Chapitre 5

Notes de l’auteur : en cours d'écriture :)

Je suis arrivée au centre de Lyon en fin d’après-midi, le cœur légèrement serré par l’appréhension. L’hôtel choisi par la société pour le séminaire de Noël est un magnifique établissement cinq étoiles situé dans le centre-ville, avec une vue imprenable sur le Rhône. La façade de l’hôtel est illuminée par des projecteurs dorés, et des guirlandes lumineuses serpentent élégamment autour des colonnes de l’entrée. Dès que je pousse les grandes portes vitrées, je suis accueillie par un portier souriant, suivi d’un concierge qui me guide vers la réception. Le hall, immense et décoré pour les fêtes, brille sous un lustre monumental qui semble fait de milliers de cristaux scintillants.

 

Après m’être enregistrée et avoir reçu la clé de ma chambre, je monte rapidement déposer mes affaires. Ma chambre, au sixième étage, est un véritable cocon de luxe : un lit king-size avec des draps immaculés, des coussins en velours rouge, et une baie vitrée qui offre une vue splendide sur la ville illuminée. Une assiette de macarons aux couleurs festives m’attend sur la table basse, accompagnée d’une carte signée de Richard, mon boss : « Clara, merci pour ton implication. Tu vas briller ce soir. »

 

Je souris. Ces quelques mots suffisent à calmer légèrement mes nerfs. Je n’ai pas le droit à l’erreur : ce soir, je vais présenter nos collections de Noël devant une assemblée d’actionnaires, de partenaires et de quelques influenceurs invités pour l’occasion.

Je me prépare avec soin. Le dress code est clair : tenue élégante et une touche de paillette. J’opte pour une robe midi en soie noire, sobre mais parfaitement coupée, avec un décolleté en V discret et des manches longues légèrement bouffantes. Je complète le tout avec des escarpins dorés pailletés Jimmy Choo que j’adore et une paire de boucles d’oreilles grand créoles dorées.

Devant le miroir, je prends une grande inspiration. Mon maquillage est léger, mais lumineux, avec un rouge à lèvres rouge et de l’eyeliner qui me donne un air plus confiant et glamour. D’ailleurs il faudra que je fasse attention à ne pas en avoir sur les dents pendant que je parle. Rien de pire : un grand sourire avec du rouge à lèvres sur les dents !

 

Lorsque je descends au salon où se tient l’événement, il est 19h30. La réception débute à 20h, mais déjà, quelques invités commencent à arriver. Une grande arche de Noël, faite de branches de sapin et de décorations dorées, encadre l’entrée de la salle. À l’intérieur, l’atmosphère est festive, mais raffinée. De hauts sapins décorés bordent les murs, tandis que des tables rondes sont disposées avec des nappes blanches, des centres de table composés de bougies et de fleurs d’hiver, et des menus calligraphiés à la main.

 

Richard m’accueille dès mon arrivée dans la salle principale. Il est impeccable dans son costume bleu nuit, une cravate aux motifs discrets nouée avec soin. Il m’adresse un sourire chaleureux.

 

— Clara ! Tu es parfaite. La scène est prête, et tout le monde a hâte de découvrir les collections.

 

Je hoche la tête, tentant de masquer ma nervosité.

 

— Merci, Richard. J’espère que tout se passera bien.

 

— J’en suis certain, répond-il avec assurance. Après ta présentation, je te présenterai quelqu’un.

 

Je ne pose pas de questions, trop concentrée sur ce qui m’attend.

 

À 21h précises, après un dîner raffiné en trois services, Richard monte sur scène pour introduire la présentation. Il remercie les invités d’être venus, fait un petit récapitulatif de l’année écoulée, puis m’appelle.

 

Je monte sur scène sous un léger tonnerre d’applaudissements. Les lumières sont chaudes, mais elles m’aveuglent légèrement. Je respire profondément avant de commencer.

 

— Bonsoir à toutes et à tous, et merci pour votre présence ce soir. Je suis ravie de vous présenter nos nouvelles collections de Noël, conçues pour capturer toute la magie et l’émerveillement de cette période si spéciale.

 

Ma voix, d’abord un peu hésitante, gagne en assurance à mesure que je déroule ma présentation. J’oublie que je suis sur scène et je me laisse transporter par ce que je maitrise. Mon discours est imprimé dans ma tête, les mots me reviennent par magie au fur et à mesure que la présentation avance.

Les images des produits défilent sur l’écran géant derrière moi : des jouets innovants et colorés, des coffrets cadeaux soigneusement pensés, et des éditions limitées qui respirent l’élégance et la joie. J’explique les concepts, les inspirations, les choix de design. Je parle des défis que nous avons relevés pour produire des articles aussi qualitatifs qu’écoresponsables.

 

À la fin de ma présentation, les applaudissements fusent, et je sens un mélange d’euphorie et de soulagement. Je redescends de scène, le cœur léger, tandis que Richard me fait un clin d’œil de loin.

 

Pendant le cocktail qui suit, je me tiens près d’une table haute, un verre de champagne à la main. Richard s’approche, accompagné d’un homme que je n’ai jamais vu.

 

— Clara, je te présente Samuel, dit Richard. C’est mon filleul, mais aussi l’un des actionnaires principaux de CREAFUN.

 

Samuel tend la main avec un sourire. Je suis frappée par son allure : la quarantaine, les cheveux bruns coiffés avec simplicité, une barbe de quelques jours qui souligne ses traits élégants. Ses yeux bleus, perçants mais chaleureux, me scrutent avec une intensité déconcertante. Il est vêtu d’un costume gris anthracite parfaitement taillé, sans cravate, ce qui lui donne un air à la fois sophistiqué et décontracté.

 

— Enchanté, Samuel, dis-je en serrant sa main avec une fausse confiance. Je me félicite intérieurement de mon jeu d’actrice.

 

— Le plaisir est pour moi, répond-il d’une voix posée. Votre présentation était remarquable. Vous avez un réel talent pour captiver une audience.

 

Je rougis légèrement, prise au dépourvu par son compliment direct.

 

— Merci, c’est gentil. J’étais juste bien préparée.

 

Richard s’éclipse discrètement, nous laissant seuls ce qui me déstabilise légèrement. Nous parlons un moment, d’abord de la présentation, puis de l’entreprise. Je découvre rapidement que Samuel est bien plus qu’un simple actionnaire. Il a un esprit vif, une vision claire des enjeux créatifs et stratégiques.

 

— J’ai toujours été fasciné par les gens qui réussissent à marier créativité et pragmatisme, dit-il. Vous semblez avoir trouvé cet équilibre.

 

— C’est un défi constant, admis-je. Mais j’aime ce que je fais, et je crois que ça se ressent.

 

Il sourit, et je remarque une lueur dans ses yeux qui trahit une certaine profondeur. C’est un homme ambitieux, clairement, mais pas au point d’en être arrogant. Il semble calculé, mesuré, comme si chaque mot qu’il prononce avait un but précis.

 

Astrologiquement, je me dis qu’il pourrait avoir un ascendant Scorpion. Il dégage ce magnétisme propre à ce signe : une aura de mystère, mêlée à une détermination presque palpable. J’hésite à lui demander sa date, lieu et heure de naissance mais au lieu de me trouver pragmatique , il va juste me trouver folle alliée !

 

 

Au cours de la soirée, nos chemins se croisent plusieurs fois. À chaque échange, la conversation s’approfondit.

 

À un moment, nous parlons d’art.

 

— J’aime les œuvres qui provoquent quelque chose, me confie-t-il. Peu importe que ce soit de l’admiration ou du malaise, tant que ça résonne en nous.

 

— Je ressens la même chose, dis-je. L’art doit raconter une histoire, ou au moins poser une question.

 

Il acquiesce, et je sens que nous partageons une sensibilité commune.

 

Plus tard, alors que je me tiens près d’un sapin décoré, admirant les lumières, il s’approche à nouveau.

 

— Vous aimez Noël, n’est-ce pas ?

 

Je ris doucement.

 

— Ça se voit tant que ça ?

 

— Oui. Vous avez les yeux qui brillent quand vous en parlez.

 

Je baisse les yeux, un peu gênée. Il reprend, doucement :

 

— C’est rare de rencontrer quelqu’un d’aussi passionné. Ça fait du bien.

Une boule rouge en verre est tombée par terre. Je me baisse donc en même temps que Samuel pour la ramasser et double contact : on se tape la tête en même temps qu’on se prend la main !

-Aie , je crie doucement en mélangeant un rire un peu hystérique par la situation totalement confuse.

-Vous allez bien ? Me demande Samuel ? Ce n’est pas le coup de foudre mais le coup de tête !

Je rigole à gorge déployée de mon rire bien caractéristique que tout le monde entend du bout du couloir.

-Oh bien votre rire est communicatif, c’est le moins qu’on puisse dire ! souris Samuel

-Je m’excuse ; mais je riais de la situation et en plus une petite tirade loufoque, mais là vous me perdez !

-Je pense qu’on peut se tutoyer Clara ; maintenant qu’il y a eu contact et fou rire entre nous, je pense que ce n’est pas gênant. Et surtout, on va être amené à travailler ensemble.

 

Alors que la soirée avance, je ne peux m’empêcher de penser que cette rencontre n’est pas anodine. Il y a quelque chose d’inexplicable, une sorte d’alchimie qui semble nous pousser l’un vers l’autre. Je ne sais pas si c’est le champagne, l’ambiance magique de Noël, ou simplement Samuel lui-même, mais je sens que ce moment marquera un tournant dans ma vie.

 

Lorsque je quitte la salle à la fin de la soirée, il est presque minuit. Je jette un dernier regard vers Samuel, qui discute avec Richard près du buffet. Comme s’il sentait mon regard, il tourne la tête et me sourit. Je me dis que c’est une synchronicité… et comme dirait un ami photographe : c’est l’occurrence de deux choses qui ont du sens pour celui qui les voit. Et on se voit avec Samuel .

Ce sourire reste gravé dans mon esprit, longtemps après avoir regagné ma chambre. J’ai l’air vraiment sortie d’un épisode de Candy au pays des bisounours tellement que mon air est niais quand je me regarde dans le miroir de la salle de bain. Mais c’est une sensation qui fait tellement de bien et qui ne fait de mal à personne !

Je me démaquille lentement devant le miroir, le visage encore illuminé par l’excitation de la soirée. Samuel occupe mes pensées, malgré moi. Ce n’est pas seulement son regard perçant ou son sourire qui me reviennent en tête, mais aussi la profondeur de nos échanges, cette connexion presque inexplicable qui s’est tissée entre nous.

 

Je me glisse dans le lit, tirant la couette jusqu’à mes épaules. L’hôtel est parfaitement silencieux, et seules les lumières de la ville filtrent à travers les rideaux légèrement tirés. Mes yeux se ferment, et je sombre rapidement dans un sommeil agité, peuplé d’images floues et d’émotions intenses.

 

Dans le rêve, je suis de retour dans la salle de réception, mais tout est différent. Les lumières sont tamisées, presque éteintes, et la pièce est baignée dans une lumière dorée qui semble vibrer doucement. La musique de fond a disparu, remplacée par un silence palpable, comme si l’univers entier retenait son souffle. J’ai l’impression d’être dans une copie du rêve de Daphné Bridgerton quand elle pense au Duc. Je me dis au’il est temps d’arrêter un peu Netflix.

 

Je me tiens près d’un grand sapin décoré, semblable à celui de la soirée, mais les guirlandes scintillent d’une manière irréelle, presque vivante. Samuel apparaît alors, sortant de l’ombre. Il est vêtu d’une chemise blanche ouverte au col et d’un pantalon noir, simple mais élégant. Ses cheveux bruns sont légèrement ébouriffés, et ses yeux, d’un bleu intense, brillent comme deux flammes.

 

Il s’approche lentement, avec une assurance tranquille, ses pas résonnant sur le parquet comme un écho dans mon esprit. Lorsqu’il arrive à ma hauteur, il tend la main sans un mot. Je la prends, sans hésiter, et une chaleur inattendue envahit mon corps.

 

— Clara, murmure-t-il enfin, sa voix basse et envoûtante.

 

Il ne dit rien d’autre, mais son regard suffit. Ses yeux plongent dans les miens, et je ressens une étrange sensation, comme si le monde autour de nous s’effaçait peu à peu.

 

D’un geste doux mais ferme, il m’attire à lui. Sa main effleure ma joue, puis glisse le long de mon cou, laissant une traînée de chaleur électrique sur son passage. Mon souffle s’accélère, et je sens mon cœur battre violemment dans ma poitrine.

 

Samuel se penche légèrement, son visage tout près du mien. Ses lèvres touchent à peine les miennes, un baiser si léger qu’il en devient presque douloureux, un mélange d’attente et de désir. Puis, il m’enlace, et je sens la force de ses bras autour de moi, la chaleur de son corps contre le mien.

 

Les guirlandes du sapin semblent danser autour de nous, projetant des éclats de lumière sur nos visages. Je ferme les yeux, me laissant totalement emporter par ce moment suspendu, irréel. Sa main glisse doucement dans mon dos, traçant une ligne invisible qui m’enflamme.

 

Je murmure quelque chose, mais rien ne vient. Lui aussi reste silencieux, comme si le langage était inutile entre nous. Tout est dit dans les gestes, les regards, les frissons qui parcourent mon corps.

 

Puis, soudain, le décor change. Nous sommes dehors, sous un ciel étoilé. La nuit est douce, et une brise légère caresse ma peau. Samuel me tient toujours, mais cette fois, il me regarde avec une intensité presque surnaturelle.

 

— Clara, souffle-t-il, tu es différente.

 

Je n’ai pas le temps de répondre. Il m’embrasse à nouveau, cette fois avec une passion qui me coupe le souffle. Tout autour de nous disparaît, et il ne reste plus que lui, moi, et cette sensation d’éternité.

 

Je me réveille en sursaut, le cœur battant à tout rompre, la respiration haletante. La chambre est calme, baignée dans la lumière froide de l’aube. Je mets quelques secondes à reprendre mes esprits, mon esprit encore englué dans les sensations du rêve.

 

Je me redresse, repoussant légèrement la couette. Mes joues sont brûlantes, et mon corps tout entier est encore imprégné de l’intensité de ce que j’ai ressenti.

 

— Qu’est-ce qui m’arrive ? murmuré-je à voix basse, presque honteuse.

 

Je secoue la tête, tentant de chasser ces images de Samuel. Ce n’était qu’un rêve, mais il semblait si réel. Je peux encore sentir la chaleur de sa main, la douceur de ses lèvres, et l’intensité de son regard.

 

Je passe une main sur mon front, essayant de calmer le tourbillon d’émotions en moi. Je ne suis pas le genre de personne à me laisser troubler ainsi, encore moins par quelqu’un que je viens à peine de rencontrer.

 

Pourtant, il y a quelque chose d’irréfutable, une impression que ce rêve n’est pas anodin. Comme si mon inconscient tentait de me dire quelque chose.

 

Je reste assise un moment, perdue dans mes pensées, avant de me lever pour me préparer à une nouvelle journée. Mais, au fond de moi, je sais que cette nuit, et ce rêve, resteront gravés dans ma mémoire. Samuel a laissé une empreinte, et je ne peux m’empêcher de me demander si, quelque part, il a ressenti la même chose.

Thank God It’s Friday et après une journée plus légère, je vais me concentrer sur des activités avec les enfants ce week-end. Et surtout, ne penser à rien d’autre.

 

Soir Marc qui rale car elle va être au comex et il n’a pas le temps pouzr gérer les enfants. Mot dans le carnet de lucas car il a écrit la blague de la fesse droite et de la fesse gauche.

 

 

Je rentre chez moi en début de soirée, encore imprégnée des émotions du séminaire. L’appartement est calme, mais mon esprit, lui, est en ébullition. La rencontre avec Samuel me bouleverse plus que je ne l’aurais imaginé. Ce regard, cette intensité, cette alchimie… C’est comme si quelque chose s’était réveillé en moi. Mais je n’ai pas le temps de m’appesantir sur mes pensées : les enfants accourent dès que je franchis la porte.

 

— Maman ! Tu es rentrée !

 

Je les serre dans mes bras, heureuse de retrouver leur énergie débordante. Leur rire me ramène à la réalité, à ma vie, à ce qui compte vraiment.

 

Après le dîner, je décide de regarder ce que nous pourrions faire ensemble ce week-end. En parcourant les activités locales sur mon téléphone, une annonce attire mon attention : une expérience au Musée d’Art Contemporain de Lyon, spécialement conçue pour les enfants de 4 à 12 ans. Créafun est partenaire, et l’entrée est gratuite pour nous.

 

Il reste exactement deux places disponibles. Sans hésiter, je les réserve et annonce la nouvelle aux enfants.

 

— On va au musée demain après-midi ! C’est une activité d’art contemporain pour les enfants.

 

— Trop bien ! s’écrie mon fils, les yeux brillants d’excitation.

 

— On va faire de la peinture ? demande ma fille.

 

— Je ne sais pas exactement, mais ça a l’air très amusant, réponds-je en souriant.

 

Ils sautillent de joie, et je me sens déjà apaisée. Passer du temps avec eux, me concentrer sur leur bonheur, est exactement ce dont j’ai besoin.

 

Le lendemain, nous arrivons devant le Musée d’Art Contemporain. L’architecture moderne du bâtiment se dresse fièrement, tout en lignes épurées et larges baies vitrées qui laissent entrevoir des œuvres intrigantes à l’intérieur. Les enfants sont enthousiastes, et leur énergie me fait sourire.

 

À l’accueil, je donne notre nom et récupère nos badges. La réceptionniste nous indique l’atelier, qui se trouve dans une salle lumineuse à l’étage. Des tables sont disposées en demi-cercle, couvertes de pinceaux, de pots de peinture, et de grandes feuilles blanches. Une animatrice nous accueille avec un grand sourire, tandis que les enfants commencent à s’installer.

 

Je reste en retrait, contente de les voir s’amuser. Mais soudain, je le vois. Samuel.

 

Il est là, près de l’entrée, vêtu d’une chemise blanche légèrement déboutonnée et d’un pantalon beige. Il semble parfaitement à l’aise, discutant avec un homme en costume. Mon cœur rate un battement. Qu’est-ce qu’il fait ici ?

 

Puis, je me rappelle que Samuel est mécène du musée. Bien sûr, c’est logique qu’il soit là. Mais je ne m’attendais pas à le revoir si tôt, et encore moins dans ce contexte. Surtout aue j’ai choisi une activité avec les enfants pour tenter d’oublier ses effets sur moi.

 

Je me sens envahie par un mélange d’excitation et d’appréhension. Dois-je aller le saluer ? Dois-je faire comme si je ne l’avais pas vu ? Mais avant que je puisse prendre une décision, il tourne la tête et nos regards se croisent.

 

Il me sourit, ce sourire qui me trouble tant, et s’approche calmement.

 

— Clara, dit-il doucement, quelle surprise.

 

— Samuel, répondis-je, un peu nerveuse. Oui, c’est… inattendu.

 

Il jette un coup d’œil vers les enfants qui s’installent à leur table.

 

— Ce sont tes enfants ?

 

— Oui, dis-je en souriant. Ils avaient hâte de participer à l’atelier.

 

Il se penche légèrement vers eux, leur adressant un sourire chaleureux.

 

— Bonjour, je m’appelle Samuel. Et vous ?

 

Les enfants, un peu impressionnés, se présentent rapidement. Samuel échange quelques mots avec eux, sa voix douce et rassurante. Je suis étonnée de voir à quel point il semble naturel avec eux.

 

L’animatrice donne le signal de départ. Les enfants plongent immédiatement leurs pinceaux dans les pots de peinture, créant des éclaboussures colorées sur leurs feuilles. Je les observe avec un sourire, mais je sens toujours la présence de Samuel, tout près.

 

— Tu devrais essayer, dit-il soudain, me tirant de mes pensées.

 

— Essayer quoi ?

 

— Participer à l’atelier.

 

— Oh, non… C’est pour les enfants.

 

— L’art n’a pas d’âge, réplique-t-il avec un sourire malicieux. Viens, on y va ensemble.

 

Avant que je ne puisse protester, il attrape deux tabourets et s’installe à une table voisine, m’invitant à le rejoindre. Je finis par céder, plus amusée qu’agacée par son insistance.

 

Nous nous asseyons côte à côte, face à une grande feuille blanche. Samuel attrape un pinceau et commence à tracer des lignes abstraites, mélangeant les couleurs avec aisance.

 

— Tu as l’air vraiment expert en la matière, dis-je en le regardant.

 

— Pas du tout, répond-il en riant. C’est ce qui est merveilleux avec l’art contemporain : il n’y a pas de règles.

 

Je prends un pinceau à mon tour, hésitante. Peu à peu, je me laisse emporter par l’activité, mélangeant les couleurs, expérimentant des formes. À côté de moi, Samuel est concentré, mais il jette de temps à autre des regards complices dans ma direction.

 

À un moment donné, il pose son pinceau et se penche vers moi.

 

— Tu devrais essayer comme ça dit-il, montrant une technique où il utilise une éponge pour estomper les couleurs.

 

Avant que je ne puisse réagir, il prend doucement ma main pour me montrer comment faire.

 

— Comme ça, murmure-t-il, guidant mes gestes avec une douceur déconcertante.

 

Sa main est chaude, ferme mais délicate. Mon cœur s’accélère. Je tente de me concentrer sur la peinture, mais tout ce que je ressens, c’est sa proximité, son souffle léger près de moi.

 

— Tu vois ? continue-t-il. Ça crée un effet de profondeur.

 

— Oui… c’est très joli, dis-je, ma voix un peu tremblante.

 

Il relâche ma main, mais le trouble persiste. Je détourne le regard, espérant qu’il ne remarque pas mon agitation mais je suis très fortement agitée à l’intérieur.

 

Les enfants terminent leurs œuvres avec fierté, et l’animatrice les rassemble pour une petite exposition improvisée. Les parents et les mécènes présents sont invités à admirer leurs créations.

 

Samuel se tient à mes côtés, observant les dessins avec attention.

 

— Ils ont du talent, dit-il en regardant les œuvres des enfants.

 

— Ils se sont bien amusés, dis-je avec un sourire.

 

Il me regarde alors, et je sens à nouveau cette intensité dans ses yeux.

 

— Et toi Clara ? Tu t’es bien amusée ?

 

Je ris doucement.

 

— Oui, beaucoup. Merci de m’avoir encouragée à participer.

 

Il me sourit, et pendant un instant, le temps semble suspendu.

 

Alors que l’atelier se termine et que les familles commencent à partir, Samuel s’approche une dernière fois.

 

— Clara, c’était un plaisir de te revoir, dit-il, sa voix empreinte d’une sincérité désarmante.

 

— Moi aussi, Samuel, réponds-je doucement.

 

Il salue les enfants avec un sourire avant de se tourner à nouveau vers moi.

 

— Peut-être que nos chemins se recroiseront, murmure-t-il avant de s’éloigner. Oh mais je suis bête, on se voit lundi pour le Comex !

-Lundi ? Tu seras présent ?

-Oui, Je viens de rentrer de Londres. C’est une nouvelle phase pour moi. Donc je serai là.

 

Je le regarde partir, le cœur étrangement léger et lourd à la fois par la bombe qu’il vient de me projeter. Ce week-end, qui devait être une simple parenthèse dédiée aux enfants, s’est transformé en quelque chose de bien plus profond.

 

Je prends la main de mes enfants et quitte le musée, encore troublée par cette rencontre. Une chose est certaine : Samuel n’est pas qu’une rencontre fortuite. Il est une présence qui marque, qui bouscule.

 

 

Je ne sais pas trop quoi en penser .. je ressens cette tension qui est palpable. Les conversations sont profondes, les silences lourds de sous-entendus. Chaque geste de Samuel semble être un défi silencieux à ma résistance. Je sens mon cœur battre plus fort quand nos mains se frôlent accidentellement – enfin peut être que ce n’est pas si accidentel que cela…- et pourtant je recule, de honte ou juste pour contenir l’étincelle qui grandit en moi.

 

Le reste du weekend, je réfléchis à me justifier cette attirance- qui n’est pas simplement physique. Samuel réveille en moi quelque chose de plus profond, quelque chose que Marc n’a pas su nourrir depuis des années : une soif d’aventure, d’être vue et comprise pleinement. Je sais que céder à cette connexion irait à l’encontre de tout ce qu’elle s’était promis après la séance chez l’astrologue. Je me sens déjà coupable de penser à ce point à lui ! Mais en même temps, je me sens plus vivante que jamais !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Vous lisez