Toute cette situation lui paraissait absurde, irréelle même. Mais ce qui la troublait encore davantage, c'était le comportement du prince héritier, Lothar. Il avait ce charme naturel, cette politesse apparente qui, au premier abord, le rendait aimable, presque attirant. Pourtant, derrière ce masque courtois, se cachait un homme aussi venimeux qu'une vipère. Lothar semblait prendre un plaisir malsain à les voir, elle et Blake, émettre leurs objections. Son sourire, discret mais perceptible, révélait une satisfaction dérangeante chaque fois qu'ils tentaient de défendre leur cause. Il jouait avec eux comme un chat jouant avec une souris, savourant chaque instant de leur inconfort.
Quant à son fiancé, Blake, il ne lui inspirait guère plus de confiance. En dépit de son physique irréprochable — une chevelure aussi pure que la neige, des yeux gris acier qui semblaient pouvoir percer l'âme, un visage anguleux d'une beauté sévère, et une carrure imposante qui en ferait rêver plus d'une — son caractère lui hérissait le poil. Il était l'incarnation même de l'arrogance. Et il l'avait prouvé en la recadrant devant l'Empereur, comme une enfant qu'on remet à sa place.
Elle se souvenait encore de l'humiliation qui l'avait submergée à cet instant, le rouge lui montant aux joues. Et, pour quoi ? Pour qu'il se ridiculise lui-même quelques minutes plus tard, incapable de soutenir son point face à l'Empereur. Blake avait peut-être un physique enviable, mais il n'était guère mieux qu'elle lorsqu'il s'agissait d'affronter la couronne.
Le souvenir de cet échange la faisait encore bouillir de rage. Comment pouvait-elle être promise à un homme qui la traitait ainsi, un homme qui la regardait de haut, comme si elle n'était qu'une novice dans ce monde où tout se jouait dans les apparences et les faux-semblants ?
La brune fut brutalement arrachée à ses réflexions par la poigne ferme de Blake, qui la saisit d'un geste brusque, manquant de la faire trébucher. La surprise envahit ses traits pendant une fraction de seconde, mais elle fut rapidement éclipsée par une colère sourde qui fit briller ses yeux dorés d'un éclat perçant.
Sans un mot, elle se redressa, luttant contre son emprise, et se dégagea en le prenant par le poignet. Elle recula de quelques pas, mettant une distance prudente entre eux, son souffle court et son cœur battant la chamade.
— Je n'imaginais pas qu'un noble de votre envergure puisse se montrer aussi grossier et peu avenant, lui cracha-t-elle au visage, son mépris coulant dans chaque mot.
Sa voix, bien que basse, était chargée d'une tension, de celles qu'on utilise pour éviter de créer un scandale, mais qui brûlent néanmoins d'une intensité implacable. Elle ne prenait même plus la peine de dissimuler son ressentiment. Pour elle, il n'était plus question de faire preuve de courtoisie forcée. L'attitude de Blake venait de franchir une limite, et elle ne comptait pas se laisser traiter ainsi, même s'il était son fiancé.
Théa chercha désespérément le majordome du regard, espérant trouver en lui un allié silencieux. Mais Filip s'était éloigné bien plus qu'elle ne l'avait réalisé, les laissant seuls dans le vaste couloir, plongés dans une lumière tamisée. Il ne les attendait plus, et elle comprit qu'il leur laissait volontairement cet espace, les abandonnant à leur confrontation. Elle pesta intérieurement, contrariée par cette liberté involontaire. Le majordome avait été désigné comme leur chaperon jusqu'à la salle de bal, en l'absence de leurs pères restés en discussion avec l'Empereur. La dernière chose qu'elle souhaitait était de provoquer un scandale qui ternirait sa réputation, surtout pour une dispute qu'elle jugeait évitable.
Sans se soucier de la distance qui les séparait, elle accéléra le pas, bien décidée à rattraper Filip. Mais à sa grande surprise, Blake la suivit sans un mot d'excuse, son silence lourd de dédain. Il ne semblait pas accorder la moindre importance à ses paroles, comme s'il balayait son mécontentement d'un revers de main. La soirée promettait d'être longue et éprouvante.
— Ralentissez, ordonna-t-il d'une voix basse et impérieuse. Je dois vous parler, et j'aimerais autant que personne ne puisse entendre ce que j'ai à dire.
— Dans ce cas, retenez vos paroles et fermez-la, répliqua-t-elle sèchement, sa voix tranchante comme une lame.
Elle n'avait aucune intention de faire preuve de douceur avec lui. Son manque total de délicatesse méritait une réponse à la hauteur de son arrogance. Théa aussi était piégée dans ce mariage arrangé, mais Blake se comportait comme s'il était le seul à en souffrir, la traitant comme si elle était responsable de sa situation. Elle avait naïvement cru que, en tant que fils d'une famille aussi prestigieuse, il serait capable de trouver un terrain d'entente, de gérer la situation avec une certaine noblesse. Mais, elle s'était lourdement trompée. En cet instant, il lui apparaissait plus comme un enfant capricieux que comme un homme destiné à devenir un notable de l'Empire.
Blake n'en avait manifestement pas terminé. Après un soupir exaspéré, il accéléra pour marcher à son niveau, ses longues enjambées rattrapant facilement la distance qu'elle avait mise entre eux. Il n'était visiblement pas prêt à lâcher prise, et à mesure qu'ils avançaient, il semblait de plus en plus impatient d'aborder le sujet qui le rongeait.
— Pour une damoiselle si attachée à la bienséance et au respect, je vous trouve bien prompte à porter des jugements, lança-t-il d'un ton sec.
La remarque fit l'effet d'une gifle. Théa le foudroya du regard, ses yeux dorés brillant de colère et d'incrédulité. Comment osait-il parler de jugements hâtifs alors que son comportement à lui était l'exemple même d'une hypocrisie sans nom ?
— Il me semble pourtant que nous n'ayons rien à nous dire, rétorqua-t-elle, sa voix vibrante de mépris. Ne suis-je pas qu'une effrontée à vos yeux ? Qui de nous deux s'est précipité pour juger l'autre, Sieur Corbyn ?
Elle s'arrêta brusquement, se tournant complètement vers lui. Son cœur battait la chamade, non pas de peur, mais de rage. Elle avait cru que leur situation, aussi pénible soit-elle, les forcerait à collaborer, à se montrer au moins courtois l'un envers l'autre. Il n'en était rien.
— Nous sommes logés à la même enseigne, reprit-elle, plus calmement, mais avec une froide détermination. J'ai été assez naïve pour croire que vous seriez capable de comprendre cela, et de faire des efforts pour rendre cette situation supportable. Mais non, vous préférez vous comporter comme un enfant blessé, incapable de voir au-delà de son propre orgueil.
Anthéa savait que ses paroles étaient dures, presque cruelles. Elles trancheraient, c'était certain. Mais, elles reflétaient la violence de la situation qu'elle venait de vivre. Œil pour œil, dent pour dent. Sous ses airs de jeune aristocrate douce et distinguée, elle était avant tout une guerrière, élevée par l'un des plus grands stratèges et combattants de leur ère. Elle avait appris à ne jamais ployer sous les assauts, à ne jamais se laisser piétiner, même si cela devait lui coûter la vie. Si Blake ne s'était pas montré vindicatif et hautain à son encontre, elle aurait été son alliée la plus fidèle. Pourtant, il avait choisi une autre voie, et elle ne comptait pas rester passive.
Le blond la fixait avec une froide intensité. Ce regard, aussi perçant qu'une lame, aurait pu faire frissonner n'importe qui, mais Théa ne bougea pas d'un pouce. Elle le soutint, plantant ses yeux dorés dans les siens, défiant son silence glacial. Néanmoins, quelque chose dans l'expression de son fiancé éveilla en elle une sourde inquiétude. Elle ne le connaissait pas, pas vraiment. En vérité, elle ignorait presque tout de lui. Peut-être aurait-elle dû prêter plus d'attention aux rapports des moineaux que sa sœur avait reçus.
Blake, quant à lui, sembla s'impatienter face à son mutisme persistant. D'une voix basse, presque un murmure teinté de lassitude, il brisa finalement le silence.
— Ne voulez-vous pas, vous aussi, trouver une issue à cette mascarade grotesque ? Ne désirez-vous pas vous libérer de cette farce, de cette union forcée qui ne profite à personne ? Vous ne souhaitez tout de même pas sacrifier vos désirs, vos rêves, pour ce simulacre d'alliance politique.
Il marqua une pause, l'observant attentivement, pesant chaque mot avant de continuer.
— Croyez-vous réellement qu'un mariage arrangé avec un homme tel que moi soit votre seule option ? Vous êtes jeune, brillante, et je n'ai aucun doute qu'il ne vous faudra pas longtemps pour trouver un autre prétendant... Quelqu'un qui saura faire rosir vos joues sans problème.
Sa voix s'était faite douce, presque séductrice, mais il y avait une amertume sous-jacente dans son discours. Elle se figea, abasourdie. Ses yeux s'écarquillèrent lentement alors que les pièces du puzzle s'assemblaient enfin dans son esprit. Elle fit un pas en arrière, comme pour prendre de la distance, son regard balayant son fiancé de la tête aux pieds avec une lenteur calculée, puis remontant tout aussi méthodiquement. Elle n'en croyait pas ses oreilles. Était-ce vraiment ça ? Cette idée qui commençait à germer en elle était si absurde qu'elle eut presque envie d'en rire.
— Vous... Vous agissez ainsi à cause de votre ego blessé ? lâcha-t-elle, sa voix trahissant une pointe d'incrédulité. Tout cela, cette tension entre nous, cette hostilité... Ce n'est qu'une crise de possessivité mal placée parce qu'un homme a eu la galanterie de m'aider ?
Elle secoua la tête, presque incapable de comprendre qu'une telle raison puisse justifier son comportement. Le mépris qui accompagnait ses mots n'était pas calculé, mais sincère. La simple pensée que Blake puisse être si facilement piqué dans son orgueil pour une chose aussi futile la sidérait.
— Je pensais que vous étiez un homme de stature, un noble digne de son rang, mais ce que je vois là... C'est tout sauf de la noblesse. Vous m'humiliez devant la cour, et maintenant, vous me parlez d'un autre comme si j'étais une vulgaire possession à revendiquer ?
Elle s'avança de nouveau, cette fois avec détermination, ses yeux dorés brillants de colère et de défi.
— Vous voulez vraiment qu'on en arrive là ? À nous déchirer à cause d'une simple marque de courtoisie ? Vous êtes plus ridicule que je ne le pensais, Blake Corbyn.
Théa secoua la tête, ses boucles brunes s'échappant de son chignon avec une grâce involontaire. Toute cette situation lui paraissait de plus en plus surréaliste. Le danger imminent qui les entourait, la mission improbable qui leur était confiée... Et maintenant, cette conversation absurde. Il parlait de rupture, comme s'ils avaient la moindre liberté de décision dans cette affaire. Ils étaient des pions sur l'échiquier de l'Empire, et seule la volonté de l'Empereur pouvait trancher leur destin.
Après de longues secondes de silence tendu, elle constata l'expression incrédule de son fiancé, qui roulait des yeux en signe d'agacement. L'ironie de la situation la frappa alors comme un coup de fouet. Il semblait incapable de comprendre à quel point ses préoccupations étaient futiles comparées à l'ampleur de ce qu'ils avaient à accomplir.
Sans un mot de plus, la jeune femme tourna les talons, l'esprit embrumé par la frustration. Pendant qu'elle relevait la tête, elle aperçut le majordome de l'Empereur qui, sentant sans doute la tension entre eux, revenait sur ses pas pour les chercher. Elle accéléra le pas pour le rejoindre, se fendant d'une discrète inclinaison de tête en guise d'excuse pour leur retard.
L'air pince-sans-rire du vieil homme lui paraissait tragiquement approprié. Il incarnait, à cet instant précis, le reflet de la farce sinistre que semblait devenir sa vie. C'était comme si le monde entier conspirait à faire d'elle l'héroïne d'une tragédie dont elle ne maîtrisait plus les actes.
Le reste du chemin se fit dans un silence lourd, oppressant. Chaque pas résonnait comme un coup de marteau, renforçant l'impression que le poids de son destin s'alourdissait à chaque instant. La jeune mage s'efforçait de conserver une expression impassible, maîtrisant avec soin ses traits pour dissimuler le mélange de dégoût et d'agacement qu'elle ressentait envers son partenaire. Il était l'homme que l'Empereur avait choisi pour elle, et malgré tout ce qu'elle pensait, elle ne pouvait se permettre de laisser transparaître ses émotions en public.
Leur marche s'arrêta enfin devant d'imposantes portes en bois blanc, finement ouvragées de motifs dorés. Sur le haut des battants, le symbole de Solaris trônait fièrement, témoin d'une époque où la politique et la religion ne faisaient qu'un. Ce symbole était plus qu'un simple ornement, il rappelait à chaque citoyen de l'Empire que leur existence était soumise au regard de leur dieu, et que la dévotion n'était pas une option, mais une obligation.
Machinalement, Anthéa baissa la tête, puis, avec une fluidité bien rodée, porta trois doigts à son front puis à ses lèvres, un geste de dévotion appris depuis l'enfance. Ce n'était pas tant par foi qu'elle le faisait, mais par habitude, par nécessité sociale. Dans ce monde, se conformer aux rituels religieux était la clé pour rester invisible, pour éviter les regards suspicieux des dévots plus fervents.
Filip se livra à la même révérence, son visage impassible ne trahissant aucune émotion particulière. Il était un homme du protocole, incarnant à la perfection ce monde où chaque mouvement, chaque parole, chaque acte devait être calculé et mesuré. Anthéa le regarda du coin de l'œil. Même un serviteur aussi effacé se devait de respecter cette figure religieuse omniprésente, comme elle.
Elle sentait déjà la pression monter, alors que derrière ces portes, un bal se déroulait. Une scène où ils seraient les acteurs principaux, exposés aux regards de toute la cour. Un frisson de nervosité lui parcourut l'échine, mais elle se força à maintenir son masque. Il n'y avait pas de place pour l'erreur.
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Blake observait Anthéa avec un mélange de confusion et de surprise sincère. La jeune femme faisait-elle exprès de mal interpréter ses intentions, ou était-ce vraiment les limites de sa compréhension ? Pensait-elle vraiment qu'il était jaloux ? Il se mordit la lèvre inférieure pour retenir un ricanement. Jaloux ? De quoi ? Pour ressentir une telle émotion, il faudrait déjà qu'elle lui inspire le moindre intérêt. Certes, son ego avait été légèrement froissé en voyant le prince se plier aux exigences de la cour et faire montre d'une galanterie qu'il n'avait pas daigné lui accorder. Mais cela l'avait tout autant soulagé.
Elle était indéniablement belle. Ses longs cheveux bruns s'échappant de son chignon, ses yeux dorés pétillants de vie, et sa peau de porcelaine faisaient d'elle un modèle de grâce que beaucoup auraient envié. Mais tout cela n'avait aucune importance pour lui. Cette beauté si éblouissante ne serait qu'une fleur se fanant bien avant qu'il ne remarque le passage du temps. Tandis qu'elle verrait ses traits se marquer, ses cheveux grisonner et son corps s'affaiblir, lui, demeurerait inchangé, encore dans la force de l'âge, figé par les années. Chaque fois qu'il regardait ses yeux lumineux, il savait qu'un jour, bien avant que les siens ne se ternissent, ils s'éteindraient. Le contraste entre sa mortalité et son propre avenir lui paraissait cruel.
Alors, à quoi bon chercher à se rapprocher d'elle ? À quoi bon s'attacher à quelqu'un dont la vie ne serait pour lui qu'une éphémère parenthèse, aussi fragile qu'un papillon pris dans le vent ? Non. Elle ne lui inspirait ni désir, ni affection. Il n'y avait pour elle que de l'indifférence, teintée d'une pointe de dédain. Peu importait à quel point elle était charmante ou vive d'esprit, il ne s'intéresserait jamais à elle. Jamais.
Le jeune homme fronça légèrement les sourcils en voyant le héraut s'approcher de Filip pour confirmer leurs identités. Cette formalité inutile l'agaçait. Il en profita pour réajuster son veston bleu nuit, dont le tissu fin et impeccablement coupé soulignait sa silhouette. À côté de lui, un soupir discret échappa à la damoiselle, trahissant son anxiété. La tension entre eux était palpable, et bien que son propre agacement grandisse, il ne put s'empêcher de ressentir une étrange résonance avec elle. Après tout, ils étaient tous deux forcés à jouer des rôles qui leur déplaisaient profondément.
Sans rien dire, il tendit son bras vers elle, une invitation muette à assumer l'apparence de couple que l'on attendait d'eux. Il n'avait aucune intention de la rassurer ni de lui donner le moindre espoir sur l'avenir de leur union, mais les convenances exigeaient qu'ils se montrent soudés, au moins en surface. Le silence qui s'ensuivit lui sembla interminable, chaque seconde tendue par l'incertitude de sa réaction. Enfin, il sentit la pression délicate de sa main se poser sur son bras, une prise légère et hésitante. Il ne détourna même pas les yeux vers elle, comme s'il cherchait à nier ce contact pourtant si symbolique.
Blake observa le héraut les placer devant les imposantes portes, l'air solennel. Le majordome s'éclipsa discrètement, probablement pour vaquer à d'autres tâches. Tandis que le silence s'installait de nouveau, l'inquiétude grandissait en lui. Les événements au palais, surtout lorsqu'ils étaient organisés en grande pompe, n'étaient jamais anodins. Chaque regard, chaque geste, chaque conversation allait être scrutée par l'élite mondaine. Et avec les cadeaux si soigneusement offerts par l'impératrice, il ne pouvait que supposer que cette soirée serait particulièrement surveillée. Ils allaient être au centre de toutes les attentions. Pire encore, il craignait qu'ils n'aient aucune échappatoire.
La voix douce et presque conspiratrice du héraut le tira de ses pensées.
— Sieur Corbyn, Damoiselle Mirwill, êtes-vous prêts ? demanda-t-il dans un murmure, veillant à ne pas être entendu de l'autre côté de la porte.
Blake détourna enfin les yeux vers sa partenaire, son regard cherchant à déceler ses pensées. Elle semblait calme, étrangement radieuse. Mais il ne se laissa pas duper. Son sourire était soigneusement calculé, sa posture parfaite. Pourtant, ce sourire ne touchait pas ses yeux, où persistait une lueur de méfiance et d'anxiété, habilement dissimulée. Elle avait choisi de jouer le rôle qu'on attendait d'elle, comme un automate, obéissant aux codes de cette société hypocrite.
Il hocha doucement la tête, conscient que lui aussi n'avait d'autre choix que de se prêter à cette mascarade. Il détestait ça. L'illusion du bonheur, l'apparence du contrôle. Mais, tout ici n'était que théâtre, et il devait s'y plier.
Glissant sa main libre sur celle de la brune, un geste qui aurait semblé tendre aux yeux d'un observateur, il se prépara mentalement à faire son entrée. Ce contact était purement mécanique, un symbole d'union qu'il savait aussi creux que leurs sourires. Cependant, il ressentit une étrange tension en effleurant la peau délicate de sa fiancée, comme si ce simple geste avait le pouvoir d'allumer une étincelle dans ce vide qu'ils partageaient. Mais, cette pensée fugace s'évanouit aussi vite qu'elle était venue.
Lorsque le héraut fit signe aux gardes d'ouvrir la porte, Blake sentit une tension dans l'air, comme un avant-goût de ce qui les attendait. D'un geste fluide, le serviteur se redressa, ses épaules carrées et son port impeccable, avant de faire retentir une annonce qui ébranla l'atmosphère, frappant de plein fouet les oreilles des deux jeunes gens.
— Sieur Blake Corbyn, fils cadet du Marquis Corbyn, et Anthéa Mirwill, fille aînée du Comte Mirwill, petite-fille de l'Archimage Odéïs Mirwill, font leur entrée !
La résonance puissante de ces paroles sembla suspendre le temps un bref instant, avant que les portes ne s'ouvrent dans un grand fracas silencieux, révélant à leurs yeux une scène qui les laissa sans voix.
Le blond, d'ordinaire impassible, resta figé. À ses côtés, Théa ne put retenir un hoquet de surprise. Ensemble, ils avancèrent mécaniquement, leurs pas les menant jusqu'au balcon surplombant la vaste salle de bal. Sous leurs pieds, le sol de marbre blanc renvoyait une lumière douce, presque éthérée, tandis que les deux escaliers majestueux s'enroulaient gracieusement autour de l'espace pour se rejoindre en contrebas.
Leur regard, cependant, fut irrémédiablement attiré vers le dôme de verre au-dessus de leurs têtes. La hauteur vertigineuse de la salle semblait n'avoir d'autre fin que ce ciel nocturne parsemé d'une myriade d'étoiles, seulement séparé par l'opalescence du verre transparent. Les étoiles brillaient de mille feux, comme si le ciel lui-même avait été apprivoisé pour cette soirée exceptionnelle.
Mais, ce qui marqua encore davantage les jeunes nobles, c'étaient les invités flottant dans l'air avec une aisance désarmante, tels des oiseaux virevoltants au gré d'une mélodie céleste. Leurs robes ondulaient autour d'eux, des traînées lumineuses se dessinant dans leur sillage, tandis qu'ils glissaient d'un coin de la salle à un autre, défiant la gravité avec la même légèreté que des plumes portées par une brise. Blake cligna des yeux, essayant de rationaliser cette vision surréaliste, mais rien dans son expérience passée ne pouvait vraiment l'y préparer.
Tout en haut, juste sous le dôme, se trouvait l'orchestre, flottant lui aussi comme s'il jouait pour les étoiles elles-mêmes. Le son cristallin de violons et de harpes remplissait l'espace, accompagnant quelques couples dans une danse lente, presque onirique. La scène dégageait une harmonie parfaite. Les tons dorés habituels de la salle avaient été remplacés par un argenté scintillant, conférant à l'endroit une aura froide et élégante. Les murs, autrefois d'un blanc nacré, s'effaçaient désormais presque, se fondant avec le ciel nocturne dans un jeu d'ombre et de lumière, créant l'illusion que la salle de bal flottait elle-même au milieu des étoiles.
Il serra un peu plus le bras de sa fiancée, réalisant avec plus de force à quel point ils étaient exposés. Là, au milieu de cette scène féérique, ils étaient les nouveaux protagonistes, sous les regards curieux, envieux, et parfois méfiants, de l'élite flottante.
— Par Solaris, dites-moi que je rêve...
Le murmure à peine audible d'Anthéa flottait dans l'air, presque noyé dans la mélodie céleste qui les entourait. Il tourna discrètement la tête vers elle, capturant dans son champ de vision une expression qu'il n'avait encore jamais vue sur le visage de sa fiancée. Elle, d'ordinaire si contrôlée, affichait une surprise sincère, mêlée d'une fascination palpable. Il y avait dans ses yeux dorés une lumière nouvelle, une forme de ravissement qui rendait son visage presque éclatant, comme si la beauté de ce monde s'était finalement révélée à elle.
L'altéré sentit son cœur s'accélérer en la voyant ainsi. Elle semblait presque irréelle, ses lèvres légèrement entrouvertes, suspendues dans un souffle d'émerveillement. La lumière des étoiles se reflétait dans ses prunelles comme des éclats d'or liquide. Sa robe, aux teintes argentées, flottait doucement autour d'elle, se fondant avec le décor tout en créant des volutes subtiles qui soulignaient les courbes gracieuses de son corps. La scène était d'une telle harmonie qu'elle en devenait hypnotique, presque surnaturelle.
Il se fit violence pour détourner les yeux, se rappelant que ce n'était pas elle, mais bien la magie de l'instant qui le troublait ainsi. Ce décor féerique, ces étoiles captivantes... cela suffisait à faire paraître quiconque aussi beau que le ciel nocturne. Ce n'est pas elle, ce n'est que l'illusion, se répétait-il intérieurement.
Soudain, une domestique apparut, discrète, leur faisant signe d'avancer... Là où il n'y avait rien. Le balcon, qui autrefois était protégé par une balustrade, en était maintenant étrangement dépourvu, ouvrant sur un vide qui semblait infini. Le message était clair : ils devaient marcher dans le vide, comme les autres invités.
Le blond jeta un rapide coup d'œil vers le sol, ou plutôt l'absence de sol. Le vertige le prit un instant, mais il se reprit rapidement. Cette salle regorgeait de magie, et l'illusion devait être aussi bien calculée que tout le reste. Il glissa un regard vers Anthéa, qui fixait l'espace vide avec une légère hésitation.
— Allons-y... murmura-t-il, sa voix plus ferme qu'il ne l'aurait cru possible.
D'un geste précis, il serra son bras un peu plus contre le sien, prenant soin de guider sa main dans la sienne avant de faire un premier pas. Ses souliers rencontrèrent une surface invisible, mais tangible qui apparut sous ses pieds. À leur grande surprise, il ne s'agissait pas d'une chute vertigineuse, mais d'une avancée fluide, presque naturelle, comme s'ils marchaient sur un chemin de lumière.
Blake serra les dents en apercevant Archibald et Adalynn, un peu plus loin, en pleine conversation animée. Ils les observaient avec un intérêt appuyé, sans même tenter de le dissimuler. Cela l'irritait profondément. Il savait que ces deux-là devaient formuler toutes sortes de théories sur lui et Anthéa, analysant le moindre de leurs gestes, chaque détail de leur complicité apparente. Mais ce n'étaient pas tant les commérages qui le dérangeaient. Non, c'était le poids de l'engagement qu'il sentait se refermer sur lui. Il n'y avait plus de retours en arrière possible. Les regards étaient sur eux, les attentes gravées dans l'air même de cette soirée.
Il sentit alors la main de sa fiancée se crisper légèrement sur son bras, et cela attira son attention. Il tourna un regard en biais vers elle. De loin, elle paraissait parfaitement calme, son masque social toujours en place. Mais, en y regardant de plus près, il perçut la légère tension dans ses épaules, l'infime tremblement de ses doigts. Elle était nerveuse. Lui, qui se croyait seul à se sentir pris au piège, découvrait soudain que sa partenaire n'était pas aussi imperturbable qu'elle le laissait paraître.
Un sourire moqueur effleura ses lèvres.
— Peur du vide, Mirwill ? ironisa-t-il, ses mots empreints d'une douce provocation.
La réponse ne se fit pas attendre. D'un geste sec, elle lui pinça le poignet, et il dut se retenir de grimacer sous la douleur vive qui le traversa brièvement. Son sourire disparut, mais il ne fit aucun commentaire.
— La ferme, Corbyn, répliqua-t-elle d'un ton tranchant.
Sa voix était acérée, mais il y avait un léger tremblement, comme si elle peinait à contenir son malaise. Blake avait visé juste, et ce constat lui procura une étrange satisfaction. Pourtant, il ne poussa pas plus loin. Ce n'était pas le moment de la faire vaciller encore plus. Pas ici, pas maintenant, sous le regard d'une salle remplie de nobles prêts à s'emparer de la moindre faiblesse.
Alors qu'ils avançaient, une vague de murmures précéda l'arrivée des premiers nobles, attirés comme des papillons par la lumière scintillante de ce couple inattendu. Ils étaient devenus, en l'espace de quelques instants, le centre d'attention d'une salle avide de nouvelles intrigues. Il vit les regards curieux, presque perçants, qui les entouraient, et il sentit une tension monter en lui. Mais avant même qu'il n'ait eu le temps de s'inquiéter de ce qui allait se dire, un rire léger et cristallin s'éleva à ses côtés. Le son éclatant d'Anthéa, maîtrisé avec une aisance qui laissait entendre qu'elle était plus à l'aise dans ce jeu qu'il ne l'avait imaginé.
Un petit groupe de noble s'approcha, mené par une femme d'âge mûr vêtue d'une robe somptueuse aux reflets argentés, le visage encadré de lourdes boucles brunes ornées de perles. Elle arborait un sourire curieux.
— Damoiselle Mirwill, quel plaisir de vous voir ici ce soir, lança-t-elle avec un sourire trop poli pour être sincère. Ses yeux pétillaient d'une curiosité à peine voilée. Et, Sieur Corbyn... Quelle charmante surprise !
Théa inclina gracieusement la tête en guise de salut, son sourire étincelant parfaitement calculé.
— Le plaisir est partagé, Dame Elreth. Les festivités de ce soir promettent d'être à la hauteur des attentes de tous, il me semble. Elle posa un regard furtif sur le blond avant de reporter son attention sur la noble femme. Sieur Corbyn et moi avons eu la chance d'arriver ensemble, ce qui a rendu le trajet des plus agréables.
Il sourit légèrement, jouant son rôle.
— Damoiselle Mirwill est d'une agréable compagnie, ajouta-t-il d'un ton léger, mais avec suffisamment de chaleur pour que cela semble crédible. Les discussions sont toujours plus plaisantes lorsqu'elles sont partagées avec quelqu'un d'esprit.
Les yeux de Dame Elreth s'étrécirent légèrement, trahissant une certaine suspicion, mais elle répondit avec la grâce d'une femme aguerrie aux faux-semblants.
— Oh, mais je n'en doute pas une seconde. Il est rare de vous voir en si bonne compagnie, Sieur Corbyn. Vous semblez vous faire discret, ces derniers temps.
Blake inclina la tête avec politesse, sans se laisser prendre au piège de la remarque.
— Les affaires familiales exigent souvent mon attention ailleurs, Dame Elreth. Mais, une soirée aussi grandiose ne saurait être manquée.
Une autre voix s'éleva alors du groupe, un homme d'un certain âge au visage sévère, mais aux yeux malicieux.
— Vous vous complétez merveilleusement bien, je dois dire. J'imagine qu'il y a là quelque chose de plus qu'une simple coïncidence ?
Le sourire de sa partenaire ne faiblit pas une seconde. Elle rit légèrement avant de répondre, jouant parfaitement le rôle de la noble accoutumée à ces sous-entendus.
— Oh, vous savez, il est si rare que nos chemins se croisent, mais ce soir, le hasard a bien fait les choses. Elle serra légèrement le bras de Blake, un geste presque imperceptible qui suggérait une certaine connivence. L'Empereur a le don de réunir ceux qui ne se croisent pas souvent.
L'homme haussa un sourcil, intrigué, mais visiblement amusé par la réponse.
— Le hasard, dites-vous ? Le destin, peut-être.
Blake fit mine de sourire à cette remarque, un léger éclat de froideur dans les yeux.
— Le destin est capricieux, Sieur Harron, mais nous lui devons parfois de curieuses rencontres.
Les murmures autour d'eux se faisaient de plus en plus nombreux, et il pouvait sentir l'intérêt grandissant à leur égard. Tout cela n'était qu'un jeu d'apparences, de faux-semblants, mais Anthéa semblait s'y mouvoir avec une aisance déconcertante. Elle parvenait à esquiver chaque question avec une habileté qui l'impressionna.
Dame Elreth reprit la parole, son regard perçant s'attardant un instant de trop sur le bras d'Anthéa toujours accroché au sien.
— Vous avez raison, Damoiselle Mirwill. Le palais est l'endroit parfait pour que des chemins autrefois éloignés finissent par se croiser. Je serais curieuse de voir où ces croisements vous mèneront tous deux.
Anthéa ne perdit pas une miette de la remarque.
— Le palais est, en effet, un lieu d'intrigues et de surprises. Mais, pour ce soir, Dame Elreth, nous sommes simplement ici pour profiter de la soirée, n'est-ce pas ? répondit-elle, d'un ton faussement naïf, avant de faire mine d'observer la salle comme si tout cela n'était qu'un pur divertissement.
À l'instant où les cors résonnèrent dans la salle, le silence s'imposa, coupant court à toutes conversations. L'altéré sentit un frisson parcourir la foule alors que tous se tournaient d'un même élan vers les grandes portes. L'attention, qui avait été fixée sur eux, s'évanouit immédiatement, comme emportée par la solennité de l'événement.
Les portes s'ouvrirent en une synchronisation impeccable, et la voix du héraut, puissante et majestueuse, retentit dans l'espace.
— L'Empereur Rhoval Sol Markam, deuxième du nom, ainsi que l'Impératrice Aspri Sol Markam, font leur entrée ! Le Marquis Elianus Corbyn et le Comte Lazar Mirwill les accompagnent !
Blake sentit sa gorge se serrer à la mention de son père. Si d'ordinaire, il savait composer avec la pression sociale, l'idée d'être observé, analysé à la loupe par des centaines de regards, alors que son père faisait son entrée aux côtés de l'Empereur, lui rappela le poids immense de l'héritage Corbyn. Quant à Anthéa, il perçut à peine un léger tremblement dans sa posture. Ses doigts se resserrèrent sur son bras, une preuve infime de la nervosité qui habitait aussi la jeune femme.
L'Empereur, vêtu d'un manteau pourpre aux broderies dorées, avançait d'un pas lent et calculé. Il incarnait la grandeur et l'autorité de Solaris. Sa couronne scintillait sous les éclats de lumière projetés par le dôme de verre au-dessus d'eux, et son regard perçant balayait la salle avec une souveraineté indiscutable. À ses côtés, l'Impératrice Aspri, tout en élégance, portait une robe d'un blanc immaculé, rehaussée de filigranes d'or. Ses yeux, glacials et calculateurs, ne perdaient rien de ce qui se passait autour d'eux.
Le blond croisa brièvement le regard de son père, telle une ombre sérieuse et imposante à côté de l'Empereur. Quant au Comte Mirwill, il marchait à la droite de l'Impératrice, son visage de marbre dissimulant parfaitement toute émotion. Les deux pères n'avaient pas l'air d'avoir échangé un mot, comme des alliés de circonstance, et non des complices.
Les murmures s'éteignirent complètement. Tous attendaient que l'Empereur parle.
— Mes chers sujets, commença-t-il d'une voix profonde et vibrante qui emplit chaque recoin de la salle. Ce soir est un soir de célébration, un moment pour honorer notre Empire, notre unité et la grandeur de nos lignées. Que cette soirée soit à l'image de la prospérité de Solaris : radieuse et éternelle.
L'Empereur parlait avec l'assurance de ceux qui détenaient le pouvoir absolu, mais il ne fallait pas se méprendre. Chaque mot était soigneusement choisi pour rappeler à tous leur place dans l'ordre établi. Anthéa, à ses côtés, affichait un sourire figé, bien conscient des enjeux sous-jacents de cette soirée.
— Nous sommes réunis ce soir pour célébrer non seulement notre grande nation, mais aussi l'unité de ses peuples, ses familles, et ses esprits. Depuis des siècles, notre Empire s'est élevé grâce à cette unité entre les Humains et les Altérés, une alliance qui a forgé notre force, notre stabilité, et notre prospérité.
Il marqua une pause, laissant ses mots s'ancrer dans l'esprit de chaque invité. Ses yeux parcouraient la foule, s'attardant brièvement sur Blake et Anthéa, debout un peu à l'écart, encore dissimulés dans la masse.
— L'harmonie entre nos deux natures est essentielle. Ce n'est pas seulement une alliance de pouvoir ou de survie, c'est une symbiose qui nous définit et qui rend Azoven invincible. Ceux qui possèdent la magie des Altérés, et ceux dont l'esprit est forgé par la bravoure humaine, ne sont pas deux entités séparées. Ils sont une seule et même force, unis par un destin commun. Nous devons cultiver cette relation avec soin et respect. La magie et la force physique, la ruse et la diplomatie, le courage et la sagesse, tout cela forme le socle sur lequel repose notre civilisation.
Son discours semblait danser sur un fil délicat, évoquant la nécessité de cette union sans jamais aborder directement les récents troubles ou les tensions qui s'élevaient au sein de la société. C'était une manière subtile de rappeler que leur avenir dépendait de cette collaboration, malgré les épreuves.
— Nous, en tant qu'Empire, sommes responsables de garantir que ces liens perdurent et se renforcent avec le temps. Nos lignées, nos alliances, et nos engagements mutuels sont la clef pour maintenir cette paix et cette prospérité. Ce soir, nous faisons un pas supplémentaire dans la préservation de cet équilibre sacré.
Un murmure parcourut l'assistance, les nobles se regardant avec curiosité, certains chuchotant des hypothèses. L'attention générale se recentra sur l'Empereur, qui affichait un léger sourire énigmatique.
— Et c'est en ce sens, sous mon regard bienveillant, que je suis heureux d'annoncer aujourd'hui l'union prochaine de deux des plus anciennes et illustres familles de l'Empire, une union qui scellera davantage encore la relation entre nos peuples.
Blake sentit son cœur se serrer. Il savait ce qui allait suivre, mais l'entendre prononcer par l'Empereur lui-même rendait la réalité plus palpable, plus inéluctable.
— C'est avec une grande joie que je vous annonce les fiançailles de Sieur Blake Corbyn, et de Damoiselle Anthéa Mirwill.
Les murmures de la foule se muèrent en exclamations étonnées. Des applaudissements suivirent, retenus au début, avant de gagner en force. L'altéré serra la mâchoire, tandis que sa fiancée gardait un sourire figé sur ses lèvres, le masque impeccable qu'elle avait appris à porter.
— Sous ma bénédiction, et celle de l'Impératrice, que cette union soit un symbole de la force de notre Empire, et de l'alliance entre les Humains et les Altérés. Que leurs deux lignées prospèrent dans l'harmonie, pour le bien d'Azoven.
L'Empereur acheva son discours en levant une main bénissante, et le tonnerre des applaudissements devint assourdissant. Debout au centre de l'attention, ils étaient désormais liés non seulement par une promesse, mais par la volonté de l'Empire lui-même.
J’aime comment Anthéa sait comporter, même si Blake me fait de la peine.
Et le majordome qui s’est dit aller bon débarras il devrait être gifler.
Oui hein ? XD les deux me font presque mal au crâne des fois ! Je suis contente si tout cela te plaît ❤️