Souvenez-vous :
Mariam a accepté un travail au fin fond des montagnes de Russie orientale. Elle a retapé le château délabré avant de découvrir la véritable nature de ses habitants : des Vampires. Loin de les craindre, elle décide d’interroger Lord Kerings, dont elle est proche. Seuls dans la salle vidéo, Lord Kerings accepte de se confier.
Dans la salle vidéo, Lord Kerings se mit à parler face à une Mariam très à l’écoute tenant toujours sa main.
- Je suis né en Égypte antique, il y a environ cinq mille ans.
- D’après le résumé que vous m’avez fait du « Livre des origines » et ce que Stiny raconte dans « Passé, présent, futur », il n’y avait pas de Vampires en Afrique à cette époque autre que les puissants. Vous êtes le petit de l’un d’eux ?
- Non, mais j’admire ta perspicacité.
Mariam en gloussa de plaisir. Lord Kerings poursuivit :
- J’étais le septième né d’une fratrie uniquement composée de garçons. Chance et joie sur notre maison pour sept générations, selon la légende.
Mariam ricana. Étrange croyance, mais après tout, pourquoi pas.
- Afin de remercier les dieux pour ce don, j’ai été envoyé dans un temple pour y devenir prêtre.
- Chance et joie ? Pas pour vous ! Enfermé dans un monastère toute votre vie !
- Tu as une vision biaisée par ton existence moderne. C’était une chance inouïe pour moi. Fils de paysan, j’allais apprendre à lire, écrire. Je ne travaillerai jamais au champ, me nourrissant des dons des croyants, passant mes journées à étudier la littérature et les sciences auprès des plus grands philosophes.
- Je comprends mieux.
- J’ai vraiment bien écouté, vraiment bien travaillé. Je suis devenu grand vizir, grand prêtre d’Anubis, médecin en chef et architecte royal.
Mariam admirait déjà cet homme. Il venait encore de monter dans son estime et ce bien qu’elle pensait cela impossible. Lord Kerings garda le silence, transperçant Mariam des yeux. Elle fronça les sourcils, comprenant qu’il attendait quelque chose d’elle.
- Quoi ? finit-elle par lancer, un peu inquiète.
- Ça ne te dit rien ? Grand prêtre d’Anubis ? Ça ne fait écho à rien ?
Mariam fit la moue. L’Égypte antique n’était pas trop son domaine de prédilection. Aucune période historique ne l’était d’ailleurs. Écouter en cours d’histoire ne l’avait jamais intéressée. Pourtant, la lumière se fit. Elle se figea pour souffler :
- Imhotep ?
Lord Kerings sourit.
- Non ! Vous ne pouvez pas… Vous avez refusé de me donner votre avis sur « La momie » tout en réclamant de voir le deuxième volet. Cachottier ! gronda-t-elle gentiment.
Il rit volontiers en retour, son rare et précieux.
- Et alors ? Le film est réaliste ?
- Suis-je une momie ? s’amusa-t-il.
- Certes, non, mais Anck-su-namun ?
- Pharaon me l’a présentée peu avant leur mariage. Il craignait qu’on atteinte à sa vie avant les épousailles. Le titre de reine attise les jalousies. Je suis tombée amoureux au premier regard. J’ai accepté de la protéger.
Mariam ricana.
- Je n’avais aucune mauvaise intention ! se défendit Lord Kerings. C’est elle qui m’a sauté dessus.
- Bien sûr ! s’amusa Mariam.
- Dès le départ de Pharaon, la lumière des jours, elle m’a caressé le bras. Je n’avais pas le droit de la toucher mais là, le contact venait d’elle. Je me suis figé, incapable de savoir comment réagir. Ses doigts aguicheurs sont descendus sur mon ventre puis plus bas.
Mariam rougit un peu.
- Je l’ai repoussée, indiqua Lord Kerings.
- Vous l’avez touchée ! chanta Mariam d’un ton enfantin.
- C’est ce qu’elle m’a dit. J’étais pris au piège. Elle m’a dit avoir envie d’exister pour un homme, de n’être pas qu’une seule parmi des centaines. Je lui ai promis de lui être fidèle, à condition qu’elle épouse Pharaon comme prévu et que notre relation reste cachée. Elle a accepté. La veille du mariage, je suis allée la voir afin de lui détailler le contenu de la cérémonie. Elle m’attendait, nue. Elle a posé ses lèvres sur les miennes. J’ai craqué.
Mariam se garda bien de le juger. Qui sait comment elle aurait réagi dans la situation inverse ?
- Alors que je la baisais sauvagement, comme elle le réclamait avec force cris et encouragements, Pharaon est entré dans la chambre accompagné d’une dizaine de gardes.
- Aouch, lança Mariam.
- Il a envoyé Anck-su-namun au palais des mille plaisirs, où elle deviendrait une prostituée. De mon côté, il m’a condamné à mort.
- Dur…
- Sans embaumement, termina Lord Kerings.
Il laissa filer quelques respirations avant de gronder :
- J’étais grand prêtre d’Anubis. C’était un blasphème !
Mariam sentit la main de son interlocuteur serrer la sienne. Sa rage n’avait pas faibli malgré les siècles.
- Je me suis débattu, tant pour moi que pour tenter de sauver ma bien-aimée de ce funeste destin. Les gardes ont été plus forts que moi. Je n’ai jamais été un combattant. Je sais prédire la prochaine crue du Nil en regardant les étoiles, pas placer correctement un coup de poing.
Mariam en fut totalement épatée. Prévoir la montée d’un fleuve en observant le ciel lui semblait magique. Pourtant, Dracula était parfaitement humain lorsqu’il possédait cette compétence. Elle repensa à la discussion avec Sam et la nature même de la magie, ce que chacun mettait dedans. Il lui avait dit que c’était quelque chose de très personnel et de subjectif. Maintenant, elle comprenait.
- Pharaon m’a lui-même blessé au ventre. Dans ses yeux, j’ai lu toute l’immensité de sa peine face à ma trahison. J’ai su que je n’obtiendrais jamais son pardon. Les gardes m’ont emmené en plein désert où ils m’ont jeté à même le sable avant de partir, leurs chars disparaissant rapidement à l’horizon. J’étais seul, blessé mortellement. Mon sang couvrait la dune de pourpre. Je m’en fichais de mourir mais pas comme ça, pas sans embaumement, pas sans la vie éternelle de l’autre côté. J’étais le septième garçon, chance et joie. J’ai fait la seule chose logique à ce moment-là : j’ai prié.
Mariam validait le choix. Non pratiquante, elle se serait quand même elle aussi tournée vers là-haut.
- Il m’a entendu, dit Lord Kerings. Anubis est apparu.
Mariam fronça les sourcils.
- Tête de chacal sur corps humain, pagne jaune, Ankh dans la main gauche, mon dieu se tenait devant moi, immense, au moins trois têtes de plus que n’importe quel humain.
Mariam ne se rebiffa pas mais elle n’en pensait pas moins. Que les résidents du château furent des Vampires, passe encore. Mais que l’un d’eux ait pu rencontrer Anubis, le dieu antique égyptien, non là, c’était trop ! Elle supposa qu’Imhotep, blessé et agonisant sous le soleil brûlant du désert, avait halluciné.
- Il m’a parlé. Il m’a dit que la mort n’était pas la seule option, qu’elle était acceptable mais pas unique. Il m’a offert l’immortalité.
- Comment ? demanda Mariam.
- Il a craché dans une fiole avant de me la donner. « Le don divin », m’a-t-il dit. Puis il a disparu. J’ai hésité puis je l’ai portée à ma bouche. Qui refuserait le cadeau de son dieu ? Il y avait très peu de liquide dans la fiole, à peine de quoi humecter mes lèvres sèches.
Mariam ne parvenait pas à accepter cette version des faits. Elle trouvait cela parfaitement stupide. Il y avait forcément une autre raison. Ce que son esprit avait imaginé ne pouvait refléter la réalité. Mariam ne pouvait l’admettre.
- J’ai senti une immense paix m’envahir et j’ai perdu connaissance. Une insoutenable chaleur m’a éveillée. La luminosité me brûlait les yeux à travers mes paupières. Le cri d’un chacal me pétrifia. Les cliquetis d’un scorpion me terrifièrent. Je me levai en sursaut. Autour de moi, il n’y avait rien qu’un désert vide. Pas de coyote, pas de scorpion.
Mariam hocha la tête. Il hallucinait, voilà tout.
- Le soleil a cessé d’être agressif et le vent de me blesser et soudain, tout a été merveilleux. La température devint agréable, le sable doux dansait sous mes pieds. L’odeur du sang m’envahit, mon sang, constaté-je. Ma blessure au ventre avait disparu. Je me sentais euphorique. Mes pensées se tournèrent vers Anck-su-namun.
Mariam mit de côté l’impossibilité de la cause de l’immortalité de Lord Kerings pour apprécier la suite de l’histoire. Qu’il pense à sa bien-aimée n’étonna pas la jeune femme.
- Il fallait que je la sorte de ce bordel où elle devait être forcée de s’offrir à tous les clients fortunés. J’observais le soleil, en déduisit ma position et je me mis à courir. Les dunes se sont mises à défiler à une telle vitesse ! Je ne comprenais pas. Comment pouvais-je me déplacer si vite ? J’ai compris que le don divin proposait bien plus que la simple immortalité.
Mariam écouta avec attention. « Vitesse surnaturelle ». Elle avait bien fait de ne pas tenter de fuir. Ça aurait été vain. Loin d’avoir peur, elle sourit. Son admiration pour Lord Kerings monta encore.
- Lorsque j’arrivai en ville, l’astre de vie s’était à peine déplacé dans le ciel. Lorsque je repris conscience, j’étais entouré de cinq cadavres. Il y avait du sang partout. La plupart des cadavres n'avaient plus de cœur ni d'organes internes. Je n’en ressentis aucune révulsion, juste une surprise et une grande incompréhension. Je tentai de me souvenir et tout revint à ma mémoire avec une clarté limpide : j’avais eu faim. Une vie dans une cave voisine avait attiré mon attention. J’y avais massacré les deux hommes, la femme et les deux enfants s’y trouvant, mangeant leurs organes.
- C’est habituel pour un Vampire de faire ça ? Je veux dire… J’ai toujours entendu dire que vous mordiez à la gorge.
- Méfie-toi de ce que contiennent les livres. Gilles d’Helmer a ordonné une désinformation globale. Si les chasseurs de Vampires croient réellement qu’un Vampire ne peut pas entrer dans une demeure sans y avoir été invité, ils ne mettent en place aucun autre moyen sécurisé.
- Je comprends, assura Mariam qui trouvait cela malin.
« Mémoire parfaite », ajouta Mariam dans sa liste mentale des pouvoirs des Vampires avant de se promettre de se montrer prudente face à ses croyance sur ces êtres surnaturels.
- C’est vrai que je vous ai pas vu avaler le sang de vos victimes lors de la fête hier soir. Vous avez arraché la carotide à cette gamine mais par jeu, pas pour vous nourrir.
Lord Kerings pencha la tête, ferma les yeux, cessa de bouger un instant puis rouvrit les yeux.
- Ah tiens, oui, tu étais là. Je ne m’en étais pas rendu compte, sur le coup. Discrète en plus d’être perspicace.
- Vous venez… de faire quoi ?
- Me plonger dans ma mémoire parfaite. Elle enregistre tout. Sauf qu’il y a trop de données. Le cerveau n’en transmet qu’une partie à la conscience. Pour obtenir davantage d’informations, il faut savoir quoi chercher. J’ai choisi le son, suffisant pour obtenir confirmation et tes battements cardiaques ont effectivement quitté ta chambre pour rester un moment sur le palier, le temps que je tue cette fille et sa mère, avant de repartir dans tes appartements.
- Ouah ! s’extasia Mariam, plus admirative que jamais.
Il rit, chose extraordinaire. Mariam ancra le « Mémoire parfaite » dans la liste des capacités surnaturelles en y rattachant tout ce que cela impliquait.
- Ceci dit, pour répondre à ta question, non, ce n’est pas habituel pour un Vampire, surtout un nouveau-né, de manger ses victimes plutôt que simplement boire leur sang. J’étais médecin quand j’étais Imhotep. Je passais mon temps à ouvrir des corps, vivants ou morts, en deux. J’étudiais tout particulièrement le cœur. Ça vient sûrement de là.
Mariam valida l’hypothèse.
- Je n’ai ressenti aucun remord pour ces cinq meurtres. Je m’en fichais éperdument. Sauf que je voulais sauver Anck-su-namun, pas lui sauter dessus au moindre tiraillement de mon estomac. Je ne pouvais pas prendre le risque de m’approcher d’elle tant que je perdrais ainsi le contrôle. Je me suis éloigné. J’ai écouté mes besoins. J’ai tué. Beaucoup. Le soleil et la lune se sont succédé plusieurs fois et finalement, j’ai appris à me contrôler. Je pouvais sentir venir le point de non retour et tuer avant, en toute conscience. J’arrachai le cœur des paysans avant de dévorer le muscle dégoulinant de sang. Le plaisir me fit presque oublier mon objectif initial.
Mariam lui envoya un regard narquois. Elle se sentait bien en sa compagnie. Il se livrait à elle et elle sentit, sans savoir expliquer pourquoi, que c’était la première fois qu’il racontait cela en détails à quelqu’un. Il parlait calmement mais elle sentait comme un immense poids le quitter au fur et à mesure que les mots sortaient de sa bouche. Elle se sentit heureuse de pouvoir lui offrir cela.
Elle comprenait qu’il ait préféré taire sa vie aux autres résidents du château. Avertis, le risque qu’ils le critiquent voire le tuent aurait été trop grand. Cela ne l’aurait pas étonnée qu’ils n’en sachent que le minimum ou même que Dracula leur ait menti. Après tout, « Passé, présent, futur » n’en parlait pas du tout. Cela expliquait pourquoi les autres l’appelaient Dracula. Ils ne connaissaient tout simplement pas son vrai nom. Elle se sentit honorée qu’il se confie à elle de la sorte. La salle parfaitement insonorisée leur offrait l’intimité nécessaire à cette terrible confession.
- J’ai interrogé des gens. J’ai suivi sa piste olfactive. J’ai retrouvé le bordel où Pharaon l’avait amenée. Une autre prostituée, en me voyant entrer, s’est figée avant de grimacer et de me dire, les larmes aux yeux, « Vous arrivez trop tard ». Dans une alcôve reposait le corps de ma bien-aimée. Son cœur ne battait plus dans sa poitrine. Un verre sentant le poison reposait près d’elle. Elle n’avait pas supporté cet endroit. Elle voulait juste exister pour un homme. Elle désirait simplement être aimée.
Mariam caressa tendrement la main de Lord Kerings. Elle comprenait qu’il puisse être triste.
- Normalement, on n’embaume pas les suicidés. J’ai décidé de faire fi de la tradition. Je me suis emparé de son corps, bien décidé à le transporter jusqu’au temple d’Anubis pour l’y préparer moi-même. Elle avait l’âme pure. Elle méritait d’aller au paradis. Pharaon s’est interposé. Nul doute que j’avais été aperçu et qu’il avait été prévenu. Entouré de sa garde, il s’est mis entre la porte et moi avant de hurler à la trahison. Il pensait sûrement que l’un de ses gardes avait eu pitié ou m’avait secouru au nom de la religion. Pharaon a dégainé sa lame. Je te l’ai dis : je n’avais aucune compétence en combat. J’ai agi d’instinct. Je n’avais pas faim. Je voulais juste le tuer. J’ai déposé Anck-su-namun, évitant aisément la lame avant de sauter à la gorge de Djéser. Les filles se sont enfuies de terreur. Les gardes sont restés pétrifiés. J’écoutais la poitrine de Pharaon. Seul le silence me parvint. Il était mort. Je riais nerveusement et c’est là qu’il s’est relevé.
Mariam se figea.
- Il s’est levé, alors même que son cœur ne battait pas plus que le mien. J’ai compris que je venais de transmettre le don, celui qu’un dieu m’avait fait. C’était un blasphème ! Ce don avait été fait à moi et seulement à moi. Par habitude, j’ai visé le cœur. À peine l’organe fut-il dans ma main que Pharaon a disparu en poussière, ne laissant derrière lui qu’un petit tas de poussière au milieu de ses vêtements.
« Arracher le cœur pour tuer un Vampire » enregistra Mariam.
- Je me mis à trembler. Refuser son embaumement à une putain peut se comprendre. L’interdire au grand prêtre d’Anubis est un blasphème grave. Mais à Pharaon ? Je venais de commettre un crime impardonnable.
Mariam gémit. Momifier de la poussière risquait en effet d’être compliqué.
- J’ai pris le corps de ma bien-aimée sans que nul ne m’en empêche. J’ai rejoint un temple, rassurant les prêtres sur mes intentions. J’ai réalisé l’intégralité des gestes moi-même et j’ai placé son corps au fond du tombeau de Pharaon avant de le sceller.
- Et après ?
- Je me suis trouvé un coin tranquille pour pleurer, dit Lord Kerings.
Mariam en eut les larmes aux yeux. Il avait le droit d’être triste. Elle comprenait mieux.
- Et puis la tristesse s’est atténuée. Sans jamais disparaître, elle a fini par être reléguée au second plan puis plus loin encore, indiqua Lord Kerings. Je suis sorti, j’ai voyagé. J’étais avide d’apprendre et d’enseigner. Bien sûr, j’ai perfectionné le contrôle de ma faim afin de ne pas tuer un savant. De plus, j’ai fait en sorte de respirer, de boire, de manger, de dormir, de transpirer, de cligner des yeux, toutes choses nécessaires aux vivants mais devenues inutiles pour moi, ayant vite constaté que sinon, je repoussais les humains. Malgré cela, je me suis vite heurté à ce qu’on appellerait aujourd’hui un plafond de verre.
- Comment ça ?
- Les meilleurs savants se trouvaient en Inde à cette époque.
- Et donc ?
- Égyptien, je n’attirais guère la confiance. On répugnait à me parler, à m’inclure dans les réunions. On me cachait des découvertes. J’essuyais refus sur refus, uniquement à cause de mon faciès, de ma couleur de peau, de la forme de mes yeux.
Mariam dévisagea Lord Kerings. Blond aux yeux bleus, grand et aux épaules larges, il paraissait slave, définitivement pas égyptien.
- Agacé par une énième mise à l’écart, je suis entré dans une colère folle, tout seul, dans mon coin, massacrant des arbres et même des rhinocéros qui n’avaient rien demandé.
Mariam eut du mal à imaginer la scène.
- En pleine crise, j’ai senti quelque chose changer. Mon corps se modifiait. J’ai rejoint une flaque pour constater que mon apparence venait de changer du tout au tour. Je flottais dans mes vêtements devenus bien trop grands. Mon visage fin était celui d’un jeune indien. Je ricanais avant de me renfrogner. Il était trop jeune. Il ne serait pas accepté par des savants réputés. Je suis retourné dans ma mémoire parfaite pour étudier la transformation dans ses moindres détails. J’ai reproduit le miracle, sciemment cette fois, et je suis devenu le parfait érudit indien.
- Vous pouvez changer d’apparence à volonté ! sautilla Mariam sur le canapé.
Elle rajouta cette capacité dans sa liste mentale. Son admiration pour son interlocuteur se mua en vénération.