Chapitre 5 : Ténèbres joueuses

Par Zosma

BraVo !

 

Les applaudissements surgirent, allèrent crescendo, se firent assourdissants, comme si un millier d’hommes tapaient dans leur main et se réjouissaient dans un vacarme triomphal.

Tambourinant.

Du bruit.

Fort.

Absolument partout.

Tout autour de moi.

Dans mes oreilles.

Au plus profond de ma tête.

Lourde.

Pâteuse.

Épuisée.

 

Réfléchis.


 


 


 


 


 


 


 


 


 

Silence.


 


 


 


 


 


 


 


 


 

C’était où « autour de moi » ?

 

══════════════════

 

J’ouvris les yeux, je les fermai, je le fis plusieurs fois, encore, aucun changement.

Pourquoi ?

C’était le noir.

Boueux.

Le néant.

Huileux.

Et je sus que c’était le vide et que j’étais là où il n’y avait rien.

Personne.

Pourquoi ?

Le vide.

Je grattai du côté de la folie, mais elle ne répondit pas et c’était comme si elle me tournait le dos.

Seule.

Pourquoi ?

 

FélicitatiOn, vrAiment, je n’aUrais Pu espéRer mieux de TOi !

 

Il n’y avait que cette voix.

Et ce n’était pas la mienne.

Ce n’était pas la folie.

Ce n’était personne.

Qui ?

Quoi ?

Concentre-toi.

 

Il y a De qUoi êTre fièrE !

 

Elle était illisible, une note impossible à saisir, constamment changeante, irrémédiablement floue.

Elle s’élevait dans une brève fragilité puis retombait, s’écrasait, comme retombait et s’écrasait la pluie, et ces petites gouttes de son, elles étaient nées du vide.

Et le vide était fait de rien.

Est-ce qu’elle était le rien ?

Est-ce que le rien avait une voix ?

Est-ce que c’était seulement possible ?

Il le fallait.

Parce que c’était comme si le silence me parlait.

Pourquoi ?

Où étais-je ?

Qui était-ce ?

Et où étaient-ils passés, eux ?

 

Eux…

 

Qui ?

C’était si dur de se rappeler.

Fatiguée, trop fatiguée…

Un rêve ?

Non.

La folie, elle ne répondait pas.

Et eux, ils n’étaient pas là.

Personne n’était là.

Pourquoi ?

Ma conscience se faisait de plus en plus pesante.

Endormie ?

Éveillée ?

J’essayai de bouger mes doigts devant mes yeux, mais, ici, je n’avais pas de doigts, et peut-être même pas d’œil, alors rien ne bougea et, de toute façon, je ne voyais rien.

Ma conscience, c’était tout ce qu’il me restait.

J’entendais.

 

Te souvenIr de ce nOm en si peU de temps, eN pluS de récupérer Ton chapeAu, c’est impresSionnant !

 

Et mon esprit tourna curieusement sur lui-même pour atteindre la voix, parce que ces mots lui disaient quelque chose.

Un chapeau.

Un nom.

Où suis-je ?

Et la voix, elle savait, pour le nom, le chapeau, elle savait tout ce qu’il y avait à savoir.

Et est-ce qu’elle savait ce que moi je ne savais pas ?

Mon chapeau.

Important.

Et je sus qu’il était là, qu’il devait être là, je me souvins, je l’avais perdu puis retrouvé, dans l’herbe.

Et il était si important.

Alors je tentai de lever ma main inexistante pour toucher le chapeau sur ma tête, mais dans le vide il n’y avait rien, ni main, ni tête, ni chapeau.

Mon nom ?

J’étais si lasse.

Pourquoi ?

 

Et toUt à fAit diveRtissaNt. Dis-moi, qu’est-ce que ça fait, hein, de perdre le contrôle ?

 

La voix s’était mise à chuchoter, et c’était comme si un souffle tiède effleurait mon oreille invisible et ce qu’elle disait était incompréhensible.

La folie, pourtant, réagit. Elle me tournait le dos, tout au fond de moi, enfouie sous des couches âpres et tranchantes de ressentiments, mais elle réagit et sa réponse fut un feulement grinçant.

Et elle l’avait entendu, la voix, elle l’avait entendue parce que le vide se chargea d’un rire délicat.

 

Je vois Qu’elle fait eNcore Des sieNnes.

 

Elle l’avait entendue.

Alors que la folie, c’était ma folie.

Les autres ne devraient pas l’entendre.

Mais la voix l’entendait et elle la connaissait et elle lui parlait et elle rendait la folie bien trop réelle, ici, dans le vide.

Et cette simple idée me terrorisait.

Puis je me dis que, peut-être, la voix se parlait à elle-même, que c’était une coïncidence et que la folie n’était pas vraiment là et que c’était juste ma folie, rien qu’à moi, dans ma tête et qu’elle n’en sortirait pas.

Et cette pensée-là fut tout de suite bien plus rassurante.

 

Il a falLu que ce sOit ces dEux-là qui la LIbère, en plUs, mmh ? Un Choix plutôt inTéressant.

 

Et je sus.

Je me rappelai.

Eux…

Eux deux.

L’homme silencieux et le Professeur.

C’était eux qui n’étaient pas là alors qu’ils devraient être là.

Et j’essayai de me souvenir un peu plus alors que j’aimerais dormir.

C’était eux qui m’avaient libérée.

Pourquoi ?

J’étais enfermée.

Pourquoi ?

Je ne me rappelais pas.

Pourquoi ?

Mais là-bas, après avoir suivi le bruit, dans la forêt, j’avais récupéré mon chapeau. J’avais retrouvé mon nom.

Que m’était-il arrivé ?

Pourquoi n’étaient-ils plus là ?

Pourquoi étais-je dans le vide maintenant ?

Pourquoi étais-je seule ?

Pourquoi avais-je tout oublié ?

Pourquoi ?

Pourquoi ?

— Pourquoi ? lançai-je face au rien.

Et il se trouva que dans le vide, dans le silence et dans le rien, moi aussi j’avais une voix.

 

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L’homme silencieux, il était là, à ce moment-là, quand c’était arrivé, quand je les avais retrouvés, mon chapeau et mon nom, quand ils étaient revenus, et il n’avait plus eu l’air d’être lui-même, encore une fois. Son regard assombri était resté accroché à l’herbe, là où il y avait eu le trou, et plus rien d’autre n’existait à ses yeux, hormis cette minuscule portion de forêt.

J’aurais même juré qu’à l’intérieur de lui s’était produit un tremblement de terre dévastateur, qu’il était tout secoué et qu’en lui, dans sa tête, plus rien n’était à sa place.

Ébranlé.

Puis, longtemps, bien longtemps après, alors que j’appréciais le poids de mon chapeau sur ma tête, il s’était rappelé que j’existais, que j’étais là et qu’on était tous les deux perdus dans la forêt, celle où il ne fallait surtout pas se perdre.

Alors une lueur avait ravivé ses yeux noirs et il s’était reculé d’un pas et de deux avant de reprendre possession de l’espace dans un ordre cinglant :

— Je ne veux pas te voir à plus d’un mètre de moi. Et pas un bruit, c’est compris ?

Et ce fut comme si rien ne s’était passé, qu’il n’y avait eu ni trou, ni chapeau, ni souvenir.

Et peut-être que c’était le cas.

Non.

J’agrippai les rebords de mon haut-de-forme.

Non.

Il était revenu.

Mon nom.

Il était revenu.

Alors peut-être que l’homme silencieux n’avait rien vu, à part le trou, peut-être qu’il n’avait rien entendu.

J’essayai de croiser son regard, de lui faire comprendre que les choses avaient changé, qu’on ne pouvait pas repartir comme ça, comme si de rien n’était.

Mais l’homme silencieux était déjà en train de s’éloigner.

Et moi je pouvais juste le suivre.

En silence.

 

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« PourQuoi ? »

 

La voix, celle du silence, du vide et du rien, avait répété ma question d’un air étonné.

Comme si ce n’était pas la question qu’il fallait poser.

Mais c’était la seule qui me venait.

Pourquoi ?

Tout ça, pourquoi ?

 

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L’homme silencieux, il connaissait un chemin.

Je pense même qu’il connaissait la forêt tout entière.

Parce que l’homme silencieux, il ne se perdait jamais.

Peut-être que la forêt lui avait murmuré le secret de toutes les routes et de tous les chemins à emprunter. Peut-être qu’elle lui parlait en ce moment même, de la même façon qu’elle me parlait, à moi. Et est-ce que lui aussi il avait la furieuse envie de lui répondre ?

Je ne sais pas.

Ton nom ?                    Ton nom ?                             Ton nom ?

Pas un bruit.

 

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VoiUne queStion bien lArge !

 

Le vide gloussa et le noir ondula gaiement et c’était dur de se concentrer alors qu’en même temps tout se remettait en place et se mélangeait dans ma tête et que le sommeil voguait aux abords de mon âme.

 

« PoUrquoi ? »

 

Et la voix prenait plaisir à répéter ma question, à en distordre les sons, à la faire rouler et vibrer dans le néant encore et encore.

 

Ce ne serait pAs très amuSant d’y répondre Comme ça, n’est-ce pAs ? Beaucoup Trop siMple, pas asseZ divertissant !

 

La voix marqua une pause, je retins mon souffle et la folie enfonça ses ongles impatients dans ma chair imaginaire tandis que l’espace infini se resserrait un peu plus autour de moi.

Étouffant.

 

J’ai unE iDée, faisoNs un jeU !

 

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Le Professeur était bien vivant.

Et paniqué.

Il avait d’abord vu l’homme silencieux sortir d’un fourré et avait accouru vers lui tout en s’écriant que je n’étais plus là, que j’avais disparu, que c’était une catastrophe et qu’il n’avait rien vu.

Puis l’homme silencieux s’était écarté et le Professeur avait brusquement cessé de parler lorsqu’il m’avait remarqué. Ensuite, l’homme silencieux l’avait grondé.

— Tu l’as laissée partir…

Et cela avait duré un moment.

Mais le Professeur avait l’habitude, alors tout allait bien.

 

══════════════════

 

Nous allions jouer et je n’avais pas le choix et mon esprit tangua dans une ivresse somnolente.

 

Écoute-mOi bien, lesgLes sont Très simples. À cHaque fois Que nous noUs verrons, tu auras le droit de Me poser uNe question, mais une sEule ! Et je serai obliD’y répondre, sans te mEntir bien entenDu.

 

La voix se réjouit et sembla taper dans ses mains avec excitation.

 

Quelle brillante ie, ce serA bien plus amuSant comme çA !

 

Et la voix, elle n’avait pas remarqué que moi, je ne m’amusais pas. Puis il n’y eut plus aucun bruit et le silence s’éternisa d’une façon angoissante et la panique reflua parce que j’étais seule et que j’étais coincée ici alors que la voix attendait et je devais poser une question, mais des questions, il y en avait beaucoup trop et je ne pouvais pas choisir parce qu’elles étaient trop nombreuses et je ne savais pas, je ne savais pas, je ne savais rien. Pourquoi ?

Pourquoi ?

Je ne voyais que celle-ci.

Cette question-là.

Alors je m’apprêtai à parler, à lui donner la question, celle qui englobait toute les autres, mais la voix me coupa brutalement dans mon élan, alors que le mot venait à peine de se former dans mon esprit.

 

IL faut évidemMent qUe ce soit plus précis que cET ennuYant « pourquOi », je te fais coNfiance.

 

Ça ne marchait pas, je devais trouver autre chose, mais il y avait tant d’autres choses. Et je devais poser une question, et la voix, elle avait l’air de savoir tout ce qu’il fallait savoir, et j’aurais enfin une réponse, une vraie réponse. C’était le moment. Une question.

Juste une question.

Mes souvenirs…

 

RéfléChis bien.

 

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Un bruit, par la suite, nous avait tous paralysés.

Il provenait d’un regroupement d’arbres noueux à l’extrémité de notre campement et c’était comme si quelque chose était caché, là, dans l’ombre, et nous observait, quelque chose qui s’apprêtait à nous bondir dessus.

L’homme silencieux s’était aussitôt emparé de sa dague, celle qu’il avait utilisée là-bas, pour le cœur.

Et je ne pus m’empêcher de frémir.

Est-ce que c’était un autre soldat qui nous épiait ?

Est-ce que l’homme silencieux allait recommencer ?

Est-ce que quelqu’un serait encore tué ?

Il s’avança prudemment vers l’origine du son, le corps en avant, prêt à réagir, le visage perdu dans une concentration meurtrière.

Et le Professeur attrapa mon bras, les jambes fléchies, sur le point de s’enfuir le plus loin possible.

Quant à moi, je cessai de respirer.

Puis l’homme silencieux commença à écarter lentement les branches, les doigts serrés autour de son arme, et il faisait complètement noir derrière les feuilles, autour de moi, partout, et c’était lent, très lent.

Un frisson.

Est-ce que c’était nous qui allions mourir ?

L’objet de notre frayeur sauta alors brusquement hors des feuillages, et je faillis tomber, je serais tombée si le Professeur ne m’avait pas retenu et ça, ça, ce n’était pas un soldat.

Le bruit, cette fois-ci, ce n’était rien, ni un cœur, ni un autre trou.

Juste un animal.

— Une biche, souffla le Professeur d’un ton rassuré.

Mais l’homme silencieux ne lâcha pas sa dague, toujours tendu, et il regarda le Professeur qui parut comprendre le message.

L’homme silencieux, il n’avait pas besoin de parler pour se faire comprendre.

Alors le Professeur me relâcha et se précipita pour récupérer un sac tandis que l’homme silencieux faisait de même de son côté.

Moi je ne bougeai pas et je ne savais plus trop ce que j’avais le droit de faire ou non.

Moins d’un mètre.

Pas un bruit.

 

══════════════════

 

— Mes souvenirs…

Mes mots raclèrent le vide d’une façon déplaisante comme une fausse note venue déranger le silence.

Et il était si étrange de parler sans avoir de bouche. Si étrange de parler, tout simplement, de m’entendre moi-même.

Désagréable.

Mes mots, je n’aimais pas les entendre.

Et le passé recommença à se mêler au présent.

Et le sommeil…

 

Oui ?

 

La voix s’impatientait.

La question.

— Comment les récupérer ?

 

══════════════════

 

Puis le Professeur passa à côté de l’homme silencieux, s’arrêta et fixa la manche de ce dernier d’un air incertain.

— Qu’est-ce qui s’est passé ?

La manche de l’homme silencieux, elle était rouge.

Comme le cœur.

Le cœur mort.

Alors l’homme silencieux regarda dans ma direction et le Professeur l’imita, sans comprendre, et je vis qu’il cherchait le rapport entre moi et cette manche ensanglantée.

Puis il fixa mon chapeau.

Mon chapeau qui n’était pas là quand je m’étais sauvée.

Et il se demanda certainement d’où il venait, où est-ce que j’avais pu le trouver, dans la forêt, et il s’apprêta à poser des questions, mais l’homme silencieux le devança.

— Nous sommes tombés sur un croisement.

Mais cette réponse elle n’allait pas et elle perturba le Professeur, très fort, et je vis ses pensées cheminer très vite dans sa tête et les questions affluer, encore plus nombreuses qu’auparavant. Des questions qui, désormais, n’avaient plus rien à voir avec la manche de l’homme silencieux.

Le Professeur, l’instant d’après, se rapprocha très vite, très près, rempli d’une excitation nouvelle.

Parce que j’avais vu le trou. Et le Professeur était fasciné par les trous.

— Comment… commença-t-il.

— Plus tard, l’interrompit l’homme silencieux. Ça fait trop longtemps qu’on traîne ici, prends-la sur tes épaules et dépêche-toi.

Puis on était parti.

Loin.

Longtemps.

J’avais fermé les yeux.

Peut-être.

Je ne sais pas.

 

Et après plus rien, plus rien, plus rien.

Le vide.

 

══════════════════

 

Ma trèS chère ChapelièrE, figure-toi qUe c’est aSsez simple !

 

La voix allait me répondre.

Cette question-là, c’était une bonne question.

Elle allait répondre et je saurais, pour mes souvenirs, je saurais.

Et je pourrais les retrouver.

Parce que, mes souvenirs, ils étaient bien quelque part.

 

AlorS, écoUte bien.

 

Et je n’avais jamais aussi bien écouté.

Puis la folie cessa tout à coup de me tourner le dos, elle revint agressivement à mes côtés et elle grimpa au-devant de ma conscience aussi vite qu’elle le put, pour me boucher la vue, les oreilles, pour que la voix cesse de m’atteindre. Pour que je n’écoute pas.

Mais c’était inutile, mes oreilles, mes yeux, ici, ils n’existaient pas.

Mais la folie continuait, elle pressait mon corps, mon esprit, les piétinait, les étouffait, si fort que j’oubliais presque que la voix était là et que je devais écouter.

Et j’avais mal.

Comme si j’étais sous l’eau, qu’il n’y avait plus d’oxygène, que ma gorge brûlait, que tout devenait brumeux.

Je ne pouvais plus penser.

La question.

Et la voix reprit, de son ton amusé et rieur :

 

Eh biEn ! Tu comprends cE que ça fait mAintenanT. Pour ce qUi est de ces souVenirs

 

N’écoute pas.

Mes souvenirs.

N’écoute pas.

J’ai mal.

N’écoute pas.

Comment les récupérer ?

 

Le temps Te les renDra.

 

Et c’était tout.

J’avais écouté et c’était tout.

Et la folie cessa tout ce qu’elle faisait, elle-même étonnée.

C’était tout.

— Qu’est-ce que ça veut dire ?

Et la voix s’était tue et c’était comme si elle était partie, encore une fois, mais je n’étais pas d’accord.

Ce n’était pas suffisant.

Et ma voix, la mienne, avait l’air toute craquelée dans l’obscurité.

— Je dois juste attendre ? Je dois attendre et ils reviendront ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Qu’est-ce que je dois faire ? Ce n’est pas tout, dites-moi que ce n’est pas tout !

Il y avait forcément autre chose.

 

Une sEule quesTion, c’est la rèGle.

 

Non.

Je ne voulais pas de cette règle, ni de ce jeu, non, je voulais juste des réponses.

Des réponses claires.

La voix soupira et j’avais l’impression qu’elle était juste derrière moi.

 

Je craiNs que le moMent ne soit Venu de se quitter, mAis je Suis sûr que nous nOus reverrons très bienTôt !

 

Des réponses précises.

 

Ma trèS cre Chapelière, Ce fut un plaiSir !

 

Et la voix n’ajouta plus rien. Et je posai d’autres questions, pour quelle réponde, pour que j’en sache plus, parce que ce n’était pas assez, mais je n’entendis rien et je la suppliai, mais elle n’était plus là.

Seule, seule, seule.

Elle n’était plus là.

Je ne comprenais rien.

Mes souvenirs ?

Le temps…

Fatiguée.

Et comment sortir d’ici ?

Comment s’échapper du noir ?

Où est-ce qu’elle était la réalité ?

Puis la folie se mit à rire et je me mis rapidement à l’imiter.

C’était amusant.

Bien sûr que c’était amusant.

Aucune réponse.

Seule.

Dans le vide.

Et notre rire résonna dans un écho interminable.

Amusant.

 

Douloureusement amusant.

 

Puis le vide se fissura.

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Tac
Posté le 05/12/2022
Yo !
J'aime beaucoup cette construction en miroir ; je ne sais plus bien quand se déroulent les séquences avec la voix, elles se décrochent de la ligne temporelle des événements, ça donne un aspect flottant et prémonitoire à la fois que je trouve très bien amené et dosé.
J'ai particulièrement aimé cette phrase , je l'ai trouvée très émouvante : "Et il se trouva que dans le vide, dans le silence et dans le rien, moi aussi j’avais une voix."
Je trouve que la protagoniste est véritablement attachante, ingénue sans être naïve, déterminée sans être insupportablement héroïque.
Plein de bisosu !
Zosma
Posté le 09/12/2022
Hey !
Oui, j'avais envie de tenter une construction un peu différente, histoire d'expérimenter x)
Merci !
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