« Les enfants ! » s'écria Riton, enfin, je n'ai peut être pas besoin de dire qui des trois invités est capable de fracasser la porte d'entrée pour dire ''bonjour'', franchir le seuil de la sus-dite porte, ou du moins ce qu'il en reste, un sourire lui déchirant le visage, une bouteille entre chaque doigt, dans les deux mains. « Je suis trop content que vous voulez me voir ! Tenez ! Tenez ! J'ai apporté la boisson ! »
« … Tu nous as apporté du vin le Gros ? À des enfants ? Mais ça va pas ?! »
Riton écarquilla les yeux devant la remarque de la saloperie, il se stoppa, comme pris de stupeur, puis son visage s'illumina et il s'esclaffa : « Tu m'as donné un surnom Gamine ? J'ai droit à un surnom ? Hey le Vieux, j'ai un surnom ! »
« Bravo Riton, je suis content pour toi. » dis-je blasé. « Et toi la Chieuse, toutes mes félicitations pour ce trait d'esprit et la délicatesse avec laquelle tu l'as apporté. J'aime... Vraiment. Tiens j'applaudis même. Je fais ''clap-clap'' dans mes mains. »
« Ooh ne la dispute pas le Vieux, elle a raison, j'ai un embonpoint conséquent, et elle fait bien de me le faire remarquer. Mais ça ne changera en rien mon repas de ce soir. Oh ça non ! Et ne craint rien Gamine : ce ne sont pas des bouteilles de vin, c'est du jus de raison. Enfin, celles de ma main droite, celles de ma main gauche c'est du vin, au cas où tu veuilles goûter. Il ne faut pas mourir sot ! »
« Il n'y a pas d'âge pour mourir, Riton. » déclara Théo en enjambant doucement les débris de la porte. « Mais n'encourage pas la jeunesse à le faire par la boisson, ils sont trop jeunes. » Ce à quoi, notre joyeux luron attrapa la tête frisée de Théo et la frictionna avec son poing, qui serrait encore les bouteilles.
« Ooh toujours aussi sérieux Théo ! Allons !! Je déconnais. Je n'apporterais jamais d'alcool pour la fête des Gamins ; enfin, peut être, ça dépend avec qui, et à quelle époque, et pour quelle occasion. Ça dépend de plein de choses finalement... Vous auriez voulu que j'apporte de l'alcool les enfants ? »
Le Gamin le regarda avec un mélange de peur et d'incompréhension. La sœur le serra dans ses bras, comme pour le protéger de Riton.
« Je prendrai ça pour un ''non' ! J'ai bien fait de vous prendre du jus de raisin, ouf ! »
« Monsieur Riton, pourquoi avez vous réduit la porte à l'état de copeaux de bois ? » Le sus-dit Riton lâcha Théo, qui s'aperçut que ses cheveux s'étaient aplatis, et se retourna pour laisser passer Billy.
Billy était habillé... classe : il avait une chemise blanche à points noirs et un jean noir. Ces cheveux châtains étaient plaqué en arrière et formaient une queue de cheval.
« Et bien, vois-tu mon jeune ami » dit Riton en secouant les bouteilles dans ses mains « je n'avais plus vraiment l'usage de mes paluches, alors je me suis dis :''Mon vieux Riton, la soirée sera tellement plus agréable si on la passait dehors''. Alors j'agis et je prends les choses en main ! »
« Pose donc les bouteilles sur la table Riton, puis tu prends le balai qui se trouve derrière le placard et tu me débarrasses de ce chantier, tu me mets tout ce bois dans le jardin, on en fera un feu dans la soirée. Et tu nous aideras à refaire une porte demain, ou après demain, ça dépend de s'il pleut ou pas. »
« À vos ordres chef ! » déclara Riton en me saluant à la façon militaire, puis il se dirigea vers la salle à manger.
« Théo, est ce que tu as apporté des chenilles confites à l'anis ? »
« Bien sûr cher ami. J'ai aussi apporté des criquets grillés, des scarabées au miel et des sucettes à la framboise. »
« Très bien, passe moi une des chenilles s'il te plaît. Riton m'a foutu une migraine avec ses conneries…et puis il n'y a pas d'insecte dans les sucettes ? »
« Tu sais, je suis cuisinier. Je sais faire autre chose que des insectes. » m'informa t-il en me mettant quelques friandises dans la main.
« Merci mon grand. »
« De rien Vieux. »
« Et toi Billy ? Pourquoi ce costume ? »
« C'est une belle occasion Monsieur à la longue barbe, et je suis honoré d'avoir été invité. » Il regarda les deux Gamins. « Alors voici les enfants que vous avez recueilli. Ma mère m'avait raconté qu'en venant ici, elle avait vu une créature sauvage, terrifiante, avec de longs cheveux. » Il jaugea la Gamine du regard et sourit. « Je vois effectivement une fille avec de longs cheveux, mais rien de terrifiant devant moi. »
« On verra si tu dis toujours ça quand je t'aurais fait bouffer ta tignasse avec des échardes, Dalmatien. » cracha la Gamine.
« Tiens, je ne pensais pas à mal en disant ça, mais si tu te vexes aussi facilement j'imagine que tu dois véritablement avoir un caractère de chiotte. Je plains le Monsieur barbu de devoir veiller sur toi, il mérite mieux que de veiller sur une Sauvageonne. Et toi... » dit-il en se tournant vers le Gamin. « Tu dois être son frère, elle est gentille avec toi j'espère ? Si ce n'est pas le cas, dis-le moi et je t'aiderai à la pendre à un arbre la tête en bas. » Cela fit sourire le gosse et il sortit de sa cachette. La Gamine commença à s'interposer entre les deux garçons, mais elle se ravisa lorsqu'elle vit mon regard. Elle dû ravaler sa fierté et fusilla Billy du regard.
« Si tu commences à fricoter avec mon frère, tu devras te frotter à moi avant de t'approcher de lui. »
« Ne t'inquiète pas l'Amazone, je prendrai grand plaisir à me frotter à toi dans le futur. Mais ce n'est pas très poli de le faire avant que nous faisions connaissance. » Il étendit sa main vers elle, avec un très grand respect dans le geste en la regardant d'un sourire malicieux. « Je m'appelle Billy, mais vous pouvez m'appeler le Dalmatien tous les deux, je le mérite bien et ça me fera plaisir. »
La Gamine rougit furieusement devant la nonchalance de Billy, puis elle considéra la main et sortit un sourire plein de dents pointues. Elle finit par prendre celle-ci, d'abords doucement, puis en serrant de plus en plus fort, sans lâcher le garçon du regard.
« Tu vois, les humains doués d'intelligence comprennent assez vite qu'il est dangereux de m'approcher avec aussi peu de prudence. Je suis d'un naturel... » j'entendis la main craquer « suspicieuse envers les inconnus, et violente envers les inconscients qui nous prennent de haut, moi et mon frère. Aussi, je te conseille de ne pas jouer avec le feu, le Dalmatien. »
Pour sa gouverne, Billy ne flancha pas et accepta de se faire broyer la main sans mot dire. Et puis ça le faisait rire.
« Je suis d'un naturel casse cou, l'Amazone. J'aime le risque. Et puis... » il écrabouilla à son tour la main de la Gamine « je sais me défendre, ne t'inquiète pas pour moi. »
Après un dernier regard de défi, ils finirent par se lâcher la main. Puis Billy se tourna vers le Gamin. « Ta sœur a l'air d'être quelqu'un qui t'aime et qui peut te défendre. N'hésite pas à en faire de même garçon. Protège-la, elle aura besoin de toi dans ce monde féroce. »
Le Gamin regarda sa sœur, qui ne lui fit aucun geste, alors il serra la main de Billy, celui-ci salua de la tête avec révérence.
« Et vous ? Comment vous appelez vous ? »
« Nous n'avons pas de nom, le Vieux nous appelle ''Gamin'' et ''Gamine''.
« … Dans ce cas il vous faut des surnoms. Toi je t'appellerai l'Amazone, et toi … Je trouverai bien quelque chose, pour l'instant ce sera ''Garçon'', si cela te convient. » Ce à quoi ce dernier hocha la tête. « … Dis donc, tu ne parles pas beaucoup. »
« Mon frère n'aime pas trop discuter. »
« Ah, tu es plutôt dans la réflexion ? Très bien. On verra ça. On verra ça. Entre temps, est ce qu'un peu de travail manuel vous tente ? »
La Gamine regarda son frère, celui-ci hésita puis hocha la tête. « Quel genre de travail ? »
« Un travail de construction. Vous aimez les Kaplas ? »