Chapitre 52 : Mariam – Lutte de classe

- J’ai vécu : érudit, savant, médecin, cordonnier.

Il ferma les yeux, baissa un peu la tête et continua à énumérer tout en remuant légèrement les doigts de la main droite, comme on tournerait les pages d’un livre. Mariam le comprit plongé dans sa mémoire parfaite, à avancer de vie en vie.

- Soldat, pirate, barbier, boulanger, meunier, bûcheron, menuisier, forgeron, mineur, marin – j’ai détesté, marchand, vigneron, éleveur, maçon, cerclier, boisselier, potier, tisserand, fondeur, souffleur de verre, agriculteur, garde forestier.

- Aucun métier artistique, se rendit compte Mariam. Peintre, sculpteur, danseur, chanteur, écrivain, poète, troubadour, barde ?

- Non en effet. L’art ne m’a jamais attiré. À chaque fois, j’arrivais enfant, je grandissais tranquillement puis je vieillissais avant de partir, parfois tôt, parfois tard, selon les circonstances. Je me nourrissais de temps en temps, moins que ce que je craignais, mais cela me gênait tout de même. Manger le cœur de mes victimes était agréable, à n’en pas douter, mais déjà mon envie de mordre grandissait chaque jour un peu plus, et ensuite, je trouvais dommage de gâcher la nourriture. Le reste du corps restait là, à pourrir. La première fois que j’ai mordu une de mes victimes, j’ai prié de toutes mes forces que le don divin ne passe pas. J’ai échoué mais j’ai senti le liquide froid sortir de mes dents pour contaminer le corps de ma proie. Je lui ai arraché le cœur. J’ai passé ma nuit à prier. J’avais blasphémé en empêchant l’embaumement de Pharaon. Je ne méritais pas ce don. Le transmettre serait blasphémer une seconde fois. Le lendemain, ma victime ne s’est pas transformée. J’ai retenu le don. Je ne l’ai plus jamais transmis. Je me suis nourri la nuit, sans tuer. Ma vie au milieu des humains en a été facilité.

« Peut se nourrir de sang sans transformer » ajouta Mariam.

- Et puis, un jour, je me suis retrouvé à m’ennuyer. Sur la grande place d’une ville, j’ai regardé les gens autour de moi, passant en revue les métiers, les situations, les relations, et j’ai eu la sensation d’avoir tout vécu. Un terrible vide s’est emparé de moi. L’éternité sans la moindre surprise, sans la moindre découverte. Cela m’était insupportable. J’ai erré à la recherche de la fleur aux parures inédites. Alors que je marchais, j’entendis crier au loin « Place ! Place ! Place pour le roi Priam et sa femme Hécube ! Place ! ».

Priam, répéta Mariam dans sa tête. Hécube. Il lui sembla qu’elle avait déjà entendu ça, à l’école probablement. Elle fut incapable de le replacer. Souvenirs trop lointains et diffus pour ressurgir. La drogue fumée avant d’entrer au collège et au lycée pro n’avait probablement pas aidé non plus.

- Roi, me suis-je dit. Ça, c’est un truc que je n’ai jamais fait. Gouverner. Décider. Régner. J’avais été second, grand vizir de Pharaon, mais jamais le poste ultime ne m’avait intéressé.

- Vous n’étiez pas Iznogoud, blagua Mariam.

- Qui est-ce ?

- On regardera ce dessin animé un autre jour, histoire que vous compreniez la référence.

- Volontiers, répondit-il avant de continuer. Sauf que devenir roi n’était pas si simple. J’ai suivi Priam et Hécube un moment. Je pouvais tuer le roi et prendre sa place. Sauf que je lui ressemblerais physiquement mais un changement de caractère aussi brutal risquait de se voir et l’imiter ne me convenait pas. Je voulais pouvoir être moi-même, pas la pâle imitation d’un autre.

« Cela se comprend » pensa Mariam.

- Il s’avère que la reine était enceinte pour la première fois. Là se trouvait ma porte d’entrée. Il me suffirait de guetter. Si l’enfantement donnait un garçon, je n’aurais qu’à prendre sa place à lui. Je le tue, je me mets dans le berceau et paf, je deviens le prince. Le roi m’enseigne la politique, la stratégie, comment régner et à sa mort, naturelle ou accidentelle, on verra le moment venu, je prends sa place.

- Vous pouvez même vous transformer en nourrisson ? s’étrangla Mariam en frémissant.

Vraiment n’importe qui pouvait être un Vampire. Elle trouva cela terrifiant. Lord Kerings poursuivit comme si elle n’avait rien dit.

- J’ai eu de la chance. Hécube mit au monde un mâle. Restait à attendre qu’ils le laissent seul or les reines ont toujours une flopée de servantes. Chance inespérée ! À peine né, ils laissent le bébé seul.

Mariam trouva cela très surprenant. Même la mère, à peine délivrée, était sortie ? C’était suspect.

- Je saute sur l’occasion, continua Lord Kerings. J’entre, je le mange et hop, dans le berceau, vagissement, retour à l’état enfantin. On voit moins bien. On contrôle mal ses gestes. L’estomac crie famine. Les cordes vocales ne font pas ce qu’on veut. L’absence de dents est… dérangeant.

- Vous aviez toujours vos canines de Vampire ?

- Je pouvais les faire sortir si je le voulais oui, indiqua Lord Kerings.

Un bébé édenté avec juste deux canines proéminentes. Cela lui fit froid dans le dos.

- Ils sont revenus mais la reine était en pleurs. Le roi a dit « On ne peut pas prendre ce risque ». Ma mère du moment a répondu « Je sais. Emmenez-le. Troie ne disparaîtra pas à cause de lui ».

- Troie ? répéta Mariam.

Ça lui disait quelque chose aussi. Il y avait un film sur la guerre de Troie, non ? Avec Hercule et Achille, un truc du genre. Pas son style. Il ne lui en restait pas beaucoup de souvenirs. Cela ne faisait pas partie des œuvres partagées avec Lord Kerings, c’était certain.

Lord Kerings cligna rapidement des yeux. Il semblait hésiter entre exploser de rire et pleurer devant une telle ignorance. Il renifla puis poursuivit :

- J’ai reconnu une devineresse aux côtés du roi. Elles avaient soi-disant la capacité à voir l’avenir. N’importe quoi.

- C’est sûr que c’est bien moins crédible qu’un mec qui rencontre un dieu, devient immortel, peut se souvenir du moindre détail de sa vie et changer d’apparence à volonté, ironisa Mariam.

Lord Kerings choisit d’ignorer la pique en restant hautain et superbe.

- La reine a demandé à sa suivante, Aglae, de m’emmener, moi, Pâris, auprès du bourreau. J’ai compris que la devineresse avait dû prédire un truc atroce pour qu’ils se permettent ainsi de tuer leur premier né.

Mariam frémit. Décidément, le pauvre n’avait pas de chance.

- J’aurais pu me re-transformer mais cela m’aurait coûté trop d’énergie. Cette pauvre femme en serait morte. Elle ne faisait qu’obéir aux autres. De plus, je n’avais pas encore totalement renoncé à mon plan. J’ai voulu paraître mignon. J’ai prié très fort pour devenir attendrissant, pour l’émouvoir et sans que je ne comprenne pourquoi, ça a semblé marcher. Son pas devint moins ferme, plus hésitant. Elle a fini par arrêter de marcher et m’a regardé, le visage couvert de larmes. Finalement, elle a bifurqué avant de reprendre sa route sans plus m’accorder d’attention et bientôt, je me suis retrouvé tout seul. Elle venait de m’abandonner.

- C’était votre premier contrôle d’émotions, comprit Mariam et il confirma.

- Je réfléchissais à ma prochaine apparence et comment devenir roi lorsque quelque chose de chaud et humide a touché ma joue. J’ai crié et tenté de repousser l’agresseur mais mes mouvements désordonnés furent pathétiques. J’ai entendu une voix humaine et on m’a pris dans les bras. C’était doux et agréable. On m’a parlé avec tendresse et chaleur. On m’a offert du lait. J’ai laissé faire. J’aurais tout le temps de devenir roi. En attendant, je comptais bien aimer ces gens assez gentils pour prendre soin d’un enfant abandonné.

Mariam trouvait déroutant qu’une même personne puisse n’avoir aucun remord à tuer une femme et sa fille, mais reconnaître la valeur d’une personne accueillant un enfant abandonné, au point d’accepter de laisser tomber son objectif actuel pour leur offrir son amour. Certes, cela ne faisait que repousser l’échéance mais quand même !

- Ils étaient bergers, indiqua Lord Kerings.

- Un métier que vous aviez déjà testé, se souvint Mariam.

- J’avais déjà gardé des moutons, oui, mais dressé des taureaux, jamais, précisa-t-il.

- Des taureaux ? répéta Mariam, abasourdie.

- J’ai détesté surveiller les bêtes à laine. Bruyantes, puantes, disparaissant sans cesse. Les moutons n’apportent que des problèmes. Le rendement est rapide mais quelle corvée ! Les taureaux, en revanche ! Le rendement est lent mais quelle fierté de dompter ces bêtes magnifiques et fortes.

Cela, Mariam voulait bien le croire.

- Apparemment, j’étais doué, sans trop bien savoir pourquoi. Je n’ai jamais utilisé la moindre capacité surnaturelle. Aucune ne me permettait de tranquilliser ces animaux puissants et fiers.

- Le contrôle des émotions ne fonctionnent que sur les êtres humains ? s’enquit Mariam.

- Non mais à l’époque, je ne savais pas faire non plus avec les humains, rappela Lord Kerings. Je l’ai fait par instinct avec la nourrice royale sans chercher à reproduire l’évènement. Je voulais profiter de cette douce vie de berger avant de me pencher dessus. Je me disais que j’avais tout mon temps, l’éternité…

Mariam sourit. Vu le ton employé, elle se douta qu’il avait eu tort mais se garda bien de tenter de prévoir la suite de l’histoire.

- L’univers en a décidé autrement, poursuivit sans surprise Lord Kerings. Un matin que je venais rejoindre Tavros, mon plus beau taureau, dans son pré, je ne l’y trouvais pas. Renseignements pris auprès de badauds en chemin : des serviteurs du roi l’avaient emmené. Priam avait décidé que ce magnifique bovin serait le trophée d'honneur des prochains jeux expiatoires en l'honneur de Pâris, son premier fils décédé à la naissance.

- Vous, lança Mariam en grimaçant.

- Comment aurais-je pu laisser passer ce qui était ni plus ni moins qu’un vol ! Si le roi appréciait mon travail, ne méritais-je pas d’être rétribué à ma juste valeur ? Des années d’efforts réduis à néant ? La promesse d’une année à se serrer la ceinture ? Hors de question !

Lord Kerings serra convulsivement la main de Mariam. Sa jambe droite tremblotait. Des rictus mauvais parcouraient son visage lisse.

- Je me suis inscris aux jeux, bien décidé à reprendre mon bien.

- Ça consiste en quoi, ces jeux ? demanda Mariam.

- Des combats contre les autres candidats, dont les meilleurs princes du monde.

- Vous ne savez pas vous battre, rappela Mariam.

- Imhotep ne savait pas se battre. Entre temps, j’ai été soldat, rappela-t-il. J’ai même fini général.

Mariam sourit.

- Nous n’étions que des bergers. Nous ne possédions ni cnémide, ni pilos et encore moins d’armure, de heaume, de bouclier ou de cuirasse. Je m’y suis rendu portant simplement un arc et quelques flèches. Le premier combat rassemblait tous les candidats du bas peuple dans l’arène. Le but était de faire le tri afin que les grands ne perdent pas leur temps. Je n’ai tué personne – ce n’était pas le but. Juste blessés. Bras, jambes et épaules. Mes flèches firent mouche. Je n’en possédais qu’une dizaine mais j’allais les récupérer pour reprendre. Certaines se cassaient mais j’en eu assez pour terminer. Je restai le dernier sans la moindre égratignure. Le public me hua.

- Pourquoi ?

- Arc et flèches : l’arme des lâches ! Je m’en fichais. Je ne venais pas pour la gloire ou la notoriété mais pour mon taureau sous le regard duquel je venais de passer la première épreuve. Dans les coulisses, un maître d’armes de l’arène m’a expliqué les règles de la suite : « Pour gagner, il faut infliger trois blessures : une aux bras ou aux jambes, la seconde au torse et la troisième à la tête… ou bien tuer ton adversaire. » Il m’a prévenu que les princes ne me feraient pas de cadeau et viseraient toujours cette seconde option. Il m’a indiqué que mes flèches ne serviraient à rien contre des adversaires protégés de bronze avant de me préciser d’un ton désolé qu’il n’avait pas le droit de me prêter une arme. Il m’annonça que le tirage au sort m’avait désigné Nestor, roi de Messenie, comme premier adversaire. Vieux mais encore vaillant, selon le maître d’armes. Je l’ai remercié avant de rejoindre l’arène. Je n’avais même pas pris le temps de boire.

Mariam comprit qu’il utilisait ses pouvoirs surnaturels et que ça allait probablement aller en augmentant.

- Toute l’arène scandait « Le sanglier de Calydon », « Le pourfendeur de centaures ». Mon adversaire portait une cuirasse sur le poitrail et un casque, mais ses bras nus furent faciles à blesser. Ma flèche l’égratigna sans qu’il ne réagisse outre mesure.

- Il savait que les deux autres blessures vous seraient inaccessibles, comprit Mariam.

- Son arme se leva sur moi, pile au bon moment, avec un angle idéal. N’importe quel humain aurait eu le torse transpercé. J’ai évité souplement, utilisant mes réflexes surnaturels. Le second coup me rata de la même manière. Cela énerva mon adversaire autant que la foule. Au troisième passage, j’avais assez d’informations sur la manière de combattre de ce roi pour lui ravir sa lame.

- Que vous lui preniez son arme n’a pas dû lui plaire !

- Il est resté très calme, preuve d’une grande maîtrise de soi et d’une expérience certaine. Il a dégainé son couteau et a attaqué. J’ai reculé juste assez pour l’éviter mais pas trop pour rester à distance. Je tailladais sa joue.

- Sous le casque ? s’étonna Mariam.

- Ils étaient ouverts devant.

- Pourquoi ne pas lui avoir tiré une flèche ?

- Le risque de le tuer était trop grand. Je ne voulais de mal à personne, juste reprendre mon bien, rappela Lord Kerings.

Décidément, Mariam ne parvenait pas à saisir ce sens de l’honneur chez un homme capable d’assassiner des centaines de gens sans le moindre remord. Probablement vivait-elle dans un monde trop manichéen. Après tout, personne n’est blanc ou noir. Elle se tenait devant une nuance de gris et devait admettre adorer. Elle vivait ses aventures avec Lord Kerings. Allait-il réussir à récupérer son taureau ?

- Il ne vous restait plus qu’à le toucher au torse, lança Mariam, fébrile.

- J’ai senti que Nestor perdait patience. Je l’agaçais. Il commençait à douter tandis que la foule retenait son souffle, ahurie de me voir défier ainsi un des grands de ce monde. J’ai sorti le grand jeu. J’ai dansé dans l’arène, jouant avec Nestor comme d’un gamin. J’ai tranquillement tranché les sangles en cuir maintenant sa cuirasse avant de taillader son torse. Il ne m’a pas félicité. Il est juste parti dans un silence de mort. La foule n’en revenait pas. Seuls des murmures courraient. On me regardait, tantôt anxieux, tantôt jaloux.

Mariam aurait clairement été du côté des jaloux. Comme elle aimerait pouvoir se battre comme ça, et contrôler les émotions des autres, et changer d’apparence ! Ça semblait tellement génial. Elle se calma, se souvenant que son interlocuteur vivait dans une dépression permanente, sûrement pas sans raison. Il devait y avoir un mauvais côté, un prix à payer. Il lui tardait de savoir lequel.

- Ce jour-là, j’ai battu Cycnos, roi de Colones puis, la nuit tombant, on m’a prié de revenir le lendemain. Je me retrouvai à la rue. Toutes les auberges affichaient complet, tu imagines bien.

- Vous n’avez pas besoin de dormir, rappela Mariam.

- C’est ce que je m’étais dit. Je m’apprêtais à passer la nuit à me promener pour découvrir la ville en nocturne, éventuellement même chasser, activité fort agréable, quand une femme m’invita chez elle.

- Les hommes ! Tous les mêmes ! s’amusa Mariam.

- J’ai refusé. Le piège était trop visible. Elle m’a assuré ne pas me vouloir de mal. On ne me la fait pas. Je m’imaginais bien la scène : « J’accepte et elle s’avère être la putain de Nestor ou de Cycnos, m’amenant dans une ruelle où me faire égorger. » Je les avais ridiculisés. Bien sûr qu’ils allaient agir ! La réalité donna tort à mes supputations. Elle m’a dit s’appeler Cassandre et être la fille de Priam. Le roi tenait à l’équité et à la justice lors des jeux. Il l’avait envoyée me protéger. Son odeur m’indiqua qu’elle disait la vérité.

- Son odeur ? répéta Mariam.

- Celles de Priam et Hécube mêlées.

Mariam en fut épatée.

- Je l’ai suivie. J’ai passé une excellente soirée, recevant nourriture et boisson, et une très bonne nuit dans un lit confortable.

- Réchauffé par Cassandre ? supposa Mariam.

- Non, je sais me tenir. C’était ma sœur, quand même ! Oh elle m’a dragué. Je l’ai repoussée. Elle ne le faisait pas par envie mais pour obtenir des informations. Je les lui ai fournies gratuitement. Je me suis présenté : Alexandre, l’éleveur du taureau. Je lui ai indiqué ma volonté d’obtenir justice. Elle m’a écouté puis, pensive, m’a laissé tranquille. Le lendemain, j’ai vaincu Aléos, roi de Tégée, puis Hélénos et Politès, princes de Troie, mes propres frères. Cassandre avait dû révéler mon nom car la foule scandait maintenant « Alexandre » dans les gradins.

Mariam s’imagina les cris, la ferveur, les encouragements et la rage des nobles, vaincus par un simple berger.

- J’avais espéré trouver refuge chez Cassandre. Après tout, grâce à elle, je m’épargnais la peine de chasser. Sa nourriture à profusion et la nuit tranquille me rendaient suffisamment mes forces.

« Peut se suffire d’une vie classique », nota Mariam dans sa carte mentale.

- Sauf qu’une grande fête se tenait chez elle en ce deuxième jour de jeu. Elle m’y convia. Je fis remarquer que les grands de ce monde n’apprécieraient sûrement pas ma présence. Elle balaya ma remarque d’un geste de la main et contre toute attente, elle s’avéra avoir raison : ils se montrèrent charmants, acceptant leur défaite avec sagesse.

Mariam admira l’humilité de ces gens, sentiment rare de nos jours.

- N’ayant pas besoin de dormir, je me promenai. Les gens mangeaient, buvaient, bavardaient, dansaient et baisaient, orgie typique en ce lieu et cette époque. Et puis mes yeux sont tombés sur elle.

Lord Kerings garda le silence, les yeux dans le vague. Mariam vit son visage se raidir, ses doigts enserrèrent sa main. Il arrêta de respirer pour ne reprendre qu’avec un filet de voix.

- Je pourrais te décrire ses cheveux d’or retenus par une coiffe compliquée, ses yeux bleus, sa nuque blanche, sa robe aux coutures d’or mettant en valeur sa poitrine de rêve et des fesses à tomber, son visage doux à peine rehaussé d’un inutile maquillage, les diamants à ses oreilles, autour de ses doigts, pendant à son cou. Aucun mot ne pourrait rendre justice à sa beauté, ni te faire comprendre la profondeur de mon ressenti. Je l’ai aimée au premier regard. Je l’aime…

Sa voix s’estompa dans un souffle. Mariam avisa qu’il pleurait. Il s’arqua et elle crut qu’il allait vomir. Son dos s’arrondit, faisant tomber au sol les larmes qui dévalaient ses joues. Mariam n’eut aucune idée de quoi faire. Que dire ? Elle choisit de garder le silence et de rester là, sa main dans la sienne.

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