- Nul ne peut empêcher le temps de s'écouler.
Julie, alitée, regarda l'homme qui venait de prononcer ces mots. Surprenante tirade de la part de quelqu'un dont les traits n'avaient pas changé depuis des millénaires. Elle sourit malgré la douleur qui irradiait son ventre.
- Tu as refusé la thérapie génique, continua-t-il.
- Mourir ne me dérange pas. Vous m'avez permis d'avoir une belle vie et je vous en remercie.
Chris sourit.
- Je suis heureux que tu aies été heureuse… et que tu l’aies rendu heureux.
- Vous venez me dire adieu ? supposa Julie.
- Je viens m'informer, répondit le roi. Tu as dit au revoir à notre fils ?
Julie acquiesça.
- Bien, continua Chris. Je n'ai pas besoin de t'expliquer quoi que ce soit alors je vais aller directement au but.
Julie leva un sourcil interrogateur. Qu'est-ce que le roi pouvait bien vouloir d'elle à l'agonie ?
- Souhaites-tu devenir un Vampire ?
Julie en cessa de respirer pendant plusieurs secondes. Chris venait-il réellement de lui proposer l'immortalité ? C'était totalement inattendu. Jamais elle n'aurait cru recevoir une telle offre.
Une fois la surprise passée vint l'incertitude. Elle n'avait pas la moindre idée de le vouloir ou non. Elle avait accepté l'idée qu'elle mourait dans quelques heures. Les médecins l'avaient prévenue depuis longtemps, la technologie permettant de connaître la date précise bien à l'avance. Julie avait mis ses affaires en ordre et dit au revoir à sa famille et à ses amis. Nicolas – qui n'avait pas vieilli non plus – et elle avaient fait leur dernier câlin. Julie était en paix. Et voilà qu'on lui proposait de commencer une nouvelle vie, différente, très différente…
Julie commença à imaginer sa vie d'immortelle. Vampire de rang 1, fille directe du roi, européenne, cela lui conférerait-il du pouvoir ou de la méfiance ? Serait-elle adorée, détestée, jalousée, aimée, séduite, charmée, rejetée ? Julie en avait le tournis. Toutes ses connaissances sur les Vampires s'emmêlaient. Jamais elle ne s'était imaginée ainsi.
- Depuis que je suis au contrôle, je n'ai jamais transformé quiconque sans son accord et je ne compte pas agir autrement, précisa Chris. Je tiens cependant à ce que tu prennes cette décision seule et en parfaite connaissance de cause. J'ai monté une bulle de sécurité avant d'entrer. Tu es la seule à avoir entendu la question. Imhotep ne le sait pas et je ne laisserai personne venir te parler tant que tu ne m'auras pas donné ta réponse. As-tu des questions sur ce qu'est un Vampire ?
- Non, je pense en savoir assez, assura Julie. Serai-je encore votre esclave ?
- Non, dit Chris, car cela ne sera plus nécessaire. Le lien qui se crée entre un petit et son créateur t’obligera à m’adorer et à m’obéir.
- Vos filles s’en sont prises à vous alors même qu’elles étaient vos petites, répliqua Julie.
- Ce sont des prêtresses du mal, répondit-il comme si cela expliquait tout.
Julie ne vit pas le lien mais choisit de ne pas interroger le roi plus en avant. Ce qui concernait les femmes en noir portait un sceau de secret inaltérable. Julie n’insista pas sur ce sujet.
- Attendez-vous de moi que je remplace Baptiste ?
Instantanément, le visage de Chris se fit triste. Sauf que Julie ne pouvait pas ne pas faire le rapprochement. Le frère du roi était mort l’été précédent, laissant le roi inconsolable.
- Non, la rassura Chris. Personne ne le remplacera jamais. Tant de temps perdu. Tant d’années passées loin de lui, à l’écouter à peine, à me plaindre de son intarissable logorrhée. Il me manque tellement ! C’est grâce à lui, tu sais, si Imhotep et toi êtes ensemble.
- Ah bon ? Ce n’est pas Nicolas qui a demandé ?
- Non, la détrompa Chris. Mes filles avaient senti ton état dépressif mais l’avaient mis sur le compte de l’arène et des meurtres sanglants d’humains que cela impliquait. Baptiste a su voir plus loin. Il m’a parlé avec beaucoup de diplomatie et il en fallait pour me faire accepter ça.
Julie voulait bien le croire. C’était malheureusement trop tard pour remercier le maître des laboratoires.
- Pourrais-je aller sur Terre ? demanda Julie.
- Pour y mourir, tu veux dire ? Les chasseurs de Vampires sont fous. Ils ont détruit San Francisco juste pour éviter à l’un d’eux d’être torturé par leurs ennemis.
- Je croyais que la bombe nucléaire visait votre frère, répliqua Julie, surprise.
- Baptiste était déjà mort quand la bombe a explosé et le terroriste le savait fort bien. Il a juste protégé sa compagne.
- En la tuant ?
Chris hocha sombrement la tête.
- Ainsi que les millions d’habitants de cette métropole américaine, maugréa le roi. Donc, non, tu n’iras pas sur Terre. Je ne supporterai pas d’en perdre un autre. Ces gens ne reculent devant rien. Ils torturent et tuent sans pitié. Ils nous désignent comme des monstres. Ils feraient mieux de se regarder dans une glace de temps en temps.
Julie garda sa langue. Les chasseurs de Vampires, elle ne s’y intéressait guère et ne savait donc presque rien sur ce sujet. Une autre question lui vint à l’esprit.
- Serai-je toujours amoureuse de Nicolas ?
- Qu'en sais-je ? Depuis le début, Imhotep a pris l'apparence qui te convient et utilise ses pouvoirs en permanence sur toi. Nul ne peut savoir si tes sentiments sont réels. Il vous faudra le découvrir si tu choisis la voie de l'éternité.
Julie acquiesça.
- Je l’espère sincèrement, poursuivit Chris. Je n’ai plus que lui. Je désire son bonheur par-dessus tout.
- Et Malika ?
- Sa trahison a laissé des séquelles.
Julie grimaça. Chris portait une telle tristesse sur son visage.
- Je reviens dans une demi-heure pour entendre ta réponse. C'est tout le temps qu'il te reste, annonça Chris.
- Les médecins ont dit trois heures, le contra Julie.
- Tu vas mourir dans trois heures mais dans une trentaine de minutes, tu vas sombrer dans l'inconscience. Je reviendrai juste avant que cela ne se produise.
Chris disparut comme il était venu, laissant Julie seule à sa réflexion. Ses pensées virevoltaient. Elle passa de l'euphorie de devenir un Vampire à la terreur d'une vie de monstre sanguinaire. Julie, bien que maintenant très âgée, ne parvenait pas à se décider. Les pour et les contre s'amoncelaient et aucun des deux ne gagnait sur l'autre. Impossible de les départager. Impossible de se décider.
- Le temps est compté, annonça Chris en réapparaissant. J'attendrai jusqu'à la dernière seconde mais si tu ne dis rien, je considère que c'est non, précisa-t-il. Souhaites-tu devenir un Vampire ?
Julie sentit qu'elle allait partir. Dans sa tête, tout tournait. Le vertige grandissait. En pleine possession de ses moyens mentaux, elle ne parvenait tout simplement pas à se décider. Plus que quelques secondes et la mort serait définitive. Libérée à jamais du maître du monde, elle allait pouvoir se reposer pour toujours.
- Oui, je veux devenir un Vampire.
Son esprit sombra et tout devint noir. Le calme, la tranquillité, la paix s'emparèrent d'elle. Elle flottait doucement dans le bien-être le plus total. Son corps n'existait plus. Elle était heureuse, ivre de joie, sereine, paisible…
Son corps revint en feu, attaqué de toute part par de l'acide. La paix devint guerre, la sérénité effroi, le calme fureur, la tranquillité affolement, le bien-être angoisse. Pourquoi ne la laissait-on pas s'en aller ? Qui la tirait vers le bas, l'obligeant à rejoindre cette souffrance atroce ?
Son esprit s'égara, perdu entre tristesse, effroi et douleur. Le haut en bas, l'est à l'ouest, le bon et le mauvais, plus rien n'avait de sens.
La gravité lui indiqua le nord, l'endroit, le centre de cet endroit hors sol d’où partait la gravité artificielle recréant à la perfection les conditions terrestres. Elle perçut un monde aux odeurs multiples, aux sons variés. La pression, la température, le taux d'humidité, son cerveau enregistra et transmit tout cela, s'adaptant à une vitesse ahurissante. Elle ouvrit les yeux pour découvrir des couleurs jamais vues, des détails inhabituels, les zones chaudes et froides de la pièce.
- Qui commande ?
- Vous, répondit Julie en baissant humblement les yeux devant le roi, présent à ses côtés.
Il sourit, ravi. Julie ne sentit d’abord rien puis l’envie de plaire à son créateur augmenta, devenant vibrante, profonde, impossible à refouler. Leurs regards ancrés l’un dans l’autre, créateur et petit se reconnurent et se promirent l’un protection, l’autre fidélité.
- Je t’apprendrai à te contrôler, promit le roi. Pour le moment, je vais te laisser. Je suppose que tu as hâte de retrouver Imhotep.
Julie hocha la tête, son ventre noué d’angoisse. Et s’il ne se passait rien ? Si elle ne ressentait rien ? Elle espérait plus que tout que l'amour serait présent.
Chris disparut et Nicolas fit son entrée. Elle ne vit qu’un être magnifique, beau, merveilleux, charmant, adorable. Son âme s’embrasa. Elle le désirait. Elle l’espérait. Elle l’attendait. Elle le voulait à elle pour l’éternité. Naturellement, il aimait trop baiser pour se contenter d’une seule. Durant sa vie humaine, elle avait appris à le partager. Elle recommencerait volontiers, tant qu’il l’acceptait près d’elle.
- Baise-moi, supplia-t-elle et Nicolas soupira d'aise avant de volontiers combler sa compagne.
Les ébats durèrent et Julie reçut énormément de plaisir. Pourtant, quand il stoppa, elle bouda.
- Pourquoi t’arrêtes-tu ? accusa-t-elle.
Elle en voulait encore. C’était trop bon ! Il ricana.
- Déjà, parce que je suis le grand vizir. J’ai des responsabilités, figure-toi. Je ne peux pas passer tout mon temps à baiser.
- C’est dommage, grommela-t-elle.
- Ensuite, parce que toi aussi, tu as des responsabilités, rappela Nicolas. Tes évènements comblent tout le monde. Nous espérons tous que tu vas continuer.
Chris espérait qu’elle le fasse. Combler son créateur, voilà tout ce qu’elle voulait. Elle hocha la tête en souriant. Bien sûr qu’elle avait du travail !
- Enfin, parce que tu es jeune. Tu perds très vite ton énergie. Tu vas bientôt tomber sous le seuil critique et il te faudra te nourrir. Chris te prendra en charge pour ce moment important dans la vie d’un Vampire : ta première morsure pour te nourrir.
Julie sourit. Ses canines la titillaient. Elle crevait d’envie de percer une jugulaire. Pourquoi pas celle de cette autre femme que Nicolas baisait ? Non, elle ne voulait pas le faire souffrir. Elle trouverait autre chose.
Chris apparut et lui fit signe de le suivre tandis que Nicolas partait dans une direction opposée. Julie suivit son créateur. Elle mangerait ce qu’il lui dirait et rien d’autre. Elle n’avait même pas envie de se rebeller. Cela lui semblait totalement naturel. Mais comment les prêtresses du mal avaient-elles fait pour s’attaquer au roi ? Julie trouva cela impensable.
Chris la mena jusqu’aux laboratoires. Dans le sas, le roi fut très fermé et arbora un regard vide et lointain. Qu’il pensât à son frère décédé, l’ancien Maître des lieux, était une évidence. Julie fut fort meurtrie de la détresse de son créateur. Elle aurait voulu lui offrir le monde pour lui remonter le moral. Sauf qu’il le possédait déjà.
Chris la mena le long de plusieurs couloirs pour finalement ouvrir une porte et lui faire signe d’entrer. Un homme d’une quarantaine d’années se trouvait dans la pièce. Il faisait deux têtes de plus que Julie et arborait une musculature importante. Julie faisait figure de brindille face à lui.
- Il est immunisé, indiqua Chris, précision fort peu nécessaire vu l’âge de l’homme.
La vaccination générale avait en effet été réalisée près de soixante ans plus tôt. Certains humains, réfractaires aux vaccins, y avaient échappé, craignant un complot qui, certes, existait, mais avait pour but de les rendre insensibles aux morsures des Vampires, empêchant cette engeance d’apparaître par mégarde sur Terre. Chris tenait à contrôler sa descendance et s’y prenait fort bien. Les quelques humains non vaccinés ne posaient pas trop de problème. En effet, l’immunité était héréditaire et dominante. Un seul des deux parents suffisait à la transmettre. Certaines poches de croyants résistaient mais ils représentaient une minorité dont Chris se fichait.
- Mords-le, mais ne le tue pas. Quitte à te nourrir, autant en profiter pour apprendre.
Julie eut un sourire carnassier. L’homme l’observa et ricana, ne croyant clairement pas que cette petite crevette parviendrait à enficher ses dents en lui. Il tomba à genoux en hurlant lorsque les canines du prédateur furent en lui.
- Ne le draine pas de son sang, gronda Chris.
Julie, en pleine extase, n’entendait plus le roi.
- Julie, retire-toi ! insista Chris d’un ton glacial.
Elle s’en fichait. Le prédateur tenait sa proie. Hors de question de lâcher. Le tuer promettait un plaisir sans nom.
- Tu sais ce qui arrive à ceux qui osent défier mon autorité, petit ou pas, murmura Chris à son oreille.
Julie lâcha l’homme musclé. Le chasseur en elle crevait d’envie d’aller jusqu’au bout, non par faim car elle était rassasiée mais par pure envie.
- Voilà, c’est bien, ma petite. Tu viens de recevoir ta première leçon : se retirer sans tuer sa victime est difficile mais pas infaisable. C’est nécessaire car la nourriture est rare et longue à obtenir. Il est inutile de la gâcher.
Julie observa l’homme allongé sur le sol, plongé dans l’inconscience. La perte de sang l’avait mené au bord de la mort.
- Il s’en sortira, assura Chris. As-tu senti le venin aller en lui lorsque tu as retiré tes dents ?
- Non, répondit Julie.
- Ça sera pour ta prochaine morsure, annonça Chris. Tu peux rejoindre Nicolas ou la salle de contrôle, à ta guise. Au fait, Sophie et Elisa vont rejoindre la pouponnière. Tu vas devoir t’occuper seule tes événements.
- Je vais gérer, promit Julie.
- Je n’en doute pas, l’encensa Chris.
Julie en rayonna de fierté avant de se rendre compte que ce travail allait largement diminuer ses temps d’interaction possibles avec Nicolas. Pas grave. Ils n’en seraient que plus intenses !
- Quand je te demanderai de venir me rejoindre, tu le feras dans les délais les plus courts possibles. Sauf indication contraire, considère que je suis dans la pouponnière.
- J’ai le droit d’y rentrer ?
- Oui, répondit-il.
Julie sautillait de joie. Elle n’ignorait pas que même Nicolas ne possédait pas cette permission.
- Maintenant, va, ma petite. Prends bien soin de toi.
- Sans faute, répondit Julie, aux anges.
Elle se rendit à la salle de contrôle. Elle fit ses adieux à la maîtresse de Nicolas puis rejoignit la salle du trône où elle trouva, sans surprise, Nicolas.
- Je suis occupé, ma chérie, indiqua-t-il.
- Dommage, maugréa Julie en soupirant, faisant ricaner bon nombre de Vampires dans la pièce.
- Toi aussi, répliqua Nicolas.
- Non, c’est plutôt calme, répliqua Julie en vérifiant d’un coup d’œil sa liste de tâches sur sa console.
- Tu devrais aller voir ton fils.
- Je n’ai pas prévu de le faire, annonça Julie que la vie d’un simple humain, fut-il son fils, n’intéressait pas le moins du monde.
- Tu vas te promener au palais. Tu vas forcément le croiser.
- Et alors ?
Nicolas se contenta de regarder profondément Julie. Elle soupira puis lança :
- D’accord, je te fais confiance. Tu es plus vieux et plus expérimenté que moi. Je vais parler à Auguste.
Nicolas sourit en hochant la tête. Julie s’éloigna à vitesse humaine, peu désireuse de brûler inutilement son énergie.
- Maman ? s’exclama Auguste en la voyant arriver. Nicolas t’a finalement convaincue d’accepter la thérapie génique ?
Julie arborait toujours son vieux corps, n’ayant pas encore appris à paraître humaine. Julie soupira. Pour qu’Auguste ne se rende pas compte que son interlocuteur était un Vampire, il devait vraiment être aveuglé par ses émotions. En même temps, il vivait dans un monde merveilleux irréel. Peut-être sa console personnelle modifiait-elle l’apparence des gens autour de lui.
- Non, c’est Chris, le contra Julie en s’approchant d’une initiée qui discutait avec Auguste avant l’arrivée de la mère de son patron.
- Chris t’a convaincue ? Il est venu te voir pour te proposer…
- Ton bras, dit Julie à l’initiée qui le lui tendit humblement.
Auguste se recula d’un pas, frappé par la foudre. Julie mordit le bras offert et se retira après n’avoir bu qu’une gorgée. Repue, elle n’avait pas besoin de se nourrir mais juste de faire une démonstration. Elle parvint à ne rien boire de plus, remerciant Chris de sa leçon. Les initiés étant tous vaccinés, Julie ne craignait pas que proie devienne un Vampire. Elle tenta de sentir son venin sortir, en vain. L’initiée resta silencieuse sans bouger une fois la torture terminée. Julie, très jeune Vampire, ne lui avait, de fait, pas fait très mal.
- Il t’a… Tu es… Je…
Auguste ne savait plus quoi dire, quoi penser, que faire. Il reprit vite ses esprits.
- Il t’a proposé, dit-il d’une voix où transpirait une forte jalousie. Fais de moi un initié, supplia-t-il. Je ne peux pas obtenir ce droit parce que la morsure de Chris me serait insupportable mais tu viens à peine de naître. Toi, je supporterai. Je suis intouchable par les Vampires, certes, mais pas par ma mère. S’il te plaît, maman !
- Ta mère est morte, Auguste, dit Julie qui de fait, ne ressentait plus aucun amour maternel pour cet humain devenu simple nourriture.
- S’il te plaît ! supplia-t-il en tombant à genoux, le bras tendu vers elle.
- Je t’en donne l’autorisation, indiqua Chris via la console.
Julie s’approcha d’Auguste.
- Je jure fidélité, obéissance et service à Chris, psalmodia Auguste. Il est Dieu, mon roi, mon passé, mon présent, mon avenir.
Julie le mordit à la gorge et Auguste n’eut aucun geste de défense. Malgré la prise de sang, il poursuivit sa récitation :
- Je ne vis que pour le satisfaire. Ses désirs sont des ordres. Je suis initié.
Julie se releva. Elle ignorait totalement ce qu’il convenait de faire ensuite. Auguste était censé gagner un pendentif, d’accord, mais où y en avait-il ? Auguste sortit un collier de sa poche et l’accrocha à son cou. Puis, il leva les yeux vers le vide et dit :
- J’ai réussi, Lyanna. Je le mérite, désormais.
Julie comprit que le collier était celui de sa petite-amie morte plusieurs dizaines d’années auparavant. Auguste réalisa quelques gestes puis murmura :
- Je t’aime.
Julie ne parvint pas à s’émouvoir de la scène. Cet humain bon pour l’asile n’éveillait plus aucun sentiment en elle. Elle s’en détourna et rejoignit la salle de contrôle d’où elle comptait bien créer des événements encore plus grandioses.