J’avançais dans les ruelles silencieuses de Brooklyn, m’approchant de ma destination. Dans la pénombre il était difficile de se repérer mais j’avais fait ce chemin bien assez de fois pour pouvoir y venir les yeux fermés. Je tournais encore au coin d’une rue et arrivait enfin devant cette fameuse station de métro abandonnée. Éclairée uniquement par les rayons de la lune, les tags et autres graffitis dont elle avait été recouverte au fur et à mesure des années ressortaient encore plus, lui donnant une aura presque mystique.
Il y avait un peu plus de 30 ans, la ville avait décidé de construire un petit réseau de métro indépendant qui ne mènerait uniquement qu’à un gigantesque parc. Il avait été conçu pour être le « poumon vert » de la ville. Des cerisiers du Japon y avaient été plantés , des gingko biloba et autres arbres tous plus majestueux les uns que les autres ornaient le parc et créaient de magnifiques dédales de verdure. Un gigantesque saule pleureur trônait même fièrement au milieu du parc. Il était cintré par des immeubles presque entièrement vitrés qui étaient censés accueillir les bureaux de plusieurs grandes sociétés et firmes multinationales. Ce parc avait été nommé Hidden Paradise puisqu’il devait être le petit joyau secret de Brooklyn, le lieu huppé et original qui donnerait un nouveau souffle touristique et économique à la ville.
Mais dans ces années-là proliférait également dans la ville une organisation Animae extrémiste qui ne perdait aucune opportunité de mettre la ville à feu et à cendres : la LDO. La Lutte des Dieux Oubliés, en dépit de ce nom si mégalomane, avaient réussi à obtenir l’approbation de la plupart des populations Animae de Brooklyn au début de leur existence. Ils avaient ensuite fini par devenir une nuisance pour tout le monde au fur et à mesure de la radicalisation de leurs idées. Rapidement, ils étaient passés d’une organisation voulant améliorer les conditions de vie des Animae à des extrémistes voulant faire de Brooklyn une ville entièrement Animae où les Homicae devraient avoir peur de sortir de chez eux.
Leur plus gros coup, et aussi celui qui scella leur sort, fut de prendre possession de tout le réseau sous-terrain qui menait au Hidden Paradise et d’investir les immeubles environnants. Pendant des mois la police avait essayé de les déloger sans succès jusqu’à ce que même la population de Brooklyn en ai assez de toute la tension que la LDO avait engendrée. Les civils Animae et Homicae avait donc fait front avec la police locale pour faire sortir ce gang de leur tanière. Voyant qu’ils n’avaient plus aucun soutien auprès des habitants, leurs espoirs de révolte et leurs idées haineuses s’étaient évaporées en quelques mois. Beaucoup d’entre eux avaient été appréhendés par la police et étaient toujours en train de croupir en prison tandis que d’autres avaient réussi à prendre la poudre d’escampette. Leur chef était parmi ceux-là. Bien que le jeune leader de la LDO ai été traqué pendant des années, personne n’avait jamais réussi à le retrouver et son mouvement était tombé dans l’oubli, tout comme lui.
Cette affaire aurait fini par être oubliée et n’avoir plus aucune importance si elle n’avait été suivie de très près par tous les barons du crime des environs qui attendaient le moment opportun pour faire un coup de maître. Cette opportunité se présenta lorsque le maire fraichement élu de la ville décida de raser les bâtiments et le parc saccagé par la LDO durant leur occupation des lieux. Tous les dealers d’arts et mafieux de la région s’étaient donc assemblés pour graisser généreusement la patte de tous les politiciens de la ville pour que ce pauvre Hidden Paradise bafoué reste un lieu abandonné mais qu’il ne risque aucunement la destruction. C’était ainsi que ce petit coin de paradis était devenu le Marché Noir, capitale sous-terraine et secrète de toutes les organisations criminelles de la région.
L’existence de ce lieu était loin d’être un mystère pour la police locale, mais il aurait fallu être terriblement stupide pour y mettre les pieds sans appartenir à cet autre monde qu’était celui du Marché Noir.
Je contemplais la désormais unique entrée de ce réseau sous-terrain, toutes les autres ayant été condamnées. Le nom officiel de la station pouvait encore être déchiffré sous les graffitis : « Green Station ». Il avait depuis longtemps été remplacé par un énorme tag violet au sol qui indiquait d’une flèche l’entrée de la station et le nom qu’on lui donnait tous : « Wonderland Station ».
Si quelqu’un dans cette ville proposait de se rendre aux Pays des Merveilles, il y avait fort à parier qu’il ne parlait pas de l’oeuvre de Lewis Carroll mais bien de cette station de métro. Je m’engouffrais donc silencieusement dans cette bouche de métro et la laissait m’engloutir.
Aussitôt l’atmosphère changea et je basculais dans un autre monde, mon monde. Même Tim Burton n’aurait pas réussi à transformer le Pays des Merveilles en quelque chose d’aussi étrange et lugubre que les rames de métro du Marché Noir.
Des volutes de fumées de toutes les drogues possibles créaient une atmosphère lourde et pesante. Chaque bouffée d’air semblait un peu plus dépourvue d’oxygène et remplie de substances illicites de mauvaise qualité. Je remontais un peu plus le foulard qui me couvrait la moitié du visage, consciente que ça ne filtrerait tout de même pas la quantité de saletés contenue dans l’air de cette partie du métro. Des tags recouvraient les murs, le sol, le plafond et témoignaient des délires et des histoires de ceux qui fréquentaient ces lieux. Toutes les personnes que je croisaient portaient quelque chose sur leur visage. C’était la règle ici : aucun visage découvert.
Parfois c’était de simples foulards mais certains optaient pour des choses plus originales comme des masques de carnaval vénitien, des cagoules de clown, des masques d’animaux et autres fantaisies qui rendait le lieu et son ambiance encore plus unique et glauque.
Je pouvais sentir l’atmosphère s’alourdir encore un peu plus à chaque fois que les gens m’apercevaient, je sentais leurs regards sur moi et la peur était presque palpable. Un petit sourire se dessinait au coin de mes lèvres à cette idée même si personne ne pouvait le voir, dissimulé sous mon long et large foulard au motif bien connu de tous les occupants de ce lieu puisqu’il représentait le clan de l’Amirale.
Au fur et à mesure que j’avançais dans les dédales du métro, les murmures se faisaient de plus en plus entendre. Tout le monde savait que si j’étais là, quelqu’un allait passer un sale moment.
Plus on se rapprochait du parc, plus l’ambiance changeait.
Près de la station, on trouvait tous les petits voyous et dealers sans intérêts, sans importance qui essayait de se faire une place dans cette ville sous-terraine sans pour autant y arriver. C’était de loin l’endroit le plus dégoutant du Marché Noir. Même s’ils se la jouait dur, ils n’étaient pas encore assez stupides pour s’aventurer plus loin dans le métro. Plus le parc s’approchait, plus nos chances de côtoyer des criminels de plus en plus dangereux augmentaient. Dealers d’arts, mafieux, tueurs à gage : tous baissaient les yeux à mon passage.
Le mur de fumée s’évaporait peu à peu alors que j’atteignais l’escalier menant au parc. Je montais calmement les marches, sachant que les nouvelles iraient très vite une fois que je serais aperçue en haut des marches.
Je passais machinalement mes doigts sur l’écusson représentant une fleur de brugmansia accroché sur ma veste, au niveau de ma poitrine, symbole de mon appartenance au clan de l’Amirale et de mon titre de Capitaine. On appelait aussi cette fleur « Trompette des Anges », ce qui lui donnait un côté innocent qui paraissait bien ironique quand on savait que cette plante était aussi un poison extrêmement puissant utilisé par des chamans depuis la nuit des temps en guise de psychotrope.
Je marquais une petite pause une fois en haut des escaliers, savourant le petit vent de terreur que je pouvais sentir souffler sur les personnes autour de moi. J’en profitais également pour admirer le parc au clair de lune. Les rayons lunaires se reflétaient sur le vieux saule pleureur et rendait ce parc encore plus beau qu’en plein jour. Il avait beau avoir subi des modifications drastique depuis des dizaines d’années, les arbres restaient toujours maîtres de ce lieu un peu irréel.
Cependant, je ne m’attardais pas. L’Amirale m’avait confié une mission. Mes directives étaient claires et je savais exactement ce que je devais faire. Je continuais donc ma route dans le parc, d’un pas un peu plus pressé. Il fallait que je sois rapide pour conserver mon effet de surprise. Les rumeurs allaient très vite au Marché Noir. Ce n’était pas comme si quelqu’un essaierait de se mettre en travers de mon chemin, mais ça pouvait tout de même provoquer quelques contre-temps forts désagréables. Surtout pour les contre-temps en question.
Je contournais un cerisier pour emprunter une petite ruelle entre deux immeubles qui abritaient les personnes les plus influentes du Marché Noir. Je tournais machinalement à chaque intersections, connaissant ce labyrinthe comme ma poche. Je réfléchissais à comment j’allais m’y prendre pour rendre la chose la plus spectaculaire possible. Sally avait été claire, il fallait que ça soit un gros coup et que tout le Marché Noir le sache. On avait choisit la cible en fonction de ça. J’allais donc m’attaquer à l’entrepôt qui abritaient toute les armes et autres artilleries de Calypso. Il ne se relèverait pas de ça de sitôt.
Les gros coups comme celui-ci étaient généralement organisés à deux. Je me chargeais d’attirer l’attention du plus grand nombre alors qu’Ama, l’une des trois Capitaines de L’Amirale, s’arrangeait pour éliminer le plus grand nombre proprement. Nous étions efficaces, rapides et assez discrètes pour que le résultat de notre « travail » soit découvert bien après notre disparition. Mais aujourd’hui Ama réglait un différent de l’Amirale au Moyen-Orient et la discrétion n’était pas de mise. Nous devions frapper fort. Alors que j’arrivais devant le bâtiment que je ciblais je remarquais qu’il était aussi bien gardé qu’Orion l’avait mentionné.
Il avait été salement amoché par l’embuscade de Minerva, la seconde de Calypso, mais avait tout de même tenu à repérer les lieux lui-même. Je lui avait promis de ne pas retenir mes coups. Après tout, c’était bien pour montrer ce qu’il arrivait quand on s’en prenait à l’un de nos Capitaines que j’étais ici ce soir. Des dizaines d’entre eux allaient payer pour l’affront que Calypso et sa seconde venaient de nous faire.
Les feux d’artifices commençaient maintenant.
J’avais vu et mémorisé les plans du bâtiment, je savais que l’entrée principale menait directement à l’espace où ils entreposaient les trois quarts de leur artillerie. Il ne fallait vraiment pas être fin pour entreposer toute sa marchandise à un seul endroit au Marché Noir… En tout cas cela me rendait la tâche beaucoup plus facile.
La porte était plutôt bien gardée. Quatre gardes, probablement Homicae à en juger par la quantité d’armes qu’ils avaient sur eux, restaient plantés devant la porte alors que trois autres faisaient des rondes autour du bâtiment. J’allais m’occuper de ceux-là en premier.
Je fis discrètement le tour du bâtiment et en profitait pour laisser libre cours à mes dons Kaha. Je pouvais sentir ma sensibilité à toutes les énergies magnétiques environnantes s’accentuer, mes yeux devaient désormais luire d’une lumière bleue électrique et je commençais déjà à canaliser les flux magnétiques qui me parcouraient au creux de mes paumes, prête à en finir avec ces gardes qui m’empêchaient d’atteindre mon but.
Le premier me rentra presque dedans quand il tourna au coin du bâtiment pour continuer sa ronde et j’en profitais pour poser rapidement ma main à plat sur sa poitrine en déchargeant une quantité d’énergie assez importante pour arrêter son coeur à l’instant. Il n’avait même pas eu le temps de se rendre compte de ce qu’il lui arrivait qu’il avait déjà passé l’arme à gauche. Je recommençais l’opération avec les deux autres et me retrouvais désormais avec la voie libre pour faire une entrée remarquable et remarquée dans cet entrepôt sans être gênée par de vulgaires sous-fifres.
Je retournais donc à l’entrée du bâtiment, en prenant soin de garder la tête baissée pour que ma capuche masque la totalité de mon visage et me plantais devant les quatre gardes. Avant qu’ils n’aient eu le temps de me demander de dégager, j’ôtais lentement ma capuche en relevant la tête, dévoilant mes cheveux blancs et mes yeux lumineux. Leur réaction ne se fit pas attendre et ils devinrent aussi pâles que la mort, la peur se lisait sur leur visage et je ne pus m’empêcher d’afficher un petit rictus satisfait. L’un d’entre eux sorti de sa transe et pointa rapidement le canon de son arme en ma direction. Je n’eu qu’à agiter les doigts pour que quatre décharges les frappent brutalement, les propulsant contre le mur du bâtiment. Ils étaient morts avant d’avoir touché le sol.
Le bruit des corps contre le mur avait du alerter les personnes qui se trouvaient dans l’entrepôt, je ne perdis donc pas de temps et lança une vague d’énergie qui défonça la porte de l’entrepôt. Les débris de la porte volèrent jusqu’au milieu de la pièce, devant les regards abasourdis des occupants des lieux.
J’adorais sentir le petit vent de panique qui soufflait sur mes nouveaux amis lorsqu’ils virent briller mes yeux au travers de la poussière qu’avait occasionné l’explosion de la porte.
Je fermais les yeux quelques instants pour me focaliser sur toutes les énergies magnétiques et leurs variations dans l’espace qui m’entourait. Les flux magnétiques étaient dérivés de leurs trajectoires initiales lorsqu’ils rencontraient un corps étranger. Je pouvais en compter une vingtaine au rez-de-chaussée, dix au premier étage et cinq au sous-sol. Un petit sourire perça mes lèvres alors que je rouvrais les yeux. Ça promettait d’être intéressant.
Avec l’énergie du désespoir, les employés de Calypso se jetaient sur leurs armes alors que d’autres essayaient de se trouver un abri de fortune derrière les caisses d’armements. Je m’entourais d’une sphère magnétique bleutée du plus bel effet qui me servait de bouclier contre la pluie de balles qui risquait de pleuvoir sur moi d’ici quelques secondes. J’étais d’ailleurs connue pour ce petit tour qui nécessitait un don extrêmement développé et une grande maîtrise de ses pouvoirs. La rumeur disait qu’aucun Kaha n’avait précédemment réussi l’exploit de créer une protection magnétique aussi importante et assez durable sans s’évanouir au bout de quelques minutes. Je me foutais pas mal de savoir si cette rumeur était fondée ou pas, tout ce que je savais c’était que je pouvais le faire sans même verser une goutte de sueur.
La symphonie des armes à feu avait commencé et le cliquetis des balles tombant au sol arrêtées par mon bouclier n’en rendait la mélodie que plus agréable. J’avançais lentement, me fiant plus aux variations de flux magnétiques qu’à mes yeux. Des éclairs d’énergie magnétique jaillissaient de mes mains à tout va, et bientôt le vacarme de la fusillade céda la place à un silence de mort. Des corps gisaient partout au sol, les yeux grands ouverts, électrocutés sur place. Les néons au plafond avaient quasiment tous sautés et les seuls qui avaient résisté émettaient de la lumière par à-coup, rendant le lieux encore plus sinistre.
Je choisissais de continuer ma route vers le premier étage, sentant ses occupants s’agiter de plus en plus. Je renforçais un peu mon bouclier, sachant que je risquais de me prendre une seconde rafale de balles. Au fur et à mesure que je montais l’escalier, je sentais que l’atmosphère se réchauffait de plus en plus. Un Wera devait se trouver là-haut. Les Homicae n’étaient pas vraiment un problème puisque leurs armes étaient inefficaces contre moi mais les Animae pouvaient me poser plus de problème. Je décidais donc de ne pas prendre de risque inutile et avançait rapidement jusqu’au centre de l’immense pièce qui constituait tout l’étage, en me protégeant des balles qui venaient de tous les côtés. Une fois au centre je pouvais ressentir une sensation de brûlure qui se faisait de plus en plus douloureuse, signe que le Wera était bien dans les parages. Je parvins tout de même à concentrer une énorme quantité d’énergie magnétique et la relâcha d’un seul coup, créant une énorme vague d’énergie qui dévasta tout sur son passage. Le contenu des caisses d’armement était répandu sur le sol, totalement détruit.
L’atmosphère redevenait de plus en plus fraîche et je n’avais plus l’impression que j’étais au centre d’un bûcher, le Wera était donc mort. Une fois sûre que je n’avais pas laissé de survivants je descendais au sous-sol pour finir le travail.
Le sous-sol faisait la surface entière du bâtiment et semblait contenir toute la réserve de poudre et de grenades de l’entrepôt. Voilà qui était extrêmement stupide. Et à en juger par les cinq personnes se tenant face à moi, les mains au-dessus de leurs têtes en signe de capitulation, ils devaient le savoir aussi.
— Pitié, on fera tout ce que vous voulez !
Je me contentais de lâcher un petit rire dédaigneux.
— L’Amirale n’est pas vraiment d’humeur charitable, ces temps-ci.
Une décharge frappa l’imbécile qui avait osé ouvrir la bouche avant même qu’il n’ai eu le temps de cligner des yeux sous le regard absolument terrorisé des quatre autres. Ils regardaient leur collègue gisant au sol, les yeux grands ouverts, encore secoué de quelques spasmes post-mortem.
— Cependant, il me faudra un messager qui racontera à Calypso ma petite expédition ici… dis-je d’un air détaché.
Les regards des sous-fifres se rallumèrent d’une nouvelle étincelle à la seconde où j’avais prononcé ces quelques mots. Le semblant d’unité que j’avais cru apercevoir entre eux brisa en éclat et je sentais qu’ils étaient prêts à s’entre-tuer pour avoir une chance de sortir d’ici vivant. Voilà qui était parfait.
Je leur proposais donc de m’aider à bouger ces caisses de façon à les placer de manière un peu plus stratégique pour que la bâtiment s’écroule. Celui qui saurait se rendre le plus utile aurait la vie sauve. Moi-même je ne savais pas vraiment ce que j’entendais par là mais tant qu’ils bougeaient ces caisses là où je leur disais de les bouger, j’étais satisfaite.
Ni une ni deux, ils se jetèrent sur les caisses. Une fois que toutes mes caisses étaient stratégiquement posées pour faire exploser le bâtiment, mes petits ouvriers se posèrent bien sagement devant moi, attendant le verdict final.
— Vous savez, pendant que je vous regardais porter ces caisses, je me suis rappelée que l’Amirale m’avait bien précisé une chose concernant cette mission.
Je m’arrêtais pour faire une petite pause théâtrale et en profitais pour créer un nouveau bouclier.
— Aucun survivant.
J’eu à peine le temps de voir leurs regards épouvantés au travers du voile bleuté qui m’englobait que je déclenchais une vague d’énergie qui fit sauter toutes les caisses dans un vacarme assourdissant. Je renforçais autant que possible mon bouclier et observais le bâtiment tomber en ruine autour et au-dessus de moi. La terre tremblait et je me retrouvais bientôt engloutie sous des énormes morceaux de béton. Je ne bougeais cependant pas, toujours à l’abri sous mon bouclier. Lorsque le silence fut total, je déclenchais une dernière et puissante vague d’énergie qui fit voler tous les débris qui me recouvraient et je me retrouvais enfin à l’air libre.
Le mélange de poussière et de fumée m’empêchait de voir quoi que ce soit. Je sortis des décombres et fut ravie de voir, une fois le nuage de poussière un peu dissipé, que des dizaines de personnes étaient déjà autour du bâtiment. Ils blêmirent tous en me voyant sortir de là, les yeux encore luisants. Je ne leur accordais même pas un regard et rebroussa tranquillement chemin jusqu’à la station. Je réajustais ma capuche et laissais mes yeux retrouver leur couleur naturelle alors que je m’engouffrais à nouveau dans la bouche de métro.
Je tapais rapidement un message à l’Amirale avec mon téléphone à carte pré-payée.
« C’est fait. »
J’appuyais sur le bouton d’envoi alors que je grimpais les marches qui me ramenait à la Surface. J’attendais d’être à quelques rues de la station pour enfin ôter ma capuche et mon écharpe. J’en profitais pour prendre une bouffée d’air pur avant de m’enfoncer à nouveau dans la noirceur des petites ruelles de Brooklyn.
Le contre-coup de toute cette décharge de pouvoir commençait à se faire sentir et je me sentais soudainement beaucoup plus fatiguée. Je déambulais sans penser à rien jusqu’à ce que mes pas me mènent machinalement devant ce bar avec son enseigne en néon bleu et rose, le Foxycorn. Je poussais la porte et allait m’accouder au comptoir.
Un petit remontant ne ferait pas de mal.
Une exécution rapide et efficace qui fait froid dans le dos tant elle semble dérisoire et facile pour le personnage ...
J'aime d'ailleurs beaucoup l'ambiance un peu post-apocalyptique qui se dégage de Hidden Paradise ainsi que l'histoire que tu as brodée tout autour pour qu'il en devienne le Marché Noir.
Vivement la suite !