L'Empereur Rhoval dominait la salle de sa présence imposante. Sa stature, impressionnante par son seul volume, était amplifiée par un charisme naturel qui attirait inévitablement tous les regards. Ses yeux, d’un violet profond, une couleur unique à la lignée impériale, semblaient percer l’âme de quiconque croisait son regard. Anthéa se sentit immédiatement clouée sur place, comme si cet homme, ce dirigeant suprême, était capable de lire chacune de ses pensées les plus intimes.
Son visage était encadré par une longue chevelure poivre et sel, retombant sur ses épaules larges et musclées, témoignage d'un passé de soldat qui se reflétait encore dans sa posture. Son bouc, taillé en pointe, ajoutait à son air sévère et inébranlable. Bien qu'elle eusse déjà aperçu l'Empereur lors de cérémonies ou de grandes occasions, jamais elle ne l’avait vu d'aussi près. L'impression de grandeur qu'il dégageait était presque écrasante.
À côté de lui se tenait l’Impératrice Aspri Sol Markam, et elle n’était en rien moins impressionnante. Sa beauté était d’une élégance rare, avec ses grands yeux sombres qui semblaient scruter le monde avec une intelligence acérée. Sa peau, d’un hâle doré, resplendissait sous les lumières de la salle, et ses cheveux noirs, aussi soyeux que les ailes d’un corbeau, cascadaient autour de son visage aux traits délicats. La jeune femme ne pouvait s’empêcher de ressentir une pointe d’envie. L’Impératrice, fille d’un comte, avait été promise à l’Empereur avant même que celui-ci ne devienne le souverain de l’Empire, mais leur union s’était fondée sur un amour profond.
Un mariage d’amour, cinq enfants en bonne santé, et une beauté intemporelle qui continuait de faire pâlir d’envie les femmes de la noblesse : la vie de l’Impératrice semblait sortir tout droit d’un conte de fées, en omettant la disparition du prince Keshawn. Mais pour la jeune Mirwill, ce n’était pas tant la position d’Impératrice qui suscitait son admiration, mais plutôt cette vie apparemment parfaite, où amour et devoir semblaient s’être harmonisés.
Tentant de dissimuler les tremblements de ses mains, Anthéa suivit son père dans une profonde révérence devant la famille impériale. Chaque mouvement était exécuté avec une grâce calculée, malgré la nervosité qui l’habitait. Elle pouvait sentir le poids des regards sur elle, mais c’était celui de l’Empereur qui la marquait le plus. Le silence de la salle, lourd et solennel, renforçait encore cette impression. Elle s’efforça de maîtriser sa respiration, cherchant à calmer les battements frénétiques de son cœur.
— Relevez-vous. C’est un plaisir de vous revoir si tôt, Lazar. Votre aînée est aussi adorable que le disent les rumeurs.
— Tout le mérite en revient à sa mère, dont elle est le portrait craché, Votre Majesté.
Le rire de l’Empereur résonna dans la grande salle, remplissant l'espace d'un écho chaleureux et puissant. Anthéa se redressa lentement, ses yeux baissés par respect et nervosité, n’osant croiser le regard du trio impérial installé confortablement sur des fauteuils en cuir d’un marron doux. L’étiquette lui dictait de rester silencieuse tant qu’on ne s’adressait pas directement à elle, mais son esprit était envahi de questions. Pourquoi cette audience informelle, si peu de temps avant sa rencontre avec son fiancé ? L’angoisse montait en elle, amplifiant chaque battement de son cœur.
— Venez donc prendre place, ce n’est pas une audience officielle. Elianus ne devrait pas tarder non plus.
L’Empereur leur fit signe de s’installer en face de lui, un geste qui, malgré sa simplicité, était d’une autorité indiscutable. Anthéa inclina timidement la tête en signe de gratitude et suivit son père. En prenant place, elle sentit le regard du prince Lothar peser sur elle. Contrairement à l’Empereur, il affichait une expression de lassitude à peine voilée, comme si cette rencontre n’était qu’une formalité ennuyeuse.
Le prince se pencha discrètement vers elle alors que les adultes entamaient une conversation animée.
— Je ne m’attendais pas à voir une damoiselle prête pour l'échafaud. Ne devriez-vous pas être radieuse ? Vous pâmer de bonheur ?
Anthéa haussa un sourcil en tournant son visage vers le prince, intriguée par son ton sarcastique. Elle n’avait pas remarqué que l’Impératrice observait la scène avec attention.
— Et ne devriez-vous pas cacher votre ennui mieux que cela ? Je m’attendais à un prince arrogant, pas à…
Elle se tut brusquement, se rendant compte de l’audace de ses paroles. Une grimace de regret traversa son visage, mais à sa grande surprise, Lothar éclata de rire, un rire franc et presque contagieux. Cette réaction inattendue la déconcerta. Elle s'attendait à une réprimande pour lèse-majesté, mais au lieu de cela, elle se retrouva face à un prince amusé.
— Vous avez du mordant, Damoiselle Mirwill, murmura-t-il en contenant son hilarité. C’est rafraîchissant.
Anthéa, encore sous le choc de cette tournure des événements, esquissa un sourire hésitant. Elle ne saurait dire si Lothar avait cherché à la détendre ou s'il partageait simplement le même humour espiègle qu'Ewan, mais elle sentit ses épaules se relâcher légèrement. La tension de l’instant s’évanouit brièvement, même si son soulagement fut de courte durée. La conversation s’était interrompue, et en tournant son regard vers les adultes, Anthéa réalisa avec un rouge embarrassé que ses paroles avaient été entendues par tous. Elle évita soigneusement le regard de son père, sentant la chaleur de la honte lui monter aux joues. Bafouillant, elle s’empressa de présenter ses excuses.
— Je vous prie de bien vouloir excuser ma franchise, Votre Altesse...
L’Impératrice, d’une voix douce mais ferme, intervint avant qu’Anthéa ne puisse finir.
— Vous n’avez rien à vous faire pardonner, tout cela est dû au manque de délicatesse de mon fils, trancha-t-elle. Il n’est guère heureux de participer à ce bal, et comme il a refusé toutes les propositions qui lui ont été faites pour ce soir, il se retrouve sans cavalière.
Anthéa, encore plus rouge de honte, baissa les yeux, espérant se fondre dans le décor. Mais Lothar, loin de se laisser abattre par la réprimande maternelle, continua sur un ton léger, avec une pointe de malice.
— Voyons Mère, en restant seul, je pourrai voler au secours de Damoiselle Mirwill si son cher fiancé l’agace. Un véritable prince charmant, vous voyez ? plaisanta-t-il.
L’Empereur poussa un profond soupir, ses yeux lançant des éclairs à son fils, mais il choisit de ne pas commenter davantage ce petit échange. Anthéa sentit une vague de soulagement la submerger, bien qu’elle demeurât nerveuse face à cette situation inattendue. Au même moment, trois coups retentirent à la porte, résonnant dans la salle avec une solennité qui rappela à tous l’importance de l’instant.
— Entrez, ordonna l’Empereur.
La porte s’ouvrit lentement, dévoilant le majordome Filip, celui-là même qui avait escorté Anthéa et son père jusqu’à l’audience. Cette fois-ci, il n’était pas seul. Derrière lui se tenaient deux autres personnes, une présence qui fit immédiatement monter la tension dans la pièce.
— Je vous remercie, Filip. Vous êtes en retard, Elianus, déclara l’Empereur, un brin de reproche dans la voix.
Anthéa tourna lentement son regard vers les nouveaux arrivants, son cœur battant à tout rompre. Le premier homme, vêtu d’un costume impeccable aux couleurs du marquisat, était manifestement Elianus, le ministre de la magie. À ses côtés se tenait un jeune homme au visage sévère et au regard perçant, qu’elle devina immédiatement être son fiancé, Blake Corbyn.
Elle sentit son souffle se couper, les traits de Blake reflétaient une froideur qui contrastait vivement avec la chaleur du palais impérial. Sa réputation de « prince de glace » n’était donc pas usurpée. Un frisson lui parcourut l’échine. Ce visage semblait taillé dans le marbre, imperturbable et distant.
Elianus, quant à lui, s’inclina avec une élégance calculée, avant de s’adresser à l’Empereur avec un sourire charmeur.
— Veuillez pardonner notre retard, Votre Majesté. Le voyage a été plus long que prévu.
Blake, silencieux, se contenta de s’incliner respectueusement devant la famille impériale, son regard s’attardant un instant sur Anthéa. Elle ne pouvait discerner ce qui se cachait derrière ces yeux froids et inaccessibles, mais elle sut instantanément que l’avenir qui l’attendait serait loin d’être simple.
— L’essentiel est que vous soyez ici maintenant. Prenez place, nous avons des sujets importants à aborder avant le début des festivités.
Une fois que tous furent installés, une tension palpable s'installa dans la pièce. Le père d'Anthéa, habituellement si élégant et imperturbable, avait maintenant ses coudes posés sur ses genoux, les mains liées l'une à l'autre, le regard fixé sur l'homme qu'il avait juré de protéger. Cependant, ses yeux brillaient d'une colère contenue, ce qui inquiéta profondément Anthéa. De l'autre côté, le ministre Elianus semblait parfaitement à son aise, maîtrisant chaque aspect de la situation, ce qui ajoutait à la déstabilisation de la jeune femme.
— Tout d’abord, sachez que j’ai longuement réfléchi avant d’unir vos deux familles, commença l’Empereur, sa voix grave résonnant dans la pièce. Cela n’a rien de plaisant de jouer ainsi avec le futur de brillants éléments tels que vous. Néanmoins, la situation ne me laisse guère le choix.
Il n’en fallut pas plus pour capter l'attention d'Anthéa. Son visage se ferma, et elle se pencha légèrement en avant, imitant la posture de son père sans que cela ne paraisse trop exagéré. Tel père, telle fille. L’Empereur fit un signe de la main, et une domestique s'approcha pour leur servir un verre de vin, non pas du thé comme le veut la bienséance. Ce détail indiquait que la suite de la conversation serait loin d'être agréable.
— Récemment, des individus s’identifiant comme les Premiers Croyants ont lancé plusieurs attaques contre des orphelinats et des écoles altérées. Ils n’hésitent pas à mettre à mort les enfants et les membres du personnel les encadrant, tout en scandant que telle est la volonté de Solaris.
Une lourde chape de plomb s’abattit sur l’estomac d’Anthéa en entendant les paroles de l’Empereur. Elle remarqua que les épaules de son père se crispaient sous l’effet de la tension.
Tout le monde savait que les Altérés, pour espérer s’intégrer pleinement dans la société azovienne, devaient passer une dizaine d’années dans des établissements rigoureusement supervisés par l’Église. Ces institutions leur imposaient une éducation pieuse, censée garantir leur fidélité à l’Empire et à Solaris. Pourtant, pour beaucoup, cette éducation frôlait la propagande, un conditionnement insidieux des jeunes esprits pour les rendre conformes à la doctrine impériale. Elle se souvenait des critiques acerbes de son grand-père à ce sujet. Pour lui, ce système ne faisait qu’étouffer la pensée critique des jeunes Altérés, les privant de la liberté de développer leur propre jugement.
Le silence glacé de Blake, et du ministre, la surprirent. Comment se faisait-il que personne n'en ait entendu parler jusqu'à présent ? Les journaux nationaux n'avaient jamais abordé ce sujet, comme si... Puis elle réalisa que c'était une manœuvre de l'Empereur, et probablement de son père et du ministre également.
— L’extrémisation des régions les plus reculées a toujours été une épine dans le pied de la couronne, mais cela prend désormais des proportions telles que je me dois d’agir. Trop longtemps, nous avons été fermés au monde, accentuant la xénophobie et le racisme, au point qu’aujourd’hui, certains trouvent cela normal de s’en prendre à des enfants innocents.
La voix de l’Empereur tremblait. Cela l'affectait énormément. De même, l’Impératrice, dont les yeux brillaient de rage, prit la parole avec détermination.
— Il est temps pour nous de passer outre les rancœurs passées et de prouver que nous ne sommes plus ces barbares d'antan. Plus nous resterons refermés sur nous-mêmes, plus cela alimentera le moulin des extrémistes. C’est un sacrifice énorme que nous vous demandons, nous le savons pertinemment, mais cela sera la première pierre de quelque chose de plus grand, termina-t-telle, avec un sourire attristé.
— D’ici les cinq prochaines années, votre mariage sera mis en avant, médiatisé à travers l’Empire afin d’atténuer les a priori de chacun. Si tout va bien, d’ici quelques mois nous pourrons ouvrir officiellement nos frontières aux Dur’ans et aux Nahashs. Nous commerçons avec eux depuis des siècles, il est temps de pouvoir les accueillir sur nos terres s’ils le désirent.
Anthéa sentit le poids des mots tomber lourdement sur ses épaules. Elle comprenait désormais l'ampleur du sacrifice qui lui était demandé, et la responsabilité immense qui reposait sur eux. La vision de leur union comme symbole d'un futur plus tolérant lui fit réaliser à quel point chaque geste, chaque mot, chaque regard, seraient scrutés et jugés.
Elle chercha Blake du regard, espérant y trouver un signe de solidarité ou de compréhension. Mais son fiancé restait impassible, comme si cette conversation ne le concernait que superficiellement. Le cœur d’Anthéa se serra encore un peu plus, mais elle savait qu'il n'y avait pas de retour en arrière possible. En voyant les poings serrés du jeune homme, elle se dit qu’il devait penser la même chose. Le ministre, assis à côté de son père, avait la mâchoire tendue, et ses doigts crispés sur le bord du fauteuil en cuir trahissaient une agitation qu’il s’efforçait de dissimuler. Le regard dur et déterminé qu’il portait sur le sol révélait à quel point la situation le touchait personnellement.
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Le sang de Blake ne fit qu’un tour en entendant cela. Il sentit la colère monter en lui, une vague brûlante qu’il s’efforça de refouler, dissimulant son trouble derrière une façade de contrôle. Mais, en observant son père, habituellement si stoïque, lutter lui aussi pour maintenir son calme, Blake se permit de serrer les poings sur sa cuisse, sentant ses phalanges blanchir sous la pression.
Les mots de l’Empereur avaient réveillé une tempête en lui. Soudain, tout ce qui lui paraissait flou jusqu’alors se clarifia avec une acuité déchirante. Les absences répétées de son père, les réunions tardives qui se multipliaient, la tension palpable qui régnait dans les couloirs du ministère de la Magie, la nomination récente et inattendue du Comte Mirwill à la tête des chasseurs… Toutes ces pièces s’imbriquaient maintenant dans un tableau accablant.
Blake comprit, avec une amertume glaciale, que les hautes sphères de l'Empire avaient été au courant de cette menace depuis le début. Ils avaient eu connaissance des attaques des Premiers Croyants, de leur haine fanatique et de leur violence aveugle. Et pourtant, rien n’avait été fait pour protéger ces enfants, rien pour prévenir les tragédies qui avaient suivi. Le silence assourdissant des autorités, leur inaction, avait coûté la vie à des innocents.
Un mélange de rage et de culpabilité l’envahit. Ces vies brisées auraient pu être sauvées, si seulement ceux au pouvoir avaient agi avec plus de diligence, avec plus d’humanité. Blake pouvait sentir la lourdeur du poids des responsabilités que les autres portaient, mais cela n’atténuait en rien son ressentiment. Le monde dans lequel il vivait venait de révéler un visage bien plus sombre et corrompu qu’il ne l’avait jamais imaginé.
Tandis que son regard se posait sur l’Empereur, sur son futur patron, et enfin sur son père, Blake lutta pour contenir l’orage intérieur qui menaçait d'éclater. Il avait toujours voulu croire en l’honneur et en la justice des dirigeants de l’Empire, mais maintenant, il ne voyait que trahison et hypocrisie.
Blake ferma les yeux un instant, cherchant à conserver son masque de neutralité distante. Il savait qu’il ne pouvait rien faire, pas ici, pas maintenant. Mais au fond de lui, une résolution froide se formait. Il ne laisserait pas cette injustice passer sous silence. D’une manière ou d’une autre, il trouverait un moyen de rendre justice à ceux qui avaient été abandonnés par le système qu'il avait juré de servir.
Cependant, il ne s’attendait pas à ce qui allait suivre. Lorsqu'il entendit la voix de sa fiancée s’élever, il tourna brusquement la tête vers elle, frappé par l'audace qu'elle osait afficher.
— Il n’y a pas eu une seule attaque, mais plusieurs ? Et vous avez étouffé l’affaire sans prendre de mesure pour sécuriser ou déplacer les établissements visés ? Vous avez laissé ces enfants sans protection, tout en sachant ce qui les menaçait ? lâcha-t-elle, glaciale, chaque mot porté comme une lame bien aiguisée.
L’Empereur se redressa lentement dans son fauteuil, son regard impérial perçant la salle d’un éclat dur. Mais Anthéa ne cilla pas. Son père, assis non loin d’elle, l’interpella d’un ton sec. Pourtant, elle continua de soutenir le regard de l’Empereur, impassible.
— Je refuse d’être associée à un tel carnage. Je refuse d’être votre bouclier, la diversion que vous agitez pour détourner l’attention du peuple.
Blake sentit la tension s'épaissir dans la pièce. Sa fiancée irradiait une assurance que personne ne semblait capable de briser. Son visage était calme, mais une détermination farouche brûlait dans ses yeux. Pour un instant, elle ressemblait à l'Archimage lui-même, avec cette même force inébranlable. Sans perdre une miette de son plaidoyer, il prit le temps de s’attarder sur ses traits. Elle était belle, à n’en pas douter. Rien qui ne suffirait à le faire revenir sur sa décision, cependant.
L’Empereur crispa la mâchoire, et soudain, un craquement sourd résonna dans l’air, comme si la magie elle-même avait été ébranlée par la confrontation. Les personnes sensibles à l’éther auraient reconnu la tension qui y flottait, prête à se déchaîner à tout moment. Mais après une seconde suspendue dans le temps, rien ne se produisit. Le son s’évapora, une menace vaine, étouffée dans l'œuf.
Le blond jeta un coup d'œil à Lazar Mirwill, dont le teint était devenu aussi pâle que la mort. Le choc était visible sur son visage, et il comprit soudainement, tout comme son propre père, que cette provocation délibérée venait de l’un d’entre eux. Les mots d’Anthéa avaient fendu l’air comme un fouet, exposant une vérité brutale que tous semblaient vouloir ignorer.
— Il est honorable de voir que les convictions des Mirwill coulent en vous ainsi, néanmoins, je ne vous demandais pas votre avis. C’est un ordre, jeune fille.
La voix de l’Empereur était tranchante, froide, un écho glacial à l’audace d’Anthéa. Il la défiait du regard, impitoyable, cherchant à voir jusqu’où elle oserait pousser son insubordination. Un silence lourd s’installa, chaque seconde étirée comme un fil tendu, prêt à se rompre.
Blake sentait l’agitation monter en lui. Il ne pouvait pas laisser Anthéa s’enfoncer davantage dans cette confrontation périlleuse avec la couronne. Se redressant, il fixa à son tour le regard de l’Empereur, puis celui de l’Impératrice, faisant face à cette puissance qui pesait sur eux tous.
— Bien que je ne cautionne pas l’effronterie de Damoiselle Mirwill, je ne peux que la rejoindre sur ce point. Depuis toujours, il nous est répété que les puissants ont pour obligation de protéger les plus faibles. J’aimerais donc vous poser une question, Votre Majesté : l’adage Noblesse Oblige, n’est-il valable que pour les humains ?
Il s’entendit parler avec une acidité qu’il ne se savait pas capable d’exprimer si facilement, son ton reflétant la frustration et le dégoût qu’il ressentait. Le silence qui suivit ses paroles était lourd, presque suffocant. Les regards se tournèrent vers lui. L’Empereur le fixa, les yeux violets étincelant d’une lueur dangereuse, tandis que l’Impératrice restait impassible, ses traits figés dans une expression indéchiffrable.
— Il semblerait que vous ayez bien choisi vos pions, Père. Ils ressemblent trait pour trait à leurs géniteurs. Avec eux, nous ne risquons pas de nous ennuyer.
Le prince Lothar se tenait là, son sourire sans joie étirant ses lèvres d’une manière presque féline, un sourire qui n’avait rien de chaleureux, mais tout de dangereux. Se levant d’un mouvement fluide, il s’avança vers le bureau de l’Empereur, sa silhouette élancée glissant à travers la pièce comme une ombre. Il s’arrêta devant le meuble massif, y fouillant un instant avant d’en retirer un document soigneusement scellé. Il le fit tourner entre ses doigts, le parchemin crissant légèrement sous ses mouvements. Puis, avec une lenteur calculée, il s’appuya nonchalamment contre le bureau, ses hanches se posant contre le bois sombre et poli.
— Savez-vous ce que c’est ? demanda-t-il en agitant légèrement le parchemin devant lui, ses yeux glissant de Blake à Anthéa. Ceci, mes braves petits, est un décret d’évacuation obligeant tous les établissements scolaires et orphelinats d’Altérés à déménager manu militari dans le silence le plus total.
Un sourire en coin étira ses lèvres, teinté d’une satisfaction perverse. La surprise déforma les traits du futur couple, comme si l’impact des mots du prince les avait frappés de plein fouet.
Ils restaient figés, leurs esprits essayant de digérer l’information. L’ironie cinglante de la situation ne leur échappait pas : tout ce pour quoi ils s’étaient insurgés, tout ce qu’ils avaient osé défier dans cette salle, avait déjà été anticipé, réglé d’avance par la couronne.
Le silence retomba lourdement dans la pièce, chaque seconde semblant s’étirer, les pensées tourbillonnant dans l’esprit des deux jeunes gens. Lothar, lui, ne quittait pas ses lèvres de ce sourire en coin, son regard perçant dévorant la scène. Il savait exactement ce qu'il faisait, jouant avec leurs émotions comme un marionnettiste avec ses fils.
L’Empereur, toujours assis sur son trône, observait la scène avec une expression indéchiffrable. Sa posture rigide trahissait une certaine tension, mais il restait silencieux, laissant son fils mener ce jeu cruel. L’Impératrice, quant à elle, avait détourné le regard, ses traits durs et fermés, comme si elle refusait de participer à cette mascarade.
Lothar continuait de parler, sa voix dégoulinant de sarcasme, chaque mot soigneusement choisi pour appuyer l'importance de cette union.
— Comprenez-vous maintenant, l’importance de cette union ? C’est l’occasion parfaite de lier un peu plus vos familles à la couronne. De garantir vos soutiens et forces, tout en apportant une touche de conte de fée aux miséreux. Votre frère est l’époux de ma chère cousine, mais il nous fallait un lien avec les Mirwill. Une alliance politique assez solide pour contrer les manœuvres de l’Église et du Zénith. Et quoi de mieux qu’une union maritale pour cela ?
L’ironie dans sa voix était palpable, comme s'il savourait chaque syllabe, chaque impact de ses paroles sur son auditoire. Il se délectait du malaise qu’il voyait naître dans leurs regards.
Un soupir de soulagement s’échappa des lèvres d’Anthéa, un souffle à peine perceptible qui trahissait son soulagement mêlé de honte. Elle baissa la tête, se sentant sans doute idiote d’avoir agi précipitamment, d’avoir laissé ses émotions prendre le dessus sans poser les bonnes questions. Sa réaction impulsive lui semblait désormais une erreur grossière, une démonstration de naïveté qui l’exposait devant les puissants de l’Empire.
Pourtant, Blake n’arrivait pas à se détendre. Les mots du prince le frappaient comme une gifle, le laissant avec un goût amer dans la bouche. Une sensation d’injustice et de trahison grandissait en lui, comme s’il venait de réaliser l’étendue du piège dans lequel il s’était laissé enfermer, de son plein gré. Chaque fibre de son être se révoltait contre l’idée d’être manipulé ainsi, réduit à un simple pion dans un jeu de pouvoir qui le dépassait.
L'héritier du trône, toujours appuyé contre le bureau, les observait en silence, savourant leur désarroi. Il avait joué son rôle à la perfection, et il le savait. L’Empereur posa un regard pesant sur le jeune couple.
— Maintenant que vous avez pu soulager vos consciences et exprimer vos objections, peut-on passer à la suite ? Je vous accorde le pardon pour vos propos et attitudes, uniquement parce que nous avons besoin de vous. Ne poussez pas votre chance trop loin.
Les mots de l'Empereur résonnèrent dans la salle, lourds de menace à peine voilée. L’Impératrice, assise à côté de son époux, posa doucement sa main sur le bras de celui-ci, un geste apaisant qui contrastait avec l’atmosphère tendue. Elle lança un regard quelque peu agacé, mais teinté de compassion, vers les deux jeunes gens.
— Actuellement, les jeunes visés par les Premiers Croyants sont répartis entre les divers domaines de la couronne, des Mirwill et des Corbyn à travers le pays, expliqua-t-elle, sa voix se radoucissant. Les duchés Salvix et Kyloh nous aident également. Nous avons placé des leurres afin de désorienter ces terroristes, mais je doute qu’ils soient tombés dans le panneau.
Un léger sourire apaisant éclaira son visage doré, un contraste frappant avec la gravité de ses paroles. Du coin de l'œil, Blake s'aperçut que son père et celui de sa fiancée ne pipaient mot. Évidemment. Ils étaient déjà au courant de tout.
— Il va vous falloir travailler vos jeux d’acteurs si vous comptez survivre, ajouta l’Impératrice, le ton soudain plus solennel, ce qui attira l’attention du blond.
— Survivre ? demanda-t-il, sceptique, la méfiance perçant dans sa voix.
Un soupir échappa à son père, brisant un instant le masque de sérénité qu’il portait.
— Nous sommes presque certains que vous serez pris pour cible à cause de cette union. Un mariage unissant un marquisat et un comté est déjà quelque chose de très rare, mais un mariage avec la bénédiction directe de l’Empereur… C’est autre chose. Car Sa Majesté montre ouvertement qui il soutient.
Les mots de son père résonnèrent en Blake avec une dissonance inquiétante. Il connaissait trop bien l’homme en face de lui, un fidèle de l’Église, toujours aligné avec les dogmes du Zénith Marcus. Cette bénédiction impériale soulevait deux possibilités : soit son père avait l’aval du Zénith et agissait en tandem avec l’Église, soit il jouait un double jeu, agissant dans l’ombre pour forcer l’Église à intervenir contre les Premiers Croyants. Une manœuvre qui sentait la manipulation à plein nez.
Blake se sentit encore plus répugné. Il se força à ne pas tourner les yeux vers Anthéa, préférant ne pas savoir si elle avait, elle aussi, compris l’ampleur de cette trahison déguisée.
— Ce n’est pas le seul problème.
La voix grave de Lazar Mirwill s’éleva dans la salle, attirant immédiatement l’attention. L’atmosphère déjà tendue se chargea d'une inquiétude palpable.
— La noblesse ne va pas apprécier que la couronne lie ainsi deux familles, continua-t-il, son regard se posant tour à tour sur les jeunes gens. Ils vont faire pression de toutes parts pour essayer de rompre ce contrat. Et dans le pire des cas, des assassins pourraient être envoyés à vos trousses.
En prononçant ces mots, il serra doucement la main de sa fille. Le marché du mariage était pris très au sérieux par la noblesse, car ces alliances constituaient la clé de leur pouvoir, permettant de gravir les échelons de la hiérarchie sociale. Lorsque deux familles rivales convoitaient la même union, il n’était pas rare qu’elles se sabotent mutuellement. Dans les cas les plus extrêmes, des assassins ou des empoisonnements entraient en jeu. Derrière les artifices, les faux-semblants et les sourires hypocrites, la société mondaine était un véritable champ de bataille où tous les coups semblaient permis, et où la loi impériale était respectée seulement dans une certaine mesure. Les failles de celle-ci devenaient les épicentres des pires dérives des nobles.
Le souffle coupé par cette révélation, Anthéa déglutit difficilement. Sa main tremblait légèrement alors qu’elle portait son verre de vin à ses lèvres, le vidant presque d’un trait avant de le reposer sur la table, son esprit tourbillonnant de peur et de confusion. Lothar, assis non loin, n’avait rien manqué de la scène. Il observa la jeune femme avec une expression indéchiffrable, trouvant regrettable de devoir envoyer ces deux jeunes au front, mais sachant pertinemment que la réussite de leur plan reposait en grande partie sur eux.
— Il va sans dire que nous vous dédommagerons, reprit l’Empereur, son ton se faisant presque conciliant, bien que le poids des responsabilités restât lourd. Une fois cette histoire réglée, je m'assurerai que vous soyez récompensés comme il se doit. Nous allons également assurer votre protection au mieux de nos capacités, y compris au sein d’Ilvermorny. La Doyenne Barclay ainsi que le professeur Norrix sont déjà au courant de la situation et seront là pour veiller sur vous.
Blake écarquilla les yeux en entendant le nom de son mentor. La révélation le laissa à la fois soulagé et troublé. D’un côté, il se sentait rassuré de savoir qu’il pourrait se confier à quelqu’un en qui il avait une confiance absolue. Mais en même temps, il détestait l’idée de paraître faible aux yeux de cet homme qu’il admirait tant. Il baissa la tête, ses pensées se bousculant alors qu’il essayait de se préparer à ce qui l’attendait.
Plus le temps passait, plus il se sentait glisser dans un monde qui lui échappait, un univers où les enjeux colossaux pesaient sur ses épaules et celles d’une simple humaine. La discussion autour de lui continuait, mais les mots semblaient lointains, comme étouffés par le battement frénétique de son cœur. Il percevait des fragments de phrases — l’importance de jouer le jeu, des promesses faites à demi-mot — mais il ne parvenait pas à s’y accrocher. Chaque mot résonnait en lui avec un dégoût croissant. Il détestait cette situation. Il n’avait jamais voulu ça. Tout ce qu’il désirait, c’était devenir chasseur, arpenter les forêts et les montagnes à la poursuite de créatures, pas être mêlé aux sombres intrigues politiques de la couronne, un pion dans un jeu qui le dépassait.
Fermant les yeux quelques secondes, Blake inspira profondément, cherchant à retrouver un semblant de calme. Il allait devoir parler avec sa jeune promise. Jeune… Le mot résonnait étrangement en lui, presque amer. Lui, qui approchait de ses quarante-deux ans, avait toujours eu du mal à comprendre l'éphémérité des humains. Ils paraissaient si semblables en apparence, mais en réalité, des décennies les séparaient. Elle, cette jeune femme qu’on lui imposait, allait à peine entrer en quatrième année à la rentrée. Vingt-et-un ans. La moitié de son âge.
Cette pensée le dégoûta. Si jeune, si innocente… Elle ne connaissait probablement rien des réalités sombres du monde qu'il avait exploré. Avec Adalynn, c'était différent. Elle aussi était une Altérée, et avec elle, il s'était senti compris, accepté sans jugement. Leur relation n'avait pas duré, mais il n'avait jamais eu à surmonter le fossé immense qui le séparait de cette humaine, si éloignée de tout ce qu'il avait vécu. C'était une différence de nature, une distance que le temps lui-même ne pouvait combler.
D’un léger coup de coude, son père le ramena brusquement au présent, chassant les pensées sombres qui tentaient de s’insinuer dans son esprit. Ce n’était pas le moment de se laisser envahir par des états d’âme. Il aurait tout le temps, une fois cette réunion terminée, pour se perdre dans ses réflexions.
Rouvrant les yeux, Blake remarqua que l’Impératrice s’était levée et revenait vers eux, tenant deux boîtes délicatement ornées. Intrigué, il haussa un sourcil. Quelles surprises ces boîtes pouvaient-elles bien contenir ? Des armes, peut-être ? Ce serait une excellente nouvelle. Un moyen de communication discret ou un artefact de protection ? Ce serait tout aussi bienvenu.
Il se mit à envisager que, si la couronne avait décidé de les équiper ainsi, la situation pourrait être moins désespérée qu’il ne l’avait d’abord pensé. Le poids des intrigues politiques et des responsabilités imposées serait peut-être allégé par des outils qui pourraient leur offrir un certain avantage. Une lueur d’espoir naissait en lui, tempérée cependant par une prudence qui refusait de se laisser entièrement séduire par cette pensée.
— Je pense que vous aurez grandement besoin de ceci pour ce soir. Après tout, vous serez au centre de l’attention.
Blake dut retenir une grimace de justesse. Ce n’était ni une arme, ni un artefact utile qui se trouvait dans ces boîtes. Rien qui pourrait leur offrir un réel avantage dans ce nid de serpents. Pourtant, il garda son expression neutre alors que l’Impératrice, avec des gestes gracieux, déposait les boîtes devant eux. D’un signe de tête, elle les encouragea à découvrir les présents qu’elles contenaient.
Il hésita une seconde, le doute planant toujours, avant d’obéir, une certaine réticence alourdissant ses mouvements. Le bois lisse et raffiné du couvercle témoignait de la qualité de l’objet dissimulé en son cœur. En soulevant délicatement la partie supérieure, Blake découvrit une paire de chaussures. Pas de quoi se défendre, mais un accessoire de mode. Masquant sa surprise, il les observa avec minutie.
Les chaussures étaient manifestement taillées sur mesure, d’un bleu nuit qui s’harmonisait parfaitement avec son costume. Sa tenue, sobre mais élégante, était rehaussée de quelques touches discrètes d’argent finement travaillé sur le col, les manchettes et les rabats des poches. Ces chaussures, dans le même esprit, arboraient un bijou en argent délicatement apposé sur le bout, ajoutant une touche d’élégance à l’ensemble. Malgré lui, Blake ne pouvait qu’admirer le travail. Du bout des doigts, il caressa le cuir souple et doux, certain que ces chaussures ne lui causeraient aucune gêne.
Prenant l’une d’elles en main, il l’inspecta avec soin, retournant la chaussure pour découvrir un cercle magique gravé sur la semelle. Une lueur d’espoir s’alluma au fond de lui. Peut-être que ces chaussures n’étaient pas aussi inutiles qu’il l’avait pensé. Blake sentit les braises de ses espoirs se raviver.
— Nous avons décidé de faire les choses en grand pour ce soir, expliqua l’Impératrice avec un sourire délicat. Ces chaussures ont été fabriquées spécifiquement pour vous. Nous y avons ajouté quelques enchantements, notamment des sorts de gravité et de stabilité. Pour vous, Damoiselle, un sort de floutage a été apposé sur vos souliers afin que personne ne puisse voir sous votre robe.
Blake n'avait pas besoin de tourner la tête pour deviner qu’Anthéa devait être en train de rosir sous l'effet de la remarque de l'impératrice. Cela n'avait rien de surprenant; après tout, dans les hautes sphères de la société, la pureté et la chasteté d’une jeune femme étaient des qualités essentielles. Plus une femme était irréprochable, plus les demandes en mariage affluaient. À l’inverse, celles qui avaient été mêlées à des scandales, éclaboussées par des rumeurs salaces, ou qui avaient perdu leur pureté, étaient rapidement mises au ban de la société, chassées de leur propre foyer. Comme Adalynn… Même si, dans son cas, elle avait tout fait pour provoquer cette chute.
Se levant avec une lenteur calculée, Blake s'inclina profondément devant l'Impératrice, suivi de près par Anthéa, qui imita son geste avec une élégance certaine. Ce signe de reconnaissance marquait la fin imminente de l’audience, et Blake se préparait déjà à refermer la boîte contenant les chaussures, prêt à offrir son aide à sa jeune fiancée pour enfiler les siennes. Mais alors qu’il s’apprêtait à se tourner vers elle, il vit le prince Lothar s'avancer, le devançant avec une aisance déconcertante, pour finir à genoux devant la charmante demoiselle.
Un éclat de colère froide traversa le regard de Blake, ses traits se durcirent instantanément. Voir un autre homme toucher ainsi sa fiancée, en sa présence, n’était rien de moins qu'une insulte. Certes, il n’était peut-être pas le meilleur des partenaires, mais il connaissait les règles de cette société. Il savait se tenir, savait respecter les usages, et il n’était certainement pas homme à se défiler devant ses responsabilités. Mais qu’on lui coupe ainsi l’herbe sous le pied, qu’on empiète sur son rôle, c'était une humiliation qu’il n'appréciait guère.
Ce n’est qu’en croisant le regard doré d’Anthéa, aussi déconcerté que le sien face à l'affront du prince, que Blake réalisa l’absurdité de sa réaction. Lothar semblait éprouver un intérêt particulier pour la jeune femme, et d'une certaine manière, cela l’arrangeait. Si Anthéa partageait cet intérêt, Blake pourrait aisément les pousser l’un vers l’autre, se délestant ainsi de cette corvée qui lui pesait tant. Après tout, entre un fils de marquis sans titre et le prince héritier de l’Empire, le choix serait évident. Et ce choix ne ferait que faciliter la vie du cadet des Corbyn.
Reprenant contenance, il se rassit et défit ses souliers, les remplaçant par les élégantes chaussures offertes par la couronne. D'un coup d'œil, il vit son père lui indiquer qu'il s'occuperait de transmettre la boîte à un domestique de leur suite. Puis, lorsque l’Empereur se leva, Blake en fit de même, constatant qu’Anthéa était elle aussi prête. Pourtant, une boule de colère persistait dans sa gorge, difficile à ignorer.
— Jeunes gens, il est temps pour vous de vous préparer à entrer en scène.
L’Empereur agita une petite cloche, et en quelques secondes, Filip, le majordome, apparut en s'inclinant profondément.
— Accompagnez-les jusqu’à l’entrée de la salle de bal. Vous les ferez entrer dès que j’aurai terminé mon discours.
— Il en sera fait selon vos désirs, Votre Majesté, répondit Filip avec déférence.
Blake et Anthéa s’inclinèrent respectueusement devant l’Empereur, puis suivirent le majordome à travers les couloirs du palais. Un silence lourd planait entre eux, seulement brisé par l'écho de leurs pas sur le marbre. De temps en temps, un membre du gouvernement ou un domestique croisait leur chemin, cassant la monotonie des couloirs démesurément long.
Blake ralentit imperceptiblement, laissant Filip prendre un peu d’avance. Lorsqu'il estima la distance suffisante, il tourna son regard vers Anthéa, son expression s'assombrissant. Sans préambule, il lui saisit le bras avec une fermeté qui la fit se retourner brusquement vers lui.
— Nous devons parler, dit-il d’un ton qui ne laissait aucune place à la discussion.
Les jeunes marié, vont être jeter dans la fosse entourée de prédateurs.
Si quelqu'un touche à un cheveux d'Anthéa, je sens que notre Blake ne laissera pas passer cela. 🤭 Et si il le fait pas j'espère que quelqu'un le frappera. ✨
N'empêche qu'il était déjà jaloux contre le prince, mais je ne pense pas que le prince soit réellement intéressé par elle. Ça pourrait être un espion qui sait ? 🤔
Hehehe, j'ai si hâte de poster la suite ♥
J'ai hâte de lire tes prochaines théories ♥♥