? D’inquiétude ? Ariane ne saurait pas dire, elle n’avait jamais été douée pour ce genre de chose. Son bras hurlait à l’agonie et sa peau n’avait jamais été aussi sensible, peut être que se battre n’en valait pas le coup.

— D’accord.

Liz l’entraîna dans la salle de bain et fit couler de l’eau froide à appliquer sur son bras, en continue. Précisant qu’il ne fallait pas laisse l’eau stagnante, car elle allait se réchauffer au fil du temps. Elle lui ordonna de ne pas bouger et Ariane l’entendit dévaler les escaliers. Elle allait la dénoncer à ses parents ? Songea Ariane, sans sentir de colère, mais uniquement de l’indifférence malgré la situation. Non, elle a dit qu’elle ne le ferait pas. Et elle ne ment pas. Mais que fait elle, alors ?

Quelques minutes après, Liz revint avec un tube de crème après soleil, l’énorme tube que ses parents prenaient à chaque vacance et dont la moitié était épuisé à chaque fois, ils ont tous la peau très sensible au soleil, il y a toujours de quoi soigner les brûlures dans la maison.

— Tu leur a menti pour avoir le tube ? inquit Ariane, presque avec un sourire.

— Ne soit pas ridicule. Ils ont assumé tout seul que moi, j’avais un coup de soleil, ils n’ont pas demandé plus d’informations.

Liz s’accroupit à ses côtés, Ariane affalée contre le bord de la baignoire, le jet d’eau partant de son épaule pour terminer sur sa main. Elle sentait l’eau froide se réchauffer désagréablement tout au long de bras.

Ticfaisait l’horloge de la salle de bain.

Tic… continuait-elle.

Tic… elle était cassée, bloquée éternellement sur 16h32.

Tic

 Après 10 longues minutes à attendre, Liz lui répétant qu’elle allait s’en sortir, pas comme si elle en doutait, elle n’allait pas mourir d’une brûle superficielle, elle put retirer son bras de l’eau. La petite lui tendit une serviette et lui tendit, Ariane grimaça.

— Ma serviette, c’est la bleue claire, celle avec des vagues dessus…

— D’accord.

Ariane s’était attendue à ce qu’elle proteste, mais on dirait que la jeune fille se montrait clémente avec elle au vu de sa situation. Elle prit sa serviette à elle, et tapota avec précaution sa peau rouge à vif et boursoufflée, la douleur avait bien diminué, mais bien présente. Après une bonne quantité de crème, et un bandage qu’elles ont trouvé dans le placard de la salle de bain, Ariane était à présent bien rafistolée. Son bras pouvait à peine bouger, la tiraillant de toute part, elle aurait aimé ne pas avoir mis les bandages, car ils étaient vraiment douloureux. Mais Liz avait insisté sur leur importance et les a fait elle-même, douée dans un art qu’elle ne savait même pas existait.

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