Chapitre 5 : Jeux de guilde (7eme partie : Une chanson douce)

Notes de l’auteur : Et encore un chapitre de plus en moins.
Merci beaucoup, c'est toujours un grand honneur d'être lu.
Pour vendre un peu le prochain chapitre, sachez qu'il y aura Marco dans un hammam, deux vieux sur un banc et une menace d'intolérance au gluten...
Bonne lecture et bonne journée !

Dans une cave sombre et humide, coincée entre les innombrables canaux de la cité, une assemblée secrète s’était réunie pour fomenter un mauvais coup.

— Alors pour résumer, c’est notre opération la plus importante et la dernière d’envergure avant une stratégie de dispersion du collectif et de fragmentation des agressions est-ce clair ?

— Non.

— J’ai rien compris, t’as compris toi ?

— Ouai non en plus simple ça donne quoi ?

— Bon monsieur Pamplemousse, prenez le relais, moi là j’en peux plus… 

— T’inquiètes pas comme ça miss Kumquat ça va le faire… Bon je reprends les gars ! Jusqu’à aujourd’hui on a bien arrosé tout le monde, des types importants ou un grand nombre de personnes à la fois… on a bien envoyé le pâté ! Là on bourrine à fond pour une dernière fois tous ensemble. Il faut que ça claque, qu’on se dise « wouah ceux qui font ça c’est pas des jambons ! » Après chacun part dans son coin et fait de petites attaques tranquilles à son rythme, dans son style. Alors avant d’aller plus loin est-ce qu’il y en a qui veulent s’arrêter là ?

— Y’s’passe quoi si on dit oui ?

— Ya le choix… mais pour faire simple on dira dans quelques jours à ta famille où te retrouver dans les marais avec ton nom écrit quelque part pour qu’ils soient sûr que c’est bien toi.

— Ah ben moi j’suis super motivé alors !

De nombreuses voix s’élevèrent pour révéler que tous étaient enthousiasmés par cette nouvelle opération. 

— Parfait alors maintenant on la ferme et pour faire plus simple je vais vous appeler par groupe pour vous réexpliquer dans le détail votre mission précise, parce qu’après vous allez vous embrouiller et ça va être le merdier… Et ne dites pas non, je vous connais !

Trois heures plus tard, Piazz sortait au grand jour, enveloppée dans une grande houppelande ivoire. Elle avait les traits tirés, la mine basse. Pourquoi participait-elle à tout ça ? Maintenant c’était facile, parce qu’elle risquait sa vie si elle essayait de resquiller, mais au tout début ? On lui avait parlé de liberté, de nouvel espoir pour les jeunes générations dont elle ne faisait plus partie… 

C’était son truc à elle ça, les petits enfants. Elle-même n’en avait jamais eu, mais elle avait toujours su s’en occuper, elle avait même une petite réputation dans ce domaine. C’est pour ça qu’ils étaient venus la chercher elle.

Lentement elle remontait l’avenue des massepains avant de suivre la voie Aval d’ambroisie, elle traversa le pont des grondements où résonnaient, dit-on, les grognements des ventres affamés des condamnés à la diète. Elle se faufila dans la ruelle des sucres lents, puis la rue blonde, la ruelle des pas perdus, tout en descente, sauta au-dessus du plus petit canal de la ville dans la voie Amont de l’Essentiel et rejoint la place Samsa. 

Ce n’était pas, et de loin, la place la plus grande, mais ici chaque jour ou presque on trouvait le plus vieux marché de la ville, et sûrement le plus animé. 

Piazz avec la force de l’habitude remonta à travers les étals jusqu’à sa position, au coin nord-Ouest de la place et elle attendit. C’était le tout début d’après-midi et elle voyait, longeant le mur Ouest, les deux patrouilles réunis qui terminaient leur ultime tour de piste. Piazz abaissa son capuchon pour ne pas éveiller les soupçons comme on le lui avait appris et s’appuya nonchalamment contre le mur. Du coin de l'œil, elle vit les deux autres femmes, ses complices, qui erraient à proximité des étals.

Elle reporta son attention vers les quatre gardes qui s’approchaient lentement dans leur uniforme officiel. Un gilet de cuir orné de six pompons bleu roi sur une chemise blanche, une jupe plissée avec exactement soixante-six plis, une toque de boulanger et dans le dos un édredon. 

Elle fixa leurs pieds, le gauche, puis le droit, le gauche puis le droit qui lentement les amenèrent juste devant elle, dans l’angle Nord-Ouest de la place où ils seraient bientôt relevés de leur fonction. 

Elle commença doucement à chantonner, et les deux femmes, qui avec elle les encerclaient, firent de même. Elle ouvrit la bouche et commença à réciter, des paroles qui n’existaient pas, un prétexte pour la musique. 

Elle se releva et commença à contourner les gardes, comme pour aller voir les étals des maroquiniers juste derrière eux. Elle ne releva pas la tête, mais elle savait que les deux autres femmes faisaient de même, elle les avait formé pour ça. 

Le chant était lent, doux et il n’était pas clairement perceptible au milieu du brouhaha du marché. C’était un chant apaisant, pas un grand chant, non un tout petit, une simple berceuse. Piazz avait construit sa réputation sur les berceuses, elle pouvait endormir un enfant colérique en un rien de temps. 

Les femmes s’enroulèrent autour des gardes sans qu’ils n’y prêtent attention et la mélodie les suivit. Il commençait à faire chaud et les hommes de la garde avaient marché toute la matinée… Bientôt ils prendraient du repos… Ils fermeraient leurs yeux…

Et sur un signe de Piazz, l’attaque débuta.

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Luvi
Posté le 26/05/2025
Bien le bonjour 👋,
Donc la guilde des musiciens s'en mêle ! Car j'imagine que cette charmante nounou fait partie de cette guilde ?
Très intéressant ce concept de berceuse pour endormir les adultes. Donc même le chant peut devenir une arme ! Peut-on considérer Mr Henry Salvador comme un chansoriste du coup? 🤣
A bientôt
Plume de Poney
Posté le 26/05/2025
Bonjour à toi!

Non la nounou n'est pas affiliée à la Guile des musiciens, heureusement chaque artiste n'est pas lié corps et âme aux Guildes!
D'ailleurs elle ne serait pas considérée comme une grande artiste et la Guilde des musiciens est plutôt élitiste...

Le chant est un art qui a un effet, mais rarement très efficace pour un artiste seul.
Ici, Piazz, et ses complices, ne font que renforcer l'apathie des gardes, mais rien de plus.
Seuls les cantateurs et cantatrices, donc de grands chanteurs et chanteuses, savent utiliser l'art du chant pour des effets vraiment puissants.
Après, tout dépend de ce qu'on recherche, pour l'apaisement par exemple, des peines, de la fatigue, de la douleur, les chants peuvent avoir un effet bénéfique même léger. Comme pour les chants de travail, par exemple utilisé sur l'archipel de Ja, pour se donner de la force, améliorer le mouvement, réduire la fatigue etc. Tout les membres du groupe chantent ensemble pour renforcer la cohésion et l'efficacité de chacun.

Et Henry Salvador aurait sûrement été un artiste qui aurait su utiliser sa voix pour faire du bien autour de lui :)

Merci pour ta lecture et à bientôt!
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