Chapitre 5
Condoléances
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Malheureusement, Claire n’a pas… survécu.
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Comment ça ?
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Elle est décédée il y a deux heures, il n’y avait qu’une chance sur dix qu’elle survive.
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Vous…vous voulez dire que… que je suis à nouveau orpheline ?
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Oui.
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Je..ce n’est pas possible !
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Une des balles avait touché un nerf.
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Je m’en fiche totalement ! Imaginez, ça faisait 14 ans que j’attendais d'être adoptée puis ma mère adoptive se fait tuer par mon père ! C’est tout bonnement impossible !
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Pourtant, c’est la vérité, peut-être que vous n’avez juste pas beaucoup de chance…
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Ah bah mince, je voulais jouer au loto, mais, maintenant, je suis sûre de perdre !
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Je suis ici pour vous demander… Préférez-vous retourner au orphelinat, ou partir vivre dans une nouvelle famille d’accueil ?
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Je ne sais pas, donnez moi une semaine pour décider.
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Voulez-vous qu’un psychologue…
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Non !
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Très bien, alors… à dans une semaine !
Il rejoint ensuite sa voiture, démarre, puis part.
Je vais en haut et je laisse s’échapper toutes les larmes que je n’ai pas réussi à contenir. Le soir, je m’endors facilement sous la couverture mais je rêve, ou plutôt, je cauchemarde.
C’est mercredi matin et on sonne à la porte…
Je demande qui est là et une voix que je connais me répond qu’il est le policier d’hier, je décide d’ouvrir. Le policier m’apprend que, demain, Sébastien va être interrogé pour savoir pourquoi il a tué sa femme. Il me demande mon numéro de téléphone pour qu’il puisse me tenir au courant de l’avancée de l'enquête sans qu’il ai besoin de se déplacer.
Il me donne ensuite un “passe” pour que je puisse assister à l'interrogation (si je veux).
Il me dit de faire attention puis il part.
Toute seule dans la maison, je ne peux m’empêcher de me faire la réflexion que les apparences sont parfois trompeuses (comme ici) car, au début, je prenais Claire pour la “méchante” et Sébastien pour le “gentil”, mais finalement, c’était le contraire.
On peut dire que je n’ai vraiment pas de chance en matière de parents !
Je songe ensuite à ce que va être ma vie dans une nouvelle famille (eh oui, j’ai choisi cette option !)
Je songe aussi à l’école qui va bientôt reprendre et au lycée qui va m’accueillir.
Je me dis que ma vie n’est pas encore finie et que, je trouverais sûrement une autre famille prête à m’accueillir. Je me demande aussi quel métier je voudrais faire plus tard… Et oui ! Je pense à beaucoup de choses.
Je me dis que je n’ai toujours pas fait les courses pour ma rentrée, alors qu’elle est dans 1…2…3…4… 15 jours ! C'est-à-dire 2 semaines !
Je me demande aussi si le policier va me trouver une famille dans laquelle il n’y a pas de criminel.
Le soir, je vais dans ma chambre, je mets la musique dans mes oreilles puis je m’endors.
Le lendemain, je reçois un message du policier qui dit que l'interrogatoir sera repoussé à demain, je lui réponds que j’ai choisi d’aller dans une nouvelle famille d’accueil.
Deux heures plus tard, je reçois un message (toujours de lui) qui dit que l’enterrement à lieu aussi demain, au cimetière qui est à côté de mon ancien orphelinat.
Pour le repas, je mange une pizza décongelée au four avec, en dessert, une glace à la noisette (ma préférée).
Le soir, je m’endors vite étant donné que je n’ai rien mangé, mais je me réveille en pleine nuit avec une faim de loup, ce qui fait que j’ai mangé mon petit déjeuner à 2h du matin.
En me réveillant, vendredi, j’ai un horrible mal de tête qui ne s’en va que quand je vais sous la douche.
Je prends rapidement mon petit déjeuner puis, je pars m’habiller pour être à l’heure à l’enterrement.
Une fois ma belle robe noire enfilée, je m’en vais en direction d’un bureau de tabac, où j’achète un billet de bus valable jusqu’à demain.
Là, je suis devant l’arrêt, à côté d’un gars qui ne m’inspire pas confiance car il me regarde bizarrement. Une fois le bus arrivé, je rentre à l’intérieur tout comme le gars.
Il décide ensuite de m’adresser la parole (ce qui est bizarre).
Il me demande :
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Tu t’appelles Eva ?
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Non. (je sais que je n’aurais pas dû répondre)
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Oh, j’ai…je me suis trompé de personne…
Et c’est là que je vois Maya qui cours dans le bus (en bousculant tout le monde) vers moi et qui crie :
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Eva !
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Salut Maya !
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Je croyais que ce n’était pas votre prénom…
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Ce n’est pas mon prénom… c’est mon surnom ! dis-je en faisant un clin d'œil à Maya.
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J’ai vu votre clin d'œil, vous savez.
Et, grâce à ma chance, le bus s'arrête à ce moment à mon arrêt. Je salue Maya puis je sors du bus, direction l'orphelinat ou plutôt, le cimetière où j’ai été trouvée !
Il y a certaines choses dans ton histoire qui sont évidentes pour toi mais difficiles à comprendre pour le lecteur, toutes les actions ont des conséquences immédiates mais qui ne sont pas forcément naturelles : le faite qu'Eva se réfugie dans sa chambre sans avoir peur que Sébastien ne la rejoigne pour la tuer, le fait qu'elle soit tout à fait logique en appelant la police et en parlant de manière calme alors qu'elle assiste à un meurtre, le fait qu'elle reste seule dans une maison sans adulte alors qu'elle a 14 ans et avec l'aval un policier. Tous ces détails sortent le lecteur de l'histoire, il ne la comprend pas car la logique de l'univers que tu as construit n'est pas celle dans laquelle on se projette. Je ne dis pas que ton univers n'est pas logique, mais tu le traites comme si c'était évident pour ton lectorat, et je ne trouve pas que ce soit le cas.
Ce que tu pourrais faire, c'est de base continuer à écrire, ça c'est sûr, mais aussi te demander comment réfléchissent les autres, leurs bases de réflexion, leur logique et écrire en prenant en compte ces bases dans tes écrits.
Ton histoire est loin d'être inintéressante, le sujet est sensible de base, et sans doute as tu vécu des choses dures par le passé que tu essayes d'extérioriser, mais la forme de ton histoire peut être retravaillée pour que ton lectorat puisse se projeter dans ton monde.
Car si tu ne le fais pas, c'est comme parler français au Japon, personne ne comprendra.
C'est pas forcément simple d'encourager en critiquant, mais quand on relit son texte après avoir travaillé avec passion et auto-critique, on est vachement content de soi.
Soit fière de tes textes, tout le temps, et dans tous les cas.