— Mon cavalier prévu pour cette avant-première m’a fait faux bond à la dernière minute et Marianne ne pouvait pas se libérer. Il aurait été du plus mauvais genre que j’arrive seul, m’explique Lumi avec un sourire aussi charmeur qu’insolent.
Ok. Je vais le tuer. Pas maintenant, pas sous le feu des projecteurs et des appareils photo tandis que nous remontons le tapis rouge qui nous mène jusqu’au cinéma. La foule qui grouille de chaque côté me dégoûte et m’abîme les oreilles, mais j’essaie au maximum de ne rien trahir. Heureusement, je ne dois pas paraître aimable, juste réfréner mes envies de meurtres pour qu’elles ne soient pas trop visibles. Je saisis mieux pourquoi Lumi ne m’a rien expliqué avant, j’aurais fui sans la moindre hésitation.
Dans cinq jours, nous en saurons plus avec Lumi. Avec l’attaque des Kaikens, il était déjà fébrile avant que je lui annonce le rendez-vous. Après, il était bon pour une nuit blanche. Voire plusieurs. Il peut enfin visiter le lieu où son frère est enfermé. S’il est encore en vie. L’incertitude et des milliers de questions le rongent depuis des années. Je ne sais pas comment il va se concentrer et bosser cette semaine. Ça sera pas beau à voir. Je plains ses Intendants qui devront le supporter dans cet état de nerfs.
Quand, un peu plus tôt, il est arrivé comme une furie dans l’appartement sans que cela soit prévu, j’ai tout subi, le maquillage, son choix de tenue, son stress plus qu’apparent. Je me disais que cela devait être important. Il ne me force jamais à faire ça sans une bonne raison. La dernière fois, c’était parce qu’il devait participer à une rencontre où il craignait pour sa vie. Je pensais qu’il s’agissait encore d’un truc du genre. Pas d’une putain de première où son amant du moment lui a posé un lapin. De retour à l’appartement, il va comprendre sa douleur.
Lumi accroché à mon bras, je me laisse guider jusqu’aux meilleures places de la salle. Je dois violemment me retenir pour ne pas faire craquer les articulations de mes doigts. Lumi, dans son élément, lance des sourires et des mots gentils à droite à gauche, agite parfois la main, bref, soigne son image de Palladium. Cela me donne encore plus envie de le cogner, alors je me concentre sur les bandes-annonces qui défilent dans l’indifférence la plus totale.
— Ah, je suis ravi que vous ayez pu venir, malgré les délais ! Avec votre dévouement d’aujourd’hui et de ces dernières semaines, je ne pouvais que faire ce geste pour vous. Installez-vous ici, ce sont les places pour mes invités.
Lumi parle d’une voix claire et chaleureuse à la personne qui s’assoit à côté de moi. Lumi sait pourtant que j’ai horreur d’avoir des gens trop proches. Je lui adresse un regard noir, mais son expression en retour est bien trop lumineuse, bien trop heureuse pour que je ne comprenne pas que quelque chose cloche. Il a l’air beaucoup trop content de lui. Je lance un coup d'œil sur le côté.
Mon sang se fige dans mes veines.
C’est Glenn qui est en train de s’installer à côté de moi. Un Glenn vieilli, mais toujours avec les mêmes cicatrices, la même coiffure qui voile une partie de son visage. Je me crispe, incapable de me contrôler. Ok. Celle-là, je ne m’y attendais pas. Lumi commence à me caresser le bras. Il m’adresse un sourire flamboyant, comme il pourrait en lancer à n’importe laquelle de ses conquêtes, mais je saisis la subtilité. Il est ravi de son petit effet. Depuis combien de temps est-ce qu’il prépare ça ?
Je ne me souviens pas sur quoi portait le film. Autant je me rappelle de Lumi qui jouait avec mon bras et ma main, autant le reste… Mon attention était focalisée malgré moi sur Glenn, incapable de penser à autre chose. Je devais me faire violence pour ne pas le dévisager franchement. Je ne compte pas lui parler, mais rien que de pouvoir me retrouver ainsi à ses côtés… Cela fait des années que je n’ai pas osé en rêver, que de le croiser parfois de loin me suffit par manque d’options.
À la fin du film, Lumi est obligé de me serrer le bras pour que je réalise que l’avant-première est finie. Une soirée mondaine poursuit les festivités mais, au lieu de m’entraîner vers la salle de réception où je pourrai tenter de m’éclipser, il se dirige vers la sortie, adressant des sourires polis mais fermes à ceux qui essaient de le retenir. Là, je ne sais pas ce qui me terrifie le plus, partir et abandonner Glenn ou rester en sa compagnie. Je ne pensais pas ça possible, mais je suis devenu encore moins doué en interactions sociales avec le temps.
Heureusement pour moi, Lumi prend encore une fois les choses en mains. Alors que Glenn paraît un peu perdu et dépassé, pas à sa place dans un tel environnement, Lumi me laisse pour se diriger vers lui.
— Venez donc avec nous, cher Intendant ! Nous allions nous dénicher de quoi grignoter dans un endroit plus calme. Je ne pense pas que vous ayez eu le temps de manger ce soir ?
Glenn secoue la tête en guise de réponse. Il se méfie de la trop soudaine bonté de Lumi, mais le masque de son mieux. Il a l’habitude des caprices de Palladiums et sait que cela fait partie de son travail de les gérer.
Quelques minutes plus tard, on se retrouve tous à l’arrière de la limousine. Lumi entretient à lui seul la conversation, assez volubile pour dix. Il tente parfois de me faire parler, mais je me contente de réponses monosyllabiques. Et si Glenn me reconnaît putain ?! Je n’ai pas voulu le tuer des années plus tôt, c’est pas pour le faire maintenant ! Est-ce que Lumi réalise à quel point son petit jeu est dangereux ?! Dans le cinéma, ça passait, mais là… Et si les Lames de Sang se rendent compte de quelque chose ? Je ne sais plus si je suis furieux ou heureux. Il faut abréger ça au plus vite. Glenn non plus est pas à l’aise même s’il tente de faire bonne figure.
On finit par échouer dans une sorte de bar tapas où quelqu’un joue du piano en continu. Le genre d’endroit calme où, pour respecter le musicien, personne ne parle trop fort. Je soupire de soulagement. Au moins, Lumi a retenu la leçon par rapport à la dernière fois. Nous nous installons à une table à l’écart, dans une zone peu éclairée. Lumi commande à boire, insistant sur mon « allergie » à l’alcool. C’est bon, tout le bar doit être au courant.
Ce début de soirée se glisse sans mal dans le top des moments les plus gênants de ma vie. J’ai autant envie d’être là que de ne pas être là. Glenn ne sait pas ce qu’il fiche ici et Lumi fait comme si de rien n’était. Je le connais quand même assez pour remarquer qu’il se force. Il espère vraiment réussir à donner une ambiance décontractée à cette rencontre ? Avec Glenn et moi, jamais il n’y arrivera. Il se rend pas compte.
Une fois les boissons et quelques snacks parvenus à table, le portable de Lumi sonne. Il s’excuse et s’éloigne pour répondre dans un endroit plus approprié. On reste comme deux cons avec Glenn dans un silence pesant. Pour se donner contenance, on a le même réflexe idiot de se jeter sur la nourriture. La situation serait pas aussi désespérante, ça me ferait rire. C’est tellement ubuesque.
Lumi revient, le visage sombre. Sans même se rasseoir, il termine cul sec son verre.
— Une urgence à régler, je dois donc vous fausser compagnie. Profitez au moins de votre repas, c’est pour moi. Navré de vous abandonner ainsi.
Lumi se penche vers moi, pose sa main sur ma nuque et colle son front contre le mien. Son regard accroche le mien et j’y lis que tout était prévu depuis le départ. Il y a tant de douceur dans son expression que je n’arrive pas à m'énerver. Il ne pense qu’à moi. Maladroitement, en mettant Glenn en danger mais… il suinte de bonnes intentions. Je le laisse filer sans songer à en profiter pour m’éclipser.
Je croyais qu’on allait de nouveau se retrouver comme deux cons avec Glenn, mais non. Il me fixe, étonné et oubliant toute forme de politesse. Je fronce les sourcils, mal à l’aise. Il se reprend :
— Je euh… Désolé. Je ne voulais pas me montrer désagréable mais j’ai été… surpris.
— Par quoi ?
Mon ton est un peu plus agressif que prévu, mais je bous à l’idée qu’il m’ait reconnu.
— R-Rien de grave. Je… je côtoie monsieur Asuka depuis des années, ce n’est pas la première fois que je le vois en… bonne compagnie mais c’est la première fois que je le vois si… doux.
Ah. Euh… Ok. Je ne m’attendais pas à celle-là, mais au moins, ça me rassure. En même temps, c’est normal de ne pas ressembler à l’une de ses conquêtes habituelles. Je ne sais pas trop quoi répondre. Cet échange était bizarre, mais la tension s’est relâchée ensuite.
— Il est comment… au travail ?
Je n’ai aucune envie de laisser le silence retomber, mais je peux difficilement parler de notre passé commun. Lumi me semble le sujet le plus facile à aborder et je suis vraiment intrigué. C’est une chose de le voir par moi-même, accroché à l’extérieur de la tour quand j’attends qu’il se libère. Je suis curieux d’avoir le retour de personnes qui le connaissent différemment de moi. Glenn parait un instant suspicieux. Il a peur que ça soit un moyen de vérifier son allégeance ?
— Je suis juste curieux. Et si vous craignez que je rapporte vos paroles… S’il y a bien un truc que Lumi a abandonné depuis des années, c’est de me faire parler.
Je garde mon expression neutre mais, pourtant, je me sens plus à l’aise que d’habitude. Suffit de compter le nombre de mots que j’utilise. Lumi serait là, il se foutrait de ma gueule. Glenn paraît un peu circonspect.
— Depuis des années ?
C’est connu que Lumi enchaîne et change vite. Je hausse les épaules.
— Je suis plus… un ami qu’autre chose. Et ne pas le voir trop souvent aide.
Glenn ne semble pas convaincu, mais il n’insiste pas plus. Il décide de me faire confiance. Il a toujours été comme ça, à ne pas assez se méfier des autres.
— On apprend rapidement à ne pas se fier à son image publique et à redouter les moments où il sourit un peu trop, c’est rarement bon signe pour nous. Il est néanmoins efficace, très travailleur et a vraiment à cœur les intérêts de la ville. Il exige simplement de nous autant que ce qu’il donne à Néo-Knossos. Même s’il oublie parfois de mettre les formes. Il passe pour un tyran auprès de certains Intendants, mais je préfère un despote à une famine.
Je hoche la tête. Le côté tyran je ne connais pas, mais cela ne me surprend pas plus que cela. Je picore dans les assiettes. C’est plutôt bien, c’est exactement le genre de choses que j’aime. Même pour la boisson, Lumi a pensé à commander un cocktail où le goût du sang est masqué.
— Comment est-il en privé ?
Je continue de me focaliser sur la nourriture. Je ne peux pas ne rien dire après qu’il a fait un effort, mais j’imagine mal expliquer qu’il me confond avec un édredon sans ruiner la réputation de Lumi. Je balance donc la première idée qui me passe par la tête.
— J’aime bien son curry.
Glenn me regarde comme si j’étais à moitié fou. Je reste imperturbable en buvant. Bon. Ce n’était sûrement pas la meilleure réponse au monde, mais on ne se refait pas. Il finit par laisser échapper un petit rire.
La soirée continue, paisible. On ne parle pas beaucoup, mais cela me suffit. La nourriture est excellente, la musique pas trop forte et ces quelques mots échangés avec Glenn… C’est inespéré pour moi. La fin du repas arrive sans même que je m’en rende compte. On se retrouve comme deux idiots à l’extérieur du bar, sans trop savoir quoi faire. C’est le moment de se séparer.
Lorsque Glenn s’apprête à monter dans son taxi, je ne peux pas m’empêcher de l’attraper par le bras pour le retenir et plonger mon regard dans le sien. La bouche entrouverte, je cherche un instant mes mots, avant de me lancer.
— Merci. Merci pour tout.
Ok, je dois paraître fou, mais je m’en cogne là. J’ai enfin pu dire ce qui me pèse depuis des années. Dans les yeux de Glenn, je vois d’abord de la surprise et puis une réalisation violente. Merde. Je crois qu’il a compris. Sans attendre de réponse, je le lâche et m’éloigne à pas rapides. Dès que je trouve un endroit suffisamment isolé et caché, j’aspire de la mistergie pour m’enfuir le plus vite possible.
~0~
Quand je rentre à l’appartement, Lumi est là à m’attendre avec une tisane, les yeux fixés sur son téléphone. Une urgence à régler, hein ? Il m’adresse un large sourire lorsque je pénètre à l’intérieur par la fenêtre et me demande simplement :
— Alors ?
Je ne sais pas si j’ai envie de l’étrangler ou de le remercier. Je pense que ça dépendra de si on retrouve Glenn assassiné par les Lames de Sang d’ici quelques jours. Je m’installe à côté de lui, termine d’une traite sa tisane tandis qu’il me purifie. Il me fixe, avec le même genre de sourire qu’il arbore quand il repère un homme qu’il juge mignon. Il ne me lâchera pas.
— On a dit beaucoup de mal de toi.
— Pardon ?! Je prépare le terrain depuis des mois et c’est tout ce que vous trouvez à faire ? Attends… Qu’est-ce qu’il a dit sur moi ?
Je souris légèrement.
— Je savais que j’aurais dû installer une caméra et que je ne pouvais rien espérer de toi pour un compte rendu détaillé.
Lumi continue de râler et de tenter de me tirer les vers du nez, mais je reste stoïque. Je me contente d’attraper mes lunettes et mon livre sur la table et je montre ostensiblement à Lumi que je ne raconterai rien. Il s’acharne quand même. Normal.
— Bon. Je suppose qu’au moins, la soirée s’est bien passée. Vu comment, enfants, votre famille a forcé les choses pour les fiançailles, vous deviez vraiment bien vous entendre.
Je me fige. Je relève les yeux de ma page et me tourne vers Lumi sans comprendre.
— Pardon ? Notre famille a forcé les choses ?
Lumi paraît un peu perdu devant ma réaction mais il développe tout de même.
— Cela avait mis mes parents mal à l’aise de devoir autoriser des fiançailles aussi jeunes. Mais puisque ces Intendants étaient efficaces, ils avaient eu peur des conséquences en cas de refus. D’après le rapport, tu étais l’enfant de leurs meilleurs amis, ils ont donc cédé à cause de cela.
Je sens mon sang se figer dans mes veines. Qu’est-ce que c’est que ce putain de charabia ?
— D’après Nathan et Laurine, les fiançailles étaient un ordre de la famille Asuka et ils ne pouvaient pas désobéir. Ils ne me connaissaient pas avant ça. Laurine avait fini par croire que j’étais un bâtard Asuka dont vous vouliez vous débarrasser.
Lumi me fixe. Il ne s’attendait pas à ça.
— Il y a parfois des bâtards, oui, mais ce n’est pas ainsi qu’on s’en occupe…
Un silence plane tandis que, petit à petit, on se rend compte de l’incompréhension qu’on se traîne depuis des années et, surtout, du mystère que cela soulève.
— Si les fiançailles n’ont ni été exigées par ce Nathan, ni imposées par ma famille et que personne ne te connaissait…
D’où est-ce que je viens ? Lumi me fixe, comme s’il espérait une réponse de ma part. J’en sens rien putain. J’en sais tellement rien.
→ "C’est tellement ubuesque." Ça m'a fait bizarre que t'utilises l'adjectif ubuesque, qui vient de notre terminologie littéraire du XIXe et XXe siècles, même si ton monde est une prolongation du nôtre.
→ Je suis contente qu'Ombre ait pu remercier Glenn, et en même temps ça me préoccupe. C'est sûr qu'il a compris. C'est sûr qu'il gardera le secret et qu'il comprend l'importance, mais il faut que rien ne le trahisse.
→ C'est étrange, cette sensation qu'on a un triangle amoureux, alors que pourtant 1) Glenn et Lumi vont chacun se marier, 2) Ombre n'est intéressé par personne sentimentalement. Je continue de shipper Lumi et Ombre, ceci dit, je précise.
→ Génial, ce malentendu soulevé de : hein mais t'es sûr mais je pensais que, et la question de qui connaît la vérité sur l'identité d'Ombre et tire les ficelles.
→ Il y a quelque chose dans la structure globale du roman qui mériterait d'être tiré autour de cette question de l'identité d'Ombre, mais c'est très difficile à faire tout en préservant le reste ; ou plutôt, je ne sais pas comment le faire, puisque, comme tu le sais, j'ai les mêmes soucis autour des structures d'enquête. Mais en tout cas, je sens que t'es pas loin, que ce serait quelques ajustements.
→ Je suis catastrophique avec les visages, donc personnellement ça ne me choque pas que Glenn ne reconnaisse pas Ombre avec les années, la transition, et le changement de gestuelle, carrure et port à cause de l'entraînement par les Lames de Sang.
Ho oui ! La rencontre tant attendue ! Bon tu te doutes de la question que je vais poser non ? Je la pose quand même... Même si Ariane est devenu Ombre et qu'elle est devenue il... Quand même, Glenn ne le reconnait pas du tout pendant tout ce temps? Il y a dû avoir transformation physique de Ariane en Ombre (mais tu le dis jamais à quel point), mais même avec ça, ils ont passé telllllleeeeement de temps ensemble, ils étaient même fiancés. Ai-je loupé quelque chose?
A part ça, j'ai pris beaucoup de plaisir à les revoir ensemble ! enfin ! Aaha ! Et la révélation finale ouvre une nouvelle porte de mystères ! Super.
Au plaisir de lire la suite.
Ils ont passé beaucoup de temps ensemble, mais seulement pendant un an, entre 10 et 11 d'Ariane. Personnellement, les personnes que j'ai reconnu à cet âge, je les reconnais déjà pas forcément à l'âge adulte (mais je suis pas douée avec les visages, j'admets) et surtout, il y a eu une transition entre les deux, notamment hormonale, et mine de rien, ça change peut pas mal changer une personne, surtout quand la dernière fois que tu as vu cette personne, c'était il y a plus de 15 ans.
Donc non, a priori tu n'as rien loupé, je suis juste partie du principe que Glenn était aussi pas douée que moi. Je suis sûre perso qu'entre le passage enfant/adulte et la transition, je suis certaine que je reconnaitrais pas les gens ^^" (J'ai un ami en particulier, quand tu regardes le avant/après, tu as du mal à croire que c'est la même personne ^^" C'est pas toujours aussi flagrant, clairement, mais parfois c'est assez bluffant).
Et pour la fin, encore des mystères ='D Promis, yaura des réponses à un moment ^^
Merci pour ton commentaire et ta lecture =D